Engagé
dans l'armée de terre le 2 septembre 1939, à 40 ans, le
quartier-maître Philippe Kieffer se rallie au général
de Gaulle dès le 19 juin 1940 et s'engage dans les FNFL le 1er
juillet. En mars 1941, après plusieurs mois de navigation sur
le Courbet, il obtient de l'amiral Muselier l'autorisation de constituer
un groupe de commandos, sur le modèle des petits groupes britanniques
opérant en Norvège. Deux mois plus tard, il met sur pied
un petit groupe d'une vingtaine de volontaires, qui suit des stages
d'entraînement dans les bases anglaises de Camberley et Skegness
avant de prendre le nom de 1ère Compagnie de fusiliers marins
commandos. Dotés d'un béret vert et du badge "Commando
français", les hommes de Kieffer sont affectés au
Commando interallié n°10.
En 1942 et 1943, la compagnie Kieffer effectue diverses misions sur
les côtes françaises et hollandaise et, désormais
forte de 200 hommes, devient le Bataillon de fusiliers marins commandos.
Des hommes de la 1ère Compagnie du Bataillon de Fusiliers-Marins
Commandos prennent part au raid du 19 août 1942 sur Dieppe. La
troupe française, portée à l'effectif de deux Compagnies,
est affectée à l'exécution de quelques raids nocturnes
sur les côtes françaises occupées, en petits groupes,
dans le cadre de la préparation au débarquement.Les raids
se poursuivent jusqu'en mars 1944, date à laquelle les Français
sont intégrés au Commando n° 4 du lieutenant-colonel
Dawson, chargé de préparer le débarquement en Normandie.
Au début de mai, Dawson se vit fixer pour mission de prendre
Ouistreham, après avoir débarqué sur la plage voisine
de Colleville-Montgomery.
Le capitaine de corvette Philippe Kieffer et 176 de ses hommes seront
ainsi parmi les premières troupes alliées à prendre
contact avec la terre française, à l'aube du 6 juin 1944.
Après un débarquement mouvementé et meurtrier,
l'assaut contre les positions ennemies commença peu après
8 heures. Les combats durèrent jusqu'à la fin de la matinée.
Le "4 Commando" s'empara de Riva-Bella et Ouistreham avant
de faire sa jonction avec la 6ème division aéroportée,
qui tenait Bénouville. Dans la soirée, Kieffer et ses
hommes entrèrent dans le Plain-Amfreville, d'où ils continuèrent
à tirer sur les positions ennemies.
Le bilan de cette première journée était lourd
pour les Français : 21 tués, 93 blessés - dont
Kieffer, qui avait reçu un éclat à la cuisse, mais
ne sera évacué que le 10 juin. Le lendemain, les Français
en état de combattre se trouvaient à 14 kilomètres
à l'intérieur des terres, après avoir atteint tous
leurs objectifs.