La chute des États baltes : de Narwa à Memel
Par Antoine Merlin

Obersturmbannführer Alfons Rebane
(1908-1976) )

Cet article retrace les opérations militaires s’étant déroulées entre le 1er février 1944 (date à laquelle l’Armée rouge, ayant récemment libéré Leningrad de son long siège meurtrier, arrive à la frontière estonienne de 1939) jusqu’en janvier 1945, quand de nombreuses unités allemandes sont enfermées dans la « Poche de Courlande », et quand, à part cette poche, la totalité des États baltes sont sous contrôle soviétique, après d’âpres combats, et malgré une résistance acharnée, qui perdurera sous forme de « maquis » jusqu’au début des années 50 !

Organigramme allemand de février 1944 :

XXVI Armee Korps
SS-Obergruppenführer Anton Grasser

11. ID
58. ID
214. ID
225. ID

XXXXIII Armee Korps
SS-Obergruppenführer Karl von Oven

61. ID
170. ID
227. ID
Feldherrnhalle Panzergrenadier Division (déplacée par la suite).

III. SS-Panzer Korps
SS-Obergruppenführer Felix Steiner

11. SS Panzergrenadier Division «Nordland» (volontaires européens, essentiellement scandinaves ou finnois).
4. SS Panzergrenadier Brigade «Nederland» (volontaires néerlandais).
20. SS Division «Estland» (volontaires estoniens).

Autre unités :

2. et 3. Bataillons de police estoniens.
Régiment estonien «Reval».
Divers bataillons de gardes-frontières et de police estoniens.
752.PzJäg-Bat
502.sPz-Abt

La présence de plusieurs divisions au sol de la Luftwaffe (9ème, 10ème et 12ème Luft-Divisionen) est datée du 1er Janvier 1944 (OdB de la 18. Armee, comprenant les L. et LIV. Armee-Korps).
Soit environ : 123 540 soldats, 32 chars (Tigers I de la 502. SPz-Bat), 137 appareils en état de vol.

Organigramme soviétique :

2ème Armée
Lieutenant General Ivan Fedyuninsky

43ème Corps de Fusiliers - Major General Anatoli Andreyev
109ème Corps de Fusiliers - Major General Ivan Alferov
124ème Corps de Fusiliers - Major General Voldemar Damberg

8ème Armée
Lieutenant General Filip Starikov

6ème Corps de Fusiliers - Major General Semyon Mikulski
112ème Corps de Fusiliers - Major General Filip Solovev

59ème Armée
Lieutenant General Ivan Korvnikov
117ème Corps de Fusiliers - Major General Vasili Trubachev
122ème Corps de Fusiliers - Major General Panteleimon Zaitsev

Autres détachements :

8ème Corps de Fusiliers Estonien - Lieutenant General Lembit Pärn [17]
14ème Corps de Fusiliers - Major General Pavel Artyushenko
124ème Division de Fusiliers - Colonel Mikhail Papchenko
30ème Corps de Fusiliers de la Garde - Lieutenant General Nikolai Simonyak
46ème, 260ème and 261ème Régiments de Chars lourds de la Garde
1902ème Régiment indépendant d’artillerie motorisée
3ème Corps d’artillerie de choc - Major General N. N. Zhdanov
3ème Corps Blindé de la Garde

Soit environ : 200 000 soldats, 2 700 canons d’assaut et chars (dont 100 chars lourds appartenant au 3ème Corps Blindé), plus une couverture d’environ 800 appareils des VVS. Le nombre de pièces d’artillerie est estimé à 1 500


Waffen-SS attendant l'ennemi dans leurs tranchées, février 1944 (DR)

Le Front de Narwa.

Le 1er février 1944, l’Armée rouge atteint les frontières de l’Estonie après la grande offensive lancée le 14 janvier. Le feld-maréchal Walter Model est nommé commandant du Groupe d’Armées Nord ou du moins de ce qu’il en reste.

Après l’effondrement du Front de Leningrad, les Allemands ont stabilisé une nouvelle ligne défensive le long des berges de la rivière Narwa, qui depuis toujours représente la frontière historique et géographique entre l’Estonie et la Russie. C’est précisément sur ce fleuve que le commandement allemand a décidé de stopper l’offensive soviétique.

La 20ème Division estonienne de la SS passe sous le commandement du IIIème SS-Panzerkorps de Félix Steiner, comprenant la 11ème SS-Division Nordland et la SS-Brigade Nederland. Les unités estoniennes sont positionnées au sud, en protection du flanc méridional du dispositif défensif allemand.
Les attaques russes débutent le 2 février mais sont toutes repoussées au prix de lourdes pertes des deux côtés. Pendant deux semaines successives les attaques continuent et de nouveaux combattants sont engagés dont les unités estoniennes.

Entre le 14 et le 16 février, le 1er Bataillon du 45ème Régiment de la 20ème SS-Division Estland, conduit par le SS-Hauptsturmführer Harald Riipalu, lance une contre-attaque pour repousser une pénétration des forces soviétiques qui ont traversé le lac Lammijarv proche de Meerapalu. Complètement prises par surprise les unités soviétiques sont massacrées sous le feu et l’impétuosité des Estoniens et laissent sur place plus de deux milles tués.

À partir du 24 février, toutes les unités de la 20ème SSDivision Estland sont engagées dans la contre-offensive générale contre la tête de pont soviétique le long du front de Narwa.
Le 2ème Bataillon du 46ème Régiment sous les ordres du SS-Hauptsturmführer Rudolf Bruus détruit les unités soviétiques qui tiennent la tête de pont de Riigiküla.


Carte des opérations, correspondant aux opérations menées du 10 février au 23 avril 1944 (état-major soviétique)… les poussées soviétiques tant au nord qu’au sud de Narwa sont contrées par les défenseurs, avec de lourdes pertes des deux côtés, mais globalement, c’est une victoire défensive allemande. Les tentatives soviétiques de mars (voir plus loin) sont également un échec, malgré de lourds bombardements tant aériens que d’artillerie.

Harald Nugiseks

Le 1er Bataillon de ce régiment, sous les ordres du SSObersturmbannführer Erwin Meri, est engagé quant à lui contre des unités ennemies positionnées entre Vaasa et Vepsaküla : l’infanterie russe ayant réussi à effectuer quelques pénétrations entre les positions allemandes.
Les Hollandais du bataillon du Génie de la Division SS Nordland parviennent à colmater ces brèches après de furieux combats et réussissent à repousser les Soviétiques sur la rive orientale.
Peu après, suite à une nouvelle attaque massive, les Russes reprennent pied sur la rive occidentale du fleuve à Ssivertsi, menaçant ainsi le nord des positions allemandes à Narwa. Le commandement allemand envoie alors sur place toutes les unités encore disponibles de la Division SS Nordland. Il s’ensuit de durs combats au corps à corps dans le cimetière de Ssivertsi qui change de mains à plusieurs reprises. Les combats se déplacent finalement dans le village où les Russes ont réussi à renforcer leurs positions. Les combattants de la Division SS Nordland, ayant besoin de renforts, voient finalement arriver des volontaires SS estoniens organisés dans un petit groupe de combat sous les ordres du SS-Unterscharführer Harald Nugiseks (chef de la 1ère Compagnie du 1er Bataillon du 46ème Régiment SS estonien). Ce n’est qu’après de violents et sanglants affrontements que les unités russes de la rive occidentale de la Narwa sont encerclées et anéanties.
Pour cette action, Harald Nugiseks, âgé de 22 ans, reçoit la Croix de Chevalier et est mentionné dans la revue allemande «Signal».

Défense désespérée.

Défaits sur le champ de bataille, les Russes tentent de faire peser leur supériorité en matériels et en hommes pour retourner la situation militaire en leur faveur.
Dès le début du mois de mars, l’artillerie et l’aviation soviétiques commencent à pilonner Narwa ainsi que les positions allemandes autour de la ville. Un déluge de feu et de flammes réduit la cité en un tas de décombres. Puis ils reprennent leur attaque avec infanterie et formations blindées, ne réussissant qu’à ouvrir de petites brèches dans la ligne de défense allemande.

Communiqué des Forces Armées allemandes du 9 mars 1944.

« Au sud-ouest de Narwa, notre contre-attaque continue de gagner du terrain et à briser la résistance ennemie.
La 20ème Division SS estonienne, sous les ordres du Commandant Augsberger, appuyés par les volontaires allemands du SS-Panzerkorps, a détruit la tête de pont ennemie sur le fleuve Narwa après de durs combats qui ont infligé de lourdes pertes aux Soviétiques. »

Communiqué des Forces Armées allemandes du 11 mars 1944.

« Au nord du Front oriental, les Bolcheviques ont attaqué au nord-ouest de Narwa, dans la zone d’Ostrov, à Pleskau et à Narwa, avec de très importants effectifs d’infanterie appuyés par des chars et par des chasseurs-bombardiers. Une tentative de rompre notre ligne de défense a échoué face à la forte résistance offerte par les unités de l’armée, de la Waffen-SS et des volontaires estoniens. Les pénétrations locales ont été immédiatement anéanties. L’ennemi déplore la perte de plus d’une centaine de chars… ».

Le 17 mars les Russes attaquent tout le long du Front de la Narwa avec vingt divisions et un appui massif de blindés et d’aviation, sans toutefois réussir à briser un tant soit peu la résistance allemande. Le 7 avril, les Allemands contre-attaquent en direction de la tête de pont de Auvere. À ces opérations prennent part également les unités du 47ème Régiment de la Division SS Estland.

En juillet, les attaques soviétiques en Carélie sur le Front finlandais amènent la Finlande à la capitulation, et le Front estonien se trouve encore plus menacé. C’est ainsi que la décision est prise d’abandonner la ville à l’ennemi, après des mois de résistance acharnée et héroïque.

Juillet 1944, Tannenberg, Prise de Narwa

La décision est prise de déplacer plus à l’ouest le IIIème SS-Panzerkorps, à environ vingt kilomètres de Narwa près de Siminaed, le long d’une nouvelle ligne défensive appelée Tannenbergstellung sur la route Narwa-Riga.


Carte des opérations sur la Ligne «Tannenberg» lors du début de l’offensive soviétique, entre le 26 et le 29 juillet 1944:profitant de l’opération Bagration contre le Groupe d’Armées centre, l’Armée rouge, étant au courant du départ de plusieurs unités allemandes du front de Narwa, décide d’enfoncer les lignes allemandes au même moment. Suite à une lourde préparation d’artillerie et aérienne, 3 divisions de fusiliers soviétiques, soutenues par deux régiments de chars, s’élancent contre les lignes allemandes ; ces combats furent par la suite dénommés «bataille de la Waffen SS européenne», en effet, la moitié des effectifs (sur un total de 22 300 hommes) sont estoniens, et les autres bataillons sont composés de Flamands, Néerlandais, Danois, Suédois, Wallons…
Au total, très peu de soldats «allemands» !



Le dispositif défensif allemand vient s’appuyer sur les Montagnes bleues, une série de trois collines appelées Orphelinat (Kinderheim), Grenadier (Grenadier) et 69.9 (ou colline de l’amour) Les volontaires estoniens et deux compagnies du bataillon de pionniers de la Division SS Nordland prennent position sur les collines Grenadier et 69.9.
Fin juillet les Russes commencent à lancer des assauts contre la nouvelle ligne de défense allemande.

Sur la colline «Grenadier» les volontaires estoniens se battent valeureusement en repoussant les unes après les autres toutes les attaques ennemies, bien que chaque bataillon estonien doive affronter une division soviétique entière. Les jours suivants, après que la Luftwaffe ait durement frappé les positions soviétiques, les Russes lancent une nouvelle attaque qui inflige de lourdes pertes à toutes les unités, déjà très affaiblies, du IIIème SS-Panzerkorps allemand. Une autre tentative soviétique de prendre de flanc les forces allemandes en direction de Auvere est stoppée par les volontaires estoniens du 1er Bataillon du 45ème Régiment de la Division SS Estland, sous les ordres du SS-Sturmbannführer Paul Maitla, et par le bataillon de fusiliers (ex Narwa), sous les ordres du SSHauptsturmführer Hando Ruus (le seul Estonien à être décoré de la Croix allemande en or).

Du 26 juillet au 10 août, le 45ème Régiment estonien se bat de manière ininterrompue sur la colline «Grenadier», perdant malheureusement entre 50 et 60 % de ses effectifs. Mais les volontaires blessés et tous ceux qui peuvent encore tenir une arme continuent de se battre contre les assauts des unités soviétiques. Pour témoigner de leur reconnaissance, les Allemands décerneront à Riipalu et Maitla la Croix de Chevalier.

Communiqué des Forces Armées allemandes du 1er août 1944.

« À l’ouest de Narwa, l’ennemi n’a pas pu poursuivre la poussée de son offensive à cause des lourdes pertes subies les jours précédents. Le IIIème SS-Panzerkorps allemand, sous les ordres du SS-Obergruppenführer et Général der Waffen-SS Steiner, avec la Division SS Nordland, la Brigade SS Nederland, la 20ème Division SS estonienne, la 11ème Division d’infanterie et toutes les autres unités, a défendu vaillamment le Front.»

Les 22 000 hommes du groupe «Narwa», avec 7 Panthers, une soixantaine de StuGe, environ 80 pièces d’artillerie, et 49 appareils en état de vol parviennent à repousser pendant plus de 10 jours 136 000 soldats soviétiques, ces derniers déclarant la perte de 157-159 chars sur un total de 286 avant le début des opérations, le 25 juillet (plus environ 45 chars d’assaut).

Les Soviétiques doivent faire face à une résistance acharnée, d’une rare violence, de la part des WaffenSS… Ces derniers utilisent tout ce qui est en leur possession (Panzerfaust, mines, explosifs, canons antichar…) pour arrêter les chars soviétiques. Le manque de munitions oblige parfois les soldats SS à ramasser les armes soviétiques des soldats tombés. Les 70-80 pièces d’artillerie allemandes tirent le maximum d’obus sur les positions ennemies, certains observateurs allemands n’hésitant pas à faire tirer les pièces sur leur propre position une fois entourée de troupes ennemies.

Comme dit ci-dessus, la résistance fanatique des soldats SS donnera lieu à de nombreuses récompenses, et plusieurs citations à l’ordre du jour dans les journaux de propagande et sur les rapports d’Hitler.
1 700 hommes environ tués du côté allemand, plus 700 disparus, et 7 500 blessés, et ce, en perdant une grande partie des appareils disponibles (essentiellement des Ju 87 Stuka) ; les Soviétiques perdent environ 35 000 hommes (morts et disparus) et 135 000 blessés, ces derniers chiffres n’étant que des estimations basées notamment sur le pourcentage d’hommes valides en date du 7 août 1944 (date d’arrêt de l’offensive) par rapport au total du 25 juillet (en prenant en compte que les Soviétiques firent parvenir de nombreux renforts).

Les archives russes ne semblent pas avoir encore donné de chiffres exacts. Pourtant, la bataille de Tannenberg n’est qu’un «épisode« de l’offensive soviétique, qui est lancée à la fois au nord et au sud du dispositif allemand, et qui, malgré de lourdes pertes, est considérée comme une victoire russe, la ville de Narwa étant prise le 26 juillet, obligeant les Allemands à reculer en Estonie, se rapprochant de Tallin. Sur les 35 000 soldats alignés, les pertes s’élèvent à 2 500 pour les Allemands… mais ceux-ci perdent la «Festung» Narwa ; côté soviétique, les pertes sont de 4 600 (morts et disparus) et 18 000 blessés. Les objectifs ne sont qu’à moitié remplis : la ville de Narwa est bel et bien prise, les Allemands reculent, mais le Groupe d’Armées Nord n’est en aucun cas anéanti, comme prévu, et les Allemands parviennent à s’accrocher sur plusieurs lignes de défense, notamment dans le secteur de Sinimäed, menant aux opérations actuellement connues sous le nom de «bataille de Tannenberg». Les dernières avancées cessent le 10 août, pour des gains relativement faibles et le groupe d’Armées Nord est peu «entamé».


Carte des opérations autour de Narwa entre le 25juillet et le 10 août 1944 (rappelons que la bataille dite «de Tannenberg» se déroule conjointement avec les 201ème et 256ème Divisions de Fusiliers [plus de nombreux appuis] du 26 juillet 1944 au 6 août).

Manœuvres soviétiques de contournement

Pendant que les combats se poursuivent dans les Montagnes bleues, les Russes engagent une manœuvre de contournement au sud, en direction de la Lettonie et de l’Estonie. L’offensive soviétique a pour objectif Riga, la capitale de la Lettonie, afin de couper en deux le dispositif défensif allemand dans les Pays baltes.
Traversant le fleuve Narwa au sud du lac Peipus et de la ville de Pleskau, les Russes remontent au nord pour prendre à revers les forces allemandes d’Estonie septentrionale. Ils prennent Petseri le 11 août et Voru le 13 août. À Sangaste, un groupe blindé soviétique est repoussé par un régiment estonien de gardesfrontières.
Afin d’éviter que le IIIème SS-Panzerkorps soit pris au piège, le commandement allemand ordonne le repli de la ligne Tannenberg pour établir une nouvelle ligne défensive le long de la voie ferrée Pleskau-Jacobstadt, avec au centre la ville de Tartu (Dorpat). Précisément à Tartu, une contre-offensive est organisée pour mettre un terme à la retraite des troupes allemandes vers la Lettonie et pour contenir l’assaut soviétique lancé au sud du lac Peipus.
Le IIIème SS-Panzerkorps doit intervenir avec un groupe de combat sous les ordres du SSBrigadefûhrer Jurgen Wagner, appuyé par les derniers Panther et Sturmgeschütz du bataillon blindé de la Division SS Nordland.
Il y a aussi des volontaires hollandais, flamands et des Estoniens de la Omakaitse armés de vieux fusils.
Le 25 août commence la bataille pour Dorpat (Tartu en estonien).


Obersturmbannführer Alfons Rebane. 1908-1976 (DR) Officier de réserve dans l’armée estonienne lors de l’invasion par les troupes soviétiques, emprisonné, évadé, il commande un groupe de partisans résistant à l’occupant russe.
Il rejoint la Wehrmacht lors de l’arrivée des allemands en 1941 puis la 20ème SS division «Estland» lors de sa création au début de 1944.

Les Russes sont arrêtés par un groupe de combat, sous les ordres du SS Obersturmbannführer Rebane, et par les SS wallons de Degrelle. Les volontaires européens réussissent à contenir l’offensive russe pendant toute une journée, à la fin de laquelle la ville finit par tomber aux mains des Soviétiques. Les combattants se positionnent plus au nord. le 3ème Bataillon du 46ème Régiment SS estonien, sous les ordres du SS-Hauptsturmführer Voldemar Parlin, stoppe les Russes à l’intérieur de Pupatsvere, avec des pertes considérables, trente quatre tués et cent trente six blessés. À l’issue de ce combat quarante quatre Croix de Fer sont distribuées. Cette offensive soviétique permet la capture de Tartu, le 26 juillet 1944, et l’établissement de têtes de pont dans la région… dès le 3 septembre 1944, les Allemands et les Estoniens contre-attaquent, parvenant à atteindre la banlieue nord de Tartu, mais sans réussir à prendre la ville, bloqués notamment par les 128, 291 et 321ème Divisions de Fusiliers soviétiques. Néanmoins, les Soviétiques ne parviennent pas à avancer vers l’ouest, et une prise rapide de l’Estonie n’est pas possible, malgré les efforts. Outre les lourds dégâts causés à la ville de Tartu (notamment son Université, très reconnue), les Allemands/Estoniens perdent environ 20 000 hommes (blessés, morts et disparus), et les Soviétiques 70 000 hommes (dont 13 000 morts).


Carte des opérations dans les États baltes, correspondant à «l’offensive de la Baltique»,
entre le 14 septembre 1944 et le 24 novembre 19

Évacuation

L’offensive soviétique se poursuit sans interruption : ses trois objectifs principaux sont Reval au nord, Pernau au centre et Riga au sud. Le 4 septembre, les Finlandais concluent un armistice avec les Russes, compliquant la situation militaire sur le Front balte.
Le 10 septembre, le SS-Obergruppenführer Felix Steiner doit se rendre au Quartier Général de Hitler à Rastenburg. Le Führer lui ordonne d’abandonner l’Estonie et dans le même temps de stabiliser une tête de pont à Reval pour permettre l’évacuation par la mer de toutes les forces allemandes quittant le Front estonien.
L’opération d’évacuation de Tallin par la mer continue jusqu’au 22 septembre quand les derniers navires allemands lèvent l’ancre avec à bord soldats et civils, grâce au sacrifice des volontaires européens et aux Waffen-SS estoniens. En peu de jours la Kriegsmarine réussit à évacuer plus de 80 000 soldats avant que la ville tombe aux mains des Russes. 43 000 soldats estoniens et 24 000 civils abandonnent leur propre patrie pour se réfugier en Allemagne. Certaines unités estoniennes, surtout celles de Omakaitse, préfèrent rester combattre jusqu’à la fin, se sacrifiant dans une ultime défense de leur Nation. Environ 30 000 soldats estoniens restent cachés dans les forêts pour reprendre la guérilla contre les forces d’invasion soviétiques. Le 23 septembre, le port de Pernau tombe à son tour aux mains des Soviétiques après avoir été défendu pendant trois jours par les volontaires hollandais de la Brigade SS Nederland. Les unités du IIIème SSPanzerkorps et les unités de la 20ème Division SS estonienne se retirent vers Riga, engageant immédiatement de durs combats contre les avantgardes soviétiques au sud-est de la ville.

Invasion de la Lettonie

Laissant la 227ème Infanterie-Division et quelques unités secondaires défendre la ville de Riga, le gros des forces allemandes se replie en Courlande, dynamitant les ponts et voies ferrées derrière lui, ce qui mène aux combats dans la poche de Courlande jusqu’en mai 1945. La ville de Riga est prise entre le 10 et le 12 octobre, pour être entièrement sous contrôle le 13, et le 17 octobre les dernières forces allemandes sont repoussées.


Malgré la séparation entre le Groupe «Narwa» (évacué depuis les ports estoniens) et le reste du Groupe d’Armées «Nord», les Soviétiques ne parviennent pas à anéantir les deux fronts allemands, bien qu’ils prennent Tartu, Tallin, Riga, aboutissant à la réoccupation soviétique de l’Estonie, d’une grande partie de la Lettonie, et plus au sud, d’une partie de la Lituanie. Entre le 27 septembre et le 24 novembre 1944, les îles, notamment dans le Golfe de Riga, sont prises par les Soviétiques, après des débarquements amphibies réussis.

Invasion de la Lituanie

En Lituanie, le 3ème Front de Biélorussie lance une offensive contre la 4ème Armee et la 5ème PzDiv. (reclassée comme XXXIX. Panzer-Korps) et la 3ème Panzer-Armee (WXXVI. Armee-Korps et quelques unités affectées à la défense de Vilnius) ; les 33, 31, 39 et 5ème Armées lancent l’offensive le matin du 5 juillet 1944, avec la 5ème Armée Blindée de la Garde et la 11ème Armée de la Garde, bien que ces unités soient déjà en action lors des offensives sur et dans la région de Minsk.
La ville et sa garnison (dont de nombreux Waffen-SS et des soldats de la Brigade Kaminski) sont encerclées entre le 7 et 8 juillet, et doivent s’appuyer sur des défenses datant de la Première Guerre mondiale.

L’aérodrome de la ville, défendu par des éléments du 16ème Régiment de Parachutistes (Luftwaffe) est pris le 10 juillet, pendant que les unités soviétiques s’approchent du centre-ville, face aux PanzerGrenadiere 399 et à l’Artillerie-Regiment 240 de la 170ème Infanterie-Division, ainsi que des éléments de la 256ème ID. Le 12 juillet, les éléments non-encerclés de la 3ème Panzer-Armee, et de la 6ème Panzer-Division contre-attaquent à l’est/sud-est de Vilnius, prenant à revers les forces soviétiques affaiblies par des semaines de combat, et n’ayant pas eu le temps de protéger leurs flancs. Au soir, la liaison est établie avec la garnison de Vilnius, et environ 4 000 hommes parviennent à quitter la ville avant que le couloir ne soit définitivement fermé le 13 juillet, durant l’aprèsmidi, par la 5ème Armée Blindée de la Garde ; 12 000 soldats sont néanmoins piégés dans la ville, répartis entre deux poches, dont les derniers combats ont lieu le 15 juillet, avant que les derniers hommes ne se rendent aux Soviétiques.

À noter que des soldats des forces de résistance polonaise tentent de bloquer la 6ème PzDiv, bien que les Soviétiques n’aient jamais pris en compte la tentative polonaise de bloquer les renforts allemands.
Durant la bataille, l’officier Karl Plagge (http://en.wikipedia.org/wiki/Karl_Plagge) tente de sauver les Juifs du camp de travail HKP 562, bien qu’un grand nombre aient été assassinés par la Waffen-SS avant l’arrivée de l’Armée rouge. Le même 3ème Front de Biélorussie (5ème Armée Blindée de la Garde en tête) lance une offensive en direction de Kaunas, autre grande ville lituanienne, le 28 juillet 1944, repoussant la 3ème Panzer-Armee (XXVI et IX Korps, et les restes de la 6ème PzDiv.), le flanc nord de la 4ème Armee (XXXIX. Panzer-Korps et 7ème PzDiv.), et les restes des divisions anéanties par l’opération Bagration. Le 1er août 1944, la 33ème Armée soviétique parvient aux premières maisons de Kaunas, la ville étant prise le lendemain.


Soldats allemands dans le secteur de Memel (actuellement Klaïpeda en Lituanie). (DR)

Les forces soviétiques continuent vers l’ouest, avançant de presque 50 kilomètres, avant de s’arrêter, le 29 août, affaiblies pour réorganiser leurs lignes de ravitaillement et passer à la défensive. Les Soviétiques mènent plusieurs offensives, notamment contre Memel et les ports lituaniens afin de séparer les Groupes d’Armées Nord et Centre, chose faite à la mi-octobre 1944, ce qui oblige les dernières troupes allemandes à s’organiser en Courlande (jusqu’à la fin de la guerre) et sur Memel (poche anéantie en janvier 1945 suite aux offensives en Prusse Orientale), malgré plusieurs tentatives allemandes de conserver un couloir entre les deux groupes d’Armées, notamment l‘opération «César», entre le 16 et le 27 septembre 1944 Cet isolement du groupe d’Armées Nord, composé essentiellement des 18ème et 16ème Armee, mène à la création de la «poche de Courlande», dans laquelle 200 000 soldats allemands et lettons sont bloqués jusqu’au 9 mai 1945… Hitler n’acceptera jamais de l’évacuer, pensant en faire une base de départ pour d’éphémères contre-offensives.


Carte des opérations dans les États baltes, correspondant à «l’offensive de la Baltique», entre le 14 septembre 1944 et le 24 novembre 1944.

Ces opérations, globalement connues comme «l’offensive de la Baltique», permettent aux Soviétiques de réoccuper les États baltes, et d’en faire des RSS (Républiques Socialistes Soviétiques) pendant presque 60 ans, malgré une dure résistance de la part des combattants baltes, notamment au sein de la Waffen-SS, durant toute l’année 1944. Ces combats, parmi les plus violents de la guerre, virent l’occupation de trois États, subissant une colonisation russe jusqu’en 1991, et encore considérée comme un traumatisme de nos jours. Actuellement, la «reconnaissance» des combattants Waffen-SS comme soldats baltes à part entière, considérés parfois comme «libérateurs», fait beaucoup de bruit, notamment vis-à-vis des associations de mémoire (Holocauste notamment).
Certains de ces évènements ont entraîné des «heurts» diplomatiques entre la Russie, qui aujourd’hui encore nie sa politique imposée dans les États baltes, et les gouvernements estonien, lituanien et letton. notamment vis-à-vis des associations de mémoire (Holocauste notamment).

Sources :
M. Afiero, Nordland : i volontari europei sul fronte dell’est,
Marvia Edizioni. M. Afiero, I volontari stranieri di Hitler, Ritter editrice.
W. Tiecke, Tragedy of Faithful : a history of the III° SS-panzer-Korps Fedorowicz Publishing.
Daniel Laurent, Volontaires Estoniens dans la Waffen-SS, in Bundesarchiv
http://en.wikipedia.org/wiki/Alfons_Rebane
http://www.antraspasaulinis.net
http://www.feldgrau.com
http://www.valka.cz
http://www.battlefield.ru

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