La guerre en Somalie
Traduit de l'anglais par Stéphane Mantoux


Siyad Barre

 

La Somalie, précédemment connue sous le nom de République démocratique somalienne, est située dans la Corne de l'Afrique, en Afrique orientale. Elle est bordée par l'Ethiopie à l'ouest, Djibouti au nord-ouest, le Kenya au sud-ouest et le golfe d'Aden au nord, ainsi que par l'océan Indien à l'est.. L'Etat somalien existe seulement aujourd'hui de jure ; la Somalie n'a pas d'autorité centrale de gouvernement reconnue, ni d'autres caractéristiques propres à un Etat politique indépendant. De facto le pouvoir est entre les mains d'entités non reconnues telles le Somaliland, le Puntland, le Conseil Suprême des Tribunaux Islamiques, et le faible, mais reconnu par l'ONU, gouvernement de transition fédéral de Baidoa à près de 260 km au nord-ouest de la capitale, Mogadischio. La violence submerge la Somalie depuis que les chefs de guerre ont renversé l'ancien Président suprême Mohamed Siyad Barre en 1991.

La période coloniale

L'année 1884 marque la fin d'une longue période de paix. A la conférence de Berlin, la « Course à l'Afrique » entame le long et sanglant processus de partition des terres somaliennes. Les Français, les Anglais et les Italiens débarquent dans le pays à la fin du XIXème siècle.
Les Britanniques revendiquent leur Somaliland comme protectorat dès 1886 après leur retraite d'Egypte, et cherchent à endiguer toute expansion coloniale européenne en Afrique nord-orientale. La zone sud, réclamée par l'Italie en 1889, devient ensuite comme le Somaliland italien. La partie la plus septentrionale devient partie intégrante du territoire français des Afars et des Issas, jusqu'à ce qu'elle devienne indépendante et forme ce qui est désormais Djibouti.
La guerre somalienne de résistance à la colonisation (1898-1920) est mené par un poète somalien, érudit et homme d'Etat, Mohammed Abdullah Hassan. La guerre se termine par le bombardement du fort de Sayid par les appareils de la Royal Air Force, avec des pertes énormes parmi les civils et les militaires somaliens.

La Seconde guerre mondiale

L'Italie fasciste de Benito Mussolini poursuit la politique d'expansion coloniale et attaque l'Abyssinie (aujourd'hui l'Ethiopie) en 1935. Cette agression est condamnée par la Société des Nations, mais rien de probant n'est fait pour entraver la colonisation militaro-industrielle des Italiens. L'Abyssinie est occupée, et le gouvernement de l'empereur Hailé Sélassié, lui-même impérialiste africain, s'exile en Grande-Bretagne. Sélassié en appel aux Alliés et à la « communauté internationale ». Mais peu de choses seront faites pour « libérer » l'Ethiopie. Le Royaume-Uni regrettera plus tard d'avoir échoué à la mise en oeuvre de sanctions à l'encontre de l'Italie...

En août 1940, les troupes italiennes franchissent la frontière et envahissent le Somaliland britannique. Le 14 août, en une campagne éclair de 11 jours, elles s'emparent de Berbera.

Les Britanniques répliquent en janvier 1942 par une campagne lancée depuis le Kenya visant à libérer les Somaliland anglais, italien, et également l'Ethiopie occupée. Ils emploient de nombreux Somaliens encadrés par des instructeurs étrangers. En février, la majorité du Somaliland italien est entre les mains des Anglais. En mars, c'est le Somaliland britannique qui est repris par une invasion amphibie.

En 1945, malgré les atrocités commises par les Italiens en Ethiopie et en Somalie, classées comme crimes contre l'humanité, l'ONU donne la Somalie à l'Italie en tant que protectorat jusqu'à son indépendance, réalisée en 1960. La province de l'Ogaden est cédée au nouveau gouvernement éthiopien rapatrié. Les Britanniques conservent quant à eux leur Somaliland (le nord, donc) sous la férule coloniale. Les Français ont eux aussi gardé Djibouti, sous administration coloniale, cette dernière ne gagnant son indépendance qu'en 1977. Bien que Somaliens et nombre d'autres Africains aient ardamment combattu du côté allié pendant la Seconde guerre mondiale, peu de temps après la fin des hostilités ils sont de nouveau sous la coupe étrangère. L'amertume engendrée par cet espoir perdu renforce la haine à l'encontre du colonialisme et, dans la plus grande partie de l'Afrique, des mouvements d'émancipation et de libération se forment rapidement.

De 1960 à 1991

L'indépendance du protectorat britannique du Somaliland est proclamée le 26 juin 1960. Le 1er juillet, l'unification entre les anciennes parties britannique et italienne est réalisée. Le gouvernement est formé par Abdullahi Issa. Aden Abdullah Osman Daar est nommé président et Abdirashid ali Shermarke devient Premier Ministre. En 1967, Mohammed Ibrahim Egal devient à son tour Premier Ministre dans le gouvernement formé par le président Shermarke. Egal est plus tard lui-même choisi comme Président par le Somaliland, qui s'est proclamé indépendant. Il meurt dans un hôpital de Prétoria, en Afrique du Sud, le 3 mai 2002.

A la fin de 1969, un gouvernement militaire prend le pouvoir après l'assassinat du président Shermarke. Mohamed Siyad Barre, général dans les forces armées somaliennes, s'empare du pays après un coup d'Etat. Les chefs révolutionnaires de l'armée, menés par Siyad Barre, instaurent un vaste programme de travaux publics. Ils mènent aussi une large campagne d'alphabétisation des villes et des campagnes, qui permet de passer d'un taux désastreux de 5% de personnes sachant lire et écrire à 55 % au milieu des années 80. Dans le même temps, Barre assassine un personnage essentiel de son cabinet, le Major General Gabierre, et deux autres officiels.

En 1977-1978, la Somalie combat son voisin éthiopien dans ce qui a été baptisé la guere de l'Ogaden. Le but du nationalisme somalien et de libérer et d'unifier les terres somaliennes divisées et subjuguées par le colonialisme. La Somalie engage des négociations diplomatiques avec le Kenya et l'Ethiopie, espérant gagner à sa cause les Somalis de ces deux Etats par l'autodétermination. Les Somalis de la province de l'Ogaden, en particulier, souffrent immensément, comme les autres Ethiopiens d'ailleurs, sous la botte de l'empereur et du nouveau régime communiste. Pourtant, les Somalis finissent par être expulsés de leur province et la Somalie, déjà prête à la guerre en cas d'échec des négociations, soutient le Front de Libération des Peuples de l'Ogaden (appelé aussi Front de Libération de la Somalie Occidentale). En fait, la Somalie cherche à mettre la main sur la province de l'Ogaden, et agit unilatéralement sans prendre en compte l'opinion internationale, généralement hostile à toute modification des frontières établies par la colonisation. Les alliés communistes des Somaliens, l'URSS et le Pacte de Varsovie, refusent leur soutien et, à la place, appuient l'Ethiopie. Lors de la guerre, c'est bien pourtant la Somalie qui semble sortir gagnante, en reprenant l'essentiel de la province d'Ogaden. Avec les forces somaliennes aux portes d'Addis Abeba, les conseillers soviétiques et cubains, ainsi que de l'armement, arrivent en toute hâte en Ethiopie. L'armée somalienne est bientôt décimée et écrasée. Au cours de cette intervention du bloc de l'est, la Somalie cherche l'appui américain. L'administration Carter montre au départ un certain intérêt pour la cause somalienne puis, plus tard, finit par se désister. Les alliés des Etats-Unis au Moyen-Orient et en Asie refusent aussi leur concours. Les Américains, sans doute, ne souhaitaient pas affronter frontalement l'URSS à ce moment-là.

En 1978, l'autorité morale du gouvernement somalien s'effondre car beaucoup de Somaliens ont perdu toutes leurs illusions concernant leur avenir sous une dictature militaire. Le régime s'affaiblit durant les années 80, la Guerre Froide arrivant à son terme, et l'importance stratégique de la Somalie recule tout autant. Le gouvernement devient de plus en plus totalitaire et les mouvements de résistance, encouragés par l'Ethiopie qui pousse ses pions, se renforcent jusqu'à mener à la guerre civile en 1991.

Cette année-là, les premiers insurgés menés par Abdullahi Yusuf Ahmed et par le président Ali Mahdi Mohamed ne sont pas reconnus, notamment le second comme président d'intérim, par certaines factions. La même année, la partie nord du pays déclare son indépendance en tant que Somaliland ; bien que de facto autonome et relativement stable comparée au sud assez tumultueux, elle n'est reconnue par aucun gouvernement étranger. En 1991-1992, une scission dans le Congrès uni des Somaliens du sud, qui a conduit la lutte pour évincer Barre, mène à une escalade dans la guerre civile, et particulièrement à Mogadischio.

L'ONU échoue lors d'une tentative d'intervention, l'opération « Restore Hope », en 1993. Jusqu'en 1995, les Nations Unies essayent néanmoins de réduire au maximum la famine criante qui frappe le sud. Le contigent onusien est dirigé par les forces américaines, lesquelles perdent lors d'une opération dans la capitale somalienne 19 morts : ce sont ces événements qui ont inspiré le film de Ridley Scott, Black Hawk Down (la Chute du Faucon Noir).

L'ONU se retire finalement au cours de l'opération « Bouclier Uni », le 3 mars 1995, ayant subi des pertes significatives, et sans qu'aucun gouvernement ne soit mis en place.

Une autre sécession intervient dans le nord-est de la Somalie. Un Etat autonome prend le nom de Puntland après avoir déclaré une indépendance « temporaire » en 1998, dans l'idée que cela contribue à une réconciliation somalienne en vue de former un nouveau gouvernement central.

En 2002, la Somalie du sud-ouest, comprenant les provinces de Bay et Bakool, se déclare indépendante. Cette entitée est dirigée par l'Armée de la Résistance de Rahanweyn et elle est créée pour la première fois en 1999. En 2002, la sécession « temporaire » devient permanente. Pourtant, la zone, qui comprend la cité de Baidoa, devient centrale pour le Gouvernement de Transition fédéral.

En 2004, ce dernier organise et rédige une charte pour gouverner le pays. Cela est accompli à Nairobi.

En 2006, l'Union des Tribunaux Islamiques commence à prendre une place prépondérante en Somalie. Elle s'empare de la capitale Mogadischio en mai-juin et commence à étendre son pouvoir sur le reste du pays.

La guerre en Somalie (2006-2007)


Cette guerre, toujours en cours, implique l'Ethiopie et les forces du Gouvernement Fédéral de Transition somalien (GFT) affrontant un groupe islamiste militant, l'Union des Tribunaux Islamiques, ainsi que des milices qui s'y sont rattachées, pour le contrôle du pays. La guerre commence officiellement le 21 décembre 2006, quand le leader des tribunaux islamiques, le Sheik Hassan Dahir Aweys, déclare que "la Somalie est en état de guerre, et tous les Somaliens doivent prendre part à ce combat contre l'Ethiopie." . Le 24 décembre, l'Ethiopie combat officiellement les Tribunaux Islamiques.

Le Premier Ministre éthiopien, Meles Zenawi, prétend que les hostilités ont éclaté parce que les combats à la frontière menaçaient directement son pays. "Les forces de défense éthiopiennes ont été forcées d'entrer dans le conflit pour protéger la souveraineté de la nation", dit-il. "Nous n'essayons pas d'installer un gouvernement en Somalie, et nous n'avons pas l'intention de nous mêler des affaires intérieures de la Somalie. Nous avons seulement été contraints d'agir par les circonstances." .

S'il est vrai que les Tribunaux Islamiques constituent une menace en essayant d'étendre la guerre à l'Ethiopie, les circonstances traduisent en fait les priorités du moment des Ethiopiens. L'implication éthiopienne a commencé des mois auparavant, avec l'engagement de forces pour soutenir le gouvernement de transition, et le soutien à d'autres gouvernements par ailleurs, jugés plus favorables à l'égard de l'Ethiopie.

Les Tribunaux Islamiques, qui contrôlent les zones côtières du sud de la Somalie, engagent le combat avec les troupes du gouvernement de transition, et les gouvernement régionaux autonomes de Puntland et de Galmudug, tous appuyés par des soldats éthiopiens. Le déclenchement de combats d'envergure se produit le 20 décembre, avec la bataille de Baidoa, après l'expiration d'un ultimatum imposé par les Tribunaux Islamiques demandant à l'Ethiopie de retirer ses troupes de Somalie. Celle-ci refuse de céder ses positions près de la capitale du gouvernement de transition, Baidoa. Le 29 décembre, après plusieurs victoires, les troupes du gouvernement de transition et celles de l'Ethiopie entre à Mogadischio sans résistance. Bien que non rapportée à ce moment-là, la présence de forces spéciales américaines pour traquer les membres supposés d'al-Qaïda dans les Tribunaux Islamiques et en tant que conseillers militaires est avérée.

Les deux camps ont échangé déclarations de guerre et affrontements en plusieurs occasions. Les pays d'Afrique orientale et les observateurs internationaux craignent que l'offensive éthiopienne puisse conduire à une guerre régionale, impliquant l'Erythrée, ennemie de longue date de l'Ethiopie, que celle-ci dénonce comme alliée des Tribunaux Islamiques.

Les forces impliquées

L'état des forces impliquées est difficile à estimer à cause de nombreux facteurs, dont le manque d'organisation formelle ou d'archives, et les revendications qui restent masquées par la désinformation. L'Ethiopie, soutenant la guerre depuis plusieurs mois, avait quelques centaines de conseillers dans le pays. Pourtant, des rapports indépendants font état de plus de troupes. Si l'on suit la BBC, "les Nations Unies estiment qu'au moins 8 000 soldats éthiopiens étaient présents en Somalie tandis que l'AFP suggère que le nombre serait plus proche des 12-15 000, alors que l'Erythrée rivale aurait aligné 2 860 soldats pour appuyer les Tribunaux Islamiques." . L'Ethiopie a admis avoir engagé seulement entre 3 511 et 4 805 combattants, bien que les Tribunaux Islamiques chiffrent ce nombre à 30 000, alors que l'Erythrée dénie toute participation au conflit. Par ailleurs, le gouvernement fédéral de transition souligne que jusqu'à 8 000 combattants étrangers combattraient aux côtés des Tribunaux Islamiques. Les troupes du gouvernement somalien et les milices affiliées représenteraient quelques 10 000 soldats.

Chronologie des événements

Juillet-octobre 2006

Les troupes éthiopiennes font mouvement sur le territoire somalien le 20 juillet 2006. Le 1er août, les Tribunaux Islamiques envoient des technicals (véhicules de combat improvisés) en direction de la frontière éthiopienne au nord de Beledweyne. Les troupes éthiopiennes auraient franchi la frontière pour contrer l'avance des islamistes. Le 9 octobre, on annonce que les forces éthiopiennes ont pris Burhakaba. Un autre article semble indiquer que cette prise de contrôle se résumerait en fait à un passage d'un convoi militaire à travers la ville. Les islamistes affirment avoir repris le contrôle de la ville après le départ des Ethiopiens. Le Somalinet rapporte que les anciens locaux demandent au gouvernement de quitter leur ville pour éviter un bain de sang. L'article parle de troupes du gouvernement, et non de troupes éthiopiennes.

Novembre-décembre 2006

Une colonne éthiopienne de 80 véhicules est touchée par des mines terrestres et attaquée par un groupe de 50 hommes affiliés aux Tribunaux Islamiques, le 19 novembre, près de Berdaale, à 50 km à l'ouest de Baidoa. 6 Ethiopiens auraient été tués. 2 véhicules sont incendiés et deux autres retournés par les attaquants.
Un échange de tirs de mortiers se produit entre les Tribunaux Islamiques et les forces éthiopiennes à Galkayo, le 28 novembre, où les deux armées se font face. Au centre de la Somalie, l'affrontement oppose des troupes distantes de moins de 5 km. Le 30 novembre, un convoi militaire éthiopien en Somalie est attaqué par des combattants des Tribunaux Islamiques. Les témoignages parlent d'un camion réduit en miettes et d'un violent échange de tirs. Les Tribunaux Islamiques revendiquent la mort de 20 combattants adverses. Le Parlement éthiopien vote le même jour pour autoriser le gouvernement à prendre toutes les "mesures nécessaires" pour repousser toute tentative d'invasion par les Somaliens islamistes. Le 8 décembre, des combattants des Tribunaux Islamiques affrontent ceux du gouvernement fédéral, soutenus par les forces éthiopiennes. Le Sheikh Sharif Sheikh Ahmed, chef des Tribunaux Islamiques, annonce à la foule de Mogadischio que les combats ont commencé à Dinsor, dans le sud, et appelle tous les Somaliens "à se dresser pour écraser l'ennemi". Un autre officiel annonce que les Ethiopiens ont bombardé la ville de Bandiradley. L'adjoint au ministère de la Défense du gouvernement somalien, Salat Ali Jelle, confirme les combats mais dénie toute implication de forces éthiopiennes. Le gouvernement d'Addis-Abeba continue à nier farouchement toute intervention de sa part en soutien des milices pro-gouvernementales.

Des témoins du village de Dagaari, près de Bandiradley, affirment que des centaines de soldats éthiopiens accompagnés par des chars prennent position près de la ville à côté de miliciens de la région autonome du nord-est, le Puntland. Le 9 décembre, les soldats du gouvernement et des Tribunaux Islamiques participent à un deuxième jour de durs combats. Ceux-ci ont lieu à 40 km de la capitale provisoire du gouvernement, à Baidoa. Mohamed Ibrahim Bilal, un officiel des Tribunaux Islamiques, affirme que le gouvernement a lancé une contre-attaque sur le village de Rama'addey, tandis que Ali Mohamed Gedi, le Premier Ministre, annonce que les milices des Tribunaux Islamiques ont assailli les forces gouvernementales.

Le 13 décembre, un rapport de Reuters consigne que les Tribunaux Islamiques parlent de 30 000 combattants éthiopiens opérant en Somalie, alors que le camp opposé évoque 4 000 combattants étrangers alignés aux côtés des islamistes. L'Ethiopie dément s'être impliquée autrement que par l'envoi de "conseillers" en Somalie.

Véhicule abandonné dans la capitale somalienne par les tribunaux islamiques


La guerre

Le 20 décembre, des combats violents ont lieu près de la capitale du gouvernement, Baidoa. 13 camions bourrés de soldats éthiopiens sont rapportés avoir été vus partant renforcer les soldats gouvernementaux. Les leaders des deux bords gardent néanmoins une option ouverte pour des négociations de paix, demandées par l'Union Européenne. Le 22 décembre, près de 20 chars éthiopiens se dirigent vers la ligne de front. Si l'on suit les sources du gouvernement, ce sont 20 blindés T-55 et 4 hélicoptères de combat qui sont maintenant stationnés à Baidoa. Le 23, des tanks éthiopiens et d'autres renforts arrivent à Daynuunay, à 30 km à l'est de Baidoa ; cela pour accélérer l'engagement dans une guerre tous azimuts des Tribunaux Islamiques en dépit de l'intervention de l'Union Européenne pour une paix négociée. Des combats sérieux se poursuivent à Lidale et Dinsoor.

Troupes du gouvernement fédéral, bataille de Baidoa


Le 24 décembre, les Ethiopiens admettent que leurs troupes affrontent les islamistes, après avoir reconnu seulement plus tôt dans la semaine avoir expédié plusieurs centaines de conseillers militaires. Des combats à l'arme lourde se déclenchent dans la zone frontalière, incluant des raids aériens et des pilonnages d'artillerie, notamment près de la ville de Beledweyne tenue par les Tribunaux Islamiques. Selon le ministre éthiopien de l'Information Berhan Hailu : "Le gouvernement éthiopien a pris des mesures d'auto-défense et a entamé une contre-attaque contre les forces extrêmistes agressives des Tribunaux Islamiques et des groupes terroristes étrangers." . Le 25 décembre, les troupes éthiopiennes et les forces du gouvernement s'emparent de Beledweyne. Les défenseurs des Tribunaux Islamiques prennent la fuite tandis que l'aviation éthiopienne bombarde les aéroports de Mogadischio et de Bali-Dogle. Des combats très violents sont aussi rapportés à Burhakaba. Le 26 décembre, les Tribunaux Islamiques retraitent sur tout le front, perdant l'essentiel du territoire conquis avant l'intervention éthiopienne. Ils se retirent sur Daynuunay et Mogadischio. Le 27 décembre, Ethiopiens et troupes gouvernementales sont en route vers la capitale, après avoir capturé la ville stratégique de Jowhar, à 90 km au nord de celle-ci. Les Tribunaux Islamiques ne contrôlent plus qu'une étroite bande côtière, abandonnant la plupart des villes sans combat. Il faut dire aussi que les deux chefs militaires supérieurs des Tribunaux Islamiques, le chef de la défense Yusuf Mohammed Siyad Inda'ade et son adjoint Abu Mansur, sont au pélerinage du Hajj à la Mecque. Après la chute de Mogadischio, le 28, les combats continuent dans la vallée de la rivière Juba, où les islamistes se sont retirés, établissant un nouveau QG dans la cité de Kismayo. Le 31 décembre a lieu la bataille de Jilib, et la ligne de front des Tribunaux Islamiques s'effondre durant la nuit après un bombardement d'artillerie, provoquant l'abandon de Kismayo et le repli des islamistes sur la frontière avec le Kenya.

Troupes du gouvernement fédéral de transition

2007

Les événements militaires du début de l'année se concentrent dans la partie sud de la Somalie, avec en premier lieu le retrait des milices des Tribunaux Islamiques de la ville de Kismayo, et leur poursuite par les troupes éthiopiennes utilisant les frappes aériennes dans le district de Afmadow, pendant la bataille de Ras Kamboni. Pendant celle-ci, les Etats-Unis lancent eux-mêmes des raids aériens conduit par un AC-130 Gunship pour éliminer des opérationnels présumés d'al-Qaïda. Une seconde frappe a lieu plus tard en janvier 2007. Il y a aussi des affrontements dans Mogadischio et les environs contre les troupes du gouvernement et les Ethiopiens, sans parler des violences entre milices de différentes obédiences. Le gouvernement appelle dans le même temps au désarmement des milices et établit la loi martiale.


Retour sur l'armée éthiopienne


L'armée éthiopienne a mené deux guerres conventionnelles durant ces dernières décennies : elle a repoussé une invasion de la Somalie en 1977 et elle a affronté l'Erythrée pour aboutir à une impasse entre 1998 et 2000. Les forces éthiopiennes ont aussi une longue expérience de la contre-insurrection, différentes campagnes ayant été menées contre des guérillas locales. Elles ont aiguisé cet avantage pendant la guerre civile consécutive au renversement de l'ancien dictateur Mengistu Haile Mariam en 1991. Pourtant, la plupart de l'armée éthiopienne faitt face à l'Erythrée, "au cas où"... .Mais les véhicules tractés et l'artillerie ne sont pas très utiles dans ce genre de conflits, et l'armée éthiopienne manque surtout de véhicules blindés de transport de troupes.

La Force de Défense Nationale Ethiopienne est l'une des plus importantes du continent africain, avec l'Egypte, l'Erythrée et le Maroc, et elle se situe au 29ème rang mondial. Elle aligne entre 200 et 250 000 combattants selon les sources. Depuis le début des années 90, l'armée éthiopienne est en transition, passant d'une force rebelle ayant mis à bas le régime en 1991 à une organisation militaire professionnelle, avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays. Entraînée au déminage, à des opérations humanitaires et de maintien de la paix, à l'éducation militaire professionnelle mais aussi à la justice militaire, cette armée gagne en puissance. Elle comprend des forces terrestres, aériennes, de police, et une milice. Elle ne dispose plus de marine de guerre depuis l'indépendance de l'Erythrée et la vente des bateaux stationnés à Djibouti.

L'équipement est très varié. Il n'y a quasiment pas de production nationale, aussi toutes les armes sont-elles importées. L'Ethiopie a usé de sa position pour servir de « receleur » d'armes pour d'autres nations africaines, le Burundi ou la Somalie par exemple. La plupart de ses systèmes d'armes datent de l'époque soviétique et viennent de la même origine ou des pays du bloc de l'Est. Pourtant, les Etats-Unis ont été les principaux fournisseurs d'armes de l'Ethiopie de 1945 à 1977, jusqu'à ce que celle-ci reçoive d'importantes livraisons de l'URSS. Ces navires, dont des patrouilleurs blindés, ces intercepteurs et ces appareils de transport, ces hélicoptères, ces chars, ces camions, ces missiles, cette artilerrie et ces armes légères ont représenté une dette de l'Ethiopie à l'égard de l'Union soviétique, jamais acquittée, de plus de 3,5 milliards de dollars. Depuis 1991, un flux continu d'armes arrive toujours en Ethiopie des anciens pays du bloc de l'est (Russie, République Tchèque, Biélorussie, Kazakhstan et Hongrie), accru d'un autre flux occidental (Etats-Unis, Allemagne, Royaume-Uni, France) et d'achats effectués en Israël et en Chine.

L'armée éthiopienne aligne, pour les blindés, 170 T-54/T-55, 50 T-62 et 50 T-72 (récemment acquis au Yémen). En véhicules de combat blindés, elle dispose de 25 BMP-1, 110 M-113, 10 BTR-152 et 14 BTR-60. On compte aussi 250 véhicules de reconnaissance BRDM-2. L'artillerie automotrice est formée de 5 2S1 (M1974) et de 17 M109. L'aviation aligne quant à elle, pour les hélicotpères, 8 Mi-6 Hook, 14 Mi-14 Haze, 14 Mi-17 Hip, 5 Mi-24 Hind, 3 SA 316 Alouette III et 4 SA 330 Puma. Au rayon intercepteurs, on trouve 21 MiG-21 Fishbed et 12 Su-27 Flanker. Pour les avions d'attaque au sol, l'Ethiopie peut déployer de 12 à 20 MiG-23BN Flogger et 4 Su-25 Frogfoot. Pour le transport, la flotte se compose de 2 An-2 Colt, d'An-12 Cub, de An-26 Curl, de An-32 Cline et de 3 C-130 Hercules. L'armée éthiopienne peut aussi compter sur 22 lance-missiles antichars M220 BGM-71 TOW et sur des missiles air-air embarqués R-73/AA-11 Archer et R-27/AA-10 Alamo.

Le marché de l'armement lié au conflit et les différents soutiens apportés à chaque camp

L'Erythrée, comme on l'a dit, a fourni des armes aux Tribunaux Islamiques, qu'elle appuie pour damer le pion à sa rivale éthiopienne. Le 3 mars 2006 par exemple, un appareil codé E-B69 dépose en Somalie 200 boîtes de munitions Zu-23 (antiaériennes), 200 boîtes de munitions B-10 (antichars), 200 boîtes de munitions DShK (antiaériennes), 200 boîtes de munitions M2 cal.50 (mitrailleuse lourde), des munitions pour ZP-39 (antiaériennes), 50 RPG (lance-roquettes antichars et leurs munitions), 50 armes antichars contre véhicules blindés légers, 50 lance-grenades M-79, des matériels radios destinés à être montés sur les technicals. Le 5 mars, un autre appareil amène 1 000 AK-47 (en version courte), 1 000 jumelles binoculaires, 1 000 bombes à déclenchement à distance, 1 000 mines anti-personnel et des munitions de mortiers de 120 mm.

De l'autre côté, le gouvernement éthiopien appuie très tôt le gouvernement fédéral de transition somalien. Les 6 et 12 janvier 2006, par exemple, 10 camions bourrés d'armement passent en Somalie à destination des soldats gouvernementaux. Ils déposent 2 000 AK-47, 100 PKM, 1 500 G-3, 100 lance-roquettes RPG, 10 DShK, 10 SKU et des mines ; des tubes de rechange pour les ZU-23 et les PKM, ainsi que des ceintures et bandes de cartouches vides ; des munitions pour ZU-23, ZP-39, DShK, PKM, RPG-2, RPG-7, B-10, D-30, SKU, mortiers de 120 mm, mines antichars, AK-47 et G-3.

Sources :
http://en.wikipedia.org/wiki/Somalia

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