La Guerre du Liban
Par Stéphane Mantoux

Gemayel

La guerre au Liban, connue pour les Israëliens sous le nom d'opération Paix en Galilée, commence le 6 juin 1982 lorsque les forces de défense israëliennes envahissent le Sud-Liban. Le gouvernement israëlien justifie cette action par la tentative d'assassinat contre l'ambassadeur israëlien en Grande-Bretagne, Shlomo Argov, par le conseil révolutionnaire du Fatah d'Abu Nidal et par les bombardements d'artillerie déclenchés par l'Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) contre les zones densément peuplées du nord d'Israël.
Après avoir attaqué l'OLP, les Syriens et les forces libanaises musulmanes, Israël occupe le Sud-Liban. Encerclés dans l'ouest de Beyrouth et soumis à des bombardements intenses, les Syriens et l'OLP négocient un passage à travers le Liban avec l'aide des instances de paix internationales.

Arrière-plan

Après le conflit israëlo-arabe de 1948, le Liban devient la terre d'accueil de plus de 110 000 réfugiés palestiniens dont les maisons sont désormais à l'intérieur ce qui devient l'Etat d'Israël. De 1970 à 1973, l'OLP participe à la guerre civile en Jordanie, et de nombreux combattants ou réfugiés palestiniens arrivent au voisinage ou au sein du Liban. En 1975, ils sont ainsi plus de 300 000, créant de fait un véritable Etat dans l'Etat au Sud-Liban. L'OLP devient un acteur puissant dans la région et prend part à la guerre civile libanaise. Les attaques entre Israël et l'OLP se succèdent jusqu'à l'opération Litani, en 1978, où Tsahal envahit une partie du Liban jusqu'à la rivière éponyme.

Le 10 juillet 1981, après un temps d'acalmie, les violences reprennent au Sud-Liban. En accord avec le Secrétaire Général des Nations Unies, l'aviation israëlienne bombarde des objectifs palestiniens au Sud-Liban, et plus tard dans la même journée, des éléments palestiniens répliquent à l'artillerie et au tir de roquettes sur Israël. Mais les faits sont controversés : certains historiens prétendent que ce sont les Palestiniens qui ont ouvert les hostilités par leurs bombardements... Le 24 juillet, les Nations Unies envoient Philip Habib pour faire instaurer un cessez-le-feu rien moins que précaire, puisque les incidents continuent. Durant les 11 mois suivants, Israël impute à l'OLP 270 actions terroristes en Israël, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, et le long des frontières avec le Liban et la Jordanie, dans lesquelles 29 Israëliens sont tués et plus de 300 blessés.
Les forces palestiniennes au Liban continuent de croître, avec près de 15 000 combattants en armes, bien que 6 000 d'entre eux seulement, dont 4 500 réguliers, soient déployés au sud. Ils disposent de 60 chars, la plupart hors d'état de se déplacer, de 100 à 200 pièces d'artillerie. Si l'on suit les analyses de deux historiens israëliens dans leur ouvrage de 1984, les Palestiniens triplent leur potentiel d'artillerie et de lance-roquettes entre juillet 1981 (80 pièces) et juin 1982 (250). Les mêmes historiens affirment que les renseignements israëliens estiment alors à 6 000 le nombre de combattants adverses, répartis en trois concentrations : 1 500 au sud de la rivière Litani dans ce qui est appelé le Triangle de Fer (zone comprise entre les villages de Kana, Dir Amas et Juya), Tyr et les camps de réfugiés proches ; 2 500 autres de la brigade Kastel dans trois districts entre le Litani et une ligne courant de Sidon au nord-est de Nabatiye ; et une concentration de 1 500-2 000 hommes de la brigade Karameh à l'est, sur les pentes du Mont Hermon. Le 21 avril 1982, après qu'une mine antipersonnelle ait tué un officer israëlien au Liban, les forces aériennes d'Israël attaquent la ville côtière, tenue par les Palestiniens, de Damour, tuant 23 personnes. En dépit de cela et de nombreuses attaques déclenchées depuis le 24 juillet 1981, l'OLP continue de respecter le cessez-le-feu. Le Secrétaire Général de l'ONU rapporte dans son texte au conseil de Sécurité que d'août 1981 à mai 1982, il y a eu 2 096 violations de l'espace aérien libanais et 652 de son espace maritime. Le 3 juin, un petit mouvement supporté par les Irakiens, le Mouvement de Libération Nationale de la Palestine (dirigé par un rival de Yasser Arafat, Abu Nidal), tente d'assassiner l'ambassadeur israëlien à Londres, le paralysant tout de même. Le Premier Ministre israëlien Menachem Begin est informé par les renseignements que l'OLP n'est pas impliqué dans l'attentat, mais cache l'information à son cabinet. Raphaël Eitan, chef d'état-major de Tsahal, répond : "Nous devons châtier l'OLP ! ." . Les 4 et 5 juin, des F-16 israëliens bombardent des camps de réfugiés palestiniens et d'autres cibles de l'OLP à Beyrouth et au Sud-Liban, tuant 45 personnes et en blessant 150. Pour la première fois depuis 10 mois, l'OLP répond par des tirs de roquettes et de mortiers sur le nord d'Israël. Le 6 juin 1982, sur l'ordre du Ministre de la Défense Ariel Sharon, les Israëliens envahissent le Sud-Liban conformément au plan Paix en Galilée.

Elles alignent 76 000 hommes, 800 chars, 1 500 véhicules blindés, 200 armes antichars, 634 appareils de combat dont 364 engagés, 42 hélicoptères ; les Syriens, 22 000 hommes, 352 chars, 300 véhicules blindés, 300 pièces d'artillerie, 100 canons antiaériens, 450 appareils dont 96 engagés, 16 hélicoptères et 125 lanceurs SAM.
L'OLP dispose de 15 0000 hommes, 300 chars, 150 véhicules blindés, 2 à 300 armes antichars, plus de 350 canons et 250 pièces antiaériennes.


Raisons de la guerre

A partir de 1968, les groupes armés palestiniens du Sud-Liban attaquent le nord d'Israël et bombardent le secteur avec des roquettes Katyusha.
Par ailleurs, les Israëliens se proposent de liquider une base arrière de l'OLP dans cette région, qui pourrait servir selon eux à perpétrer des attentats sur le plan international, comme l'attaque du 26 décembre 1968 contre un appareil israëlien à Athènes.
Une autre raison est de contrebalancer l'influence de la Syrie dans la guerre civile libanaise, en établissant un régime stable basé sur l'élément chrétien, qui renforcerait l'armée centrale libanaise, restaurerait la sécurité et permettrait de renouer des liens diplomatiques normaux avec Israël.
L'invasion a été décidée dans les plus hautes sphères politiques d'Israël. Sharon et Begin ont maintenu dans l'ignorance leur cabinet, suscitant des effets d'annonce par la voix des militaires tandis que le Likoud exagérait la menace terroriste du Liban. Le ministre de la Défense Rabin avait pourtant admis que durant les 11 mois écoulés, le nord d'Israël n'avait été attaqué que deux fois, avec seulement deux morts et 6 disparus liés à des attaques terroristes, cela devant la Knesset. Ces attaques avaient été précédées de frappes aériennes israëliennes, elles-mêmes réponses à une bombe posée sous un bus et à l'attaque contre Shlomo Argov.

La guerre civile libanaise

Elle prend place de 1975 à 1990 et fait suite aux conflits et compromis politiques de la période coloniale du Liban ; elle est exacerbée par les changements démographiques en profondeur vécus par le pays, par l'affrontement entre chrétiens et musulmans, et par l'implication d'intervenants extérieurs : la Syrie, Israël et l'OLP. Après un court répit en 1976 due à la médiation de la Ligue Arabe et à l'intervention syrienne, la guerre civile continue, d'abord focalisée sur le Sud-Liban, occupé par l'OLP puis ensuite par les Israëliens.
Durant les combats, les alliances se font et se défont très vite et de manière imprévisible. A la fin de la guerre, chaque camp s'est allié à peu près avec tous les autres et a trahi ses alliances tout autant de fois. Les années 1980 sont particulièrement dures, la capitale Beyrouth étant réduite en champs de ruines, suite à l'invasion israëlienne qui chasse l'OLP du Liban. Le conflit se transforme alors en véritable carnage sur des critères religieux et ethniques, et, à la fin, l'indépendance du Liban fait elle aussi partie des pertes à relever dans ce conflit.
Par l'accord de Taif en 1989, Israël tient une zone au Sud-Liban, justifiée comme étant un territoire tampon pour prévenir les attaques contre le nord d'Israël. L'armée israëlienne se retire finalement en 2000, mais seulement pour voir la Syrie réinvestir de manière totale le nord du Liban, qu'elle avait occupé de façon plus ou moins continue à partir du milieu des années 70. La Syrie ne retire pas ses troupes avant 2005, sous la pression conjointe des Libanais, des Etats-Unis, de la France et de l'ONU notamment.


La formation des milices

La contrôle du gouvernement par les chrétiens, garanti par la Constitution, a été battu en brèche par les musulmans et les groupes séculiers de l'aile gauche dans les années 60, les poussant à se réunir dans un Mouvement National Libanais en 1969. Celui-ci appelle à la tenue d'un nouveau recensement (le dernier datant de 1932) et au remaniement du gouvernement et de la structure politique qui doit mieux refléter les évolutions démographiques. Cela est perçu comme une menace mortelle pour les chrétiens, dans leur mainmise sur l'Etat, particulièrement les maronites ; les positions sont en fait bien plus complexes que la simple opposition chrétiens-musulmans mise en avant par certains leaders maronites et des observateurs étrangers.
Les deux parties étant incapables de résoudre leurs différents, des milices apparaissent, d'abord pour l'auto-défense, mais elles augmentent de plus en plus en effectifs parallèlement à l'armée régulière. Cela mine rapidement l'autorité du gouvernement. La capacité du gouvernement à maintenir l'ordre est aussi handicapée par la nature de l'armée libanaise. C'est une des plus petites du Moyen-Orient, et elle est composée d'un quota de chaque confession. Comme ses membres l'abandonnent pour les milices, elle est incapable de contenir ces groupes armés et elle est sujette à des infiltrations de l'extérieur, OLP ou Etats étrangers notamment. Aussi, depuis que le gouvernement est à dominante chrétienne et que les officiers de l'armée sont donc en majorité des chrétiens, la confiance envers les Musulmans présents dans les institutions est très faible. La désintégration de l'armée libanaise intervient finalement quand les Musulmans désertent sous le prétexte de ne plus vouloir obéir aux ordres des généraux maronites.
Pendant toute la guerre, ces milices opèrent en ne faisant que très peu de cas des droits de l'homme, et le caractère très sectaire du conflit fait que les non-combattants sont pleinement visés en de nombreuses occasions. La guerre s'enlisant, beaucoup de ces groupes armés deviennent des sortes de mafias, se tournant vers des activités criminelles plus lucratives et délaissent le combat proprement dit. Les finances pour l'effort de guerre sont obtenues de trois façons :
- le soutien extérieur, généralement des pays arabes hostiles à Israël ou des superpuissances, mais sous condition évidemment. Ces alliances sont souvent faites et défaites rapidement.
- la pression sur la population : extorsion, vol, braquage de banques et checkpoints aléatoires où l'on exige des "droits de passage", deviennent les lieux communs des milices pendant la guerre. Pendant les cessez-le-feu, les milices opèrent dans leurs lieux d'implantations comme de véritables mafias.
- la contrebande/les trafics : pendant la guerre civile, le Liban devient une plaque tournante de la production de narcotiques, avec l'essentiel de la production de hashish concentrée dans la vallée de la Bekaa. Mais bien d'autres choses sont trafiquées, des armes, du ravitaillement, toutes sortes de biens volés et il y a même du commerce en bonne et due forme -le Liban n'oublie pas qu'il est un intermédiaire privilégié entre hommes d'affaires européens et arabes. De nombreux combats sont livrés près des ports du Liban, afin de s'en emparer et de pouvoir écouler les produits ci-dessus mentionnés par voie maritime.


Les milices chrétiennes

Les milices chrétiennes, armées par la RFA de l'époque et la Belgique, recrutent leurs membres dans la population chrétienne assez pauvre et assez nombreuse du nord du Liban. Généralement assez marqués à droite dans leur approche politique, ces milices chrétiennes se forment même parfois à l'image de ce qu'était le fascisme initialement dans l'Europe de l'entre-deux-guerres. Toutes les grandes milices chrétiennes sont sous l'influence des Maronites, les autres courants chrétiens jouant un rôle secondaire.
La plus puissante d'entre elles est celle de Katael, dite également la Phalange, sous le commandement de Bachir Gemayel. La Phalange est créée pour aider les Forces Libanaises en 1977, qui sont placées sous l'autorité de Samir Geagea en 1986. Une petite faction plus extrémiste s'intitule les Gardiens du Cèdre. Cette faction établit rapidement des points-forts dans les quartiers est de Beyrouth, dominés par les chrétiens, ainsi que lieu de concentration de nombreux bâtiments gouvernementaux.

Au nord, les brigades de Marada servent de milice privée aux familles Franjieh et Zgharta.


Les milices chiites

Les milices chiites mettent du temps à se former et à se joindre aux combats. Initialement, beaucoup de chiites viennent du mouvement palestinien ou du Parti communiste libanais, mais après l'épisode de 1970, Septembre Noir, beaucoup de Palestiniens en armes débarquent dans les zones chiites du Liban. Le mouvement palestinien influence très vite les chiites du secteur, dont la plupart se retrouvent dans des factions radicales menées au fusil dans les vastes étendues chiites très peuplées du Sud-Liban, zone accidentelle de concentration des camps de réfugiés, et le courant principal de l'OLP n'a ni la volonté ni la capacité, apparemment, de freiner leur action.

Le mouvement séculier radical des Palestiniens et le comportement arrogant de certains d'entre eux aliènent rapidement le soutien des communautés chiites traditionnelles, mais simultanément, ils présentents des révolutions en matière politique qui parlent à ces jeunes du Liban issus des classes défavorisées et de la minorité la plus tyrannisée du pays, sans doute. Après de nombreuses années sans organisation politique propre, on voit émerger brusquement le mouvement de Musa Sadr Amal en 1974-1975. Cette idéologie islamiste modérée attire tout de suite de nombreux jeunes venant des milieux pauvres, et rapidement les rangs des miliciens d'Amal gonflent. Plus tard, au début des années 1980, une faction plus extrêmiste se détache du groupe pour rejoindre les milices chiites qui combattent alors Israël pour former avec elles le Hezbollah, qui à ce jour reste la milice la plus puissante du Liban. Le Hezbollah a initialement été entraîné et approvisonné en armement par l'Iran, mais depuis la fin des années 80, la Syrie accorde aussi une aide providentielle.

Les milices sunnites

Certaines factions sunnites reçoivent de l'aide de la Syrie ou de l'Irak, et beaucoup de milices plus petites existent, les plus éminentes se réclamant de la doctrine de Nasser ou d'une ligne panarabe, ou du nationalisme arabe ; en revanche, il y a très peu d'islamistes. La principale organisation sunnite est celle du Al-Murabitun. Pour compenser leur faiblesse sur le champ de bataille, les Sunnites se tournent très tôt dans le conflit vers l'OLP et les Palestiniens, l'organisation étant largement dominée par les sunnites, bien qu'elle comporte également une minorité chrétienne -formée principalement d'orthodoxes.


Les Druzes

La petite secte des Druzes, implantée stratégiquement et dangereusement dans le Chouf en plein coeur du Liban, n'a pas d'alliés naturels, et passe donc beaucoup de temps à bâtir -et à défaire- des alliances. Sous l'égide de la famille Jumblatt, d'abord Kamal, puis son fils Walid, le Parti Socialiste Progressif (PSP) fait office de milice effective, entretenant d'excellentes relations avec l'Union Soviétique.


Les groupes non-religieux

Bien que de nombreuses milices libanaises se réclament détachées de tout intérêt religieux, elles servent en fait souvent de tremplins à des sectes diverses. Pourtant, il a bien existé des milices laïques, souvent mais pas exclusivement marquées à l'extrême-gauche. Par exemple, le Parti Communiste Libanais inféodé à Moscou, ou la plus radicale et indépendante Organisation communiste d'action. Un autre exemple notable est le Parti syrien social-nationaliste, qui met en avant le concept de Grande Syrie, face au panarabisme ou au nationalisme albanais. Ce parti est bien sûr aligné sur Damas, bien qu'il conteste souvent les choix du président al-Assad et de son parti Baas, qu'il éxècre tout particulièrement.


Les Palestiniens

Le mouvement palestinien, qui a déplacé l'essentiel de sa force de combat au Liban après les événements de Septembre Noir en Jordanie, est formellement sous l'ombrelle de l'OLP -certainement la force la plus puissante alors dans le pays. Mais en fait, l'OLP est une organisation assez lâche et son leader, Yasser Arafat, a bien du mal à contrôler les factions qui la composent. Cela sape à la fois la capacité de combat effective de l'OLP, mais aussi la sympathie des Libanais à l'égard du mouvement, car l'image extérieure de l'OLP est de plus en plus assimilée à celle des communistes radicaux du mouvement, dont les "ordres révolutionnaires" ne s'assimilent le plus souvent qu'à rien moins que du racket de protection. A la fin, l'OLP ne tient plus que lorsque les intérêts des différentes factions se recoupent et par les tentatives continuelles de médiation intra-organisationnelles réalisées par Arafat, plutôt que par une cohérence nette du mouvement.

Le courant principal de l'OLP, représenté par les guérilleros d'Arafat du Fatah, hésite intialement à prendre parti mais est entraîné dans le conflit par les factions plus radicales. Celles-ci sont encouragées par des Etats arabes tels la Syrie, la Lybie et l'Irak, et épousent les idéologies du socialisme arabe ou le marxisme-léninisme. Parmi elles, les plus importantes sont le Front Populaire de Libération de la Palestine, et une de ses scissions, le Front Démocratique pour la Libération de la Palestine. Un rôle moindre est joué par la fraction du Front Palestinien de Libération et une autre scission du FPLP, d'obédience syrienne, le FPLP-CG (Commandement Général). Pour compliquer encore un peu plus les choses, des Etats comme la Syrie et l'Irak ont aussi établi leurs propres marionnettes au sein même de l'OLP. L'as-Sa'iqa est une milice sous contrôle syrien, à l'image du Front Arabe de Libération sous commandement irakien. Le gouvernement de Damas peut aussi compter sur les brigades syriennes de l'Armée de Libération de la Palestine, formellement mais non de manière fonctionnelle l'armée régulière de l'OLP. Quelques unités envoyées par l'Egypte sont sous le contrôle direct d'Arafat, mais ne peuvent jamais rivaliser avec les groupes lourdement armés par la Syrie.

En 1974, une pierre s'ajoute au fardeau d'Arafat quand l'OLP est menacée d'une rupture interne quasi-consommée. Une proposition controversée (le Programme en Dix Points) visant à établir une solution à deux Etats a été proposée par Arafat et le Fatah au Conseil National Palestinien. En proférant de nombreuses accusations de trahisons, de nombreux membres de l'aile gauche de l'organisation claquent tout simplement la porte. Appuyés par l'Irak, puis plus tard par la Syrie et la Lybie, leur retour s'accompagne de la création d'un Front du Refus, qui épouse une ligne de non-compromis intégral avec Israël. Ce front inclut la plupart des factions radicales mentionnées ci-dessus, mais la contestation grandit aussi au sein même du Fatah. Arafat réussit finalement, après maints efforts, à aplanir les différences, mais le spectre de la division le poursuit durant les années 70 et au début des années 80 ; surtout, il a affaibli l'OLP à des étapes cruciales de son engagement dans la guerre civile libanaise.


L'OLP et le conflit régional

C'est un des résultats de la conférence du Caire négociée en 1969 par le président égyptien Gamal Abdel Nasser : le Liban est forcé d'autoriser une force étrangère (l'OLP) à lancer des attaques sur le nord d'Israël à partir de son propre territoire. L'OLP reçoit un droit de regard total sur les camps de réfugiés, mais en fait c'est bientôt tout le Sud-Liban qui tombe sous sa coupe. Comme beaucoup de combattants palestiniens débarquent dans cette région après la destruction de l'appareil de l'OLP en Jordanie, suite à Septembre Noir, leur présence devient vite insupportable à beaucoup d'habitants du secteur. Les factions radicales imposent leur propre loi, et se mettent rapidement à dos les villageois chiites conservateurs. Par le même chemin par lequel l'OLP a perdu tout droit de cité en Jordanie, le soutien des musulmans libanais aux Palestiniens commencent à s'éroder. Celui des chrétiens est déjà perdu depuis longtemps.

Une évolution significative commence aussi à se produire au sein du Fatah, avec une tonalité plus à gauche, à mesure que des combattants vétérans des opérations en Jordanie arrivent et rejoignent l'OLP au Liban, inquiétant Arafat lui-même car ce sont en majorité des radicaux. C'est pour cela qu'Arafat crée un véritable Etat dans l'Etat au Sud-Liban, afin de sécuriser une base arrière pour l'OLP qui a ses places fortes dans la vallée de la Bekaa et dans les quartiers ouest de Beyrouth. Graduellement, les autorités libanaises sont de plus en plus confinées à l'impuissance. Des représailles sévères menées par les Israëliens après des raids palestiniens ne font rien pour arranger l'image de marque des combattants palestiniens auprès des populations chiites et chrétiennes.
L'OLP est pourtant bien accueillie par les Sunnites -qui voit en elle un allié naturel en termes confessionnels- et par les Druzes. Une amitié personnelle se noue entre Arafat et le charismatique leader des Druzes Kamal Jumblatt, qui est non seulement le chef du Parti Socialiste Progressif, mais qui a aussi créé un Mouvement Libanais National afin de corriger les erreurs induites par le système de quota trop sectaire. Beaucoup de membres de la gauche du mouvement palestinien rejoignent la ligne de cette dernière organisation, qui leur correspond, ainsi qu'une fraction de la gauche du Fatah. Mais Arafat ne souhaite pas trop engager les Palestiniens dans ce qui est regardé comme un conflit entre Libanais, craignant que cela n'affaiblisse la position de son propre mouvement au Liban et aussi le soutien éventuel des populations chrétiennes et de leurs soutiens à l'étranger.

La première phase de la guerre 1975-1977

Violence sectaires et massacres de civils

A travers le printemps 1975, des petits accrochages ont lieu régulièrement, notamment entre le Mouvement Libanais National et la Phalange, et le toujours très faible gouvernement libanais hésite entre le maintien de l'ordre et le désir de protéger la constitution favorable aux chrétiens. Le matin du 13 avril 1975, un groupe d'hommes armés mitraille en voiture un groupe de leaders chrétiens de la Phalange sortant de l'église d'un faubourg de Beyrouth, Ain Rumaneh, tuant quatre personnes dans une tentative, visiblement, d'éliminer Pierre Gemayel. Quelques heures plus tard, des Phalangistes menés par les Gemayel abattent 27 travailleurs palestiniens voyageant dans un bus, à Ein-Al-Rumaneh, des émeutes incontrôlables éclatant alors dans toute la ville. Le 6 décembre 1975, quatre chrétiens sont tués dans les quartiers est de Beyrouth. En représailles, la Phalange établit des barrages routiers où les véhicules sont soumis à des contrôles d'identité pour déterminer l'appartenance religieuse. Tout Palestinien ou musulman arrêté est systématiquement tué en ayant la gorge tranché. Les autres milices réagissent de la même manière, dans une escalade menant à un bain de sang où finalement 600 chrétiens et musulmans trouvent la mort, dans ce qui reste connu comme le Samedi Noir. Après cela, on atteint un point de non-retour et un combat sans merci commence entre les différentes factions.

Dans cette spirale vicieuse de violence sectaire, les civils sont une cible facile. Le 18 janvier 1976, près de 1 000 personnes sont tuées par les groupes chrétiens dans le massacre de Karantina, immédiatement suivi par une attaque de représailles palestinienne sur la ville de Damour. Les villageois qui n'ont pas réussi à quitter le village sont assaillis par des milices hétéroclites conduites par Abu Musa, et sont abattus à l'arme à feu ou au couteau ; des centaines périssent. Ces deux épisodes provoquent un exode massif de populations chrétiennes et musulmanes, chacune d'entre elles essayant de se mettre à l'abri dans des zones contrôlées par leur propre obédience. La répartition ethnique et religieuse des quartiers résidentiels de la capitale encourage ce processus, et les quartiers ouest et est sont progressivement transformés en ce qui va devenir le Beyrouth musulman et le Beyrouth chrétien. Ainsi, le nombre de chrétiens à gauche qui ont rallié le Mouvement Libanais National et celui des musulmans conservateurs qui ont rallié le gouvernement s'effrite brutalement, puisque la guerre se révèle être maintenant clairement un conflit religieux. Un autre effet des massacres est de placer Yasser Arafat, le Fatah et donc l'OLP du côté du Mouvement Libanais National, le sentiment palestinien d'hostilité envers les forces chrétiennes libanaises ayant presque atteint son paroxysme.

La destruction de Damour

Deux jours plus tard, le 20 janvier 1976, les Palestiniens et leurs alliés de gauche lancent l'assaut final sur la ville chrétienne de Damour qui se situe sur la route Sidon-Beyrouth, à environ 20 km au sud de la capitale libanaise. Les combats furieux et sans retenue pour la ville se traduisent par de nombreuses victimes. Au cours du siège, que les Palestiniens ont établi depuis le 9 janvier, ceux-ci ont coupé l'approvisionnement en vivres et en eau aux assiégés et ont refusé de laissé passer la Croix-Rouge internationale pour évacuer les blessés.

Le 16 janvier 1976, le ministre de la Défense Chamoun enjoint aux forces aériennes libanaises, qu'il sait être contrôlées en grande partie par les chrétiens, de bombarder les positions des forces de gauche autour de la cité pour tenter d'arrêter l'attaque palestinienne. L'utilisation de l'aviation crée une crise au sein du gouvernement tandis que le Premier Ministre Rachid Karameh sort de ses attributions pour stopper son intervention.

Un plan est établi pour évacuer les civils de Damour et, fort heureusement, la majorité de la population réussit à s'échapper par voie maritime. Pourtant, près de 500 civils défendus par 20 hommes d'Ahrar ne peuvent l'être à temps. Une fois la ville prise, les défenseurs sont abattus, les civils alignés contre les murs et exécutés séance tenante, leurs maisons sont dynamitées. La plupart des jeunes femmes tombées aux mains des assaillants sont immédiatement violées et les bébés tués d'une balle dans la nuque. 149 corps sont laissés dans les rues de la ville et 200 autres civils ne seront jamais retrouvés. Ce sont en tout 582 personnes qui viennent de trouver la mort. Ensuite, les cercueils sont déterrés au vieux cimetière chrétien, les morts sont dépouillés, les caveaux forcés, et les corps et les ossements sont dispersés dans tout le cimetière. Damour est ensuite transformée en bastion de l'OLP et du FPLP.

Ce massacre renforce encore l'exode "sectaire" des chrétiens et des musulmans. La plupart des villes libanaises et leurs environs ont été intégrées, mais ces transferts de population à grande échelle commencent à diviser le pays en zones de ségrégation, la première étape vers une partition de facto.

L'intervention syrienne

En juin 1976, les combats s'étant étendus à tout le pays et les maronites étant proches de succomber, le président Suleiman Frangieh demande l'intervention syrienne, à condition que le port de Beyrouth soit fermé et qu'une large partie de ses approvisionnements reviennent aux Syriens. La crainte des chrétiens s'est retrouvée exacerbée après les massacres de Damour, et les deux camps ont compris que les enjeux transcendent maintenant la simple question politique. Les Syriens répondent en mettant fin à leur collaboration avec le Front du Refus et en prenant ouvertement la défense du gouvernement pro-maronite. Cela met paradoxalement la Syrie dans le même camp qu'Israël, qui a de son côté commencé à soutenir les maronites en envoyant armes, munitions, chars et conseillers militaires à partir de mai 1976. La Syrie a ses propres intérêts politiques et territoriaux au Liban, qui hébergent des cellules de la Fraternité Musulmane, groupe islamiste opposé au parti Baas, mais le pays est aussi une route d'accès à Israël.

A la demande du président, les troupes syriennes entrent au Liban, occupent Tyr et la vallée de la Bekaa, écartant facilement la résistance du Mouvement Libanais National et des Palestiniens. Un cessez-le-feu est imposé, mais il échoue, à terme, à conclure le conflit et la Syrie accentue sa pression. Avec le ravitaillement en armes de Damas, les forces chrétiennes réussissent à se tailler un passage à travers les défenses du camp de réfugié de Tel-al-Zaatar, dans les quartiers est de Beyrouth, qui a longtemps été assiégé. S'ensuit un massacre de 2 000 Palestiniens, ce qui provoque un tollé à l'encontre de la Syrie au sein du monde arabe.

En octobre 1976, la Syrie accepte la proposition du sommet de la Ligue Arabe, réunie à Riyadh. Celle-ci donne un mandat à la Syrie pour maintenir 40 000 hommes au Liban, comme noyau d'une Force Arabe de Dissuasion chargée de séparer les combattants et de restaurer le calme. Les autres nations arabes y participent aussi, mais rapidement elles manifestent un profond désintérêt pour la question, laissant à la Syrie les mains libres, cette force restant une sorte de bouclier diplomatique contre les critiques internationales. La guerre civile se termine donc en demi-teinte à ce moment, instaurant un calme précaire à Beyrouth et dans le reste du Liban. Au sud pourtant l'agitation renaît rapidement du fait du retour des combattants de l'OLP, qui ont été sommés par le sommet de Riyadh d'évacuer la zone centrale du pays.

Une paix précaire

La nation est maintenant effectivement divisée, avec le sud du pays et les quartiers ouest de Beyrouth qui deviennent le refuge de l'OLP et des milices musulmanes, tandis que les chrétiens contrôlent les quartiers est de la capitale et la portion chrétienne du mont Liban. La principale ligne de démarcation à Beyrouth est connue désormais sous le nom de Green Line (Ligne Verte).

Dans Beyrouth-Est, en 1977, les leaders chrétiens du Parti National Libéral, du Parti Kataeb et du Parti Libanais du Renouveau se regroupent dans le Front Libanais, une opposition politique au Mouvement Libanais National. Leurs milices -les Tigres, la Phalange et les Gardiens du Cèdre- entrent dans une coalition assez lâche appelée Forces Libanaises, pour constituer l'aile militaire du Front Libanais. Dès le début, le parti Kataeb et la Phalange domine les deux regroupements, sous le commandement de Bashir Gemayel. En absorbant ou en détruisant les milices plus réduites, il consolide son pouvoir et renforce les Forces Libanaises en tant que mouvement chrétien incontournable de la région.

En mars de la même année, le leader du Mouvement National Libanais, Kamal Jumblatt, est assassiné. L'assassin est réputé être du Parti syrien social-nationaliste, qui aurait agi sur ordre direct de Damas. Tandis que la place de leader de Jumblatt au sein du Parti socialiste progressif druze est étonnamment repris et maintenu par son fils, Walid, le Mouvement National Libanais, lui, se désintègre après sa mort. Bien que la coalition anti-gouvernementale rassemblant les Druzes, les sunnites, les chiites et les Palestiniens fonctionne encore pour un certain temps, leurs intérêts deviennent ensuite trop divergents pour maintenir une opposition solide. Sentant l'opportunité qui se présente à lui, le président syrien Hafez al-Assad commence à louvoyer entre les deux coalitions chrétiennes et musulmanes pour récupérer le plus de pouvoir possible, dans ce jeu de "diviser pour mieux régner".


La deuxième phase de la guerre du Liban - 1977-1982

Beyrouth

Israël intervient au Sud-Liban, 1978

L'opération Litani

Les attaques de l'OLP contre Israël à partir du Liban, en 1977 et 1978, provoquent une escalade dans l'affrontement entre les deux parties. Le 11 mars 1978, 11 membres du Fatah débarquent sur une plage au nord d'Israël et s'emparent de deux bus pleins de passagers roulant sur l'axe Tel-Aviv-Haïfa, tirant ensuite sur les véhicules environnants. Ils abattent ainsi 37 Israëliens et en blessent 76 avant d'être eux-mêmes tués par les forces israëliennes. Israël envahit le Liban quatre jours plus tard : c'est l'opération Litani. Israël occupe la plus grande partie du Liban située au sud de la rivière Litani, provoquant le déplacement d'au moins 100 000 Libanais et la mort de 2 000 personnes. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies adopte la résolution 425 qui décrète un retrait immédiat d'Israël de la zone envahie, créant aussi l'UN Interim Force in Lebanon (UNIFIL), chargée de maintenir la paix sur place.

La zone de sécurité

Israël retire finalement ses troupes fin 1978, mais garde le contrôle du sud en installant une zone de sécurité, large de 30 à 40 km, près de la frontière. Pour tenir ces positions, Israël installe une Armée Sud-Libanaise, une milice composée à la fois de chiites et de chrétiens placée sous le commandement du major Saad Haddad. Israël l'approvisionne en armes et en ressources, et envoie des "conseillers" pour la renforcer et la prendre en main. La ligne dure du Premier Ministre israëlien de l'époque, le membre du Likoud Menachem Begin, compare la situation critique de la minorité chrétienne au Sud-Liban (5 % de la population sur le territoire de l'Armée Sud-Libanaise) à celle des Juifs européens pendant la Seconde guerre mondiale...

Des échanges de tirs violents ont lieu entre l'OLP, l'Armée Sud-Libanaise et Israël, l'OLP attaquant les positions de l'armée à la solde de l'Etat hébreu et tirant des roquettes sur le nord d'Israël, celle-ci répliquant par des frappes aériennes sur les positions de l'OLP, tandis que l'Armée Sud-Libanaise (ou Armée du Liban du Sud, ALS) tente de consolider sa mainmise sur la région frontalière.

Conflits entre la Syrie et la Phalange

La Syrie, dans le même temps, se trouve confrontée à la Phalange, milice chrétienne conduite par Bashir Gemayel, dont les actions de plus en plus agressives -comme la tentative, en avril 1981, de s'emparer de la cité stratégique de Zahle, au centre du Liban- montrent que celle-ci ne veut pas permettre à la Syrie, comme elle l'entend, de balayer Gemayel et de placer à la tête de l'Etat libanais Suleiman Frangieh comme président. En conséquence, la Phalange renforce ses liens avec Israël. En avril 1981, en l'occurence, pendant les combats à Zahle, Gemayel demande l'appui de Tsahal.
Le Premier Ministre israëlien acquiesce et envoie immédiatement des jets sur place, qui abattent deux hélicoptères syriens. Cela incite le président syrien al-Assad à installer des batteries de missiles sol-air sur les hauteurs environnantes de Zahle.

Les plans israëliens pour l'attaque

En août, le Premier Ministre Menachem Begin est réélu et le mois suivant, lui et son ministre de la Défense Ariel Sharon commence à bâtir un plan pour une seconde invasion du Liban destinée, cette fois, à extirper l'OLP du pays. Sharon vise à "détruire l'infrastructure militaire de l'OLP, et si possible éliminer sa direction, ce qui signifie pénétrer dans les quartiers ouest de Beyrouth, où se trouve le QG de l'OLP et ses bunkers de commandement" .

Sharon attend de Gemayel, une fois celui-ci installé en tant que président, qu'il signe un traité de paix avec Israël, garantissant ainsi sa frontière nord. Begin présente le plan de Sharon devant la Knesset en décembre 1981 ; pourtant, après que des voix nombreuses se soient élevées contre son application, Begin est obligé de faire machine arrière. Mais Sharon continue à mettre la pression pour qu'il soit bien réalisé. En janvier 1982, Sharon rencontre Gemayel sur un navire israëlien au large des côtés libanaises et discute avec lui d'un plan devant mener les forces israëliennes "aussi loin au nord qu'au bout de l'aéroport international de Beyrouth" . En février, avec l'aval de Begin, Yehoshua Seguy, le chef des services de renseignement militaires, est envoyé à Washington pour discuter du problème libanais avec le secrétaire d'Etat Alexander Haig. Pendant la rencontre, Haigf affirme "qu'il ne peut pas y avoir d'assaut massif sur le Liban sans provocation majeure de sa part" .

La situation entre Israël et l'OLP

Mais jusqu'alors, aucune provocation importante n'est venue du Liban. En fait, durant toute la période du cessez-le-feu, d'août 1981 à mai 1982, il n'y a eu qu'une seule attaque de roquettes de l'OLP contre Israël, en mai justement. C'était simplement une réponse à un bombardement israëlien des positions de l'OLP au Liban, le 9 mai, lui-même représaille d'une attaque à la bombe des Palestiniens contre un bus de Jérusalem. Cet échange particulier met en relief un problème crucial à propos du cessez-le-feu, dans la perspective israëlienne : il s'applique seulement à la frontière avec le Liban, ce qui signifie que les attaques de l'OLP à partir de la Jordanie ou de la Cisjordanie peuvent continuer en toute impunité, alors qu'une réponse israëlienne dirigée contre le Liban serait une violation délibérée du cessez-le-feu.

Arafat, pour sa part, refuse de condamner les attaques partant d'autres territoires que le Liban, se basant sur le fait que le cessez-le-feu concerne uniquement ce dernier théâtre d'opérations. L'interprétation d'Arafat sous-estime le fait que l'accord de cessez-le-feu ne diminue en rien, en fait, l'escalade de la violence entre l'OLP et Israël dans les autres territoires, Liban excepté. Israël continue ainsi à éroder l'OLP dans les attaques pendant le cessez-le-feu. Le 21 avril, par exemple, des appareils israëliens attaquent des objectifs côtiers au Sud-Liban.


La troisième phase de la guerre 1982-1983

L'invasion israëlienne du Liban

L'assassinat d'Argov

Le 3 juin 1982, l'organisation d'Abu Nidal essaye de mettre fin aux jours de l'ambassadeur israëlien au Royaume-Uni, Shlomo Argov. Abu Nidal a déjà à son actif la mort de nombreux diplomates de l'OLP, et il a même essayé de supprimer Yasser Arafat et Mahmud Abbas, étant de fait condamné à mort par l'organisation palestinienne. De plus, les services de renseignement britanniques affirment qu'Abu Nidal a été appuyé par l'Irak, ce que confirme leurs homologues israëliens. Pourtant, cela ne dissuade pas Ariel Sharon et Menachem Begin d'ordonner une frappe aérienne de représailles sur des cibles de l'OLP et du FPLP dans les quartiers ouest de Beyrouth, attaques qui font plus de 100 morts, en violation totale du cessez-le-feu.

L'OLP réplique par de nombreux tirs d'artillerie et de roquettes sur Israël à partir de ses positions au Liban, violant là aussi clairement le cessez-le-feu. Israël déclare que c'est là la principale cause qui la pousse ensuite à l'invasion. Dans le même temps, le 5 juin, le Conseil de Sécurité des Nations Unies vote une résolution (UNSCR 529) appelant "toutes les parties à cesser immédiatement et simultanément toute activité militaire à l'intérieur des frontières du Liban et sur la frontière israëlo-libanaise, avec comme délai 6h00 le dimanche 6 juin 1982 au plus tard" .

Le 6 juin 1982 : Israël entre au Liban

Israël lance l'opération Paix en Galilée le 6 juin 1982, attaquant les bases de l'OLP au Liban. Les forces de Tsahal s'enfoncent bientôt à plus de 40 km à l'intérieur du pays, se déplaçant vers l'est de Beyrouth avec le soutien tacite des leaders et des milices maronites. Quand le cabinet israëlien convient d'approuver l'invasion, Ariel Sharon la présente comme une percée de 40 km au Liban, destinée à démolir les points forts de l'OLP, et à créér ensuite une zone de sécurité élargie pour mettre Israël à l'abri des tirs de roquettes. En fait, le chef d'état-major de Tsahal, Raphaël Eitan, et Sharon, ont déjà ordonné aux troupes de marcher tout droit sur Beyrouth, en accord avec le plan du ministre de la Défense établi dès septembre 1981. Le lendemain, le Conseil de Sécurité des Nations Unies passe une autre résolution "demandant à ce qu'Israël retire immédiatement et de manière inconditionnelle ses forces des frontières internationales reconnues du Liban". Les Etats-Unis n'ont pas opposé leur veto. Le 8 juin par contre, ils en font usage contre une résolution qui réitère la précédente, donnant ainsi un soutien implicite à l'invasion israëlienne.

Voici une vidéo extraite d'un documentaire montrant les appareils israëliens, F-15 Eagle et F-16 Falcon livrés par les Etats-Unis, en opération au Liban pendant Paix en Galilée. Les appareils de Tsahal s'assurent facilement la maîtrise du ciel, non seulement à cause de la supériorité de leurs appareils, mais aussi en raison de la qualité des pilotes, résultat d'un entraînement étonnamment dur et sélectif. Les MiG-21 Fishbed et MiG-23 Flogger livrés par l'Union Soviétique aux Syriens ne purent jamais faire face à l'aviation israëlienne, et même l'artillerie antiaérienne basée sur des canons et des missiles SAM (Surface to Air Missile) ne put empêcher le déferlement des appareils de la Hey Hal'Avir. Les Israëliens avaient bien retenu la leçon de la guerre du Kippour, en 1973. VOIR

Le siège de Beyrouth

Le 15 juin, les Israëliens sont déjà retranchés aux abords de la capitale libanaise. Les Etats-Unis demandent à l'OLP de quitter séance tenante le Liban, tandis que Sharon ordonne le bombardement à outrance des quartiers ouest, afin de neutraliser le maximum possible des 16 000 combattants palestiniens qui se sont réfugiés dans ces positions fortifiées. Dans le même temps, Arafat essaye de négocier, pour sauver politiquement, ce qui est clairement un désastre pour l'OLP, une tentative finalement couronnée de succès lorsqu'une force multinationale arrive sur place pour évacuer l'organisation palestinienne.

Les combats dans Beyrouth font au total près de 6 700 morts, dont 80 % de civils, avec 1 100 membres de l'OLP et 88 des IDF (Israël Defence Forces). De violents échanges d'artillerie entre Tsahal et l'OLP, ainsi que le pilonnage par cette dernière des quartiers chrétiens de l'est de Beyrouth, entraîne une riposte aérienne israëlienne de plus en plus importante à partir du 21 juillet. On admet communément que durant la campagne, près de 20 000 personnes dans les deux camps ont été tuées, et près de 30 000 blessées.

Négociations pour un cessez-le-feu

Le 26 juin, le Conseil de Sécurité des Nations Unies propose une nouvelle résolution prévoyant un retrait simultané des deux parties en présence du Liban. Les Etats-Unis mettent leur veto car ils ne veulent pas que l'OLP demeure une organisation politique présente sur place. Ils soutiennent ainsi clairement la politique de Sharon, qui vise à annihiler l'OLP avant toute négociation concernant un retrait du Liban.

Finalement, la violence reprenant de plus belle et les pertes civils augmentant dangereusement, Philip Habib est envoyé sur place pour rétablir l'ordre, ce qui est accompli le 12 août juste après un pilonnage long et intense des quartiers ouest de Beyrouth sur ordre d'Ariel Sharon, qui dure toute une journée. La trêve négociée par Habib prévoit un retrait simultané de Tshal et de l'OLP, tandis qu'une force internationale composée de Marines américains, de troupes françaises et italiennes protégera l'évacuation des Palestiniens mais aussi les civils sans défense.

L'intervention Internationale

Une force multinationale débarque à Beyrouth le 20 août 1982 pour superviser le retrait de l'OLP du Liban, tandis que la médiation américaine permet d'obtenir le retrait des troupes syriennes et de l'OLP de la capitale libanaise.

Pourtant, Israël affirme que plus de 2 000 combattants de l'OLP se cachent dans les camps de réfugiés situés dans la périphérie de Beyrouth. En accord avec cette assertion, Bashir Gemayel, qui a été élu président du Liban sous contrôle militaire israëlien le 23 août, envoie des éléments de sa milice, la Phalange, à l'intérieur des camps le 12 septembre. Mais, le 14 septembre, Gemayel est assassiné. Beaucoup y voient l'oeuvre de la Syrie, agissant en sous-main par le biais d'une des organisations qu'elle contrôle au Liban.

Les massacres de Sabra et Shatila

Après en avoir discuté avec des leaders de la Phalange, Sharon et Eitan décide sans en parler au cabinet israëlien d'envoyer Tsahal dans les quartiers ouest de Beyrouth, violant l'accord établi avec Habib ; ces forces transportent quelques 200 phalangistes au sein des camps, où ces derniers entrent à 6h00, le 16 septembre. Les phalangistes restent sur place jusqu'au matin du 19 septembre, et massacrent, selon les estimations israëliennes, de 700 à 3 000 Palestiniens, "aucun n'étant membre d'une quelconque unité de l'OLP" .

La commission Kahan, envoyée par le gouvernement israëlien pour enquêter sur les circonstances du massacre, tient Sharon et Eitan indirectement responsables, ces derniers sachant très bien ce qui allait se passer en envoyant 200 membres d'une milice anti-palestinienne dans les camps de réfugiés. La commission suggère que le premier démissionne de son poste de ministre de la Défense, ce qu'il fait, même s'il reste un membre influent du gouvernement en demeurant ministre sans portefeuille.

Les massacres font la une du monde entier, et des appels de plus en plus nombreux pressent la communauté internationale d'assumer la responsabilité de stabiliser le Liban. En conséquence, la force multinationale qui commençait à quitter le pays après l'évacuation de l'OLP revient sur place. Avec le soutien américain, Amir Gemayel est choisi par le parlement libanais pour succéder à son frère comme président et se concentre à nouveau sur le retrait des forces israëliennes et syriennes.

L'accord du 17 mai

Le 17 mai 1983, Amir Gemayel, Israël et les Etats-Unis signent un accord dans lequel le retrait israëlien est fonction du redéploiement des troupes syriennes vers leur territoire ; en fait, les deux nations ont exercées de fortes pressions sur Gemayel. Le document énonce que "l'état de guerre entre Israël et le Liban est désormais terminé et n'a plus d'existence officielle". En fait, cet accord s'assimile à un traité de paix avec Israël, et il est vu par de nombreux musulmans libanais comme un accord tacite à destination des Israëliens afin que ceux-ci puissent conserver une emprise au Sud-Liban. L'accord du 17 mai est présenté dans le monde arabe comme une reddition imposée sous la contrainte, et Amir Gemayel est comparé au président norvégien Quisling, une marionette au service des nazis pendant la Seconde guerre mondiale, après que ceux-ci eurent envahi et conquis la Norvège entre avril et juin 1940 (opération Weserübung). Les tensions au Liban en sont ravivées. La Syrie refuse cet accord et ne veut en aucune manière discuter d'un retrait de troupes, en profitant même pour consolider ses positions au Liban.

En août 1983, Israël se retire du district du Chouf (au sud-est de Beyrouth), oblitérant ainsi la zone tampon existante entre les milices chrétiennes et druzes, délenchant une nouvelle phase de violents combats sur place. En septembre, les Druzes ont repris le contrôle de presque tout le Chouf ; Israël s'est retirée de presque tout le Liban, exception faite de la zone de sécurité au sud. Les forces israëliennes resteront dans ce secteur, en violation de la résolution 425 des Nations Unies, jusqu'en 2000.

Regain de violence

L'effondrement virtuel de l'armée libanaise, en février 1984, corolllaire de la défection de nombreuses unités druzes et musulmanes en direction des milices, est un coup sévère pour le gouvernement. Avec les Marines américains prêts au départ, les Syriens et les milices musulmanes accentuent leur pression sur l'équipe au pouvoir. Le 5 mars, le gouvernement libanais annule l'accord du 17 mai 1983, et les Marines quittent le pays quelques semaines plus tard.

Cette période de chaos est marquée par les premières attaques contre les intérêts américains ou occidentaux de manière plus large, telle l'attaque suicide du 18 avril 1983 contre l'ambassade des Etats-Unis, située dans les quartiers ouest de Beyrouth, qui tue 63 personnes. A la suite de cet attentat, la Maison Blanche ordonne le bombardement navale des positions druzes, dont il résulte beaucoup de morts, la plupart étant non-combattants. La réplique aux bombardements américains consiste en des attaques suicides. Le 23 octobre 1983, l'une d'entre elles perpétrée à Beyrouth sur le quartier général des forces franco-américaines cause la mort de 241 Américains et de 58 Français.
Le 18 janvier 1984, le président de l'université américaine de Beyrouth, Malcom Kerr, est abattu. Après le retrait des troupes américains en février, les attaques continuent, notamment une qui vise l'annexe de l'ambassade américaine dans l'est de Beyrouth le 20 septembre 1984, tuant 9 personnes dont 2 soldats américains.

A cette époque, le Hezbollah commence à émerger au sein d'une nébuleuse de groupes chiites combattant l'occupation israëlienne, fractionné du principal mouvement chiite, celui du mouvement Amal de Nabih Berri. Le groupe trouve son inspiration dans le mouvement islamiste révolutionnaire qui s'est illustré de manière éclatante en Iran, en 1979, et gagne très tôt le soutien de près de 1 500 combattants iraniens des Gardes, les Pasdaran. Avec l'appui iranien, et un large vivier de réfugiés chiites désoeuvrés dans lequel il peut puiser à volonté, le Hezbollah devient vite une force combattante de premier plan.


La quatrième phase de la guerre 1984-1989

L'escalade du conflit, la crise politique

Entre 1985 et 1989, les violences sectaires empirant étant donné que tous les efforts variés de réconcilation nationale échouent. Des combats farouches ont lieu pendant ce que l'on a appelé la Guerre des Camps, en 1985-1986, où une coalition de milices armées par la Syrie et menée par le mouvement Amal tente de chasser l'OLP de ses points-forts au Liban. Des milliers de Palestiniens sont tués dans ces affrontements, tandis que les camps de réfugiés de Sabra, Shatila et Bourj-al-Barajneh sont annihilés.

Des combats de grande ampleurs reprennent à Beyrouth en 1987, lorsque les Palestiniens, les mouvements progressistes et les Druzes s'allient contre le mouvement Amal, provoquant finalement l'intervention de la Syrie.
En 1988, une bataille acharnée fait encore rage dans la capitale libanaise, cette fois-ci entre Amal et le Hezbollah.
Ce dernier parvient à reprendre le contrôle de plusieurs quartiers de la capitale tenus par l'autre mouvement chiite, apparaissant pour la première fois comme une force avec laquelle il faut désormais compter dans la capitale libanaise.

Le gouvernement Aoun

Dans le même temps, le Premier Ministre Rashid Karami, pivot d'un gouvernement d'union nationale après les efforts de paix avortés de 1984, est assassiné le 1er juin 1987. Le mandat du président Gemayel expire quant à lui en septembre 1988. Avant de se retirer, celui-ci désigne un autre chrétien maronite, le commandant des Forces armées libanaises, le général Michel Aoun, en tant que Premier Ministre, contrevenant ainsi au Pacte National. Le conflit, à ce moment, est aussi fortement perturbé par l'engagement de plus en plus marqué de l'Irak, Saddam Hussein cherchant à étendre sur d'autres champs de bataille la guerre Iran-Irak. Pour contrer le soutien de l'Iran à Amal et au Hezbollah, l'Irak appuie les milices chrétiennes : Saddam Hussein soutient Aoun entre 1988 et 1990.

Les groupes musulmans rejettent la violation du Pacte National et donnent leur soutien à Selim-al-Hoss, un sunnite qui a succédé à Karami. Le Liban est ainsi fracturé entre un gouvernement chrétien militaire dans les quartiers est de Beyrouth, et un gouvernement musulman dans les quartiers ouest sans président.

L'accord de Taif

L'accord de Taif en 1989 marque le début de la fin des hostilités. En janvier de cette même année, un comité appointé par la Ligue Arabe, dirigé par le Koweït et comprenant l'Arabie Saoudite, l'Algérie et le Maroc, commence à formuler des solutions pour le conflit. Cela mène à une rencontre des parlementaires libanais à Taif, en Arabie Saoudite, où ceux-ci se mettent d'accord sur un accord de réconciliation nationale pour octobre. L'accord offre un large rôle à la Syrie dans les affaires libanaises. Retournant au Liban, les parlementaires ratifient l'accord le 4 novembre et élisent René Mouawad comme président le jour suivant. Le leader militaire Michel Aoun refuse d'accepter la nomination de Mouawad, et dénonce l'accord de Taif.

Mouawad est assassiné 16 jours plus tard dans un attentat à la voiture piégée à Beyrouth, le 22 novembre, lorsque son cortège revient des cérémonies du jour de l'indépendance libanaise. Elias Hrawi lui succède et reste en place jusqu'en 1998. Aoun refuse encore ce nouveau président, et dissout le parlement.

Conflits internes dans Beyrouth-Est

Le 16 janvier 1990, le général Aoun ordonne à tous les médias libanais de cesser d'utiliser les termes "Président" ou "Ministre" pour qualifier Hrawi ou les participants de l'accord de Taif. Les Forces Libanaises, qui sont devenues un véritable contrepouvoir dans les quartiers chrétiens de la capitale, protestent en suspendant toutes leurs émissions. Aoun fait disparaître d'autres journaux qui refusent de plier. La tension avec les Forces Libanaises s'intensifie, car Aoun craint plus que tout qu'elles ne cherchent à lier partie avec le gouvernement Hrawi.

Au début 1990, les forces d'Aoun s'opposent aux Forces Libanaises, après que le général ait déclaré qu'il était d'intérêt national pour le gouvernement "d'unifier les armes", autrement dit de soumettre toutes les milices chrétiennes à sa botte. De violents combats se déroulent alors dans les quartiers est de Beyrouth, mais si les Forces Libanaises prennent initialement l'avantage, cette guérilla intestine sape leur potentiel de combat, ce qui les amènent à requérir l'aide de la Syrie.

En août 1990, le Parlement libanais, qui n'a pas obéi à l'ordre de dissolution lancé par Aoun, et le nouveau président se mettent d'accord sur des amendements constitutionnels incorporant des réformes politiques proposées à Taif. L'Assemblée Nationale comprend désormais 128 sièges et pour la première fois, un nombre égal de postes est prévu à la fois pour les chrétiens et les musulmans.

La "guerre de libération" d'Aoun

En mars 1990, après avoir soumis les Forces Libanaises, Aoun lance ce qu'il appelle une "guerre de libération" contre la Syrie et ses alliés des milices libanaises. En conséquence, les Syriens intensifient leur pression sur l'armée libanaise et sur la poche tenue par sa milice dans Beyrouth-Est, tandis que Saddam, focalisé sur le Koweit, a tendance à restreindre les livraisons d'armes et de vivres. Pourtant, Aoun persiste dans ses vues, dénonce le régime du président syrien al-Assad et affirme qu'il mène un combat pour l'indépendance du Liban. Bien qu'il réussisse à rallier une large partie de la population chrétienne à son opinion, il n'est vu par les musulmans que comme un leader sectaire, tel qu'il en existe beaucoup d'autres alors au Liban, et ils ne font pas confiance à son programme politique. Il est aussi handicapé par le problème de légitimité posé par la concurrence du gouvernement Hrawi, soutenu par la Syrie, dans les quartiers ouest de Beyrouth.

En octobre 1990, la Syrie lance une opération de grand style contre les positions d'Aoun autour du palais présidentiel, impliquant des forces au sol, l'aviation, et les alliés libanais : des centaines de partisans d'Aoun sont massacrés. L'armée syrienne nettoie ensuite les dernières poches de résistance, renforçant sa mainmise sur la capitale. Aoun trouve refuge à l'ambassade française de Beyrouth, puis s'envole à Paris. Il ne revient dans la capitale libanaise que tout récemment, en mai 2005.

Certains historiens affirment que cette vaste opération lancée par la Syrie n'a pu se faire sans un accord préalable avec les Etats-Unis (William Harris, par exemple), prévoyant une acceptation tacite de l'offensive en échange d'un soutien contre Saddam Hussein pendant la guerre du Golfe, qui intervient au même moment. Cela aurait permis d'empêcher les Israëliens de barrer la route à l'aviation syrienne qui appuyait les troupes au sol pendant ces combats. En 1989, Aoun affirmait que les Etats-Unis avaient vendu le Liban à la Syrie.


Fin de la guerre civile

En mars 1991, le Parlement vote une loi d'amnistie qui efface tous les crimes politiques commis avant son instauration. Cette amnestie ne concerne pas les crimes commis à l'encontre de diplomates étrangers et d'autres qui sont renvoyés devant le Conseil Supérieur de Justice. En mai 1991, toutes les milices sont progressivement dissoutes (à l'exception notable du Hezbollah) et les Forces Armées Libanaises commencent une lente recontruction, cette fois-ci en tant que principale institution libanaise non-sectaire.

Pourtant les violences refont parfois surface. A la fin décembre 1991, une voiture piégée contenant sans doute près de 110 kg d'explosifs explose dans le voisinage de la ville musulmane de Basta. Au moins 30 personnes sont tuées, 120 blessées, dont l'ancien Premier Ministre Shafik Wazzan, qui roulait dans une voiture à l'épreuve des balles.


Conclusion

Depuis la fin de la guerre, les Libanais ont conduit plusieurs élections, la plupart des milices se sont débandées ou se sont affaiblies, et les Forces Armées Libanaises ont étendu l'autorité du gouvernement central sur les deux tiers du pays. Seul le Hezbollah a refusé le désarmement, légitimant ce fait par le combat contre l'occupation israëlienne dans le secteur des fermes de Shebaa.

Le Liban supporte toujours les profondes meurtrissures de la guerre civile. Au total, on estime que plus de 100 000 personnes ont trouvé la mort, le même nombre étant sans doute blessées. Environ 900 000 personnes, soit 20 % de la population d'avant-guerre, ont été déplacées. Peut-être 250 000 ont émigré de manière définitive. Des milliers de mines restent enfouies dans les zones précédemment disputées. Quelques otages occidentaux enlevés au milieu des années 80 (la plupart attribués au Hezbollah, bien que le mouvement le nie catégoriquement) sont retenus jusqu'en mai 1992. Les victimes libanaises des enlèvements de l'époque de la guerre, "disparue" purement et simplement, se comptent en dizaines de milliers.

Les attentats à la voiture piégée deviennent un moyen d'action commode et répandu dans les groupes usant de la violence à travers le monde, ayant fait ses preuves durant le conflit.
En 15 ans de guerre, on a comptabilisé au moins 3 641 attentats à la voiture piégée, qui ont fait 4 386 morts et des milliers de blessés.

Le pays a fait des progrès dans la reconstruction de ses institutions politiques et dans la reconquête de son indépendance, depuis la fin de la guerre, donnant aux Musulmans une plus grande place dans le processus politique. Les critiques, pourtant, soulignent que ces nouveaux arrangement institutionnalisent les divisions sectaires dans le gouvernement.

Sources :
http://en.wikipedia.org/wiki/Lebanese_civil_war(photos et liens correspondants).
http://en.wikipedia.org/wiki/1982_Invasion_of_Lebanon
http://www.liberty05.com/civilwar/civil.html(pour les photos).
http://www.ina.fr/voir_revoir/israel-palestine/index.fr.html(vidéos de l'INA).
RAZOUX (Pierre), Tsahal : nouvelle histoire de l'armée israëlienne, Paris, Perrin, 2006

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