Le
terme de "Malgré-nous" désigne les Alsaciens,
les Lorrains et les Luxembourgeois qui furent enrôlés de
force dans la Wehrmacht, à partir de 1942 et qu’on envoya
surtout sur le front russe (environ 160 000 hommes). Si les engagements
volontaires dans la Wehrmacht et la Waffen SS furent rares, le service
militaire obligatoire intervint dès août 1942 à
la demande du général Keitel. La plupart furent affectés
dans la Wehrmacht et partirent sur le front russe tandis que 2 000 hommes
furent incorporés dans la Waffen SS. Certains refusèrent
la conscription et prirent la fuite. Les représailles contre
leurs familles furent terribles. Le sort de ceux qui, à partir
de la bataille de Koursk en Juillet 1943 tombèrent entre les
mains des Soviétiques a longtemps été une interrogation.
Dans les camps, les Russes les dépouillèrent de tout,
vêtements chauds et objets personnels. Souvent les Russes les
abattirent sur place.
On ne saura jamais le nombre exact de morts en captivité dans
les camps soviétiques. En juillet 1944, les autorités
de la France libre parvinrent à faire libérer 1 500 "Malgré-nous"
du camp de Tambow-Rada (camp au sud-est de Moscou). Ces rescapés
purent ainsi participer aux combats de la Libération. Pour un
grand nombre de survivants, la tragédie ne se termina qu’avec
l’écroulement de l’Allemagne. Hélas, à
un enfer succéda un autre enfer, moral celui-là. Ainsi,
dès leur retour en France, ils furent parfois suspects aux yeux
de certains de leurs compatriotes et subirent également la vindicte
du Parti communiste car ils dénonçèrent les souffrances
endurées dans les camps soviétiques. Le tribut payé
par ces hommes fut très lourd : 40 000 hommes furent tués
(principalement en U.R.S.S)., 10 500 hommes furent portés disparus
et 32 000 hommes furent blessés. Des chiffres auxquels il faut
ajouter une mortalité élevée, suite au retour des
camps russes, bien après 1945.