L'offensive vue du côté allemand

Jochen Peiper

 

 

Le 16 décembre, à partir de 5H30, la 6ème Panzer-Armée reçoit l'aide d'une forte préparation d'artillerie qui s'abat sur le front des V ème et VIII ème Corps US. L'artillerie lourde envoie ses projectiles sur Eupen, St Vith, Malmédy et même jusqu'à Verviers. Par contre, du côté de la 5 ème Armée, von Manteuffel interdit une telle préparation car il estime qu'elle nuirait à l'effet de surprise, prépondérant pour cette offensive. De plus, un gaspillage de munition serait peu à propos étant donné la dispersion des places tenues par les effectifs alliés face à lui.

A 8H00, l'attaque commence dans le brouillard. Les observatoires avancés sont les principaux objectifs prioritaires car leur perte handicapera l'action de l'artillerie qui ne peut compter sur les observation aériennes de par le mauvais temps.
Au nord, la 2ème Division US résiste fortement du côté de Montjoie et l'avancée allemande en est fortement ralentie. Au centre pourtant, un point faible est découvert entre le V ème et VIII ème Corps : la dépression de Losheim, entre les massifs d'Elsenborn et du Schnee Eifel n'est tenue que par un mince Cavalery Group. Celui-ci est percé, et la 99 ème Division US doit se replier sur le plateau d'Elsenborn ou elle se retranche.
Le LXVI ème Corps allemand a embouti les défenses de la 106 ème Division américaine et pousse sur St Vith. Les LVIII ème et XLVII ème Corps blindés avancent rapidement.
Au sud, la 7 ème Armée pénètre dans Echternach et avance de 5 km. Cependant, un petit groupe de combat de la 4 ème Division US, avec l'aide de l'artillerie frappent les troupes allemandes qui sont bloquées.

Le 17 décembre, toutes les attaques sur Montjoie sont brisées. Le 1 ère SS Panzer Division pousse sur Malmédy, Stavelot et Trois-Ponts.
Du côté de la 5 ème Armée, l'avance, bien que moins rapide que prévue est satisfaisante.

Le 18 décembre, aux deux extrémités du front, à Montjoie et Echternach, les américains se ressaisissent et contre-attaquent. L'avance allemande y est définitivement stoppée.
Autour de St Vith, les progrès sont importants, mais la ville reste aux mains des Américains. Afin de tenter de faire éclater cette défense, la Führer Begleit Brigade est envoyée en renfort au LXVI ème Corps . Mais cette unité se trouvait à ce moment à 40 km du front. Elle avait reçu l'ordre, le 17 de se mettre en mouvement. Elle n'arrivera à destination que trois jours plus tard, ralentie par les embouteillages, le mauvais état des routes, et son inexpérience.

Le 19 décembre, les défenseurs américains du Schnee Eifel qui sont encerclés depuis le 16 se voient obligés de rendre les armes et 9000 hommes sont ainsi faits prisonniers.
Au nord de Bastogne, la progression est rapide. Bourcy vient de tomber. A l'est et au sud-est, la résistance vaillante de petits groupes américains font perdre un temps précieux aux Allemands. Ceci permet la mise en place du dispositif défensif de Bastogne par la 101 ème Division Aéroportée américaine et le Combat Command de la 10 ème Armored Division.

Le 20 décembre, au nord de Bastogne, Noville est atteinte.

Le 21 décembre, ni St Vith, ni Malmédy ne sont tombés aux mains des Allemands malgré leur presque encerclement.
La 2 ème SS Panzer-Division qui n'a pas encore combattu jusqu'alors engagera des unités blindées pour tenter de faire tomber St Vith.
Le LVIII ème Corps Blindé par contre a bien avancé. La 116 ème Panzer Division s'empare de La Roche et atteint Hotton. Comme Bastogne résiste à tous les assauts, la 2ème Panzer Division, imitée par la Panzer Lehr utilisent la tactique de Hutier qui consiste à contourner l'obstacle et le dépasser, laissant le soin aux suivants de réduire la place. Cette tactique a déjà fait ses preuves car les défenseurs se sentent isolés et perdus et, de plus, le ravitaillement est pratiquement impossible. La seule solution étant alors de se rendre. Toutefois, la deuxième Panzer est contrainte de perdre presque une journée du côté de Flamierge à cause d'une seule compagnie américaine, le brouillard rendant celle-ci plus importante qu'elle ne l'était en réalité.

Le 22 décembre, la défense de St Vith par la 7ème Armored division US a pris fin et les défenseurs ont pu se replier.
Il est à noter que, bien que moins médiatique que la défense de Bastogne, cette défense de St Vith a été bien plus importante. En effet, cet épisode a vu la mobilisation de la Führer Begleit Brigade, ainsi qu'une partie de la 2 ème SS Panzer Division qui furent ainsi empêchées de mener à bien leurs missions premières.

Le 23 décembre, au nord, de Montjoie à Trois Pont, tout espoir de progression n'est plus qu'une utopie. Au centre, l'offensive arrive à 3 km de Marche, St Hubert est occupé et Bure est atteint.
Dans le Grand Duché de Luxembourg, tout espoir d'avancée est abandonné depuis longtemps.
Comme la seule poussée vraiment intéressante se trouve du côté de la 5 ème Armée, un effort supplémentaire est consenti dans ce secteur, vecteur de tous les espoirs allemands.

Le 24 décembre, la 9 ème Panzer Division, initialement en réserve est mise à disposition du 47 ème Panzer Korps. Celle-ci, bloquée un temps à Houffalize, trouve du carburant, mais se fait contrer dans les environs de Marche.
C'est à cette date qu'une proposition est faite à Hitler. Cette proposition n'est en fait que la « petite » solution qui fut initialement proposée au Führer avant même l'offensive. Elle consiste à créer un front solide sur la Meuse du côté de Dinant. De là, des divisions Panzer feraient un crochet pour foncer vers Maastricht et anéantir quelques divisions américaines et en même temps réduiraient le saillant d'Aix-La-Chapelle.
Hitler accepte, mais moyennement quelques restrictions.
Ce même jour, les avant-gardes de la 2ème Panzer arrivent à Celles, à 9 km de Dinant.
Son homologue SS attaque du côté de Manhay et Grandmesnil qu'il enlève avec de grosses difficultés.

Le 25 décembre voit le point extrême de l'offensive allemande. A partir de cette date, le ciel s'éclaircit laissant la voie libre a l'aviation alliée, qui, en l'absence presque complète de la Luftwaffe, s'en donne à cœur joie sur les colonnes de véhicules et les chars embusqués allemands.

Model avait déclaré que la Meuse devait être atteinte pour le 20 décembre pour que l'offensive ait une chance de succès.
Alors que l'Offensive en était à J + 9, la Meuse n'était pas atteinte !

 

L'offensive de la 1ère SS Panzer Division

Le 16 décembre à 5H30, l'artillerie et les lances roquettes allemands préparent l'offensive.
Ceux-ci se sont à peine tus que le 3 ème Fallschirmjäger (parachutiste) se porte à l'attaque, mais les champs de mines les empêchent d'avancer comme ils le voudraient.
L'avant garde de la 1ere SS-Panzer attend. Cette division peut entre autre compter sur la puissance de ses 42 Tiger II.
Une deuxième colonne formée du 2 ème SS-Panzergrenadiere-Regiment et du groupe de reconnaissance est sur le point de démarrer vers Krewinkel.
Le 2 ème SS-Panzer-Regiment est en réserve. Le soir du 16 décembre, Peiper estime que la progression du 3 ème Fallshirmjäger est trop lente et n'attend pas que ceux-ci aient déminé tout un champ de mines. Il envoie ses blindés (en perdant 6) et lance son unité. Vers minuit, il est à Lanzerath. Durant la nuit, il progresse encore, atteignant Honsfeld vers 6H00 le 17 décembre ou il capture 500 prisonniers. Une cinquantaine de personnes, dont trois civils y sont abattus. Une heure plus tard, sont avant garde se trouve à Bullange. Les Allemands s'y emparent de vivres, et, chose plus importante encore, de 19 000 litres d'essence. L'unité reprend alors l'itinéraire prévu.
Vers 12H30, la tête de la colonne Peiper, débouchant de Thirimont aperçoit une série de véhicules américains traversant le carrefour de Baugnez en direction de Ligneuville. Les chars ouvrent le feu, immobilisant la colonne.
La majorité des hommes de la batterie B du 285 ème Bataillon d'observation et d'artillerie sont capturés. (Voir massacre de Baugnez).
La colonne blindée reprend la route. A Ligneuville, la tête d'avant-garde de Peiper manque de peu la capture d'un QG d'artillerie anti-aérienne mais détruit des éléments logistiques et massacre 8 prisonniers.
Le 18 décembre, le régiment de Hansen progresse vers Poteau tandis qu'à 8H00, Peiper pénètre dans Stavelot.
Le pont est capturé intact, ce qui permet à la colonne de poursuivre son avancée. Le long de la route Stavelot-Francorchamps se trouve un important stock d'essence. Peiper passe à proximité sans se douter de sa présence. L'importante partie du stock qui n'a pas pu être évacuée est détruite par le 5 ème Bataillon belge de Fusiliers pour que les Allemands ne puissent l'utiliser.
Vers 11H15, Peiper atteint Trois-Ponts. A la vue des éléments allemands de tête, le génie américain fait sauter le pont.
L'itinéraire prévu devant passer par Werbomont, Peiper se voit contraint de faire le détour par La Gleize, Cheneux, Rahier.
Des chasseurs-bombardiers alliés mitraillent et bombardent la colonne aux alentours de La Gleize et Cheneux. Peu de dégâts, mais un retard important donne aux Américains le temps de miner le pont de Neufmoulin. Celui-ci saute juste devant les premiers chars allemands.
Les unités de reconnaissance allemandes envoyées pour tenter de trouver un gué sur la Lienne sont repoussées par les éléments de la 82 e D. Abn. Arrivés en renfort.
Peiper se voit contraint de revenir sur ses pas jusque La Gleize et de franchir l'Amblève au delà de Stoumont.
Vers minuit, le groupe de reconnaissance de Knittel rejoint à son tour La Gleize par Stavelot où il est pris sous le feu du 117 ème Régiment de la 30 e D.I. U.S. qui occupe depuis l'après-midi, la partie nord de la ville.
Le mardi 19 décembre, Peiper tente toujours de trouver un gué sur la Lienne qui lui permettrait de reprendre la direction de Werbomont. Les résistances américaines sont de plus en plus fortes. A Stavelot, la situation tourne à la faveur du 117 ème Régiment qui isole Peiper de ses arrières. Toutes les contre-attaques des SS sont brisées par l'artillerie américaine. Les SS se vengent en assassinant de nombreux civils à Ster, à Parfondry et Renarmont.
Le lendemain, suite aux contre-attaques des 30 ème D.I. et 82 ème Abn., Peiper est bel et bien encerclé dans le triangle La Gleize-Cheneux-Stoumont.
Après de longs combats, Peiper se replie à La Gleize le 22 décembre. Toutes ses attaques sont des échecs. Malgré des tentatives d'approvisionnement en essence par la Luftwaffe durant la nuit (la plupart des containers tombent dans les lignes américaines), Peiper ne voit qu'une solution : détruire ses véhicules et rejoindre les lignes allemandes par infiltration. Il tente le tout pour le tout dès le 24 décembre à 5 H 00. Les blessés sont laissés à La Gleize, mais il emmène avec lui le major américain Mc Cown capturé quelques jours plus tôt. En fait, Mc Cown est une sorte de garantie. Peiper lui demande sa parole qu'il ne cherchera pas à s'enfuir. Avant l'aube, le groupe atteint Brume ou ils rejoignent l'unité d'avant-Garde. Le groupe remonte alors vers Coo. Le pont étant détruit, ils restent cachés toute la journée dans les bois environnants. Un peu après la tombée de la nuit, ils traversent la route entre Basse-Bodeux et Trois-Ponts et sont pris à partie par un poste américain près de Bergeval. Mc Cown profite de la fusillade pour s'enfuir. Peiper, croyant que Mc Cown n'aurait pas oser renoncer à sa parole croira que celui-ci a été tué durant la fusillade.
Dans la matinée du 25 décembre, les 800 Allemands qui ont réussi à s'échapper rejoignent leurs lignes aux environs de Wanne. Après un peu de repos, ils seront ré équipés dans la zone boisée de Petit-Thier, près de Vielsalm...

L'offensive de la 2ème Panzer Division

Le 16 décembre à 5H30, l'artillerie et les Nebelwerfers pilonnent les positions américaines. Les fantassins traversent l'Our à 8H00.
A 9H00, les pionniers allemands commencent la construction du pont à Dasburg. A 16H00, le pont est enfin achevé, et les premiers véhicules peuvent traverser.
Le détachement de reconnaissance s'avance vers Münchhausen afin de couvrir au sud, la pénétration de la 2ème Panzer-Division sur Clervaux. Dans la nuit, l'infanterie allemande se glisse dans un pâté de maison de Clervaux.
La route principale est tenue par quelques fantassins et deux ou trois chars. La défense principale se concentre surtout au château. Entre 18H30 et 19H00, le bataillon de Panzer IV du 3 ème Panzer-Régiment traverse la ville durant la nuit suivi par le bataillon de Panther. Si les tirs des armes légères provenant du château ne leur font pas grand mal, il n'en est pas de même pour l'infanterie. Vers midi, les Allemands mettent le feu au château à l'aide de projectiles au phosphore. La garnison se voit contrainte de rendre les armes.
Des rumeurs alarmantes décidèrent Middeltown à envoyer quelques task-forces (bataillons mixtes organisés pour une mission) tout autour de Bastogne afin d'empêcher la prise de celle-ci. C'est ainsi qu'il envoya la Task-Force Rose au carrefour Antoniushof (à quelques kilomètres de Clervaux. Les Panther et Mark IV du groupement de reconnaissance de la 2 ème Panzer n'en firent qu'une bouchée et à 14H30, les Shermans étaient neutralisés.
Une autre Task-Force (Harper) fut envoyée peu avant la frontière belge. Les chars américains, alignés le dos à un bois est repérée par les avants garde de la 2ème Panzer. Après un déluge de feu d'un quart d'heure, la Task-Force Harper est anéantie. Il est 22H00. La division se dirige vers Bourcy et Noville.
Quelques escarmouches ont lieu avec des rescapés de la Task-Force Harper. La progression de la 2ème Panzer est ralentie. Elle traverse Bourcy vers 4H00 le lendemain.
En fin d'après-midi, alors que le groupement de combat B de la 10 ème D.B. américaine entre dans Bastogne, Middletown envoie un bataillon de combat sur chacune des routes d'Houffalize, Clervaux et Wiltz. C'est ainsi que le Team du Major Desobry atteint Noville en fin de soirée. Un accrochage a lieu avec la 2 ème Panzer Division qui, suite à la violence de cet accrochage, décide de contourner Noville par le Nord et d'attaquer vers 10H30. Les allemands entreront dans Noville le lendemain 20 décembre vers midi.
Le groupement de reconnaissance atteindra le pont d'Ortheuville, pris par surprise avec l'aide d'un Puma, moteur coupé, profitant de la descente et de l'obscurité. Un tête de pont englobant Tenneville est établie, mais la division suivant le détachement de reconnaissance est immobilisée par manque de carburant.
Le 22 décembre, le carburant est enfin disponible et la 2ème Panzer progresse vers Marche en Famenne.
A Hollogne, elle se heurte à la 84 ème D.I. U.S. qui a pris position la veille de Marche à Hotton. C'est ainsi que la 2ème Panzer se voit contrainte d'infléchir son mouvement en direction d'Harsin. Le soir, elle entre dans Hargimont ou l'avant garde s'arrête.
Le 23 décembre, la 2 ème Panzer s'engage toujours dans le vide qui subsiste entre Marche et Dinant en suivant des routes secondaires.
C'est ainsi qu'elle parvient, le soir du 23 décembre, dans le triangle formé par Conjoux- Hubaille - Foy-Notre-Dame. Pendant ce temps, des accrochages assez sérieux ont lieux tant à Haid, qu'à Leignon ou encore à Buissonville. Une unité allemande perdra même 50 tués dans ce village et s'enfuit.
Vers 22H00, une patrouille de reconnaissance de trois hommes habillés en soldats américains est envoyée à Dinant à bord d'une jeep Willy's. En arrivant au goulot formé par le rocher Bayard et la falaise longeant la Meuse, celle-ci sautera sur une mine.
Cette nuit là, deux résistants belges, Jacques de Villenfagne, et Philippe de Hardy de Beaulieu effectuent une reconnaissance. Le gel et le léger brouillard leur permettent de repérer sans l'être eux-même, les principaux points de concentration des éléments allemands.
Le lendemain, 24 décembre, le temps s'éclaircit. Sur les conseils des deux résistants, l'artillerie concentre ses tirs sur les éléments de Foy-Notre-Dame les réduisant peu à peu au silence. L'après-midi, les P 38 « Lightnings » de la 9 ème Air Force interviennent à leur tour, détruisant de nombreux chars. La poche de Celles sera nettoyée durant les 2 jours suivants par la 29 ème Armoured Brigade britannique, le 4 ème Groupement de reconnaissance US et le VII ème Corps US du Major-Général Lawton J. Collins.
Le 28 décembre, la 2ème Panzer-Division n'existe presque plus. Dans la poche de Celles, elle aura perdu au moins 900 hommes, 1213 prisonniers, 82 chars, 83 pièces d'artillerie et 450 véhicules divers, le tout, capturé ou détruit.

Menu