Campagne des Aléoutiennes (6 juin 1942-15 août 1943)
Par Fabrice Thery

Le "Kiska Patch"

Archipel d'environ 1900 à 2000 km de long, situé entre détroit de Behring et l'océan Pacifique, les Aléoutiennes furent l'enjeu d'un combat important entre forces alliées et japonaises entre juin 1942 et août 1943. Cette campagne qui mobilisera d'importants moyens côté américain portera également le nom de "bataille oubliée" car elle restera dans l'ombre de celles de Midway et de Guadalcanal qui se déroulaient simultanément.


Les japonais frappent à Dutch Harbor

Le 5 mai 1942, les services de renseignements américains captent des transmissions radio qui révèlent l’avancée imminente de la flotte japonaise vers Midway et la planification d’une attaque simultanée dans le Pacifique Nord, sur les îles Aléoutiennes, en Alaska. Afin d'attirer la flotte américaine vers le Nord, l'assaut est confié au vice-amiral Hosogaya qui dispose de deux porte-avions légers, de six croiseurs et treize destroyers. Le 03 juin 1942, l'aéronavale japonaise attaque par surpise Dutch Harbor sur l’île Unalaska, en utilisant des bombardiers Nakajima B5N (Kate), escortés de chasseurs Zéros, depuis ses porte-avions Junyo et Ryujo. Mais le temps est très mauvais, seulement la moitié des bombardiers trouve leur cible. 52 américains sont tués mais peu de dégâts sont faits aux infrastructures.

Pris par surprise, les Américains envoient leurs chasseurs P40 Warhawk de la base de Cold Bay pour s'interposer. Ceux-ci n'arrivent que dix minutes après la fin du raid. Sur Umnak, l'alerte est donnée tradivement également, suite à des problèmes de transmission radio. 9 P-40 et 6 Bombardiers B-26 partent en patrouille mais un épais brouillard ne leur permettra pas de localiser les navires nippons situés à 290 kilomètres au Sud de Dutch Harbor. Malgré cela 2 chasseurs P-40 engagent 4 des avions japonais.
Ils abattent un chasseur et en endommagent en second. Le chasseur A6M2 Zero abattu tombe sur une petite île des aléoutiennes, Akutan. Il y sera découvert intact avec son pilote mort, cinq semaines plus tard par un hydravion PBy en Patrouille. embarqué sur un navire, il sera alors expédié aux USA pour y subir une série de test et d'évaluation.


L'invasion d'Attu et de Kiska

Malgré la défaite japonaise à Midway, le 4 juin, l’attaque contre les Aléoutiennes est maintenue. Le vice-amiral Boshiro HOSOGAYA a comme objectif de s’emparer de les îles situées à l’extrémité Ouest de l’archipel, avec environ 8 500 soldats japonais, soutenus par les forces navales. Le débarquement aura lieu les 6 juin 1942 sur Kiska et le et 7 sur Attu et ne rencontrera qu'une très faible oposition locale sur Kiska. En effet, depuis l'attaque de Pearl Harbor, les autorités territoriales américaines avaient décidé l'évacuation de force de la population autochtone asiate des aléoutiennes (environ 800 personnes). Celle-ci fut internée dans des camps civils de l'Alaska Panhadle dans lequels 75 personnes décéderont de diverses maladies, en deux ans. (sud ouest de l'Alaska où se trouve notamment la forêt nationale américaine de Tongass). Sur Attu, où s'installe le 303ème bataillon indépendant d'infanterie japonais, les choses sont très différentes. La population n'a pas encore été évacuée. Elle est concentrée sur l'île dans quelques maisons situées dans le secteur de Chicago Harbor et se compose de 45 aléoutes originaires de l'île et de deux américains : Charles Foster Jones, âgé de 60 ans et contact radio de l'île avec son épouse Etta, institutrice, tout deux originaires de Marion, dans l'Ohio. Charles Foster est abattu par les japonais, voyant en lui un espion et les 42 habitants ayant survécu à l'invasion sont évacués et emprisonnés dans un camp près D'Otaru, dans l'Hokkaido (nord ouest du Japon). 16 d'entre-eux n'en reviendront pas.

Cette invasion est en fait une manœuvre de diversion réussie pour inciter les Alliés à retirer des ressources d’endroits plus importants dans le centre du Pacifique. Selon le Général Hideichiro HIGUDA, commandant de la Force du Nord Japonaise, l'occupation des îles permettait d'atteindre trois objectifs: Empêcher toute offensive contre le Japon en provenance des Aléoutiennes, mettre en place une barrière entre les USA et l'URSS, au cas où les russes décident de se joindre à la guerre contre l'empire japonais et enfin permettre de construire des terrains d'aviation proches des Etats Unis afin de planifier de futures opérations aériennes.
Ce débarquement singulier à petite échelle, dans un endroit plus près de la Sibérie que de l’Alaska continental, obtient aussitôt un retentissement mondial considérable et alarme les habitants de la côte Nord-Ouest de l’Amérique du Nord, tant au Canada qu’aux États-Unis. Au plus fort de la bataille du Pacifique, les États-Unis craignent une attaque japonaise en force sur la partie la plus au nord de la côte ouest. L’État-major américain demande alors l’aide canadienne, en accord avec le pacte d’assistance mutuelle ratifié par le Canada-US Permanent Joint Board on Defence.


Le rôle du Canada dans la reconquête des Aléoutiennes

Les aviateurs canadiens de l’effectif de guerre territorial ne s’attendaient pas à devoir combattre en dehors des frontières canadiennes. Jusqu’à cette date, seuls quelques bombardiers de l’Aviation Royale Canadienne patrouillaient la région à partir de bases situées en Alaska. A partir de l’affaire des Aléoutiennes, des escadrons de chasse firent route vers le nord-ouest et se joignirent aux Américains au cours d’opérations au-dessus des îles occupées. L’ARC constatant la faiblesse de ses défenses dans la région de Prince Rupert, accepte de stationner le 115th Fighter Squadron du RCAF à la base américaine de l’île Annette, située en Alaska à quelque 100 kilomètres de Prince Rupert. Deux autres escadrons de l’ARC, le 8th Recon and Bombardement Squadron et le 111th Fighter Squadron sont déjà en route pour se joindre aux Américains. Ils transitent par l’île Annette, puis par Juneau et Yukutat pour arriver à Fort Richardson, près d’Anchorage, le 8 juin. Pendant ce temps, le 118th Fighter Squadron quitte Dartmouth en Nouvelle Écosse pour traverser le continent nord-américain et venir prendre position sur l’île d’Annette. Les Canadiens se rendent vite compte des risques que représentent les longues distances entre les bases et l’impossibilité de prévoir les conditions météo dans ces régions de tempêtes et de brouillards. Des accidents dramatiques ont lieu. En juillet 42 notamment, où une formation de cinq Canadiens disparait lorsque ses avions de chasse P40 Kittyhawk heurtent le flanc d’une montagne dissimulée par la brume. En août, des Blenheim IV Bolingbroke du 8th Squadron et les P-40 Kittyhawk du 111th s’installent sur les îles de Nome et de Umnak. Les Américains ont quant à eux besoin de bases avancées pour frapper les japonais aux Aléoutiennes. Dans ce but, le 30 août 1942, ils débarquent une force sur l'île d'Adak non occuppée par les japonais. Ils procédent de la même façon le 12 janvier 1943, en s'emparant d'Amchitka en ne perdant qu'un destroyer, le WORDEN (DD-352). Celui-ci s'échoue sur un récif puis coule, entrainant 14 hommes. D'autres bases seront établies sur Umnac et bientôt la 11ème Air force sera en mesure d'effectuer des sorties au-dessus des îles occupées.


Le 25 septembre 1942, Américains et Canadiens mènent une attaque aérienne combinée contre Kiska. Le Wing Commander Kenneth BOOMER dirige les pilotes du 111th squadron RCAF. Ils bombardent les installations japonaises et mitraillent leurs bateaux dans le port de Kiska. Les Japonais n’ont plus que deux chasseurs en état de marche, des Rufe (chasseurs Zero convertis en hydravions) et ils les engagent dans la riposte. Dès lors les opérations vont se succéder avec plus ou moins de réussite et seront fréquemment ajournées à cause de conditions climatiques extrêmes.
Au cours d’un bref combat, Boomer (qui est également un vétéran de la bataille d’Angleterre), abat un des deux Rufe. C’est la seule victoire aérienne attribuable à un membre de l’Effectif de guerre territorial pendant toute la guerre. Lors de cette même mission engageant plusieurs squadrons américains et canadiens, deux sous marins japonais sont endommagés dans le port de Kiska.
L’un des submersibles est attaqué par un groupe de chasse dirigé par le lieutenant-colonel Jack CHENNAULT, fils du général de Brigade Claire L. CHENNAULT, le fondateur de l’escadron mythique des tigres volants. Au 6 octobre 1942 les Alliés sont crédités de 22 avions japonais abattus pour un seul des leurs. Malgré ces raids audacieux, les Japonais tiennent toujours Kiska et Attu. À cause du mauvais temps et du froid qui approche, les opérations terrestres pour les déloger ne reprennent que l’année suivante.
Des escadrons canadiens doivent donc demeurer en poste dans les régions éloignées de l’Alaska pendant tout l’hiver pour participer aux patrouilles et aux opérations défensives.

La reconquête des Aléoutiennes

Profitant d’une légère accalmie climatique au printemps, les forces américaines, appuyées par un porte avion d'escorte, trois cuirassés, 3 croiseurs lourds, 3 croiseurs légers, 22 destroyers, 8 destroyers de chasse anti sous-marine et 13 sous-marins se lancent à la reconquête de l’île d’Attu, le 11 mai 1943. La couverture aérienne sera assurée par 267 appareils.

L'opération portera le nom de code de LANDCRAB. Les canadiens ne participeront pas à la reprise d'Attu mais se préparent à un débarquement sur Kiska. La marine canadienne participe pourtant à l’appui anti-sous-marin avec deux corvettes, le NCSM Dawson et le NCSM Vancouver. Les 2650 défenseurs japonais ont préféré ne pas défendre directement les plages mais se sont retranchés sur les hauteurs qui les dominent. Les combats sont acharnés et se déroulent par une météo épouvantable. Finalement, les Japonais sont définitivement repoussés d’Attu par la 7ème Division américaine.


Il faut vingt jours de combat pour se rendre maître de l'île qui ne sera finalement entièrement nettoyée que le 4 juillet, soit 36 jours plus tard. La repise d’Attu coûte 3859 hommes aux Américains. (579 tués au combat, 614 par maladie, 318 tués par causes diverses dont de nombreux par tirs fratricides ou pièges japonais, 1148 blessés et 1200 évacués pour gelures graves).
C'est le colonel Yasuyo YAMASAKI qui a pris le commandement sur Attu.
Débarqué par sous-marin, en avril 1943, il a reçu la mission de tenir l'île coûte que coûte sans espoir de renfort. Sous ses ordres, les troupes japonaises, pourtant largement inférieures en nombre seront fidèles au code de Bushido et combattront jusqu’à la mort. L'assaut désespéré du 29 mai en est un triste exemple. Les dernières forces japonaises (évaluées à 1000 hommes), repliées dans une poche côtière lancent une attaque soudaine dans un lieu qui porte le sinistre nom prédestiné de Massacre Bay. C'est l'une des plus importantes attaques suicides de la campagne du Pacifique.
La charge fanatique, perçe les lignes américaines assez profondément pour engager le combat contre les troupes de la ligne arrière, sous le choc. Après de furieux combats rapprochés, souvent au corps à corps, les Japonais sont presque tous tués ou préfèrent se suicider, seuls 28 prisonniers sont faits, parmi eux, on ne compte aucun officier. YAMASAKI lui même sera tué le sabre à la main, lors d'une ultime charge sur Engineers Hill. Les équipes américaines chargées d'enterrer les corps comptabilisent 2351 Japonais tués, mais on pense que plusieurs centaines furent ensevelis par les bombardements au cours de la bataille.



La reprise de Kiska

Une force combinée alliée encore plus importante est rassemblée pour reprendre Kiska. Elle compte près de 30 000 soldats américains dont la 7ème Division américaine et 5 300 soldats canadiens appartenant à la 13e Brigade d’infanterie canadienne et à la 1ère Force d’opérations spéciales. Les Canadiens comptent dans leurs rangs de nombreux conscrits, qui sont à l’époque tenus de servir n’importe où en Amérique du Nord en vertu de la Loi sur la mobilisation des ressources nationales de 1940. Après l'expérience éprouvante des combats sur Attu, la tension nerveuse chez les Alliés est à son paroxisme. L'Etat major sait Kiska très défendu et s'attend à des pertes pouvant atteindre 90% de l'effectif terrestre engagé. Les Américains débarquent sur la côte Est de l'île le 15 août, suivis par les canadiens, le 16. Lorsque les débarquements commencent le 13 août 1943, après trois semaines de bombardements navals et aériens, les troupes découvrent que les Japonais profitant du couvert du brouilard, se sont retirés. Le seul être vivant que les Alliés découvriront sur l'île sera un chien.

La reconquête de Kiska, pour autant, ne se déroule pas sans pertes pour les Alliés. Elle durera deux jours pendant lesquels 20 soldats américains seront tués et cinquante autres blessés par des tirs amis dans la brume ou en sautant sur des mines ou des pièges laissés par les Japonais. Parmi les unités canadiennes de la 13ème brigade ayant pris part à la reconquête de Kiska, il est à noter la présence d’une unité de canadien-français : le régiment de Hull, parti de l’île de Vancouver et qui restera en occupation aux Aléoutiennes jusqu’en janvier 1944. Jusqu'à la fin de la guerre, les deux îles resteront occupées par les Alliés et serviront de bases arériennes avancées.

Unités canadiennes prenant part au débarquement sur Kiska et petite Kiska.

13ème brigade de la 6ème division d'infanterie

The Canadian Fusiliers (City of London Regiment)
The Winnipeg Grenadiers
The Rocky Mountain Rangers
Le Régiment de Hull

24th Field Regiment, Royal Canadian Artillery
46th Light AA Battery, Royal Canadian Artillery
24th Field Company, Royal Canadian Engineer
1 Company, St. John Fusiliers (Machine gun)

9th Light Anti-Aircraft Regiment
19th Field Artillery Regiment
20th Field Artillery Regiment (une partie reste avec la 7th Canadian Infantry Division)
21st Field Artillery Regiment
24th Field Artillery Regiment (une partie reste avec la 7th Canadian Infantry Division)
25th Field Artillery Regiment

1st Special Service Force (Devil's Brigade)

700 hommes, détachés pour l'opération à compter du 23 juillet 1943 (première mission opérationelle)
Présence sur Kiska (15 août), île volcanique de Segula (17 août) et petite Kiska (19 août)
Réembarquement le 22 août et arrivée à Fort Ethan ALLEN (Vermont, USA), le 09 septembre 1943.
Aucune perte.

Conclusion

Les forces impériales japonaises occupèrent les Aléoutiennes dans l'intention d'élargir leur périmètre stratégique et de prévenir toute offensive américaine par le nord (sans parler même de l'impact psychologique sur les populations japonaises de l'annonce d'une occupation, il est vrai même partielle, du territoire des Etats-Unis...) les îles Aléoutiennes de Kiska et d'Attu. Mais, le ravitaillement logistique de ces ''postes avancés'' japonais dans l'hémisphère nord-américain était devenu singulièrement difficile.
Opération de faible envergure, l'attaque japonaise des Aléoutiennes obtint un retentissement majeur car ce fut là le seul débarquement nippon jamais effectué dans l'hémisphère Ouest.


La bataille navale des iles Komandorski (26 mars 1943)


La bataille des îles Komandorski entre dans le cadre de la campagne des Aléoutiennes. Depuis l'invasion de ces îles par les japonais, les Etats-Unis ont mis en place un important blocus maritime dans le Pacifique Nord. En prévision du débarquement au printemps 1943 sur Attu, l'US navy veut absolument empêcher que les troupes japonaises soient renforcées ou approvisionnées. Des convois japonais composés de navire de guerre et de transports de troupe rapides profitent des fréquents bancs de brouillard pour aller ravitailler les îles. Des rapports avancent aussi que les japonais ont établi une base de sous marins de poche sur Kiska. Sur mer, une flotte composée de 1 croiseur lourd, 1 croiseur léger et de 4 destroyers, sous le commandement du Contre-Amiral Charles "Soc" McMORRIS, se charge d'interrompre le ravitaillement par convois maritimes, des îles occupées. La bataille des îles Komandorski, au large de la péninsule de Kamchatka a lieu le 26 mars 1943, par une météo excellente malgré un froid glacial. La Task force de McMORRIS est en patrouille dans le secteur au sud-Ouest de l'île Kiska. Elle a été ravitaillée en carburant sur Adak, le 16 mars et mènze des exrecices de drill au combat sous-marin et anti-aérien. Le 21 mars, un hydravion provenant du convoi japonais en approche détecte la présence du groupe de la Navy, sous 51° Nord de latitude et 176° Est de longitude. Le convoi nippon manoeuvre cependant pour éviter d'être décelé. Cependant, tôt le 26 mars, les radars de la Navy detectent les echos d'au moins cinq navire ennemis et foncent dans leur direction. Les américains interceptent un convoi japonais de 3 transports rapides escortés par 2 croiseurs lourds, 2 croiseurs légers et 4 destroyers et commandés par le vice-amiral Boshiro HOSOGAYA. L'engagement qui va se dérouler est un des seuls combats de la seconde guerre où il n'y aura aucune assistance aérienne et sous-marine. Les duels se dérouleront uniquement au canon entre navires de surface. Malgré leur infériorité numérique, les américains accrochent sévèrement les japonais dans un combat qui va durer 4 heures. Finalement, à court de fuel et de munitions, craignant une intervention de l'aviation alliée et ignorant les dégâts infligés au SALT LAKE CITY, l'escorte japonaise rejoint le convoi et rebrousse chemin. Suite à ce revers, le vice-amiral Boshiro HOSOGAYA tomba en disgrâce pour avoir fuit devant une force numériquement inférieure.
Accusé de lâcheté, il fût relevé de son commandement et mis en retraite dans la même année. Quant à l'amiral McMORRIS, décoré pour son brillant fait d'armes, il fut appelé à devenir chef d'Etat-Major de l'Amiral NIMITZ.

Les navires participant à l'engagement :

Côté américain:

Task Force 16
Contre-amiral Thomas C. KINKAID

Task Group 16.6 (appelé aussi Task Group mike)
Contre-Amiral Charles "Soc" McMORRIS

Division de croiseurs n°1
Officier commandant : Contre-Amiral Charles "Soc" McMORRIS

croiseur lourd SALT LAKE CITY CA 25 (classe Pensacola), endommagé sérieusement par 4 coups directs
Officier commandant : Capt Bertram J RODGERS

croiseur léger RICHMOND CL 9, (Omaha class) navire amiral
Officier commandant : Capt Théodore WALDSCHMIDT

Escadre de destroyers n°14
Officier commandant : Captain Ralph RIGGS

destroyer BAILEY DD 492 (classe Benson), légèrement endommagé par deux obus
Officier commandant : Lt Cmder John ATKESON

destroyer COGHLAN DD 606 (classe Benson), légèrement avarié
Officier commandant : Cmder Benjamin TOPKINS

destroyer DALE DD 353 (classe Farragut)
Officier commandant : Cmder Anthony RORSCHACH

destroyer MONAGHAN DD 354 (classe Farragut)
Officier commandant : Lt Cmder Peter HORN

Côté japonais :

5ème Flotte du Nord
Vice Amiral Boshiro HOSOGAYA, commandant la 5ème flotte

1ère division de croiseurs :

croiseur NACHI (Classe Myoko), navire amiral, endommagé par 5 obus, 14 tués, 27 blessés
Officier commandant : Capt Akira SONE

croiseur lourd MAYA (Classe Takao amélioré), détaché de la 4ème division de Croiseurs, légèrement endommagé
Officier commandant : Capt Takeji MATSUMATO


croiseur léger TAMA (Classe Kuma)
Officier commandant : Capt Zensuke KANOME

21ème division de destroyers :

destroyer HATSUSHIMO (classe Hatsuharu)
Officier commandant : Cmder Iritomo ATSUO

destroyer WAKABA (classe Hatsuharu), endommagé suite collision avec le IKAZUCHI le 30 mars, pendant le repli
Officier commandant : Lt Cmder Kuroki MASAKICHI

Convoi D
contre amiral Tomoichi MORI, commandant la 1ère division de destroyers (présent sur l'ABUKAMA)

croiseur léger ABUKUMA (classe Nagara)
Officier commandant : Capt Shiro SHIBUYA

6ème division de destroyers :

destroyer IKAZUCHI (classe Akatsuki), dommages modérés suite colision avec le WAKABA
Officier commandant : Lt Cmder Maeda Saneho


destroyer INAZUMA (classe Akatsuki)
Officier commandant : Lt Cmder Terauchi Masamichi

Transports rapides :
ASAKA MARU
SAKITO MARU

2ème force d'escorte :

destroyer USUGUMO (classe Fubuki)
Officier commandant : Lt Cmder Ikeda Shunsaku

Attaché directement à la 5ème Flotte :

transport lourd limité à dix noeuds,
SANKU MARU (transportant vivres, munitions, matériaux de construction

Les trois transports et l'USUGUMO fuient et ne prennent pas part à la bataille.





Détail du combat :

07h00: les radars américains de l'US navy détectent le convoi ennemi

8h40 : les américains sont en formation de combat. Une seule colonne route au nord emmenée par le Bailey suivi du Coghlan, du Richmond, du Salt Lake City, du Dale et enfin du Monoghan quand le Maya et le Nachi ouvrent le feu à environ 22.000 mètres.
Le Maya entoure le Richmond avec sa deuxième salve mais les deux croiseurs lourds concentrent leur feu sur le Salt Lake City qui réplique deux minutes plus tard. Les américains pensent avoir obtenu un rapide coup au bur sur le Nachi avec les troisième et quatrième salves du Salt Lake City

8h44 : Alors que la cible se rapproche de plus en plus, le Nachi lance 8 torpilles. Elles auraient pu faire de sérieux dégâts mais manquèrent leur but, les vigies du Richmond les voyant passer sur tribord.

8h45 : McMorris change sa course et monte la vitesse à 28 noeuds. Comme les américains prenaient une direction sud-ouest, le Salt Lake City continue à faire feu avec ses tourelles arrière.

8h50 : Une salve du Salt Lake City atteint le Nachi distant d'environ 16.000 mètres. Un obus de 200mm atteint la partie avant du pont de navigation, endommageant le circuit électrique de contrôle des tourelles. Quelques minutes plus tard, deux nouveaux obus atteignent le croiseur à l'avant, au niveau de la chambre des torpilles. Les tourelles bloquées, le Nachi se retrouve hors de combat pour une demi-heure.

Pendant que le Nachi répare ses dommages, Hosogaya fait prendre une route sud-ouest à sa formation pour poursuivre les américains. Il est maintenant placé entre McMorris et sa base mais ses navires ne peuvent faire feu que de leurs pièces avant.
Pour profiter de son avantage numérique, Hosogaya doit manoeuvrer pour que tous ses bâtiments aient une puissance de feu maximale, ce qui lui fait perdre du temps dans la poursuite bien qu'il soit plus rapide.

Comme les japonais changent de route, la totalité de leurs pièces devient opérationnelle. Le Maya concentre son feu sur le Salt Lake City mais son capitaine évite les salves jusqu'à 9h10.

9h10 : Un obus de 200mm du Maya atteint la catapulte tribord du Salt Lake City mais l'incendie qui en résulte est rapidement maîtrisé.

9h20 : Un nouveau coup au but du Maya atteint le Salt Lake City mais sans pour autant diminuer sa force de frappe. Les américains infléchissent leur course à l'ouest puis au nord-ouest.

9h30 : le Nachi ouvre à nouveau le feu alors que les américains font maintenant route à l'ouest.

9h45 : Le Tama s'approche à moins de 18.000 mètres du Salt Lake City. Quelques salves du croiseur américain suffisent à lui faire faire demi-tour. Pendant ce temps, l'Abukuma et les trois destroyers se maintiennent hors de portée des Américains tout en leur coupant la retraite.

9h52 : Le Salt Lake City rencontre des problèmes de contrôle de tir, dus aux nombreuses salves tirées. Tout finit par rentrer dans l'ordre mais ce n'est que provisoire.

9h53 : L'Abukuma s'approche à portée de tir du Richmond et ouvre le feu mais fait rapidement route au nord, ayant pour consigne de protéger les transports.

10h02 : Les contrôles du Salt Lake City tombent à nouveau en panne mais de façon définitive, ne lui laissant que 10° de manoeuvre et limitant terriblement l'efficacité de ses salves.

10h10 : Le Salt Lake City est atteint par un obus. Celui-ci n'explose heureusement pas, traverse le pont principal et la coque sous la ligne de flottaison, causant des dommages dans la salle des machines.

10h18 : McMorris dont le navire fait eau et manoeuvre difficilement, demande aux destroyers de lui procurer un écran de fumée.

10h28 : Le Salt Lake City fait route au 240, suivi à 3.000 mètres pa rle Richmond alors que les destroyers continuent de le protéger en dégageant un rideau de fumée. La colonne américaine file 30 noeuds, poursuivie par les japonais. Hosogaya qui a un avantage encore plus conséquent n'a plus qu'à achever les navires américains. Au lieu de cela, il tergiverse en zigzaguant, permettant ainsi à McMorris de sortir ses navires du piège.

11h03 : L'Abukuma atteint le Salt Lake City et cause des dommages dans la salle des machines.

11h05 -> 11h15 : Le Nachi, le Maya et l'Abukuma lancent un total de 16 torpilles qui manquent toutes leur but.

11h25 : La vitesse du Salt Lake City tombe à 20 noeuds. McMorris demande à ses destroyers de préparer une attaque à la torpille

11h38 : McMorris annule son ordre, son navire pouvant maintenir sa vitesse. Hosogaya, qui s'était rapproché à 3.000 mètres, manoeuvre pour éviter une attaque à la torpille qui ne vint jamais.

11h48 : Le Nachi est atteint par un obus qui bloque sa première tourelle avant.

11h50 : Les destroyers japonais lancent 11 torpilles. Dans le même temps, sur le Salt Lake City, les mécanos réparant les avaries laisse passer de l'eau dans le fuel et les chaudières s'éteignent.

11h54 : Le Salt Lake City est immobile, cible facile pour les croiseurs lourds de Hosogaya, à moins de 19.000 mètres.

11h59 : McMorris ordonne une nouvelle fois d'attaquer à la torpille. Le Bailey, le Coghlan et le Monaghan se déroutent pour attaquer les croiseurs maintenant à 17.000 mètres. Le Richmond s'approche du Salt Lake City pour évacuer l'équipage si le besoin s'en fait sentir.

12h00 : Les efforts pour remettre les machines en route portent leur fruit et le Salt Lake City peut filer 8 noeuds. Pendant ce temps le Coghlan engage au canon le Nachi et le Maya. Hosogaya réplique rapidement et, en deux minutes, le Bailey est atteint dans la chaudière avant alors que le Coghlan perdait son radar. Devant un tel tir, les deux autres destroyers font demi-tour sans même avoir lancé.

12h12 : fin du combat naval

Conclusion : La bataille des Komandorski mit un terme définitif au ravitaillement japonais des îles aléoutiennes, par transports de surface. Certes, il n'y eut pas de navires coulés et les japonais infligèrent aux américains plus de dégâts qu'il n'en reçurent. Les pertes humaines furent assez faibles (7 tués chez les américains, 14 côté japonais). Malgré une infériorité numérique importante, la capacité de feu des navires américains permit pourtant de tenir tête au japonais puis de mettre en déroute leurs navires, opérant loin de leurs bases et ne bénéficiant de cet appui aérien qui leur avait, jusque là, aidé à emporter bien des victoires navales. Dès la fin du combat, le Salt Lake City, le Coghlan, et le Monaghan rejoignent directement Dutch Harbor afin d'y être réparés. Ils y parviennent le 29. Le Richmond, le Bailey et le Dale, renforcés depuis le 27, par les destroyers Dewey (DD-349) et Caldwell (DD-605), mettent le cap sur Adak et arrivent à Kuluk Bay, à 02h00, le 28 mars.


Opération Landcrab : la reprise d'Attu par les Américains

(établi sur la base sur d' "After actions reports" de la 7th US Infantry Division et les communiqués du Navy department traitant de la coûteuse reprise de l'île d'Attu du 11 au 29 mai 1943).

Suite à la prise d'Attu et de Kiska par le 303rd Independent Infantry Battalion japonais, Les américains projettent une opération visant à reprendre le contrôle des Aléoutiennes mais sont bloqués par une météo exécrable. les plans originaux de l’état-major américain sont de reprendre d’abord l’île de Kiska, au début de 1943. Kiska est choisie car elle offre un port plus approprié pour les navires et des sites pouvant accueillir l’aviation après transformation. A l’Etat-major américain, le Lieutenant General De WITT est chargé de superviser l’Opération. Il prévoit une Task Force de 25000 hommes, soit une division renforcée (la 35th « Santa Fe » Inf Div). Ceci, en dépit des recommandations de l’Amiral Nimitz qui estime les forces japonaises sur Kiska supérieures à 10000 hommes et préconise l’envoi d’au moins deux divisions. Le War Department avalise la proposition de De WITT mais propose l’emploi de la 7th US Infantry Division, jugée de meilleure qualité et mieux entraînée. Choisie finalement pour cette mission, cette unité surnommée depuis la Première Guerre « Bayonet Division », reçoit un entraînement poussé pour mener un assaut amphibie, placée sous la responsabilité d’un officier de l’USMC, le Major Genénéral Holland M. "Howling Mad" SMITH. Elle sera renforcée par le 184th US Infantry Regiment, du 8th Coast Artillery (antiaérien) moins 1 Bataillon, et le 2nd Bataillon, 501st Coast Artillery (antiaérien). La 11th Air Force doit multiplier ses sorties au dessus de Kiska et Attu dès que le temps le permet. Mais l’aviation est clouée au sol une grande partie du mois de décembre et de janvier à cause de conditions météorologiques exécrables. Quelques raids de B24 Libérator ont lieu mais n’obtiennent pas les résultats escomptés. Seulement dix tonnes de bombes seront larguées pour 10 appareils perdus dont aucun du fait de l’ennemi. Les pertes seront principalement dûes aux accidents à cause du brouillard permanent et aux erreurs des chasseurs P38 et P40 de la base avancée d’Amchitka. En février, la météo s’améliore un peu et permet d’effectuer 24 sorties de bombardement en neuf jours et de mener 20 sorties de reconnaissance. 150 tonnes de bombes sont utilisées sur cette période. Mais il apparaît que la puissance navale disponible pour supporter un assaut de cette envergure reste insuffisance (la bataille de Guadalcanal vient juste de s’achever). Les japonais de leur côté s’attendent à une attaque sur Kiska et ont très bien préparé leurs défenses sur l’île. Le Contre-Amiral KINKAID propose alors un nouveau plan, au début de mars 1943. Il est décidé de reprendre en premier Attu, la plus grande des îles qui apparaît moins défendue. Kiska une fois isolée et les renforts promis par les Canadiens arrivés, les Alliés attendront une météo propice pour lancer leur assaut final.


L’élaboration du débarquement

Des estimations basées sur les photographies aériennes de février laissent à penser que la garnison japonaise d’Attu ne serait défendue que par environ 500 hommes, avec au moins trois compagnies d’infanterie, une compagnie de travaux et de l’artillerie antiaérienne. Des informations transmises à la Navy mettent en évidence l’existence d’un aérodrome japonais à Attu et soulignent l’urgence de mettre le plan d’invasion à exécution. A partir du 22 mars, le plan d’action est revu. Il prévoit plus de moyens maritimes et terrestres. En avril des rapports apportent la preuve au Général BROWN que la garnison ennemie serait de 1600 à 1800 hommes et non 500 comme avancé initialement. Les photographies aériennes montrent aussi des positions japonaises existantes dans les parties basses de Massacre Valley, pouvant tenir sous le feu la baie et ses plages. Mais l’état-major, n’ayant pas la preuve qu’elles sont occupées considère qu’elle ont été construites en 1942 et probablement abandonnées depuis. Le général Brown inquiet, obtient le renfort d’un bataillon d’infanterie supplémentaire. Pour l’attaque initiale il est donc prévu un Regimental Combat Team composé du 17th Régiment d’Infanterie avec un Field Artillery Bataillon, d’un Bataillon du 32nd Infantry Regiment, avec une batterie de Field artillery, les scouts de la 7th Division Reconnaissance Troop, un Bataillon d’Antiaircraft Artillery et un Bataillon de Combat Engineers. Le reste du 32nd Infantry Regiment, complété par des unités du 117th Infantry combat team sont placé en renfort sur Adak et doit être en mesure d’intervenir sur Attu à D+1. Une seconde vague de renfort composée du 4th Infantry Regiment et d’un Engineer Regiment doit occuper l’île Shemya, dès la reprise d’Attu pour y construire un aérodrome.

L’assaut initial est prévu pour le 7 mai 1943. Cinq plans d’attaque différents ont été étudiés. La Task Force avec ses 11000 hommes, enfin prête, quitte San Francisco le 24 avril. Les forces américaines sont placées sous le commandement du Contre-Amiral Thomas C. KINKAID, Force du Nord-Pacifique. C’est le Contre-Amiral Francis W. ROCKWELL qui sera responsable de la phase amphibie de l’opération et le Major General Albert E. BROWN commandant de la 7th Infantry Division, qui assumera le commandement des troupes débarquées sur les plages. Les cuirassés Pennsylvania (BB-38), Idaho (BB-42) et Nevada (BB-36) seront chargés de l’appui. Mais le débarquement est repoussé au 11 mai à cause du mauvais temps. L’île est continuellement entourée de brouillard et son relief très difficile (montagnes, glaciers, failles et crevasses) ne permet d’envisager un débarquement et une opération terrestre dans de bonnes conditions qu’à partir de la plages situées à son Est. La zone de débarquement est donc fixée dans le secteur où la côte est entrecoupée par quatre baies. Au vu des derniers rapports, c’est finalement le 5ème plan d’attaque, le plan « E » qui est adopté. Il prévoit un débarquement principal à Massacre Bay, une remontée rapide de Massacre Valley puis la prise des hauteurs commandant Holtz et Sarana Bays. Enfin il prévoit une jonction avec l’autre force débarquée au Nord sur Holtz Bay. Ceci permettant à la force principale flangardée par les troupes sur Holtz de prendre à revers les unités sur Chicago Harbor, d’encercler puis d’anéantir les japonais.
Les prévisions sont optimistes, le commandement parie sur trois jours de combat au plus. Pendant les dix derniers jours qui vont précéder le débarquement, les chasseurs bombardiers basés sur Amchitka vont encore larguer 95 tonnes de bombes sur Attu.

Mais les japonais ont eu le temps d’être renforcés sur Attu par plusieurs convois avant de subir leur revers naval aux îles Komandorski. Ils ont eu de nombreuses semaines pour se préparer. Leur effectif est maintenant d’environ 2400 hommes, incluant un bataillon et demi d’infanterie, 3 batteries antiaériennes de 75 mm, divers mortiers, canons légers et 2 pelotons d’une batterie d’artillerie de montagne, armés de 75mm Pack Howitzer. Ils ont également reçu une unité médicale, divers détachement de service et plusieurs unités de génie, dont la mission essentielle est de construire un aérodrome dans le bras Est de Holtz Bay. Débarqué par sous-marin début mars, le colonel Yasuyo Yamazaki a pris le commandement sur l’île avec consigne de combattre jusqu’à la mort sans espoir de renfort. Il installe son quartier général à Chicago Harbor, une toute petite baie coincée entre Holtz Bay et Sarana Bay. L’essentiel de la garnison japonaise est concentré dans le secteur de Holtz Bay et autour de Chicago Harbor, où les défenses les plus puissantes ont été installées. Une batterie de quatre canons antiaériens interdit l’accès au bras Ouest de Holtz Bay, une autre est placée afin d’interdire l’accès au bras Est et le dernière est incluse dans les défenses de Chicago Harbor. L’artillerie de montagne a été placée sur les hauteurs entre Holtz et Massacre Bays. Chacun de deux pelotons peut prendre en enfilade sous ses feux le secteur de Massacre Valley, point de sortie des plages Sud. Toutes les collines dominant Massacre Valley et Sarana Bay sont truffées de positions de mortiers et de mitrailleuses Nambu. Les plans américains échaffaudés en Californie tiennent compte du fait que Chicago Harbor et Holtz Bay seraient les secteurs les plus défendus car les plus propices à un débarquement mais pensent que rien de sérieux ne les attend à massacre bay. Des reconnaissances aériennes ont pourtant bien décelé une présence ennemie dans Massacre valley et dans le secteur de Temnac Cove, à Sarana Bay. Mais il leur a été impossible de dénombrer avec précision le nombre de positions de défenses installées sur les collines.


L’opération amphibie

Le premier acte de cette opération a lieu le 11, quand vers 02H00, les appareils du porte- avions Nassau (CVE-16) attaquent Chicago Harbor. Ils mènent une action combinée de bombardement, de mitraillage et de lâché de tracts, invitant les japonais à se rendre.
Le commando du 7th Scout Company est le premier à atteindre Attu. Il fait partie d’un Bataillon Provisoire commandé par le capitaine William H. WILLOUGHBY, avec le 7th Division Reconnaissance Troop (moins un peloton). Précédant l’assaut amphibie, il est déposé dans la nuit par sous-marin, sur une petite plage baptisée Beach Scarlet. Il doit être suivi immédiatement par le débarquement du Reconnaissance Troop, en attente sur le destroyer Kane (DD-235). Ensembles, ils doivent remonter une étroite vallée menant plein sud et contrôler une passe qui domine les sorties de Holtz Bay. A partir de là, ils peuvent empêcher un repli japonais ou les prendre à revers. Mais un banc de brouillard retarde le débarquement du Reconnaissance Troop qui n’a lieu qu’aux premières heures de l’aube.

Sur la plage de Holtz Bay (Beach Red), exactement à Goltsov point, ce sont les Alaskan Scouts et la Company A du 17th Infantry Regiment qui débarquent en premier. Ils peinent à trouver leur route dans le brouillard. Leur mission est de vérifier la faisabilité du débarquement de la totalité de la Force du nord sur la plage (le BCT 17-1, créé autour du 1st Bataillon du 17th Infantry).
Le Beachmaster de la Navy et le colonel Frank L. CULLIN, commandant le 32nd Infantry Regiment ont accompagné les éclaireurs.
Ils rendent compte que malgré quelques difficultés dues au relief, le débarquement peu avoir lieu. Côté japonais, à 10H00, le colonel Yamazaki est informé que des bateaux américains ont débarqué sur Attu et il ordonne au 303ème Bataillon de rejoindre ses positions de combat. Peu après les cuirassés Pennsylvania et Idaho engagent un bombardement guidé par radar sur la zone de Chicago. L’ennemi répond en renforçant ses positions défensives qui gardent les passes contrôlant Massacre Valley.

A 12H30 le lieutenant colonel Albert E. HARTL, commandant le BCT 17-1, demande l’autorisation au Général Brown de débarquer le reste de ses troupes. Celles-ci, masquées par les nappes de brouillard sont embarquées sur les barges depuis 8H00. BROWN décide alors que le débarquement au Sud sur Massacre Bay commencera à 15H30, et autorise HARTL à débarquer dès qu’il sera prêt.
A 16H15, la Company B du 17th Infantry Regiment prend pied sur Beach Red. Quelques minutes plus tard, des éléments du 2nd et 3rd Bataillons du 17th Infantry Regiment débarquent sur Beach Blue et Beach Yellow, à Massacre Bay. Aucune opposition ennemie n’est rencontrée sur les plages.

Vers 21H30, cinq heures après que le débarquement principal ait commencé, un total de 3500 hommes a pris pied sur Attu. 400 à Beach Scarlet, 1100 à Beach Red, et 2,000 sur les deux plages de Massacre Bay. Au Nord, le premier contact avec l’ennemi se fait vers 18H00, 1600 mètres au Sud-Ouest de Goltsov Point. Deux japonais sont tués, les autres s’enfuient. Mais la patrouille venue de la plage est tout de suite prise sous le feu de canons doubles antiaérien et sa progression est sérieusement ralentie. Le BCT 17-1 pense être devant son objectif principal: Hill X, une positon haute de 240m et située à 3500m de Beach Red. Les hommes stoppent leur progression durant la nuit et creusent des fox holes. La 7th Scout Company, après avoir progressé toute la journée, a atteint une élévation d’une altitude de 750m au sommet de la passe. Mais la nuit est tombée et il est difficile de faire un point topographique avec précision. Le capitaine WILLOUGHBY ordonne alors à se hommes de bivouaquer pour la nuit.

La force de débarquement Sud prend contact avec l’ennemi après 18H00. Le BCT 17-2, après avoir progressé de 2500m, est ralenti fortement par des tirs violents provenant d’une position japonaise sur les hauteurs à l’Est de Massacre Valley. Celle-ci va prendre le nom de Gilbert Ridge. Totalement bloqué 500m plus loin par des tirs de mitrailleuses et de mortier, et incapable de se redéployer, le BCT 17-2 doit s’enterrer sur place vers 21H00. Sur le flanc gauche, le BCT 17-3, venant de Beach Yellow, a réalisé sensiblement la même progression. Les deux bataillons sont maintenant bloqués par les tirs venant des positions ennemies qui gardent les passes de Holtz Bay et Sarana Bay et des collines de chaque côté de la vallée. A la demande du BCT 17-3, les howitzer de 105mm débarqué sur la plage délivrent un feu concentré sur les hauteurs surplombant la vallée. Mais dès la fin du tir d’artillerie, le harcèlement japonais reprend, rendant toute progression impossible. Le Bataillon se trouve juste devant le BCT 17-2, de l’autre côté du versant.
Deux petits détachements ont été envoyés sur chaque flanc pour sécuiriser les colinnes Gilbert Ridge, à droite et Henderson Ridge à gauche. Un de ces détachements, un peloton du 7th Reconnaissance Troop, a été débarqué à Alexai Point, 6 kilomètres à l’Est de Massacre Bay et se trouve à mi-chemin de Chirikof Point. Il a reçu comme mission d’établir une ligne d’avant-poste sur la péninsule entre Alexai point et Sarana Bay et de reconnaître à l’Ouest pour inclure la zone entre Lake Nikolas et Massacre Bay. En mesure de reconnaître ensuite la péninsule vers l’Est dans la direction de Chirikof Point. Il doit prendre contact et coordonner son action avec un peloton du 17th Infantry posté dans la passe entre Sarana Bay et Massacre Bay. Mais après son débarquement à Alexai Point, le peloton du 7th Reconnaissance Troop se trouve coupé de tout contact avec la force principale pendant deux jours. Pendant ce laps de temps, il ne va pas rencontrer d’ennemi et ne prendra pas part à la bataille. Cette section aurait plus tenir un rôle plus actif si les japonais avaient essayé de s’infiltrer à travers Gilbert Ridge, même si sa position se situait loin à l’Est de tous point probable de contre-attaque ennemie. L’autre peloton était la F Company du 17th Infantry. Renforcée d’un groupe de mortier de 60mm et d’une section de mitrailleuses légères, cette section fait mouvement à l’Est, le long de la plage de Massacre Bay et doit emprunter un raidillon qui mène au sommet de Gilbert Ridge, puis redescend sur Sarana Beach. Il doit s’emparer de Gilbert Ridge et la nettoyer de l’ennemi puis établir une position défensive, au bout de la passe de Sarana. Le peloton a grimpé toute la nuit et la matinée du 12 pour atteindre son objectif, mais sur les hauteurs, il est découvert par les japonais. Pendant deux jours, ses hommes vont combattre contre de fortes patrouilles ennemies le long de Gilbert Ridge. Ils arrivent finalement à rejoindre le secteur où s’est retranché le BCT 17-2 dans la nuit du D-Day.


L’infanterie ne progresse pas

Pendant ce temps, les détachements qui avaient été envoyés sur le flanc gauche de la Force du Sud pour protéger l'Arête Henderson et son secteur, se sont également heurtés à des difficultés. Une section de la I Company, 17th Infantry, dépêchée de Massacre Beach pour protéger le côté de la vallée, a dû gravir des pentes abruptes. Le brouillard et l'obscurité arrêtent finalement la section qui a atteint un point environ 700 mètres un peu avant la position où le BCT 17-3 s'est établi dans la vallée. Une semaine plus tard, le 18 mai, la section se trouve seulement environ 500 mètres au-delà de ses positions originales.


Sur le flanc gauche, derrière l'Arête Henderson, la F Company, 32nd Infantry Infanterie s’est heurté à plusieurs impasses infranchissables après avoir atteint son premier objectif :Temnac Cove. Bien que retardé pour avoir débarqué plus loin à l'est que prévu, la F Company atteint Temnac Cove au crépuscule de D-Day. Elle y découvre et détruit par surprise un poste avancé ennemi. Elle entame sa seconde mission le lendemain matin et se déplace au Nord-Est vers Holtz Bay, conformément aux ordres reçus de nettoyer toutes les installations ennemies situées sur le flanc de la Force Principale, progressant vers la sortie de Massacre. Mais le relief est infranchissable et la compagnie ne fait aucun progrès. Partout où elle se dirige, elle se retrouve comme dans un cul de sac et finalement le général BROWN lui ordonne de revenir sur ses pas et de retourner à Massacre Beach. Le BCT 32-2, mis à part sa F Company, n'a pas encore été engagé et les deux autres bataillons du 32nd Infantry ne doivent arriver d'Adak qu’au cours des vingt-quatre prochaines heures. Des renforts supplémentaires sont nécessaires. Le général BUCKNER est disposé à détourner le 4th Infantry regiment prévu pour occuper l’île de Shemya, le 31 mai. Les choses ne se déroulent pas comme le plan l’avait prévu. Les combats se durcissent toute la journée du 12 mai. Henderson et Gibert Ridge ne sont toujours pas nettoyées et les bataillons sont pris sous les feux croisés venant de chaque flanc.


La mort du colonel EARLE

Le BCT 17-2, qui a pour ordre de consolider et de tenir sa position en bloquant les accès de la passe Sarana-Massacre, se trouve obligé d'avancer sur le terrain très difficile sous un feu nourri. Le colonel Edward P. EARLE, chef de corps du 17th Infantry, est tué par une rafale de mitrailleuse alors qu’il rejoint une position avancée. Sa mort est un coup sévère pour l’unité. Il est remplacé par le colonel Wayne L. ZIMMERMANN, précieux chef d’Etat-major du général BROWN. Le 12 au soir, le Régiment a réussit à verrouiller l’accès à la passe mais les défenses japonaises sont quasiment intactes. Le BCT 17-3 a réussi à se hisser jusqu’à Jarmin Pass, mais il est durement accroché. Pendant deux jours, toutes ses attaquent frontales contre la passe vont échouer, bien qu’il soit épaulé maintenant par le BCT 32-2. Le 14 mai, l’attaque contre Massacre vallée semble enfin terminée. Au Nord, le BCT 17-1 progresse maintenant correctement depuis Holtz bay. Les hauteurs atteintes par le Bataillon, la nuit du D-Day, se trouvait en fait 900 mètres avant Hill X et les japonais ont profité de la nuit pour s’emparer du sommet. Après d’âpres combats qui vont durer toute la journée du 12, le BCT 17-1 s’empare enfin de son objectif initial, dans la soirée. Mais pendant les deux jours qui vont suivre, les japonais vont opposer une farouche résistance et s’accrocher désespérément au versant opposé de la colline. Le 14, le bataillon est rejoint par le BCT 32-3. Le Bataillon Temporaire, parti de Beach Scarlet se trouve toujours dans le ravin sur l'arrière des positions Holtz Bay. Il est fixé depuis trois jours sur la même position et se situe encore à environ 1500m de son objectif.

Le général BROWN dira de ces combats :

L'expérience de ces quatre jours de lutte montre que la tactique japonaise est au point. Elle utilise des barrages de mitrailleuses, des tireurs embusqués dissimulés qui se terrent dans les trous ou les tranchées de chaque côté des hauteurs, le long des passes étroites menant aux montagnes. Leurs positions sont difficiles à repérer et presque impossibles à neutraliser avec l'artillerie. Ils créent de nombreuses pertes dans nos rangs. Le nombre de positions de mitrailleuses est très important en regard de l’effectif de la force ennemie. De plus, de petits groupes d'infanterie sont enterrés au sommet des hauteurs parallèles à l'axe d'approche des passes. Etant donné les caractéristiques du terrain, il est presque impossible de s'approcher de ses positions, en raison des pentes escarpées plus ou moins couvertes de neige et extrêmement glissantes. A moins que nous n'ayons beaucoup de chance, les progrès dans les passes, seront lents et coûteux et exigeront des effectifs supérieurs à ceux actuellement disponibles sous mon commandement. »


Le général BROWN est relevé

Suite aux demandes répétées du Général BROWN, les deux bataillons du 32nd Infantry (BCT 32-3 et BCT 32-1) qui constituent la réserve de force, arrivent enfin sur Attu le 13 mai. Mais ceux-ci s’avèrent insuffisants. BROWN réclame toutes les unités disponibles (même celles allouées aux services et à la défense antiaérienne) pour combattre. Le 15 mai, l’Amiral ROCKWELL accorde les renforts demandés. Ses cuirassés ont tirés la majorité de leurs projectiles et le PENNSYLVANIA a fait l’objet d’une attaque à la torpille manquée d’un sous-marin japonais. Les navires sont restés trop longtemps dans ces eaux dangereuses et doivent se retirer des côtes. Les maigres progrès de l’assaut et les demandes incessantes en hommes et en matériels du général BROWN, finissent par irriter l’amiral KINKAID. Il décide de le relever et confie le commandement des opérations sur Attu au général LANDRUM. Celui-ci prend ses fonctions le 16 mai à 17H00, juste au moment où les combats pour Holtz Bay entament leur dernière phase. La relève du général BROWN coïncide avec l’avance de la force du Nord qui parvient enfin à briser le « verrou de la mort ». Les intenses bombardements tant navals qu’aériens ont eu raison de la résistance acharnée des japonais qui se replient enfin du bras Ouest de Holtz Bay, le 14 mai. Les deux jours suivants, la Force du Nord, après avoir fait sa jonction avec le Bataillon Provisoire se rend maître du bras Ouest et après de sévères combats, des hauteurs qui séparent le deux bras de la baie. Ils s’emparent de la crête elle-même dans la nuit du 16 mai. Cela permet à la force du Nord (BCT 17-1 et BCT 32-3) de se retourner sur les arrières des forces japonaises défendant la passe de Massacre Valley. Le 17 mai, les japonais sont forcés de se retirer vers Chicago Harbor.

Le sacrifice des Japonais sur Attu

Dans les premières heures du 18 mai, les forces du Nord et les forces du Sud opèrent enfin leur jonction. La K Company du BCT 17-3 rencontre la 7th Reconnaissance Company sur le versant Ouest de la Passe Holtz Bay-Massacre. C’est le tournant de la bataille. Les combats seront encore durs et coûteux en vies humaines et dureront presque deux semaines encore pour atteindre tous les objectifs assignés. Il faudra réduire au silence un à un, les nids de mitrailleuses et les mortier juchés sur les hauteurs. Mais finalement la force combinée américaine, renforcée par un Bataillon du 4th Infantry, réussira à encercler Chicago Harbor. L'organisation défensive japonaise sera finalement brisée, la nuit du 29. Dans une charge suicide fanatique, menée par le colonel Yasuyo Yamazaki, sabre à la main, les quelques mille japonais survivants, attaquent les lignes américaines, après avoir achevé leurs blessés. Tous trouveront la mort exceptés 4 d’entre-eux, qui seront faits prisonniers. Le 30 mai, L’Etat Major Impérial annonce la perte d’Attu.


Voici un passage d’un journal trouvé sur le corps de l'officier japonais Nebu TATSUGURI, du service médical nippon sur Attu. Celui-ci évoque parfaitement l’état d’esprit du soldat japonais lors de ces terribles combats.

-« 28 mai 1943.
Il ne nous reste plus que deux jours de vivres. Notre artillerie a été détruite. On entend le son des mortiers et des canons anti-aérien. Les compagnies qui tenaient le sommet du volcan d’Attu ont été anéanties, excepté une. Je me demande si le commandant Yenegawa et quelques-uns de ses hommes sont encore vivants. Le 303ème bataillon est vaincu, la plupart des compagnies ont été annihilées. Le bataillon Yenegawa tient encore sur Umanose. Il y a de nombreux cas de suicide. La moitié du secteur où se trouve l’Etat-Major a été emporté par l’ennemi. J’ai entendu dire qu’ils ont distribués 400 doses de morphines pour aider les blessés à se suicider. J’ai mangé du chardon à demi-séché. C’est le seul aliment frais que j’ai pu consommer depuis des mois, c’est un régal. l’Etat major a ordonné que nous implantions l’hôpitâl plus loin dans l’île, mais cet ordre a été annulé.

29 mai 1943.
Aujourd’hui, il est 20H00 nous sommes rassemblés à l’Etat-major, les personnels de l’hôpital vont combattre aussi. C’est notre ultime assaut. Tous les blessés se sont suicidés. De l’hôpital, nous ne sommes plus que 33 encore en vie et je dois mourir. Je n’ai pas de regrets. Banzaï pour l’Empereur ! Je suis heureux car j’ai gardé la paix dans mon âme. J’ai pris sur moi de m’occuper de mes derniers patients avec des grenades. Au revoir Taeki, mon épouse adorée qui m’a aimé jusqu’à mon dernier souffle. Jusqu’à notre prochaine rencontre, accorde toi la grâce de dieu. La faute commise il y a quatre ans me sera pardonnée. Je suis désolé pour toi Takiko, né en février de cette année et parti sans avoir pu connaître ton père. Au revoir Mattué, frère Hokkey Sukechan, Masachm, et Mitichan, au revoir. Nous sommes un peu moins de mille hommes pour cette dernière charge. Nous allons tenter de prendre les positions d’artillerie ennemies. Il semble que l’ennemi prépare un assaut général demain… »







Drapeau japonais saisi sur Attu en mai 1943. Emmené aux Aléoutiennes par le soldat Tadashi KIKUCHI, ce drapeau, récupéré après la mort du soldat fut gardé pendant 60 ans par le soldat californien Edwin TREBIAN. En 2001, le vétéran américain a souhaité que ce drapeau soit remis à la fille de KIKUCHI, au Japon.





 

Le nettoyage des dernières poches de résistance sur Attu.

Bien que les Américains annoncent la prise de l’ïle d’Attu le 29 mai 1943 et que l’Etat-major impérial japonais reconnaisse la perte de l’île dès le 30 ; il serait une erreur de croire que les combats sur l’île se sont terminés à cette date. L’étude des communiqués du Navy Department montre qu’il n’en est rien et que des poches de résistances japonaises vont encore poser des problèmes durant de nombreux jours aux forces américaines.


N. D. COMMUNIQUÉ NO. 399, JUNE 2, 1943
Le 31 mai, sur Attu, les opérations de neutralisation de groupes de japonais isolés continuent. Les estimations fournies le 30 à minuit concernant les pertes japonaises sur Attu sont les suivantes : Tués 1500, prisonniers 4.

N. D. COMMUNIQUÉ NO. 400, JUNE 3, 1943
Le 1er juin sur Attu, divers secteurs ont été ratissés par les troupes américaines qui, vers midi, ont rencontré et éliminé quelques petits groupes de soldats japonais. Un rapport complémentaire confirme 1791 tués japonais sur Attu. Ce chiffre ne tient pas compte du nombre inconnu de japonais disparus lors des destructions occasionnées par les tirs d’artillerie navale et les bombardements aériens. Un certain nombre de corps ont été également incinérés ou enterrés par les japonais.


N. D. COMMUNIQUÉ NO. 401, JUNE 4, 1943
Au 1er juin, sur Attu, il subsiste de petits groupes de japonais qui tiennent certains secteurs de l’île, mais l’ennemi n’est plus en état d’opposer une résistance. Les pertes américaines sur Attu au 1e juin à minuit sont de 342 tués, 1135 blessés et 58 disparus.
Aux 1791 tués japonais mentionnés dans le communiqué du Navy Department, il convient d’ajouter 11 prisonniers faits par les troupes américaines.


N. D. COMMUNIQUÉ NO. 404, JUNE 8, 1943
Au 7 juin, 8 japonais ont encore été tués sur Attu. 11 autres, encerclés dans Chicago Valley, ont préféré se faire sauter avec des grenades plutôt que de se rendre. Le total des tués ennemis connu à ce jour est de 1826.

N. D. COMMUNIQUÉ NO. 405, JUNE 10, 1943
Durant la journée du 9 juin, 19 japonais ont été tués sur Attu et 5 autres ont été capturés.

N. D. COMMUNIQUÉ NO. 407, JUNE 12, 1943
Pendant la nuit du 8 au 9 juin, des patrouilles de l’US army sur Attu ont combattu dans le secteur entre Sarana Bay et Cape Khlebnikof. 66 japonais ont été tués et un seul a été fait prisonnier. Il n’y a pas eu d’activité ennemie signalée dans les autres secteurs de l’île.

N. D. COMMUNIQUÉ NO. 416, JUNE 18, 1943
Au 16 juin, trois prisonniers japonais supplémentaires ont été faits sur Attu, dans le secteur de Khlebnikof. Un total de 24 soldats japonais a té capturé sur Attu.

N. D. COMMUNIQUÉ NO. 423, JUNE 26, 1943
Des patrouilles américaines ont tués 15 japonais sur l’île Attu.

N. D. COMMUNIQUÉ NO. 439, JULY 12, 1943
Le 4 juillet, 4 japonais ont éét capturés sur l’île d’Attu.

Ces rapports montrent bien que des combats sporadiques ont lieu sur Attu pendant de nombreux jours. Attu ne sera définitivement nettoyée de toute présence japonaise que le 4 juillet 1943, soit 36 jours après l’annonce de la prise de l’île par les troupes américaines. Les derniers japonais ont bien souvent préféré combattre jusqu’à la mort ou se suicider plutôt que de subir le déshonneur de se rendre. L’un d’entre-eux dira qu’il a été fait prisonnier parce trahi par la grenade qu’il pressait contre son ventre. Celle-ci n’avait pas explosé. Les communiqués concernant Attu permettent aussi de vérifier que le nombre de prisonniers avancé généralement est bien exact, mais au 12 juillet et non au 29 mai, après la charge suicide, comme il est avancé parfois.


De durs combats pour les américains

Les conditions climatiques extrême sur Attu, le relief très accidenté et l'opiniâtreté des japonais à défendre leurs positions surprirent les soldats américains qui souffrirent beaucoup durant cette campagne. Les combats furent couteux et toutes les unités (y compris celles de soutien) furent requises pour nettoyer l'île de toute présence ennemie. Un jeune marin, Clair McLeod fut surnommé le "Kid d'Attu". Alors qu'il ne devait pas participer aux combats sur l'île, Il désobéit aux ordres et montra une conduite héroîque en detruisant un nid de mitrailleuse japonais mais fut abattu par un sniper japonais. Il fut hautement décoré à titre posthume.


Après la bataille

Attu sera une base logistique non négligeable pour l'assaut sur Kiska. L'aérodrome y fut reconstruit et occupé par la chasse américaine jusqu'à la fin de la guerre.

Les américains créèrent deux cimetières militaires sur l'île pour leurs soldats et un pour les japonais. Celui de Little Falls se trouvait au pied de Gilbert Ridge of Gilbert Ridge, au Nord-Ouest de l'ancienne base de la Navy. Le cimetière de Holtz Bay quant à lui se trouvait sur les lieux mêmes ou avait débarqué la Force du Nord. En 1946, les corps des soldats américains furent exhumés et ensevelis à Fort Richardson, près d'Anchorage, en Alaska ou dans d'autres lieux choisis par les familles. Depuis, l'emplacement du cimetière de Little Falls a été repris par la toundra, il n'en reste plus de traces visibles aujourd'hui.


Les Aléoutiennes, opérations sur Kiska

L’invasion japonaise sur Kiska

5 juin 1942, l’opération « AL », l’invasion des aléoutiennes va commencer. 20 navires japonais de la 5ème flotte, sous le commandement du vice-amiral Boshiro Hosogaya se dirigent vers les aléoutiennes. En chemin, HOSOGAYA a reçu l’ordre d’abandonner le projet d’invasion d’une troisième île, celle d’Adack, erreur stratégique dont profiteront les américains. La flotte, puissante se compose notamment des croiseurs légers Kiso et Tama, de 3 destroyers et 4 transports de troupes.
L’invasion japonaise de Kiska est menée par le Capitaine Takeji Ono et 500 fusiliers marins. Elle débute le 06 juin 1942, à 15 heures, par un débarquement à Reynard Cove. Vers 01 heure du matin, le 07 juin, la totalité de Kiska et petite Kiska passe sous contrôle japonais. L’île a été évacuée de sa population civile et la seule présence militaire américaine réside en une station météorologique.
Les japonais l’attaque aussitôt, tuant deux officiers de l’US Navy et en capturant huit autres. Dans les jours qui suivent, 2000 soldats supplémentaires débarquent et le contre-Amiral Monzo Akiyama prend le commandement de l’ensemble des troupes sur l’île. Les prisonniers américains sont embarqués par voie maritime et expédiés au Japon où ils resteront détenus jusqu’à la fin de la guerre. Dès le 11 juin, les américains tentent une riposte aérienne au-dessus de Kiska. La 11ème Air Force envoie 5 bombardiers B-24 Libérator et 5 B-17 Flying Fortress qui décollent de Cold Bay frappent l’île pour la première fois dans le secteur des installations portuaires où sont amarrés les bateaux japonais. La défense anti-aérienne ennemie parvient à abattre un Liberator. Le 12, un second raid est lancé avec six B-17 et un seul B-24. Ceux-ci parviennent à incendier un navire dans le port mais la mission est vite interrompue car le temps se dégrade.

Réaction tardive de l’Amirauté américaine

Afin de ralentir l’arrivée de renforts sur les aléoutiennes, l’US Navy prend la décision d’envoyer des sous-marins envoie des sous-marins rôder autour des aléoutiennes. Mais ceux –ci ne peuvent travailler qu’en submersion du fait de conditions météo exécrables et d’une visibilité presque nulle qui augmente le risque d’accident. Ainsi, 18 juin 1942, le sous-marin S27 (SS-132), alors en surface, heurte des récifs et commence à faire naufrage. Pendant deux jours il est secouru par l’USAAF et des navires déroutés vers le secteur. L’équipage sera sauf mais le sous-marin trop endommagé sera sabordé et son armement neutralisé.


Création d’une base de sous-marins de poches sur Kiska

Le 28 Juin 1942, un convoi commandé par le capitaine Harada Haku quitte Yokosuka, à bord du transporteur d’hydravions et de sous-marins de poche Chiyoda. Il est accompagné par les transports Argentina Maru, (futur Kaiyo) et protégé par la 18ème division de destroyers (Arare, Kasumi et Shiranuhi). Le Chiyoda emporte à son bord 6 sous-marins de Type A (HA-28, HA-29, HA-31, HA-32, HA-33 et HA-34), avec leurs 150 membres d’équipage, 6 chasseurs-hydravions Nakajima A6M2 “Rufe” et biplaces de reconnaissance 95 Kawanishi E8N “Dave”. Il emporte également à destination de Kiska, le 12ème bataillon de construction du génie et 200 tonnes de ciment. Ces troupes avec leur matériel seront à pied d’œuvre sur Kiska dès le 5 juillet 1942. Les sous-marins de poche formeront l’unité spéciale de la 5ème unité de Garde. Le commandement de ce détachement n°1 de sous-marins de poche de Kiska est confié au Lieutenant Otozaka Shoichi qui a déjà combattu avec ce type de sous-marin autour de l’île Kure (Midway). Le détachement du 12ème bataillon du génie reçoit pour mission d’ériger un atelier de maintenance pour les submersibles et quatre ensembles des rails de lancement, dans la partie ouest du Port de Kiska. Mais l’arrivée du convoi a été détecté par un sous-marin américain : l’USS Growler (SS-215). Son commandant, Lt Cmder Howard W. Gilmore, profite de l’effet de surprise et passe à l’attaque. Il engage les trois destoyers japonais à l’encre, endommage le Kasumi et le Shirabuhi et coule le Arare. Le SS-215 alerte alors la 11ème Air Force. Bientôt unraid de B-24 prend pour cible le Chiyoda mais ne l’atteint pas. Profitant de plusieurs jours de mauvais temps, le Chiyoda quittera Kiska le 12 juillet pour rejoindre Hashirajima.


Les sous-marins de la Navy veillent dans le Pacifique Nord.

Le 15 juillet, le sous-marin USS Grunion (SS-216), repère à l’ouest de Srebni Point, au large de Kiska, trois navires qu’il identifie comme des destroyers. Ce sont en fait des navires de lutte anti sous-marine japonais. Le commandant de bord, le Lt Cmder Mannert L. ABELE les attaque à la torpille, endommage le CH-26 et coule le CH-25 et le CH-27.
L’Amirauté américaine prend très au sérieux la menace navale japonaise. Le 7 août 1942, elle envoie le Task group 8.6 du contre-Amiral William W. Smith bombarder les installations portuaires sur Kiska. Les infrastructures prévues pour accueillir les sous-marins de poche, encore incomplètes sont sérieusement endommagées notamment par les salves du croiseur léger USS Nashville (CL-43) et un hydravion A6M2-N est détruit. Mais quatre sous-marins ancrés dans le port (RO-61, RO-64, RO-68 et le I-6) plongent afin d’échapper au raid. Ils tentent ensuite d’intercepter le Task Group mais n’y parviennent pas. Après cette attaque, les japonais prennent la décision d’amarrer en permanence trois sous-marins de poche à une bouée portuaire, paré à riposter.


Des fusils contre un destroyer.

Le 17 aôut le sous-marin RO-61 revient à Kiska. Commandé par le Lt Cmder Tokutomi Toshisada, il a maintenant pour mission d’alimenter les sous-marins en électricité et permettre ainsi de continuer les exercices de plongée. Mais il continue aussi de patrouiller afin d’intercepter les raids navals américains sur les aléoutiennes. Ie 28 août, il effectue une sortie d’urgence, accompagné par le RO-64 et le RO-62. Un hydravion de Kiska a repérer une force US à Nazan Bay sur l’île Atka. Le pilote annonce avoir localisé un destroyer et un croiseur léger. En fait, il s’agit du porte-hydravions de la classe Barnegat , Casco (AVP-12). Les submersibles japonais arrivent dans le secteur de la baie le 29 et attendent l’ordre d’attaquer les navires à l’ancre. Le 30, le RO-61 torpille par trois fois le Casco, pensant avoir affaire à un croiseur lourd de la classe Northampton. Une seule torpille atteint son but mais l’explosion tue 5 marins américains et en blesse 20 autres. Le Casco parvient pourtant à s’échouer sur la plage et après de sérieuses réparations pourra reprendre la mer le 12 septembre. Il sera le premier navire US touché par un sous-marin de la classe moyenne RO.
Cette attaque surprise des japonais provoque une réaction immédiate américaine. Des PBY-5A Catalina patrouillent aussitôt sur toute la zone. Le 31 août, un de ces appareils piloté par le lieutenant S. E. Coleman, repère malgré le brouillard un sous-marin nippon en surface qui semble recharger ses batteries. Il le mitraille et large deux charges de profondeurs qui endommagent sérieusement le submersible. Un second Catalina, celui du Lt Carl H. Amme, l’engage également et une de ses charges touche le RO. Une tâche d’huile importante apparaît immédiatement à la surface. Alerté l’USS Reid (DD-369) se rend sur les lieux et lancent treize charges de profondeur sur le secteur. C’est alors, que le RO-61, touché mortellement parvient à faire surface. Mais au lieu de se rendre. Les Japonais sur le pont font feu sur Le Reid avec leur canon de pont et des fusils Arisaka. Ils sont aussitôt fauchés par les canons de 20mm du destroyer. Le Lt Cmder Mc Illeny achève alors le RO-61 avec ses canons de 5 inchs. Le sous-marin sombre emportant avec lui le le Lt Cmder Tokutomi Toshisada et 59 hommes. Seulement 5 matelots japonais seront récupérés par le Reid.


Reprise des raids aériens contre le port de Kiska.

Le 14 septembre, la 11ème Air Force prend pour une nouvelel fois pour cible le port de Kiska. Des B-17 et B-24, escorté par des P38 Lightning et des P39 Airacobra s’attaquent ausx infrastructures et aux trois sous-marins miniatures ancré à la bouée. Les dégâts sont mineurs et aucun submersible « Midget » n’est touché. Malgré les moyens déployés par les américains, la base de sous-marins devient tout de même opérationnelle en octobre 1942 avec trois sous-marins de poche à l’ancre et trois autres parés à être lancé. Un autre raid de B-24 le 04 novembre obtiendra plus de résultats. L’explosion d’une bombe tuera 9 soldats du 12ème bataillon du génie. Lors de l’attaque, le RO-65 se met en plongée rapide. Mais dans la panique toutes les vannes et écoutilles n’ont pas été fermées et il semble au pilote US que le sous-marin ait été touché. Le RO-65 prend l’eau rapidement et coule, emportant avec lui 17 marins et 2 machinistes. Son capitaine, le LtCdr Egi et 45 matelots parviennent à être secourus.


Des problèmes d’approvisionnement et de maintenance.

En décembre 1942, une violente tempête souffle sur les Aléoutiennes et provoque de sérieux dégâts. Amarré à la bouée, le sous-marin de Poche HA-28, prend l’eau par son kiosque et fini par couler. Le ravitaillement devient plus difficile pour les japonais en cette fin 1942. L’US Navy est partout présente. Le manque de pièces commence à se faire sentir et la maintenance devient délicate. Le HA-31 et le HA-33 ont un grave problème d’étanchéité de leur coque. Ils sont déclarés inopérationnels jusqu’à la fin d l’année et ne pourront être réparés qu’en début 1943.

A partir du mois de décembre 1942, l’ennemi se renforce encore sur Kiska. De nombreuses pièces d’artillerie anti-aérienne sont mises en place et des unités du génie, chargées de construire défenses et fortifications arrivent sur l’île. Les préparatifs pour rendre les base de sous-marins de Kiska opérationnelle se poursuivent. Le 15 février 1943, le sous-marin I-169 quitte le port de Kure. Il emporte un chargement de torpilles spéciales pour les sous-marins de poche et des personnels de relève prévus pour l'unité de sous-mariniers. Ceux-ci sont commandés par l'Enseigne Majima. Le submersible est bientôt suivi par le I-171 qui transporte le reste du détachement. Ils atteignent Kiska, le 25 et le 26 février 1943. Le 1er avril, le I-169, embarque les pilotes du premier détachement destination Yokosuka alors que le commandement de l’île est confié au Lieutenant Général Kiichiro HIGUCHI.


Intensification des sorties de la 11ème Air Force.

Parallèlement en ce début de 1943, les américains resserrent leur étau autour des îles envahies par les japonais. Le 11 janvier 1943, ils débarquent à Constantine Harbor et s’installent sur l’île inoccupée d’Amchitka. Dès le 12, le génie débute la construction rapide une base aérienne qui doit permettre d’opérer contre les îles en bénéficiant d’une autonomie accrue. Kiska se trouve à moins de 70 miles d’Amchitka. Jusqu’à présent les bases aériennes étaient très éloignées des objectifs et les bombardiers quadrimoteurs rentraient avec à peine 150 litres de carburant restant !

Le 1er avril 1943, on présente un nouveau plan de reprise des îles au Chef d’Etat-Major américain. Tenant compte des nombreux renseignements photographiques fournis par l’USAAF, celui-ci préconise l’abandon provisoire d’un débarquement sur Kiska, jugé trop risqué, au profit d’une opération amphibie contre l’île d’Attu, considére comme plus faiblement défendue. Le ratissage d’Attu est encore en cours quand les préparatifs pour la reprise de Kiska sont lançés. Les américains ont tenu compte des pertes élevées subies, du temps glacial régnant sur les Aléoutiennes et des difficultés rencontrées sur un terrain au relief particulièrement difficile et peu propice aux engagements. Les préparatifs à l’assaut seront donc plus longs que pour Attu et devront bénéficier d’une météo plus clémente. Dès le 30 juin, le quartier général de la 11ème Air Force, situé sur la Base d’Elmendorf Field, près d'Anchorage, en Alaska, reçoit le feu vert pour la reprise des raids de bombardement contre les défenses de Kiska. Il met en alerte aussitôt ses unités (le 28th Bombardment Group, sur les bases d’Elmendorf, d’Adak et de Shemya et le 343rd Fighter Group basé à Elmendorf, Ft Glenn, Adak, Shemya et bientôt Alexai Point sur Attu).

Dans un premier temps, des bombardiers quadrimoteurs B-24 Libérator du 404th Bomber squadron, des North American B-25, escortés de chasseurs Curtiss P40 incendient le camp japonais installé dans la zone de Gertrude Cove, attaquent des navires à l’ancre et l’aérodrome pendant que les chasseurs mitraillent le secteur des plages. Le 31, l’attaque est renouvelée sur les mêmes objectifs ainsi que sur North Head, mais les résultats sont mitigés. Les Alliés profitent d’une accalmie de la météo et d’une visibilité accrue pour généraliser leur action. La nette augmentation des sorties de bombardements coïncide avec la modification de l’organisation du commandement des opérations militaire. Le contre-amiral Thomas Cassin KINKAID, de U.S. Navy, opère maintenant directement sous les ordres de l’Amiral Chester W. NIMITZ, Commandant en chef de la flotte du Pacifique. Il est partisan d’une intensification des frappes navales effectuées bien avant le déclenchement d’une opération Amphibie sur Kiska et combinées avec l’action de l’aviation. Le 1er juin, c’est un raid américano-canadien qui frappe Kiska.

La formation comprend des bombardiers B-25, 40 appareils Ventura (Vega B-34) partis de la base de Mitchell Field sur l’île d’Adack, escortés par des chasseurs US Lockheed P38 Lightning et des P40 kittyhawk canadiens. Des coups au but sont observés sur le camp principal japonais, sur l’axe de l’aérodrome et sur des emplacements d’artillerie. Le 4 et 5 juin, les cibles attaquées le 1er juin sont de nouveau bombardées. Mais le temps est de encore brumeux et couvert. En dehors de quelques constructions et emplacement d’artillerie touchés, aucun résultat tangible ne peut être observé. L’activité aérienne va être interrompue et il faudra attendre le 10 juin pour voir une reprise des frappes. Les mêmes objectifs sont visés durant quatre raids qui vont se dérouler l’après-midi. Les bombes larguées par les B-24 et les B-25 tombent le long de l’aérodrome pendant que les chasseurs P40 s’attaquent à des barges près des plages. Pendant ce temps le génie américain a travaillé d'arrache pied et a achevé la construction d’une nouvelle piste d’atterrissage à Alexai Point, sur Attu. Le premier appareil qui se pose sur l‘île, le 7 juin, est un C47 Dakota hôpital.

5 nouvelles missions sont menées le 11 juin sur le camp principal et les objectifs de la veille. Les opérations sont encore interrompues par le mauvais temps pendant quatre jours et reprennent le 15, par un raid de Vega B-34 contre l’aérodrome et les batteries antiaériennes le protégeant. Mais les résultats obtenus sont médiocres. L’attaque est renouvelée le 20 juin sans plus de résultat.
Il est à noter que durant ces dernières sorties, aucun appareil allié ne fut abattu par les japonais. Le plafond va être de nouveau très bas et les raids lancés le 24 ne donneront rien. Par contre les six sorties menées le 26 juin permettront d’observer des coups directs sur le camp principal et des batteries anti-aériennes.
Jusqu’au sept juillet, les sorties vont encore se succéder sur Kiska et petite Kiska et auront pour objectif, le camp, l’aérodrome, North Head et Gertrude Cove, malgré le brouillard. Elles ne permettront pas d’observer les dégâts infligés à l’ennemi sauf le 26 juin ou 8 bombes tombent en plein sur la zone du camp.


Le bilan des opérations aériennes

Malgré un nombre impressionnant de sorties, la 11ème Air Force, fréquemment gênée par une mauvaise météo, n’arrive pas à détruire ou endommager suffisamment les solides défenses japonaises sur l’île. Les chiffres sont pourtant parlants : Elle effectue 297 sorties (y compris contre les bases japonaises des Kouriles), largue 3662 tonnes de bombes sur les défenses d’Attu et de Kiska durant les opérations. 114 aviateurs sont morts au combat, 42 portés disparus et 46 sont tués accidentellement. Le communiqué du l’USAAF du 21 août 1943 fait état des pertes s approximatives suivantes pour la 11ème Air Force: 29 appareils perdus pour 69 ennemis abattus. Mais en fait, c’est un total de 35 appareils qui est perdu au combat et il y a eu aussi quelques 150 accidents opérationnels. La proportion des pertes consécutives aux accidents comparée aux pertes subies au combat sera la plus élevée que connaîtra l’USAAF pendant toute la seconde guerre mondiale. La cause principale de cet important taux de perte est bien sûr dûe aux conditions climatiques très difficiles sur la zone d’action. Pendant cette période, la 11ème Air Force a été créditée exactement de 60 appareils japonais abattus ainsi qu’un sous-marin, un destroyer et sept navires de transport détruits.

 



Unités de la 11th Air Force aux aléoutiennes

Le bombardement

Unités du 28th (composite) Bombardment Group :

H.Q. Elmendorf Field (Anchorage), Adak à/c 14/03/43

73rd Medium Bomb Squadron (B-25 Mitchell), Elmendorf, Umnak à/c 01/04/43, Amchitka à/c 06/43, retour aux USA à/c 30/08/43

77th Medium Bomb. Squadron (B-25 Mitchell, B-26) Elmendorf, Adak à/c 10/42, Umnak jusqu’à 12/42, Adak, Attu à/c 22/07/43, Adak, Amchitka a/c 11/09/43.

404th Heavy Bomb. Squadron (B-24 Liberator) à/c 07/42, Umnak, Elmendorf, Adak à/c 22/03/43, Amchitka à/c 04/06/43

36th Heavy Bomb. Squadron (B-17, Flying Fortress, B-24 Liberator) Kodiak (Fort Greeley), Amchitka à/c 04/05/43, Adak à/c 01/06/43, Amchitka à/c 04/08/43 jusqu'au 26/08/43, retour à McChord Field (Washington) à/c 13/09/43

Renforts détachés du 30th Bombardment Group :

21st Heavy Bomb. Squadron (B-24 Liberator), Umnak à/c 09/42, Adak, fin 09/42, Umnak 11/42, Amchitka à/c 18/02/43, Umnak, Shemya à/c 27/07/43, Unmak à/c 26/08/43, Shemya, retour à Smoky Hill (Kansas) à/c 19/09/43

Renforts détachés du 41st Bombardment Group :

406th Medium Bomb. Squadron (A-29 Hudson, B-18 Bolo puis B-25) Elmendorf à/c 11/42, Adak à/c 25/07/43, Elmendorf à/c 13/08/43, retour aux USA à/c 18/10/43 (puis conversion sur B-24 Liberator).

Renforts du 407th Dive Bombardment Group :
(devient 407th Fighter-Bomber Group le 13/08/43)

632nd Dive Bombardment Squadron (North American A-36 Apache), Amchitka à/c 01/07/43 (renommé 515th Fighter-Bomber Squadron le 10/08/1943), quitte Amchitka pour Drew Field, Floride le 13/08/43

633rd Dive Bombardment Squadron (Douglas A-24 Banshee, North American A-36 Apache), Amchitka à/c 01/07/43. (renommé 516th Fighter-Bomber Squadron le 10/08/1943), quitte Amchitka pour Drew Field, Floride le 13/08/43

634th Dive Bombardment Squadron (Douglas A-24 Banshee), Amchitka à/c 19/07/43. (renommé 517th Fighter-Bomber Squadron le 10/08/1943), quitte Amchitka pour Drew Field, Floride le 13/08/43

635th Dive Bombardment Squadron (Douglas A-24 Banshee), Amchitka à/c 19/07/43. (Dissous sur l’île Amchitka, le 15/08/43, ses A-24 sont reversés à d’autres unités)


La Chasse

Unités du 343rd Fighter Group :

H.Q. Elmendorf puis Umnak à/c 08/42, Elmendorf à/c 09/42, Adak à/c 07/03/43, Amchitka à/c 25/07/43

54th Fighter Squadron (P-39 Airacobra, puis P-38 Lightning) Elmendorf, Adak, Amchitka à/c 12/03/43

11th Fighter Squadron (P-40 Warhwak) Elmendorf, Cold Bay (jusqu’à sept 42) Umnak, Adak à/c 20/02/43, Amchitka à/c 11/03/43, Adak à/c 17/05/43

18th Fighter Squadron (P-40 Warhwak) Adak à/c 12/42, Amchitka à/c 15/02/43

344th Fighter Squadron (P-40 Warhwak), Elmendorf à/c 10/42, Cold Bay à/c 11/42, Fort Randall, Fort Glenn (Alaska) à/c 08/03/43, Shemya à/c 23/05/43, Attu à/c 03/06/43

Renforts détachés du 54th Fighter Group :

42nd Fighter Squadron (P-39 Airacobra) Kodiak à/c 20/06/42, Adak, retour à Harding Field, Louisiane à/c 12/12/42

57th Fighter Squadron (P-39 Airacobra) Elmendorf, Kodiak (Fin 09/42)

56th Fighter Squadron (P-39 Airacobra) Nome à/c 20/06/42, Elmendorf à/c fin 10/42, retour à Harding Field, Louisiane, à/c 21/12/42


Unités canadiennes rattachées

14th Fighter Squadron RCAF (P-40 Kittyhawk), Umnack à/c 18/03/43, retour en British Columbia le 09/04/43

111th Fighter Squadron RCAF (P-40 Kittyhawk), Kodiak à/c 10/42

115th Fighter Squadron RCAF, Annette à/c 05/05/42

118th Fighter Squadron RCAF, Annette à/c 05/42

8th Recon & Bombardment Squadron RCAF (Blenheim IV Bollingbroke), Elmendorf à/c 06/42, retour au Canada 02/43


L’US Navy pilonne Kiska.

Le commandement s'inquiéte rapidement de l’efficacité insuffisante des frappes aériennes. Il autorise à compter du 7 juillet, de petites formations navales à bombarder l’île. Pendant plusieurs heures, des bâtiments de surface vont pilonner Gertrude Cove, le 9 juillet, ils essuieront une riposte de l’artillerie côtière japonaise sans toutefois subir de pertes ou de dégâts. Le 11 juillet le bombardement est renouvelé sans réplique japonaise, cette fois. Un autre raid aérien le 12 s’avère inefficace. Aussi, dès le 14, les attaques navales reprennent sur Gertrude Cove, sans subir de tirs de contre-batterie ennemis. Les attaques aériennes et navales vont se succéder sur Kiska jusqu’à l’attaque amphibie. Mais Les batteries japonaises ne répondent pratiquement plus aux raids américains.

Le commandement constate rapidement l’efficacité insuffisante des frappes aériennes et autorise à compter du 7 juillet, de petites formations navales à bombarder l’île. Pendant plusieurs heures, des bâtiments de surface vont pilonner Gertrude Cove, le 9 juillet, ils essuieront une riposte de l’artillerie côtière japonaise sans toutefois subir de pertes ou de dégâts. Le 11 juillet le bombardement est renouvelé sans réplique japonaise, cette fois. Un autre raid aérien le 12 s’avère inefficace. Aussi, dès le 14, les attaques navales reprennent sur Gertrude Cove, sans subir de tirs de contre-batterie ennemis. Les attaques aériennes et navales vont se succéder sur Kiska jusqu’à l’attaque amphibie. Mais Les batteries japonaises ne répondent pratiquement plus aux raids américains.
Le 10 juillet 1943, 6 B-25 de la 11ème Air Force mènent un raid éloigné contre l’île japonaise de Paramushiru, dans l’archipel des Kouriles, d’où partent les renforts japonais. Il s’agit de la première attaque directe contre le territoire japonais depuis le fameux raid de Doolittle en avril 1942.
Pendant toute la campagne des aléoutiennes, les sous-marins US ont également continué de rôder dans le secteur avec des résultats plus ou moins positifs. Ils subissent quelques pertes. Ainsi après l’accident du SS-132, le Grunion (SS-216) qui avait coulé deux navires japonais le 15 juillet 1942 est lui même coulé en renouvellant une attaque le 31 juillet contre un transport de troupes. Pensant l’avoir touché, il fait surface pour l’achever au canon, mais le Kano Maru riposte et un obus détruit le submersible en le touchant en plein kiosque.


L’abandon de la base de sous-marins japonaise

A partir du printemps 1943, l’avenir de la base de sous-marins de poche semble compromis sur l’île de Kiska. Après la bataille navale des Komandorski, la marine japonaise renonce à risquer des convois pour ravitailler les Aléoutiennes. Le matériel de maintenance n’arrivera donc plus sur l’île. Le 3 avril, une violente tempête arrache les amarres des submersibles attachés à la bouée du port et fait échouer le HA-31 et le HA-33 sur les plages. Les deux "Midgets", ensablés sont très endommagés. Les pièces manquent pour les remettre en état. Le HA-33 est déclaré irréparable et salvagé pour tenter de réparer le HA-31. Le 14 avril, des P40 de la 11ème Air Force décollent d’Amchitka et attaquent la base. Les HA-29 et HA-34 reçoivent de sérieux dommages. Ils seront « canibalisés » les jours suivants pour la maintenance du HA-32. Mais les réparations de celui-ci ne pourront être achevées. Finalement le 07 mai 1943, Le nouveau commandnat de la 5ème Flotte Japonaise, le Vice Amiral Kawase Shiro, donne ordre d’évacuer de Kiska les derniers sous-marins de poches en état, afin de les protéger des raids aériens. Grâce aux actions de l’USAAF, les sous-marins de poche n’auront jamais été en mesure d’inquiéter les américains.


Préparatifs terrestres

L’opération amphibie contre Kiska se prépare. L’île ne présente pas d’intérêt stratégique particulier. Elle présente une surface enneigée et glacée qui s’étend sur 35 kilomètres et ne mesure qu’à peine 8 kilomètres de profondeur. Constamment enveloppée de brume, elle est dominée par une montagne volcanique d’une altitude de 1200 mètres. Il y règne en permanence un exécrable climat (à peine 8 jours d’ensoleillement contre 250 jours de pluie, neige, brouillard et vent, en 1943). Le terrain volcanique n’est recouvert que d’une végétation rachitique (toundra), il n’y a quasiment pas d’arbres. Pour autant, il est nécessaire d’ôter cette « épine » japonaise des reins des USA. Il faut absolument dégager les routes maritimes vers le japon et l’URSS et mettre le pays à l’abri de toute possibilité d’attaque japonaise afin de rassurer la population américaine.


Côté canadien

Les canadiens, cette fois-ci, vont participer également à l’assaut. Depuis mai 1942, des escadrilles du RCAF et quelques unités navales opèrent avec les forces américaines. L’intégrité du territoire canadien ne semble alors pas menacée. Mais le 20 juin 1942, un sous-marin japonais errant dans les eaux territoriales des îles Vancouver, engage au canon des habitations et une station météo à Estevan Point. C’est la seule attaque dont sera victime le Canada durant toute la guerre mais elle provoque une certaine panique dans l’opinion publique. De ce fait, 34 000 soldats canadiens sont détachés en Colombie britannique afin d’assurer la défenses des côtes. De nombreuses batteries anti-aériennes sont installées à Prince Ruppert et un train blindé est même chargé de patrouiller sur la ligne ferrovière entre Prince Ruppert et Terrasse.
Après les durs combats pour la reprise d’Attu, les américains sollicitent l’aide canadienne dans le cadre des accords de défense liant les deux pays. Le gouvernement canadien accepte de fournir un effectif d’environ 5000 hommes. La majorité sont des conscrits qui ne peuvent en principe servir en dehors du territoire national que sur la base du volontariat. Ils vont suivre un entraînement pendant un mois sur l’île d’Adak conjointement avec les troupes américaines.
Le 12 juillet 1943, quatre transports maritimes embarquent les troupes canadiennes dans les ports de Nanaimo et de Chemainus. Leur destination est encore secrète. Dans les rangs de la 13ème brigade d’infanterie canadienne, la rumeur court bientôt que la destination probable des transports sera l’île de Kiska où au moins 10000 soldats japonais d’élite assoiffés de sang, attendent l’invasion alliée ! Un certains nombre des soldats canadiens, appelés malgré eux et absolument pas volontaires pour un service extérieur, se retrouvent pris par les textes de lois régissant le Canadian Home défense, entre-temps révisé afin de pouvoir engager des appelés outre-mer. Ils vont donc contre toute attente se trouver bientôt au coeur de l’action dans un environnement des plus hostiles. Les plans sont bientôt dévoilés, les canadiens qui doivent débarquer à J + 1 sur Kiska apprennent que les pertes prévisibles sont de 1800 hommes. Quand les navires quittent leurs ports avec pour destination les Aléoutiennes, 165 soldats canadiens manquent à l’appel...


Côté américain

Parallèlement, aux Etas Unis, 30000 hommes ont été embarqués par une puissante flotte dans les ports de Californie.
Le commandement a voulu garder l’effet de surprise. Pour les Gi’s également, la destination demeure un temps secrète.
Ils s’attendent à être dirigés plutôt sur la Birmanie ou l’île d’Hokkaido mais ils n’excluent pas non plus une participation dans la reprise des Aléoutiennes. Ils n’auront la certitude de leur destination que lorsque les navires obliqueront brusquement plein Nord. C’est une nouvelle fois la 7ème division d’infanterie américaine qui est désignée pour mener l’assaut. Bien qu’éprouvée sur Attu, elle s’est bien comportée au feu et dispose maintenant de l’expérience du terrain et du climat. Ayant laissé son 159th Infantry Regt en occupation sur Attu, elle se voit renforcée du 184th US Infantry Regt (40th Inf. Div.) et du 87th Moutain Infantry Regiment avec lequels elle formera l’Amphibious Force 9. Les troupes cette fois-ci ont reçu les équipement les meilleurs et les plus adaptés au climat spécifique régnant sur l’Alaska.


Composition de l’Amphibious Force 9

17th Infantry Regt
32nd Infantry Regt
53rd Infantry Regt
184th Us Infantry Regt (National Guard, détaché)
87th Mountain Infantry Regt (10th Mountain Div, détaché)
31st, 48th, 49th and 57th Field Artillery Battalions
601st et 602th Field Artillery Bataillons (Pack Howitzer) support de la 1st SSF
13th Engineer Battalion
7th Signal Company,
707th Ordnance Company
7th Quartermaster Company
7th Reconnaissance Troop
7th Medical Battalion
7th Counter Intelligence Detachment


La bataille navale des « Pips »

Le 22 juillet un raid massif aérien est lancé contre Kiska, relayé par un important bombardement naval. Il en résulte beaucoup de dégât mais l'attaque alerte aussi les japonais sur l’imminence d’une action alliée contre l’île. La Navy silonne toujours le secteur à la recherche de convois japonais. Le 27 juillet 1943 aura lieu une surprenante bataille ou plutôt un incident singulier. Le Task Group 16.22, commandé par le contre-amiral GRIFFIN patrouille à 80 miles nautiques de Kiska. Cette force navale est composée des cuirassés USS Mississippi (BB-41) et USS Idaho (BB-42). Soudain les radars détectent une série d’échos inconnus. Croyant avoir contact avec un convoi japonais, GRIFFIN donne l’alerte et ordonne l’ouverture du feu. Les cuirassés vont tirer sans discontinuer un total de 518 obus, mais aucun n’atteindra son but. En fait, les navires ont engagé des cibles fantômes qui n’ont jamais existé. Aucun navire japonais n’est présent dans la zone à moins de 200 miles. A cette époque, les radars sont encore de conception récente, les conditions atmosphériques autour des Aléoutiennes sont particulièrement mauvaises et la visibilité sur mer est très faible. Les « pips » émis par les radars furent trompeurs. A cette époque, avec la fonte des neiges, beaucoup de masses flottent à la surface de l’Océan (troncs d’arbres, glaces, branchages) et de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs parcourent le secteur et s’y posent fréquemment en juillet, chaque année. La combinaison de tous ces facteurs aura trompé l'identification des opérateurs radars de l’US navy.


L’opération Cottage

Les débarquements intiaux doivent avoir lieu dans le Nord de la partie centrale de l’île. Ils seront précédés par un raid nocturne mené par les commandos américano-canadiens de la 1st Special Service Force qui doivent s’emparer directement des hauteurs situées au Sud des plages. Pour J+1, les nouvelles têtes de pont doivent être sécurisées dans les parties Nord et Ouest de Kiska. Ensuite, un second débarquement aura lieu plus au Sud de l'île pour prendre à revers les défenses japonaises.


Tôt dans la matinée du 15 août, les démineurs ont dégagé le chenal au Nord-Ouest de l’île afin que les transports puissent s’approcher des côtes. Les croiseurs et les destroyers entament leur couverture et bombardent les cibles de Gertrude Cove, Little Kiska, North Head, du camp principal et de la base sous-marine. Cinq transports se mettent en place précédés à 07H50 par une reconnaissance menée par 5 vedettes lance torpilles.

Les commandos débarqués à 06h21 rendent compte qu’ils ne rencontrent aucune opposition. L’ordre est donné alors de foncer et de s’emparer de l’île.
A midi 3000 hommes ont débarqué et à 16H00, ce sont 6500 hommes qui sont à pied d’oeuvre sur Kiska.

Ils ne trouveront pour tout ennemi, qu’un chien abandonné et découvriront en guise d'accueil, des insultes peintes sur les murs des habitations. Mais le commandement allié se méfie. Il craint que comme sur Attu, les japonais ne se soient repliés à l’intérieur des terres sur des positions défensives préparées à l’avance.

Le 16 août, le second débarquement a lieu au Sud de Kiska, toujours précédé par les commandos du 1st SSF. A 09 heures, toutes les vagues d’assaut sont débarquées soit environ 3100 hommes. Ranger Hill est occuppée et les américains y trouvent des éléments attestant d’un retrait de l’île des japonais.


Operation Ke-Go, le retrait japonais des Aléoutiennes

Bien que peu nombreux, il y avait des indices réels d’un possible retrait des japonais sur Kiska. Par exemple dans les jours précédant l’invasion, plus aucune batterie anti-aérienne ne répondait aux attaques de l’aviation alliée. Des hydravions Catalina avaient aussi rendu compte de contacts avec des convois ennemis se dirigeant vers Kiska. Mais le commandement resta des plus prudent.
Des documents saisis sur l’île après le débarquement indiquent que les opérations d’évacuation de Kiska étaient planifiées pour le 8 juin, sous le nom d’Opération Ke-Go. Après la chute de l’île d’Attu, il semble que le commandement japonais ait compris qu’il était vain et inutile de s’acharner à défendre les Aléoutiennes. Il ordonna alors secrétement le retrait de son dispositif et l’abandon de Kiska. Mais le temps trop clément et une bonne visibilité firent craindre le pire au commandement nippon qui reporta l’opération au mois de juillet. Les navires de la 5ème flotte japonaise basés à Paramushiru effectueront de nombreuses sorties de reconnaissance avant d’entamer le rapatriement de la force d’invasion. Finalement le 28 juillet, profitant du couvert protecteur d’épais bancs de brouillard, des destroyers entrent dans le port de Kiska et réembarquent en deux heures les 5000 hommes des troupes présents sur l’île. Le 31 août, la force saine et sauve est débarquée à Paramushiru.


Poursuite des opérations

Le 16 août à 09h00, les troupes canadiennes de la 13ème brigade d’infanterie débarquent sur les plages sécurisées au Nord de Kiska. L’artillerie se met aussi en batterie. Le mauvais temps empêchent les reconnaissance aériennes et l’incertitude demeure.
Le lendemain, d’autres compte rendus attestent de l’abandon de l’île depuis au moins dix jours. Little Kiska semble également avoir été abandonnée. Le commandant de la Force d’attaque, l’Amiral Rockwell, prend alors la décison de décongestionner les têtes de pont, jugées étroites. Il fait réembarquer le matériel lourd sur les transports et les fait se mettre à l’ancre au niveau de Gertrude Cove et de Kiska Harbor. Il renvoie également l’USS Idaho et l’Uss Tennessee sur Adak.


Des pertes sur Kiska

Dans la nuit du 17 août, le destroyer Abner Read (DD-526) patrouille au large de Kiska, lorsqu’il est secoué par une forte explosion à 01h50. Sa coque est éventrée par un énorme trou et l'onde de choc a fait éclater ses réservoirs à fumée. La secousse a déchiré un énorme trou dans la coque. Très vite, il s’ensuit un mouvement de panique. Les hommes dormant dans les compartiments arrières sont intoxiqués par l'inhalation de fumée. D’autres tombent dans les trous provoqués sur le pont et se noient dans les réserves de carburant. A 03h55, le USS Hute (ATF-76) se porte à sa hauteur et prend le Abner Read en remorque jusqu’à l’île d’Adak, afin qu’il recoive au plus vite des réparations de fortune. L’Abner Read a en fait heurté une mine de fond japonaise qui l’a gravement endommagé. Le bilan est lourd : 70 marins sont tués et portés disparus et 47 sont blessés.

Le 18 au matin, 27 000 hommes ont pris pied sur Kiska. Les progressions se poursuivent dans l’île sans rencontrer d’opposition. Mais dans le brouillard épais, des erreurs d’identification entre les unités ont lieu et des tirs fratricides s’ensuivent, causant 26 pertes. Des navires reçoivent l’ordre de retourner à leur port d’attache. Le 22 août à 11h50, le Commandant de la Force du Nord Pacifique, l’Amiral Kinkaid, annonce que les opérations amphibies sont terminées. Il rembarque à 14h00 sur l’USS Pennsylvania et retourne sur Adak. Dans les jours qui vont suivrent, les mines et pièges laissés par les japonais feront encore un certain nombre de victimes dans les rangs alliés. Au total, la force du Sud subira les pertes suivantes : 17 tués et 45 blessés. La Force du Nord perdra 4 hommes (tous canadiens) et déplorera 76 blessés. Il y aura également pour les deux forces un total de 133 évacuations pour pieds gelés. Le 87th d’infanterie de montagne, indépendant, perdra à lui seul 23 hommes et aura 55 blessés.


Conclusion

La reprise de Kiska signe la fin de toute présence japonaise en Alaska. Les américains et les canadiens maintiendront une présence militaire (environ 144000 hommes) dans le Pacifique Nord jusqu’à la capitulation japonaise en août 1945. Surpris par l'initiative japonaise, les américains auront sû réagir malgré leur engagement dans le Pacifique Sud et assurer en permanence la défense de l'Alaska, futur 49ème Etat américain.
Cependant l’aviation japonaise tentera encore des raids contre les aérodromes d’Attu et sur Massacre Bay, à partir de ses bases sur les îles Kouriles, le 09 et le 13 octobre, mais sans aucun succès.

Sources
Livres :
Seventh Infantry Division: 1917 1992 World War I, World War Ii, Korea de Bruce Gardner et Barbara Stahura10th Mountain Division édité par Randy W. Baumgardner
Sites :
http://www.combinedfleet.com/Kiska.htm
http://www.junobeach.org/f/4/can-tac-air-hwe-kis-f.htm
http://www.militarymuseum.org/184th.html
http://www.ibiblio.org/pha/comms/1943-05.html
http://ww2db.com
http://www.eubank-web.com/Donald/Aleutian/kiska.htm
http://www.olive-drab.com/images/aleutians
http://en.wikipedia.org/wiki/Operation_Cottage
http://en.wikipedia.org/wiki/Eleventh_Air_Force
http://vilda.alaska.edu
http://www.ibiblio.org/hyperwar/USN/USN-CN-Aleutians
http://www.mpierrela.files.wordpress.com

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