La vie des Français sous l’occupation dans la littérature Française
Par Anne-Claire Ville et Camille Tetaz

Philippe Pétain

 

 

Introduction :
Le premier septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale est déclarée suite à l’invasion de la Pologne par Hitler.
En moins de trois ans, l’Allemagne nazie prend le contrôle presque total de l’Europe en lui imposant sa politique antisémite. C’est le 10 mai 1940 qu’Hitler lance une offensive contre la France : en quelques semaines celle-ci est battue. Cela entraîne la signature de l’armistice du 22 juin 1940, demandé par Pétain. Le territoire français est partagé entre une zone Nord occupée par les nazis et une Zone Sud, administrée par Vichy. Pétain, qui est à la tête de l’État Français, propose alors d’entrer dans la Collaboration.
La guerre terminée, de nombreux auteurs décident de relater les évènements passés en France pour éviter qu’ils tombent dans l’oubli. Pour cela, nous avons décidé de travailler sur le mémoire de l’occupation Allemande dans la littérature française. Ces œuvres littéraires que nous avons choisies ne sont pas toutes écrites à la même période. Elles datent de pendant la guerre, très peu de temps après la guerre et d’aujourd’hui. Mais ce sont aussi différents genres de livres, il y a des romans autobiographiques (majoritairement), des romans biographiques et des romans.

Aujourd’hui, ce devoir de mémoire, ce sont les souvenirs de la guerre qui résultent de l’expérience des individus, des familles…,la mémoire commune est multiple et contradictoire, elle survit difficilement à la disparition de la génération qui a vécu la guerre, reste une préoccupation majeure pour notre société. Nous avons choisi d’étudier des œuvres qui sont écrites pendant, juste à la fin de la guerre et à l’époque actuelle. la mémoire de l’occupation allemande à travers la littérature française.

Nous nous demanderons : comment la vie des Français sous l’occupation est-elle présentée aux générations futures ?
Nous avons observé que les Français avaient trois choix de vie possibles, ce qui constitue nos trois parties. Tout d’abord, nous expliquerons comment la résistance est t’elle un choix pour lutter contre l’occupant. Puis nous étudierons la volonté d’une partie de la population de préserver une vie d’avant-guerre. Et enfin, comment certains Français acceptent l’occupation et prennent le parti des Allemands : la Collaboration.

La Résistance

Affiche pour convaincre les
Français de travailler en Allemagne


Les valeurs de la Résistance :

Pendant la guerre, les résistants avaient un but : chasser l’ennemi coûte que coûte, même au prix de leur propre vie.
Mais, ils ne résistent pas pour les mêmes causes, ils défendent des valeurs différentes.
Le général Charles De Gaule, opposé au maréchal Pétain, quitte la France et se réfugie en Angleterre. Le 18 juin 1840, il appelle les Français à la résistance. Ceux qui refusent la défaite contre les Allemands décident de se rallier à Charles De Gaule. Il sera le pilier de la résistance. De plus, le gouvernement britannique le soutient moralement et financièrement, ce qu’il lui permet de s’organiser politiquement.


Certains refusent de rejoindre le Service de Travail Obligatoire (S.T.O.), mis en place à partir de 1943. Ils n’acceptent pas de travailler pour les Allemands, mais c’est obligatoire et personne n’y échappe. S’ils refusent, ils obligés de fuir et sont donc considérés comme résistants. Par exemple, en Haute-Savoie, beaucoup d’habitants refusent de rejoindre le S.T.O. Ils se regroupent dans des chalets et s’organisent pour leur survie. C’est la première apparition du terme « maquis ». Auparavant, leur liberté était réduite par l’occupation des Allemands, cette nouvelle contrainte est intolérable. De nombreux jeunes vont se joindre à la résistance.


De nombreux Français ne supportent pas l’occupation du territoire national, par les troupes Allemandes, ainsi que l’ensemble des abus qui en découlent : contrôles d’identité, arrestations, représailles…
Ils décident alors de rejoindre la Résistance. En effet, lorsqu’un Allemand ou un collaborateur est tué, si le coupable ne se dénonce pas, les autorités allemandes exterminent un certain nombre d’habitants. Le nombre d’habitants varie selon l’importance du défunt. Dans le livre, j’ai vécu Madame Bohec , dans son témoignage, quitte la France pour l’Angleterre, pour pouvoir entré dans la Résistance. Tous les Français qui ne supportent pas cette vie d’occupation et qui veulent se battre pour être utile à son pays entrent dans la Résistance.
Les communistes ont, eux aussi, rejoint la Résistance.
À la suite de la rupture de l’alliance entre l’Allemagne et l’URSS. Hitler a attaqué l’URSS ce qui rompt cette alliance. Alors, de nombreux communistes français se joignent à la Résistance, car ils n’ont plus confiance en Hitler, il devient leur ennemi. Pour le combattre, après cette trahison et pour se venger, ces communistes vont gonfler les rangs de la Résistance. Ce ralliement montre que la Résistance est un mélange de classe sociale et politique.
Mais tous ces résistants ont un sentiment commun : le patriotisme. C’est pour libérer leur pays, pour leur liberté qu’ils se battent. Ces hommes et ces femmes aiment leur pays et l’occupation leur est intolérable.

En devenant Résistants, ces personnes savent à quoi elle s’engage : le risque de se faire tué ou arrêté à tous instants. Dans la nouvelle, Ce jour-là de Vercors, le pot de géranium mis à chaque balade était là juste au cas où les Allemands viendraient. Lors d’une promenade, le père ne voit plus le pot de géranium. C’était un code entre les parents, on sait par la suite que la mère est déportée. Tous les résistants ont une valeur principale sans laquelle ils ne pourraient être résistants. Ils ont le courage et la fierté d’être Français. C’est grâce à leur courage que les résistants ont bravé tous les dangers pour sauver leur pays.
Ils défendent la liberté qu’ils ont perdue à cause de la défaite des troupes française contre celle des Allemands.

 

L’héroïsation de la résistance :

Cette dévotion, aujourd’hui, est très souvent héroïsée et récompensée.
Les victimes de cette guerre ne veulent pas que l’on oublie leur souffrance. Pour éviter que cela se reproduise, un devoir de mémoire s’installe. « Quiconque oublie son passé est condamné à la revivre ».C’est une phrase d’un rescapé des camps de concentration, Primo Lévi, qui montre bien que le devoir de mémoire s’installe très rapidement. Cela explique pourquoi de nombreux auteurs, ou les résistants eux-mêmes décrivent toutes les horreurs de la guerre et qui les combattait.
Plusieurs auteurs écrivent des livres sur la résistance qui sont adressés aux enfants. La résistance est expliquée dans des livres documentaires ou des romans. Il y a des témoignages, des photos expliquées… Par contre, très peu de livres sur la collaboration sont destinés aux enfants. Ces livres sont quasiment inexistants. Les enfants ne connaissent presque pas l’existence de la collaboration. Car, il existe peu de documentation sur ça qui leur est destinée, et lorsque qu’on l’on parle de la guerre en France on parle de la Résistance, des maquis… On inculpe aux enfants la valeur de résistance, le patriotisme. De ce fait, la collaboration est mise de côté, et chaque enfant rêve d’être un bon résistant. De pouvoir un jour, être récompensé comme ces glorieux résistants. Seulement, les enfants ne voilent pas le danger que les résistants encourraient chaque jour, car quand leur grand-père ou grand-mère leur raconte cette époque les enfants la considèrent comme une grande aventure dont ils seraient les héros.

Mais la résistance n’est pas seulement héroïsée pour les enfants, mais aussi pour les adultes même s’ils sont plus aptes à comprendre. Dans les romans, le résistant est souvent le héros. Il n’y a jamais de remarque peu élogieuse sur lui. Généralement, dans les romans pour adulte, quand le sujet est sur la résistance, ce sont des livres autobiographique ou biographique. Il y a peu de romans qui racontent l’histoire d’un résistant qui n’existe que pour le livre. Dans les enfants de la liberté de Marc Lévy, qui est un livre biographique romancé, les résistants décrits ont vraiment existé, puisque c’était son père et son oncle. Il raconte leur entrée dans la résistance jusqu’à la fin de la guerre. Ces deux hommes sont les héros du livre même si le but de l’auteur est de montrer le courage qu’avaient ces hommes.

De nombreux films traitent de la Seconde Guerre, et en particulier de la résistance. Même si un effet de vraisemblance est voulu, souvent les films sont romancés et pas tout à fait précis. Le héros du film est un résistant qui va se sortir de toutes les situations. Comme dans Monsieur Batignol de Gérard Jugnot, c’est un homme qui cache des enfants juifs dans sa cave. Malheureusement, son beau-fils est un collaborateur et finit par découvrir les enfants. Le charcutier est obligé d’assassiner le fiancé de sa fille qu’il découpe en morceau, pour cacher plus facilement le corps. L’auteur de ce film exagère. Le fait de couper en morceau ce jeune homme fait remarquer que l’auteur veut que son personnage principal ne soit gêné par aucun autre personnage pour arriver à son but final : partir en Suisse avec les enfants.
Une critique du ce film confirme que l’auteur malgré un effet de vraisemblance reste dans le cliché du résistant qui survie à toutes les épreuves : « Même s’il tombe parfois dans la caricature et les clichés » critique de Christophe Roussel.

Il existe de nombreuses cérémonies commémoratives sur les résistants.
Aujourd’hui, les résistants sont tous considérés comme des héros. « La toponymie a aussi intégré, dès la fin 1944, les noms des héros... » Tiré du site de la mairie de Paris. On voit bien que les résistants sont des héros pour tout le monde. De plus, des lycées ou collèges portent le nom de certains résistants, ce qui montre bien que les Français veulent montrer l’importance de la Résistance en France, comme pour effacer la Collaboration du gouvernement français. À Lyon, il y a le lycée de Jean Moulin, grand résistant Français qui est mort sous la torture en 1945.
Ces commémorations montrent aussi que le devoir de mémoire est très présent chez les Français : « Commémorer, c’est avant tout accomplir un devoir de mémoire. »

Cette héroïsation est, aussi, due au sentiment de culpabilité des Français qui ont vécu pendant la guerre et peu de temps après la guerre. Car on a remis en cause la place qu’occupait la France pendant la Seconde Guerre mondiale. De nombreux films et romans vont monter que la France a elle aussi servis à Hitler. Ce n’est que dans les années 1990, que le problème de savoir qui est responsable en France est réglé : cinquante ans après la fin de la guerre, en 1995, Jacques Chirac reconnaît la responsabilité de l’État et ses agissements criminels. Les Français qui n’ont ni résisté ni collaboré sont soulagés.
L’héroïsation que nous faisons aujourd’hui de ces résistants influe sur l’esprit de l’individu. Ainsi, il est convaincu qu’en cas d’une situation similaire, il se dévouera, sûrement, à la résistance. Mais, il ne peut voir le danger tel qu’il est réellement et il est surtout confronté au point de vue positif de la Résistance.
Cette héroïsation montre aussi que nous aurions résisté, car c’est un devoir de servir son pays.


Sur cette image qui représente la résistance, on voit le portrait de Jean Moulin, or il n’est pas le seul à être résistant ; il y eu le général de Gaulle, qui est l’image de la résistance.
Cette image montre bien l’héroïsation de ce personnage qui est mort sous la torture alors qu’il avait réussi à rassembler plusieurs groupes de résistants.

 

Alors que certains prennent le partie de leur pays : le libérer de l’occupant, d’autre ont peur et préfère n’être que spectateur de la guerre.

Certains veulent conserver une vie « d’avant-guerre »

 

Des conditions de vie difficiles :

Avant l’entrée en guerre, la France est dans une situation économique catastrophique. Puisque dès 1931, la France ressent les effets néfastes du krach boursier d’octobre 1929. Dans tous les domaines (industrie, agriculture…), la crise frappe et fait chuter considérablement les ventes. Ce n’est que l’entrée en guerre qui stoppe la crise, mais la pauvreté qui s’est installée est toujours présente.

L’arrivée des Allemands sur le territoire français a rendu les conditions de vie encore plus rude. Car les échanges entre les pays ont été supprimés suite à l’entrée en guerre, ce qui réduit encore plus le ravitaillement. La présence des Allemands, et donc encore plus indésirable, car ils vont coupé la France, définitivement des autres pays en prenant le contrôle du gouvernement Français.

La nourriture était de plus en plus difficile à trouver. La famine menaçait certaines familles ou était déjà présente. Les Allemands vont réagirent en imposant les tickets de rationnement. D’abord pour le tabac puis le textile et enfin pour la nourriture.

 

Tickets pour avoir du pain, des aliments et du vin



Le fonctionnement des tickets est simple : c’est en fonction de l’âge des personnes. C'est-à-dire que la quantité de nourriture, le textile… dépendait de l’âge que l’on avait. Il était impossible de se rationner, légalement, sans les tickets, qui étaient renouvelés tous les mois. Le problème c’est que les commerces ont très peu de stock. Les habitants devaient toujours faire des queues interminables, dès le matin. Et souvent, même en faisant la queue toute la journée ont avait pas grands chose ou il ne restait plus rien lors de son tour. Ils étaient, donc obliger de revenir le lendemain en espérant qu’il y aura ce qu’ils voulaient. Ce manque de nourriture favorisait le marché noir, c’est lorsque chacun essaye de se procurer de quoi vivre dans des sortes de marchés clandestins, ceux-ci furent d'ailleurs florissants dans les années 40 et avaient lieu la plupart du temps dans des caves obscures. Beaucoup de personnes vont se ravitailler grâce au marché noir. Le problème c’était qu’il fallait avoir de l’argent pour pouvoir se ravitailler avec le marché noir mais l’argent est rare, toutes les familles ne peuvent pas se permettre cela. Ceux qui vendent des aliments, vêtements… sur le marché noir, risquent la prison ou pire être envoyé dans les camps de concentration ou même fusillé.

De plus, les hivers sont très rudes. Le coût du chauffage est trop élevé. Les Français essayent de se chauffer comme ils le peuvent. Le charbon est utilisé en priorité pour les usines travaillant en Allemagne. Et les tickets de rationnement prévu à cet effet sont insuffisants.
Les Français vivent dans l’angoisse. La peur du lendemain est amplifiée par les bombardements, les dénonciations, les perquisitions ou encore les rafles, mais aussi par la guerre qui se poursuit. Les parents pour protéger leurs enfants, les envoient dans les campagnes, dans la famille, grands-parents, oncle et tante ou amis de la famille.

Les bombardements sont très fréquents dans les grandes villes et à n’importe quelle heure de la journée. Les habitants doivent se réfugier dans leur cave pour éviter d’être tués par une bombe.
La peur des représailles les pousse parfois à la collaboration, de plus les Allemands offrent une récompense qui peut les aider à survivre.

Voici un extrait d’un règlement de la vente du sucre et du lait, qui montre bien la réglementation du rationnement :
Magnard, 3ème histoire géographie

 

L'exode : de la zone Nord à la zone Sud :

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Français s’exilent vers le sud de la France. D'abord, il y la grande exode en mai 1940 puis tout au long de la guerre. L’occupant fait peur aux Français ce qui les pousse à partir.

La perte de la guerre par les troupes française et l’envahissement de la France par les Allemands, poussent les Français, du Nord de la France, à s’exiler. Entre sept à huit millions de Français quittent tous : maisons, travails…, pour aller dans le Sud de la France où ils se croient en sécurité. Le chemin est très long et pénible. Ils doivent finir à pied, car les routes sont trop encombrées. De plus, les Allemands bombardent les routes où sont regroupés les Français en exil. La peur fait courir les gens vers les bois. Ils se réfugient dans les fermes des campagnes, elles aussi attaquées systématiquement. Des grappes de civils aux visages épuisés quittent les carrefours, abandonnant leurs brouettes et leurs chars à bancs, ils se cachent derrière les moindres taillis, se jettent dans les fossés dès qu’ils entendent le bruit de sirène des avions en piqué.
Les militaires se rendent aux premiers véhicules allemands qui surgissent, noirs de poussière. Regroupés hâtivement, ils partent à pied, sans gardiens, en troupeau, sans savoir où ils vont, prenant à rebours la route des chars, aidant quelquefois les Allemands à dégager la route, en poussant les véhicules français dans les fossés.

Ce n’est pas seulement les Français qui fuient. Les juifs, Français, s’exilent aussi parce qu’ils sont menacés. Il savent que les Allemands les persécutent, pour cela ils vont dans la zone qui n’est pas occupée par les Allemands : la zone libre dirigée, par Pétain. Ils ne peuvent pas utiliser le train, car les Allemands surveillent les lignes. Certains prennent ce risque, car ils ont de faux papiers, ce qui leur permet de ne pas se faire arrêter par la police allemande, mais si le contrôleur remarque que la pièce d’identité est fausse alors la personne est arrêtée et risque d’être envoyée dans les camps de concentration. Certains passent la frontière de la zone libre à pied avec un passeur. Le problème c’est que ça coût très cher, en plus ils peuvent être arrêté à n'importe quels moments de la traversé. De nombreux juifs ont recours à cette méthode de traversée, pour aller vers la liberté.

Certains Français vont aussi faire cette traversée pendant la guerre, mais contrairement aux juifs, ils ne sont pas clandestins. Ils ont le droit de se déplacer, mais c’est quand même risqué. Car, parfois les Allemands arrêtent des Français, sans raisons.

Carte de la France pendant la Seconde Guerre mondiale

 

La fuite des grandes villes vers la campagne :

Sur cette photographie, nous pouvons voir l’exode en direction de l'Ouest des Parisiens face à l'avancée des troupes allemandes, en juin 1940. 5 millions de personnes fuirent leur foyer pour échapper à l'envahisseur, et 2 millions quittèrent la région de Paris. En quelques jours, par exemple, le XIVe arrondissement de la capitale perdit 129 000 de ses 178 000 habitants.
Dans l’œuvre de Marie Chaix, Juliette chemin des cerisiers, on peut se rendre compte qu’à la campagne, les conditions de vie étaient difficiles. En effet, dans ce livre, une famille va habiter chez la mère d’une domestique durant cette période. Ils habitent à plusieurs dans un espace réduit, doivent se partager une faible quantité d’alimentation, et cela pour échapper au danger des grandes villes et pour pouvoir survire dans des lieux souvent plus sûrs

 

Cette carte nous montre les flux de la population durant cette période. On peut remarquer que les habitants des zones évacuées s'installent principalement dans le centre et le Sud Est de la France, dans les régions où les grandes villes se font globalment rares.

 






 

Malheureusement pour la population française, une autre catégorie de personne existe durant cette seconde guerre mondiale. Ceux-ci prennent parti avec l’occupant, et terrorisent la France depuis la signature de l’armistice jusqu’à la libération : les collaborateurs.

D’autres acceptent l’occupation et prennent partit pour les Allemands : La collaboration

 

Des actions diverses :

La rencontre entre Hitler et Pétain à Montoire le 24 octobre 1940 inaugure la collaboration entre la France et l’Allemagne nazie. C’est ici que Pétain annonce «J’entre dans la voie de la collaboration avec le vainqueur ». L’enjeu pour l’état français est autant de garantir à la France une place dans la nouvelle Europe, que de conforter le nouveau régime. Pétain estime que la collaboration permettra un assouplissement des conditions de l’armistice.

La rencontre Pétain/Hitler

La collaboration vise à aider l’occupant en appliquant sa politique, comme en créant des lois antisémites, en leur livrant des biens agricoles et industriels, en recrutant de la main-d'œuvre. Certains citoyens, certains partis politiques, comme le Parti Populaire français qui était le principal parti fasciste français servent d’instrument au régime de Vichy, par et l’un des principaux partis collaborationnistes dirigé par Jacques Doriot.

Elle prend des formes diverses :
- Économique avec le S.T.O (Service du Travail Obligatoire) qui consistait à transférer les travailleurs français vers l’Allemagne. Cela avec la complicité du régime de Vichy.
- Militaire avec la L.V.F (Légion des Volontaires Français) créée le 8 juillet 1941, et visant à lutter contre le bolchévisme. Elle sera envoyée contre le front Russe.
- Politique avec la formation de la milice chargée d’espionner les réseaux de la résistance, mais aussi avec la participation de la police dans l’arrestation des Juifs.

On parle également de « collaboration au quotidien », c'est-à-dire une forme de collaboration qui n’implique aucun engagement politique, mais qui se transcrit par des actes tels que l’envoi de lettres de délation à la Gestapo ou à la police.
Avec le temps, les actes de collaboration se multiplient. Le gouvernement fait livrer des produits de première nécessité à l’Allemagne, il autorise l’occupant à utiliser les bases françaises en Tunisie et en Syrie en mai 1942. L’organisation de la Relève se met en place en avril 1942. Elle prévoit la libération d’un prisonnier de guerre en échange du départ de trois travailleurs français pour l’Allemagne. Mais cette proposition échoue, Vichy instaure donc le S.T.O en 1943.
La police française apporte une grande aide à la Gestapo pour arrêter les juifs et les faire déporter dans les camps de concentration installés sur tout le continent européen. A Paris par exemple, est organisée la « Rafle du Vél d’Hiv » (rafle du vélodrome d’hiver) le 16 et le 17 juillet 1942 ou 9000 policiers arrêteront 13 152 Juifs.

La Milice, créée en 1943 par Darnand, est une organisation paramilitaire. Ce fut la loi n° 63 du 30 janvier 1943 qui la fonda. La milice aide les Allemands à traquer les juifs, les résistants, mais aussi les réfractaires au STO. Tout comme les nazis, les miliciens usaient de la délation, de la torture. Ils raflaient et exécutaient. L’affiche ci-dessous est une affiche de propagande servant au recrutement pour la milice.

On pouvait distinguer trois catégories de miliciens :
- La grande majorité des miliciens étaient des gens ordinaires qui exerçaient un métier. Leur activité les conduisait à participer à des groupes de réflexion, à assister à des réunions ou à des conférences et, parfois, à se mobiliser.
- Les militaires, faisant partie de ‘La Franc-Garde’. Cette organisation avait pour rôle de maintenir l’ordre sur le territoire. Ils sont bénévoles et peuvent être mobilisés à tout moment.
- Il y avait également une structure destinée à accueillir les jeunes : l’avant-garde.

L’école de la milice

La collaboration n’a apporté aucune amélioration au sort des Français, contrairement à ce qu’avait affirmé Pétain. Elle n’a pas empêché l’occupant de contribuer au pillage économique de la France. Sous de différentes formes, la moitié de la population active française travaillait pour le Reich au début de l’année 1944. Avec sa politique collaboratrice, l’état français a été à l’origine de la déportation de 76000 Juifs.

La collaboration a évidemment une grande portée sur la population française ainsi que sur l’entourage des collaborateurs qui était directement lié à ce phénomène.

 

Les répercutions sur l’entourage et la population :

Après l’annonce de l’armistice, marquant l’annonce de la collaboration du gouvernement français avec l’ennemi, la population vit avec un sentiment de peur. : Les dénonciateurs se comptaient en millions la plupart son resté dans l’anonymat, envoyant des lettres non signées. Cela étant à l’origine de nombreux juifs et résistants, le peuple vivait dans la crainte que ce phénomène soit appliqué à leurs proches. Pour la population juive, la collaboration entraine forcement des difficultés supplémentaires : la plupart des professions leurs sont interdites, comme celles de banquier, changeur, toutes les professions ayant un rapport avec le monde du théâtre et du cinéma. On nomme cela le statut des juifs. Une loi qui oblige leur recensement est signée. Après celle-ci, ils doivent remettre une déclaration à la préfecture mentionnant qu’ils sont juifs, et mentionnant leur situation familiale, ainsi que leur profession, et ce qu’ils possèdent. À partir du 7 juin 1942, en zone occupée, les juifs de plus de six ans doivent porter un signe distinctif des autres : l’étoile jaune sur la poitrine, comme on peut le voir sur la photographie ci-dessous :

À travers les ouvrages de certains écrivains, nous pouvons remarquer que la famille semble assez écarter de l’activité du membre collaborateur. Dans Juliette chemin des cerisiers de Marie Chaix, nous pouvons constater qu’un doute plane sur les activités du mari qui collabore, mais qu’ils ne seront confirmés qu’à la fin du roman, lors de la libération. Après cette date, la famille des collaborateurs ont connu de lourdes répercutions : les femmes de collaborateurs sont accusées de collaboration horizontale, c’est-à-dire d’avoir entretenu des relations avec l’ennemi. Parmi les 20 000 tondues, les vraies collaboratrices côtoient les femmes amoureuses, comme les femmes qui refusent de quitter leur concubin, celles qui ont fait que leur métier (prostituées), et des femmes livrées à elles-mêmes durant le conflit et qui ont dû se mettre au service de l'occupant le plus souvent comme lingère ou femme de ménage.

Femme tondue à la libération

La collaboration a donc eu des répercutions négatives sur l’entourage des collaborateurs, mais aussi sur la population française qui a vécu dans un sentiment de crainte pendant toute la période où à duré le régime de Vichy. Pendant de longues années, et même encore de nos jours, ce sujet reste difficile à aborder, car il fait référence à une attitude de certains citoyens qui a oppressé le peuple durant 5 ans, jusqu’à la libération. De ce fait, les œuvres littéraires héroïsent la résistance. Il n’existe pas de livres expliquant ce qu’était la collaboration aux plus jeunes, cela dans le but de montrer quelle position était la meilleure.

 

Conclusion

À travers différentes œuvres, certaines relatant la résistance ( Les enfants de la liberté de Marc Levy, Le silence de la mer de Vercors), d’autres traitant de la collaboration (Juliette chemin des cerisiers de Marie Chaix, La douleur de Marguerite Duras), on peut se rendre compte que les écrivains héroïsent la résistance, montrent la bravoure de ceux qui y ont participé et veulent faire comprendre aux générations futures que sans toutes leurs actions visant à lutter contre l’ennemi, la libération qui apporte un sentiment de joie au peuple français aurait difficilement vue le jour. La vie quotidienne des Français est décrite comme d’une difficulté extrême, à cause des bombardements, du manque de denrées alimentaires et du sentiment de peur permanente. La population vit dans l’insécurité et la peur. C’est le règne de l’arbitraire.
La collaboration est exposée comme négative, les écrivains dénigrent les collaborateurs ainsi que toutes leurs actions. Cela dans le but de montrer aux lecteurs que cette attitude collaboratrice a ruiné de nombreuses vies, détruit des familles et qu’en cas de situation similaire, ce comportement ne serait pas à suivre. À travers leurs œuvres, les écrivains font un travail de mémoire, rétablissent certaines vérités historiques, afin que ces pages peu glorieuses de l’histoire servent à construire une société meilleure.

 

Annexe

Source : Internet

La résistance

les valeurs de la Résistance :
· http://www.39-45.org/portal.php

l’héroïsation de la Résistance :
· http://www.paris.fr/portail/viewPDFileServlet?file_id=5132
· http://www.lequotidienducinema.com/critiques/monsieurbatignole_critique/critique_monsieur_batignole.htm

Certains veulent conserver une vie « d’avant-guerre »

Des conditions de vie difficiles :
· http://ppognant.online.fr/tickets%2001.html
· http://www.histoiresocialedeslandes.org/front_populaire.asp
L’exode : de la zone nord à la zone sud :

Des grandes villes à la Campagne :
· http://pagesperso-orange.fr/memoire78/pages/debacle.html
· L'Histoire de France pour les nuls Jean Joseph Julaud

La Collaboration :

Des actions diverses :
· http://fr.wikipedia.org/wiki/Collaboration_en_France
· L'Histoire de France pour les nuls Jean Joseph Julaud

Les répercutions sur l’entourage et la population :
· http://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_tondues#Les_tondues_de_la_Lib.C3.A9ration
· L'Histoire de France pour les nuls Jean Joseph Julaud


Bibliographie :

Introduction

· Hatier T. L.S.ES., histoire, avril 2008
· Histoire 1re aux éditions Bordas.

La résistance

les valeurs de la Résistance :
· j’ai vécu la Résistance, de Pierrette Rieublandou

l’héroïsation de la Résistance :
· Les enfants de la liberté, de Marc Lévi

Certains veulent conserver une vie d’avant guerre :

Des conditions de vie difficile :
· Magnard, 3ième histoire géographie

L’exode : de la zone nord à la zone sud :
· Un sac de billes, Joffo

Des grandes villes à la Campagne :
· Juliette chemin des cerisiers, de Marie Chaix

La Collaboration :

Des actions diverses :
· Ritournelle de la faim
· Histoire 1re aux éditions Bordas

Les répercutions sur l’entourage et la population :
· Juliette chemin des cerisiers, de Marie Chaix
· La douleur, de Marguerite Duras

Résumé des œuvres

Juliette chemin des cerisiers, Marie Chaix :
Ce livre est une autobiographie de Marie Chaix, racontant la vie de sa famille durant l’occupation, à travers le point de vue d’une domestique : Juliette. Le père est un collaborateur, ce qui est sous-entendu tout au long du récit, ce n’est qu’à la fin que le mystère est éclairci sur ses activités suspectes. À travers ce livre, nous pouvons donc suivre les craintes, les préoccupations, l’attente d’une famille.

La douleur, Marguerite Duras :
Dans ce livre, Marguerite Duras nous livre le journal qu’elle a tenu durant l’occupation. Elle attend Robert L. son mari qui a été déporté. Lorsqu’elle apprend que le camp de concentration où se trouvait son mari a été libéré par les alliés, sa vie est bouleversée. S'en suit donc d'interminables jours d'attente entre moments d'espoir et de désespoir. Lorsqu’il finit par revenir, ce n’est plus le même homme, il est affaiblit, et a besoin d’une permanente attention.
Nous pouvons voir dans ce livre les ravages qu’ont causés les camps de concentration sur les individus qui y étaient détenus, mais aussi la difficulté pour l’entourage de survivre à la détention de leurs proches.

Les enfants de la liberté, Marc Levy :
C'est l'histoire romancée du père de l’auteur, qui a vécu toute sa vie avec son secret de guerre. Un jeune immigrant juif et son frère entrent dans la résistance et défendent leurs droits durant la Seconde Guerre mondiale, qui fait rage en France. Les jeunes usent de courage et de ruse pour arriver à leurs fins et parfois leur témérité héroïque les font mourir. Au-delà de la description de la résistance, ce livre nous donne la description de l’humanité de ces jeunes résistants.

Le silence de la mer, Vercor :
Un oncle et sa filleule hébergent un soldat allemand. Jamais, ils ne vont lui adressé la parole alors que lui vient tous les soirs pour parler du temps, de sa vision de la France et de sa culture. Un sentiment naît entre la fille et le soldat, mais ils n’échangèrent aucune parole , juste des regards.

Ce jour-là, Vercors :
Un petit garçon et son père partent en balade, mais le père n’a pas la même attitude que d’habitude. Il paraît distant et angoissé. La mère, comme à d’habitude, met le pot de géranium sur la fenêtre après que l’homme et son fils soit partis. Quand ils voient de loin la maison, le pot de géranium n’est plus là. Le père est encore plus angoissé. Il emmène son fils chez une dame, on apprend que sa mère est déportée et que son père la rejoint.

J’étais enfant sous l’occupation, de Donniot :
C’est l’histoire d’un enfant qui a une amie juive. Leurs pères sont partis à la guerre. Leurs mères décident de les mettre à l’abri en les envoyant à la campagne, chez la grand-mère de l’enfant. De chez la grand-mère, ils vont aller dans un autre village. Il nous explique leurs conditions de vie qui ne sont pas les même qu’avant la guerre. Il faut se priver, en plus il fait froid. À la fin de la guerre, ils retournent chez eux.

Un sac de billes de Joffo :
En 1941, Paris est occupé par les ennemis nazis qui obligent tous les juifs à porter l'étoile jaune. Peu après, les deux frères, Maurice (12 ans) et Joseph (10 ans), ne peuvent plus aller à l'école. Il faut fuir bientôt pour qu'ils ne tombent pas entre les mains de la Gestapo. Les deux gamins ont donc à franchir la ligne de démarcation sans papiers pour se mettre à l'abri. Arrivés à Menton, ils rejoignent leurs frères qui se sont déjà installés là-bas. Mais ils ne peuvent pas y rester et leur itinéraire les conduit à Nice où toute la famille est réunie.
Nice est occupé par l'armée italienne. Après quelques mois, les Italiens partent et les Allemands arrivent parce que les Américains attaquent déjà le sud de l'Italie. Les dénonciations commencent et il y a beaucoup d'arrestations de juifs. Les garçons partent pour le camp des jeunes Compagnons de France à Golf-Juan, tout près de Nice; les parents restent en ville. Quand ils veulent aller voir un ami à Nice, la police allemande arrive et les arrête tous de sorte qu'ils doivent subir quelques interrogatoires: Joseph nie qu'ils sont juifs. Avec l'aide de l'église, ils sont en liberté après plus d'un mois d'arrestation. Mais il leur faut fuir de nouveau. Les garçons vivent quatre années avec la peur d'être arrêtés. Enfin, en 1944, ils retournent à Paris. Le salon de coiffure existe encore, mais le père est mort.

 

Biographie des personnages historiques :

Philippe Pétain : (1856 – 1951) Militaire de formation, Philippe Pétain acquiert autorité et prestige durant la 1ère Guerre Mondiale, en organisant la défense de Verdun. Fait maréchal en 1918, il remplit divers missions pour l’Etat dans l’entre-deux-guerres. Le 18 mai 1940, le président Lebrun lui confie la vice-présidence du Conseil. Le 16 Juin, il devient président. Dès le lendemain, il demande l’armistice. Le 10 juillet, il instaure l’Etat français.

Adolf Hitler : (1889 – 1945) Homme politique allemand d’origine autrichienne, fondateur et figure centrale du nazisme, instaurateur de la dictature totalitaire du Troisième Reich. Porté à la tête de l’Allemagne par le Parti national-socialiste des travailleurs allemands qu’il reprit en 1921, il devient chancelier du Reich le 30 janvier 1933, puis se fait plébisciter en 1934 comme président. Sa politique est à l’origine de la Seconde Guerre mondiale, qui entraînera de nombreux crimes contre l’humanité, notamment l’extermination des juifs en Europe.

Jacques Doriot : (1898 - 1945) Homme politique et journaliste français. En 1920, il adhère au Parti communiste et devient secrétaire de la Fédération française des Jeunesses communistes en 1923. Il est exclu du parti en 1934. Préconisant une politique de collaboration avec l'Allemagne dès 1939, il dirige le journal collaborationniste Le Cri du Peuple, et s'engage en 1942 dans la Légion des volontaires français contre le bolchevisme, combattant sous l'uniforme allemand.

Marie chaix : née à Lyon le 3 février 1942, Marie Chaix est une écrivaine française. C’est le quatrième enfant d'Albert Beugras, bras droit de Jacques Doriot pendant l'Occupation à la tête du Parti populaire français.

Charle de Gaulle : Né à Lille (France) le 22/11/1890 ; Mort à Colombey-les-Deux-Eglises (France) le 09/11/1970.Symbole de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, « homme de la situation » pendant la Guerre d’Algérie et acteur principal de la construction de la Cinquième République, le général de Gaulle incarna la France pendant de nombreuses années. Passionné par le passé de son pays, il répondit présent à ses convictions en endossant le rôle du personnage qui ne subit pas l’Histoire mais la construit.

 

Voici un témoignage de M. Caman, qui a vécu la Seconde guerre mondiale :

Mon père avait été mobilisé, les autres hommes de notre nombreuse famille étant militaires de carrière. Ensuite j'ai souvenir d'une alerte aérienne nocturne. Je ne saurais en préciser la date. Nous sommes descendus à la cave, et par le soupirail, j'ai entendu une sorte de hennissement de cheval. Je pense maintenant que c'étaient des stukas qui attaquaient Villacoublay ? Si un vieux versaillais pouvait me confirmer ?

Par la suite, nous ne sommes jamais redescendus dans la cave, dont le séjour n'était pas agréable.
Hiver 39-40 froid, mais sans soucis particuliers. J'ai même appris récemment, en lisant de vieilles lettres, que mon père avait refusé d'être démobilisé (en raison de son âge et de ses charges familiales); non par patriotisme, mais parce qu'il trouvait un avantage matériel dans sa situation d'officier de réserve !
Quant à mon frère ainé, jeune sous-lieutenant, il nous écrivait en mars 40 depuis son sp:
"Hitler est bien embêté..."

Vint le mois de Mai; je sentis bien qu'il se passait des choses inquiétantes, mais sans plus.
Le 10 juin, mon père (enfin démobilisé) pris par la panique qui faisait partir les voisins à pieds, avisa la voiture laissée dans son garage par mon oncle. Mais mon père ne savait pas conduire et de toutes façons, il s'avéra que cette voiture n'était pas en état de démarrer. Si bien que nous sommes restés sur place et ce fut notre chance.
Quelques jours plus tard, d'énormes incendies colorent le ciel en rouge, et des retombées de suie grasse recouvrent toute la végétation. Le lendemain matin, mon père qui était parti faire des courses, est revenu précipitamment en nous disant d'une voix blanche: "Les allemands sont en ville". Puis, j'ai vu passer sous nos fenêtres un groupe de soldats français dépenaillés emmenés vivement par des soldats allemands. Malgré mon âge, cette vision m'a semblé humiliante.
Mon frère, grièvement blessé près de Gournay, avait été ramassé par une ambulance allemande et soigné en Belgique, ce qui lui valut d'échapper à la captivité.

Les semaines suivantes furent paisibles pour nous. Un officier allemand s'étant présenté pour réquisitionner la maison, ma mère, qui baragouinait un peu sa langue, lui indiqua une maison voisine que ses occupants avaient quittée pour partir en exode. A leur retour, ils la trouvèrent saccagée.
Ce fut l'un des moments les plus agréables de ma vie.
On pensait que la guerre était, sinon terminée, du moins éloignée de nous.
Seuls soucis: La blessure de mon frère tardait à se refermer.
Et je me souviens de l'air désolé de mes parents, à l'écoute de la radio un certain dimanche; je pense que c'était le jour de Mers-el-Kébir.

Le ravitaillement ne faisait pas encore défaut, et même, la ville s'étant vidée de ses habitants, les commerçants étaient bien contents de brader leurs marchandises. Ma mère, ayant retenu la leçon de 1914-18, en profita pour faire des provisions.
Nous avions la chance de disposer d'un grand jardin (8.000m2).On y mit des poules, des lapins, et on acheta une chèvre.
Cela ne suffit pas à remédier aux restrictions. Il fallut "se débrouiller". Il y avait: les cartes d'alimentation-bidons, le marché noir, et les colis. C'est fou comme mes parents se découvrirent des relations en province. Nous guettions les colis, ou plutôt, nous allions les chercher à la gare. Pour vérifier qu'il n'y avait pas de détournements, l'expéditeur écrivait des vers d'une fable de La Fontaine sur le papier d'emballage...
Le plus pénible était de faire la queue. Ma mère eut droit à une carte de priorité. Ça ne plaisait pas à tout le monde. Un jour qu'elle voulut s'en servir, une dame lui fit remarquer que cette carte ne pouvait lui appartenir parce qu'elle était beaucoup trop vieille pour avoir de jeunes enfants. Ma mère ne s'est pas démontée et un échange de paroles aigres-douces s'ensuivirent qui amusèrent les hommes présents.

La boulangère pesait le pain (noir) de chaque client, en coupait, en rajoutait...
Un matin, sur le chemin de l'école, un homme portant une caisse de menuisier m'a abordé en me tendant un ticket et m'a dit: "tiens, va m'acheter du pain à la boulangerie qui est là (à 50 mètres)". Je ne me suis pas arrêté, et j'en ai presque des remords parce que cet homme avait sûrement faim et n'était probablement pas en situation régulière. Peut-être sa caisse contenait-elle autre chose que des outils ?
Avez-vous entendu parler de la saccharine? Elle se présentait sous forme de petites pastilles; eh bien j'ai vu l'épicière les compter une par une, et même, croyez-moi si vous voulez, en scinder l'une en deux !
A propos de sucre, le dextrose était en vente libre en pharmacie. Encore fallait-il le savoir et avoir de quoi le payer.
Quant au lait, dont l'épicière me versait à partir de sa cuve une mesure d'1quart de litre, il suffisait d'en déposer une cuillerée sur une toile cirée pour constater qu'il contenait une bonne part d'eau.
Il faut mentionner aussi: les galoches à semelles de bois pliantes (eh oui); ou ressemelées avec du vieux pneu.
Autre invention: le réchaud à papier.
Un gros problème était le chauffage. En hiver, il fallait descendre tous les soirs dans la cave vidanger le compteur d'eau. C'est dire la température qui règnait dans la maison.
R.A.S. de particulier jusquà l'été 41.

Mon père avait obtempéré à l'injonction des allemands de remettre toutes les armes. Même
un vieux fusil à pierre datant de la guerre du Mexique...Heureusement, l'un de mes frères a quand même subtilisé un fusil de chasse que nous avons soigneusement enterré à l'insu de mon père. Je n'ai jamais retrouvé l'emplacement...
En 1945, nous avons récupéré seulement le fusil à pierre au fort de Vincennes, parmi une quantité incroyable d'armes rangées dans des rateliers immenses.
Mon lieutenant de frère, enfin remis de sa blessure, se fit affecter à Ghardaïa, en Algérie. Je n'ai jamais compris que les allemands l'aient laissé partir...?
Petite anecdote marrante en passant: Il avait fait la connaissance d'une gentille infirmière à l'hôpital de Liège. Trop gentille. Pour fêter sa guérison, elle l'avait invité dans un restaurant parisien réputé (donc cher). En 1945, il a cherché à savoir ce qu'elle était devenue. On lui a appris qu'elle avait été mise en cabane "pour intelligence avec l'ennemi". Elle n'est jamais devenue ma belle-soeur...
Aux vacances, ma mère voulut aller rendre visite à mes soeurs qui étaient installées en Haute-Savoie, donc en zone libre. Un laissez-passer était nécessaire.
A cette fin, ma mère se rendit avec moi à la Kommandantur de Saint-Germain-en-laye, où on lui fit des difficultés.
Après avoir poireauté un bon moment dans un bureau sans chaise, elle dut déclarer par écrit qu'elle n'était pas juive "au sens de la loi allemande".

Une fois obtenu le laissez-passer, il fallait se procurer les billets de train. Pour cela, il fallait faire la queue toute une nuit devant les guichets de la gare de Lyon.
Les contrôles au passage de la ligne de démarcation avaient lieu à Mâcon. Le train s'arrêtait 1 heure en gare.
Un gendarme allemand est monté dans le wagon, accompagné d'un soldat un long flingue à l'épaule.
L'air bonasse, il a vérifié les laissez-passer. Je l'ai trouvé ridicule avec la grande plaque marquée "feldgendarmen"
qui pendait autour de son cou. Puis sont montés deux hommes en civil. Une dame a dit dans un souffle: "C'est la jestapo". Tout le monde se tenait à carreaux. Quand l'un des deux policiers s'est présenté à la porte, l'un des occupants du compartiment lui a tendu ses papiers. "Non, Môssieu, a dit l'homme, donnez-moi votre portefeuille".
Les formalités étaient terminées, je commençai à trouver le temps long, quand les haut-parleurs du quai égrenèrent les noms de voyageurs invités à descendre du train. Bien entendu, personne n'a bougé. Je suppose que c'était une ruse grossière dans l'espoir qu'un individu recherché se trahisse (ou soit trahi ?)
Heureusement, 5 minutes après, le train a quand même démarré et s'est élancé joyeusement en zone libre dans l'aube naissante.

J'ai fait un deuxième voyage aux vacances 1942 dans des conditions similaires.
Le village qu’habitaient mes soeurs étant proche de la Suisse, je n'ai pas manqué d'aller faire quelques pas en territoire helvétique. Je peux attester que rien n'était plus facile. La frontière était matérialisée par un alignement de troncs de sapins. Apparemment, il n'y avait personne pour la surveiller... Par contre, en août 1945, j'ai accompagné un groupe de jeunes qui a tenté une petite incursion par un autre itinéraire, et nous avons été interceptés par un douanier suisse en armes. Pour l'amadouer, nous avons fait mine de le prendre en photo. Non, nous a-t-il dit, on ne photographie pas un soldat suisse ! Et il nous a obligé à faire demi-tour.
La guerre se manifestait à moi principalement par la voie des airs.
Je ramassais régulièrement dans le jardin "le courrier de l'air'", autrement dit des tracts lâchés de nuit par la RAF. (Je les ai conservés, s'ils intéressent quelqu'un, je peux lui faire parvenir des photos)
Et aussi des rubans de papier aluminisé qui ne laissaient pas de m'intriguer. J'ai su plus tard qu'ils étaient destinés à aveugler les radars.

Je ne me rappelle plus exactement quand le spectacle a commencé; les alertes sont devenues banales, quasiment tous les jours, et nous n'y prêtions plus attention. Tout commençait par le mugissement de la sirène, en 6 modulations, et la plupart du temps il ne se passait rien.
Mais parfois, le son grave de la sirène qui s'éteignait était repris par un grondement sourd et lointain . C'était les bombardiers; les enfants ont l'ouïe fine et je prévenais les adultes. On ne tardait pas à percevoir à l'horizon, du côté ouest, des groupes de points . Ils s' approchaient, s'approchaient, en même temps que le bruit des moteurs s'amplifiait. Puis, tout d'un coup, le fracas de la DCA allemande se déchainait. Nous avions fini par reconnaître les voix de différentes batteries. Autour des formations d'avions, des flocons noirs s'ouvraient. Les éclats d'obus se mettaient à tomber, à la grande joie des gamins que nous étions et qui en faisaient collection.

Une fois les avions passés, des guirlandes de petits nuages noirs ornaient encore quelques temps le ciel. Il m'est arrivé d'en observer dont la taille augmentait et qui prenaient la forme d'un tore, comme les ronds que peut faire un fumeur.
Versailles n'était pas la cible des avions. A ma connaissance, la ville n'a été bombardée qu'une seule fois, et c'était la gare appelée "des chantiers" qui était visée. Ce matin là d'avril 44, je fus tiré du lit par un vacarme soudain et inhabituel. A tel point que je me dis tout haut: cette fois "ils" exagèrent. Puis la sirène s'est vite mise en route, comme pour se faire pardonner son retard. En m'approchant de la fenêtre, je vis un avion à moyenne altitude larguer une fusée rouge vif qui descendit lentement à la verticale à environ 2 km droit devant moi. Je compris et je m'inquiétai. En effet, une, puis d'autres explosions envoyèrent valser en l'air des matériaux. Je remarquai un certain écart entre le point de chute de la fusée et celui des bombes. Les bombardiers, peu nombreux, volaient beaucoup plus bas que ceux qui passaient d'habitude "sans s'arrêter". Ils prenaient des risques et pourtant la dca m'a paru ce jour là peu active.

C'était jour d'école et j'y allai à l'heure. J'y retrouvai des camarades. Pas tous. Le directeur eut un comportement que je comprends mal encore aujourd'hui. Il nous dit: "Allez donc voir ce qui s'est passé." En effet, à quelques centaines de mètres, la rue était barrée par un tas de décombres sur lequel s'affairaient des sauveteurs improvisés. Avec mes copains, nous avons fait un détour pour nous approcher de ce qui restait d'une maison, à savoir des gravats dans beaucoup de poussière...Un matelas d'enfant reposait sur les fils téléphoniques...
Nous sommes retournés à l'école. Je me souviens d'un camarade peu bavard. Il était là, et pourtant, la maison dont je viens de parler était pratiquement mitoyenne de la sienne. Peut-être était-il en état de choc ?
Cette maison se trouvait à 1800mètres de la cible visée, et d'autres bombes sont tombées plus loin encore...
Les versaillais se sont interrogés sur l'intérêt militaire de ce bombardement qui a eu lieu à une heure de relative affluence. Le bruit a couru qu'il avait été organisé sur la foi d'un renseignement transmis à Londres par la résistance, et qui était en réalité fantaisiste.

L'activité aérienne s'est intensifiée jusqu'à la libération.
Un après-midi de juillet 44, par temps clair,des bombardiers se sont approchés à une altitude particulièrement élevée. On les voyait comme de petites croix brillantes, par groupes de 14. (boxs), qui se succèdaient à 5 minutes d'intervalle. Parfois, des trous dans leur formation serrée donnaient à penser que des appareils étaient manquants..
Rapidement, la DCA a "allumé" littéralement un avion, qui a laissé échapper une trainée jaune et noire gigantesque, tout en poursuivant une trajectoire à peu près normale. Au bout d'un moment qui nous a semblé long, une petite corolle blanche est apparue à l'arrière de l'appareil. Nous commencions à nous réjouir pour l'aviateur qui sauvait ainsi sa vie, quand la corolle a disparu dans une grande flamme brève. Puis, une deuxième corolle s'est ouverte. J'ai crié: Faut pas ouvrir si vite ton parachute ! Las, la même scène s'est reproduite...C'est tout. L'avion, toujours en feu, a poursuivi sa trajectoire; je me demandais comment il pouvait encore tenir l'air et ce que devenait le reste de son équipage; enfin, il s'est délesté de ses bombes. Encore un petit moment, puis il s'est désintégré en morceaux. Le ciel était vide.Je n'ai vu aucun autre parachute.
Une deuxième formation s'est présentée; la DCA a dressé devant elle un rideau de flocons blancs. Il était évident qu'un avion au moins allait être touché. .Je frémis devant le courage qu'il fallait aux pilotes pour ne pas dévier de leur trajectoire. Et, effectivement, quelques instants après, un avion a encore été atteint. A ce moment là, je me suis demandé si la guerre n'allait pas être perdue, si les alliés n'allaient pas renoncer...

Je suppose que les bombardiers volaient groupés pour échapper aux chasseurs; mais, ce faisant, ils facilitaient le travail de la DCA. Et je n'ai pas vu de chasseurs...(mais peut-être étaient-ils trop haut pour que je les aperçoive ?)
Une autre fois, un "Libérator" (reconnaissable à sa double dérive) a été coupé en deux. Il est tombé en tournoyant comme une feuille morte; j'entends encore le sinistre ronflement de ses moteurs lancés à plein régime. Il est tombé dans les bois de Vélizy. Un camarade de mon frère qui habitait non loin de là s'est rendu sur les lieux avant les allemands et a récupéré les papiers d'un membre de l'équipage. Il a contacté la famille après la libération, et je crois qu'il a été invité aux USA.
Un autre jour du même mois, alors que je me trouvais dehors avec mon père qui bricolait, des chasseurs ont fait une incursion au-dessus de la ville. Aussitôt, la dca s'est déchainée très fort. Des éclats d'obus ont commencé à tomber. Mon père m'a demandé de me mettre à l'abri. Lui-même a continué son travail. Pourtant, on entendait le bruit des éclats qui traversaient le feuillage du marronnier sous lequel il se croyait sans doute abrité..
Je n'avais pas fait quelques pas que j'ai entendu le chuintement d'un éclat passer à moins d'un mètre de mon épaule et qui s'est fiché en terre.

Ma mère, qui distribuait dans la cour du grain à ses poules, s'est dirigée sans se presser vers la porte de la maison, suivie des poules qui n'avaient pas eu leur compte, elles-mêmes suivies du coq. J'ai vu alors celui-ci sursauter tandis que le bruit d'un éclat d'obus résonnait sur le pavé: Je crois bien qu'il avait traversé la queue du volatile !
Nous trouvions que les alliés tardaient à enfoncer le front..
Enfin, nous avons vu des allemands épuisés traverser la ville dans des équipages de fortune. Parfois dans des charrettes, souvent dans des voitures civiles camouflées par des branchages. J'en ai même vu une dont les occupants en uniforme, pour faire bonne mesure, avaient tendu en plus un drapeau blanc sur le toit.
Les bombardements continuaient dans la région; notamment à Trappes où nous sommes allés en vélo voir la gare de triage bombardé 3 semaines auparavant. Sur la route, bien avant d'arriver, les champs étaient littéralement labourés de trous de bombes. Sur place, que des ruines sur lesquelles planait un silence de mort. Un cheminot qui semblait dépassé nous a dit en nous montrant un passage sous les voies effondrées: "On croit que le chef de gare est là dessous..." Mais personne pour déblayer...

Le risque d’être surpris par un bombardement était tel que les récoltes se faisaient à la sauvette. Ainsi, on allait dans les champs arracher les rames de petits pois, on les mettait dans la remorque du vélo, et on rentrait bien vite à la maison pour cueillir tranquillement les gousses.
Le bruit courut qu'un américain seul sur une moto avait fait un raid depuis Laval jusqu'à Nogent-le-Rotrou. Difficile à croire, mais ça nous faisait plaisir.
Le 12 août, mon frère apprit que le camp de Satory avait été abandonné par les allemands. Aussitôt, il m'y emmena en vélo avec lui, dans le secret espoir de récupérer des armes. Mais beaucoup d'autres pillards nous avaient précédés, et nous n'avons trouvé que...d'immenses rouleaux de papier photosensible pour tirer des plans, et des skis avec les chaussures adaptées.
Tout à coup, un mauvais plaisant cria: "voilà les ss !". C'était plausible et nous avons filé la peur au ventre.
Le 23, nous appriment que les alliés étaient à Rambouillet. Nous n'avons donc pas été surpris quand nous avons entendu le lendemain des bruits de fusillades. Je m'attendais même à davantage de grabuge.
Vers 17 heures, un petit avion d'observation nous a survolés à une altitude d'environ 300 mètres en se dirigeant vers l'est. Il portait sous ses ailes les rayures noires caractéristiques de l'armée de l'air américaine. Des tirs d'armes légères se déclenchèrent sur lui. J'ai été étonné, parce que je croyais les allemands déjà partis. Je voudrais bien savoir quelle était la mission de cet avion ?

A-t-il été atteint ? Toujours est-il, d'après un camarade qui avait une meilleure visibilité, qu'il a effectué un virage, et je crois qu'il s'est posé sur l'avenue de Paris, (qui est très large); car le lendemain, la carcasse incendiée d'un petit avion s'y trouvait. On sait que les résistants de la préfecture de police à Paris ont reçu à la même heure un message jeté par un petit avion. S'agit-il de celui que j'ai vu ? J'ai entendu dire que son équipage était constitué de 2 canadiens, qui ont été tués..
La nuit venue, nous avons entendu et observé des tirs d'artillerie. On voyait des grappes de 4 ou 5 points lumineux monter dans le ciel et s'éteindre. J'ai su plus tard que c'étaient les canons de la 2ième DB qui tiraient depuis le pont de Sèvres sur une batterie allemande implantée à Buzenval. Mais, sur le moment, je m'inquiétai, parce que je pensais que c'était l'artillerie allemande qui tirait sur les troupes alliées...

A 22 heures, nous avons entendu à la radio la nouvelle que Paris était libérée. Ça nous a laissés sceptiques, parce que nous n'avions pas l'impression que Versailles l'était...
Je me suis couché, pas trop rassuré. Au matin, j'ai vu passer sous nos fenêtres un civil, un brassard FFI au bras gauche, un pistolet dans la main droite, un peu frimeur...Il marchait en sens inverse de celui dans lequel j'avais vu passer 4 ans plus tôt des soldats allemands, et je vis là le moment symbolique de notre libération.
Alors, nous avons mis aux fenêtres les drapeaux américains et anglais que nous avions soigneusement préparés; les voisins en ont fait autant, et nous sommes partis en ville, ma soeur et moi.
A la préfecture, des camions qui n'étaient pas allemands étaient rangés, mais point de soldats. J'étais un peu déçu, je croyais voir un déploiement de moyens militaires. La façade de l'hôtel de ville était marquée de quelques impacts.
Le spectacle était dans la rue principale, mais quel spectacle ! Des femmes à moitié dévêtues, la chevelure défaite, étaient promenées à travers la ville et malmenées. Je demandai à ma soeur: "Mais qu'ont-elles fait pour être traitées ainsi ?" Elle me répondit laconiquement: "Elles sont allées avec des allemands". Je ne compris que quelques années plus tard...
Le soir, nous sommes retournés en ville, où j'ai aperçu un attroupement et entendu des discours. Nous avons appris que l'aviation allemande avait bombardé Paris.

Une journée comme celle-là, tous ceux qui l'ont vécue vous diront qu'elle a été unique de fraternisation populaire.
Une fois la libération acquise, la suite des opérations militaires nous parut une formalité.
Ce n'était pourtant pas le cas, et les restrictions ne cessèrent pas du jour au lendemain.
En novembre, j'ai eu quelques inquiétudes en entendant une conversation au cours de laquelle des jeunes (des "grands" pour moi), qui semblaient regretter la retraite allemande, faisaient état d' armes nouvelles qui permettraient à Hitler de renverser la situation...

Une grande distraction des ados était de parcourir les bois des environs à la recherche de munitions abandonnées.
Et on en trouvait ! Je me souviens d'obus, calibre 20 mm je crois, qui jonchaient le sol autour de leurs caisses éventrées. Les plus hardis tentaient de séparer les obus des douilles, puis de dévisser les détonateurs. Les accidents mortels n'ont pas cessé, des mois durant.
Un élève de 3ième a exhibé en classe, toute une journée, une grenade à manche. Le soir, sur le chemin du retour, il a déclenché l'explosion. On imagine la peur rétrospective de ses camarades, le lendemain...
Un jeudi, mon frère avait découvert un "site". Il a donné le tuyau à un camarade de classe, lequel s'est rendu sur les lieux la semaine suivante. Là, il a commis l'imprudence de cogner une munition contre un arbre pour désolidariser l'obus de sa douille. L'obus a explosé et le garçon en est mort.

J'ai participé à une expédition d'un genre un peu différent. C'était au début du printemps 1945. J'ai accompagné un cousin et mon frère, qui avaient 17 ans, toujours en vélo, à Toussus-le-noble où les américains avaient installé une base secondaire. A l'extrémité du terrain était entreposé un cimetière d'avions. Des bombardiers criblés d'impacts, dans lesquels se trouvaient encore des trésors à récupérer pour l'excellent bricoleur qu'était mon cousin. Oui, mais ce terrain était "terrain militaire", donc interdit et bien gardé. On est rentrés quand même en douce. Je jouais à me promener sur des fuselages et des ailes, quand une patrouille nous a rejoints. On nous a conduit au poste de commandement, après nous avoir dit (et je crois que ce n'était pas du bluff): "Vous avez de la chance que les jours rallongent, car, si nous vous avions vus à la même heure cet hiver, nous ne nous serions pas dérangés; nous vous aurions tiré dessus directement à la mitrailleuse".

Un gradé s'est livré devant nous à un simulacre de jugement. C'est du moins ce que je crois, car je ne comprenais pas les propos qu'il échangeait avec le soldat qui nous gardait. Sur le bureau du gradé était posé en évidence un énorme pistolet...Je me demandais s'il allait nous traiter comme des franc-tireurs, car j'avais entendu parler de snipers "passés par les armes", quand le soldat a introduit 3 cartouches dans le chargeur de sa carabine, et la terreur m'a envahi...
Nous avons été embarqués dans un GMC au commissariat de police de la ville. Un brave agent qui retournait chez lui, en nous apercevant, a demandé: "Qu'est-ce qu'ils ont fait?" Ses collègues l'ont mis au courant. Il a alors cru très drôle de déclarer à notre adresse: "Oh, alors, ça mérite la guillotine !" Mais je n'étais pas du tout sûr qu'il plaisantait ...
Nous avons été relâchés, et l'affaire s'est arrêtée là.

Les bonnes nouvelles s'affichaient dans la vitrine d'un libraire sous forme d'une grande carte sur laquelle des fils tendus par des punaises marquaient de jour en jour le rétrécissement du territoire allemand.
Puis vint un beau jour de Mai où nous fut annoncée la fin de la guerre, qui, en fait, n'était pas finie, puisqu'il restait le Pacifique. Mais c'était loin de nos préoccupations.
Il y eut le retour des déportés; on les reconnaissait dans la rue à leur extrême maigreur.(Quand je vois des films tournés aujourd'hui sur un sujet de l'époque, les acteurs sont peu crédibles car ils ont trop bonne mine)... Le sort de Laval, le procès Pétain; la bombe d'Hiroshima qui suscitait des commentaires d'une rigueur scientifique douteuse...

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