La guerre italo-éthiopienne (1935-1936)
Par Fabrice Thery


Haïlé Sélassié


La guerre Italo-éthiopienne (1935-36) vit la soumission de l’Ethiopie à l’Italie Fasciste Elle fut un des épisodes qui ouvrit la voie vers la Seconde Guerre mondiale. Elle démontra également la flagrante inefficacité de la Société des Nations dont les timides décisions ne furent pas soutenues par les grandes puissances occidentales.

I. Le royaume d’Ethiopie en 1934.

En 1934, l’Ethiopie est un des rares Etats indépendants dans une Afrique dominée par les européens. Ce pays, qui fait partie de la Société des Nations depuis 1923, attire les convoitises du pouvoir fasciste de Benito Mussolini. Celui-ci désire constituer, sur le modèle mythique de l'Empire romain, un Empire colonial moderne, comparable à celui des grandes puissances européennes. Déjà à la fin du 19ème siècle, l'Italie avait essayé sans succès de conquérir l'Abyssinie. Elle avait du s’incliner, suite à une humiliante défaite face au Négus Ménélik, le 1er mars 1896, à bataille d’Adoua. L’Ethiopie en 1934 est dirigée par un empereur ou Négus du nom de Haïlé Sélassié er. Chrétien de rite Copte comme la majorité de ses sujets, celui-ci se flatte de descendre de la reine de Saba et du roi d'Israël Salomon.
En fait, né en 1892 sous le nom de Lij Tafari Makonnen, Haïlé Sélassié était le cousin de l'empereur Ménélik II.
Alors qu'il n'avait que treize ans, le jeune Tafari Makonnen est nommé par son père Gouverneur de la province de Gara Muleta. Il exerce ensuite cette haute fonction dans les provinces de Selalie, Sidamo et Harar. En 1916, il devient Régent et héritier du trône. Après le décès en 1930 de l'Impératice Zaouditou, le Ras (prince) Tafari devient Empereur d'Ethiopie. Il prend alors le nom d'Hailé Selassié I, Empereur d'Ethiopie, Elu de Dieu, Roi des Rois, Lion Conquérant de la Tribu de Juda.

II. Prétexte de l’invasion Italienne.

Le 28 Septembre 1934, l'Ambassadeur Américain à Rome, Breckinridge Long, confie à son Secrétaire d'Etat que des rumeurs font état de la préparation active des italiens en vue d’une guerre contre l’Ethiopie.

Les tensions avec l’Etat africain débutent le 23 novembre 1934, lorsque Mussolini accuse les éthiopiens d’avoir agressé des inspecteurs italiens à la frontière entre l’Ethiopie et la colonie italienne de Somalie. Le 5 décembre 1934, une commission frontalière anglo-éthiopienne tombe inopinément sur un détachement italien aux puits de l’oasis de WalWal, théoriquement en territoire éthiopien, dans le désert d’Ogaden. Une fusillade éclate pour une raison inconnue, et un officier italien est tué.
Les Indigènes somaliens du Capitaine Cimmaruta ripostent à la mitrailleuse, puis font intervenir deux chars d’assaut et 3 avions, forçant les éthiopiens à fuir et tuant un officier anglais. Le nombre total des pertes autour de l’oasis avoisine 160 hommes (107 tués et de nombreux blessés chez les éthiopiens pour 30 Dubats (1) italiens tués et une centaine de blessés). Mussolini prétend aussitôt que Walwal appartient bel et bien à l'Italie depuis des années, bien que faisant partie intégrante du territoire éthiopien et exige des excuses publiques devant le drapeau italien. Hailé Sélassié Ier refuse et demande le retrait des Italiens, qui se sont effectivement avancés très loin à l'Ouest.

La France le dissuade provisoirement de provoquer un scandale à la Société des Nations. Fort de ses prétentions, le Duce engage alors une joute diplomatique tout en se préparant à intervenir militairement. Quelques mois plus tard, le 14 février 1935, l’Ambassadeur Long transmet au Secrétaire d'Etat des notes fournissant des indications précises de préparation générale pour une campagne étendue en Éthiopie. Les usines de fabrication de camions, de chars et d’artillerie autour de Milan fonctionnent à plein régime de jour comme de nuit. Dans plusieurs villes, des unités italiennes profitent de l’obscurité pour se déplacer clandestinement et éviter ainsi de fournir des indications à d’éventuels observateurs. Un autre rapport atteste que 30 000 hommes ont quitté Naples et que des mouvements de regroupement sont en cours afin d’envoyer un corps expéditionnaire de 200 000 ou 300 000 hommes en Afrique. Les troupes sont embarquées sur des bateaux de la flotte marchande sans support de navire de guerre afin d’éviter d’éveiller les soupçons. Les préparations italiennes continuent au printemps et à l'été. Le danger d’une guerre se précise.

(1) Dubat : Soldat appartenant à une bande armée irrégulière de Somalie, servant sous les ordres des troupes coloniales italiennes.

III. Tentative de médiation américaine et tergiversations de la SDN.

Le négus Haïlé Sélassié Ier, voyant que la situation n’évolue guère en sa faveur fait enfin appel à la Société des Nations le 17 mars, en s’appuyant sur l'article XV de l'organisation. Mais à cette époque, l’Europe apparaît peu préoccupée par la situation en Afrique de l’Est. Ses yeux sont braqués vers la conférence de Stresa, dans le Piemont italien (14 avril 1935), qui vise à empêcher toutes futures tentatives allemandes de modifier le Traité de Versailles et à isoler Hitler. C’est aussi la première fois que la SDN, qui a pour vocation de maintenir la paix entre ses membres, se trouve mise à l'épreuve. S’appuyant sur le traité d’amitié, de conciliation et d’arbitrage signé par les deux parties à Addis Abeba, le 2 août 1928, elle finit par prendre la décision de l’ouverture d’une commission d’arbitrage.
Les membres désignés par l’Italie pour la représenter sont : Le Comte Aldrovandi, Ambassadeur de Sa Majesté le Roi d'Italie et R.Montagna, Conseiller d'Etat du Royaume d'Italie. Pour l’Ethiopie il s’agit de A. de Geouffre de La Pradelle, Professeur de Droit des gens à l'Université de Paris, Directeur de l'Institut des Hautes Etudes Internationales, et Monsieur Pitman B. Potter, Professeur de l'Organisation Internationale à l'Institut Universitaire de Hautes Etudes Internationales de Genève, citoyen des Etats-Unis. Mr N. Politis, délégué grec représente le cinquième arbitre, garant de la neutralité. Sont également nommés Agents auprès de la Commission, S. Lessona, Professeur à l'Université de Florence, pour l’Italie et Monsieur G. Jèze, Professeur à l'Université de Paris.

Le 23 juin 1935, Anthony Eden, Ministre des Affaires Etrangères britanniques entrevoit Mussolini pour tenter de négocier et de désamorcer la crise, mais ces pourparlers n’apportent aucune avancée. Devant la menace de la fermeture du Canal de Suez, en vertu de l’article XX du Covenant, Eden propose la cession aux éthiopiens du port de Zeyla, dans le Golfe d’Aden avec un étroit corridor à travers la Somalie britannique. En échange l’Ethiopie consent à faire certaines concessions territoriales à l’Italie. Mais la réponse du Duce est sans appel :

- « Non, même si l’Ethiopie m’était offerte sur un plateau d’argent, je la veux avec une guerre. »

Le 10 juillet 1935, le Secrétaire d’Etat américain Hull appelle l'Ambassadeur italien Rosso pour discuter de la situation. Il informe l'Ambassadeur que les Etats-Unis s’intéressent profondément à la préservation de la paix dans toutes les parties du monde. Il lui fait part de son inquiétude et exprime son espoir d’arriver à une solution satisfaisant les deux parties dans un règlement pacifique du contentieux opposant italiens et éthiopien. Le Président Roosevelt lui-même, envoie un message personnel à Mussolini, le 18 août 1935. Dans celui-ci, il déclare que le Gouvernement et le peuple des États-Unis estiment qu’un échec diplomatique conduirait à une flambée de violence dont les conséquences affecteraient les intérêts de toutes les nations. Le 3 septembre 1935, à Paris, la commission d'arbitrage remet les conclusions de ses travaux. La décision de la SDN est timorée. Elle ne souhaite incriminer personne en particulier et renvoie les deux plaignants dos à dos.

- « Entre les forces italiennes et éthiopiennes, il s'est produit depuis le 6 décembre 1934 jusqu'au 25 mai 1935 divers incidents, les uns consécutifs à celui de Walwal et d'autres sans aucun lien avec lui. Il résulte de l'examen attentif des faits allégués de part et d'autre que, de ces incidents, les premiers, ayant été la suite de celui de Walwal, ont eu un caractère accidentel, tandis que les autres ont été pour la plupart des incidents sans gravité, très ordinaires dans la région où ils se sont produits. Dans ces conditions, la Commission est d'avis qu'il n'y a lieu de retenir pour ces incidents mineurs aucune- responsabilité internationale. »

Mais le Duce se moque bien de l’avis de la SDN. Il est de toute façon décidé à envahir l'Éthiopie et rejette toutes les offres de médiation des américains. Il s’agit pour lui de mener une croisade contre un peuple féodal qui défie la magnificence de l’Italie fasciste alors qu’il est esclavagiste et a mœurs ancestrales barbares. Le 10 septembre, Long câble à Hull que l’intention de Mussolini d’envahir l’Ethiopie ne fait plus aucun doute. Il confirme qu’en Italie, les militaires et les civils, sont en accord complet avec la politique du Duce. La presse, dans chaque édition, donne l'expression de la détermination nationale à entrer en guerre et à ne laisser personne intervenir dans les affaires italiennes. Les relations avec les britanniques passent également d’amicales à glaciales. Il ne reste alors que deux solutions aux puissances occidentales :

- Soit elles font pression sur l’Italie en envisageant un éventuel recours aux armes mais elles n’ignorent pas les conséquences dramatiques que cela engendrerait.
- Soit elles laissent faire Mussolini et si l’aventure lui est favorable, il s’enhardira pour d’autres conquêtes.

C’est le second choix qui sera malheureusement fait. L'Ambassadeur Long clame depuis des semaines que l'Italie doit être vaincue "maintenant " afin de lui empêcher de réaliser ses ambitions en Afrique de l'est. Il est persuadé que sinon, dans les années à venir, l’équilibre et la paix mondiale seront menacés. Pendant toute cette période d'hostilité grandissante, la SDN s'efforce de prévenir l'éruption de guerre.
Le Gouvernement italien, ne sera pourtant jamais dissuadé de réaliser son plan de conquête en Afrique. Le Duce adresse le 02 octobre 1935, un grand discours belliqueux aux Italiens et leur annonce sa décision d'envahir l'Éthiopie. Le 3 octobre 1935, les forces italiennes dirigées par les Généraux Rodolfo Graziani et Emilio De Bono, lancent une attaque en tenaille à partir de leurs bases érythréennes et somaliennes. Dix Divisions, appuyées par les chars et l'aviation, soit un total de 400000 hommes, se ruent sur ce pays misérable. Malgré des bombardements brutaux et l'usage de l'ypérite et du phosphore, malgré les massacres de populations civiles et la trahison de certains seigneurs du Sud, hostiles à l'empereur, il faudra plusieurs mois aux troupes fascistes pour venir à bout de la résistance d’une symbolique armée éthiopienne sous équipée, peu organisée et mal entraînée…

IV. L’invasion de l’Ethiopie, 3 octobre 1935.

L’Italie, unifiée tardivement est une jeune puissance coloniale en Afrique. Au Nord, elle acquiert en 1911, les territoires africains de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque, au détriment de l'Empire ottoman, après la brève guerre qui l’oppose aux turcs. En 1925, elle s’étend également sur le Jubaland, aux dépends du Kenya britannique. Mais ce sont ses colonies de l’Afrique de l’Est, la Somalie italienne, conquise en 1889-1890 et la colonie de l’Erythrée, créée de toute pièce (1889) qui servent de base de départ pour l’offensive en Ethiopie. Cette invasion donne aussi à Mussolini l’opportunité de mettre la main sur les ressources minérales de l’Ethiopie au moment où les effets de la crise financière mondiale se font durement ressentir dans son pays. L’Ethiopie en 1935 a en effet une économie élémentaire, basée principalement sur l’agriculture et l’élevage vivrier, avec un commerce extérieur presque inexistant.
Elle dispose de gisements d’or dans le Sud et l’Ouest de son territoire mais ne les exploite pas. Ses ressources en sel sont également très importantes. Un gisement de pétrole est exploitable au large de Massouah, dans l’archipel Dahlac et des américains sont à la recherche d’autres gisements dans l’Ogaden, au Sud de Harrar. L’Ethiopie, voisine de la Somalie et de l’Erythrée italienne présente donc de nombreux attraits aux yeux du Duce.
Un mois, jour pour jour après les conclusions de la SDN sur l’affaire de WalWal, les italiens passent à l’attaque sans aucune déclaration de guerre préalable. Les hostilités débutent par le bombardement de la ville d’Adoua par l’aviation italienne. Le Général Emilio De Bono franchit ensuite la frontière Nord et attaque avec une colonne d’assaut à partir de l’Erythrée. Elle est composée des Ier et IIème Corps d’Armée italiens renforcés d’un Corps d’Armée érythréens soit un effectif de 100 000 soldats italiens (dont deux unités d’élite de Bersaglieri et d’Alpini) et de 25000 askari érythréens, renforcés par un régiment de 165 blindés légers, répartis en 3 bataillons. Cette Armée italienne entame une marche sur Adigrat, Inticho, et Daro Tacle. Son objectif final est la prise de la capitale éthiopienne Addis Abéba. Simultanément, le Général Rodolfo Graziani avec trois Divisions d’Infanterie italiennes renforcées de quelques unités de supplétifs coloniaux, attaque au Sud en franchissant la frontière de la Somalie italienne.
Les italiens disposent en outre dans leur arsenal, d’armes chimiques interdites par la convention de Genève : 60 000 obus à l'arsine pour l'artillerie, 1 000 tonnes de bombes à ypérite pour l'aviation et 270 tonnes de produits chimiques agressifs pour l'emploi tactique. Ils vont faire une démonstration écrasante de leur puissance militaire contre un pays qui ne possède pas d’appui à l’étranger et ne dispose que de son courage pour faire face à l’envahisseur.

V. Composition de l’Armée italienne en Ethiopie au 8/10/1935.

FRONT NORD (Erythrée et Nord Ethiopie) Gen. Emilio de Bono

Une Division d'Infanterie italienne comprend deux à trois Régiments d'Infanterie (à trois Bataillons chacun), un Régiment d'Artillerie, un Bataillon de Mortier (à deux compagnies), une Compagnie Antichar, une Légion Fasciste (un Régiment à deux Bataillons). Chaque Division compte environ 7000 hommes, les Régiments d’Infanterie et d’artillerie comptent 1650 hommes. Une Légion de chemises Noires dispose d’un effectif de 1200 soldats politiques répartis en compagnies de 150 hommes.

Commandement Supérieur en Afrique Orientale

27° Division d’Infanterie « Sila »
(En provenance d’Italie)

- 19° Régiment d’Infanterie
- 20° Régiment d’Infanterie
- 55° Régiment d’Artillerie

Groupe de Bataillons de Grenadiers Alpins (en provenance d’Italie
7° Brigades d’Artillerie Autotractée (Canons de 77mm L28)
Unité du Génie du C.S.A.O
Aviation

I° Corps d’Armée italien (Generale di C.d'A. Ruggero Santini)

26° Division d’Infanterie « Assietta » (Gen. Enrico Riccardi)
L’ « Assietta » en 1935 est une Division binaire (ne compte que deux Régiments d’Infanterie)

- 38° Régiment d’Infanterie « Ravena »
- 63° Régiment d’Infanterie « Cagliari »
- 49° Régiment d’Artillerie
- 504° Bataillon de mitrailleuses
- une Compagnie du Génie
- un Bataillon de Réserve

5° Division Légère Alpine (Alpini) « Pusteria » (Gen. Luigi Negri Cési)

- 7° Régiment Alpin (Bataillons Feltre, Pieve di Cadore et Belluno)
- 11° Régiment Alpin (Bataillons Bolzano, Trento et Bassano)
- 5° Régiment d’Artillerie (Groupe d’artillerie Belluno et Lanzo)
- 5° Bataillon du Génie
La « Pusteria » en 1935 est une Division binaire (ne compte que deux Régiments d’Infanterie)

30° Division d’Infanterie « Sabauda » (Gen. Italo Gariboldi)
(Remplacé par le Général de Biase, en 1936)

XXX° Brigade d’Infanterie (Général de Brigade Luigi De Biase)

- 3° Régiment de Bersagliers (Col. Carlo De Simone) *
* Le 3° Régiment de Bersagliers est détaché en 1936 afin de former le cœur de la nouvelle Colonne Rapide d’Afrique Orientale (Erythrée).
- 46° Régiment d’Infanterie « Reggio » (Col. Giuseppe Stefanelli)
- 60° Régiment « Calabria » (Col. Enrico Broglia)
- 16° Régiment d’Artillerie (Col. Angelo Carta)
- 530° Bataillon de mitrailleuses
- 30° Bataillon de Réserve
- 30° Compagnie de Génie


10° et 25° Bataillons Indigènes Erythréens (Prélevés sur la 2° Division Indigène du Corps Erythréen)

Bande Erythréenne de la Scimezana
5° Groupe d’Escadron Automobile
Unité du génie du I° Corps d'Armée d’Afrique Orientale
Escadrille d’Aéroplanes de Reconnaissance Terrestre « Libica »
3° Brigade d’Artillerie Autotractée (canons de 77mm L28)
5° Brigade d’Artillerie Autotractée (canons de 105mm L28)

Commandement d’Artillerie Lourde « Agamé »

Task Force des I°, VII° et XI° Brigades d’Artillerie de Position

- 1° Batterie Indigène Erythréenne (Canons de 70mm L15)
- 25° Batterie (Canons de 70mm L15)
- 13°, 17°, 18°, 21°, 28°, 36° Batteries (Canons de 77mm L28)
- 6° Batterie (Obusiers de 120mm L25)
- 27° Batterie (Obusiers de 105mm L28)


II° Corps d’Armée italien (Generale di Div. Pietro Maravigna)

19° Division d’Infanterie « Gavninana » (Gen. Nino Villasanta)

- 70° Régiment d’Infanterie « Ancona » (Col. Gaetano Binacchi)
- 83° Régiment d’Infanterie « Venezia » (Col. Guilio Van den Heuvel)
- 84° Régiment d’Infanterie « Venezia » (Col. Giorgio Masina)
- 19° Régiment d’Infanterie d’Artillerie (col. Ubaldo Scanagatta)
- 519° Bataillon de Mitrailleuses
- 19° Bataillon de Réserve
- 19° Compagnie du Génie


24° Division d’Infanterie « Gran Sasso » (Gen. A.R. Adalberto di Savoia)

Stationnée dans la zone Adi Ugri-Quala

- 13° Régiment d’Infanterie « Pinerolo »
- 14° Régiment d’Infanterie « Pinerolo »
- 225° Régiment d’Infanterie « Arezzo »
- 18° Régiment d’Artillerie
- 524° Bataillon de Mitrailleuses
- 24° Bataillon de Réserve
- 24° Compagnie du Génie

3° Division de chemises noires « 21 Aprile » (Gen. Giacomo Appiotti)

230° Legione « L’aquila » (Console Commandante Tommaso Bottari)

- 230° Bataillon de Chemises Noires « L’Aquila »
- 236° Bataillon de Chemises Noires « Tre Monti »
- 230° Compagnie de Mitrailleuses
- 230° Batterie d’Artillerie

252° Legione « Acciaiata » (Console Commandante Giovanni Passerone)

- 252° Bataillon de Chemises Noires « Acciaiata »
- 256° Bataillon de Chemises Noires « Lucano »
- 252° Compagnie de Mitrailleuses
- 252° Batterie d’Artillerie

263° Legione « T. Gulli » (Console Commandante Ivan Doro)

- 263° Bataillon de Chemises Noires « T.Gulli »
- 264° Bataillon de Chemises Noires « Scalfaro »
- 263° Compagnie de Mitrailleuses
- 263° Batterie d’Artillerie

3° Bataillons de Mitrailleuses des Chemises Noires
3° Bataillon d’Artillerie (Canon de 65mm L17 appartenant à l’Armée Régulière)
3° Compagnie Mixte Spéciale du Génie (Effectifs mi Chemises Noires, mi Armée de Terre)
2 Bataillons de Réserve

Groupement de Bandes érythréennes de l’Altopiano (Major Luigi Criniti)
( Bandes des Provinces de Seraé, de Cheren et du Hamasien )

10° Escadron Automobile
Unité du Génie du II° Corps d'Armée d’Afrique Orientale
118° Escadrille d’Aéroplanes de Reconnaissance Libyenne

Commando de Brigade d’artillerie (Obusier de 100mm L17)

1° et 2° Brigade d’Artillerie Autotractée (Obusier de 100mm L17)
1° Brigade d’Artillerie Autotractée (Canons de 77mm L28)
4° Brigade d’Artillerie Automobile (Canons de 77mm L28)

Commandement d’Artillerie Lourde de Position du Tigray Occidental

Task Force des IX°, XIII° et XX° Brigades d’Artillerie Lourde de Position

- 19° Batterie Indigène Erythréenne (Canons de 70mm L15)
- 25° Batterie (Canons de 70mm L15)
- 30°, 31°, 32°, 34°, 35°, 36° et 41° Batteries (Canons de 77mm L28)
- 12° Batterie (Obusiers de 104mm L32)
- 5° Batterie (Obusiers de 120mm L25)

Corpo d'Armata Indigeni dell'Eritrea (Corps d’Armée Indigène d’Erythrée)
(Gen. C.A. Alessandro Pirzio Biroli, devient Gouverneur de la province d’Amhara en 1936)

NB : les Ascari (de l’arabe asker) sont des soldats érythréens engagés sous contrat dans des Bataillons Indigènes de l’Armée Coloniale italienne. Le premier nom de ces guerriers indigène au service de puissances coloniales en Afrique Orientale était d’origine turque. On les nommait les « Bachi-Bouzouks » (de Bashozuck, littéralement tête cassée, en turc).

1° Division Indigène (Gen.Div. Salvatore Di Pietro)

Ière Brigade Mixte (Gen.Brig. Sebastiano Gallina)

1° Groupe de Bataillons Indigènes (Col. Alfredo Marcheggiano)
- 1° Bataillon Indigène « Turitto »
- 6° Bataillon Indigène « Cossu »
- 16° Bataillon Indigène « Adi Caieh »

5° Groupe de Bataillons Indigènes (Col. G. Castone Guazzaroni)
(Moins le 18° Bataillon, cédé au IIème Corps d’Armée)
- 7° Bataillon Indigène « Prestinari »
- 15° Bataillon Indigène « Billia »

Ière Brigade d’Artillerie de Montagne Erythréenne (Magg. Bruno Chiarini)
- 1° et 4° Batterie (Canon de 65mm L17 de montagne)

IIIème Brigade Mixte (Gen.Brig. Luigi Cubeddu)

2° Groupe de Bataillons (Ten. Col. Leopoldo Natale)
(Moins le 23° Bataillon, cédé au IIème Corps d’Armée)
- 3° Bataillon Indigène « Galliano »
- 11° Bataillon Indigène

6° Groupe de Bataillons Indigènes (Col. Ettore Galliani)
- 2° Bataillon Indigène « Hidalgo »
- 13° Bataillon Indigène « Roma »
- 24° Bataillon Indigène

IIIème Brigade d’Artillerie de Montagne (Magg. Antonio Accili)
- 7°, 8° et 9° Batteries (Obusiers de montagne de 75mm L13 et 65mm L17)


2° Division Indigène (Gen. Div. Achille Vaccarisi puis Gen. Brig. Dalmazo)

IIème Brigade Rapide Mixte « Emanuele Filiberto Testa di Ferro » (Gen. Brig. Lorenzo Dalmazzo, prend le commandement de la 2ème Division érythréenne en 1936)

3° Groupe de Bataillons Indigènes (Col. Francesco Scotti)
(Moins le 4° Bataillon, cédé au Ier Corps d’Armée )
- 5° Bataillon Indigène « Ameglio »
- 21° Bataillon Indigène « Fulmine »

7° Groupe de Bataillons Indigènes (Col. Ruggero Tracchia)
(Prend le commandement de la 2ème Brigade Rapide Mixte en 1936)
- 4° Bataillon Indigène « Toselli »
- 19° Bataillon Indigène « Cafaro »
- 22° Bataillon Indigène

IIème Brigade d’Artillerie de Montagne Autotractée (Canons de 65mm L17)

IVème Brigade Mixte (Gen. Brig. Gustavo Pesenti)
(Prend le commandement de la 1ère Division erythréenne en 1936)

4° Groupe de Bataillons Indigènes (Col. Augusto Bauzano)
- 9° Bataillon Indigène « Guastoni »
- 12° Bataillon Indigène
- 17° Bataillon Indigène « Nebri »

8° Groupe de Bataillons Indigènes (Col. Rodolfo Conti)
(Moins le 24° Bataillon, cédé au Ier Corps d’Armée)
- 8° Bataillon Indigène « Gamerra »
- 20° Bataillon Indigène

IVème Brigade d’Artillerie de Montagne autotractée (Canons de 65mm L17)


1° Division de Chemises Noires « 23 Marzo » (Gen. Div. Ettore Bastico)
(Prend le commandement du IIIème Corps italien en 1936, remplacé par le Général Emanuele Filiberto di Savoia, 20/11/35 au 29/2/36)

Unité affectée au Corps en 1936.

135° Legio « Indomita » (Console Commandante Enrico Francisci)

- 135° Bataillon de Chemises Noires « Indomita »
- 88° Bataillon de Chemises Noires « Cappellini »
- 135° Compagnie de Mitrailleuses
- 135° Batterie d’Artillerie

192° Legio « Francesco Ferrucci » (Console Commandante Giuseppe Conticelli)

- 190° Bataillon de Chemises Noires « Pisa »
- 192° Bataillon de Chemises Noires « Francesco Ferrucci »
- 192° Compagnie de Mitrailleuses
- 192° Batterie d’Artillerie

202° Legio « Cacciatori del Tevere » (Console Commandante Alberto Piroli)

- 202° Bataillon de Chemises Noires « Cacciatori del Tevere »
- 204° Bataillon de Chemises Noires « Trotti »
- 202° Compagnie de Mitrailleuses
- 202° Batterie d’Artillerie

1° Bataillons de Mitrailleuses des Chemises Noires
1° Bataillon d’Artillerie (canon de 65mm L17 appartenant à l’Armée régulière)
1° Compagnie Mixte Spéciale du Génie (Effectifs mi Chemises Noires, mi Armée de Terre)
2 Bataillons de Réserve


Ier Groupe de Bataillons de Chemises Noires de l’ Erythrée (Console Generale Filippo Diamanti)
- 1°, 2°, 3°et 4° Bataillons de Chemises Noires italiennes en Afrique Orientale
- Compagnie de Mitrailleuses des Chemises Noires d’Afrique Orientale


Commandement d’Artillerie Lourde de Position du Tigré Oriental

Task Force des VI°, XVIII° Brigades d’Artillerie Lourde de Position

- 4° Batterie Indigène Erythréenne (Canons de 70mm L15)
- 25° Batterie (Canons de 70mm L15)
- 15° et 18° Batteries Indigènes (Canons de 77mm L28)
- 26° Batterie (Canons de 77mm L28)
- 4° Batterie (Obusiers de 120mm L25)

6° Groupe d’Escadrons d’Automitrailleuses (Magg. Luigi Carrara Verdi)
6° Groupe d’Escadrons Automobile (moins un Escadron)
Groupe d’Escadrons de Cavalerie Erythréenne (1° Cap. M. Albamonte-Minneli)
Bande de l'Hasamò (S.Ten. Rango)
Unité du Génie du Corps Erythréen
34°Escadrille d’Aéroplane de Reconnaissance. (34° Escadron d’Aéroplanes Lybien)


NB: Les 10° et 25° Bataillons Indigènes servent détachés de la Division.

FRONT SUD (Somalie italienne et Sud Ethiopie) Gen. Rodolfo Graziani

29° Division d’Infanterie « Peloritana » (Gen. Guiseppe Pavone)
- 3° Régiment d’Infanterie
- 4° Régiment d’Infanterie
- 75° Régiment d’Infanterie
- 24° Régiment d’Artillerie
- 529° Bataillon de mitrailleuses
- 29° Bataillon de Réserve
- 29° Compagnie du Génie

Division d’Infanterie Coloniale Italo-libyenne (Gen. Guglielmo Nasi)

1° Régiment d’Infanterie Libyen

- 2° Bataillon d’Infanterie Libyen
- 3° Bataillon d’Infanterie Libyen

2° Régiment d’Infanterie Libyen

- 4° Bataillon d’Infanterie Libyen
- 5° Bataillon d’Infanterie Libyen

3° Régiment d’Infanterie Libyen

- 8° Bataillon d’Infanterie Libyen
- 9° Bataillon d’Infanterie Libyen

10° Bataillon d’Infanterie Libyen

1° Régiment d’Artillerie libyen

Régiment de Lanciers « Aosta »
6 Bataillons de Troupes Coloniales Arabo-Somaliennes
Batterie Artillerie Montée (Chameaux)
6 Bandes de Dubats (Compagnie de Supplétifs Somaliens)

Commandement de la Région Frontalière d’Ogaden (Col. Luigi Frusci)

9 Chenillettes « Carro Armato L3 » et 20 automitrailleuses
6 Bataillons de Troupes Coloniales Arabo-Somaliennes
6 Bandes de Dubats (Compagnie de Supplétifs Somaliens)
150 camions

Colonne du Sultan de Sciavelli Olol Dinke (Armée féodale)

1000 Cavaliers Dubats du clan Ajuran

Renforcement du Front Sud en cours de campagne :

CANAL DE SUEZ

7° Division de Chemises Noires « Cirene » (Lt. Gen. Guido Scandolara)

Unité dont certains bataillons sont déployés en Libye pendant la guerre contre l'Éthiopie afin de garder une pression sur le Canal Suez que les britanniques ont interdit à la circulation italienne. Elle n'a jamais été déployée en Éthiopie, mais est considérée comme ayant pris part à la campagne.


Renforts du Front en provenance d’Italie :

3 Bataillons d’Assaut
7° Task force d’Artillerie (Canon lourds de 149mm L13)

2° Division de Chemises Noires « 28 Ottobre » (Gen. Umberto Somma)
Affectée au IVème Corps d’Armée

- 114° Legione (Console Commandante Giovanni Ricciotti)
- 116° Legione (Console Commandante Nicolino Serrai)
- 180° Legione (Console Commandante Alessandro Biscaccianti)

6° Groupe de Bataillons de Chemises Noires (Gen. Brig. Pietro Montagna)
5° Bataillon Indigène (Ten. Col. Franco Damiano)


4° Division de Chemises Noires « 3 Gennaio » (Gen. Alessandro Traditi)
Affectée au Ier Corps d’Armée

101° Legione « Libica »

- 101° Bataillon de Chemise Noires (ancien 1°Bataillon « Cirene » de la Légion Territoriale Libyenne)
- 102° Bataillon de Chemise Noires (ancien 2°Bataillon « Cirene » de la Légion Territoriale Libyenne)
- 101° Compagnie de Mitrailleuses
- 101° Batterie d’Artillerie

104° Legione « S.Santarosa »

- 104° Bataillon de Chemise Noires « S.Santarosa »
- 111° Bataillon de Chemise Noires « Monferrato »
- 104° Compagnie de Mitrailleuses
- 104° Batterie d’Artillerie

215° Légio « Cimino »

- 215° Bataillon de Chemise Noires « Cimino »
- 220° Bataillon de Chemise Noires « Giulio Cesare »
- 215° Compagnie de Mitrailleuses
- 215° Batterie d’Artillerie

4° Bataillons de Mitrailleuses des Chemises Noires
4° Bataillon d’Artillerie (Canon de 65mm L17 appartenant à l’Armée régulière)
4° Compagnie Mixte Speciale du Génie (Effectifs mi Chemises Noires, mi Armée de Terre)
2 Bataillons en réserve


NB : Une Division Fasciste compte également une Section Médicale, une Section de Logistique avec 1600 mules et 80 camions légers

6° Division de Chemises Noires « Tevere » (Gen. Enrico Boscardi)
(Sera affectée au Front Sud)

219° Legione «Vittorio Veneto »

- 219° Bataillon de Chemises Noires (composé de vétérans de la 1ère Guerre)
- 319° Bataillon de Chemises Noires (composé de vétérans de la 1ère Guerre)

220° Legione

- 201° Bataillon de Chemises Noires (composé d’amputés de la Grande Guerre)
- 220° Bataillon de Chemises Noires « Arditi » (Troupes d’assaut de la Grande Guerre)

221° Legione « Italiani all'Estero »

- 221° Bataillon de Chemises Noires (Italiens expatriés)
- 421° Bataillon de Chemises Noires (Italiens expatriés)


6° Bataillon de Mitrailleuses des Chemises Noires « Curtatone e Montanara »
(Composé d’étudiants universitaires)
6° Bataillon d’Artillerie (Canon de 65mm L17 appartenant à l’Armée régulière)
6° Compagnie Mixte Spéciale du Génie (Effectifs mi Chemises Noires, mi Armée de Terre)
2 Bataillons de Réserve

NB: Les Légions de la Division « Tevere » ne disposent pas de leur propre Compagnie de Mitrailleuse et de Batterie d’Artillerie


Corps en renfort et changements sur le front d’Ethiopie à partir de janvier 1936 :

III° Corps d’Armée italien (Gen Ettore Batisco)

27° Division d’Infanterie « Sila » (Gen. Francesco Bertini),
(Division prélevée sur le C.S.A.O)

1° Division de Chemises Noires « 23 Marzo » (Gen. Emmanuelle Filiberto di Savoia puis Gen. Domenico Siciliani à compter du 29/02/1936).
Unité qui sera ultérieurement affectée au Corps Erythréen.


IV° Corps d’Armée italien (Gen. di Div. Ezio Babbini, en 1936)

5° Division d’Infanterie « Cosseria » (Gen. Adolfo Olivetti)

La « Cosseria » en 1935 est une Division binaire (ne compte que deux Régiments d’Infanterie)

- 41° Régiment d’Infanterie « Modena »
- 42° Régiment d’Infanterie « Modena »
- 29° Régiment d’Artillerie (2 Brigades de Canons de 75mm L13)
- 505° Bataillon de Mitrailleuses
- 5° Compagnie du Génie
- 5° Régiment de Réserve

2° Division de Chemises Noires « 28 Ottobre » (Gen. Umberto Somma)

114° Legione « Garibaldina » (Console Commandante Giovanni Ricciotti)

- 114° Bataillon de Chemises Noires « Garibaldino »
- 115° Bataillon de Chemises Noires « Leonessa »
- 114° Bataillon de Mitrailleuses
- 114° Batterie d’Artillerie


116° Legione « Alpina » (Console Commandante Nicolino Serrai)

- 116° Bataillon de Chemises Noires « Alpino »
- 125° Bataillon de Chemises Noires « Ferreo »
- 116° Bataillon de Mitrailleuses
- 116° Batterie d’Artillerie

180° Legione (Console Commandante Alessandro Biscaccianti)

- 174° Bataillon de Chemises Noires « Taro »
- 180° Bataillon de Chemises Noires « Alessandro Farnese »
- 180° Bataillon de Mitrailleuses
- 180° Batterie d’Artillerie

2° Bataillons de Mitrailleuses des Chemises Noires
2° Bataillon d’Artillerie (Canon de 65mm L17 appartenant à l’Armée régulière)
2° Compagnie Mixte Spéciale du Génie (Effectifs mi Chemises Noires, mi Armée de Terre)
2 Bataillons de Réserve


5° Division de Chemises Noires « 1 Febbraio » (Gen. Attilio Teruzzi)
(Toujours en Italie en janvier 1936)

107° Legione « Cairoli »

- 105° Bataillon de Chemises Noires « Cairoli »
- 186° Bataillon de Chemises Noires « Intrepido »
- 107° Bataillon de Mitrailleuses
- 107° Batterie d’Artillerie

128° Legione « Randaccio »

- 128° Bataillon de Chemises Noires « Randaccio »
- 129° Bataillon de Chemises Noires « Chinotto »
- 128° Bataillon de Mitrailleuses
- 128° Batterie d’Artillerie

142° Legione « Berica »

- 142° Bataillon de Chemises Noires « Berico »
- 242° Bataillon de Chemises Noires « Berico »
- 142° Bataillon de Mitrailleuses
- 142° Batterie d’Artillerie

5° Bataillon de Mitrailleuses des Chemises Noires
5° Bataillon d’Artillerie (Canon de 65mm L17 appartenant à l’Armée régulière)
5° Compagnie Mixte Spéciale du Génie (Effectifs mi Chemises Noires, mi Armée de Terre)
2 Bataillons de Réserve


Unités formées en mars 1936 :

Colonne Rapide d’Afrique Orientale « Starace » (Ten. Gen. Achille Starace)
(Occupation de la Région de Gondar)

Cette unité dispose de 500 véhicules automobiles dont des camions équipés de mitrailleuses et des blindés de reconnaissance. Son Effectif est de 160 officiers et 3177 hommes.

3° Régiment de Bersagliers (prélevé sur le Ier Corps du Generale di C.d'A. Ruggero Santini)
- 20°, 25° et 28° Bataillons de Bersagliers

82° Legio "Mussolini"(du 6° Groupe de Bataillons Motorisé de Chemises Noires)

111° Bataillon d’Infanterie Indigène Erythréen

8° Groupe d’Artillerie (Canons de 77mm L28, motorisés)

VI. L’Ethiopie mobilise.

Devant l’imminence du conflit, l’empereur Haïlé Sélassié décrète une mobilisation générale. Son armée est composée d’environ 500 000 hommes, dont beaucoup ne sont souvent armés que de lances et de boucliers. Seuls quelques soldats disposent d’armes modernes (25 000 Mauser FN 24), mais aussi de fusils usagés datant d’avant 1900. Un embargo sur les armes, imposé en 1918 par les trois puissances coloniales limitrophes (France, Angleterre et Italie), a en effet, fortement limité depuis près de 20 ans l'armement de l'Empire. De plus, l'aviation éthiopienne ne possède que bien peu d’appareils dont aucun en mesure de combattre l’ennemi.

Conscient du possible éclatement d'un conflit, le Comité International de la Croix Rouge se préoccupe, dans un premier temps, de la situation où se trouve l’Ethiopie. Ce pays n’a pas adhéré aux conventions de Genève et ne possède pas de Croix-Rouge nationale. Le C.I.C.R s'adresse directement à l'empereur Haïlé Sélassié et lui suggère de remédier à cet état de fait. La démarche aboutit en juillet 1935. L’Ethiopie adhère à la Convention de Genève de 1929 pour la protection des blessés et des malades dans les armées en campagne. Créant alors sa propre Croix-Rouge avec l’aide des délégués du ClCR, Marcel Junod et Sidney Brown, le pays donne également son adhésion au Protocole de Genève de 1925, prohibant l'usage des gaz asphyxiants, toxiques et similaires (protocole déjà ratifié par l'Italie le 3 avril 1928). Il rejette toutefois la Convention de 1929, relative au traitement des prisonniers de guerre, malgré les démarches du CICR dans ce sens.


Répartition de l’Armée Ethiopienne

A Addis Ababa :

Empereur Haïle Sélassié
3 Bataillons de la Garde Impériale (Kebur Zabangna)
Ecole des Cadets (Mobilisée en tant que bataillon de la Garde, à la fin de la guerre les Cadets servirent en tant qu’officiers avec les soldats dans la Milice)

FRONT NORD

Aile gauche de l’Armée
Ras (1) Imru Haïle Sélassié ,Grazmach (2)

- Forces Armées (Sefari) de la province de Gojjam (Région Nord-Ouest frontalière avec le Soudan)
Ras Imru Haïle Sélassié avec 13000 soldats réguliers

- Sefari de Wolqayt (Région du Tigré) et Sefari de Semien (Montagnards du Nord-Est du Gondar)
Fitawrari (3) Ayalew Birru avec 10000 montagnards

- Sefari de Gojjam
Dejazmach (4) Gessesse Belew avec 12000 hommes (plus tard déserteur, entré en rébellion)

Armée du Centre (Mahel Sefari)
Ras Yeggazu Mulugeta de la province d’Illubabor avec 70000 hommes

- Sefari de la province d’Amino (Région Sud-Est, frontalière avec la Somalie)

- Sefari de Gubba (Province de Gojjam, Nord-Ouest de l’Ethiopie)

- Sefari de l’ethnie Gurage (Située au Sud-Ouest de l’Ethiopie)

- Sefari de Jimma (Région Oromo au Sud-Ouest de l’Ethiopie)

- Sefari de Mui (Région Oromo au Sud-Ouest de l’Ethiopie)

- Sefari du district d’OmHajer (Région Ouest de l’Erythrée)

- Sefari de Sela Dingay (Région de Semien et Shewa)

- Sefari de Sodo (Région de Sidamo, Sud-Ouest de l’Ethiopie)

- Sefari de la province de Welega (Région Ouest de l’Ethiopie, frontalière avec le Soudan)

Aile droite de l’Armée
Ras Kassa Haile Darge, Qegnazmach (5)

- Sefari de la province de Begemder (Appelée également province Gondar)
Ras Kassa Haile Darge et Shum (6) Wondosson Kassa avec 53000 hommes

- Sefari de la province du Tigré (Frontière Nord avec l’Erythrée)
Leul Ras (7) Seyum Mangasha avec 15000 hommes

- Sefari de Wag (Province de Wollo)
Dejazmach Haile Kebbede avec 7000 hommes (disposant environ d’un fusil pour 6 soldats) 3000 réguliers avec trois mitrailleuses viennent en renfort en décembre 1935

- Sefari de Lasta (Province de Wollo)
Fitawrari Andarge, effectifs indéterminés

- Sefari de de la province de Yeja (Appelée aussi Yejju, Province de Wollo)
Dejazmach Admassu Birru, effectifs indéterminés

- Région de Danakil (Région Est, frontalière avec Djibouti)
Dejazmach Kassa Sebhat avec 400 hommes entraînés, 100 réguliers, 5 mitrailleuses renforcées plus tard par :
Sefari d’Ifrata (Région Nord de la province de Shewa) et de Shewa (Ras Kebbede)

- Sefari de la province de Welega-Ardjo (Région Ouest, frontalière avec le Soudan)
Bitwoded (8) Makonnen Demissie avec 12000 hommes (tToupes les mieux équipées de l’Armée du Nord, disposant également de pièces anti-aériennes Oerlikon de 20mm).

- Séfari de la province de Kaffa (Sud-Ouest de l’Ethiopie)
Ras Getachew Abate, effectifs indéterminés

Troupes détachées pour Soumettre la révolte du Gojjam

- Sefari de la Province de Wello (Province frontalière avec Djibouti)
Prince de la Couronne Asfaw Wossen Tafari.
Venant de Wello, Nevraid Aregai avec 1000 hommes
Venant de Lekemt, Dejazmach Hapte Gabre Mariam Gabre avec 1000 hommes

FRONT SUD

Région d’Ogaden

- Sefari de la province d’Ogaden (Ethnies somaliennes)
Grazmach Afawarq Walda Samayat
Moins de 2000 hommes sous les ordres du Fitawrari Badde et Balambaras (9) Ali Nur
Quelques centaines de rebelles somaliens dirigés par Omar Samanthar
2 Bataillons de la Garde commandés par les Fitawrari Simu et Kebbede, disposant d’un millier d’hommes équipés de mitrailleuses et de mortiers.

Soit un Total d’un peu plus de 3000 hommes

Renforts

- Sefari de Hararghe (Province de l’Est, frontalière avec la Somalie)
Dejazmach Nasibu Emmanual (Commandant en chef des forces du Sefari après la mort d’Afawarq.
-1 Bataillon de la Garde

- Sefari de la province d’Illubabor (Province du Sud-Ouest , frontalière avec le Soudan)
Dejazmach Makonnen Endelkachew avec 12000 hommes

- Sefari de la province de Gemu Gofa (Région du Sud-Ouest)
Dejazmach Abebe Damtew avec 3000 hommes (Un seul fusil moderne en dotation pour tout l’effectif, Ces soldats portaient une coiffure de couleur rose).

- Sefari de la province d’Arusi (Province du Sud, à cheval sur les frontières Kenyanes et Ethiopiennes)
Dejazmach Amde Mikael avec 3000 hommes levés dans la province

- Sefari de la province de Kula (Région d’Ogaden au Sud-Est d’Adis Abbeba)
Dejazmach Hapte Mikael avec 1000 hommes

Front de la rivière Webi Shebelle (Entre Ginir et Ferfer, Sud de la Province de l’Hararge )

Sefari de la province de Bale
Dejazmach Beine Merid avec 4000 hommes

Front de la rivière Webi Juba (Région Sud, point de confluence avec le Wabe Gestro à la frontière somalienne).

- Garnison de Dolo, forte de 300 hommes (Région du Sud, 30km au Nord de la frontière Somalienne)

- Sefari de la province de Sidamo (Région Sud de l’ethiopie)
Ras Desta Damtew, Fitawraris Ademe Anbassu et Tedeamme Zelleka
avec 20000 hommes bien armés

- Un Bataillon de la Garde
Qegnazmach Bezibeh Sileshi, doté également de pièces anti-aériennes Oerlikon de 20mm


(1) Ras : Noble puissant de lignée non impériale, assimilé à un duc ou parfois à un Prince.
(2) Grazmach : Littéralement « le Commandant de l'Aile Gauche ». Titre militaire signifiant le commandant de la gauche d'une force armée traditionnelle éthiopienne.
(3) Fitawrari : Titre militaire désignant le commandant de l'avant-garde d'une force armée éthiopienne. Dans la royauté ils ont rang de Baron.
(4) Dejazmach : Littéralement « Le commandant ou le Général de la Porte ». Titre militaire désignant le commandant du corps central d'une armée.
(5) Qegnazmach : Littéralement « le Commandant de l’Aile Droite ». Titre militaire signifiant le commandant de la droite d'une force armée traditionnelle éthiopienne.
(6) Shum : Homme puissant ayant fonction de gouverneur provincial
(7) Leul Ras : Titre combiné donné aux Princes cadets de la dynastie Impériale, comme les Princes de Gojjam, du Tigré et de Selale.
(8) Bitwoted : Littéralement « le chéri » appellation créé sous le règne de l’Empereur Zara Yagob (1436-1468), correspondant au rang de Comte.
(9) Balambaras : Désigne le Commandant d'un Amba ou d'une forteresse. Ce titre désigne aussi des commandants des Gardes, de l'Artillerie ou de la Cavalerie d'une force armée éthiopienne.

VII. L’aviation Ethiopienne.

L’aviation éthiopienne est née sous l’impulsion française en 1929. A cette époque, Haïlé Sélassié Ier ne pouvant sans risque faire appel à la Grande Bretagne ou à l'Italie, fait entrer en concurrence la France et l'Allemagne.
Les industriels français intéressés par ce potentiel commercial sont actifs, surtout Potez, Lorraine et Hispano-Suiza. Le français est à l’époque la première langue étrangère parlée en Ethiopie alors qu’il ne se trouve sur son territoire qu’environ 400 ressortissants de ce pays. La France dispose d’une position privilégiée du fait de ses intérêts à Djibouti. Pour les protéger, elle a plusieurs fois soutenu l'Éthiopie contre des initiatives diplomatiques de la Grande-Bretagne et de l'Italie, notamment sur le commerce des armes. Elle est aussi en train de réaliser la seule liaison ferroviaire du pays, reliant Addis-Ababa à Djibouti et ouvrant la route de la mer à l'Éthiopie, entourée par les possessions britanniques et italiennes. Mais, à côté de ses intérêts commerciaux, la France n'a pas la volonté politique de contrarier les ambitions italiennes. Face à la montée de la menace allemande en Europe, le gouvernement français veut se concilier les bonnes grâces de l'Italie et, dans ce contexte, l'indépendance éthiopienne pèse peu.
De plus, la volonté du Négus d'affirmer la souveraineté d'un pays africain n'est pas toujours bien vue : elle est perçue comme une menace potentielle pour la sécurité de la "Côte Française des Somalis" comme le montre la crise franco-éthiopienne de 1933.

Face à cet enjeu, la solidarité et l'implication personnelle des pilotes et mécaniciens français envoyés à Djibouti comptent peu. Les cadres qui vont former la future aviation éthiopienne seront des aventuriers, ou d’anciens pilotes mis en congé sans solde ou à la retraite, s'exprimant souvent à contre-courant de la politique de leur gouvernement. Ces pilotes et mécaniciens français parmi lesquels on trouve André Maillet, Paul Corriger (tous deux anciens sous-officiers pilotes), Picaper et Valade seront vite rejoint par Jacques de Sibour et Gaston Vedel, ancien pilote de l’Aéropostale, ainsi que par deux pilotes allemands, le Baron von Engel et le Comte Schatzberg. Ceux-ci seront bientôt renvoyés après l’accident de leur Junker qui provoquera la mort du Ras Nado, oncle de l’Empereur, fin 1929. Vedel est chargé de la formation des pilotes éthiopiens. Maillet, Corriger et de Sibbour vont même intervenir contre la rébellion menée par le Ras Gugsa Wolie, en mars 1930 (largage de tracts et d’une bombe).

Le Negus prend conscience de la nécessité de disposer rapidement de pilotes éthiopiens. Il désire transférer l’école de pilotage d’Akaki créée par l'équipe française, dont L'environnement montagneux se prête assez mal au bon déroulement des vols. Celle-ci part s’installer à Djidjiga, à 500 km d'Addis-Ababa où arrivent également de nouveaux pilotes dont un russe Michka Babitcheff et le premier pilote éthiopien formé, Asfaw Ali. La chasse éthiopienne est bientôt crée mais elle ne compte que trois appareils Potez 25 désarmés, du fait des conventions internationales interdisant à l’Ethiopie l'achat d'armement moderne. Elle est commandée par un pilote britannique, Hubert Fontleroy Julian dont les prouesses acrobatiques ont époustouflé le Négus. Celui-ci lui a accordé la nationalité éthiopienne et le rang de Colonel. Téméraire et jugé trop turbulent, il est bientôt relégué à des tâches d'entraînement des troupes au sol. Il finit par être exilé dans le Nord comme gouverneur militaire de la ville d'Ambo, après une bagarre avec Robinson. Il quitte définitivement l'Ethiopie en novembre. Après une crise franco-éthiopienne qui a vu Maillet, remplacé à la tête de l’aviation éthiopienne par Corriger puis par Weber, un pilote allemand qui devient le pilote personnel du Négus, les relations entres les deux pays paraissent s'améliorer. En septembre, l’Empereur se voit proposer la formation en France de 50 pilotes éthiopiens, tandis qu'une visite du ministre d'Abyssinie à Paris au Ministre de l'air voit se profiler le programme de création d'une escadrille éthiopienne. Mais finalement, privilégiant l'équilibre des forces en Europe, le Gouvernement français joue le renforcement de la relation franco-italienne, ce qui interdit tout soutien concret à l'Ethiopie. A l’été 1935, l'arrivée des volontaires étrangers se développe dans la perspective de la création d'une escadrille de combat mais les appareils militairement utilisables n’arrivent pas.

A la veille de son entrée en guerre, l’Ethiopie dispose donc d’à peine 13 appareils d’entraînement ou de transport en état de vol. Les avions qu’elle recevra pendant le conflit auront tous une vocation de transport sanitaire.
Un comte Suédois, Carl Gustaf Ericsson von Rosen met également ses talents de pilote au service de la croix Rouge éthiopienne. Partit de Djibouti, à bord d’un Heinkel HD.21, il se pose en Ethiopie en décembre 1935. Son appareil est aussitôt repeint aux couleurs de la Croix Rouge éthiopienne et il se voit confier le pilotage du Fokker VIIa « Abba Kagnew ». Il accomplira de très nombreuses missions de secours dans des conditions particulièrement dangereuses. Il recevra des brûlures dues au gaz ypérite utilisé sur le champ de bataille. Durant la campagne, la petite aviation éthiopienne sera totalement annihilée ou capturée par la Régia Aéronautica.

Avions utilisés par l’Ethiope 1935 – 1936.

2 Beechcraft Staggerwing
1 Breda Ba.15
1 De Havilland DH.60 Moth
1 De Havilland Dragon DH.84 (Croix Rouge)
1 Farman 192
1 Farman 190 converti en F192,
2 Fokker F.VIIa (Portent le nom de « Abba Dagnew » et « Abba Kagnew ». (Abba Kagnew servit d’ambulance)
1 Fokker F.VIIb (Tansport personnel du Négus, utilisé aussi par les missions de la Croix Rouge)
1 Heinkel HD.21 (Croix Rouge)
1 Junkers W33c
5 Potez 25
1 Weber Meindl van Nes A.VII (Ethiopia 1)

VIII. La Regia Aeronautica en Ethiopie.

Profitant de l’absence d’une réelle opposition aérienne, les appareils de la Regia Aeronautica jouèrent un rôle décisif dans la conquête de l’Ethiopie. Ils remplirent des missions de reconnaissance, d’attaque au sol, de bombardement des troupes ennemies et de ravitaillement. Malgré cela, la communication entre l’Armée de Terre et l’Aviation se faisait par des signaux uniquement, faute de radios. 389 appareils participent aux opérations et les bombardiers italiens larguent 1529 tonnes de bombes pendant la campagne. Les avions consomment également 346200 cartouches de mitrailleuse. Toutefois, l’écrasante supériorité aérienne italienne n’empêche pas la Regia Aeronautica de déplorer de nombreuses pertes : environ une centaine d’appareils, dont 16 du fait de fantassins ennemis.
La résistance antiaérienne éthiopiennes fut aussi farouche : selon certaines sources, 259 appareils furent touchés et 8 abattus. En tout, 110 aviateurs italiens trouvent la mort durant la campagne Ethiopienne. La plupart des pertes sont causées par des accidents dus aux conditions climatiques particulières au plateau éthiopien, empêchant les équipages de bénéficier de toute la portance et de toute la puissance de leurs appareils. Cette météorologie a probablement limité le Commandement italien dans son usage de l’aviation, contrairement à ce qui a été affirmé par la suite pour des raisons de prestige national par la propagande fasciste. L’action des forces aériennes a été volontairement surestimée par le pouvoir fasciste tout en niant l’emploi des gaz de combat par l’aviation.
Les appareils utilisés par les italiens ne sont pas d’une grande modernité. Les chasseurs utilisés sont principalement des biplans Fiat CR.20 et des IMAM Ro.37 et les appareils des unités de bombardement de monoplans trimoteurs Caproni 101D2, 101Bis et de monomoteurs 111E. La reconnaissance est assurée par des IMAM Roméo Ro.1 (biplans Fokker type C5E produits par l’Italie sous licence). Avant le début de la préparation de la campagne d’Éthiopie, la présence militaire aérienne italienne était très réduite en Afrique Orientale.
En janvier 1935, on trouve 11 avions en état de vol à l’Escadrille « Somalia » sur le territoire de la Somalie Italienne et un Groupe Mixte composé de 4 Ca .101E et 8 Ro.1 de l’Escadrille « Libica », sur le territoire de l’Erythrée.
Elle ne s’est réellement renforcée qu’à partir du printemps 1935, soit quelques mois seulement avant le déclenchement des opérations militaires.

Pour préparer sa future action, 1er février 1935, le 1er Comando Aéronautica dell’Africa Orientale est créé.
Il unifie ainsi les composantes aériennes des colonies érythréennes et somaliennes. Il est placé sous les ordres du Commandant de l’aviation d’Erythrée le Brig. Gen. Ferruccio Ranza. Durant l’ensemble des opérations, en l’absence d’aviation éthiopienne, la Regia aéronautica fut utilisée comme une véritable aviation d’appui-protection et de coopération au profit des forces terrestres. Cependant, son emploi ne relève plus des opérations d’une campagne aérienne coloniale classique. Les moyens aériens sont démesurés par rapport à ceux employés par la France ou la Grande-Bretagne dans un conflit colonial à la même époque. Aussi la campagne d’Ethiopie constitue-t-elle un cas particulier d’emploi des forces aériennes avec des missions relevant à la fois de la campagne coloniale classique, mais aussi de la guerre aérienne moderne comme l’action psychologique, le bombardement des villes ou l’emploi aérien de l’arme chimique. Ces actions seront intensifiées sur ordre de Mussolini à partir de 1936. Il fera envoyer sur le front des unités de bombardements équipées d’appareils plus modernes comme les Caproni Ca. 133 et les Savoia Marchetti S.81. A la fin du conflit, le Comando Aeronautica totalisera 6852 vols opérationnels avec 38418 heures de vol sur le territoire éthiopien.


Aviation de l’Erythrée, au 03/10/1935.

Comando Aeronautica A.O. ( Basé à Asmara, avec une section d’opération et d’informations à Coatit )


III° Brigade Aérienne (Basée à Mai Edaga )
Bgd. Gen. Ferruccio Ranza

Escadrille d’Etat-Major d’Erythrée ( 4 Ca.101E à Asmara )

I° Groupe de Reconnaissance Terrestre ( Mai Edaga )

- Escadrille de Reconnaissance Terrestre « Libica »
(11Ro.1 à Mai Edaga, le 03 octobre, répartie en 3 sections : 7 à Mai Edaga, 2 à Asmara et 2 à Assab, attachée au Ier Corps d’Armée )

- 34° Escadrille de Reconnaissance Terrestre ( 8 Ro.1 à Mai Edaga, attachée au Corps Erythréen )
- 38° Escadrille de Reconnaissance Terrestre ( 10 Ro.1 à Gura )
- 41° Escadrille de Reconnaissance Terrestre ( 10 Ro.1 à Agordat, 1 avion en réparation à Asmara )
- 116° Escadrille de Reconnaissance Terrestre ( 8 Ro.1 à Massaua et 2 détachés à Assab )
- 118° Escadrille de Reconnaissance Terrestre ( 8 Ro.1 à Mai Edaga , basée le 03/10 à Adi Ugri , attachée au IIème Corps d’Armée)
- 131° Escadrille de Reconnaissance Terrestre ( 8 Ro.1 à Gura , 1 avion hors service à Massaua)

- 103° Escadrille de Chasse Terrestre ( 9 Ro.37 à Gura, au 03/10 : 6 Ro.37 à Gura et 3 à Asmara )
- 106° Escadrille de Chasse Terrestre ( 3 CR.20 à Massaua, 3 à Assab et 1 en réparation à Asmara)

IV° Groupe de Bombardement Terrestre d’Afrique Orientale ( Basé à Asmara )
Bgd. Gen. Attilio Matricardi

- 14° Escadrille de Bombardement Terrestre « Hic Sunt Leone » ( 5 Ca.101D2 à Asmara et 5 à Assab )
- 15° Escadrille de Bombardement Terrestre « La Disperata » ( 10 Ca.101D2 à Asmara )


XXVII° Groupe de Bombardement Terrestre d’Afrique Orientale (Basé à Assab )

- 17° Escadrille de Bombardement Terrestre ( 7 Ca. 111E à Massaua et Assab )
- 18° Escadrille de Bombardement Terrestre ( 5 Ca.111E, Assab )

Section Idro-Massaua (4 hydravions MF.4 à Massaua)
A bord du R. N. Taranto ( 2 hydravions Cant.25)

Soit un total au 03/10/35 de 34 bombardiers, 63 appareils de reconnaissance, 19 chasseurs et 6 hydravions.

Renforts envoyés en Erythrée en octobre 1935 :

5 Ca.111 ( 18° Escadrille de Bombardement Terrestre), par mer

14 Ca.111 ( XXVIII ° Groupe de Bombardement, Escadrilles 10 et 19), par mer
10 Chasseurs Ro.37bis ( 105° Escadrille de Chasse. )
4 Breda Ba.39 ( Escadrille d’Etat-Major Erythrée )


Aviation de la Somalie au 03/10/35.


VII° Escadre de Bombardement d’Afrique Orientale ( Basée à Mogadiscio )
Bgd. Gen. Ferrucio Ranza


XXV° Groupe de Bombardement Terrestre d’Afrique Orientale ( 20 Ca.101bis ) :

- 8° Escadrille de Bombardement Terrestre ( 7 Ca.101Bis à Mogadiscio et 3 à Belet Uen )
- 9° Escadrille de Bombardement Terrestre ( 10 Ca.101Bis à Mogadiscio )

- Escadrille de Reconnaissance Terrestre « Somalia »
( 4 Ro.1 à Belet Uen, 2 Ro1 à Galadi et 2 à Lugh Ferrandi )

- 107° Escadrille de Chasse Terrestre ( 8 CR.20.Bis à Mogadiscio)

Soit un total au 03/10/35 de 20 bombardiers, 10 appareils de reconnaissance et 8 chasseurs.

IX. Les premiers combats.

Dès le début de l’offensive en Ethiopie, Mussolini prend la direction des opérations et envoie quotidiennement ses ordres radiotélégraphiés aux généraux présents sur le champ de bataille.
Au 4 octobre, les troupes italiennes avançant au Nord ont atteint sans difficulté leurs trois objectifs : Axoum, Adoua et Maklli. La chute de la ville d’Adoua, le 6 octobre, est ressentie comme une revanche par les italiens. Ils clament aussitôt avoir vengé l’affront de la bataille de 1896. Le 5 octobre, la Société Des Nations prend enfin acte du conflit éthiopien. Mais alors que Mussolini vient de violer clairement l'article XVI de l'organisation, elle n’applique pas les sanctions prévues dans ses textes :

- « si un membre de la ligue recourt à la guerre, il sera jugé ipso facto comme s'il avait commis un acte de guerre contre tous les membres de la ligue, qui, ici prennent l'engagement de le soumettre à la rupture immédiate de toutes les relations commerciales et financières,; à l'interdiction des relations entre les citoyens et ceux de la nation qui enfreint le pacte, à l'abstention de toutes relations financières, commerciales et personnelles entre les citoyens de la nation violatrice du pacte et les citoyens de n'importe quel autre pays,membre de la ligue ou non».

Elle préconise juste un « embargo moral » sur tout le commerce avec l’Italie mais se garde bien de déclarer un véritable blocus sur le matériel stratégique ou le pétrole. Il lui faudra deux jours de plus pour reconnaître que l’Italie est l’agresseur. Les Etats-Unis profitent de ce manque de fermeté de la SDN pour augmenter leurs exportations vers l’Italie.

Au Nord, dès le 3 octobre, le Négus donne l’ordre au Commandant de l’Armée du Tigré, le Ras Seyoum Mangasha de ne pas combattre et de se retirer avec ses troupes vers le fleuve Mareb, puis de reculer encore à 75km de la frontière érythréenne. Il ordonne également aux forces du Dejazmach Haïlé Sélassié Gugsa, commandant du secteur de Macallè, dans le Tigré Oriental, de faire un bond de 60km en arrière. Par cette manœuvre, L’Empereur tient à démonter clairement qu’il ne s’agit plus d’incidents frontaliers mais que les italiens sont bels et biens les envahisseurs. Mais contre toute attente, le Dejazmach Gugsa se porte le 10 octobre au devant des italiens pour annoncer sa soumission à l’envahisseur. Gugsa a 48 ans, il est le beau-fils du Négus. En 1932 il a épousé Zenebework, la deuxième fille de l’Empereur, à peine âgée de 14 ans. Mais les mauvais traitements répétés qu’il inflige à son épouse causent son décès deux ans plus tard. Haïlé Sélassié Ier, furieux, fait rapatrier le corps de sa fille pour le faire ensevelir à Addis Abeba. Leurs relations deviennent tout à fait glaciales lorsque l’Empereur refuse d’élever Gugsa à la dignité de Leul Ras au profit de son rival du Tigré Occidental, Seyoum Mengasha.
La fille de celui-ci, la princesse Wollete Israel Seyoum est mariée au prince héritier Asfaw Wossen. Au Tigré une rivalité est par conséquent née entre ces deux branches héritières de la dynastie Shoa. La propagande italienne saisit l’occasion et à grand renfort de presse montre des photos de Haïlé Sélassié Gugsa, participant aux briefings de guerre aux côtés du commandant du Front Nord, le général Emilio de Bono. Gugsa, honoré aussitôt par les italiens du titre de Ras que lui a refusé l’Empereur, fait armer ses troupes de fusils par l’occupant. Il va collaborer clairement et jouer un rôle actif dans l’aide à l’invasion italienne puis durant les cinq années d’occupation.

En résumé sur le Front Nord, le début de la campagne se résume à une progression rapide vers le Sud. Le Général de Bono ne rencontre pas de réelle résistance car les troupes éthiopiennes reculent conformément aux ordres du Négus. Pour l’armée italienne, c’est surtout un exercice compliqué de transport, de logistique et de communications dans lequel il faut souvent trouver des itinéraires carrossables ou même créer des pistes de toutes pièces.

Le 15 octobre, les italiens atteignent la ville Sainte d’Axoum. Le sous-comité de la SDN recommande cette fois-ci un embargo contre l'Italie sur le charbon, le zinc, la laine, l'essence, le cuivre et le manganèse. Ces déclarations ne sont suivies d’aucunes mesures précises visant à contrôler la réelle mise en application d’un blocus international.
De Bono tente de montrer le bon visage d’une Italie qui vient libérer les oppressés de leur joug.
A compter, du 14 octobre il fait abolir l’esclavage, toujours pratiqué en Abyssinie.

X. Utilisation de l’arme chimique à Gorrahei.

Sur le front Sud, la situation est bien différente. Le Général Graziani applique à la lettre le plan « Milan ».
Les objectifs initiaux de ce plan sont d'éliminer les postes frontières éthiopiens, de tester les réactions de l’ennemi puis de s’enfoncer ensuite vers le cœur du pays en balayant les forces éthiopiennes étourdies et partiellement démoralisées. La colonne de Somalie progresse vite et menace bientôt Jijiga, Harar et la seule voie ferrée éthiopienne. En 3 semaines, malgré les pluies dues à la Mousson, les troupes atteignent les villages de Kelafo, Dagnerai, Gerlogubi. Mais le Général rencontre une sérieuse opposition éthiopienne à son avancée, le 27 octobre 1935. Les soldats du Sefari de Haraghe, retranchés sur les places fortes de Gorrahei et de Sassa Baneh, protégent la rivière Fanfan. Leur commandant sur Gorrahei est le Grazmach Afawarq Walda Samayat. C’est un fidèle de Haïlé Sélassié qui a été formé aux écoles militaires européennes. Ses troupes sont bien équipées et figurent parmi les meilleures que comptent l’Ethiopie. Il a promis à son empereur qu’il ne reculera jamais tant qu’il lui restera un souffle de vie. La place forte de Gorrahei est bien défendue et organisée et les hommes sont prés à lutter jusqu’à la mort. Malgré une préparation d’artillerie soutenue, les 6 tonnes d’obus dont dispose son artillerie sont insuffisantes pour avoir raison des défenses éthiopiennes. L’Armée du Sud piétine pendant que le 28 octobre 1935, Mussolini tente une offre de paix avec l’Éthiopie en négociant avec les britanniques. Il exige en échange le contrôle de la moitié du pays, soit les provinces d’Ogaden et du Tigré où ses troupes sont en train de progresser. Son offre est aussitôt rejetée par la Chancellerie britannique. Suite à cet échec, Mussolini agrée pour la première fois la demande de Graziani de recourir à l’emploi des armes chimiques pour des « opérations défensives », le 29 octobre. Il préconise son emploi systématique pour exterminer toute résistance ennemie importante. Les troupes éthiopiennes vont être gazées et harcelées par l’aviation italienne. Le 5 novembre, Afawarq, qui dirige lui-même l’unique pièce antiaérienne Oerlikon de 37mm, du fort de Mad Mullah, est touché à mort à l’abdomen par un éclat de bombe. Il refuse de se faire évacuer mais ne peut plus commander ses troupes. Le Dejazmach Nasibu Emmanual prend le commandement le 7 novembre et fait évacuer les restes de ses unités vers Jijiga. Afawarq atteint de gangrène, décède lors de son transport vers la nouvelle position. L’Armée éthiopienne vient de perdre un de ces plus prestigieux chefs de guerre.

XI. Contre-attaque audacieuse des éthiopiens.

Après la chute de Gorrahei, Graziani détache une colonne volante sous les ordres du Colonel Pietro Maletti afin de rattraper et détruire les fuyards éthiopiens. Maletti rattrape en effet les éthiopiens mais pour constater que ceux-ci font demi-tour et attaquent ! Au niveau de Anale, les défenseurs en fuite de Gorrahei ont rencontré une colonne de secours qui montait en renfort vers la place forte. La bataille s’engage rapidement et les pertes sont lourdes pour les éthiopiens comme pour l’envahisseur. Les italiens pourtant supérieurement équipés ne parviennent pas à faire tourner l’engagement à leur avantage, malgré l’intervention de leurs chenillettes « Carro Armato » L3. Ralenties par un terrain particulièrement difficile, celles-ci sont assaillies par les combattants éthiopiens qui, malgré les pertes, n’hésitent pas à se hisser dessus et à tirer dans les fentes d’observation. Ils parviennent ainsi à en mettre plusieurs hors de combat. Après quelques heures de combats indécis, les deux parties se retirent, clamant chacune leur victoire sur l’autre.

Malgré une progression rapide (240 Km sur les 4 derniers jours), l’effectif dont dispose Graziani n’est pas en mesure d’annihiler rapidement les quelques 80 000 combattants qui défendent toujours le Sud du pays. Les éthiopiens l’ont compris et mi-novembre, ils tentent de reprendre l’initiative au Sud. En prévision de la contre-offensive, le Ras Desta Damtew quitte le plateau de Bale et rassemble son Armée du Sidamo à Negele Boran. Cette unité est bien équipée et forte d’environ 20000 hommes. Son objectif est de progresser le long de la rivière Genale Doria puis de continuer son avance vers la rivière Juba. Le plan est plus qu’ambitieux, il prévoit de reprendre ainsi la ville frontalière de Dolo, située à 300km au Sud et d’envahir ensuite la Somalie Italienne elle-même ! Le Prince Desta fractionne son armée en trois colonnes. Deux sont confiés à ses Fitawrari Ademe Anbassu et Tademme Zelleka. La troisième colonne est composée par un Bataillon moderne de la Garde sous le commandement du Qegnazmach Bezibeh Sileshi. Parallèlement, le Sefari de Bale, commandé par le Dejazmach Beine Merid et fort de 4000 hommes, doit progresser le long de la rivière Webi Shebelle et tenter d’envahir le centre de la Somalie. Cette unité progresse plus vite que les trois autres colonnes en raison d’un meilleur terrain. Elle rencontre l’ennemi la première et affronte environ 1000 Dubats pro-italiens du Sultan Olol Dinle. Durant le combat, Beine Merid est sérieusement blessé. Les deux forces adverses se retirent du champ de bataille, mais, privée de son chef, le Sefari de Bale se retire des combats, laissant seul le Sefari du Sidamo.

Le 13 novembre, Graziani déplace son Quartier Général et s’installe à Baidoa. La seule Division encore complète sous ses ordres est la 29° « Peloritana ». Fin novembre il donne l’ordre à quelques unités libyennes et à la 6° Division de Chemises noires « Tevere », restées jusqu’alors en Somalie, d’entrer en Ethiopie et de se déployer au Nord de Dolo. Il se renforce et concentre ses forces afin de contrer le plan du Ras Desta Damtew.

XII. L’Europe reste indifférente, Mussolini s’impatiente.

En Europe, en réponse aux appels désespérés des éthiopiens, la Société des Nations après avoir condamné sans fermeté l’invasion italienne, demande à la France et à l'Angleterre d'appliquer à son encontre des sanctions économiques. Les gouvernements français et anglais (qui possèdent eux-mêmes d'immenses empires coloniaux) s'exécutent avec une grande réticence. Ils répugnent à se brouiller avec le Duce à un moment très critique pour l'Europe. En France même, les partis de gauche comme de droite se refusent à sanctionner une violation du droit international pour complaire à «un amalgame de tribus incultes». Les sanctions qui entrent en vigueur le 18 novembre 1935, n’auront pas d’effet par manque d’implication des nations européennes. Au contraire, elles rallient l’opinion publique italienne au Duce. Le Pape Pie XI, alors âgé de 78 ans, commet lui-même l'erreur de visiter une exposition consacrée à la conquête de l’Ethiopie et de saluer l'expansion italienne (aux dépens de l'Éthiopie chrétienne!). Son Secrétaire d'État, Eugenio Pacelli, futur Pie XII, tentera de minimiser la portée de sa déclaration. Seuls les britanniques qui ont des intérêts en Afrique de l’Est, semblent voir d’un mauvais œil cette invasion. Mais les autres puissances majeures ne montrent pas d’empressement à s’opposer aux italiens. Cette guerre a donné du poids aux revendications impérialistes italiennes et elle contribuera aux tensions internationales entre les états fascistes et les démocraties Occidentales. Timorée, la France va même jusqu’à rappeler ses personnels de l’aéronautique présents en Ethiopie, le 30 Novembre 1935. Certains pilotes ne l’acceptent pas et demandent à rester. Maignal obtient un sursis, tandis que la demande de mise à la retraite de Demeaux est acceptée, étant entendu que son maintien en Éthiopie est « à ses risques et périls ». Haïlé Sélassié ne trouve pas d’appui et son comportement parait parfois difficile à comprendre. Ainsi, il interdit aux journalistes présents en Ethiopie de se déplacer vers le front. Par conséquent, ceux-ci inventent tout d’abord des événements puis, lassés, quittent peu à peu le pays. Ils ne seront plus qu'une douzaine pour passer Noël à Addis-Abeba. En Europe, ce sera donc la propagande italienne qui informera le plus souvent le grand public sur les avancées de la guerre en Ethiopie.

Mussolini est furieux de constater que l’avancée des troupes, notamment dans le Sud de l’Ethiopie est trop lente.
Au Nord, grâce à l’action du traître Gugsa, les soldats du Ier Corps Italien et du Corps Colonial Erythréen entrent enfin dans Maccalè (Mekele), le 8 novembre. Ils y saisissent un biplan Potez 25 et Gugsa y découvre les ruines de sa demeure que des patriotes ont incendiée. La situation au Nord comme au Sud n’évolue pas favorablement alors que le Duce a besoin de victoires brillantes pour défier la pression que le reste du monde commence à lui imposer.
Il commande quelques bombardements d’ampleur comme celui de Dessié, le 06 décembre, qui permet la destruction au sol de 2 autres Potez de l’aviation éthiopienne. Mussolini s’impatiente, il ne veut plus entendre parler des retards ou hésitations de ses généraux. Le 16 novembre, il fait élever le Général De Bono à la distinction de « Maresciallo d'Italia ». Puis, par le télégramme n° 13181, en date du 17 décembre 1935, il lui fait savoir qu’avec la prise de Maccalé, s’achève sa mission. Il relève de Bono de son commandement et lui confie le poste d’inspecteurs des troupes en outre-mer. Le Maréchal Pietro Badoglio est alors envoyé en Ethiopie pour prendre le commandement de l’ensemble des troupes en Abyssinie.

XIII. La bataille de la Genale Doria (12 au 24 janvier 1936).

Les premières consignes transmises à Graziani par Badoglio ne vont pas dans le sens des ordres du Duce. Dans un télégramme Graziani se voit enjoint de se cantonner à un rôle strictement défensif sur le Front Sud alors qu’il pense être maintenant prêt à reprendre l’initiative. Graziani décontenancé communique alors en privé avec Rome et obtient de Mussolini la permission de lancer une attaque limitée. Graziani a organisé ses forces en trois colonnes.
A droite, sa première colonne doit s’avancer le long de la vallée dans laquelle coule la rivière Genale Doria.
Au centre, la deuxième colonne doit s’avancer vers Filtu. À gauche, la troisième colonne doit remonter la vallée de la rivière Dawa. Les trois colonnes sont motorisées et disposent du support de quelques blindés. Le soutien aérien sera fourni par la VIIème Escadre, arrivée de Mogadiscio.

Le 12 janvier 1936, l’aviation italienne s’en prend aux deux colonnes du Ras Desta Damtew. Elle stoppe leur avance en saturant leur secteur avec deux tonnes de gaz moutarde. Pendant trois jours, l’Escadre va harceler sans répit les troupes éthiopiennes. Quelques unités disparates au moral affaibli parviennent néanmoins à s’approcher des premiers postes avancés italiens. Elles sont égayées sans difficulté par les mitrailleuses et l’Artillerie dont disposent les défenseurs. L’emploi combiné de l’arme chimique et des attaques aériennes sur les soldats affamés et usés par une marche d’approche harassante dans le désert s’avère monstrueusement efficace.

Les soldats du Ras Desta Damtew, déjà décimés par la dysenterie et la malaria, refluent vers leurs bases de départ. Le 15 janvier, les trois colonnes motorisées italiennes passent à l’offensive. Les éthiopiens tentent alors tant bien que mal de se regrouper et de défendre leurs terres au point de confluence entre les rivières Genale Doria et Dawa, là où elles s’unissent pour devenir le fleuve Juba. Les colonnes mécanisées italiennes, bien armées et très mobiles, réussissent d’audacieuses manœuvres de débordement et contraignent vite les Éthiopiens à se retirer du champ de bataille. Les troupes en déroute voient alors une nouvelle fois leur retraite harcelée par l’aviation de la VIIème Escadre. Les soldats éthiopiens désorganisés, retraitant à pieds, ne trouvent guère de relief ou de couverts pour s’abriter dans l’espace aride où ils se trouvent. Dans cette lutte inégale, les italiens motorisés engagent une véritable « chasse à l’homme ». Ils tendent des embuscades aux rares puits qui jalonnent l’itinéraire des fuyards. Tenaillé par la soif, la faim et talonné par les italiens, le Sefari de la Province de Sidamo se désintègre rapidement. Au 20 janvier, soit 5 jours après le début de l’offensive italienne, les trois colonnes de Graziani ont atteint tous leurs objectifs. Les troupes italiennes entrent dans la ville de Negele Boran sans essuyer un coup de feu. Avec l’aide précieuse de l’aviation, l’offensive audacieuse de Graziani a détruit la totalité de l’Armée du Ras Desta Damtew.
Le prince parvient néanmoins à fuir à dos de mulet, vers Addis Abeba.

Le 24 janvier, Mussolini donne le feu vert à Graziani pour exploiter son succès. Celui-ci donne alors l’ordre à son aviation d’incendier tout ce qui brûle et détruire toutes les infrastructures. Il préconise l’emploi systématique des gaz ainsi que celui du lance–flammes à ses troupes au sol. Mussolini a déclaré qu'il ne devait y avoir aucune trêve à l’attaque. Ces combats tragiques dans la région au Nord-Ouest de Dolo où les Éthiopiens ont tenté de s’opposer aux italiens sont également connus sous le nom de « Bataille des Trois Rivières ».

XIV. L’offensive éthiopienne de Noël sur le Front Nord (04 décembre au 26 décembre 1935).

Sur le front Nord, l’offensive envisagée par le commandement éthiopien est tout aussi ambitieuse et irréalisable que celle désastreuse qui se déroule parallèlement sur le Front Sud. Cette attaque a pour but de percer les lignes italiennes avec l’Armée du Centre éthiopienne, de prendre à revers l’aile gauche italienne avec l’Armée éthiopienne de l’aile droite puis d’envahir l’Erythrée avec l’Armée éthiopienne de l’aile gauche. Le Ras Seyoum Mangasha tient la région autour d'Abbi Addi avec environ 30000 hommes dont le Sefari du Tigré. Le 5 décembre 1935, les italiens sont entrés dans Abbi Addi mais une contre-attaque vigoureuse de Seyoum Mangasha a permis de reprendre la cité le 22 décembre.

Le Ras Imru Haile Selassie s’avance également de la région de Gojjam avec environ 40000 hommes et se dirige vers Mai Timket, couvrant la gauche du Ras Seyoum Mangasha. Le Ras Kassa Haile Darge s’avance du Gondar et franchit la passe de Warieu avec 40000 hommes pour appuyer l’Armée du Centre. Le ministre de la guerre, le Ras Mulugeta Yeggazu, s’avance de Dessié avec environ 80000 hommes et prend position autour d'Amba Aradam, à droite de Ras Seyoum. Amba Aradam dominé par de hautes collines au sommets aplatis se trouve être un point de passage obligé pour l’accès à Addis Abeba. Les 4 commandants alignent 190000 hommes face à 125000 italiens et érythréens. L’effet a obtenir pour les éthiopiens consiste à couper en deux l'armée italienne puis à isoler le Ier Corps et le IIIème Corps dans Maccalé. Ras Mulugeta descendrait alors d'Amba Aradam et écraserait les deux corps. Une victoire permettrait au Ras Imru Sélassié de reprendre Adoua aux italiens et d’entrer en Erythrée.

Le 4 décembre 1935, lors de leur avance, les troupes du Ras Imru Sélassié se trouvent pour la première fois soumises à un bombardement qui crée un énorme mouvement de panique. Environ la moitié de l’armée abandonne le Prince pour retourner vers Gojjam. Celui-ci entre alors sur le territoire du Fitawrari Ayalew Birru et les deux chefs unissent leurs unités. Le 15 décembre, l’avant-garde du Ras Imru Sélassié sous les ordres du Fitawrari Ayalew Birru, traverse le Fleuve Tekezé par les gués de Mai Timkat et de Addi Atcheb. Alors qu’elle s’avance vers la passe de Dembeguina, elle est prise à partie à Mai Timkat par une force de 1000 érythréens, commandés par le Colonel Criniti. De son poste d’observation avancé, Criniti donne rapidement l’ordre à ses troupes de se replier vers la passe de Dembeguina et assure leur couverture par le feu de ses 9 chenillettes L3. Mais alors que les italiens en retraite s’approchent de la passe, ils ont la désagréable surprise de constater qu’elle est déjà tenue par une force d’environ 2000 éthiopiens.

Le combat s’engage rapidement sous un soleil brûlant. Les éthiopiens déployés en fer à cheval, tiennent les hauteurs qui surplombent la passe. Criniti place ses chenillettes en tête devant son infanterie et mène l’attaque à cheval.
Mais le terrain caillouteux ne se prête pas à une attaque rapide de blindés. Criniti est blessé et deux de ses officiers sont tués. Bientôt arrivent derrière les italiens les 1000 éthiopiens débouchant de Mai Timkat. Criniti et ses érythréens sont vite encerclés et se regroupent autour de leurs blindés légers. Les éthiopiens galvanisés chargent et finissent par submerger la position, aveuglent les meurtrières de chenillettes et abattent les équipages qui tentent de s’en échapper. Mais Criniti parvient à joindre le Q.G grâce à la radio d’un des blindés. Deux camions chargés de fantassins et 10 chenillettes sont aussitôt envoyées en renfort mais la colonne tombe dans une grosse embuscade tendue par les éthiopiens. Ceux-ci provoquent des éboulis devant et derrière les véhicules et suivant le même procédé qu’à la passe de Dembequina, parviennent à anéantir les secours. Deux chenillettes brûlent et plusieurs autres se sont retournées dans les bas côtés. Quatre membres d’équipage survivants sont fait prisonniers et sont conduits à Dessié, au Quartier Général du Negus. Le Colonel Criniti comprend qu’il ne recevra pas les renforts demandés et tente le tout pour le tout. Il ordonne une charge à la baïonnette à ses érythréens. Dans un furieux corps à corps, ils parviennent à ouvrir une brèche dans les rangs éthiopiens et à s’enfuir du piège mortel.
Mais, Criniti dans l’affrontement a laissé la moitié de son effectif sur le champ de Bataille. Suite à cette victoire, Le Ras Imru Sélassié et le Fitawrari Ayalew Birru font traverser le fleuve Tekezé à toutes leurs troupes afin d’entrer dans la province du Tigré. Le moral des éthiopiens est maintenant au plus haut. Ils reprennent la ville d’Enda Selassié et mettent la main sur un butin de 50 mitrailleuses. Dans les jours qui suivent, Imru sélassié prend position avec son armée le long de l’arête du Sciré située à environ 20 kilomètres d’Axsoum. A partir de ces hauteurs, il projette de lancer une attaque sur la région comprise entre Axsoum et Adoua.

Les éthiopiens ont remporté à la passe de Dembequina, une petite victoire. En fait leur seule victoire de la guerre. Tactiquement les gains territoriaux furent faibles mais l’attaque éthiopienne a eu pour conséquence de faire reculer les troupes italiennes à 15 kilomètres de la passe. Pour les combattants africains, c’est un indiscutable succès moral. Pendant cette offensive de Noël, les autres armées éthiopiennes progressent également. Au centre, Le Ras Kassa est à Abbi Addi où il fait sa jonction avec le Ras Seyoumm. Sur l’aile droite le Ras Mulugeta avec le Mahel Sefari avancent directement vers les positions de Maccalé. De ce fait, les Italiens sont forcés de reculer de la rivière Tekezé vers Axsoum et d'Amba Tzellene vers la passe de Warieu. Mais l'offensive éthiopienne finit par s’essouffler pour être finalement stoppée par la supériorité des armes modernes. Le 26 décembre, l’artillerie lourde italienne se déchaîne sur les positions éthiopiennes et Badoglio a une nouvelle fois recours aux armes chimiques sur ordre de Mussolini, qui ne décolère pas de ce revers inattendu. Les guerriers éthiopiens, sans équipement subissent une nouvelle fois sans comprendre « la terrible pluie qui brûle et qui tue ».

XV. Les offensives italiennes de l’hiver 1936 sur le front Nord.

Sur le front Nord, entre le 22 décembre 1935 et les premiers jours de 1936, Badoglio emploie de nouveau les bombes chimiques contre le Ras Imru Sélassié, alors que celui-ci tente sans succès de passer à l'offensive dans le Sciré. L'ordre, déjà en cours d'exécution, soumet les civils, le bétail et les récoltes à une importante pluie de chimique. Mussolini souhaite suspendre ce genre d’attaque pendant quelques temps pour des raisons politiques.
En effet, l’Empereur Haïllé Sélassié Ier a officiellement déposé devant la SDN, une plainte pour usage d’armes toxiques dès le 30 décembre. Lors de la réunion de la SDN à Genève, le 5 janvier 1936, les italiens nient l’utilisation de l’arme chimique. Au contraire, ils dénoncent l'emploi de balles explosives par les fantassins éthiopiens et leur emploi détourné du drapeau de la Croix Rouge pour protéger leurs convois de ravitaillement. L’Empereur éthiopien est toujours peu soutenu. Il obtient juste de la Grande Bretagne un avion De Havilland EH 84 G-ACKD équipé en ambulance pour la Croix Rouge éthiopienne.

Ce début d’année est marqué par de nombreuses attaques de l’aviation italienne contre des membres et des infrastructures de la Croix Rouge. Ces exactions débutent avec le bombardement d'un hôpital de la Croix rouge suédoise sur le front sud à Négélé. Une semaine plus tard, Von Rosen décolle sur le Fokker aux couleurs de la Croix Rouge pour observer la retraite des ambulances suédoises avec le consul suédois Hanner à bord. Il est pris en chasse par des pilotes italiens qui lui tirent dessus mais il parvient à les distancer.

Badoglio poursuit les bombardements chimiques jusqu'au 7 puis de nouveau les 12 et 18 Janvier. Les italiens au Nord reprennent bientôt leur marche vers la capitale Addis Abeba. Les forces éthiopiennes tiennent partout les hauteurs dominant les positions italiennes et bloquent leur progression vers la capitale. Benito Mussolini est impatient d’en finir et exhorte ses généraux à agir rapidement afin de balayer la « misérable Armée éthiopienne ». En réponse, Badoglio câble à Mussolini qu’il est toujours dans sa règle de conduite de préparer méticuleusement ses opérations pour qu’elles puissent se dérouler rapidement et sans surprise. Face aux italiens, les moyens militaires éthiopiens sont scindés en trois groupes. Au centre, près d'Abbi Addi et le long du Fleuve Beles dans le Tembien, le Ras Kassa Haile Darge dispose d’environ 40000 hommes et le Ras Seyoumm Mangasha d’environ 30000. Le flanc droit éthiopien est tenu par le Ras Mulugeta et son Armée d'environ 80000 hommes répartie sur les hauteurs dominant Amba Aradam. Le Ras Imre Halé Sélacien (Cousin de l’empereur Halé Sélacien) avec environ 40000 hommes, tient le flanc gauche, dans la région autour de Sei La dans la Province de Sciré.

Badoglio dispose de 5 Corps d’Armée. Son flanc droit est confié au IVème Corps et au IIème Corps, qui font face dans la province de Sciré, au Prince Imru. Au centre, le Corps d’Armée Erythréen fait face aux princes Kassa et Seyoumm dans le Tembien. Deux Corps d’Armée, le Ier et le IIIème Corps italiens font face au Prince Mulugeta dans le secteur d’Amba Aradam. C’est contre cette zone que l’effort italien va porter. Badoglio estime que la destruction de l’Armée du Ras Mulugeta est sa première priorité. Pour continuer sa progression vers Addis Abeba, il doit expulser les éthiopiens de leurs importantes positions autour d’Amba Aradam. Mais les princes Kassa et Seyoumm exercent une telle pression sur les forces italiennes dans le Tembien que Badoglio décide de les affronter en premier. La menace éthiopienne au centre lui fait craindre un isolement du ler et du IIIème Corps face à Mulugeta. Une percée éthiopienne couperait ces deux unités de leurs réserves et de leurs voie d’approvisionnement. Les opérations au centre (appelées première bataille du Tembien) se déroulent du 20 janvier au 24 janvier.

La première bataille du Tembien (20 au 24 janvier 1936).

Le 19 janvier 1936, à la veille de l’offensive, Badoglio ordonne au commandant du IIIème Corps d’Armée italien du Général Ettore Bastico, de quitter Maccalé pour aller occuper Nebri et Negada. Cette avance permet de fermer la route du Tembien empêchant le Prince Mulugeta, d'envoyer d’éventuels renforts aux princes Kassa et Seyoumm. Le 20 janvier, Badoglio lance à gauche du Tembien le Corps Erythréen. La 2ème Division Erythréenne avance en deux colonnes dans la Passe d’Abaro. A sa droite, la 2° Division Fasciste de Chemises Noires « 28 Ottobre » du Général Umberto Somma, avance vers la rivière Belles. Après une période de confusion initiale où les forces des deux côtés finissent par se retrouver sur des positions temporairement isolées, les Éthiopiens parviennent à repousser les Italiens. En fin de journée, la 2° Division Erythréenne recule sur ses positions de départ à l’entrée de la Passe d’Abaro, tandis qu’à sa droite, la Division fasciste « 28 Ottobre » repoussée vers la passe de Warieu, se retrouve encerclée et sera assaillie de toute part pendant trois jours.

Mis au courant de la situation, Badoglio envoie la 1° Division Erythréenne relever la 2° Division à la passe d’Abaro. Il ordonne ensuite au Général Achille Vaccarisi de se porter avec sa 2° Division Erythréenne, à la passe de Warieu afin de renforcer les Italiens assiégés. Mais dans l’après-midi du 22, la Division « 28 Ottobre » se trouve toujours isolée. Les renforts n’arrivent pas à lui parvenir. Les attaques éthiopiennes sur la Passe sont de plus en plus puissantes et Badoglio n’a d’autre choix que d’établir un plan d’urgence de retrait général. Il est facile d’imaginer quel aurait été le désastre, si Badoglio n’avait pas pris la peine de couper la route des renforts du Prince Mulugeta à Nebri et Negada. Ceux-ci seraient tombés sur les arrières d’un contingent de 70000 hommes, 14000 chevaux et mulets et 300 pièces d’artillerie en pleine retraite sur l’unique route menant à Maccalé !

Au troisième jour de la bataille, Vaccarisi et ses érythréens parviennent enfin à atteindre la Passe de Warieu.
Leur apparition surprend les éthiopiens qui, d’un coup, perdent tout mordant. L’aviation apparaît alors et disperse les assaillants. Selon le Ras Kassa, la Force aérienne Royale italienne a sauvé la mise de Badoglio. Les éthiopiens ont dû retraiter, intoxiqués par des cylindres de gaz moutarde largués par les appareils italiens. Sous de permanentes attaques chimiques, les armées des princes Kassa et Seyoumm sont forcées de retraiter de la Passe de Warieu, le matin du 24 janvier. C’est la fin de la bataille du Tembien. Les troupes éthiopiennes sont forcées de reculer mais elles ne sont pas désorganisées et tiennent toujours fermement la région du Tembien. Le résultat est donc peu concluant pour les italiens, mais la menace que faisait peser le prince Kassa sur le ler Corps est éradiquée. Badoglio va pouvoir agir maintenant contre Amba Aradam. Les pertes italiennes dans cette bataille s’élèvent à 1083 hommes et à 8000 hommes pour les éthiopiens. Dans un communiqué de presse le 9 février, il annonce que l’obstacle le puissant qui bloque la route menant à Addis Abeba est sur le point d'être liquidé. Le même jour, des Caproni Ca 133 bombardent lourdement la ville de Dessié et endommagent notamment le Fokker ambulance de la Croix Rouge "Abba Kagnew".

La bataille d’Enderta ou de Amba Aradam (10 au 19 février 1936).

La bataille de Amba Aradam débute le 10 février 1936, à 08 heures du matin. Badoglio a placé en pointe ses troupes régulières et ses unités de Chemises Noires. Il dispose d’une supériorité matérielle écrasante sur Mulugeta.
Ses soldats disposent de milliers de mitrailleuses et seront appuyés par 280 pièces d’artillerie et 170 avions.
En comparaison, les défenseurs éthiopiens ne disposent que de 400 armes automatiques, de 18 pièces d’artillerie antique de calibres divers et de quelques canons anti-aériens. Ils n’ont aucune aviation pour les soutenir.
Les askaro érythréens sur lesquels le général De Bono s’appuie lourdement depuis le début de la campagne sont placés cette fois-ci en réserve. Le Ier et le IIIème Corps italiens avancent vers leur objectif en traversant la plaine de Calamino.
A la nuit tombée les deux corps ont atteint les berges de la rivière Gabat. Badoglio qui, à l’origine, est un artilleur veut gérer ce combat en comptant principalement sur l’efficacité de ses canons. Les Pc sont établis sur des points hauts qui servent de postes d’observation d’artillerie. Toutes les cinq minutes, des appareils d’observation de la Regia Aeronautica survolent le front, identifient et localisent les positions éthiopiennes et les transmettent aux artilleurs italiens. Mais face à eux, les Éthiopiens de l’Armée Centrale (Mahel Sefari), commandés par le Ras Mulugeta Yegazzu, sont des soldats entraînés, organisés et équipés de manière uniforme. Ils disposent aussi de pièces d'artilleries aussi et savent les utiliser efficacement. Ils pensent utiliser leur connaissance du terrain à leur avantage. La montagne à Amba Aradam se scinde en deux parties distinctes. Sur la gauche se trouve une arête irrégulière connue des Italiens comme « l'Arête de hareng ». A l’extrême droite des positions éthiopiennes, un pic au sommet un peu aplati porte le nom de « chapeau du prêtre ». La plaine d’Enderta s’ouvre à la base de cette montagne.

Les appareils italiens en reconnaissance découvrent bientôt une faiblesse dans le plan de défense de Ras Mulugeta. Les photos aériennes rapportées démontrent que si l’effort principal de l’attaque se porte sur la Plaine d'Antalo au Sud d'Amba Aradam, les italiens devraient emporter une victoire rapide et facile. Badoglio décide d'encercler Amba Aradam et d’attaquer le Prince Mulugeta à revers, après avoir effectué la jonction de ses forces à Antalo.
Le 11 février, la 4° Division de Chemises Noires « 3 Gennaio » et la Division Légère Alpine « Pusteria » du IIIème Corps italien traversent la rivière Gabat et contournent Amba Aradam par l’Ouest. Simultanément, le Ier Corps contourne Amba Aradam par l’Est. Mulugeta réalise trop tard que les italiens sont en train d’encercler ses positions. Le 12 février dans l’après-midi, il tente cependant une action. Une puissante force éthiopienne dévale les pentes occidentales d'Amba Aradam et attaque la Division Fasciste "3 Gennaio" qui voit sa progression arrêtée. Mais la Division Alpine « Pusteria » continue son avance vers Antalo. L’appui aérien important combiné à une préparation d’artillerie massive sur les positions éthiopiennes, sapent le moral des défenseurs éthiopiens et leur ôte leur volonté de résister.

Le soir, du 14 février, le piège italien est en passe de se refermer totalement sur les hommes du Prince Mulugeta. Les unités italiennes sont parvenues à faire leur jonction, tiennent les hauteurs et mettent en position leurs pièces d’artillerie pour l’assaut final. A l’aube du 15 février, profitant encore du couvert de l’obscurité déclinante et d’une forte couverture nuageuse, les italiens achève leur encerclement total. Quand le jour se lève sur Amba Aradam, les ethiopiens se rendent compte que leur situation est devenue très délicate. Mais ils décident pourtant de tenter le tout pour le tout. Ils se déploient en bas des pentes occidentales d'Amba Aradam vers Addi Kolo et lancent courageusement des assauts désespérés contre les positions italiennes à l’Ouest de Amba Aradam. Mais la puissance aérienne italienne combinée à l'artillerie enrayent la fureur des attaques éthiopiennes. A la nuit tombée, la bataille est pratiquement perdue pour le Prince Mulugeta. En fait, celui-ci escomptait à tort que les italiens tentent de s’emparer d’Amba Aradam en s’attaquant en premier de la colline du « Chapeau du prêtre ». Mais les italiens lancent leur attaque contre « l’Arrête du Hareng ». Ils s’en emparent aisément et maintiennent sur l’ennemi, à partir de cette position, une pression telle que la défense du « Chapeau du Prêtre » devient vite impossible. Toutefois, Les attaques éthiopiennes répétées contre les positions d’Addi Kolo ont permis à ceux–ci de créer une brèche dans les lignes italiennes. Ras Mulugeta y engouffre ses unités qui fuient vers Sokota et Amba Alagi où il tente de rassembler ses forces. Les italiens investissent alors totalement leur objectif. Pour des raisons politiques évidentes de propagande, la 1° Division de Chemises Noires « 23 Marzo » du Général Domenico Siciliani, reçoit l’honneur de hisser le drapeau italien sur la position d’ Amba Aradam fraîchement conquise.

Badoglio utilise toute la puissance de son aviation pour harceler l'armée en fuite du Ras Mulugeta. Pendant quatre jours consécutifs, les fugitifs sont bombardés puis pilonnés par l’artillerie. L’arme chimique est utilisée contre eux faisant des ravages. 40 tonnes de gaz moutarde seront employées. Les bandes d’Azebu Galla (chef de tribu Oromo de la région Nord d’Amara), corrompus par les italiens, se rallient à l’envahisseur et en profitent pour harceler les soldats éthiopiens en déroute. Tadessa Mulugeta, le fils du Prince, désigné comme le « Asmach » (commandant de l’arrière garde) d’Amba Aradam est tué au combat dans une embuscade. Les Gallas, provocateurs mutilent affreusement son corps. Quand le prince Mulugeta apprend la mort de son fils et l’outrage fait à son cadavre, il fait demi-tour pour se rendre sur les lieux. Il est tué peu après lors d’un mitraillage de sa colonne par l’aviation italienne. Cette perte achève de miner le moral des fugitifs qui se débandent complètement. L’Armée du Ras Mulugeta n’existe plus. Les italiens avec des pertes moyennes (800 hommes) viennent de réduire à néant une Armée éthiopienne. Ceux-ci déplorent 6000 tués et 12000 blessés ainsi que la perte d’un Prince influant et de son fils.

La seconde bataille du Tembien (27 au 29 février 1936).

Après sa victoire sur Mulugeta, Badoglio veut en finir au plus vite avec les Armées des Princes Kassa et Seyoumm, solidement ancrées dans le Tembien. Ses effectifs de renfort sont maintenant en place sur le front et il a pris soin de stocker 48 000 obus et 7 millions de cartouches dans le secteur où il a prévu de lancer son attaque contre les deux Ras. Le Commandant en Chef italien envoie son IIIème Corps vers Gaela pour couper la ligne principale de retrait du Ras Kassa. Une fois les routes menant au Sud de la région d’Abbi Addi coupées, le Corps érythréen s’avance au Sud vers les passes de Warieu et d'Abaro. Ces mouvements du IIIème Corps et du Corps érythréen placent les Armées du Ras Kassa et du Ras Seyoumm dans un grand piège. Le Ras Kassa semble avoir décelé les plans de Badoglio.
Il fait envoyer à l'Empereur un message où il demande à se retirer du Tembien. Mais L'Empereur lui conseille plutôt reculer vers Amba Aradam et de s'associer avec les débris de l’Armée du Ras Mulageta.

La seconde bataille du Tembien se déroule sur un terrain propice à la défense. Badoglio a préconisé au Corps érythréen de s’avancer par les passes montagneuses pendant que le IIIème Corps traverse la vallée de Geba.
C'est une région de forêts, de ravins et de torrents où les Italiens ne peuvent déployer leur artillerie correctement ou utiliser des véhicules blindés. Mais les guerriers du Ras Seyoum ne tirent pourtant pas profit de ce terrain pour lancer une attaque et surprendre l’ennemi. L’aile droite des forces éthiopiennes a établi une position fortifiée dans le secteur des mines d’Amba (à la montagne d’or). Ce secteur commande la route menant à Abbi Addi vers laquelle le Corps Erythréen et le IIIème Corps italien convergent. Il doit être neutralisé rapidement. L’opération est confiée à un commando de 150 hommes appartenant aux Chemises Noires et aux Alpinis. Ceux-ci attaquent sous le couvert de l’obscurité, armés uniquement de grenades et de poignards. Ils surprennent les défenseurs alors que leur dispositif de combat n’est pas encore achevé et enlèvent la position. La réussite de cette mission permet aux deux colonnes du Corps Erythréen de marcher sur Zebandas et Worrega.

Le 27 février, en début de matinée, l’Armé du Ras Seyoumm prend position devant Abbi Addi. Usant d’une tactique d’un autre âge, les guerriers éthiopiens, annoncés par des roulements des tambours s’élancent ensuite au son des trompes. Une marée éthiopienne apparemment non coordonnée quitte l'abri des bois couvrant Debra Ansa pour s’abattre sur les italiens à découvert. De 08h00 à 16h00, vague après vague les éthiopiens, armés principalement d’épées et de bâtons vont de heurter aux positions de mitrailleuses du Corps érythréen et notamment de la 1° Division de Chemise Noires « 23 Marzo ». Le tir concentré décime les assaillants et les repousse à chaque tentative d’assaut. C’est un véritable massacre. Constatant l’affaiblissement des éthiopiens, le commandement italien saisit alors immédiatement l’occasion de contre-attaquer. La puissance de l’envahisseur se déchaîne alors contre les guerriers éthiopiens qui sont fauchés par l’artillerie de Montagne et écrasés sous les bombardements. Rapidement menacé d’encerclement, le Ras Seyoumm est contraint de fuir, laissant plus de 1000 morts sur le champ de bataille. Son plan droit se retrouve à découvert et il ordonne de se replier par les gués de la rivière Tekezé.
Mais de nombreux traînards s’engagent par erreur dans un ravin rocheux où ils se retrouvent bloqués. Ils se font vite repérer et l’aviation concentre ses attaques contre ces bandes éparses. Le secteur des gués de Tekezé se transforme rapidement en un grand charnier.

Pendant que ce drame se déroule, le Ras Kassa et son Armée sur Debra Amba ne sont pas encore passés à l’action. Le prince Kassa décide de faire ce que l'Empereur lui a indiqué et commence à retirer son armée vers Amba Aradam. Mais la force aérienne italienne s’abat maintenant sur ses troupes. Le 29 février, le IIIème Corps et le Corps Erythréen parviennent à faire leur jonction à 5 km à l’Ouest d’Abbi Addi. Mais le piège se referme tardivement sur les éthiopiens et une partie importante des Armées des deux princes a réussi à passer entre les « mailles du filet » et à échapper au traquenard de Badoglio. Les soldats éthiopiens qui ont survécu à cette boucherie sont démoralisés et ont perdu leur combativité. Ils ne désirent qu’une chose : fuir cette région et le déluge de fer, de feu et de produits chimiques qui s’abat sur eux, en laissant les italiens maîtres de la région du Tembien. Deux semaines plus tard, quand Les prince Kassa et Seyoumm rejoignent enfin l’Empereur Haïle Sellassié à son Quartier Général de Quorom, ils ne sont plus accompagnés que par une poignée d’hommes et leurs gardes personnelles. L’armée éthiopienne du Centre n’existe plus.


La Bataille du Sciré (29 février au 04 mars 1936).

Le Ras Imru Selassié, chef de l’Armée de l’aile gauche n’est que bien tardivement du désastre du Tembien.
Il est donc surpris quand Badoglio, exploitant son succès attaque le IIème et le IVème Corps italiens les positions éthiopiennes du Sciré. De son propre chef, Imru Sélassié prend la décision de retirer ses armées du secteur pour ne pas se faire enfermer dans un piège. Le II° Corps italien quitte d'Axsoum et s’empare 50 kilomètres au Sud de la région que contrôle de l’Armée de Ras Imru depuis Noël. La progression n’et pas aisée car la région est inhospitalière et desservie par peu de routes. Le IIème Corps s’étire sur une longue distance et ses unités sont très échelonnées. Elles tombent bientôt sur des embuscades tendues par les éthiopiens. La progression est stoppée et il faut faire appel à toute la puissance de l’artillerie et de l’aviation pour se dégager de l’emprise éthiopienne. Le Maréchal Badoglio, énervé par la posture défensive de son IIème Corps, ordonne au IVème Corps de quitter le Sud de l'Erythrée pour menace directement le flanc gauche de l’Armée éthiopienne.

Le 2 mars le IIème Corps peut enfin reprendre sa progression mais il est arrêté de nouveau le même jour après avoir eu contact avec l’arrière-garde du Ras Imru sélassié. Le lendemain matin, lorsque l’artillerie et l’aviation sont prêt à intervenir, l’arière-garde a déjà quitté le terrain. Le III° comme le IV° Corps se sot montrés incapables de manœuvrer assez vite pour envelopper l’Armée du ras Imru. La bataille du Sciré s’achève sur une victoire stratégique des italiens car les éthiopiens évacue tous le terrain gagné dans le Sciré pendant l’offensive de Noël, mais le Ras Imru parvient pourtant à se dégager pour tenter de rejoindre l’empereur Haïlé Selassié. Son armée est encore presque intacte et il a infligé aux italiens plus de dommages qu’il n’en a reçu. Ses résultats sont de loin les meilleurs obtenus par les éthiopiens pendant l’hiver 1936 sur le front Nord.

Mais une nouvelle fois l’Armée en retraite se fait harceler par l’aviation. Celle-ci intervient le 03 et le 04 mars au moment ou l’Armée d’Imru tente de repasser la rivière TekeZé. Les bombardiers larguent 80 tonnes de bombes explosives et incendiaires sur les troupes en retraite. De l’autre côté de la rivière, les éthiopiens sont attendus par un énorme nuage de gaz toxique qui les enveloppe. Les survivants de l’attaque sont décimés par l’intervention de la chasse italienne. Quelques jours plus tard, lorsque le II° Corps italien atteindra les berges de la Tekezé, il découvrira des milliers de corps de soldats éthiopiens en putréfaction.

XVI. Les offensives italiennes du printemps 1936.

La Bataille de May Chaw (31 mars au 02 avril 1936).

Après l’anéantissement des Armées des princes Mulugeta, Kassa et Imru, Badoglio décide de concentre son action vers la capitale éthiopienne Addis Abeba. Toute la région du Nord est ouverte à ses troupes et se trouve désormais sans protection. A l’exception de l'Armée sous les ordres personnels de l’Empereur Haïle Sélassié, il ne se trouve plus guère d’opposition organisée entre les armées italiennes et la capitale. Badoglio pense que l’Empereur éthiopien n’a plus que trois alternatives qui s’offrent à lui. Ou il attaque et sera de toute façon vaincu, ou il défend et attend l’assaut mais les italiens finiront par emporter la décision, ou il se retire, ce qui, est désastreux pour une armée qui manque de moyens de transport, de vivres et de munitions.

Badoglio s'est méticuleusement préparé pour son avance finale. Il a fait construire un réseau de nouvelles routes pour sa logistique. Les réserves arrivent à profusion dans la région où il concentre ses unités. Deux lignes de forts ont été construites et armées pour protéger les voies principales de communication.
Des bandes appartenant certaines tribus Azebu Oromo se sont ralliées aux italiens. Elles ont été armées, payées et organisées pour patrouiller sur les territoires conquis. Pour la bataille qu’il envisage, le Maréchal Badoglio aligne les 4 divisions du 1er Corps et les 3 divisions du Corps Erythréen.

Il a aussi créé des colonnes motorisées rapides.
Il les envoie bientôt en avant pour s’emparer de Gondar, Deborah, Sokota, et Sardo. La plus célèbre de ces unités « Celeré » est la colonne « Starace ».
Elle est créée mars 1936 à Asmara, dans l’Erythrée et confié au Colonel Achille Starace.

Cette unité mixte de Bersagliers et de Chemises Noires s’empare le 1er Avril de Gondar, la capitale de la Province Begemder où elle reçoit un accueil triomphal.
Elle entame ensuite un raid de 120 kilomètres qui l’emmène deux jours plus tard, au bord du Lac Tana.

Elle s’installe en protection face à la frontière avec le Soudan britannique car de fausses rumeurs annoncent que le Ras Imru Sélassié avec 40,000 hommes à Ifag et le Ras Kassa avec 8000 hommes à Debre Tabor projettent de reprendre Gondar avec l’aide des britanniques.
En fait, côté éthiopien, le Ras Imru Sélassié qui était parvenu à sortir du massacre des gués de la Tekezé avec un peu moins de 10000 hommes, n’est plus d’une grande utilité opérationnelle. Ses hommes démoralisés et fatigués l’abandonnent par centaines.
Quand il parvient à rejoindre l’Empereur à Debre Marqos, il n’est plus accompagné que par 300 hommes de sa personnelle. Le 24 avril, deux bataillons de la colonne « Starace », un de la 82° Légione « Mussolini » et un autre du 111° Bataillon d’Infanterie Indigène de l’Erythrée, lancent une attaque surprise contre Debre Tabor. Ils s’emparent de la ville sans rencontrer de résistance. Les forces du Ras Kassa et du Dejazmach Ayalew Biru étaient annoncées comme étant présentes à Debré Tabor. Mais en fait elles étaient surestimées et avaient déjà quittés les lieux depuis plusieurs heures quand les italiens investirent la ville.

L’Empereur Haïlé Sélassié Ier dans son QG de Quorom, tente d’organiser le reste de son Armée. Les Ras Haïlé Darge et Seyoumm Mengesha l’ont rejoint avec peu d’hommes. Mais il dispose maintenant de l’Armée du Ras Getachew Abate qui vient d’arriver avec son Sefari complet et frais de la Province de Kaffa. L'Empereur divise son armée en quatre groupes. Il prend le commandement de l’un et confie les trois autres aux Ras Kassa, Ras Seyum et Ras Getachew. Contrairement aux autres forces décimées auparavant, l’Armée de Haïlé Sélassié est extrêmement bien armée. Il dispose d’un Régiment d'Artillerie à 20 canons de campagne de 75mm, de quelques pièces antiaériennes de 37 mm Oerlikon et de quelques mortiers de Brandt 81 mm. Il a également reçu en secret 12 pièces antichars allemandes Pak 35/36 de l’Allemagne Nazie. (Hitler n’a pas apprécié en effet, l’appui de Mussolini à Kurt von Schuschnigg, dans sa tentative pour rendre l’Autriche indépendante). Sélassié achète également la fidélité des Azebu Galla (tribu Oromo), entrés précédemment en rébellion contre l’Empereur. Ceux-ci en échange promettent d’attaquer les italiens sur les flancs. L’Empereur décide d’attaquer les italiens. Il s’en ouvre dans un message à son épouse Menen Asfaw, le 21 mars. Mais le message est intercepté par les italiens. Badoglio est mis au courant des intentions de Haïlé Sélassié. Il annule aussitôt tous les ordres qu’il a transmis pour passer à l’offensive et organise activement ses défenses. Le 23 mars, l’Empereur éthiopien, empruntant une vallée à la végétation luxuriante veut frapper les positions ennemies à Maychew. Les 6 Bataillons de la Garde Impériale (Kebur Zabangna) font partie de la force d’attaque qui compte près de 31000 hommes. Le Négus, contre l’avis des experts étrangers et de ses conseillers militaires, décide de diriger lui-même ses troupes. Mais entre les divers conseils de guerre, tractations avec les tribus et les nombreuses hésitations, les éthiopiens ont perdu une semaine précieuse qu’a mis à profit Badoglio pour se renforcer encore.

Le 31 mars 1936 à l’aube, les éthiopiens passent à l’attaque. Le combat va durer pendant 13 heures consécutives. Mais les italiens avertis de l’imminence de l’attaque par des déserteurs éthiopiens ont veillé toute la nuit et préparé leurs armes sur leurs positions.
Les « Alpini » de la 5° Division « Pusteria » se sont retranchés sur les pentes d'Amba Bokora. Le reste du ler Corps est en réserve avec la 26° Division d’Infanterie « Assietta », la 30° Division d’Infanterie « Sabauda » et la 4° Division de Chemises Noires « 3 Gennaio ». Les deux Divisions d’Infanterie du Corps Erythréen tiennent la passe de Mekan, avec la 1° Division de Chemises Noires « 23 Marzo » en réserve. Les Trois colonnes comptant chacune 3000 éthiopiens se jettent par vagues successives contre les positions italiennes. Grâce au feu précis de leurs mortiers, les éthiopiens parviennent à entamer les lignes de la Division « Pusteria ». Mais rapidement, les « Alpini » reprennent le contrôle du terrain perdu et rétablissent leurs positions. L’Empereur espère rencontrer moins de résistance sur le flanc gauche italien et change son axe d’attaque. 15000 hommes sous les ordres du Ras Kassa tentent maintenant de rejeter les érythréens de la passe de Mekan. A force d’assauts répétés entre 07 et 08h00 du matin, les éthiopiens gagnent du terrain, en dépit de lourdes pertes. Mais une fois de plus, Badoglio fait intervenir ses oiseaux de mort, remplis de cylindres d’Ypérite, pour stopper la « furia » éthiopienne.

Haïlé Sélassié joue alors son dernier atout : Il lance sa Garde Impériale, sous les ordres du Ras Getachew Abate, contre les érythréens. Ces troupes fidèles, organisées et très discipliné font leur maximum. Pendant trois heures elles se battent pour tenter d’enrouler le flanc Gauche italien, exterminant au passage un Bataillon complet de la 2° Division Indigène. Son Commandant, submergé par les éthiopiens, donnera même l’ordre à son artillerie d’ouvrir le feu sur se propres positions pour tenter d’enrayer l’action de la Garde Impériale. Mais vers 16h00, il apparaît évident que la Garde seule ne pourra emporter tous les objectifs. Dans un dernier sursaut d’orgueil, Haïlé Sélassié donne l’ordre d’assaut général sur toute la longueur du front. Mais les éthiopiens sont refoulés partout où ils attaquent. Les Azebu Galla, profitent de ce moment pour trahir une nouvelle fois la promesse qu’ils ont faite à l’Empereur et attaquent les soldats éthiopiens refluant. L’Empereur n’a plus d’autre choix que d’ordonner une retraite, qu’il confie au Ras Getachew Abate. Mais beaucoup de commandants sont morts au cours la bataille, les hommes ont faim et n’ont plus le moral. Les pertes éthiopiennes s’élèvent à prêt de 11000 hommes contre à peine 400 italiens et 870 érythréens tués. La retraite se fait de manière désordonnée et l’aviation italienne en profite pour éparpiller et terroriser les fuyards qui sont assaillis également par les Azebu Galla.

Haïlé Sélassié sait que la guerre d’Ethiopie est maintenant irrémédiablement perdue d’autant plus que de nombreux chefs de guerre doivent retourner dans leurs Provinces où se déclenchent de nombreuses insurrections (Gojjam, Lasta, Province du Tigré et de Wag). Le 2 avril, l’Empereur ordonne une retraite générale sur tout le front Nord. Les Ras Kassa et l’Asmach (promu au feu) Getachew restent fidèles et protègent avec leurs troupes et la Garde Impériale, la retraite de leur Empereur vers les montagnes de la région de Lasta. Les colonnes en retraite prennent alors à l’aube la direction du Lac Ashangi et du pays montagneux de Quorom.

La Bataille du Lac Ashangi et la bataille de l’Ogaden (09 au 25 avril 1936).

Poursuivant et harcelant les troupes en retraite du Négus, les troupes italiennes s’offrent une dernière victoire majeure Lac d’Ascianghi (Ashangi), le 09 avril 1936. Cette bataille sera la plus meurtrière de la guerre en Ethiopie. L’aviation italienne largue 13 tonnes de bombes. Plusieurs aviateurs sont blessés mais tous les appareils retournent à leur base. Le gouvernement à Adis Abeba annonce trop vite une grande victoire à Machodebar, près du lac Ashangi. Les forces éthiopiennes parviennent bien sûr à capturer quatre points fortifiés mais les pertes sont une fois de plus très lourdes et les soldats du Négus ont du, une fois encore, retraiter, décimés par l’aviation.
Dans la bataille, les italiens perdent 700 hommes plus 2000 Erythréens. Les éthiopiens ont 887 tués et 345 blessés. Le 15 avril 1936, Dessié, ancien Quartier Général du Négus, dans la province de Wollo, tombe également entre leurs mains.

Au début du printemps, la petite aviation éthiopienne est totalement anéantie. Le 17 mars, les deux Potez ambulances sont détruits lors d’une attaque conjuguée des bombardiers Ca 133 du 4° Groupes et des Ro 37 de la 103° Escadrille de Chasse, entre Korem et Beles. Le 21 mars, les IMAM Ro1 de la 118° Escadrille et les Ro37 de la 109° Escadrille détruisent l’avant-dernier Potez 25 en état de vol. Deux jours plus tard, le DH 84 G-ACKD offert par la Grande Bretagne est complètement détruit par le feu, après un crash au décollage du terrain d'Akaki. Le 04 avril, 5 IMAM Ro37 de la 107° Escadrille de chasse, commandés par Tito Falconi, attaquent le dernier Potez 25 qui se pose endommagé à Akaki. Lors de cette attaque, malgré une DCA éthiopienne très active, les italiens incendient également le Farman F192 et le Beechcraft B17L sur la piste. Devant l'avance italienne, les derniers pilotes et mécaniciens étrangers quittent l'Éthiopie. Le 3 mai, Weber passe au Soudan britannique avec le Junker qui y terminera sa carrière. Les rares appareils survivants et quelques épaves seront pour la plupart récupérés par les Italiens à Akaki. Un dernier Fokker FVIIb-3m CH-192 sera incendié en mai, probablement sur le terrain de Djimma.

Sur le front Sud, le Général Graziani lance une série d’offensives contre les positions défensives éthiopiennes commandées par Ras Nasibu Emmanual. Les fortes positions défensives ont été conçues par le Pacha Wehib et sont connues sous le nom de « Mur Hindenburg ». La bataille va se dérouler essentiellement au Sud de Harar et de Jijiga. Le 29 mars 1936, vexé par de nombreux messages impatients du Duce et de Badoglio, qui raillent et critiquent son immobilisme, Graziani envoie 33 bombardiers larguer 12 tonnes de bombes sur la ville de Harar. Hors, la Cité, sans activité militaire a été déclarée « ville ouverte » depuis le 03 octobre 1935. Cette attaque inutile fera un scandale dans les journaux européens. Le 14 avril, Graziani ordonne à son armée d'attaquer les lignes défensives éthiopiennes de l’Ogaden,en trois points simultanément. Il met en avant essentiellement ses troupes coloniales et place la 29° Division « Peloritana » et la 6° Division de Chemises Noires « Tevere » en réserve. La première colonne, commandée par le Général Guglielmo Nasi comprend la Division libyenne. Elle tient la droite de l’attaque italienne et doit s’emparer des défenses à Janogoto et Dagahamodo. La seconde colonne, commandée par le Général Luigi Frusci, doit enlever le point central de la défense éthiopienne, le « Mur Hindenburg ». La dernière colonne, sous les ordres du Général Agostini, doit immédiatement engager le flanc gauche de l’ennemi. Le premier jour de l’offensive se passe sans un accrochage. Les seuls obstacles que rencontre Graziani sont les pluies, les rivières en crue et la boue collante des pistes éthiopiennes. Les Libyens de la première colonne se heurtent le second jour à une résistance acharnée des éthiopiens et ne progressent que peu pendant les 48 heures qui suivent. Pour forcer la décision, il est fait appel aux blindés, aux lance-flammes puis à l’artillerie pour déloger les éthiopiens dont les défenses sont établies dans des grottes le long de l’itinéraire. Le 23 avril les trois colonnes unissent leurs efforts et font jonction devant le « Mur Hindenburg ». Aux premières lueurs de l’aube le 24, la bataille s’engage sur toute la ligne de défense fortifiée mais ce sont les éthiopiens qui devancent le projet d’attaque des italiens.

Malgré la puissance de feu des italiens, les soldats éthiopiens obtiennent quelques succès initiaux. Mais ils sont vites repoussés puis acculés à leurs défenses. Les combats vont durer jusqu’au 25 avril puis les troupes de Graziani feront enfin tomber la totalité de la ligne. Le 30 avril, la ville de Degehabur est aux mains de l’ennemi et le Dejazmach Nasibu Emmanual est forcé de se retirer vers Harar. Les combats ont mis 2000 hommes hors de combat chez les italiens et 5000 chez les éthiopiens. Ces pertes montrent que les défenses éthiopiennes ont été très bien défendues.
(En comparaison sur le front Nord, le taux de perte des éthiopiens face aux italiens était d’environ 10 pour 1).

C’est à cette même période, en avril 1936, qu’un officier médecin britannique, le docteur Mc Fie fait parvenir à Genève un rapport prouvant irréfutablement l’utilisation de l’arme chimique par les italiens. Celui-ci mentionne les soins qu’il a dû apporter entre le 1er et le 18 mars, à plusieurs centaines d’éthiopiens victimes de gaz de combat. D’autres rapports similaires sont envoyés par des médecins suédois et hollandais appartenant à la Croix Rouge.
Le capitaine Taylor, attaché militaire britannique en Ethiopie effectue également des prélèvements sur le front dans la partie Sud du pays. Les échantillons ont envoyés à Aden. L’analyse révèle l’utilisation par les italiens du gaz Ypérite plus connu sous le nom de gaz moutarde. Malgré ces preuves flagrantes, aucune sanction ne sera prise par la SDN contre l’Italie…

XVII. l’Ethiopie, vaincue et annexée par l’Italie.

Rien ne peut plus arrêter les troupes italiennes dans leur ruée vers la capitale éthiopienne. Au Nord, à partir du 26 avril, une forte colonne motorisée quitte Dessié sous les ordres directs de Pietro Badoglio. Elle a été organisée par le Général Fidenzio Dall 'Ora et s'est regroupé dans Dessié entre le 21 avril et le 25 avril. Cette unité mécanisée est certainement la plus puissante qu’il ait été rassemblé en Afrique jusqu’alors. Cette colonne compte 12500 italiens, 1785 camions et automobiles de toutes marques, un Escadron de chenillettes L3 et 11 Batteries d’Artillerie disposant d’une couverture aériennes. Des camions emportent également 193 chevaux car Badoglio tient à franchir les portes de la capitale éthiopienne à cheval. La colonne parcourt les 350 km qui la séparent d’Addi Abèba sans rencontrer d’opposition. Elle est juste ralentie par le croisement de colonnes de réfugiés dans un état sanitaire pitoyable. Badoglio appellera ce raid « la marche de la volonté de fer ». Pourtant Badoglio s’attend à un dernier coup d’éclats de l’Armée éthiopienne. Il fait éclairer la progression de sa colonne par 4000 érythréens et déploie tous ses moyens à la passe de Termaber où il préssent un traquenard. Mais aucun combattant ennemi ne se montre finalement.

A Addis Abeba, où la tension et l’agitation sont palpables, le Negus rend visite à Paul Bodar à la délégation française. Il lui explique que la défense de la capitale est sans espoir et qu’il souhaite désormais mettre à l’abri l’Impératrice et ses deux fils. Bodard lui assure alors qu’il pourra temporairement trouver refuge avec sa famille en Côte des Somalis française puis de là, passer en Palestine, rejoindre les britanniques. Sur les marches de son palais, le Négus tente une dernière fois d’exhorter la foule à la défense du pays. Mais la ville cède peu à peu à la panique, les magasins sont mis à sac, des maisons sont brûlées et des coups de fusil sont tiré en l'air. Après avoir tenté en vain un dernier recours auprès des britannique pour recevoir de l’armement, il comprend que tout est perdu. Avant son départ, le 2 mai, Haïlé Sélassié ordonne le transfert de son gouvernement à Gore, et nomme le Ras Imru Haile Sélassié, Régent pendant son absence. En 24 heures l’Empire éthiopien est en lambeau. L’ordre public a disparu, les émeutes augmentent et une attaque est tentée contre la trésorerie de l’Empereur pour y dérober l’or. Les étrangers, jugés fautifs de la passivité de leurs gouvernements sont molestés et doivent trouver refuge à l’ambassade britannique.

Le même jour, après sept mois d’une guerre impitoyable, Badoglio entre en vainqueur dans Addis Abeba. L'Empereur Haïlé Sélassié Ier part en exil et rejoint Genève, via Djibouti et Jerusalem. Environ un tiers des officiers éthiopiens du front Sud vont suivre son exemple. Le 5 mai, Rome annexe officiellement le pays africain et le 9 mai le roi Victor-Emmanuel III est proclamé empereur d'Éthiopie et nomme Badoglio vice-roi. Le 10 mai, les troupes du front Nord et du front Sud opèrent leur jonction à Dire Dawa, achevant ainsi l’invasion. Giuseppe Bottai est désigné comme le premier Gouverneur d'Addis Abeba et prend ses quartiers dans l'ancien Palais du Négus. Le 1er juin, Mussolini peut annoncer à Rome, la naissance de l'«Africa Orientale Italiana», par l’Union de l’Ethiopie, de l’Erythrée et de la Somalie italienne.

Le 30 juin 1936, le Négus Haïlé Sélassié vient plaider la cause de son pays à Genève, devant les délégués de la SDN. Le petit homme frêle tout de blanc vêtu fait une grande impression sur les délégués et sur l’opinion publique, même si le contenu de son discours est plein de reproche :

- « Lorsque le danger s’est montré de plus en plus explicite, conscient de mes responsabilités envers mon peuple, j’ai essayé d’acquérir des armes durant les six premiers mois de l’année 1935. De nombreux gouvernements s’étaient accordés pour décréter un embargo pour m’en empêcher, alors qu’ils permettaient au gouvernement italien d’acheminer toutes infrastructures à travers le canal de Suez, troupes, armes et munitions, sans la moindre protestation. »

Aucune décision ne sera prise par la SDN pour aider l’Ethiopie. Au contraire, inquiète pour la paix en Europe, la SDN lève les sanctions économiques contre l'Italie, le 4 juillet 1936.

XVIII. Politique d’extermination des éthiopiens ?

La conduite d'une vraie politique d'extermination envers les Éthiopiens semble avoir eu cours durant la guerre italo-éthiopienne. Elle ne s’est pas limitée à l'emploi fréquent des armes chimiques, puisque Mussolini n’hésite pas à proposer à Badoglio l’usage de l’arme bactériologique contre les troupes de Ras Kassa, dans le secteur de Maccalé. Toutefois, Badoglio s’y refuse invoquant sa propre crainte sur les conséquences incontrôlables d'une arme jamais essayée jusque là et les réactions internationales que son utilisation engendrerait. Cette politique fut poursuivie également avec d'autres moyens, comme l'ordre de ne pas respecter les marquages de la Croix Rouge ennemie, ce qui conduit à la destruction d'au moins 17 hôpitaux (dont un suédois) et installations médicales éthiopiennes dont les membres sont visés délibérément. Les bombardements prennent pour cible également, sans motif valable les populations civiles (comme à Harar, en mars 1936). Les italiens ont recours à l'emploi systématique de troupes askaro (libyens de religion musulmane) contre les armées et la population christano-copte d'Éthiopie. Les troupes libyennes se rendent coupables de massacres envers les civils et les prisonniers au point que leur commandant en chef, le Général Guglielmo Nasi instaure une prime de cent lires pour tout prisonnier vivant qui lui est confié.
Les vainqueurs italiens photographient leurs gibets et leurs pelotons d’exécutions devant des victimes célèbres : le cadavre du Ras Desta Damtew, héros malheureux de la bataille de Genale Doria, la tête tranchée du Dejazmach Haylu Kebede exposée sur le marché de la ville de Seqota et l’abuna (évêque) Pétros fusillé en juillet 1936 à Addis Abeba, en sont des tristes exemples. L'occupation italienne ne se déroule pas sas mal car le pays compte encore de nombreux fidèles de l’Empereur qui entrent en résistance. Dès février 1937, Graziani fait l'objet d'une tentative d'assassinat qui se soldera par une vague de terreur et plusieurs milliers d'exécutions secrètes. Les crimes envers les rebelles, la population et les moines abyssiniens dans les sanctuaires christano-coptes (ils sont tués par centaines à Debra Libanos et ailleurs) se poursuivent même lorsque la guerre est finie et au moins jusqu'en 1940. Selon un bilan officiel du gouvernement italien, la conquête de l’Éthiopie aurait fait 77000 morts chez les Éthiopiens entre 1936 et le 10 juin 1940. Des sources plus objectives avancent, elles, le chiffre de 150000 victimes.

XIX. L’Ethiopie à nouveau libre.

Mussolini tire de l'affaire d'Ethiopie un succès international. Non seulement il a conquis un pays membre de la SDN, mais il a fait fi de plus des sanctions internationales. En Europe, l'Action Française de Maurras cautionne même cette agression au nom de la civilisation ! L'Angleterre et la France lèvent ensuite rapidement les sanctions car les deux puissances comptent encore pouvoir faire basculer le Duce dans le camp opposé à Hitler. L’exil solitaire du Négus va durer 5 ans. Il devra attendre l’entrée en guerre des britanniques pour avoir enfin un allié à ses côtés.
Après la bataille d’Afrique Orientale qui voit les britanniques mettre en déroute les Armées italiennes, Haïlé Sélassié rentre dans son pays avec leur aide pour faire la guerre aux Italiens. Au prix d'énormes sacrifices, les Ethiopiens chassent finalement l’ennemi l'ennemi. Le 5 mai 1941, le Négus entre à nouveau dans Addis Abeba où il reçoit un accueil triomphal..

Livres et revues :

- L'Illustration 1935 N°4834
- Guerra aerea sull'Etiopia 1935-1939, Roberto Gentilli, EDAI (1992) (guerre aérienne)
- Between bombs and good intentions: the Red Cross and the Italo-Ethiopian War,Rainer Baudendistel. (bombardements des hopitaux de la croix rouge)
- Histoire de l’Ethiopie, dAxsoum à la révolution, Bernahou Abebe, Maisonneuve & Larose
- Haile Selassie’s War, Anthony Mockler
- The italian invasion in Abyssinia 1935-36, Osprey men at Arm, David Nicole

Sites internet

http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19351002&ID_dossier=203 (récapitulatif historique)
http://www.gnammankou.com/selassie.htm (biographie Haïlé Sélassié)
http://history.sandiego.edu/gen/ww2timeline/Prelude05a.html (chronologie guerre d’Ethiopie)
http://www.absoluteastronomy.com/topics/Second_Italo-Abyssinian_War
http://hist-geo.ac-rouen.fr/site/sequence/troisieme/2guerre/marcheguerre.swf
http://wapedia.mobi/fr/Histoire_de_la_Somalie
http://www.mtholyoke.edu/acad/intrel/WorldWar2/italy.htm (médiation américaine)
http://untreaty.un.org/cod/riaa/cases/vol_III/1657-1667.pdf (commission d’arbitrage de la SDN)
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1954_num_42_2_1135 (ressources minérales éthiopiennes)
http://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Genale_Doria
http://en.wikipedia.org/wiki/Ethiopian_Christmas_Offensive
http://en.wikipedia.org/wiki/First_Battle_of_Tembien
http://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Amba_Aradam
http://en.wikipedia.org/wiki/Second_Battle_of_Tembien
http://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Shire
http://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Maychew
http://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_the_Ogaden
http://en.wikipedia.org/wiki/March_of_the_Iron_Will
http://crezan.net/pag_aby/abyssinia_1.html (aviation éthiopienne)
http://en.wikipedia.org/wiki/Italian_Order_of_Battle_Second_Italo-Abyssinian_War (unités italiennes)
http://www.generals.dk/nation/Italy.html (généraux italiens)
http://en.wikipedia.org/wiki/Haile_Selassie_Gugsa
http://en.wikipedia.org/wiki/Pietro_Badoglio
http://en.wikipedia.org/wiki/De_Bono%27s_invasion_of_Abyssinia
http://www.regioesercito.it/reparti/mvsn/mvsn_et35.htm (ODB terrestre)
http://miles.forumcommunity.net/?t=9341381 (ODB terrestre)
http://italie1935-45.forumactif.net/l-invasion-de-l-ethiopie-1935-36-f6/petite-recup-t159.htm
http://en.wikipedia.org/wiki/Italian_Order_of_Battle_Second_Italo-Abyssinian_War(ODB aérien)
http://orbat.com/site/history/volume5/519/ItalianAirForceinItalianEastAfrica1919-1939PartI.pdf (ODB aérien)
http://www.comandosupremo.com/ (forces armées italiennes)
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1999_num_63_1_3851 (troupes coloniales)
http://newspapers.nla.gov.au/ndp/del/article/2410792 (utilisation armes chimiques)

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