CUGUEN Sous l'Occupation Nazie
Du 18 juin 1940 au 2 août 1944

Conclusions

Je termine ici mon récit. Si notre région est libérée, une partie du territoire français est encore sous la botte. Tout prés de nous les " Poches " de Lorient et de Saint-Nazaire; plus loin l'embouchure de la Gironde, resteront occupés pendant plusieurs mois. La guerre continue. Au cours du printemps 1945, les prisonniers libérés rentrent. Le 7 mai, l'Allemagne capitule, ce qui cause de grandes joies dans le monde entier. Le Japon continue la lutte, mais après les deux bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki, il a compris et capitule le 18 août 1945, mais cet épisode se produit presque dans l'indifférence. Aujourd’hui encore, la situation est confuse et troublée. Notre Pays comme une grande partie de l'Univers est ruiné matériellement , et encore beaucoup plus, moralement. On semble vivre dans un monde en folie. La paix, par suite de multiples divergences entre les Alliés n'est pas encore signée.
Depuis plus de trois ans, nous avons eu bien des déceptions, mais au milieu de toutes nos difficultés, il ne faut pas désespérer du genre humain. Ayons confiance en l'avenir, espérons que mles générations futures ne verront point une aussi triste époque que celle que nous avons vécue.
Mais Français, n'oubliez pas ! Souvenez vous !
Cuguen le 1er mars 1948.
E. DESVAUX

Annexe 1

Elections municipales des 29 avril et 13 mai 1945 :

Furent élus au 1er tour :

Baffet Léon cultivateur Lantuman
Lemétayer Jean épicier Bourg
Martel Léon cultivateur La Boindrie
Playon Alfred cultivateur La Pindrie
Greffié Aristide éoicier Ardennes
Boulmer Jean cultivatrur Les Rieux
Benoist Pierre cultivateur Le Surclos
Robinault Jean forgeron Le-Bas-Chemin
Claude Pierre cultivateur Le-Bas-Chemin
Costard Pierre cultivateur Les-Champs-Sinan
Baudour Joseph commerçant Bourg

Fut élu au 2° tour
Tiercelin Ambroise cultivateur La-Fosse-Poisson
Le 17 mai, les conseillers se rassemblèrent et élirent comme maire, Jean Boulmer ; Jean Lemétayer fut élu adjoint.

Annexe 2

Liste des propriétaires de véhicules dans les années 40
( Liste non exhaustive, dressée grâce différents témoignages )
Automobiles - Camionnettes :
Baudour Mathurin, père, négociant en produits agricoles avait une C4 familiale.
Cronioer Léon avait une C4 Citroën
Desvaux Eugène avait une Celta 4 Renault
Esnault François, marchand de porcs, eut sa camionnette réquisitionnée en juin 1944. elle était équipée d'un gazogène
Georges Jean, boulanger, eut sa camionnette réquisitionnée en juin 1944. Elle aussi fonctionnait avec un gazogène alimenté avec le charbon de bois qu'il récupérait dans son four à l'issue de ses fournées..
Greffié Aristide, épicier à Ardennes (?)
Lemétayer Jean, émicier, eut sa camionette réquisitionnée en juin 1944.
Louvel Eugène, épicier, vit sa voiture réquisitionnée par les Français en 1939.
Mottay Hypolite, négociant en produits agricole.

Tracteurs :
Il n'y avait aucun tracteurs avant et pendant la guerre. ( En limite de Cuguen, Pierre Dufeil, de la ferme du domaine en Broualan en possédait un avec des roues en métal ).

Annexe 3

L'étonnant voyage de Rosalie Gautier :
Née en 1912, Mme Gautier a noté ses souvenirs sur un cahier. Elle a bien voulu nous en donner un extrait concernant l'évasion de son mari Constant (que tout le monde appelait Eugène).
" Eugène partit le 3° jour de la mobilisation. Comme les autres femmes, me voilà restée seule avec mes deux filles nées en 34 et 37. En mai 1940, c'est la débâcle puis l'occupation. Il y avait des Allemands partout.
J'ai été trois mois sans nouvelle de mon mari. Les soldats qui n'avaient pas été faits prisonniers étaient rentrés et ceux qui étaient en captivité avaient donné de laurs nouvelles.. J'avais le cafard, bien sûr, mais un beau matin, voilà une lettre qui arrive écrite par un habitant du village où Eugène était prisonnier. Après, j'ai eu des nouvelles régulièrement.
Un jour, il m'écrivit qu'une femme d'un des prisonniers avait été leur rendre visite. Elle habitait dans les alentours du Stalag qui se trouvait à Guignicourt-sur-Vence, à une dizaine de km au sud de Charleville-Mézières. Et je me dis : Pourquoi pas moi ? C'était un voyage à risques plein d'obstacles.
Les prisonniers m'ont envoyé l'itinéraire. Alors, je risque le tout, me voilà décidée. Malgré tous ceux qui pensent que je n'y arriverai pas, je mets une fille chez mes beau-parents, l'autre chez ma mère, et un matin, mon frère m'emmène à la gare de Combourg..
Dans le Rennes-Paris, j'ai trouvé un couple très symphatique qui m'a expliqué comment aller de la gare Montparnasse à la Gare de l'Est.. J'y suis arrivé de nuit, mais j'ai trouvé où me coucher. A quatre heure le lendemain, j'ai pris le train pour Reims. Arrivée à Reims, je descend du train et vais en ville pour boire un café. De retour à la gare pour prendre mon billet, le chef de gare m'a dit : " Vous ne pourrez pas passer la frontière ! " Comment faire ? Donnez moi le billet. Si je le perds, tant pis ! ".
Me voilà partie pour Laon, mais il y avait la frontière à passer à Guignicourt, sur l'Aisne. Les Allemands contrôlaient tous les trains de marchandises et avec des grandes sondes et les voyageurs devaient montrer un passeport. Comme ils n'en donnaient pas, je n'en avais pas. Je n'avais qu'une carte d'identité, c'est tout. Arrivée à la frontière, le train s'arrête. Deux Allemands me demandent mes papiers. Alors : "Raous, Raous". Il a bien fallu descendre. J'avais le cœur gros. Il n'y avait que les deux gardiens de la gare qui n'étaient sûrement pas avec les Allemands. Je leur explique pourquoi et comment j'étais arrivée là. Ils m'ont envoyée à l'hôtel tout prés de la gare : " Ne restez pas là, c'est dangereux ! "
C'était des Anglais qui tenaient l'hôtel, les Ramser. Je leur explique d'où je venais et où j'allais, mais ils n'étaient pas rassurés. Ils avaient peur d'être dénoncés, mais ils m'ont fait confiance et m'ont prise en charge.
Ils m'ont cachée dans une chambre obscure toute la journée. Comme les Allemands avaient relevé tout ce qu'il y avait sur ma carte d'identité, il ne fallait pas que je reprenne le train dans cette gare. Un jeune couple qui voulait revoir leur pays m'a emmené à 20 km pour prendre le train à la gare de Saint-Erme. Me voilà arrivée à Laon puis à Charleville-Mézières. Je n'étais qu'avec des Allemands. Ils chantaient : " Alli, Allo, Alla ". Direction Givet puis Guignicourt-sur-Vence, mais de là, il y avait 11 km à faire à pied. C'était dur, car il n'y avait plus personne dans les campagnes. Heureusement, un peu plus loin que la gare, il y avait une maisonnette où on m' renseignée.
Après cette longue marche, j'ai trouvé le petit village où étaient les prisonniers. J'ai eu la chance de tomber chez des anciens de 80 ans qui n'avaient pas quitté leur maison. Je leur ai dit qui j'étais : Ils voyaient mon mari tous les jours !
(Deux jours après être arrivée, c'est là que j'ai mangé du renard, mais je ne me suis pas régalée, contrairement à un couple de Belges, qui, faute de mieux appréciaient ça). Donc la dame de 80 ans est allée chercher mon mari au Stalag : C'était une grosse émotion ! La vieille dame nous disait : " Embrassez vous mes enfants, embrassez vous !" Nouss couché chez eux et j'y suis resté quelques jours avant de rentrer à Cuguen.
Je prends le chemin de retour : Charleville, Laon et j'arrive à la frontière. Je descend à Guignicourt et retyrouve l'hôtel Ramser. La dame me dit : " Je ne sais pas quand et comment on pourra vous faire repasser la frontière. Peut-être une nuit en bateau ! "
Coup de chance, en allant faire ses courses Mme Ramser a trouvé une solution : " Je vous ai trouvé des passeurs ! " C'était des ouvriers électriciens qui travaillaient pour les Allemands et qui rentraient à Reims. Ils sont venus à l'hôtel, et je leur ai payé un litre de vin blanc. Ils m'ont fait une place le long de la cabine où je me suis allongée. Ils m'ont couverte avec leurs vestes et leurs musettes, on ne me voyait plus.
A la frontière, tous les véhicules étaient arrêtés et contrôlés par les Allemands. Ils sont montés dans le camion, ont comptés les ouvriers qui étaient passés le matin. Ils ne m'ont pas trouvée. Bientôt, les ouvriers m'ont dit : " Soyez tranquille madame, vous êtes en France maintenant ! " J'ai respiré, car je risquais ma vie et les gars aussi.
Pour s'évader, les sept prisonniers de l'équipe de mon mari ont fait le même parcours que moi pour traverser la frontière. Cela a été moins difficile, car les ouvriers sont restés couchér à l'hôtel et ils ont pris leurs places. Ils s'étaient débrouillés pour trouver des habits civils, des petits outils : Scie, marteau… le plus possible. Le camion nous descendait au Merle Blanc à Reims. Nous étions en zône occupée, mais il n'y avait plus de frontière.
Mon mari et ses copains sont revenus huit jours après mon arrivée. C'était le lundi 3 mars 1941. Mon beau père était à la ferme ce matin là, car nous devions aller au marché de Combourg pour acheter des pommiers. Ils étaient comptés dans le bail, et il fallait en remplacer chaque année. Mais revenons à notre voyage, je ne vous ai pas dit combien ça m'a coûté ! J'ai fait tout mon voyage avec l'argent d'un veau que j'avais vendu avant de partir : douze cent francs ! Cela a tout payé ! Ma pension ne m'a pas coûté cher, car je n'avais pas faim mais j'ai eu vraiment soif ! A la gare de l'Est, j'ai bu une bière, et je l'ai trouvée bonne, je vous assure ! J'ai payé mon train et j'avais donné cinquante francs à mon mari. A la gare Montparnasse, il me restait de quoi acheter deux poupées pour mes filles. J'étais contente de pouvoir leur apporter ce petit souvenir.
Eugène rentré, il y avait un grand risque. On nous disait qu'il fallait au trois mois d'absence au stalag pour ne pas être repris. Alors, il allait coucher chez Pierre Benoist au Surclos, le village voisin. Quand les Allemands faisaient leur ronde, il se cachait, et nous avions un appel spécial pour le faire revenir ; mais pendant les trois mois, nous n'avons pas eu de coup dur. On a même abrité des résistants qui étaient à Landal et qui venaient nous aider à faire le travail à la ferme … "

Annexe 4

L'Attentat contre Meigné
René Brune évoque cette affaire dans son livre " Broualan dans l'l'Ille et Vilaine en résistance " Il nous donne un extrait des Mémoires de Louis Pétri :
" Nous attendions le délateur à la sortie de l'Eglise, après la messe, mais il n'en sortit pas seul et pour ne pas risquer de blesser un innocent, nous décidâmes de le suivre. Il quitta son interlocuteur et revint sur ses pas; à 30 mètres de la gendarmerie. A l'instant où je m'approchais de lui, je tirais à bout-portant, mon 7,65 ne partit pas. Meigné m'agrippa le bras, mais le pistolet de Dédé, un 6,35 , fonctionna mieux que le mien "
René Brune poursuivit : " Meigné a reçu trois balles de revolver, il est grièvement blessé, mais il ne mourra pas. Emmené à Rennes et interrogé par la Gestapo, il nomme les personnes susceptibles de lui en vouloir. Madame Charpentier et sa fille sont arrêtées ainsi que Madame Dibout, Madame Lequeu et plusieurs autres personnes. On ne reverra pas Meigné à Dol. A la Libération il sera jugé et condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité.
Dix ans plus tard, on apprendra par le journal "Ouest France" que s'étant spontanément livré à la police (?) il vient d'être acquitté par Tribunal Militaire de Paris. Aucun témoin n'ayant été entendu. "
Voici le compte-rendu de l'attentat paru dans "Ouest-Eclair" (devenu Ousest France).

Un Attentat Terroriste
Le chef se brigade de gendarmerie est blessé à coup de revolver
Ce matin, vers 7 h 30, l'adjudant-chef Meigné, chef de la brigade de gendarmerie de Dol, revenant de la messe, passait rue St-Mali, à hauteur de la boulangerie Corbière, prés la place Toullier, lorsqu'un jeune homme qui le suivait tira sur lui à bout-portant un coup de revolver, mais l'arme s'étant enrayée et devant l'insuccès de ses tirs, un autre jeune homme dissimulé prés de la maison Jouenne, tira à son tour, atteignant l'adjudant au côté droit, le blessant trrés sérieusement.. Une autre balle atteignit au bras droit une fillette de 12 ans, Yvonne Dubois demeurant rue des Ponts, accompagnée de sa maman.
MM. Tellier et Ruaux, soutinrent l'adjudant Meigné, sérieusement touché, le conduisirent à la caserne de la brigade où M. le docteur Cottin vint lui donner des soins.
Devant l'état de gravité de la blessure, l'honorable praticien décida le transport immédiat de M. Meigné à l'hôpital du Grand Séminaire à Rennes, en raison de l'impossibilité de traitement dans une clinique plus rapprochée. Pendant ce temps Mme Dubois conduisait sza fillette chez le pharmacien où elle fut pansée. La blessure paraît heureusement peu grave.
Leur coup fait, les deux agresseurs prirent la fuite à toute jambes dans la direction de la cathédrale et de la promenade des Douves. Ils ne purent être rejoints. Ils furent aperçus peu après roulant à toute vitesse à bicyclette surla route de Rennes. Leur signalement est le suivant : L'un est de taille de 1 m 70 à 1 m 75, brun, vétu d'un veston marron, coiffé d'une casquette genre jockey avec souliers bas silencieux ; l'autre 1 m 60, parait âgé de 20 ans environ, il était vétu d'un costume bleu marine ou gris foncé. Il est lui aussi coiffé d'une casquette et chaussé de chaussures basses silencieuses. Il portait des lunettes noires avec cache soleil.
Dés qu'il a eu connaissance de l'attentat, M. Pardieu, Maire de Dol s'est rendu a la brigade pour prendre des nouvelles du blessé.
Il est hors de doute que les agresseurs avaient été mis au courant des habitudes de l'adjudant Meigné pour le rétablissement duquel nous formons des voeux très sincères. »
Ci après ce qu'écrivent MM. Amiot et Galocher dans "Dol, Occupation, Libération" à propos des deux «terroristes » :
Commandant Louis PETRI, alias "Hubert", "Tanguy", "Rolland", "Loulou", Commandant des Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P.) d'Ille et Vilaine : Mayenne. A la Libération, adjoint du Colonel Commandant le 4° Bureau de la Région M des F.F.I.
Lieutenant André Mériot : Fait partie de l'état major F.T.P. d'Ille et Vilaine, arrêté à Rennes par la Police de Vichy (Morellon) le 27 septembre 1943. Libéré le 30 avril 1944 de la Prison de Vitré (48 Libérés) lors de l'attaque de la prison par les F.T.P. de Louis Pétri. S'engage dans la 2° D.B. du général Leclerc. Campagne de Paris, Strasbourg et d'Allemagne.

Annexe 5

Guy Provaux :
" Arrêté à Dol le 5 septembre 1943 en même temps qu’une dizaine de Résistants de Combourg, La Boussac, Lanhélin, il est emmené à Rennes, interrogé et torturé durant quatorze jours. Transféré à Vitré. Il dresse au crayon bleu et rouge les plans de la prison sur un mouchoir, glisse celui-ci dans l'intérieur d'un poignet de chemise préalablement décousu et par l'intermédiaire d'un compagnon de cellule, M. Patry de Louvigné-du-Désert, réussit à faire passer ce message à Louis Pétri.
Dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1944, à 1 heure 10 du matin, "Loulou" et son groupe attaquent la prison. 47 résistants sont délivrés. Jules Guihard de Combourg doit êytre laissé sur place, trop faible pour suivre. Son ami Quémerais refuse d'abandonner son camarade.
Après cette évasion, Guy Provaux reçoit de prendre le commandement à Cuguen d'un groupe d'actions ponctuelles dont les membres sont dispersés dans les fermes amies. Il est en liaison constante avec Delaigue du maquis F.T.P.
[…]
(Le 6 juillet), au matin, Guy Provaux a rendez vous avec son "contact" au bourg de Cuguen.
Quand il est arrivé à l'hôtel, M. Besnard le patron l'informe : " Le bourg est bouclé par la Milice ! Il faut filer ! ". Il le fait passer par la cour arrière. A peine sorti, Guy Provaux tombe sur deux miliciens. Il entre dans la Boulangerie. Les miliciens le suivent, l'arrêtent. Pendant que l'on vérifie ses papiers, l'autre va avertir un gradé.
A cet instant un jeune homme […] passe en courant dans la rue. Le militaire abandonne Provaux et se rue à sa poursuite. Guy Provaux réagit aussitôt, traverse la rue, pénètre dans la ferme de M. et Mme Desouche, en ressort vêtu d'une robe-blouse et d'un chapeau de paille.
A travers champs, il rejoint un groupe de paysans qui ramassent les foins. Après avoir travaillé toute la journée, il rentrera le soir, juché sur une charrette de foin, toujours sous le même accoutrement de femme. "
" Dol, Occupation, Libération, " MM Amiot et Galocher.

Annexe 6

Louis Lefrançois :
Voici deux courts extraits de son livre " Dachau Matricule 77044" où l'on retrouve des noms cités par M. Desvaux. :
" Pétri (appelé Loulou ou Hubert à l'époque) est notre principal chef départemental. Sur le Secteur de Combourg, nos chefs sont le Dr Thoravel et le capitaine Quemerais ; membre responsable, mademoiselle Madeleine Raymond. Mais je ne dois pas les connaître en tant que tels, et surtout ne jamais en parler."
Le 3 septembre 1943, Madeleine Raymond, notre responsable, est arrêtée à Combourg à 11 heures du soir, chez Mme Guénard en rentrant du cinéma, par la police Morellon ( Police au service du gouvernement de Vichy). Ceci avec le concours du traître Meschmit, un réfractaire au S.T.O. précédemment camouflé à Bonnemain.
Elle passe le reste de la nuit à la gendarmerie de Combourg.. Pendant ce temps, l'adjudant de gendarmerie Egron, profitant de l'absence des policiers, va rendre visite à Madeleine Raymond dans sa cellule.
Elle peut ainsi lui remettre tous les documents compromettants qu'elle a sur elle, camouflés dans son manteau. Ce qui sauve ses camarades de combat dont je fais partie. Le soir même je lui avais remis une liste compromettante pour nous deux De par l'action de cet admirable gendarme, je l'ai donc cette fois échappé belle. "

Annexe 7

Louis Guelet :
MM Amiot et Galocher évoquent le rôle de Louis Guélet :
"Pour la nourriture, on se débrouille avec parfois de fausses ou vraies cartes d'alimentation raflées dans les mairies. Mais surtout le ravitaillement vint des fermes amies ainsi que de tout un réseau de solidarité. Témoin, la scène suivante : M. Louis Guélet marchand de bestiaux rue Saint-Malo doit livrer une vache à Epiniac.
Il la confie au jeune garçon Moureau (12 ans), très débrouillard et habitué à ce genre de service. Arrivé derrière l'église d'Epiniac, le garçon se prépare à faire la route vers la ferme indiquée.
Soudain deux hommes surgissent, l'entourent, s'emparent de la bête : "Allez, file avant qu'on te fasse du mal ! "
Terrorisé, le gosse regagne Dol à pied, n'osant avouer la perte de la vache. En fait, il s'agit d'un scénario bien monté que l'enfant ignore. Louis Guélet ravitaille le maquis de Broualan. La vache est destinée aux réfractaires… Ce sont eux qui en ont pris livraison.
Qui donc se serait méfié d'un gamin poussant devant lui une bête ? S'il avait été questionné, qui aurait mis en doute sa sincérité, lorsqu'il aurait raconté en toute bonne foi, le prétendu vol ? "
M. Guéret avait un fils prénommé comme lui. Né en 1921, le jeune homme réfractaire au S.T.O., était entré dans la résistance en février 1943.
" Il prit le maquis, tenta même de gagner l'Angleterre en s'embarquant à Saint-Cast. Il échoua dans son entreprise et après la dispersion du maquis de La Hunaudaye-Plédéliac, chercha à joindre le maquis de Haute Savoie, mais il fut reconnu et arrêté comme "espion" le 1er octobre 1943. Après quatre mois de détention à Rennes, il fut emmené en Allemagne et arriva à Buckenwald en janvier 1944. Transféré par la suite à Dora puis à Elrich, il tomba malade et entra au "Revier" (infirmerie). A l'approche des alliés en 1945, les prisonniers furent évacués. Il quitta le camp le 4 avril et fut porté disparu en cours de route, n'ayant pu sans doute résister à la maladie et aux mauvais traitements. "
" Dol, Occupation, Libération," MM. Amiot et Galocher

Annexe 8

Souvenirs relatifs à la journée du 7 juin 1944

Abbé J.M. Delalande :
(Extraits de son ouvrage : Cuguen son histoire curieuse et ses légendes)
" Le 7 juin, un de la Résistance se posta dans ce bourg derrière un poteau télégraphique. A ce moment-là, débouchait un groupe de soldats allemands qui rentraient d'une inspection. Un isolé était resté en arrière pour réparer sa bicyclette.
Sans calculer les conséquences de son geste, stupide et criminel, le F.F.I. tira et la victime, après avoir poussé un cri de détresse, roula, baigné dans son sang. On le transporta chez M. Hubert, non loin de l'endroit où il avait été frappé.
Ce fut le signal de la ruée. Les Allemands sortirent de leurs retraites, sillonnèrent toutes les routes, parcourant les champs avec leurs fusils et leurs mitrailleuses, et tirèrent sur les gens qui s'enfuyaient sans atteindre personne. Ils ne trouvèrent pas l'assassin. Un ordre vint de rassembler tout le monde à l'église […]
Les incidents se multiplièrent. On apporta une grande jeune fille tombée en pâmoison. D'autres ressentirent différents malaises et les infirmières improvisées eurent de quoi employer leur activité.. Les petits bébés poussèrent des cris à gorge déployée. Les écoliers cassèrent la croûte pour se donner une contenance et entretenir leurs forces. De vieilles barbes endurcies qui n'avaient pas mis le pied à l'église depuis des années ne furent pas peu étonnés de se rencontrer froc à froc dans un tel lieu et en un tel moment. Leur tête chenue s'était penchée et leur âme en proie à la tristesse semblait recueillie comme au jour dsi lointain de leur première communion. […]. Quelques personnes pieuses prièrent et les autres attendirent dans l'anxiété croissante. Malgré une surveillance serrée, quelques femmes risquèrent leur vie et s'évadèrent parmi les fourrés.
Pendant ce temps on me fit signe de sortir, et escorté de deux factionnaires armés, on me conduisit au prés du cadavre en me faisant constater l'effet meurtrier des balles. Je ne pus que compatir à leur deuil et à leurs regrets. Je demeurai dans le débit à veiller le mort et j'égrenai mon chapelet pour le repos de son âme.
A deux ou trois reprises, l'officier devait revenir pour contempler tristement la pauvre victime; puis se croyant sans doute sur une scène de théâtre, il se mit en me regardant à débiter des poêmes allemands avec des gestes de désespoir et des expressions de visage empreintes de rage, de fureur et de délire.
M. Des vaux secrétaire, fut pris à partie On l'accusa d'avoir tiré d'une fenêtre de la maiurie et on parla de le fusiller. Au bout de trois heures je fus licencié. En hâte, je regagnai le presbytère dans un désert de maisons vides et de désordre..
On n'a jamais su qui nous avait sauvés. Nous aurions pu subir le sort d'Oradour, et on se contenta d'incendier la mairie et la maison du secrétaire […]
Sainte Maria Adeux :
Sur le site internet de la Congrégation des Sœurs de Rillé (ttp://sœurs-christredempteur35.cef.fr/cuguen.htm), nous avons trouvé son témoignage :
" Au lendemain du débarquement, la bourgade de Cuguen eut elle aussi à souffrir de l'occupation ! Les écoles ne furent point épargnées….
Celle des Sœurs (4 religieuses et une institutrice laîque) connut comme une bonne partie de la population, l'horreur de l'emprisonnement dans l'église pendant 4 ou 5 heures ! …
Trois officiers allemands occupaient la grande chambre de l'école. Ce 7 juin, au cours du repas du midi, les montées et descentes (par l'escalier de la cuisine où nous déjeunions) étaient fréquentes. Pendant ce repas, nous voyions également les gens traverser le bourg en grand nombre et tous semblaient prendre la même direction ! Que se passait-il donc ?
Je fus remplir une bouteille d'eau potable à la pompe communale et j'appris ceci : " Un jeune Allemand vient d'être tué par les F.F.I. en plein bourg face à la Mairie et à l'école publique."
Sœur Archangèle nous dit : "Sitôt le repas, vous sortirez avec les enfants". Nous avions 7 pensionnaires.
A vol d'oiseau, Avranches est prés de Cuguen (15 à 20 km). On entendait les bruits de canons et d'avions, et sœur Archangèle craignait la suite (Elle avait vécu une autre guerre…)
Cependant avant de quitter l'école, je fus personnellement chargée d'aller fermer toutes les fenêtres des chambres. Revenant par l'escalier des "occupants", que vois-je ? En bas, sue le seuil de la porte, un beau et grand jeune Allemand, mitraillette pointée vers moi, prête à me défigurer si je reculais. La maison s'était vidée (par la forceà. Il me dit : " Raous. Prisonniers Cathédra…" Ouf ! Brr ….
Toujours accompagnée par ce monsieur, je dus filer vers l'église où s'étaient rendues mes compagnes et mes enfants… et où se trouvaient d"éjà un grand nombre de personnes (150 à 200). Certaines étaient là depuis 11 heures !
Une mitrailleuse sous le porche de l'église, braquée vers nous … empêchait toute hésitation à y entrer …
Commença alors pour nous aussi l'insoutenable attente dans un silence troublé par le bruit des bottes et les sanglots des enfants…
Ces messieurs allaient et venaient dans tous les coins de l'église : Les uns fouillaient confessionnaux et sacristie, les autres bien armés nous surveillaient. D'autres encore revenaient du bourg où ils avaient visité toutes les maisons et devant nous ils se gavaient de toutes les friandises volées : gâteaux, bonbons, chocolats,… alors que les gens enfermés (sauf nous) n'avaient rien absorbé depuis le matin..
Vers 15 H un des chefs commanda : " Hommes d'un côté, femmes de l'autre." On se dit : " Ils vont prendre des otages… "
C'était sûrement prévu ! On resta ainsi séparés pendant plus d'une demi heure.!
Le prêtre de la paroisse avait été emmené par deux Allemands prés du défunt, afin de prier pour lui. Sa "dévouée servante" était avec nous. Son manteau sur les épaules, son chapelet à la main, elle allait et venait devant l'hôtel de la Sainte Vierge et ne cessait de venir me dire : " Que vont-ils nous faire ? Où vpnt-ils nous mettre ? " etc …
Dans l'église avec nous et bien faciles à repèrer était le groupe de F.F.I. qui avait tué l'Allemand. Tous bien armés et prête à tirer à la moindre occasion.
Nous leur faisions comprendre, comme nous pouvions, de rester calmes….
C'eut été effroyable ! Combien de morts s'ils avaient tirés ! 1er Oradour ! "
Trois jours après, le 10 juin, 642 martyrs brûlaient à Oradour sur Glane)
Les minutes nous paraissaient des heures !
Vers 17 heures le respponsable de la kommandantur de Combourg vint rendre le verdict. C'était un grand croyant que cet Allemand … Voici ce que l'interprête traduisit à peu prés : " Puisque, assassins non retrouvés, nous avons mis le feu à la grande école et à la mairie (face à laquelle l'allemand avait été tué…) Nous continuons de chercher assassins … Si non retrouvés ce soir, tout Cuguen brûlera cette nuit."
Heureusement, cette dernière menace ne fut pas mise à exécution. On nous fit sortir de l'2glise, mais toute la soirée, les gens du bourg ont fui emportant le strict nécessaire. Seul le boulanger dont le four était rempli de charbons (vu qu'il avait enfourné du pain avant d'être emmené à l'église), Sœur Archangèle et moi-même sommes restés. Je fus la seule à dormir et à ne faire qu'un somme. Il est vrai qu'à pieds, j'avais emmené chez elles 3 fillettes de Bonnemain pensionnaires chez nous (18 km aller-retour !)
Je suis persuadée que le Seigneur et Marie nous ont protégés … A Cuguen, tous pensaient que l'on était passé très prés de l'horreur !
Sœur Maria
Mme Madeleine Baudour née Leroux :
Madeleine Leroux née en 1921, épousa joseph Baudour en août 1942 !
" Dés que mon mari a entendu les premiers coups de feu, il m'a demandé de prendre Joseph, notre gars, et de prévenir mon père et ma grand-mère : Il Fallait quitter le bourg très rapidement. Mon père n'a pas voulu nous accompagner. On est parti avec le landau à travers champs vers la Lande Margrit.
Les Allemands rentraient dans toutes les maisons. Ils ont trouvé mon père qui se reposait dans sa chambre, et ils l'ont emmené dans l'église. En fin d'après midi, on est revenu au bourg, on a pris quelques affaires, et on est allé chez les Anger à la Rouërie.
Pendant plusieurs soirs, on est retourné dormir là bas. "
Mme Gisèle Chartier née Hubert :
Fille de Jean Marie Hubert et Hélise Desouche, elle est née en 1923.
" Je travaillais à Combourg dans l'atelier de couture de Melle Garnier. Avec tout ce qui se passait, elle me conseilla de rentrer à Cuguen. Je fus chercher un laisser passer à la kommandantur boulevard du Nord et pris mon vélo.
En arrivant, tout était calme dans le bourg. Papa était à travailler en campagne et on se préparait à manger maman et moi, quand un soldat nous a ordonné de rejoindre immédiatement l'église. On ne pouvait rien prendre, et il fallait laisser la porte ouverte.
L'après-midi a semblé une éternité.
Les gens qui avaient besoin d'aller aux toilettes sortaient accompagnés d'un soldat qui ne les lâchait pas d'une semelle…
Mme Besnard, femme du restaurateur obtint l'autorisation d'aller chercher du pain pour donner aux enfants.
En sortant de l'église on a vu l'incendie qui ravageait la Mairie et la maison de M. Desvaux puis, dans le mur du café de Célestin Guelé, les cannes à pêche de mon frère Jean : On pensa aussitôt qu'il lui était arrivé quelque chose. Heureusement, il n'en était rien. Pendant notre absence, la maison avait été fouillée. Dans la chambre au-dessus du café, tous les meubles avaient été vidés. La trappe du grenier était ouverte et on s'est aperçu qu'ils avaient volé des pneus de vélo tout neufs que papa avait cachés là..
On a emprunté la charrette à bras du boulanger pour y mettre le stock de tabac et on est parti vers la Butte, chez Jean Legast pour y dormir. Quand on a voulu traverser la route de Combourg –Bazouges, il a fallu faire très attention car il y avait plein de camions qui circulaient chargés de soldats. "
M. Jean Hubert :
C'est le frère de Gisèle.
"En 1944, j'avais 17 ans et n'avais pour seul loisir que le vélo et la pêche. Je me rendais souvent à l'étang du Plessis avec Parrain Louvel: très tôt le matin, la tanche mordait bien. Un jour je décide d'aller seul à l'étang de Chaorn, à pied, avec mes gaules et une épuisette. (Nous reparlerons de l'épuisette)
J'arrive au point du jour à l'étang. Je reste une bonne partie de la matinée à pêcher sur la digue. La faim me prenant, je décide de rentrer à la maison. Bientôt, j'entends des tirs d'armes de guerre ! La peur m'envahit et je presse le pas. Arrivé aux champs Sinants, je vois la mère Robiou dans sa cour. Elle me dit tremblante de peur : " Jean, ne va pas au bourg, les Allemands tirent sur tout ce qui bouge. Ils enferment les gens dans l'église.
Curieux, inconscient aussi, je ne l'écoute pas. Arrivé en haut de la rue de Paris, j'aperçois des soldats affairés autour du gazogène de la camionette du boulanger.
A cent cinquante mètres d'eux, je les entends crier : " Terroristes ! Komm hier ! Je prends peur, laisse tomber mon attirail de pêche sur place et cours au plus vite. Les balles sifflaient autour de moi : certaines ont laissé des traces visibles sur le mur en Pisé de la mère Boudin.
Je me précipitai dans l'atelier de menuiserie de Célestin Guillot et me cache entre les planches et les copeaux de bois. J'entends les Allemands qui courent après moi. Devant le danger, je monte au grenier. Entre deux chevrons je vois l'école brûler, un véritable brasier !
Pris d'une grande panique, je casse le carreau du vasistas et me laisse glisser sur la toiture pour tomber dans le jardin. J'avais les fesses en sang.Quelques instants après, les Allemands fouillaient l'âtelier ! Moi, j'étais caché dans les rangs de pois, voyant sans être vu. Mon désir était d'atteindre le champ de blé voisin, ce que je réussis à faire plus tard..
Pendant ce temps elle avait été conduite dans l'église. A un moment, elle fut menacée de mort, car les Allemands avaient trouvé des balles de Mother dans sa chambre, balles que mon père avait ramené de la guerre 1914-1918. Heureusement, ils acceptèrent ces explicqations et la renvoyèrent s'asseoir.
Libérée comme les autres Cuguennais et rentrant à la maison, elle aperçut un soldat prés du café Guelé, le filet de mon épuisette recouvrant son casque, les gaulles et l'armature de l'épuisette appuyées contre le mur. Elle pensa que j'avais été tué. En fin d'après midi, à travers champ, je suis allé me cacher chez Jean Legat à la Butte. (J'y passais mes vacances scolaires à aider aux travaux de la ferme, à faire la moisson … ). J'étais sain et sauf !
Pendant mon service militaire, j'étais au 30° Bataillons de Chasseurs Alpins à Limoges. En 1947, sergent chef, j'ai présenté les armes au Président Vincent Auriol à Oradour sur Glane… J'ai eu une pensée pour Cuguen.
Le lieutenant Poppner résidait au Château de Combourg chez la comtesse de Dufort. Rentré à Combourg, il lui avait raconté les événements de Cuguen. Celle-ci lui aurait dit : " Lieutenant, si vous faites du mal à la population de Cuguen, l'histoire vous jugera ! " Le lieutenant revint à l'église, donna l'ordre de libérer tout le monde "
M. Yves Costard :
Habitant Combourg, Yves Costard passa toute la guerre à Cuguen, chez son oncle et sa tante, Eugène et Ernestine Louvel : Son père Joseph était prisonnier en Allemagne. Né en 1935, il avait donc 9 ans à la Libération.
" Le 7 juin, marraine, Maria Jourdan leur bonne et moi, on s'apprêtait à manger. Un Allemand entra : Raous, Kathédral !
Il y avait déjà plein de monde dans l'église. Au début, j'étais resté avec marraine et Maria, puis ils ont regroupé les enfants. Des gens priaient, tout le monde était très tendu, c'était très impressionnant. Pratiquement, personne n'avait mangé et vers 3 ou 4 heures, les Allemands ont donné l'ordre l'autorisation d'aller chercher du pain pour les enfants. ; ça ne m'a pas réussi, la peur sans doute, j'ai vomi …
Je me souviens de M. Desvaux et des institutrices seuls dans le cœur de l'église. Quand on est sorti, on a vu l'incendie. Dans l'épicerie, c'était le plus grand désordre. Tout avait été fouillé dans la maison. Dans le riz au lait sur la table, un soldat avait laissé l'empreinte de sa main… et il n'y avait plus de coulis !
Pendant ce temps, Parrain était chez son beau frère, Eugène Désouche. Quand les Allemands ont commencé à tirer, il est monté se cacher dans le grenier de la ferme avec Maurice Chicherie. Il s'est planqué sous une table qui servait à faire sècher des haricots. Les soldats ne sont pas montés la haut, car ils avaient pris soin de remonter l'échelle !
On est parti à la Lande Margrit, dans une vieille maison que possédaient les Louvel. La famille de Roger Besnard, le tailleur, nous y a rejoint. ; on dormait dans la paille.
On rentrait au bourg tous les matins de bonne heure. Je me souviens qu'on est allé aussi au Rocher Caramel, chez les parents de Michel Meslier où on a trouvé un peu de confort. "
Mme Rosalie Gautier :
" Les Allemands ne prirent pas que les gens qui étaient dans le bourg. Sur la route de Noyal, ils allèrent au moins jusqu'à la Mellerais. Marie Helloux réussit à s'enfuir et à se réfugier chez nous à la Rouërie. La pauvre femme avait couru pour leur échapper. Elle resta à la ferme, huit jours au lit pour s'en remettre. "
Mme Auguste Gouix :
M. Gouix fut directeur de l'école de Saint-Léger pendant la guerre. Sa femme avait été adjointe de M. Desvaux de 1936 à 1940 .
" M. Desvaux m'avait confié qu'il avait rencontré l'auteur de l'attentat dans la matinée. Il avait essayé de le convaincre cette opération dans le bourg. Il avait même suggéré d'autres lieux comme la route de Saint-Léger, à l'écart des villages. L'attentat aurait été motivé par le désir de venger la mort d'un résistant survenue peu avant. "
Mme Paulette Ruaux, née Desouche :
Eugène Desouche avait épousé Françoise Juin en 1931. En 1944, ils avaient deux enfants. Paulette née en 1932 et Danielle née en 1943.
" Dés que maman entendit des coups de fusils, elle prit Danielle dans ses bras et on partit à travers champs avec la mère Cavret (qui faisait la lessive) pour retrouver papa qui coupait du blé aux Champs Guibé, sur la route de Broualan. Avec nous il y avait aussi une malouine, Denise Vimart, 10 ans à l'époque, que ses parents mirent chez nous pendant prés de 2 ans pour qu'elle soit à ml'abri des bombardements qui frappaient les villes. Pour se sauver, on avait pris le chemin entre chez nous et André Gautier. Des soldats voyant qu'on s'échappait nous avaient tiré dessus.
Papa demanda ce qui se passait. Il ne se rendit pas compte de la gravité des choses et décida de rentrer seul au bourg pour nous rapporter à manger. Malheureusement, il se fit arrêter et emmener dans l'église. Tout l'après-midi dans une inquiétude folle, on a prié pour que tout se termine bien. On rentra au bourg, mais le soir on fut coucher à la Rouachère avant de revenir à la maison.
Rosalie Besnard, la femme de Jean Lemétayer se sauva de l'église par une fenêtre de la sacristie et alla se réfugier prés du fournil d'André Piel à la Basse Cour, où elle resta cachée tout l'après midi.
En 1944, Hippolyte Mottay logeait des officiers allemands chez lui. Il aurait convaincu l'in d'eux à laisser sortir les gens de l'église.
Pendant la guerre Melle Marie, religieuse fit l'école aux garçons, route de Broualan, en remplacement de l'abbé Eugène Fortin, vicaire instituteur qui avait été mobilisé. Après la guerre, l'abbé Fortin fut remplacé par l'abbé Vallée qui remit en route la fanfare.
A l'école des filles, les religieuses institutrices étaient en civil, habillées tout en noir, les cheveux en chignon. Seul, sœur Angèle était en cornette. Elle faisait la cuisine et la lessive. Sœur Maria était institutrice et la direction était assurée par Melle Anne-Marie Durand qui faisait la classe et allait en campagne pour faire les piqûres et les soins aux malades. "

Annexe 9

Maisons visitées en juin 1944
Eugène Louvel :
Epicerie buvette. Les anciens bâtiments de son commertce sont sitiés derrière la maison que firent construire en 1963 les épous Chartier (N° 2 Rue du Menhir). eugène parcourait la campagne pendant que sa femme, Ernestine tenait le magasin.
Jean-Marie Hubert :
Frère de Joseph qui tenait le café 5 rue Eugène Desvaux, habitait au N° 3 rue du Menhir.
Sa femme, née Elise Desouche, sœur d'Ernestoine Louvel, y tenait un café tabac qui faisait aussi quincaillerie Il était charron-charpentier mais devenait le samedi après midi et le dimanche matin coiffeur et barbier !
Jean-Marie Lemétayer :
Epicerie buvette au N° 3 Place Pierre Lannes. Lui aussi était épicier forain. Sa femme née Rosalie Besnard était modiste et confectionnait coiffes et chapeaux. Il fut adjoint du maire pendant de nombreuses années. Leur fils Jean prit la suite du commerce en 1950-1951 et cessa son activité professionnelle en 1984.
Les bâtiments ont été transformés en logements H.L.M.
Emile Baffet :
Café épicerie au N° 1 rue des Trois Croix. Il était bourrelier et tenait une petite ferme avec sa femme
Roger Liollier :
Mécanicien électricien au N° 4 rue du Mont-Saint-Michel. Sa femme tenait une buvette et servait parfois des repas.
André Jourdan : Cultivateur 11 rue du Mont-Saint-Miuchel.
Robidou : Cultivateur au 6 Place Pierre Lannes.
Garnier joseph : Tailleur au N° 17 rue du Mont-Saint-Michel.

Annexe 10

L'avion Américain du Clos Botrel :
René Brune dans son ouvrage raconte l'évènement.
" Chaque dimanche, Simone Guérin se rend avec Yvonne Hubert chez Adèle Guitton, veuve Horvais et sa fille Odette au Clos Botrel pour y passer la journée […] Ce dimanche 18 juin, elles se retrouvent toutes les quatre à nouveaux réunies.
De puis le débarquement, lres avions survolent sans cesse la région.
Dans la soirée, vers 17 heures 30, 18 heures, deux ou trois avions tournent aux alentours. Simone, Yvonne, Adèle et Odette les entendent.. Elles remarquent qu'un des avions a des ratés. Le pilote ne semble plus avoir le contrôle de l'appareil.
L'avion tombe dans la cour de la maison de Hyacinthe Goron, voisin d'Adèle, bouchant presque la porte d'entrée de la maison. C'est un avion américain.
Simone Guérin s'en souvient : " Tout à coup nous avons vu un nuage de poussière, car l'avion en tombant a démoli des bâtiments de M. Goron. Il était complètement dans la cour, une aile dans la porte d'entrée, et sous l'aile un petit banc et un biberon au petit Roger Goron.
Julien Hubert (fils) passait par là. Les Allemands qui patrouillent beaucoup dans la région à cette époque, le prennent pour le pilote et lui tirent dessus deux ou trois rafales de mitraillette, mais ils ne l'ont pas touché […]
Le pilote de l'avion sortit indemne de l'accident. Fait prisonnier et gardé dans la maison de la mère Baffet au Bas-Chemin, il s'échappa mais fut repris et emmené en Allemagne. En 1991, il prit contact avec Joseph Anger du Bas-Chemin. Il s'appelait Robert Little et habitait l'état de New York. Dernièrement M. Anger a été prévenu de sa mort.
Tous les jours qui ont suivi, surtout le dimanche, il y avait des gens à venir regarder l'avion.. Ce n'est qu'au mois, lors de la Libération, que les Américains enlèvent l'appareil. "
" Broualan dans l'Ille et Vilaine en Résistance "
Mr Roger Besnard fit comme la plupart des ciuguennais et alla voir l'avion. Il se souvoient que des gens prirent de l'essence, les batteries … En ces temps de pénurie, rien n'était perdu !
Mr Yannick Guillot, né en 1923 était menuisier et travaillait avec son père. Ce jour là, il était azux Rieux et il a vu l'avion avant qu'il ne tombe: " Il cherchait visiblement à se poser.
Je suis allé le voir le lendemain et j'ai récupéré une douzaine de pièces (dont 4 balles de grosse mitrailleuse) "
Mr Guillot possède toujours ces vestiges de l'avion.

Annexe 11

Quelques dirigeants du maquis
Deux groupes de maquisards comptant beaucoup de réfractaires au S.T.O..s'installèrent dans le Bois de Buzot.. L'un venait de la région malouine : le FTPF ( Francs Tireurs et Partisans Français ) proche du parti communiste. L'autre "Défense de la France", originaire d'Antrain rassemblant plutôt les gaullistes.
Pierre Jouan : lieutenant fut mutilé à la 1ère guerre mondiale. Il tenait un hôtel-bar-restaurant à Saint-Malo, en face de la gare. Avec Louis Pétri, Pierre Jouan fit partie du Centre de Commandement FTPF pour la région malouine. Il mourut au combat le 13 juin 1944 lors de l'attaque du maquis de Lignières en Mayenne où il s'était replié.
Auguste Delaigue : Habitait à la Lopinière en Broualan. Sa femme Angèle faisait la cuisine pour les maquisards..
Jean Marguerite : Fut abattu à Rennes par les allemands le 28 mai 1944
René Rolland : Faisait partie du Maquis de Lignières qui fut attaqué le 13 juin 1944. Il vint à Buzot où il prit le commandement administratif du camp. Il résidait à la Lopinière.
Jean Lambert : Originaire de Cuguen, adjudant au 1er Régiment de France. Avait quitté la Zone Libre lorsque les Allemands l'occupèrent fin 1942. Chef du maquis de Buzot, il faisait partie du groupe d'Antrain affilié au mouvement "Défense de la France.
Il fut tué à St Rémy le 7 juillet 1944. Le commandant Adam et le capitaine Anger, contrôleur des contributions indirectes, faisaient eux aussi partie du groupe "Défense de la France d'Antrain".
Renseignements pris dans les ouvrages de MM. Brune : Amiot et Galocher

Annexe 12

Membres de la Garde chargée de rechercher les soldats Allemands
Adolphe Besnard : Ancien militaire, il avait repris le restaurant

Jean Bourgault : Il avait été facteur, mais perdit sa place … Journalier, il vivait de petits travaux (jardinage ou autres). Il était très aimé des enfants qu'il traitait affectueusement de (Chie en Hannes) et de "Pissouses" Lui-même était sur nommé "Chie En Hannes" (Hannes = culottes en patois breton)
René Cavret : Sa mère tenait un café au N° 5 Rue des Trois Croix..Ses deux sœurs y travaillaient et furent parmi les dernières repasseuses de coiffes.
Jules Le Foll : Cancalais, vint se cacher à Cuguen pour échapper au S.T.O.
Jean Georges ; C'était le boulanger.
Maurice Verjus : Ce parisien épousa une fille d'Albert Hubert de Tréméheuc. Après la guerre, le couple alla vivre à Paris.
Trébao : était sans doute un réfugié (?)

Annexe 13

Le Camp de la Jolinais
" Pour mettre tout leur matériel, les Américains avaient besoin d'une grande surface. C'est pour cela qu'ils s'installèrent dans notre champ en bordure de route. Ils avaient creusé des tranchées pour abriter les hommes. Dans la parcelle, il y avait de l'avoine et des patates. Tout fut ravagé ! C'était plein de camions, de jeeps …
Plus tard, un commando de prisonniers allemands d'une trentaine d'hommes fut installé dans les bâtiments de la Jolinais. Ils furent utilisés à faire la route des Gaudineset du Boiserault. Joseph Dragon, ancien prisonnier et Joseph Nouvel étaient leurs gardiens, "
Rosalie Gautier
On y recevait du pain blanc alors que nous, nous mangions une sorte de "pain de son" au goût désagréable ; du chocolat, des cigarettes du chewin gum … Il y avait beaucoup de soldats noirs .
Gisèle Hubert
En août 1944, en jouant, Yves Costard se brûla sévèrement à la jambe. Le docteur Lemarchand de Bazouges fut appelé mais manquait de tulle gras. Ce furent les infirmiers américains, stationnés à la Jolinais qui le soignèrent.
Plusieurs jours de suite, une Jeep vint le chercher, tel un personnage important, et l'emmena au Camp où on refit ses pansements.
M. Costard se souvient des tentes dressées dans le champ et des canons de D.C.A., des chewingum et des préservatifs distribués, (les gamins les utilisaient comme des ballons de baudruche), des vêtements et des couvertures abandonnés lors du départ des soldats.

Annexe 14

Mme Desrais, née Michèle Baudour nous a transmis une carte pôstale et trois lettres de Noël Ramanantsoa, tirailleur malgache en captivité à Cuguen, qui correspondit avec la famille Baudouraprès son départ pour le stalag 153 à Orléans (prisonnier N° 9790 – 19° Compagnie)
Carte du 07 06 1942 : Mer mon père Baudour. J'ai l'honneur de vous faire une lettre […] Dans un français qu'il maitrise mal, le prisonnier demande des nouvelles de la famille Baudour et indique que sa santé va bien. Il signe : Votre fils Noël Ramanantsoa qui ne vous oublie pas.
Lettre du 23 09 1942 : Mer Baudour fils avec son famille […] Alors j'ai reçu le colis que vous m'envoie alors je vous remercie infiniment. Ca m'a fait grande plaisir parce que vous n'oubliez jamais moi. Enfin Bon Dieu vous bénit. Dans le colis il y a biscuit puis une plaque chocolat, quatre morceaux de Chauchisson puis une tabac. [il indique que lui et ses camarades malgaches travaillent dans les fermes.] Au revoir. Bon courage et bonne santé vous tous.
Lettre du 28 09 42 : Après les formules d'usage, Noël Ramanantsoa indique que la sergent Michel Rasanaka a été libéré comme ancien combattant le 15 septembre.
Lettre du 26 12 42 : […] La fête Noêl est très bonne […] Maintenant commence froid. Je vous souhaite le bonjour. Lannée 1943 porte le bonheur pour nous tous.

Annexe 15

Préfecture d'Ille-et-Vilaine REPUBLIQUE FRANCAISE
2° division
Exercice de la chasse
Rennes le 7 août 1940
en Ille-et-Vilaine en 1940
Le Préfet d'Ille-et-Vilaine
à Messieurs les Maires du Département
J'ai l'honneur de vous faire connaître que les dispositions suivantes ont été arrêtées par la Commandantur départementale touchant l'exercice de la chasse en Ille-et-Vilaine.:
" 1 – Pour toutes les questions concernant la chasse, l'Asministration militaire allemande a nommé officier de chasse l'Officier Rapporteur d'administration militaire Von Sperber.
II – L'exercice de la chasse est interdit à la population française. Il sera autorisé exclusivement pôur les militaires de l'Armée allemande qui seront en possession d'un permis de chasse signé par l'Officier de chasse.
III – Les Maires sont priés de rendre compte à l'Officier de chasse du nombre et de la nature des armes de chasse qu'ils ont recueillies (fusils, carabines, etc …)
IV – Les Maires ont le devoir d'aider l'Officier de chasse dans l'accomplissement de sa mission "
Je vous prie de porter les dispositions qui précèdent à la connaissance de vos administrés par les moyens habituels de publicité.
D. JOUANY

Préfecture d'Ille-et-Vilaine REPUBLIQUE FRANCAISE
1ère division – 2ème Bureau
Défense Passive
ARRETE
Emploi de la lumière bleue pour le camouflage
Le Préfet d'Ille-et-Vilaine
Arrête :
Article 1er : Pour améliorer l'obscurcissement, l'emploi de la lumière bleu foncé devra être appliqué dans l'ensemble du département aux sources de lumière électrique.
Cette obligation vise :
a – Les entrées d'habitation (Hall d'entrée […]
b – Toutes les chambres d'hôpitaux, […]etc … dont les fenêtres doivent être
ouvertes de temps à autres pendant la nuit.
c- L'éclairage intérieur des tramways, wagons de chemin de fer, autocars, véhicules automobiles ;
d- Les signaux lumineux de circulation, poteaux indicateurs d'arrêt, lampes de signalisation, quais de gare, salles d'attente ;
e- Les lampes à main et lampes de poches utilisées au dehors.
Article 2 : - L'Emploi de la lumière bleu foncé dans tous les cas énumérés à l'Article 1er devra être effectif à la date du 25 février 1941, dans tout le département..
Article 3 - Est confirmée l'obligation :
De suppression totale de l'éclairage public extérieur;
De camouflage de l'éclairage privé, lequel doit être totalement invisible de l'extérieur, aussi bien sur les rues et chemins que sur les cours, jardins et champs et vers le ciel ;
De l'éclairage extérieur spécial des véhicules automobiles.
Article 4 - Les prescriptions édictées par les articles précédents doivent être appliqués dés la chute du jour et jusqu'à son lever.
Rennes le 28 janvier 1941
François RIPERT

Préfecture d'Ille-et-Vilaine ETAT Français
Rennes le 29 mai 1943
4° Division - 3° Bureau
Le préfet délégué d’Ille-et-Vilaine
Objet : Hommes nés en 1922
Carte de travail
A Messieurs les Sous-Préfets et à Messieurs les Maires du département

[…] Le Gouvernement a décidé que tous les jeunes gens nés en 1922 seraient appelés à effectuer leur service du travail obligatoire en Allemagne.
[…] Une carte de travail devra être remise à tous les hommes nés en 1922. Sauf en ce qui concerne les jeunes gens travaillant actuellement sur les chantiers TODT et les étudiants, la carte de travail doit prévoir l'affectation à destination de l'Allemagne des jeunes gens nés en 1922, sous réserve de l'aptitude physique. Pour ceux qui sont aptes, vous porterez sur leurs cartes de travail l'indication "Allemagne" à l'encre rouge et le cachet de la Mairie pour authentification.

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