Né
le 16 janvier 1920 à Brest (Finistère).
Rentré comme arpète dans la marine, Georges Pochet a été
chef mécanicien sur le sous-marin "Orphée"
pendant toute la durée de la Deuxième Guerre Mondiale.
Apprenti mécanicien du 07/04/36 au 01/04/38 à l'Arsenal
de Lorient.
Mécanicien du 01/04/38 au 13/06/45 sur le sous-marin Orphée.
Croix de Guerre avec Etoile de Vermeil le 15 mai 1940.
Croix de Guerre avec Etoile de Bronze le 10 janvier 1944.
Carte de Combattant N° 140104.
Décédé le 2 août 1989.
Nos
sous-marins en mer du Nord
Au début de l’année 40, devant l’accroissement
de la menace allemande, l’Amiral de la Flotte avait offert à
l’Amirauté britannique le concours de nos sous-marins des
2’, 13’ et 16’ divisions qui, a partir de ports anglais,
allèrent opérer en mer du nord, sous le commandement tactique
du VA(S), le vice-amiral Horton, commandant les sous-marins britanniques.
Partis en février de leur base de Toulon pour Bizerte, les quatre
600 t de la Be DSM, Doris (CC Favreul, commandant la division), Thetis,
Circae et Calypso, durent interrompre leur entraînement et transiter
vers l’Atlantique pour rallier Brest afin de s’y ravitailler
et tenter aussi de pallier de nombreuses défaillances d’équipements
; puis ce fut, après de trop sommaires réparations, leur
appareillage en compagnie de l’Orphee, pour Harwich ou se trouvaient
déjà les autres 600 t de la 16’ DSM, Antiope, Sibylle
et Amazone, ainsi que le ravitailleur Jules Verne, portant la marque
du CV de Belot, chef du groupe.
Déployée donc en Mer du Nord, l'Orphée participe
a la guerre de 39-40 avec a son bord l’officier de liaison britannique
Peter Banister. L’Orphée coule un U-Boat en avril 1940.
Georges Pochet a reçu la croix de guerre a cette occasion et,
selon une source britannique, Peter Banister également.
Apres l’armistice, rejoint le Maroc pour y être désarmé
d'avril 1941 à mars 1942.
L’Orphée
avec la Marine Francaise qui venait de se placer sous les ordres de
la France Libre :
Confronté à l'opération Torch (débarquement
en Afrique du Nord), l'Orphée rejoint le camp de la France Libre
le 13 novembre 1942 et effectue des missions spéciales en Méditerranée
jusqu'en avril 1944, notamment en participant au ravitaillement en armes,
en munitions et en nourriture de la Corse en train d’être
libérée.
Lors d'une mission en Méditerranée alors qu'il était
en plongée, il a eu une avarie de moteur. L'une des bielles d’un
moteur diesel chauffant terriblement, il n'était pas question
de continuer sans risquer de la couler. Ce n'est pas le genre de moteur
qu'on peut mettre sous le capot d'une voiture et ses dimensions sont
à la proportion du sous-marin. C'est vrai pour ses pièces,
c'est vrai pour les outils nécessaires. Débloquer un écrou
se fait à la masse sur une clé adaptée.
Pas question pour le sous-marin de remonter à la surface. Les
Allemands et les Italiens sont présents et en force. Il faut
donc réparer sur place et en plongée.
C'est un travail assez long et les réserves en oxygène
sont limitées. On demande alors à tous les matelots de
se coucher sur le sol et de ne pas bouger pour laisser au mécanicien
le maximum de possibilités de mener à bien la réparation.
Et cela, Georges l'a réussi, terminant à bout de force,
ce qui a permis à l'Orphée de rejoindre Casablanca ensuite.
Durant l'une de ces missions, l'Orphée coule le Patrouilleur
armé Faucon le 7 décembre 1943 dans la Méditerranée,
ce qui vaut à Georges Pochet l’étoile de bronze
sur sa croix de guerre.
A partir de mi-44, l'Orphée servira l’école d'écoute
à Casablanca. Il est décommissionné le 15 avril
1944. Certaines sources, non confirmées, mentionnent une explosion
de l’Orphée le 1 mars 1946 qui aurait fait 2 morts.
Retour
à la Vie Civile :
Par Roger Lenevette
Après Guerre, c'est lui qui est venu démonter tous les
moteurs diesel de la Centrale de la Mine de Brais, et qui est allé
ensuite les installer et les faire fonctionner dans les entreprises
qui les achetaient. (Voir témoignage du FTP Roger quant à
la mine de Brais).
La Société pour laquelle il travaillait les achetait pour
les remettre en état et les revendre ensuite. C'est ainsi qu'il
était en train d'en remonter un chez Woold Mine et qu'il a pu
m'y faire embaucher après mon retour d'Indochine.
C'est d'ailleurs en venant les démonter à la Centrale
de la Mine qu'il a fait la connaissance de ma sœur. Comme je l'ai
déjà dit, mes parents tenaient un commerce d'épicerie,
café, restaurant à Brais. Célibataire, il venait
y manger et c'est ma sœur qui faisait le service. Ils tombèrent
amoureux, l'un de l'autre et décidèrent de se marier.
Mais pour ce faire, ils décidèrent d'attendre mon retour
d'Indochine.
A cette époque, il était locataire de la chambre de la
rue du Colonel Fabien à Paris, chambre qu'il céda à
son frère et qui devint également la mienne le temps que
je m'en trouve une rue André Joineau au Pré St Gervais.
Pour se marier, il avait réussi à se trouver un studio
à Clichy Sous Bois (1 chambre et 1 cuisine). Georges et Mado
ne disposaient pas dune fortune mais c'était bien pour démarrer
leur ménage. Un cosy fit l'affaire pour dormir, une petite cuisinière
à charbons permit le chauffage et la cuisine avec une poêle
et une casserole faitout. Pour manger deux assiettes et deux couverts.
Pour l'invité que j'étais toutes les semaines, on mangeait
tous les trois dans le faitout et c'était la bonne humeur. Trois
verres pour une bonne bouteille complétaient le service. Après
le repas, nous allions danser dans les guinches qu'il y avait tous prés
aux "Quatre Iles" à cette époque. Pour nous
trois, c'est classé dans la boutique des "bons souvenirs".
Après cela, il trouva un travail avec logement à la "Compagnie
fluviale des Bleus" à Conflans Saint Honorine. Le logement
était un pavillon de trois pièces cuisine sur sous-sol
au bord de la Marne. C'était le luxe à cette époque.
Son travail consistait à réparer les péniches qui
naviguaient sur la Seine, l'Oise ou la Marne et qui venaient s'y faire
réparer en passant. Il consistait en l'installation de moteur
diesel neuf ou d'occasion. Son atelier était d'un côté
et son logement de l'autre, il allait de l'un ou à l'autre à
la godille avec un canot de sa compagnie. A cet endroit également
j'ai passé un certain nombre de week-end.
J'ai même assisté et participé au premier et seul
accouchement de ma vie. En effet, ma sœur Madeleine étant
enceinte avait fait l'erreur de se faire suivre par une "Sage Femme"
qui ne s'était pas aperçue à temps d'une mauvaise
position de l'enfant. Ensuite, trop tard, elle fit venir un médecin
qui ne put constater qu'elle était intransportable. Il fallait
faire l'accouchement sur place dans les trois heures qui suivaient pour
avoir une chance de garder la maman et l'enfant vivant.
Avec Georges, pour préparer l'événement, nous avons
scie des madriers pour remonter le lit et avons fait un plancher pour
mettre sommier. Tout cela fut fait en deux heures. Comme par hasard,
j'étais là ce jour là...
Puis l'accouchement aux fers commença, avec la sage femme à
genoux sur le lit pour faire "de l’expression" en poussant
avec ses poings l'enfant vers la sortie. Georges d'un côté
du lit, et moi de l'autre, nous faisions en sorte que le lit ne tombe
pas de l'échafaudage que nous avions réalisé.
L'accouchement dura presque une heure, et nous étions tous en
sueur. Georges et moi évidemment les plus malades du spectacle,
lorsque enfin l'enfant fut présent. Je revois encore le médecin
couper le cordon qui le reliait à la mère, le prendre
par les pieds et lui donner quelques petites tapes sur les fesses jusqu'à
son premier cri.
Puis le médecin lui refaçonna le visage déformé
par les fers, et le sourire revint sur tous les visages.
Après coup, le médecin s'enferma dans la cuisine avec
la sage femme pendant quelques minutes, mais nous ne fumes pas mis dans
la confidence de ce qui fut dit, et la sage femme ne semblait pas très
ravie en sortant.
L'enfant a vécu, il fut même un très bel enfant,
il se porte toujours bien et s'appelle Christian.
Quelques années plus tard, un autre enfant est né : Jacques.
Après cela il a travaillé comme Maître Mécanicien
sur des Pétroliers qui allaient chercher le pétrole dans
le Golfe Persique et pour le ramener en Europe. Il est même allé
en Norvège pour certaines compagnies chercher des pétroliers
neufs et les ramener sur les ports qui lui étaient désignés.
Il avait de plus un don qu'il tenait de son enfance : "La Peinture"
Issus d'ouvriers qui avaient peu de moyens pour vivre, il faisait les
poubelles lorsqu’il avait entre 7 à huit ans pour trouver
des vieilles boîtes de peinture et barbouiller quelque part. C'est
ainsi qu'un professeur de peinture en renom de Brest le découvrit
et l'invita chez lui, pour lui enseigner les premiers rudiments.
J'ignore combien de temps cela a duré, mais ce qui est certain,
c'est qu'il a su en garder quelque chose.
Je ne suis pas connaisseur en peinture, mais ce que je sais c'est que
pour mon épouse et pour moi, ses tableaux sont les plus beaux
et que je ne décrocherais pour rien au monde ceux qui sont accrochés
sur les murs de ma maison. Mais toujours ou presque toujours, c'était
des tableaux au sujet de la mer, des îles en mer ou la mer démontée.
C'était son "Violon d'Ingre". Lorsqu'il naviguait sur
les pétroliers, il en réalisait de nouveaux et à
chaque fois, lorsqu'il débarquait, il passait par Paris, atterrissait
à la maison, me les faisait découvrir et m'en laissait
un.
Nous passions la nuit ensemble, vidions une bonne bouteille, et je l'emmenais
au matin à la gare de Lyon, où il prenait le train pour
rejoindre sa femme et ses enfants à Port de Bouc dans les Bouches
du Rhône.
Lorsqu'il venait à la maison dans le Morbihan, dés qu'il
pouvait, c'était partir dans un endroit ou un autre sur les bords
du golfe avec son chevalet et faire une aquarelle. Quelques-unes décorent
ma maison.
Voilà qui était Georges. Pour moi, c'était un frère
de cœur.