La Französchiche SS-Freiwilligen Sturmbrigade
Brigade d’assaut française de la Waffen-SS

A la suite de l'approbation de Hitler en juin, Pierre Laval signe le 22 juillet 43 un décret créant la Waffen-SS française, suite aux dispositions prises en mars 1943, pour intégrer plus largement des unités européennes au sein de la Waffen-SS.

De nombreux bureaux de recrutement furent ouverts :

PARIS
Erzatzkommando Frankreich der Waffen-SS.
24, avenue Recteur-Poincaré.
28, rue de la Boétie.

RENNES (I-et-V.)
Kommando der Ordnungspolizei.
8, boulevard Volney.

MARSEILLE (B.-du-R)
Kommando der Ordnungspolizei.
4, boulevard Rivet.

LIMOGES (Hte-Vienne)
Kommando der Ordnungspolizei.
15, rue Montalembert.

BRIVE (Corrèze)
Kommando der Ordnungspolizei.
11, rue de l’Hôtel-de-Ville

POITIERS (Vienne)
Kommando der Ordnungspolizei.
12, avenue de Bordeaux.

SAINT-QUENTIN (Aisne)
Kommando der Ordnungspolizei.
2, rue Charles-Picard.

ROUEN (Seine-Inf.)
Kommando der Ordnungspolizei.
53, rue de Reims.
rue Alain-Blanchard.

ANGERS (Maine-et-Loire)
Kommando der Ordnungspolizei.
19, rue de la Préfecture.S.D.
40, rue Saint-Julien.

DIJON (Côte-d’Or)
Kommando der Ordnungspolizei.
13, cours du Parc.
Hôtel Morot.3 bis, Avenue du Maréchal-Foch.

GRENOBLE (Isère)
Kommando der Ordnungspolizei.
Hôtel de Savoie.

BORDEAUX (Gironde)
Kommando der Ordnungspolizei.
328, av. du Maréchal-Pétajn, Le Bouscat.
25, allées de Tourny.

CHALONS-SUR-MARNE (Marne)
Kommando der Ordnungspolizei.
57, allée Paul-Doumer,
16, allée Paul-Doumer

ORLEANS (Loiret)
Kommando der Ordnungspolizei.
31, rue Jules-Lemaître.
9, rue du Grenier-à-SeL

CLERMONT-FERRAND (P.-de-D.)
Kommando der Ordnungspolizei.
63, avenue du Maréchal-Pétain.

PERIGUEUX (Dordogne)
Kommando der Ordnungspolizei.
Hôtel Régina.

MONTPELLIER (Hérault)
Kommando der Ordnungspolizei.
25, avenue Bouisson-Bertrand.

TOULOUSE (Haute-Garonne)
Kommando der Ordnungspolizei.
1, rue Boulingrin.

BESANÇON (Doubs)
Kommando der Ordnungspolizei.
Promenade de Chamars.

NANCY (Meurthe-et-Moselle)
Kommando der Ordnungspolizei.
31, boulevard Albert-Ier.

Les ouvriers français travaillant en Allemagne aussi bien que les prisonniers de guerres sont autorisés à s'engager.

Avant que ne soit créée la Waffen-SS française, des Français, beaucoup d’origine allemande, avaient rejoint des unités de la Waffen-SS.
Dès le début de l’Occupation, ces hommes ont servi dans les Divisions "Totenkopf", "Das Reich" et "Wiking".

Les étudiants étaient nombreux parmi les volontaires à Paris mais en fait les ouvriers formeront 39% du total. Dans le Sud Est, 66% d'entre eux ont moins de 25 ans.

La croisade contre le bolchevisme est la motivation principale de ces volontaires. Un autre point essentiel : ils refusent de combattre sur le territoire français.

A l’exception des juifs et de ceux ayant fait de la prison, tout Français peut s’engager. Seules conditions : Bon état de santé, âge de 17 à 40 ans, taille minimum : 1.62 m.

En août 1943, 800 candidats sont incorporés et envoyés dans un camp de formation à Sennheim (Cernay en français) en Alsace. 200 autres les rejoindront dans le mois suivant. Loin de la Division prévue ! Sur ordre d'Adolf Hitler, le SS-FHA (SS Fuhrungs-Hauptamt) réduit le 16 septembre 1943 l’unité à un régiment de SS (Franzosisches SS-Freiwilligen Grenadier Regiment).

Dans la Waffen-SS, aucune différence n'est faite entre les volontaires, notamment au sujet des croyances religieuses par exemple : catholiques, protestants, évangélistes, musulmans. Ils ont tous le même statut que les Waffen-SS allemands. En novembre 1943, 20 officiers français sont envoyés à l’école des cadres SS de Bad Tolz et 100 sous-officiers à l’école SS de Posen Treskau. Les volontaires ont reçu des uniformes Waffen-SS allemands.

La formation est typique de la SS, donc rigoureuse et intense. Mais les meilleurs éléments sont immédiatement reconnus. Les SS français avaient été accueillis avec une certaine suffisance par les autres recrues, Allemands et Scandinaves, (Ironie sur la défaite en 40 de la grande armée française au glorieux passé universellement reconnu. Pour le monde entier, cette défaite a bouleversé l’acquis psychologique) mais leurs capacités physiques et morales surmontent rapidement ce handicap.

La formation prit fin le 20 décembre 1943. Le 6 janvier 44, 900 SS français prennent le train à Paris après une dernière permission.
Joseph Darnand est venu leur souhaiter bonne chance. Seul 20 d'entre eux manqueront à l’appel...

Ces SS sont parfois considérés comme les seuls "vrais" Waffen-SS français, étants les seuls à avoir reçu la formation SS complète d'un point de vue politique et militaire. Cette affirmation doit être nuancée. En effet en 43, même si cette année représente un tournant important de la guerre, le temps est pris pour permettre la qualité de l’instruction. En revanche, pour ceux qui vont s’engager quelques mois plus tard, même si l’instruction reste rigoureuse, elle sera plus courte et moins confortable en moyens. Ainsi, selon cette affirmation, il faudrait alors dire que les Waffen-SS engagé en 45 l’étaient moins que ceux de 44, qui l’étaient moins que ceux de 43, 42… Disons que dans une situation de guerre internationale, ils ont bénéficiés de la meilleure instruction possible dans les circonstances du moment. Nous reviendrons sur ce sujet dans les pages sur la Division Charlemagne concernant l’intégration des autres unités.
En mars 1944, 1 538 SS avec des officiers et sous-officiers compétents sont rassemblés comme unité complète au camp de formation Waffen-SS de Beneschau près de Prague.


Ordre de bataille :

Commandeur de la Sturmbrigade : Pierre Cance
Officier de QG : Obersturmführer Croisile
Officier d'ordonnance : Untersturmführer Scapula
1er Compagnie : de Tissot
2eme Compagnie : Gaultier
3eme Compagnie : Fenet
4eme Compagnie : Michel
Logistique : Maudhuit
Médical : Bonnefoy
Armement : Brilard

Le 30 juin 1944, l’unité est enregistrée en tant que "8. Freiwilligen Sturmbrigade." D'autres sources indiquent le numéro de la brigade comme étant la 7ème, pas la 8ème. L’appellation "Brigade Frankreich" n’a jamais été officielle et date d’après la guerre en terme de jargon de synthèse.

Là, les dossiers de justices arrivent au QG et un dernier tri est fait. Pour les criminels, environ 20, camps de concentration dans une section réservée aux anciens SS. Les agents clandestins infiltrés par la Résistance française sont exécutés.

En juillet 1944, la Sturmbrigade reçoit l’ordre de se constituer en "Kampfgruppe". Destination : le Front de l’Est.

Voyageant par train, la Brigade traversera la Slovaquie, la Hongrie et la Pologne avant d'atteindre le Front. Sur leur chemin, ils ont croisés plusieurs autres convois militaires, générants partout la surprise : "Des Waffen-SS Français ! "

Début août, ils sont rattachés à la 18ème Division Waffen-SS “Horst Wessel”. Cette division est engagée à Mielec dans une courbe du Front de la Vistule.


La bataille de Dundoukamy, 8-15 août 1944

8 août 1944 :
Dans la forêt de Dundoukamy, la 3ème compagnie de l'Obersturmführer Fenet, équipée de Panzerfaust, atteint la première la ligne de front.

9 août 1944 :
Première perte de la Brigade : Le jeune Sturmann Delattre est tué dans un village où il commandait un Kampfgruppe.

10 août 1944 :
Les 1ère et 2ème compagnies atteignent la ligne de front à leur tour.
L'Untersturmführer Léon Gaultier est sérieusement blessé en atteignant sa position. Il sera remplacé par Bartolomei, appelé par ses hommes "le vieux Bartho".

Les combats sont très durs. 3 chefs de sections sont blessés : Mulier, Pinsard-Berthaz, Hag. La Brigade parvient à stabiliser ses lignes.

11 août 1944 :
S’enterrant, la Brigade consolide ses positions et détruit quelques patrouilles soviétiques essayant d'infiltrer les lignes.

12 août 1944 :
La Division Horst Wessel, y compris la Brigade française, contre-attaque. Objectif : la ligne ferroviaire Cracovie/Sanok. Les Russes retraitent, l'assaut franco-allemand menant souvent à des combats au corps a corps.

13 août 1944 :
La Brigade enterre ses camarades morts.

14 août 1944 :
Lourdes attaques d'artillerie contre les lignes françaises, mais sans véritable succès. Le Standarten Oberjunker Peyron est tué par un shrapnell. Le premier officier de haut rang à tomber. Il repose dans le village de Wollika.

15 août 1944 :
Le bataillon Cance retraite sur ordre. Pertes : 10% de morts et blessés, 120 hommes sur 1200.

Un ancien se souvient :
"Nous avions été tellement bousculés, lors de notre première attaque en Galicie, que je me suis retrouvé avec quelques camarades intégrés dans le dispositif de la 18ème SS “Horst Wessel”. Au bout de trois semaines, nous souhaitions rester avec eux. Les hommes de cette unité disaient que notre façon de prendre position était de la folie et que notre emplacement (en Galicie) avait été comblé trop tard. Je pense que cela correspondait encore au panache à la Française et nos officiers nous avaient fait débarquer avant nos positions assignées, de façon à arriver en chantant, avec tout le barda, pendant plusieurs kilomètres. Nous sommes arrivés éreintés et les Russes ont commencé leur offensive. Il faut savoir le reconnaître… nous étions admiratifs de leur grand professionnalisme, leur gentillesse, leur organisation, le tout effectué dans une calme sérénité. Et nous avons dû rejoindre notre Sturmbrigade".


La bataille de Visloka

20 août 1944 :
L’unité atteint son nouveau secteur, 100 kilomètres au nord-ouest de Sanok, sur le fleuve Visloka. Les combats sont de plus en plus terribles. Les nouvelles sont extrêmement mauvaises. Les lignes à gauche et à droite de la Brigade sont détruites, les Français risquent d’être encerclés.

Quelques Panzers sont également là ; les combats sont extrêmement durs près du village de Radommysl aussi bien que dans son cimetière ou Henri Kreutzer, avec son groupe de PAK français et quelques allemands, 30 soldats au total, doit tenir ce point crucial pour éviter à la Waffen-SS française un encerclement complet et la destruction.

Les attaques de Stukas sont essentielles dans le maintien de la position. Les morts et les blessés sont nombreux. Les Russes, après s’être rendu compte qu'ils faisaient face à des Waffen-SS, concentrent leurs attaques sur les unités démoralisées de la Wehrmacht. L’Oberjunker Kreutzer gardera sa position jusqu’à la fin, sera blessé par un shrapnel et recevra la Croix de Fer. Il survivra à la guerre.

21 août 1944 :
Les 3 compagnies de grenadiers retraitent à travers la forêt.
Noël de Tissot * et ses hommes se perdent en chemin et essayent de trouver refuge dans un village mais tombent sur des troupes de Russes. Des combats violents. A l'aube, de Tissot est tué et son corps disparaîtra. La seule Compagnie a réussir la retraite est la 3ème, celle de l’Obersturmführer Henri Fenet, mais la section Laschett, encerclée, doit se rendre près du village de Mokre. Ils finiront la guerre dans le camp russe de Tambow. Laschett mourra de famine début 1945. Ce 21 août 1944, toutes les Compagnies ont essuyé des pertes de 75%, morts et blessés.


* Biographie et dernière lettre de Noël de Tissot
 

22 août 1944 :
L’Haupsturmführer Cance est parvenu à rassembler des groupes d’isolés et les survivants de la 2ème Compagnie, environ 100 hommes.
Leur mission est de garder un carrefour à Mokre 12 heures de plus. Tout le monde doit combattre maintenant. Pionniers, secrétaires, chauffeurs et téléphonistes. Cance commande par l’exemple et est sur le front avec une mitrailleuse. Des Russes sont annoncés à 10 kilomètres, mais à l’arrière du Kampfgruppe ! La Sturmbrigade est encerclée de nouveau. Le village devient un enfer, bombardé de manière permanente par l'artillerie russe. Les maisons de bois brûlent, épaisse fumée noire partout. Les restes de la Brigade commencent à retraiter de nuit mais la confusion règne et plusieurs unités sont complètement isolées.

23 août 1944 :
L’Obersturmführer Fenet et ses hommes de la 3ème Compagnie, isolés, combattent avec une unité de la Wehrmacht à Debica. L’Oberjunker Chapy rassemble des éléments isolés des 1ére et 3ème Compagnies, crée un Kampfgruppe et défend Dubrowka. Lambert tient toujours Mokre avec des isolés et les restes de la 2eme Compagnie. L’Haupsturmführer Cance, MP40 à la main, se bat avec ses hommes toute la journée et sera évacué après sa 3ème blessure. Son officier d'ordonnance Scapula est tué ainsi que Le Marquer et l'officier allemand de liaison Reiche. Lambert est tué à Mokre en fin de journée, un shrapnel l’ayant atteint au coeur.

24 août 1944 :
Des survivants sont rassemblés dans la foret de Tarnow. La Brigade est presque détruite. Il ne reste que seulement 10% de ses hommes, 140 Waffen-SS encore capables de combattre. La Brigade a perdu 130 morts, 50 disparus et 660 blessés. Ces hommes ont combattu avec grand courage, gagnant les éloges du commandant de la 18ème Division-SS, le SS-Oberführer Trabandt. La première Compagnie est citée à l’ordre de la Division Horst Wessel.

Les Waffen-SS français quittent la Galicie pour Schwarnegast, près de Dantzig. La 2ème Compagnie les rejoint de Neweklau.

Le SS-Haupsturmführer Pierre Cance (1907-1988) est promu SS-Sturmbannführer mais sera retiré des unités de combat par le futur commandant de la Division "Charlemagne", le SS-Brigadeführer Krukenberg (1888 - 1980). Cance servira à l’école SS de Neweklau (SS-Junkerschüle) et reste en contact avec Joseph Darnand qui est son ancien chef de la Milice française.

Les mythes se croisant avec les légendes, certains diront que Pierre Cance recevra de Darnand la mission d’aider les anciens miliciens français à déserter de la Waffen SS. Il aurait essayé "d'acheter" des hommes pour des millions de marks à Krukenberg ! Cance aurait projeté d’acheter un bateau pour s’échapper avec ses miliciens en Suède. Krukenberg aurait refusé brutalement et a ordonné à Cance de se rendre au rapport au SS Hauptamt à Berlin. Cette histoire est citée par plusieurs sources qui font elles-mêmes références à une réalité rapportée dans l’exubérance.

Prenons un peu de recul. En avril 45, en pleine débandade, voici une figure de la division Charlemagne qui va consulter le dernier “gratuit”, colonne nautisme, pour ACHETER un bateau… Il y a eu certainement plus d’une hypothèse imaginée pour trouver un échappatoire ici ou là. Quand c’est l’hallali, vient un dernier moment où il ne s’agit plus que de sauver sa peau. Cette notion arrive plus ou moins tôt avant la fin selon les tempéraments. Il est noble pour un chef de vouloir sauver jusqu’au bout ses hommes. Mais cette histoire ne doit pas être retenue à notre sens comme une certitude. C’est effectivement romantique, mais à ne pas élever en problématique.

En fait, Pierre Cance, grièvement blessé fin 44, a été tout simplement muté à un poste plus sédentaire où, malgré son état de santé, il pouvait toujours servir.

Il est parvenu à s’échapper de Berlin avant que l’Armée rouge n'ait encerclé la ville. Il sera capturé par les Anglais en Allemagne du Nord en mai 45 et transféré en France. Condamné à mort par un tribunal français, il sera libéré le 17 octobre 1950, soit après seulement 5 ans de prison.

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