Entre
1936 et 1939, le budget de l'armée fut significativement augmenté
afin d'organiser une défense efficace tant face à l'Union
Soviétique à l'Est et face à l'Allemagne à
l'Ouest, bien que la plupart des projets et plans auraient été
remplis qu'en 1941-42 ... l'invasion allemande a donc pris "de
court" la modernisation de l'Armée polonaise et la construction
de ses défenses, ainsi que nombre de projets, tant terrestres
qu'aériens.
Au début de l'année 1939, la France mit en place une aide
financière de 2.6 milliards de francs-or pour la Pologne, budget
qui se serait étalé sur une période de 5 ans, offrant
une appréciable augmentation de 12% sur le budget militaire annuel
de 1938-39.
La plupart servent dans
les écoles ou pour l'entraînement, mais plusieurs seront
utilisés pour la défense de localités, Varsovie
notamment. Ce cliché semble attesté la présence
de FT-17 "Canon" (un SA-18 de 37mm à faible vitesse
initiale)... un char obsolète en 1939, mais encore capable, sous
cette version, de rendre quelques services défensifs.
Pour
compenser l'important budget militaire, le gouvernement polonais misait
également beaucoup sur les ventes de son matériel militaire
; tankettes, appareils ou encore canons antichars eurent quelques succès
commerciaux, notamment des contrats avec la Grèce, la Turquie
et la Roumanie pour le chasseur léger PZL P.24, ou les commandes
du bombardier PZL.37, prises de court par l'invasion nazie.
En
1939, l'Armée polonaise peut compter sur 1 million de soldats,
mais seule la moitié peut être réellement mobilisée
dans l'immédiat, et seuls 300 000 soldats sont entièrement
équipés et sur leur positions assignées lors du
déclenchement de la guerre. Au total, 39 divisions peuvent être,
en théorie, levées, en plus de 16 brigades indépendantes.
Notez l'équipement standard ; le casque wz.31,
le fusil wz.98 ou wz.29.
L'armement
:
L'armement
individuel du soldat polonais était assez classique mais tout
à fait correct, composé essentiellement du "Poln
M29" , version du Mauser K1898 produite localement, ce dernier
étant également en service au sein de l'armée polonise,
ainsi que le Mosin-Nagant 91. La plupart des armes de poings, tel le
wz.35 Vis, sont produites localement également.
La Pologne acheta une licence en 1928 à la Fabrique Nationale
belge pour produire localement une version de la BAR Browning américaine,
dont FN a acheté la license en 1925, la wz.28.
Côté mitrailleuse, la Pologne produit une variante de la
mitrailleuse américaine Browning M1917, la Ckm wz.30, globalement
identique mais tirant, comme la wz.38 ci-dessus, des balles de calibre
7.92x57mm Mauser, le calibre standard polonais (qui permis, au passage,
la ré-utilisation aisée d'armes polonaises par les allemands
et leurs alliés). D'autres mitrailleuses étaient alignées
en petits nombres, tel la Hotchkiss Mdle 1914 française, ou encore
la Schwarzlose M.07.
Le
Vickers Mk.E britannique servira comme base pour la conception du 7TP,
mais qui sera acheté à 38 exemplaires par l'Armée
polonaise. Ils furent reversées à la 10ème Brigade
de Cavalerie Motorisée, la seule Brigade entièrement motorisée
de l'Armée polonaise.
En
1939, l'armée polonaise alignait un certain nombre de fusils
antichars, les Karabin przeciwpancerny wzor.35, tirant une balle conçue
localement, de calibre 7.92x107mm, aux capacités antichars correctes
pour l'époque, puisque capable de percer 33mm de blindage à
100 mètres, donc largement suffisant pour trouer la cuirasse
des chars germaniques de l'époque.
Le canon antichar polonais standard était l'excellent Bofors
de 37mm, aligné par de nombreux états, et produit sous
licence en Pologne, sous l'appelation wz.37 (la version suédoise
importée étant dénommée wz.36).
Ce canon, disponible en nombre (plus de 1380), se révèla
mortel pour tous les véhicules allemands aux distances usuelles
de combat, et équipait, sous des versions spécifiques,
les principaux blindés polonais.
Ce
véhicule de transport construit à 150 exemplaires et basé
sur le chassîs du char 7TP, offrant donc des performances tous-terraines
élevées par rapport aux tracteurs classiques semi-chenillés
ou à roues.
Forces
Blindées :
Justement,
côté forces mécanisées, la Pologne fit de
grands efforts à la fin des années 30 pour constituer
une force blindée moderne et efficace, et construite sur le sol
polonais ; cependant, la plupart des projets de modernisation du parc
blindé n'auraient été terminés que courant
1941-42, où la production en série aurait débutée,
mais l'Histoire en voulu autrement, et en septembre 1939, le principal
char de combat est le 7TP, un véhicule basé sur le Vickers
Mk.E (acheté à raison de 38 machines à Vickers
avant l'achat de la licence). Le 7TP est globalement semblable au Mk.E
de Vickers, mais comporte un moteur diesel plus puissant, une meilleure
protection, et quelques modifications. 132 sont produits en série
: 108 mono-tourelles, avec un canon wz.37 de 37mm (copie du Bofors),
et 24 comportant deux-tourelles munies de deux mitrailleuse Ckm wz.30.
Les 7TP à armement antichar furent répartis en deux Régiments
de Chars, à raison de 49 exemplaires chacun : alors que la 1er
Régiment est placé en réserve stratégique
au nord, le second régiment fait partie de l'Armée Lodz
(les derniers éléments de cette unité franchissent
la frontière roumaine le 17 septembre, alors que les reste du
1er Régiment se rend aux forces allemandes le 21 après
avoir détruit son matériel). Deux Compagnies de Chars
sont formées pour la défense de Varsovie, la première
comportant 11 chars à deux tourelles (qui subiront de lourdes
pertes de part l'absence d'armement antichar), la seconde 11 chars monotourelles.
Ces unités tentèrent de forcer un passage jusqu'à
l'Armée Poznan, encerclée après la bataille de
Bzura, et subirent de lourdes pertes, essentiellement dûes aux
attaques aériennes, mais parvirent à bloquer plusieurs
attaques allemandes et à forcer le passage face à celles-ci.
Durant la campagne, le 7TP se montra, grâce à son excellent
canon, capable de prendre à parti tous les chars allemands, Panzer
IV compris, mais son blindage trop faible le rendit vulnérable
aux fusils antichars allemands et aux bombardements aériens.
Les tankistes polonais réussirent plusieurs fois à casser
l'avancée allemande, et montrèrent un courage indéniable
face à la Wehrmacht et son matériel, nettement plus nombreux
et mieux organisé. Les derniers 7TP furent sabordés le
27 septembre lors de la reddition de Varsovie.
En 1938, afin de pallier à la faible production du 7TP, et surtout,
des travaux 10TP et 17TP, futurs chars moyens standards, encore en cours
et loin d'être prêts, l'Armée polonaise décida
d'acheter des blindés à la France, partenaire militaire
et alignant à l'époque une grande variété
de blindés de qualité. 2 Renault R-35 furent achetés
à des fins d'essais, mais furent jugés trop lents, et
inaqéquats pour équiper des bataillons de Chars ; cependant,
la France refusant de vendre le SOMUA S-35, la Pologne fut contrainte
d'acheter 100 R-35, ainsi que 3 Hotchkiss H-35 (à des fin d'essais).
Seuls 49 R-35 parvinrent en Pologne à temps, où ils furent
ventilés entre le 21ème Bataillon de Chars et la 10ème
Compagnie Mécanisée ; lors de l'invasion soviétiques,
ils furent coupés du reste de l'Armée, et 30 R-35 traversèrent
la frontière pour se réfugier en Roumanie, le reste des
chars tentant de s'opposer à la marche soviétique.
La seconde livrée de R-35 n'arriva jamais en Pologne.
En date du 1er septembre 1939, 102 FT-17 étaient encore en service,
ainsi qu'un certain nombre d'automitrailleuses datant du Premier conflit
Mondial et de la Guerre russo-polonaise de 1920.
Automitrailleuse wz.34, armée d'un canon de 37mm
SA-18 Puteaux et d'une mitrailleuse Hotchkiss.
Ces autos, aux performances routières et, surtout, tous-terraines
limitées, subiront de lourdes pertes face aux automitrailleuses
allemandes telle la SdKfz 231, plus lourdes, plus véloces, et
surtout, armées de canons de 20mm à tir rapide.
En
plus de ces véhicules blindés, l'Armée polonaise
alignait une centaine d'automitrailleuses de reconnaissance, modèles
wz.34 et wz.29, munis de mitrailleuses Hotchkiss et un canon court SA-18
Puteaux de 37mm ; si l'armement et protection de ces autoblindées
s'avèrent suffisants (pour un véhicule de reconaissance
bien sur), la mobilité, notamment en tout-terrain, était
très mauvaise, et les mécaniques peu fiables.
Cependant, les ateliers polonais mirent au point une tankette nationale
basée sur la Carden-Lloyd Carrier britannique, la tankette TK,
blindée faiblement (8mm) et armé d'une mitrailleuse Hotchkiss.
Une version améliorée, la TKS, fut rapidement mise au
point, et sur le total de 575 chenillettes produites (TK et TKS confondues),
seules 24 furent armées avec des canons antichars légers
de 20mm.
Ces chenillettes constituent la principale force blindée de l'armée
polonaise en 1939. Avec un blindage faible et une seule mitrailleuse
comme armement, tout combat antichar est interdit aux TK/TKS, bien que
le ré-armement avec la pièce de 20mm, aux performances
antichars respectables, aurait pu rétablir un certain équilibre.
Affrontant des blindés allemands mieux armés, les unités
dotées de ce type de chenillettes subirent de lourdes pertes.
Néanmoins, les chenillettes TK se révélèrent
efficaces en tant que véhicule de reconnaissance, ou de soutien
d'infanterie, à condition bien sur que l'ennemi n'aligne pas
de pièces antichars.
Au total, l'armée polonaise aligne 322 blindés le 1er
septembre 1939 (dont 102 FT-17 obsolètes), entre 90 et 95 automitrailleuses
récentes, et 575 chenillettes. Rajoutons à cela les tracteurs
chenillés C2P (196 exemplaires), produits sur châssis de
TKS, et C7P (151 exemplaires), produits sur châssis de char 7TP
; ces deux tracteurs offrent de très bonnes capacités
pour 1939, et permettent de motoriser une partie de l'artillerie et
le Génie polonais.
En
mai 1940, plus de 80 000 soldats polonais (dont certains reviennent
des opérations en Scandinavie) sont stationnés en France,
formant 3 divisions complètes.
La
cavalerie prend une place important au sein de l'armée, et aligne
un matériel nombreux, et des milliers de cavaliers, qui se révélèrent
bien plus efficaces que l'ont ne pourrait le croire ; ce corps d'élite
entraîné parvint à plusieurs reprises à repousser
l'infanterie allemande à découvert lors de rares charges.
Pouvant être rajouté au chapitre des blindés, l'armée
polonaise possède une dizaine de trains blindés en septembre
1939, des trains qui se révèleront être de véritables
"plaies" pour les forces allemandes puisque négligés
par les stratèges germaniques : s'ils se révèlent
assez sensibles aux attaques de la Luftwaffe, ces trains seront très
difficiles à détruire au sol, et harcelèrent les
troupes allemandes, notamment durant la Bataille de Morza, où
pas loin d'une vingtaine de chars allemands et autant de véhicules
seront mis hors de combat par un seul train blindé (composé
d'une locomotive blindée, deux wagons d'artillerie et un wagon
d'infanterie) arrivé en renfort.
...ou
a alors été dynamité par des sapeurs d'un des deux
camps ... en tout cas, il reste peu de cette machine, la plus puissante
de l'arsenal allemand à cette époque. Malgré la
vitesse de la campagne de Pologne, ce ne fut pas une promenade de santé,
notamment pour les blindés, qui étaient le fer de lance
allemand !
L'artillerie
:
Côté artillerie, la majeure partie du matériel aligné
est d'origine française ou tchèque, consistant notamment
en près de 1350 pièces de 75mm, dénommé
wz.97 localement, 254 pièces Schneider de 105mm (wz.13), 340
pièces de 155mm (wz.17), et 43 pièces De Bange de 120mm
; d'origine tchèque, plus de 900 pièces Skoda de 100mm
sont alignées, ainsi que 24 pièces lourdes Skoda de 220mm.
466 canons de 75mm Mdle 1902 russes sont disponibles, ainsi que 24 canons
de montagne de 65mm (wz.07), équipant les troupes de montagne
polonaises.
Armes
rassemblées après la reddition de la place forte de Varsovie
(le Gouvernement polonais s'exila en Roumanie le 17 septembre, la ville
tombe le 28), parmi lesquels des fusils, mitrailleuses, casques, canons
AC ...
Pour
l'époque, l'Armée polonaise dispose d'un armement anti-aérien
assez conséquent, bien qu'il n'ait pas pu montrer son potentiel
sur le terrain ; 314 pièces de 40mm Bofors sont disponibles (construites
sous licence), ainsi que 84 pièces Schneider de 75mm 97/25 et
72 pièces de 75mm wz.37ST
En outre, 12 pièces AA Schneider de 75 sont installées
sur châssis De Dion-Bouton, la seule force AA auto-propulsée
de l'arsenal polonais.
Le mortier d'infanterie standard est le Granatnik wz.36 de calibre 46mm
et d'une portée de 100 à 800 mètres.
Rajoutons que 21 pièces de 37mm wz.38 furent produites par les
arsenaux polonais : il s'agit d'une variante "forteresse"
du wz.37 (copie du Bofors sous licence), dont au moins plusieurs exemplaires
furent installés.
Le
casque réglementaire wz.31 (visible sur les autres clichés)
se révèla trop "lourd" pour les troupes mécanisées,
qui lui préférèrent, en mesure temporaire, le casque
M1918 Stahlhelme allemand du Premier conflit mondial, encore disponible
dans certains stocks. Ici, une équipe de servant de canon AC
de 37mm de la 10ème Brigade de Cavalerie Motorisée.
Notons,
afin de conclure, que l'armée polonaise, à l'orée
du second conflit mondial, aligne un matériel moderne, bien que
limité en nombre, et parfois par des tactiques dépassées,
mais contraintes, les grands projets novateurs des ateliers polonais
étant brusquement arrêtés par l'invasion allemande.
Signalons notamment le projet 10TP (posté dédié
dans la section véhicule du forum), puis 14TP, deux projets prometteurs
de chars moyens, bien armés et blindés, avec une suspension
Christie, ou encore le pistolet-mitrailleur Mors, dont seulement 39
exemplaires seront produits avant la chute de Varsovie.
Les forces
armées polonaises étant en déroute, certaines unités,
isolées du reste de l'Armée et ayant été
informées de l'attaque soviétique tentèrent de
passer la frontière roumaine afin d'échapper à
la capture, la Roumanie étant le seul état limitrophe
"neutre" pour la Pologne, la Slovaquie étant aux côtés
des Allemands. Plusieurs unités y parvirent, mais à partir
du 20 septembre, les forces russes tentent et parviennent, malgré
une résistance forte, à bloquer les grands accès
à la frontière.
L'armée
polonaise aligne une certaine quantité de matériel d'origine
étrangère, mais dont la majorité est produit localement,
grâce à l'achat de licences auprès de Bofors, Browning,
la Fabrique Nationale .. etc.
Les versions polonaises sous-licence des armements cités ne diffèrent
peu voir pas du tout, tout en étant alignées en nombres
à l'orée de la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, la Pologne
cherche réellement à acquérir une autonomie, une
"indépendance" vis-à-vis des fabriquants étrangers,
ce qui peut être considéré comme chose faite en
1939. Les avantages d'une économie militaire auto-suffisante
sont nombreux, mais également coûteux ; pour rentabiliser
les achats de licences, la Pologne va chercher à exporter son
matériel militaire, au même titre que la Tchécoslovaquie
voisine. Avec les nombreux projets de l'armée polonaise, peut-être
que celle-ci aurait été prête à affronter
ses voisins quelques années plus tard, non pas en 1939 mais en
1942 !
Sources
:
http://www.ww2incolor.com