Le commandant Pétri, figure de la Résistance
Par Daniel Laurent

Louis Pétri

 

 

 

La libération de la Bretagne : C’est l’une des plus belles pages de l’histoire de la Résistance.
Dès le 5 juin 44, les maquis bretons déclenchent la campagne de sabotages prévue avec Londres de longue date : Plans Vert pour les voies ferroviaires, Violet pour les lignes souterraines à grande distance, Bleu pour l'électricité, Tortue devenue Bibbendum pour les autres voies de communication, Rouge pour embuscades et retardements de troupes ennemies.
A partir du 31 juillet, la situation change de nature avec la percée des Américains à Avranches.
Avec 7 divisions et plus de 15 000 véhicules, les armées américaines des généraux Patton et Middleton s'engouffrent dans la brèche en direction de Rennes, de Brest et de Nantes.

Les Américains sont les principaux acteurs de la Libération de la Bretagne, mais ils vont pouvoir s'appuyer sur les milliers de résistants, servant tantôt d'éclaireurs, tantôt de fantassins, nettoyant les secteurs au fur et à mesure de leur avance et prenant en charge les prisonniers. Il faut savoir que l’essentiel des unités américaines sur ce front étaient des blindes, dont notamment les 4eme et 6eme divisions blindées et la « Task Force Anderson », TFA, qui comprenait, entre autre, le 81ème bataillon de char US. L’appui des fantassins de la résistance fut pour eux un appui très important.

Courant août 44, l’affaire est jouée et il ne reste plus en Bretagne que quelques poches tenues par les Allemands : Brest (Reddition le 19 septembre) et surtout Lorient et Saint Nazaire (Reddition le 8 mai 45). Ce sont les résistants qui assurèrent le siège de ces places fortes, permettant aux unités blindées américaines de faire un rapide demi-tour et de se ruer vers la Seine puis le Rhin. Parmi ces résistants, les 2 500 FTPF du Commandant Louis Pétri.

Laissons le nous raconter : « Plus approche la Libération, plus se fait intense notre activité.
Nos groupes, sur l’ordre du Capitaine Eric, aident au passage des guides. 25 sur 33 franchissent entre Coutances et Saint-Lô. Par ailleurs, 5 guides dans la Manche et 25 dans le nord de la Mayenne faciliteront l’avance alliée vers Rennes et en direction de Paris. Les renseignements que nous fournissons par radio aux Alliés permettent des bombardements d’états-majors et de dépôts d’armes allemands à Bagnole-de-l’Orne dans la forêt d’Andaine, et prés de Saint-Hilaire-du-Harcouët, à Villedieu, Vire, Coutances, Alençon. Les derniers parachutages nous sont annoncés. Celui du 31 juillet est réalisé à Saint-Christophe-du-Valins, sur un terrain que nous avait indiqué le curé de Saint-Christophe.
Enfin c’est l’attaque, sur l’indication : « Le Chapeau de Napoléon est-il à Perros-Guirec ? »
Le 1er août, les Américains enfoncent les lignes allemandes au sud de Coutances. Nos renseignements et les guides permettent le succès que l’on sait : Cinq heures de Coutances à Avranches.
Dans le Calvados, dans le nord de la Mayenne, dans l’Ille-et-Vilaine, nos groupes attaquent de partout. Le travail à faire, étant donné le désordre allemand, s’avère immense. Un fusil-mitrailleur sur le bord d’une route fauche des dizaines de camions.

Saint-Aubin-du-Cormier, Saint-James, Combourg, etc… sont libérés par nos F.T.P. Quinze heures après Avranches, c’est Rennes où, malheureusement, les Américains ne jugent pas utile de pénétrer tout de suite, ce qui eut évité bien des destructions. Un des plus grand Cross-Country Militaire qu’ai connu l’histoire est achevé. Rennes est libéré, c’est en quelques jours, la Bretagne tout entière qui respire, revit, se reconnaît libre. L’hommage officiel que nos Alliés Américains ont fait aux F.T.P. de Bretagne témoigne assez de l’efficacité de notre action. Mais plus que toutes les références officielles ou autres qu’on nous accorde, et que par la suite on essaie de nous refuser, le sentiment profond d’avoir été à l’extrême pointe de la Libération de notre Pays de France fait notre joie et notre fierté »


Louis Pétri est décédé le 1er novembre 1984 à Cancale. Matricule F.T.P. 10.001 Chevalier de la Légion d’Honneur
Pensionné de guerre 39-40 à 100 %. Il reprendra le combat malgré ses handicaps physiques. Il existe de nos jours une rue Louis Pétri à Rennes, une rue Commandant Louis Pétri a Vitre, une place Louis Pétri à Crevin (35).

BIOGRAPHIE :
Louis Pétri, dit Hubert, dit Roland, dit Loulou, dit Tanguy, est d’origine italienne. Il est né le 9 avril 1919 à la Bastide d'Engras, arrondissement de Nîmes (Gard), fils de Adolpho et de Gianarelli Stella.
En 1924, à l’âge de 5 ans, il arrive avec ses parents à Louvigné-du-désert où son père est embauché comme carrier.
Entré dans la Résistance en décembre 1941, il allait, à 23 ans, se distinguer en 1942 parmi les premiers F.T.P. de la région de Fougères. C’est Genouel (de Fougères) qui le fait entrer au Front National en 1942.
Il est nommé « chef départemental des FTP » en janvier 1943, puis chef interdépartemental (Bretagne Normandie Maine) courant 43.
En 1943, il conduira treize opérations contre l'occupant. En 1944, il participera à plus de soixante actions de guérilla.
Le 6 juin 1944, jour du Débarquement des Alliés, il fournira cinquante F.T.P. aptes à détruire le nœud ferroviaire Guer-Ploërmel, etc.
Le 10 juillet, il dirigera le déraillement de Noyal-Acigné, arrêtant le trafic de l'ennemi durant 72 heures. Il libérera par les armes les patriotes des prisons de Dinan et de Vitré.
A la tête de 2 500 F.T.P., il est en liaison avec le commandement allié pour organiser au travers des lignes allemandes la participation de la guérilla au service des blindés qui vont percer le front ennemi, pénétrer en Bretagne insurgée, et concourir à sa rapide libération.

Sources :
- Roger Lenevette et Maxime Le Poulichet, anciens FTP du Commandant Pétri. Maxime est le webmestre du site des Anciens Combattants d'Ille-et-Vilaine,
- http://perso.wanadoo.fr/memoiredeguerre
- Confidences du Commandant Pétri, recueillies par J.C. Pichon pour la Fédération des Combattants Volontaires de la Résistance de Bretagne, Normandie, Maine, 241 Rue de Nantes 35200 Rennes

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