La Guerre dans les Balkans

L'éclatement de la Yougoslavie


Causescu

A partir de 1989, lors du démantèlement de l'empire soviétique consécutif à la politique de perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, la situation politique des Balkans changa brutalement : chute du dictateur communiste Ceaucescu en Roumanie, élections libres en Bulgarie ainsi qu'en Albanie .
Enfin, plusieurs Etats de la fédération de Yougoslavie proclamèrent unilatéralement leur indépendance.
C'est le point de départ d'une nouvelle guerre qui voit la Serbie tenter de réaliser la "Grande Serbie" au détriment de la Croatie et de la Bosnie, puis la Bosnie-Herzégovine se déchirer entre ses trois communautés, serbe, croate et bosniaque (musulmane).


La guerre en Slovénie

Blindé serbe abandonné

Le 25 juin 1991, la Slovénie, proclama officiellement son indépendance, en même temps que la Croatie.
Cette déclaration provoqua l'intervention immédiate des troupes de l'armée fédérale.
La guerre dura 19 jours et se termina par une victoire slovène.
Ce nouvel Etat fut reconnu par la Communauté internationale en janvier 1992.
En 1996, la Slovénie et la République fédérale de Yougoslavie signèrent un accord de reconnaissance mutuelle, reprenant ainsi leurs relations, rompues depuis 1991.


La guerre en Bosnie

Vojislav Seselj

Au début de cette guerre, les milices bosno-serbes, soutenues par l'armée fédérale yougoslave et les organisations paramilitaires de Serbie (les Aigles blancs de Vojislav Seselj et les Tigres d'Arkan ), remportèrent des succès significatifs.
Au mois de mai 1992, les Serbes occupaient 60% du territoire bosniaque où elles se livrèrent aux pires exactions : exécutions sommaires, massacres, pillages, viols collectifs et expulsion de tous les non-Serbes.
Cette guerre devenait un génocide.
Ces atrocités provoquèrent l'indignation de la communauté internationale, sans pour autant provoquer une intervention directe de celle-ci dans le conflit.

L'ONU se contenta de prendre des sanctions contre la Serbie et le Monténégro et d'envoyer des casques bleus à Sarajevo (FORPRONU ). Au printemps 1993, les Musulmans, victimes de nouvelles offensives serbes en Bosnie orientale, des assauts croates en Herzégovine occidentale et sur une partie de la Bosnie centrale, conduisit l'ONU à instituer en mai 1993 six "zones de sécurités " à Sarajevo, Tuzla, Zepa, Gorazde, Srebrenica et Bihac où les casques bleus étaient chargés de la protection des civils.
De mai 1993 à février 1994, les combats redoublèrent d'intensité.
Début 1994, la situation évolua en faveur des Musulmans.
A la suite d'un bombardement particulièrement meurtrier d'un marché à Sarajevo en février, l'ONU obtint des Bosno-Serbes qu'ils reculent leurs armes lourdes à 20 km de Sarajevo.
Le mois suivant, les Croates et les Musulmans signèrent, sous la pression américaine, un accord instituant une Fédération croato-musulmane de Bosnie-Herzégovine et une confédération de celle-ci avec la Croatie. L'isolement des Serbes de Bosnie s'accrut lorsqu'ils refusèrent le plan de paix proposé.
Sur le plan militaire , les Bosno-Serbes perdirent du terrain.

En juillet 1995, les Bosno-Serbes s'emparèrent des "zones de sécurité" de Srebrenica et de Zepa, où ils se livrèrent à des atrocités. Mais ce furent leur dernière offensive victorieuse. Après le désenclavement de Bihac, les Croates s'emparèrent
de la Krajina en août 1995, où ils se livrèrent à leur tour à une "purification ethnique", 200 000 Serbes furent chassés.
Les frappes occidentales sur les infrastructures militaires bosno-serbes et la reconquête par les Croato-musulmans de la Bosnie occidentale et centrale vinrent ainsi à bout de la résistance serbe. Ce conflit qui s'acheva à l'automne 1995 avait fait plus de
280 000 morts et provoqué l'exode de plus de 2 600 0000 de personnes.


La guerre en Croatie

Franjo Tudjman

Le 25 juin 1991, la Croatie fit sécession à son tour et dut aussitôt faire face à une attaque des forces armées de la Fédération yougoslave soutenues par les organisations paramilitaires serbes.
En mois de deux mois, les Serbes s'emparèrent du tiers du territoire croate.
Ils bombardèrent massivement les villes les plus importantes de Croatie et expulsèrent les non-Serbes des territoires conquis.
Le 3 janvier 1992, l'ONU obtint la signature d'un cessez-le-feu et envoya sur le terrain une force de protection : la FORPRONU.
La nouvelle République de Croatie fut admise à l'ONU le 22 mai 1992.
L'armée fédérale se retira alors de Croatie, à l'inverse des milices serbes qui continuèrent d'occuper les territoires conquis en 1991.
Pendant la guerre de Bosnie, qui débuta en avril 1992, le président croate Franjo Tudjman soutint les Croates sécessionnistes d'Herzégovine. Cependant, sous la pression américaine, il finit par souscrire au plan d'une fédération croato-musulmane en mars 1994.
La guerre reprit en Croatie en 1995. En mai , l'armée croate s'empara de la Slavonie occidentale, en août de la Krajina. Cette reconquête fut suivie de l'exode d'une grande partie des populations serbes.
La modification du rapport de force sur le terrain favorisa l'ouverture des négociations entre les présidents serbe, croate et bosniaque.
Ces négociations aboutirent, le 21 novembre 1995, à la signature du plan de paix de Dayton.
En août 1996, la Croatie signa un accord de reconnaissance mutuelle avec la République fédérale de Yougoslavie.


La guerre du Kosovo

Milutinovic

A la fin des années 1980, le Kosovo était devenu une terre d'affrontement, avec du côté serbe, une violence étatique orchestrée par Belgrade, et du côté albanais, une violence diffuse commise par des individus isolés qui rendait impossible la cohabitation entre les deux communautés. Le dirigeant serbe Slobodan Milosevic, qui souhaitait s'emparer de la direction de la Ligue communiste de Serbie, profita de cette situation pour parvenir au sommet du pouvoir.

En novembre 1988, les autorités serbes destituèrent des dirigeants communistes kosovars, jugés trop nationalistes. Quelques mois après, de violents affrontements éclatèrent et Belgrade proclama l'état d'urgence, envoya l'armée et supprima l'autonomie de la province en mars 1989. La résistance albanaise s'organisa et, en décembre 1989, fut créée une Ligue démocratique du Kosovo (LDR ) regroupant aussi bien des intellectuels plus ou moins liés à la Ligue des communistes, comme Ibrahim Rugova, que d'anciens prisonniers politiques Suspendu en juin 1990 par les autorités de Belgrade, le Parlement du Kosovo, réuni en secret, proclama le 7 septembre 1990 une "République du Kosovo", encore dans le cadre de la fédération yougoslave. Un an plus tard, un référendum clandestin entérinait l'indépendance de la République ; mais ce nouvel Etat ne fut reconnu que par l'Albanie. A la suite d'élections clandestines tenues en mai 1992, Ibrahim Rugova, promoteur d'une stratégie de résistance pacifiste, fut élu président du Kosovo. Pour faire face à un régime d'exclusion de toutes les institutions, de toute vie sociale, de tous les postes de responsabilité et du travail en général, les Albanais avaient mis en place, dès 1989, une véritable société parallèle clandestine échappant totalement au contrôle de Belgrade. Le mois de mai 1998, vit l'émergence d'une Armée de libération du Kosovo : l'UCK, créé en 1993 par des militants marxistes-léninistes en exil. L'UCK multiplia les attentats contre la police serbe et ses collaborateurs. Depuis de nombreuses années, des milliers d'Albanais, soupçonnés d'en faire partie, avaient été arrêtés par la police et torturés. Les autorités de Belgrade lancèrent en février 1998 une vaste offensive militaire et policière destinée à "éliminer les terroristes de l'UCK". Celle-ci débuta dans la vallée de la Drenica où, le 28 février et le 1er mars, les unités spéciales de la police serbe, appuyées par des groupes militaires et paramilitaires, lancèrent des assauts d'une grande violence sur les villages de Prekaz, Qirez et Likoshane. Le bilan en fut très lourd : massacres de femmes et d'enfants, tueries de paysans, mutilations, exactions, exode de milliers de civils . L'UCK appela les Albanais à former un "front de libération ". L'offensive des forces armées et des milices paramilitaires serbes poursuivit son œuvre de "nettoyage ethnique" de la région, détruisant des dizaines de villages, incendiant les maisons après les avoir pillées, tuant les civils ...

Au printemps 1998, les troupes serbes s'installèrent le long de la frontière albanaise afin de couper la route d'approvisionnement en armes de l'UCK, qui se servait de l'Albanie comme base arrière. Les combats furent extrêmement intenses dans la région de Decane. Entre janvier et novembre 1998, plus de 1 700 Albanais furent tués. 900 personnes disparurent, 1 200 personnes furent emprisonnées et plus de 500 000 furent déplacées à l'intérieur du pays. Ces violents combats envoyèrent 100 000 réfugiés sur les routes. En août 1998, l'OTAN multiplia les ultimatums à Belgrade pour obtenir un cessez-le-feu. Sur le terrain, les militaires serbes, appuyés par les unités paramilitaires, poursuivaient leur "purification ethnique". Devant ce massacre, les grandes puissances décidèrent finalement d'une intervention de l'OTAN. Après avoir tenté en vain de négocier un arrêt des hostilités avec Belgrade, les huit pays impliqués dans l'opération (Allemagne, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Italie et Pays-Bas) optèrent pour une offensive exclusivement aérienne. Celle-ci débuta le 24 mars 1999 par des frappes sur des objectifs serbes au Kosovo et en Serbie, et aussi au Monténégro.

Les troupes serbes réagirent aussitôt en expulsant massivement les Albanais de leur province (environ 900 000 personnes) tandis que les bombardements de l'OTAN se poursuivaient sur la Serbie ruinant en grande partie l'infrastructure du pays, et touchant également les populations civiles. Le 27 mai, le président yougoslave Slobodan Milosevic, le président de la Serbie, Milutinovic et trois autres dirigeants serbes étaient inculpés pour "crimes de guerre et crimes contre l'humanité " par le Tribunal pénal international. Redoutant d'être engagée dans une intervention terrestre qui s'annonçait militairement extrêment risquée, l'OTAN intensifiait ses bombardements et, le 9 juin 1999, après une ultime intervention de la diplomatie russe, obtenait le retrait des troupes serbes. La KFOR, force multinationale de paix au Kosovo, créée sur décision du conseil de sécurité de l'ONU et placée sous le commandement de l'OTAN, se déployait aussitôt dans un Kosovo ravagé par la guerre, tandis que les troupes serbes se retiraient. Les enquêteurs du Tribunal Pénal Internatinal découvrirent au Kosovo les preuves d'une extermination massive des Albanais (en particulier de nombreux charniers). Le déploiement des troupes de la KFOR permit aux réfugiés albanais de retourner très rapidement chez eux. Mais, à partir du mois d'août 1999, se produisit un nouvel exode, celui des Serbes, des Roms, des Monténégrins et des Slaves-musulmans victimes à leur tour des exactions des Albanais. Le Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés estime leur nombre à environ 250 000. L'intervention alliée, si elle a effectivement mis fin à la politique de serbisation forcée du régime de Belgrade, n'a permis ni le retour au calme, ni le rétablissement d'un Kosovo multiculturel où pourraient cohabiter en paix les diverses communautés. Aujourd'hui, des manifestations parfois violentes éclatent encore entre les diverses communautés. Enfin, le matériel militaire détenu par l'UCK n'a (à ce jour) pas été récupéré en totalité par les soldats de la KFOR.

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