La traque du Königsberg
Par Alexandre Sanguedolce

Fregattenkapitän
Max Looff

 

Le SMS Königsberg

Croiseur léger mis en service le 12 décembre 1905 à Kiel.
3364 tx
Longueur : 118,30 m
Bau : 13,56 m
Tirant d'eau : 5,08 m
Vitesse : 24 nœuds
Équipage : 361
Armement : 10 canons de 105 L40, 8 canons de 52 mm L55
Commandant : Fregattenkapitän Max Looff.

La déclaration de guerre

A la déclaration de guerre, le SMS Königsberg qui avait été envoyé à Dar-es-Salam, capitale du Deutsch-OstAfrika, doit prendre le large afin de ne pas rester bloqué devant Zanzibar, colonie britannique.
L'Amirauté, dirigée par Winston Churchill, ordonne à l'amiral Herbert King-Hall commandant l'escadre du Cap, de se mettre à la recherche du Königsberg. Cette escadre est composée des croiseurs HMS Hyacinth (5600 tx), le HMS Astrea (4300 tx) et le HMS Pegasus (2150 tx).
Le 31 juillet 1914, le Königsberg appareille de Dar-es-Salam et prend la direction de la Corne de l'Afrique.
Le 6 août, il capture le City of Wesminster, à 450 km d'Aden, s'empare de son chabon et le coule. Son équipage est transféré à bord du paquebot Zieten. Conscient que le charbonnage posait un problème pour poursuivre la chasse aux navires alliés, Looff fait cap au sud, atteint Madagascar, le 30 août. Il décide de retourner à Dar-es-Salam.
Pendant son périple, l'Astrea est parvenu à s'approcher de Dar-es-Salam et d'y détruire la station TSF.
Avec le HMS Pegasus, commence la traque du Königsberg.
Le 20 septembre, à 05h30, le corsaire allemand s'approche de Zanzibar et surprend le Pegasus qu'il détruit d'une bordée de canons.
Sachant que les Anglais sont à sa recherche, Looff, ne pouvant poursuivre sa route plus au sud en raison des problèmes de charbonnage, engage son navire dans un des nombreux bras du fleuve Rifuji.


S.M.S. Koenigsberg

La traque du croiseur fantôme.

Le 21 septembre, le Königsberg s'enfonce dans les méandres du fleuve Rifuji. Il a subi diverses avaries qui doivent être réparées. Caché par la végétation, il est invisible. Le HMS Chatham en provenance de Mombasa atteint les côtes du Tanganika le 29 septembre pour poursuivre les recherches mais le corsaire semble s'être évanoui.
Le 6 octobre, des renforts de la Royal Navy rejoignent le Chatham : les croiseurs HMS Weymouth, Darthmouth et Fox. La capture du vapeur Präsident permet de découvrir des documents concernant la livraison de charbon destinée au Königsberg et d'une carte de la région confirment que le croiseur ne navigue pas en Océan Indien mais est quelque part, caché dans un des nombreux méandres du fleuve Rifuji.
Après une rapide réparation, le Chatham retourne dans le delta du fleuve. Son tirant d'eau ne lui permet pas de s'engager à l'intérieur, sauf les jours de grande marée. Cependant, le Königsberg ne peut en sortir, les passes étant fermées par l'échouage de navires. Il ne reste plus qu'aux navires de la Royal Navy de faire le blocus de l'estuaire. Le corsaire est à hors de portée des canons, et en cas de forcement d'un des bras du fleuves, les Allemands ont installé des batteries de canons et de mitrailleuses le long des berges.
Les navires bombardent au hasard sans pouvoir faire mouche.

Les avions à la rescousse.

Un hydravion Curtiss est envoyé en pièces détachées piloté par un civil Denis Cutler. Le 19 novembre, un premier vol reste infructueux, le second, le 22 novembre se termine par un crash en amerrissant.
Un nouvel aéroplane est envoyé et le 4 décembre 1914, le Königsberg est finalement repéré.
Une piste d’atterrissage est aménagée pour accueillir deux Sopwith. Les conditions climatiques les rendent rapidement hors d'état de voler. Ils sont remplacée par deux Short.
Le 25 avril 1915, le lieutenant J.T. Cull aperçoit le croiseur qui l'accueille par sa DCA. Mais son emplacement est désormais connu.

Les moniteurs.

En juin 1915, trois monitors à fond plat arrivent à bord de deux cargos. Ils étaient prévus pour la marine fluviale brésilienne : les HMS Severn, Mersey et Humber.
Avec un tirant d'eau d'1,50 m, ils peuvent s'engager dans le Rifuji.

La fin du Königsberg.

Le 6 juillet 1915, le Mersey et le Severn remontent l'embouchure du fleuve. Ils sont accueillis par les salves de l'artillerie allemande positionnées le long des berges, les canons des croiseurs HMS Darthmouth et Weymouth ripostent. A 08H00, le Severn réussit à toucher le canon de proue du Königsberg. Un poste d'observation servant au réglage de l'artillerie du croiseur est détruit, il aura plus de difficultés à cibler ses assaillants.
Les deux monitors ont déversés 650 obus, mais à la tombée de la nuit, ils doivent rebrousser chemin. Cependant, le croiseur est toujours en position de pouvoir répondre aux attaques anglaises.
Le 11 juillet 1915, les deux monitors remontent à nouveau le Rifuji. Un Short guide les tirs. Le fregattenkapitän Looff décide de saborder son navire à 13h30, non sans avoir pris le soin de débarquer ses canons de 105.
Avec l'équipage, ils seront un renfort précieux pour la poursuite de la guerre que mène le général Lettow-Vorbeck.

Depuis la fin de l'Emden, il n'y a plus de corsaires allemands dans l'océan Indien.

 

Sources :
Cette Afrique qui était allemande, Bernard Lugan, ed. Picollec
The forgotten front, Ross Anderson
Champs de batailles thématique HS n°10.
La Gazette des Uniformes, texte de Laurent Berrafato.

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