La
création de la République hongroise
Le
30 octobre, le comte Mihalyi est porté au pouvoir par une "révolution
de velours", prête serment (la dernière fois pour
un dirigeant hongrois) au roi Charles IV, le dernier empereur d'Autriche
sous le nom de Charles I et forme un gouvernement de coalition. Le 13
nov. Charles abdique et le 16 la république de Hongrie est proclamée.
Il porte le poids d'assurer la pérennité de la Grande
Hongrie. Confiant dans les principes wilsoniens, il se rend à
Belgrade auprès du général Franchet d'Esperey (chef
de l'armée d'Orient)signer l'armistice le 7 novembre. Soucieux
de continuer l'intégrité de son pays, il est mis sur le
fait accompli quand les tchèques et les roumains se sont taillés
la part léonine du territoire.
Le 13 novembre, une ligne de démarcation, démilitarisée
est fixée, ligne que les roumains ne vont pas tarder à
franchir pour atteindre la Tisza.
Le 20 mars, le lieutenant-colonel Vix exige au nom de l'Entente, que
la nouvelle ligne de partage soit la rivière Tisza. C'en est
trop, Karolyi refuse de brader le territoire et démissionne.
la vacance du pouvoir laisse les mains libres aux bolchéviques.
Le 21 mars, les communistes prennent le pouvoir et instaurent la République
des Conseils dirigé par Béla Kun qui va faire régner
la "Terreur Rouge".
La République
des Conseils
Lorsque
l'Entente entend imposer un nouveau dépeçage du pays,
le comte Karolyi refuse, il ne veut pas entrer dans l'histoire comme
le fossoyeur de la Hongrie. La coalition socialiste porte au pouvoir
Bela Kun, chef de la tendance bolchevique. Le Conseil des commissaires
du Peuple ne peut régner sans faire imposer une "terreur
rouge" par les "gars de Lénine" conduits par Tibor
Szamuely. Profitant du chaos, les pays frontaliers s'empressent de finir
le dépeçage, un conflit éclate avec la Tchécoslovaquie
et la Roumanie.
L’offensive
de l’armée populaire hongroise
Durant
la nuit du 15 au 16 avril 1919, la 39e brigade rouge attaque les positions
roumaines tenues par les 6 et 7 Divisions de Chasseurs (Vanatoari) le
long de la vallée du Kôrös/Cris. L’attaque est
repoussée et les Roumains contre-attaquent et progressent entre
18 km au nord et 55 km au sud.
Le 24 avril, Debrecen (capitale administrative de l’est de la
Hongrie) est aux mains des Roumains, malgré la résistance
acharnée de la Szekely division du général Kratochwill
(les Szekely ou Sicules de Transylvanie sont un peuple magyarophone
installé à l’est de la Transylvanie).
Les troupes de l’armée rouge hongroise évacuent
la rive gauche de la Tisza et prennent position sur la rive occidentale.
C’est en fait le but recherché par la note Vix, refusé
par le comte Mihaly.
Fin avril, la ligne de front suit le cours de la Tisza.
Au sud, l’armée française de Hongrie fait «
tampon » entre les armées serbes et roumaines qui se disputent
le Banat.
Au nord, les troupes roumaines du détachement Olteanu font la
liaison avec les troupes tchécoslovaques le 1er mai à
Munkacevo, bouchant ainsi le goulet de l’Ukraine subcarpathique
qui aurait permis l’acheminement de renforts de Moscou.
La pause de l’armée
roumaine
A
Budapest, la population est affolée, les magasins de denrées
alimentaires se vident, les paysans ne veulent pas du régime
collectiviste et sont victimes des bandes des « gars de Lénine
» qui opèrent aussi contre les ennemis du peuple, assassinat
de bourgeois, occupation d’églises transformées
en Maisons du Peuple
L’armée roumaine fait une pause, retire ses troupes exténuées
et les remplace par celles de réserve : la 16e Division d’infanterie
transylvanienne au nord et la 18e D.I. Trans. au sud. La Roumanie doit
affronter en Bessarabie l’offensive soviétique, le long
du Dniestr et ne peut lutter sur 2 fronts.
Pendant ce temps, Vilmos Böhm, commissaire à la guerre,
réorganise l’armée selon l’ancien système
impérial. L’armée rouge hongroise, bien que battue
n’est pas détruite.
Bela Kun, pressé par l’Entente, accepte les conditions
roumaines et signe un armistice le 2 mai. Il espère toujours
que « l’armée-mère » de Russie viendra
l’aider par l’Ukraine subcarpathique. Pour cela, il faut
faire sauter le bouchon de Chop, ville frontalière. Cependant,
l’armée rouge est occupée à combattre les
armées blanches de Dénikine en Ukraine.
Le conflit contre
la Tchécoslovaquie
Le
31 mai, l’offensive rouge menée de main de maître
par le colonel Stromfeld passe à l’offensive et reprend
la ville hongroise de Miskolc aux Tchécoslovaques. C’est
une déroute et c’est toute la Haute-Hongrie qui est aux
mains des troupes rouges qui vont constituer une République des
Conseils Slovaque.
L’Entente envoie un ultimatum à Bela Kun exigeant l’arrêt
des combats, le retrait des troupes sous peine d’une attaque combinée
entre les armées françaises, serbes , roumaines et tchécoslovaques.
Bela Kun n’a d’autre choix que de faire retirer ses troupes
victorieuses, portant un coup à son prestige et au moral de la
population. Dans la capitale, des combats reprennent, mais l’opposition
est incapable de s’entendre.
La reprise des
combats contre l’armée roumaine
Fort
de son succès contre l’armée tchécoslovaque
et pour restaurer son prestige (en jouant sur les sentiments nationaux)
Bela Kun entreprend de repousser les forces roumaines, de reprendre
les villes de Debrecen, Oradea et Arad. Il pense justement aussi que
le 2e front en Bessarabie occupera les Roumains. L’armée
rouge (50000 hommes) est divisée en 3 groupes, alignés
le long de la Tisza.
Entre le 17 et le 20 juillet, l’artillerie hongroise pilonne les
positions roumaines et le 20, à 3 heures du matin l’offensive
est lancée sur 4 têtes de pont.
Au nord, à Tokaj, l’infanterie rouge est repoussée,
au sud une poche est formée entre Szentes et Hödmezövasarhely
réduite au bout de 2 jours de combats acharnés Pour la
18 DI roumaine, le front à tenir est trop étendu.
C’est au centre que l’offensive semble plus prometteuses,
franchissant la Tisza à Szolnok le 20 juillet, une brèche
profonde de 60 km et large de 60 km est formée. Des renforts
roumains, provenant des fronts stabilisés, permet une contre-attaque
fulgurante le 25 à Fegyernek. Le 30 juillet, toute la rive gauche
de la Tisza est sous contrôle roumain. A peine franchie, face
à des troupes hongroises en débandade, démoralisées
et refusant de combattre pour les bolcheviques, l’armée
roumaine ne rencontre plus de sérieuse résistance. Bela
Kun et les commissaires s’enfuient vers l’Autriche et la
Russie ensuite, l’armée hongroise capitule le 3 août.
Le lendemain, l’armée roumaine défile devant le
général Mardarescu.
Budapest sera occupée jusqu’en novembre 1919 et sera systématiquement
pillée. Un gouvernement provisoire sera nommé avec à
la tête Gyula Peidl jusqu’à la prise du pouvoir par
le Régent Horthy.
Les habitants de Budapest retrouveront les soldat roumains du VII Corps
lors des combats du siège, à Pest en décembre 1944.