Le Bureau Central de Renseignements et d'Action

Estienne d'Orves

Juin 1940 : l'Allemagne triomphe et menace l'Angleterre.
Celle-ci a un besoin pressant de renseignements. Quels sont les plans de l'Allemagne ? Pour répondre à ces questions, elle fait appel à de Gaulle. Le capitaine Dewavrin (Passy), le chef du 2ème Bureau allait créer le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA). Le service fournit ainsi, dès juillet 1940, des renseignements aux Anglais sur la situation en Bretagne.
En décembre, le lieutenant de vaisseau Honoré d'Estienne d'Orves débarquait en Bretagne afin d'établir les cartes du dispositif allemand en Bretagne. En tout, environ 2 000 agents (à majorité Français) furent parachutés ou débarqués clandestinement en France occupée. Début 1941 des parachutistes Français libres sont envoyés en armes et uniformes pour effectuer des missions de destruction en Bretagne et en Aquitaine. Dès la fin 1941, de petits avions de la RAF purent effectuer des atterrissages clandestins. Ces opérations clandestines sont extrêmement dangereuses et se soldent souvent par des échecs.
Les liaisons par radio étaient également risquées. L'utilisation d'un poste émetteur était repéré rapidement par les Allemands au moyen la radio-goniométrie. Les 2/3 des opérateurs radio furent ainsi arrêtés. Les Allemands pouvaient également utiliser le poste émetteur de l'opérateur radio arrêté afin "d'intoxiquer" son correspondant se trouvant en Angleterre.
Cette technique était hasardeuse - l'opérateur avait sa "signature" qui était difficilement reproduisible par l'opérateur allemand - mais les services allemands réussirent parfois à "intoxiquer" les services Alliés.

Le 24 septembre 1941, le général de Gaulle crée le Comité national de la France Libre. Toutes les missions de renseignement et d'action dépendraient exclusivement de son état-major et du Bureau Central de Renseignements et d'Action. Courant 1942, les groupements de résistance étaient parfois rivaux et l'unité semblait impossible. Un homme parvint à l'imposer : Jean Moulin*, ancien préfet, remercié par le gouvernement de Vichy. Celui-ci parvint à faire fusionner en 1942 les trois mouvements principaux de la zone sud. Jean Moulin s'attacha également à doter l'ensemble des mouvements de résistance de services communs : service de presse clandestine, écoute de la radio, informations par la presse étrangère, organisme pour la réception des parachutages...
Enfin, Il parvint surtout à prendre contact avec les partis politiques et avec les syndicats ouvriers. Tous ces chefs reconnurent l'autorité du général de Gaulle. En juin 1942, un accord était enfin conclu entre le chef de la France libre et les mouvements de résistance. Désormais, ces mouvements se rangeaient derrière un seul chef : le général de Gaulle.

Début 1944, le général de Gaulle était devenu le chef incontestable et incontesté de toute la Résistance française.
Pour renforcer l'autorité et la représentativité de la France Libre, de Gaulle prend alors la décision d'affirmer l'unité des Forces Françaises Libres et de la Résistance intérieure en leur donnant le même nom : la France Combattante.
A cette époque, la Résistance française était suffisamment aguerrie pour participer activement à la préparation desgrands débarquements alliés.
Lorsque s'acheva la libération de la France, le bilan était lourd : 20 000 F.F.I. ou F.T.P. tués au combat, 30 000 fusillés, 60 000 déportés, dont 30 000 étaient morts dans les camps.
En définitive, la résistance a montré que la France ne s'était pas résignée et a contribué à faire espérer les Français en la victoire finale. Elle a également permis de maintenir la réalité de l'indépendance française face aux Alliés, en particulier face aux Etats-Unis, qui durent "supporter" le général de Gaulle, appuyé par la résistance, à la tête de la France prête à reprendre sa place dans le rang des nations.

* Jean Moulin fut arrêté le 21 juin 1943 à Caluire, au cours d’une réunion avec les principaux responsables militaires de la Résistance. Il fut interné au Fort Montluc à Lyon. Tous les jours, il était transféré à l’école de santé pour y être torturé par Klaus Barbie. Mais Jean Moulin ne parla jamais. Il fut ensuite transféré à Neuilly sur seine dans une villa puis envoyé à Berlin par chemin de fer. Il serait mort en gare de Metz d’une défaillance cardiaque.

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