La
libération de la Bretagne : C’est l’une des plus
belles pages de l’histoire de la Résistance.
Dès le 5 juin 44, les maquis bretons déclenchent la campagne
de sabotages prévue avec Londres de longue date : Plans Vert
pour les voies ferroviaires, Violet pour les lignes souterraines à
grande distance, Bleu pour l'électricité, Tortue devenue
Bibbendum pour les autres voies de communication, Rouge pour embuscades
et retardements de troupes ennemies.
A partir du 31 juillet, la situation change de nature avec la percée
des Américains à Avranches.
Avec 7 divisions et plus de 15 000 véhicules, les armées
américaines des généraux Patton et Middleton s'engouffrent
dans la brèche en direction de Rennes, de Brest et de Nantes.
Les
Américains sont les principaux acteurs de la Libération
de la Bretagne, mais ils vont pouvoir s'appuyer sur les milliers de
résistants, servant tantôt d'éclaireurs, tantôt
de fantassins, nettoyant les secteurs au fur et à mesure de leur
avance et prenant en charge les prisonniers. Il faut savoir que l’essentiel
des unités américaines sur ce front étaient des
blindes, dont notamment les 4eme et 6eme divisions blindées et
la « Task Force Anderson », TFA, qui comprenait, entre autre,
le 81ème bataillon de char US. L’appui des fantassins de
la résistance fut pour eux un appui très important.
Courant
août 44, l’affaire est jouée et il ne reste plus
en Bretagne que quelques poches tenues par les Allemands : Brest (Reddition
le 19 septembre) et surtout Lorient et Saint Nazaire (Reddition le 8
mai 45). Ce sont les résistants qui assurèrent le siège
de ces places fortes, permettant aux unités blindées américaines
de faire un rapide demi-tour et de se ruer vers la Seine puis le Rhin.
Parmi ces résistants, les 2 500 FTPF du Commandant Louis Pétri.
Laissons
le nous raconter : « Plus approche la Libération, plus
se fait intense notre activité.
Nos groupes, sur l’ordre du Capitaine Eric, aident au passage
des guides. 25 sur 33 franchissent entre Coutances et Saint-Lô.
Par ailleurs, 5 guides dans la Manche et 25 dans le nord de la Mayenne
faciliteront l’avance alliée vers Rennes et en direction
de Paris. Les renseignements que nous fournissons par radio aux Alliés
permettent des bombardements d’états-majors et de dépôts
d’armes allemands à Bagnole-de-l’Orne dans la forêt
d’Andaine, et prés de Saint-Hilaire-du-Harcouët, à
Villedieu, Vire, Coutances, Alençon. Les derniers parachutages
nous sont annoncés. Celui du 31 juillet est réalisé
à Saint-Christophe-du-Valins, sur un terrain que nous avait indiqué
le curé de Saint-Christophe.
Enfin c’est l’attaque, sur l’indication : «
Le Chapeau de Napoléon est-il à Perros-Guirec ? »
Le 1er août, les Américains enfoncent les lignes allemandes
au sud de Coutances. Nos renseignements et les guides permettent le
succès que l’on sait : Cinq heures de Coutances à
Avranches.
Dans le Calvados, dans le nord de la Mayenne, dans l’Ille-et-Vilaine,
nos groupes attaquent de partout. Le travail à faire, étant
donné le désordre allemand, s’avère immense.
Un fusil-mitrailleur sur le bord d’une route fauche des dizaines
de camions.
Saint-Aubin-du-Cormier,
Saint-James, Combourg, etc… sont libérés par nos
F.T.P. Quinze heures après Avranches, c’est Rennes où,
malheureusement, les Américains ne jugent pas utile de pénétrer
tout de suite, ce qui eut évité bien des destructions.
Un des plus grand Cross-Country Militaire qu’ai connu l’histoire
est achevé. Rennes est libéré, c’est en quelques
jours, la Bretagne tout entière qui respire, revit, se reconnaît
libre. L’hommage officiel que nos Alliés Américains
ont fait aux F.T.P. de Bretagne témoigne assez de l’efficacité
de notre action. Mais plus que toutes les références officielles
ou autres qu’on nous accorde, et que par la suite on essaie de
nous refuser, le sentiment profond d’avoir été à
l’extrême pointe de la Libération de notre Pays de
France fait notre joie et notre fierté »
Louis Pétri est décédé le 1er novembre 1984
à Cancale. Matricule F.T.P. 10.001 Chevalier de la Légion
d’Honneur
Pensionné de guerre 39-40 à 100 %. Il reprendra le combat
malgré ses handicaps physiques. Il existe de nos jours une rue
Louis Pétri à Rennes, une rue Commandant Louis Pétri
a Vitre, une place Louis Pétri à Crevin (35).
BIOGRAPHIE
:
Louis Pétri, dit Hubert, dit Roland, dit Loulou, dit Tanguy,
est d’origine italienne. Il est né le 9 avril 1919 à
la Bastide d'Engras, arrondissement de Nîmes (Gard), fils de Adolpho
et de Gianarelli Stella.
En 1924, à l’âge de 5 ans, il arrive avec ses parents
à Louvigné-du-désert où son père
est embauché comme carrier.
Entré dans la Résistance en décembre 1941, il allait,
à 23 ans, se distinguer en 1942 parmi les premiers F.T.P. de
la région de Fougères. C’est Genouel (de Fougères)
qui le fait entrer au Front National en 1942.
Il est nommé « chef départemental des FTP »
en janvier 1943, puis chef interdépartemental (Bretagne Normandie
Maine) courant 43.
En 1943, il conduira treize opérations contre l'occupant. En
1944, il participera à plus de soixante actions de guérilla.
Le 6 juin 1944, jour du Débarquement des Alliés, il fournira
cinquante F.T.P. aptes à détruire le nœud ferroviaire
Guer-Ploërmel, etc.
Le 10 juillet, il dirigera le déraillement de Noyal-Acigné,
arrêtant le trafic de l'ennemi durant 72 heures. Il libérera
par les armes les patriotes des prisons de Dinan et de Vitré.
A la tête de 2 500 F.T.P., il est en liaison avec le commandement
allié pour organiser au travers des lignes allemandes la participation
de la guérilla au service des blindés qui vont percer
le front ennemi, pénétrer en Bretagne insurgée,
et concourir à sa rapide libération.
Sources :
- Roger Lenevette et Maxime Le Poulichet, anciens FTP du Commandant
Pétri. Maxime est le webmestre du site des Anciens Combattants
d'Ille-et-Vilaine,
- http://perso.wanadoo.fr/memoiredeguerre
- Confidences du Commandant Pétri, recueillies par J.C. Pichon
pour la Fédération des Combattants Volontaires de la Résistance
de Bretagne, Normandie, Maine, 241 Rue de Nantes 35200 Rennes