Dossier concours de la résistance 2008
Par le Lycée Professionnel de Lautréamont

 

 

 

L’aide aux personnes persécutées et pourchassées en France pendant la Seconde Guerre Mondiale : une forme de résistance.

Gautier Alvarez, Stéphane Lapeyre, Julien Rossetti, Kevin Larrede


Nous tenons à remercier :

Madame Lapeyre qui nous a permis de recueillir des témoignages oraux,

Les témoins pour leur disponibilité et leur simplicité,

Le personnel du Musée de la Résistance des Hautes Pyrénées qui a facilité nos recherches en mettant à notre disposition ouvrages et autre matériel,

Les résistants rencontrés lors de la journée du 22 octobre 2007 :

– M. Arguinard
– M. Escouert
– M. Fautoux
– Mme Boucher
– Mme Rivière

et M. Dupart qui nous a guidés lors de la visite du Musée et nous a raconté son engagement dans le maquis du Vercors,

Madame Sarrelabout et Madame Cazaux

 

I – La situation en France en 1940

Quelques semaines après le début de l’offensive allemande, lancée le 10 mai, la France voit ses armées écrasées : l’Armée du Nord est encerclée, l’Armée du Centre est dépassée ; la ligne Maginot espoir défensif, réputée imprenable, tournée sans avoir servi à rien. Le 14 juin les Allemands entrent à Paris, le 20 ils sont à Brest, le 22 à La Rochelle, à Lyon... le gouvernement désemparé se replie à Bordeaux... on envisage l’abandon du pays et la continuation de la lutte outre mer... mais l’impuissance de l’Etat est totale, ses moyens réduits à néant.
La France est envahie. Le président du Conseil : Paul Reynaud, est contraint de démissionner.
Le maréchal Pétain forme alors un nouveau gouvernement, demande un armistice qu’il signe le 22 juin.
En 5 semaines la France a perdu 92 000 hommes. Le pays est coupé en deux :

- Au Nord, de la ligne de démarcation les 2/3 de son territoire sont occupés par les Allemands ;
- Au Sud, l'État Français est confié à Pétain.

Cet armistice n’est autre qu’un pacte de collaboration : agriculture, économie, justice, police, administration, toutes les ressources de la France sont mises au service de l’occupant nazi. Ceux qui s’expriment ou agissent contre ces idées, opposants ou résistants, sont poursuivis. Nombreux sont arrêtés, torturés, internés dans des prisons ou des camps, fusillés ou déportés.
De même, certaines catégories de personnes définies comme « indésirables », font l’objet de mesures de répression.

 

II- Qui sont les pourchassés et les persécutés ?

Plusieurs catégories de personnes sont pourchassées par le régime nazi et par le régime de Vichy :
1- les réfugiés français et étrangers
Les Alsaciens Lorrains : environ 500 000 évacuent leur région annexée par le Reich suivis par les Belges et les Luxembourgeois car le 10 mai 1940, l'armée Allemande a envahi les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg, pourtant neutres et poussent des milliers d’individus à fuir vers la zone libre.
Les Parisiens : Le 10 juin 1940, le gouvernement Reynaud quitte Paris, déclarée ville ouverte. La capitale est occupée le 14 juin 1940, c’est l’exode vers le sud

2- les proscrits du régime
Les Juifs sont poussés par la politique d'extermination des nazis mais aussi du gouvernement de Vichy.
Le port de l'étoile jaune, les rafles poussent les Juifs français et étrangers vers la zone sud. Là des organisations d’entraide se sont mises en place pour leur procurer des papiers, un travail, un logement… certains rejoignent les organisations de résistance : « résister, c’est résister pour la survie de leur peuple ».
Les Francs-maçons et les Communistes sont pourchassés, arrêtés car politiquement indésirables.
Les réfractaires du STO : le 16 février 1943 une loi impose le STO. Cette loi permet d'envoyer de force en Allemagne tous les gens âgés de 20 à 22 ans ; d’abord restrictive, elle se généralise en 1944 et concerne les hommes de 16 à 60 ans et les femmes sans enfants à charge. Certains entreront dans la clandestinité et rejoindront les résistants également pourchassés.

3- Et :

Aviateurs alliés dont les avions avaient été abattus, Tziganes, homosexuels…

 

III- L’aide aux pourchassés : une forme de résistance

Des hommes, des femmes, des enfants, des familles, français ou étrangers, ont été pourchassés et persécutés pendant la seconde guerre mondiale mais certains ont rencontré sur leur chemin aide et soutien dans notre département : les Hautes Pyrénées.
Ces personnes se cachaient chez des familles françaises ou des réseaux résistants plus particulièrement dans des lieux retirés, isolés comme à la campagne mais également en ville. Ceux qui leur venaient en aide risquaient leur vie comme le montre cette affiche placardée en 1941 au sujet des aviateurs alliés

Au courant des risques encourus, ils ont malgré tout offert leur aide, portés par diverses motivations, le patriotisme, les valeurs républicaines, les valeurs chrétiennes, l’humanisme surtout après les premières rafles (rafle du Vel d’Hiv) et les représailles contre la population
et la résistance à l’oppression.

Certains chrétiens n’hésitent pas à réagir.

La lettre pastorale de Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse, datée du 23 août 1942, a été reproduite par « quantité de tracts » selon les renseignements généraux et parvint en octobre dans les Hautes Pyrénées où elle trouva un certain écho à Tarbes et à Lourdes.


http://adele.kurzweil.site.voila.fr/pages/30saliege.htm

Un devoir de résistance
Au-delà des circonstances, cet acte est un exemple du devoir qui s’impose à tout être humain et singulièrement à tout homme de foi chrétienne, lorsqu’il se trouve en présence de situations où des populations se trouvent humiliées, atteintes dans leur dignité humaine, et sans attendre qu’elles soient persécutées : un devoir de résistance.
Cela implique une certaine vigilance, une certaine attention à l’Homme qui forme le sens de tout engagement chrétien, comme en témoigne l’exemple du Cardinal Saliège.
Certes, à une époque où l’information nous met quotidiennement en présence de tant de situations dramatiques, à l’échelle de la planète, le risque existe que ce devoir de résistance perde de sa vigueur. Il y a par conséquent une obligation de rappeler aux jeunes générations dont on sait qu’elles ne manquent ni de coeur ni de générosité qu’il existe bien pour tout homme un devoir de résistance.

 

III- Comment aider les personnes persécutées ?

Le passage à l’action résistante prend multiples formes plus ou moins organisées, en fonction des situations et des capacités de chacun à accepter les risques.

 

1) LES PASSEURS dans les Pyrénées, les plus connus , ceux anonymes ou qui ont laissé des témoignages ou qui appartenaient à des réseaux mais aussi les cheminots qui ont aidé à franchir la ligne de démarcation même si celle-ci ne traversait pas notre département.

A) Dans la zone des montagnes

Les Hautes Pyrénées constituent une frontière de 90km avec l’Espagne, d’où l’on pouvait gagner l’Espagne puis le camp allié, l’Afrique du Nord...
Notre département apparaît donc comme une terre d’accueil dès 1940 car située en zone libre,
C’est en effet le 11 novembre 1942 que les troupes d’occupation en provenance de Bordeaux pénètrent dans le département des Hautes-Pyrénées. Tandis que des détachements déverrouillent les vallées donnant accès à l’Espagne, de petites garnisons s’installent à Lourdes, Tarbes, ou encore Lannemezan.

Les premières actions de Résistance, souvent individuelles et peu organisées, consistent à faire franchir ces frontières de manière clandestine. Malgré la présence de patrouilles françaises ou allemandes, la surveillance des espaces de campagne ou de montagne reste imparfaite et les possibilités de passage sont nombreuses.
Les premiers passeurs sont essentiellement des paysans ou des bergers qui connaissent bien le terrain, les petits chemins qu’ils utilisent régulièrement pour leurs activités agricoles ou pastorales.
L’augmentation de la demande, le resserrement de la surveillance et les dénonciations de la part des collaborateurs français à partir de 1942 entraînent la mise en place de réseaux qui utilisent les services de passeurs bénévoles, mais aussi de professionnels qui se font payer, mais pour tous le risque encouru est immense, les embuscades le long des chemins d’évasion se font de plus en plus nombreuses : 160 passeurs meurent fusillés ou en déportation.


Emilienne EYCHENNE dans son livre Montagnes de la peur et de l’espérance a recensé 1724 candidats au passage et 300 seulement ont échoué. Des juifs persécutés, des aviateurs alliés, des résistants recherchés, des réfractaires au S.T.O. ... passèrent par les cols pour fuir l'Allemagne, les nazis, le régime de Vichy ou rejoindre les Forces Françaises Libres à Londres.
Cette zone frontalière est donc très peu surveillée jusqu’en 1942 et dès août 1940, dans les onze communes du département situées sur la frontière, les habitants servaient de guides à ceux qui souhaitaient la franchir puis des filières de passage s’organisèrent :

- À Lourdes, Pierre Desbiaux menait des activités de résistance et s’occupait de l’organisation du passage de la frontière vers l’Espagne dans le cadre du réseau Martial. (Le réseau Martial créé fin 1943 et dont le chef était le colonel Teyssier d’Orfeuil, alias colonel Martial, avait, entre autre, pour objectif de fournir des hommes à l’armée en voie de formation en Afrique du Nord, en passant par l’Espagne)
Il aida de nombreuses personnes (chefs de la Résistance, agents de renseignements, pilotes alliés…) qui, recherchées par la police et les Allemands, étaient désireuses de passer en Espagne.
À ce noyau s’ajoutaient fréquemment des familles juives, époux, femmes et enfants, fuyant la répression nazie et le régime de Vichy.
C’est ainsi qu’il fut amené à aider des juifs à gagner l’Espagne en franchissant les cols des Pyrénées.


Pierre Desbiaux, Juste de France, qui fêtait ses 81 ans le lendemain de la cérémonie, se souvient avec une émotion intacte de son action aux côtés de sa mère Marie-Léonie, Juste elle aussi.

« Nous avions une pension de famille au 21 de la rue Langelle et nous hébergions des familles. Nous les savions privés de papiers d'identité, en attente de faux documents. Je me souviens que la ville de Lourdes était une ville refuge et de nombreux Israéliens venaient se cacher. » Ils ne se rendaient pas compte du danger qu'ils couraient, loin de penser que leur vie était suspendue à une dénonciation. À peine âgée de 17 ans à l'époque, privé de père dès l'âge de 3 mois, il résistait à l'ennemi sous les ordres du chef de la Résistance locale, Roland Cazenave, tandis que le lieutenant-colonel Teyssier d'Orfeuil, signataire du procès-verbal de reddition, se cachait dans un bâtiment familial sous les noms « Montagne » ou « Martial ».En 1944, à 18 ans, il prenait en charge deux familles israéliennes : « Nous avons eu besoin de quatre nuits entières de marche pour gagner l'Espagne », se souvient-il. Parfois, ses yeux s'égarent ou s'activent. Les souvenirs sont toujours là. « Depuis toujours, je vis dans cette maison familiale. Je me revois là ou ailleurs, avec celui-ci, celui-là. »

Article publié dans La dépêche, le 22 janvier 2007

- Témoignage d’une femme dans la résistance en Barousse (H-P)

C’est une française vivant aux Etats-Unis qui en est l’auteur. La guerre l’a surprise en France, dans le petit village d’Izaourt en Barousse ; elle n’a pu rentrer aux U.S.A. qu’après la Libération. Dans sa simplicité, comme s’il s’agissait d’un simple fait divers, voici ce qu’elle écrit :

« Française habitant aux U.S.A., je me trouvais dans ma famille lorsque la guerre éclata. De 1940 à 1942, j’ai vécu comme tout le monde avec les mêmes soucis, les mêmes difficultés. Au mois de mars 1942, mon fils, âgé de vingt ans, fut appelé au S.T.O. Il refusa de partir. Avec trois autres camarades, il passa en Espagne où la prison le recueillit. A partir de ce moment-là, beaucoup de jeunes, de toutes parts de France voulurent rejoindre les F.F.L.De mars à octobre, la vie fut intenable à la maison. Je ne me sentais plus en sécurité. C’est alors que Vinal et Barrère de Loures - Barousse me demandèrent de trouver une « planque » pour y recevoir et former des groupes de jeunes gens en partance pour l’Espagne ; en quelque sorte, un centre d’accueil et de dépistage, car les routes de la Barousse étaient toutes gardées par les Allemands. Notre lieu de rencontre était au garage Soca à Loures. D’autre part, je connaissais bien Barrère, né en Amérique de père français il était rentré en France à l’âge de dix-sept ou dix-huit ans. Nous nous rencontrions de temps en temps ; il était heureux de pouvoir parler anglais avec moi.J’avais une petite maison dans la montagne, plutôt un abri, quatre murs, un toit, un sol en ciment. A partir d’octobre 1942, je vécus là avec ma fille. Presque toutes les semaines, des jeunes gens arrivaient, parfois trente en même temps. Je les hébergeais, ce qui ne m’empêchait pas de continuer mon travail : élevage d’un petit troupeau de moutons qui me servait de couverture et a souvent sauvé notre vie. Nul dans le pays ne se doutait de rien. Les gens du village voyaient bien des jeunes gens venir vers ma maison ils s’imaginaient, sans doute, que c’était pour tout autre chose que la fuite en Espagne. Je me gardais bien de les en dissuader. Cependant, une plainte fut portée à la Kommandantur à Luchon. La gestapo est venue dans la montagne mais, mal renseignée peut-être, en tout cas, se trompant de chemin elle aboutit au cimetière ! et s’en alla.La seule chose qui comptait pour moi était de sauver tous ces jeunes que l’on me confiait comme je désirais que l’on sauvât le mien. Pendant deux ans et demi, j’ai vécu ainsi avec pas mal de difficultés et une vigilance constante. J’étais en relation avec Bazerque (Charbonnier) passeur, Barrère et Sabadie. Ces trois hommes intrépides, dévoués, ont trouvé la mort à Larroque, en juin 1944. Il ne restait plus que Vinal pour s’occuper d’une quarantaine d’hommes en majorité Américains.Le ravitaillement était assuré dans deux fermes où l’on puisait, contre paiement, les denrées nécessaires. En hiver, avec la neige, on cachait les jeunes dans les fermes Puysségur, Pouyfourcat, à la mairie, à l’école. Celle-ci a brûlé un jour où probablement une imprudence a été commise. Fin mai 1944, André Dorbessan, de Loures, m’a présenté, chez moi, trois Anglais. Ils sont restés huit à dix jours, puis ont décidé de tenter seuls l’aventure. Nous les avons accompagnés jusqu’au pied de la montagne de Sost. Ils ont mis environ trente et une heures pour atteindre l’Espagne. Ils m’avaient promis de me donner des nouvelles de mon fils, mort ou vivant. Ils ont tenu parole et, grâce à eux, j’ai su qu’il vivait.Tous ceux qui passèrent chez moi sont tous bien arrivés sauf un jeune Serbe mort en montagne en décembre. »

Article paru dans la Nouvelle République du 9 octobre 1964
Texte publié dans Résistance - R4 n° 4 - Juin 1978

Les « passeurs » existent dans chaque vallée.
La filière débute dans les cafés de Tarbes, de Lourdes… Des appelés au S.T.O. recevaient une adresse qui leur permettait d’avoir un contact pour passer en Espagne, signe de la complicité d’une partie de l’administration, tandis qu’à ALGER, en 1944, on disait que le préfet des Hautes-Pyrénées aidait les candidats à s’évader vers l’Espagne.

B) Mais également LES PASSEURS, (agents de la SNCF) de la ligne de démarcation bien que celle-ci ne traversait pas notre département.

De nombreux cheminots à partir de Tarbes, Lannemezan ou Lourdes franchissaient la ligne de démarcation à Orthez et à Mont de Marsan. Ils ont été sollicités comme passeurs et ont montré leur courage en facilitant les transports clandestins d’hommes qu’ils cachaient dans les machines ou dans un wagon prévu pour ce genre de transport.

L’un des agents Germain-André Tixador raconte :

« […] on faisait la ligne Tarbes-Morcenx Il y avait pas mal de prisonniers qui s’évadaient… En 40, c’était facile de s’évader. On en a passé une quinzaine avec le mécanicien Diette, à la ligne de démarcation. Ils étaient en bleu de mécano. J’ai jamais compris ; on ne demandait pas trop. C’était un sous-chef de gare de Mont-de-Marsan qui les amenait ; il nous faisait signe, et l’homme montait. Les Boches arrivaient, regardaient ; ils n’ont jamais demandé pourquoi on était trois sur la loco. C’était dangereux… mais nul ne songeait aux dangers de l’action. »

 

2) HEBERGEMENT,CAMOUFLAGE ET SAUVETAGE

« Silence, l'ennemi guette vos confidences ! », c'est ainsi qu'une affiche placardée sur les murs des villes et villages de France en automne 1939 appelait les citoyens à se méfier des paroles prononcées
«
au vent » et devant des « étrangers » (dans le sens de la personne que l'on ne connaît pas), afin de lutter contre la fameuse « cinquième colonne » qui devait rassembler en son sein plusieurs milliers de « nazis français »

La première forme d’aide est le silence. La loi du silence est la première complicité entre persécutés et résistants.
Parler serait trahir et manquer au devoir de solidarité entre les habitants du village.
Évidemment, les cas de dénonciations existent. Mais nombreux sont les exemples de complicités silencieuses.

Dans le département des Hautes-Pyrénées, certains habitants ont généreusement ouvert les portes de leur maison pour la survie de Juifs en détresse pour une nuit ou pour une durée plus longue. Souvent les Juifs souhaitaient poursuivre leur route vers l’Espagne et leur hébergement n’était que temporaire, provisoire. Certains ont séjourné toute la durée de la guerre dans des villages ruraux grâce à la complicité de tout le village.

- Marie et son fils Pierre Desbiaux ont hébergé et caché des juifs, ainsi que d’autres fugitifs, dans la modeste pension de famille que tenait Marie à Lourdes.

- Eugène Sabathier et son épouse ont accueilli, chez eux, un juif en cavale. Ils se sont occupés de lui pendant un mois, d’août à septembre 1942 lui procurant toutes nécessités.

- Charles et Charlotte Soubies ont hébergé la camarade de classe de leur fille, qui était juive, de novembre 1943 jusqu’en août 1944, qu’ils traitèrent comme leur fille. Marie T. Dossier 5116 fut amenée à héberger, dans sa propre maison, sa jeune voisine. Elle lui permit de se réfugier dans son appartement, le 11 janvier 1944, alors que les Allemands venaient pour l’arrêter elle et ses parents. Elle la cacha jusqu’à la tombée de la nuit malgré la visite des gestapistes. Ce ne fut que l’aide et l’hébergement d’une seule journée mais cela lui sauva la vie.

Le fait de cacher des juifs faisait courir des risques considérables aux résistants. Les Allemands menaçaient, entre autre, de brûler les maisons suspectes de cacher des juifs et devant l’aggravation de la situation, surtout à partir de novembre 1942, certains ont préféré déplacer leurs protégés en des lieux qu’ils jugeaient plus sûrs.

Dans le département des Hautes-Pyrénées, des Juifs furent également cachés au sein d’institutions.
Ce fut notamment le cas de soeur Anne-Marie Llobet qui s’occupa de placer des enfants, dont elle cachait les parents au sein de son hôpital, dans des pensionnats de toute la ville de Tarbes, qu’ils soient religieux ou privés.

- L’hôpital de Tarbes tenu par un groupe d’hommes et de femmes, qui, ont risqué leur vie a joué le rôle d’un véritable lieu d’accueil. Le maire de Tarbes, Maurice Trélut, maire de 1935 à septembre 1944, date de sa déportation à Buchenwald, fut le premier maillon de ce réseau de sauvetage de l’hôpital de Tarbes.
De par sa fonction, beaucoup de personnes s’adressaient à lui, dont bon nombre de juifs qu’il envoyait à Anne-Marie Llobet Mère supérieure des Filles de la charité.
Cet hôpital servit de refuge clandestin aux persécutés et joua un rôle important dans le sauvetage de nombreuses familles juives.
Des juifs traqués, venant de Pologne, de Roumanie ou d’Allemagne et qui ne parlaient pas un mot de français étaient catalogués sourds et muets ou débiles mentaux.
Des résistants blessés ou malades du maquis étaient également soignés et protégés par les Soeurs de la Charité, dont Marie-Antoinette Ricard, (soeur Elisabeth) qui faisaient partie de l’équipe de Marcel Billières, le directeur. Certains maquisards blessés devenaient ouvriers agricoles, victimes d’un accident de travail.

Ces soeurs ont été amenées à mentir non seulement sur l’identité des malades mais aussi sur les affections dont ils étaient supposés souffrir, ce qui était considéré comme un péché par la foi. Pour leur sécurité, certains étaient hospitalisés dans le service des contagieux où les Allemands n’osaient guère mettre les pieds. Marcel Billières, les soeurs Anne-Marie Llobet et Marie-Antoinette Ricard, et Maurice Trélut ont ainsi tout mis en oeuvre pour soustraire les juifs des mains allemandes.

- Les enfants de Lourdes
Lourdes, avec ses hôtels, était un lieu idéal pour regrouper des enfants et les protéger des bombardements .Vers l’année 1943, Gérard Piquet était l'un des 2000 enfants, évacués par les Centre-Médico-Scolaires de diverses villes, sur la ville de Lourdes.
Aujourd'hui il raconte son histoire, et cherche à retrouver ses camarades.

« J'avais une dizaine d'années et j'étais l'un de ces enfants réfugiés dont le nombre devait être d'environ 2000. Nous étions logés dans des hôtels réquisitionnés. Beaucoup venaient des villes et des régions de Marseille et Toulon en prévision d'un débarquement sur les côtes de Provence. D'autres, comme moi, venaient des villes bombardées de Bordeaux, Nantes, etc. Les habitants de Lourdes nous avaient très bien accueillis.
Nous étions sous la surveillance de jeunes adultes que appelions
« Chef ». Nous avons appris plus tard, à la Libération de Lourdes, que certains de ces chefs s'étaient portés volontaires aux Centres Médico-Scolaires pour fuir le service du travail obligatoire (STO). Un témoignage que j'ai reçu récemment m'a précisé que chaque chef était responsable de trente à quarante enfants, ce qui paraît beaucoup, mais tous étaient si sages, apeurés, et en manque d'affection, qu'ils obéissaient et ne causaient aucun trouble. »

Article publié dans « La Semaine des Pyrénées » du jeudi 6 novembre 2003

 

3) FAUX PAPIERS

Pour protéger les pourchassés et les persécutés, il faut leur fournir de faux papiers
En effet, pendant l’Occupation, tout individu doit être muni de pièces justifiant de son identité pour pouvoir circuler. Les contrôles étaient fréquents.

Les maires et les secrétaires de Mairie qui sont aussi souvent des instituteurs sont sollicités pour délivrer de vrais faux papiers d’identité.

Le secrétaire général de la Préfecture, Jacques Bonis-Charancle procure de fausses cartes d’identité aux réfractaires du STO, aux résistants.

 

4) NOURRITURE ET TICKETS DE RATIONNEMENT

En période de pénurie et rationnement, les aides restent malgré tout nombreuses, généreuses et souvent spontanées.

Les boulangers de Saint Laurent (M. Plantat), de Hèches et de Sarrancolin mais aussi les commerçants, les épiciers et les paysans fournissent le ravitaillement du maquis.

Les maires des villages aident également en fournissant des vivres ou en organisant des collectes auprès des habitants. Ce fut le cas des maires de Baudéan (M. Isaac), d’Asté (M. Bérot) pour le maquis d’Antayente et du maire de Nistos qui fit collecter des pommes de terre et du lard pour les maquisards réfugiés à la ferme Lacourade à Nistos, après un jour et demi de diète.

Les employés de mairie facilitent également le vol de tickets d’alimentation tout comme certains anonymes :
une femme à Bagnères de Bigorre laisse la clé sous la porte acceptant ainsi d’être volée ; M. Pomès responsable du Dépôt du Service de Ravitaillement également à Bagnères de Bigorre se laisse piller.



5) RENSEIGNEMENTS

Les femmes ont été souvent de précieux agents de liaison, de renseignements pour les maquis. Elles ont servi à cacher des documents ou du matériel. Les femmes permettaient alors l’organisation de la base logistique de la Résistance.

 


-Témoignage de Mme Renée Latour

Le 30 mai 1944, Renée Latour se rend comme chaque matin, à son travail. Elle est secrétaire au garage Peugeot de Lannemezan.La ville depuis quelque temps déjà, vit sous le joug de l’occupant. Soudain, les Allemands envahissent les lieux. Elle a été dénoncée pour faits de résistance. « Je transportais des plis et recevais du courrier que je distribuais ensuite en cachette » …

La Nouvelle République des Hautes Pyrénées, 1995

Elle fait partie des Mouvements Unis de la Résistance (MUR) et est donc considérée comme terroriste.
Elle n’a que 21 ans.
Elle est emprisonnée à Toulouse puis déportée.


- Eugène Sabathier, le soir du 25 août 1942, veille de la grande rafle de la zone libre, prévint un juif que la gendarmerie s’apprêtait à lancer une grande rafle de juifs dans la région. Le juif lui-même prévint, à son tour, d’autres juifs.
La nuit même, les gendarmes déclanchèrent l’opération. Eugène Sabathier a ainsi sauvé non pas la vie d’un seul juif mais de plusieurs en avertissant qu’une rafle se préparait.
À Bagnères-de-Bigorre, le commissaire de police Georges Vigoureux était connu pour ses activités bénéfiques à l’égard des juifs.
Les Allemands multipliaient les descentes et les contrôles dans cette zone où de nombreux réfugiés juifs transitaient pour passer en Espagne. Toutefois, ils en informaient le commissaire Georges Vigoureux, qui à son tour, prévenait les personnes visées, leur permettant ainsi de s’enfuir.
Georges chargeait Jacques Vigoureux, son fils, de prévenir personnellement les juifs et ceux qui les cachaient avant le début des rafles.

 

6) CAMOUFLAGE D’ARMES

La population est amenée à camoufler du matériel destiné ou appartenant aux maquisards ; ainsi une automobile appartenant au maquis est cachée dans la maison d’un particulier, à Nistos.
Les maquisards descendent le soir pour camoufler les parachutages d’armes dans des fermes « amies ».

 

7) EMPLOI

Dans les Hautes-Pyrénées, on retrouve Marcel Billières, le directeur de l’hôpital mixte de Tarbes, qui, aida des juifs en leur offrant un emploi au sein de son établissement.

Également à Tarbes, Charles Soubies., employa un juif en tant que comptable dans son entreprise.

L’offre d’un emploi à un juif et la préservation de leurs biens furent dans bien des cas, des aides temporaires accompagnées d’une autre issue mais c’était le début de la survie, du soutien et de l’entraide.

Témoignage de Claude Tisney

« Né le 6 Juin 1922, à Biarritz, j'ai 18 ans au moment de la débâcle de nos Armées en 1940. Etudiant à l'Ecole Nationale des Industries Laitières d'Aurillac (Cantal), je dois passer mes examens de fin d'Etudes en Juillet.
Mais j'apprends par un groupe de Scouts de passage à Aurillac qu'un embarquement est prévu pour les troupes polonaises, sur la Côte Basque le 19 Juin.
J'ai pleuré en écoutant la radio, l'annonce du
« cessez le feu » par le Maréchal Pétain. Ma décision est prise.
Je pars donc, dans le train bondé, pour Toulouse, avec correspondance possible à St-Jean de Luz.
Retardé en gare de Tarbes par un accident, J'arrive deux heures trop tard. Les bateaux étaient en mer.
Je rentre à Aurillac et passe mes examens. En Août 1940, vers le 8, (avec un camarade Belge), résidant moi-même pas trop loin de Tarbes, je tente à nouveau de partir par l'Espagne en passant simplement par la gare internationale de Canfranc (64). Hélas! alors que nous foulions déjà le sol espagnol, repérés par, les
« Guardias Civiles », nous repartons pour Pau, menottes aux poignets, encadrés par deux gendarmes français. Une nuit à la prison. Un directeur bienvei11ant, qui, le lendemain, nous fait libérer en nous disant: "surtout ne vous faites pas reprendre".
La leçon ne sera pas perdue. Ensuite, c'est le cursus normal en zone dite libre : Chantiers de Jeunesse à St-Bertrand de Comminges (31), puis réquisition par le Service du Travail obligatoire en Allemagne.
Nous sommes en Juin 1943. Mais depuis ma libération des Chantiers, le 28 Février 43, j'appartiens à un Groupe de renseignements de l'Armée Secrète, animé à Tarbes (65) par le père Félix Etchepare, supérieur de l'Orphelinat St-Joseph où j'avais été accueilli en 1932, après la mort de mon père (des suites de la Guerre 14/18, sans pension). Ma mère n'avait donc pas le choix. Elle était veuve avec 6 garçons: l'aîné 15 ans, le dernier 1 an. - J'en avais 10. - Il n'existait pas d'allocations familiales.
Le père Etchepare m'avait donc recruté. Après ma convocation au STO, il m'avait placé comme surveillant des orphelins à la Maison de Vacances d'Orleix, au début de Juillet 43, avec la complicité du secrétaire de Mairie.
Avec deux autres camarades, nous formions une troïka: notre mission consistait à vérifier que les caches d'armes des gradés de l'Armée, en été 19401, n'avaient pas été découvertes par des miliciens ou certaines gendarmeries.
Au départ, ces emplacements avaient été reportés sur des cartes d'Etat Major, mais un officier pétainiste s'était emparé de certaines et les avait communiquées à Vichy.
Au cours de ces localisations, notre trio en pleine nuit avait été interpellé par des gendarmes en embuscade et l'un de nous (Lucien), blessé aux jambes, avait été capturé et transporté à la prison de Tarbes.
Or, le père Etchepare était aussi aumônier de la prison, située dans la même rue que l'orphelinat (rue Eugène Tenot). Renseigné sur l'affaire, le lendemain matin, il s'est rendu à l'infirmerie de la prison. Notre camarade (Lucien) lui indiqua qu'il n'avait pas parlé. Par prudence, le père nous donna à choisir: le maquis dans la montagne ou l'Espagne. La filière d'évasion passait par l'abbaye de Belloc non loin de Cambo et le père était un ancien de celle-ci…. […] »

Bordeaux, le 11 Janvier 2001

 

IV- HOMMAGE

Le Comité Français pour Yad Vashem, fondé en 1989 décerne le titre de Juste des Nations aux non-juifs qui, malgré les grands risques encourus pour eux-mêmes et pour leurs proches, ont aidé des juifs à un moment où ils en avaient le plus besoin. (voir annexe)
16 remises de titres de Juste des Nations ont été effectuées dans les Hautes Pyrénées au titre individuel ou familial. Souvent l’aide impliquait toute une famille.

Dans notre département, d’autres hommages ont été rendus et le sont encore aujourd’hui à tous ceux anonymes ou plus connus qui ne rentrent pas dans la catégorie des Justes mais qui ont participé activement à la résistance :
- de nombreuses plaques de rue des villes et villages témoignent que des hommes et des femmes ont mené le combat jusqu’au sacrifice de leur vie,
- des établissements publics portent le nom de résistants,
- des stèles sont érigées sur les lieux de combats pour rappeler et ne pas oublier le nom des combattants,
- les monuments aux morts.


Un hommage particulier aux femmes

Beaucoup de femmes s'investirent dans la Résistance sortant du rôle effacé que leur promettait la société de l'époque pour sauver leur pays des griffes nazies. La plupart de leurs actions, bien que stratégiques, furent discrètes et diffuses.
Les femmes aidaient directement la Résistance en nourrissant et en hébergeant les alliés parachutés, les résistants et les maquisards. Les maisons étaient des lieux de résistance : elles servaient de lieu de réunion, d’écoute ou de transmission radio.
Toutes ces femmes appartenaient à la Résistance civile.
Beaucoup le payèrent de leur vie en étant déportées, brutalisées, torturées, violées, fusillées, massacrées.
Mais à la Libération, la plupart reprirent leur vie là où elles l'avaient laissée.

 

Méconnu ou passé sous silence, le rôle des femmes dans cette période de l’histoire doit être porté à la connaissance de tous, dans un souci de justesse historique, mais aussi dans un souci de justice à l’égard de celles qui trop modestement donnèrent leur tribut à la libération de la France. Que ces femmes puissent donc retrouver la place qui leur revient dans la mémoire collective.


Témoignages audio recueillis :

- Mme G. d’ Izaux raconte que ces parents ont hébergé un jeune maquisard blessé du Maquis de Nistos, un jeune étudiant en médecine.
Le docteur Nau qui soigne ceux du maquis entre en contact avec le docteur Baratgin. Celui-ci lui indique un hébergement dans « une maison amie » pour le jeune maquisard. Le jeune sera caché dans la grange de ses parents et y restera plus d’un mois. Le docteur Nau venait régulièrement lui faire les pansements et à la nuit toute la famille allait le voir et jouaient aux cartes avec lui. La maman de Mme G. lui portait à manger et lavait son linge.Mme G. âgée de 10 ans allait à l’école et pour elle le plus difficile était de garder le secret car on lui avait dit de ne rien dire. Elle avait toujours peur de trahir par une parole, un mot…

- Mme. C. de Saint-Laurent-de-Neste étant atteinte de la maladie d’Alzheimer, c’est son mari qui témoigne de l’histoire vécue par les parents de son épouse et elle-même.
Les parents de Mme C. sont de simples agriculteurs et ont 5 enfants. Ils ont vécu la guerre de 1914/1918 et détestent les Allemands. De plus ce sont des catholiques pratiquants toujours prêts à aider les autres.Beaucoup de Juifs vivent à Saint-Laurent-de-Neste, clandestinement soit dans des appartements loués soit logés gratuitement. C’est donc tout naturellement que les parents de Mme C. hébergent un premier couple de Juifs, M. et Mme K. dès 1943 dans une cachette aménagée dans la grange. Par la suite c’est la famille R. qui les rejoint : un couple et ses deux filles Rosa 16 ans et Lisa 10 ans. A la veillée, tous se réunissent dans la maison pour passer un moment ensemble.Suite à des dénonciations, les Allemands effectuaient des descentes dans la maison.Un jour, les Allemands débarquent chez ses parents et bien renseignés entrent immédiatement dans la maison fermée, attenante à la leur. Là où les Juifs viennent passer un moment de temps en temps.
Les Allemands découvrent un cendrier avec trois mégots récents. La maman de Mme C. a la présence d’esprit de se tourner vers son mari et de lui dire : « Je t’avais bien dit que les filles fument en cachette ! » Les Allemands n’iront pas plus loin, pourquoi ? Une chance les trois hommes étaient cachés et dans la rue, un coup de feu retentit …d’autres Allemands venait de tuer M. Plantat, ils étaient venus pour tuer des maquisards…
Peu de temps après, les hommes Juifs partent pour l’Espagne avec des passeurs. Comme tout se passe bien pour eux, ils demandent à leur famille de les rejoindre par la même filière avec les mêmes passeurs. Le passage a lieu le 6 juin 1944, ils sont 23. Arrivés à Chaum, les Allemands les arrêtent, les passeurs qui avaient été dénoncés, s’enfuient et Rosa la fille de 16 ans les suit. Ne sachant que faire de cette jeune fille, il la confie au curé de Fronsac qui lui donne un vieux vélo et elle reviendra seule, chez sa seule famille, les parents de Mme C. à Saint-Laurent-de-Neste qui la cacheront jusqu’à la fin de la guerre. Sa maman et sa jeune sœur sont mortes à Auchwitz. Son père a réussi à regagner la France.Mme C., accompagnait Rosa dans les bois où elles restaient cachées quelquefois plusieurs jours pour échapper aux descentes allemandes. Le frère de Mme C ; leur portait de la nourriture dans la cabane qui leur servait de refuge.La médaille des Justes des Nations sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier » a été remise aux parents de Mme C . à titre posthume ainsi qu’à elle-même.

Ces deux témoignages retracent bien les gestes simples et quotidiens, le soutien et le réconfort que ces femmes ont apporté à ceux qui étaient pourchassés ou persécutés, Juifs ou non-Juifs durant cette période sombre et au péril de leur vie.

 

Extrait du discours sur la résistance en Vallée d’Aure au congrès de Ravensbrück en octobre 1999

« Au sein de cette Bigorre résistante, les femmes assumèrent une grande partie du travail clandestin. Toutes n’étaient pas membres d’un réseau organisé. Cependant en notre vallée d’Aure, qui fut lieu de passage pour tous ceux qui fuyaient le régime nazi, pour les réfractaires au STO, pour les membres des réseaux, pour les clandestins voulant rejoindre l’Afrique du Nord pour tous, elles furent celles qui hébergeaient, cachaient, soignaient en attendant le départ pour traverser la frontière.Sans oublier que ces femmes, continuaient à faire vivre la ferme, le commerce, assurer la continuité de la vie familiale alors que l’absence répétée du chef de famille se faisait cruellement sentir. Je sais bien que toutes les régions de France on connu ce rôle des femmes pendant l’occupation, mais il paraît bon de le rappeler à une époque ou l’on essaie de banaliser les actes, les propos fascistes dans notre pays et ailleurs. »

 


V- CONCLUSION

Qu’est-ce qui a pu bien pousser ces hommes et ces femmes à risquer leur vie, mettre en péril celle de leur famille, pour porter secours à d’autres hommes et femmes pourchassés et persécutés sous l’Occupation ? Il est difficile de répondre à cette question.
Prisonniers de guerre évadés, aviateurs alliés en fuite, résistants pourchassés ou souhaitant poursuivre le combat hors de métropole, étrangers réfugiés, Juifs, Tziganes, Francs-maçons, réfractaires au STO, ont été aidés par de nombreux Français qui risquaient eux aussi leur vie.
Ces sauveteurs, qui ont souvent payé de leur vie des gestes essentiels de solidarité et d'humanité, venaient de tous les horizons, avec des motivations diverses, et n'appartenaient pas forcément à un mouvement ou un réseau organisé.
Des anonymes, aujourd’hui disparus, ont spontanément secouru les persécutés.
Ces personnes n’ont rien exigé à l’époque et n’en demandent pas plus aujourd’hui. C’est avec naturel et simplicité qu’ils sont allés au devant des autres, et c’est avec discrétion et modestie qu’ils continuent leur vie ou appartiennent au passé.
Sans eux l'action de la Résistance aurait été impossible.
Nous nous devons de rendre hommage à leur esprit de solidarité, leur dévouement, leur aide désintéressée et ne pas oublier.

 

« Justes de la Nation »

L’origine des « Justes de la Nation » vient du Talmud (traité Baba Batra, 15b).

Tout au long des générations, il a permit de désigner « toutes les personnes non juives ayant manifesté une relation positive et amicale envers les Juifs ».

« Et je leur donnerai, dans ma maison et dans mes murs, un mémorial (Yad) et un nom (Shem) qui ne seront pas
effacés ».
Bible, Isaïe 56.

Devoir de mémoire et de gratitude, ce titre ancestral vieux de 2.000 ans dans la tradition juive, est appliqué aux hommes et aux femmes qui sont des amis du peuple juif. Ainsi Cyrus conquérant perse reçu ce titre lors de sa décision de ramener tous les déportés des bords du Tigre et de l’Euphrate vers leur lieu d’origine.

BÉNÉFICIAIRES :

Les critères de reconnaissance sont :
· Avoir apporté une aide dans les situations où les « juifs » étaient impuissants, menacés de mort ou de déportation vers des camps de concentration.
· Que le « sauveteur » était conscient du péril de sa vie en apportant cette aide, ainsi que de sa sécurité et liberté personnelle. Cette assistance étant considérée par les « nazis » comme un délit majeur.
· Que le « sauveteur » ne souhaitait aucune récompense ou compensation pour son acte.
· Que le sauvetage soit confirmé par les personnes sauvées ou attestées par des témoins directs, voire des archives ou documents authentiques.
Les aides sont diverses :
· Héberger un « juif » en sa maison ou des institutions laïques religieuses, à l’abri du monde extérieur et de manière invisible pour le public.
· L’aider à se faire « passer » pour un non-juif en lui procurant papiers d’identité ou certificats de baptême.
· Les aider à gagner un lieu sûr ou traverser une frontière vers un pays de sécurité, et aider les adultes et enfants dans leurs périples sur les territoires occupés.
· Adoption temporaire des enfants « juifs » (durant la guerre).

CONDITIONS DE CONCOURS :

Les Justes sont des personnes modestes, timides qui ne se manifestent pas.

Leur dossier est ouvert suite au témoignage d’un individu qui a été sauvé.

Cependant selon les situations géographiques les justes ont agi spontanément. Mais des différences existent selon la France et la Hollande, que le pays soit ou non sous occupation allemande ou avec un gouvernement légal comme la France de Vichy.

Il est nécessaire de mettre en valeur l’histoire du sauvetage et de la responsabilité individuelle.

 

LA DISTINCTION :

Le ruban et La médaille

PARTICULARITÉS :

Constitution du dossier, trois étapes :
· Le Département des Justes, créé en 1963 en France constitue les dossiers en réunissant écrits et certifiés de deux personnes juives sauvées.

· Le dossier est adressé à Yad Vashem (Jérusalem) où il est examiné par une commission de personnalités et de réprésentants des organisations de résistants et de rescapés de la Shoah. Présidée par un juge de la Cour Suprême.

Minutieusement examinés les témoignages et documents font parfois appels à des compléments d’informations.

C’est la seule instance habilitée à décerner cette plus haute distinction par l’Etat d’Israël à titre civil.

· Acceptation et remise de la médaille.


PROTOCOLE :

Après l’acceptation du dossier par le Comité Yad Vashem, le Comité français organise les cérémonies officielles.

Durant ces dernières, les médailles et diplômes sont remis aux Justes ou leurs ayant droits par l’Ambassadeur d’Israël en France, ou par l’un des représentants de l’Ambassade en présence des autorités civiles, politiques,…
A Jérusalem, l’allée des Justes à Yad Vashem porte un arbre où se trouve la plaque d’un « Juste ».


Comité français de Yad Vashem : 64, avenue Marceau 75008 PARIS Tél : 01.47.20.99.57

http://www.col.fr/yadvashem/comite.html

http://medaille.decoration.free.fr/France/Pays/Israel/P_Medaille/M_Justes.htm

 

VI – BIBLIOGRAPHIE


Ouvrages sur l’histoire locale :


BENEZECH Maurice, Résistance en Bigorre, par le Comité Départemental de la Résistance des Hautes Pyrénées, Tarbes, Editions Hunault et fils, 1989

EYCHENNE Emilienne : Montagne de la peur et de l’espérance : le franchissement de la frontière espagnole pendant la seconde guerre mondiale dans le département des Hautes Pyrénées, Toulouse, Privat, 1980

CUBERO José : Les Hautes Pyrénées dans la guerre 1938-1948, Editions CAIRN, 2002

Francs Tireurs et Partisans Français des Hautes Pyrénées : Ceux du Maquis d’Esparros et de Nistos, ANARC, 1994


Travaux universitaires :


PIRES Estelle : Les Justes parmi les Nations dans le Sud-Ouest: départements des Landes, Basses et Hautes Pyrénées , Mémoire de première année de master en histoire contemporaine, Université de Pau et des Pays de l’Adour, 2005-2006

TILHAC Nadège : Les Maquis dans le secteur est des Hautes Pyrénées durant la seconde guerre mondiale, études des relations entre maquis et population civile et militaire, Mémoire de Maîtrise d’Histoire Contemporaine, Université de Toulouse Le Mirail, 2000


Témoignages recueillis :

Mme C. de Saint-Laurent-de-Neste
Mme G. d’Yzaux

 

Sites Internet :

Chrétiens et Juifs sous Vichy, 1940-1944sauvetage et désobéissance

http://www.pyrenees-passion.info/georges_adagas.php

http://www.yadvashem-france.org/publications/

http://maquis-nistos-esparros.chez-alice.fr/histoire.php

Mon réfractariat, récit de Claude TISNEY, 2001

http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichepage.php?idLang=fr&idPage=4786

Les réseaux des Hautes Pyrénées

diaporamas sur les femmes pendant la guerre

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