La Force Expéditionnaire Brésilienne
Par Émilien Pué

Insigne de la force aérienne brésilienne (FAB)

 

 

La plus importante raison pour laquelle le Brésil est entré dans la Seconde Guerre Mondiale est celle du bon voisinage avec le puissant voisin, les États-Unis, même si ce combat est contre le nazisme (et les dictatures fascistes en général) alors que le président brésilien Getulio Vargas (1) était lui-même un dictateur d’orientation fasciste et que le plus gros partenaire commercial du Brésil était l’Allemagne. Une autre raison est que selon le schéma du monde d’après-guerre des nazis, l’Asie devait appartenir au Japon, l’Amérique aux Etats-Unis et l’Europe à l’Allemagne, ce qui mettait le Brésil sous influence américaine, ce que ne voulait pas Getulio Vargas.
C’est ce qui l’a décidé à se placer aux côtés des américains en cas d’agression allemande.

Le Brésil est un point stratégique pour le bon déroulement des opérations en Europe et en Afrique du Nord.
Après Pearl Harbor, les relations diplomatiques furent coupées avec les puissances de l’Axe.
Plusieurs bases américaines furent implantées sur le territoire brésilien pour aider les avions, navires, hommes et matériels en partance pour l’Afrique du Nord, la plus grosse base américaine étant située à Recife. Pour cette raison, le Brésil a été surnommé le tremplin pour la victoire (Victoryboard). Les États-Unis ont envoyé des instructeurs pour entraîner les soldats brésiliens.
Ils ont aussi remplacé les matériels brésiliens, qui étaient obsolètes, en 1942.

Le Brésil a perdu des navires coulés par les U-boot basés au Chili et en Argentine. L’opinion publique en a été secouée, ce qui a entraîné la déclaration de guerre aux puissances de l’Axe en août 1942. A cette date, les Alliés n’ont pas enregistré de victoires significatives, tant sur le front Pacifique que sur le front Atlantique. Le Brésil est le seul pays d’Amérique latine à avoir envoyé des troupes combattre aux côtés des Alliés.

La mobilisation d’hommes pour former la Force expéditionnaire brésilienne (FEB), ainsi que la modernisation de son matériel et de son mode de combat a été due aux États-Unis. Cela a pris 2 ans pour que ces soldats et leur matériel soient jugés aptes à rejoindre le front. Après 1944, la FEB a rejoint les Alliés en Italie avec peu de temps pour un entraînement régulier, compensé par une bonne capacité d’adaptation aux dures conditions du terrain et du climat, honoré par le haut commandement Allié pendant la campagne d’Italie, beaucoup de brésiliens ont obtenu de hautes distinctions américaines.

La campagne

Dans les premiers jours de 1944, les premiers soldats brésiliens, 5081 hommes, quittèrent le Brésil à bord du Général Mann.
Ils arrivent à Naples, pour rejoindre l’US Task force 45. Le 22 juillet 1944, le Général Mann et le Général Meigs partent vers l’Europe avec les deuxièmes et troisièmes échelons, comptabilisant au total 10369 hommes.
Le quatrième échelon part fin novembre avec 4722 hommes et le cinquième avec 5128 hommes partit début février 1945, soit un total de 25 300 combattants.
Les premiers moments passés en Italie furent consacrés à acquérir leur nouvel équipement et à s’entraîner avec.
L’équipement brésilien était fourni par les Américains. Les troupes ont été envoyées à Tarquinia, à 350 kilomètres au nord de Naples à la base de la cinquième Armée, commandée par le général Mark Clark. Les pracinhas (2) sont incorporés dans le quatrième corps d’Armée, sous les ordres du général Crittenberger. Le 19 août, Churchill a rendu visite à la cinquième Armée à Cecina, où il a entendu parler que les pracinhas faisait partie de la Guard Honor. Une partie de son discours fut dédié aux pracinhas qui combattent aux côtés des Alliés en Italie.

Les troupes brésiliennes ont comblé le vide crée par le départ de plusieurs divisions de la cinquième Armée et des Français du général Juin, parties pour l’opération Anvil Dragoon. Cette action avec les troupes brésiliennes était une nécessité, et les Anglais et les Américains étaient issus du débarquement à Anzio. Le haut commandement de ces troupes était celui du quinzième groupe d’Armées Alliés, avec à sa tête le Général Mark Clark (Clark obtint le commandement de la cinquième armée américaine peu de temps avant la prise de Salerne, en Italie, en septembre 1943. En décembre 1944, il prit le commandement du 15th Army Group) et le général Crittenberger (cinquième Armée et quatrième Corps d’Armée US), le Maréchal Alexander (8è Armée Royale, GB) ensemble sous les commandants du FEB, général Eurico Dutra , général Mascarenhas de Moraes , général Zenobio da Costa et général Cordeiro de Faris (commandants de l’infanterie et de l’artillerie au sein de la FEB).

La Force Aérienne Brésilienne est un groupe de pilotes et de rampants entraînés aux Etats-Unis, le 1er GAvCA (1er groupe de combat), envoyés en Italie et groupés au sein du 350è groupe d’armée de l’air américaine de combat. Ces pilotes brésiliens forment un des 20 escadrons du 22è Air Tactical Command, volant sur des P-47D. Leur rôle était très important dans les actions terrestres des Alliés en Italie et les pilotes brésiliens étaient aussi très prisés pour leurs bonnes opérations air-sol. Beaucoup de pilotes étaient victimes de la flak lourde, certains furent abattus, capturés par les allemands et envoyés dans des camps de prisonniers en Allemagne.

Le 16 novembre, la FEB occupa Massarosa. Deux jours plus tard, ce fut le tour de Camaoire et d’autres petites villes plus au nord. Durant cette période, les GI’s brésiliens, ont crées le symbole de la FEB, consistant en un badge avec un serpent avec en fond les couleurs nationales (vert et jaune) avec une pipe dans la bouche. C’était une ironie pour répondre à un groupe contre l’entrée du Brésil dans la guerre, who avait l’habitude de dire qu’il était plus facile de voir un serpent fumer que de voir des troupes brésiliennes envoyé se battre sur le front.

En octobre, la FEB a conquis le mont Prano, qui contrôlait la vallée de la rivière Sercchio ainsi que Castelnuovo, avec les premières pertes significatives. Après ce mois, les troupes ont été envoyées dans la vallée du Reno. Cette région, aux pieds des Apennins, était une place ou la FEB allait passer les trois prochains mois, avec un très rigoureux hiver et une farouche résistance allemande dans les montagnes, dans les lignes Bernhard et Gustav, de fortes défenses construites par l’Axe pour retarder l’avance des troupes Alliés.
C’est là que les brésiliens ont eu affaire à une place forte, le mont Castelo. Fin novembre, plusieurs tentatives ont été faites pour déloger les allemands de cette colline, d’où ils pouvaient repérer tous les mouvements des troupes Alliées. La dixième division alpine américaine, tout juste formée a épaulée la FEB sur les 18 kilomètres de front, avaient la tâche de nettoyer le mont Belvedere des allemands qui étaient installés à son sommet. Les jours suivants, les Brésiliens se sont battus contre des allemands bien retranchés et cachés, avec des champs de mines, des embuscades, des nids de mitrailleuses et des jets de grenades et de mortiers.
Ce n’est finalement que le 21 février 1945 que les allemands furent rejetés du mont Castelo. Les pracinhas payèrent un lourd tribut dans cette bataille, mais il allait arriver des renforts.

Le 5 mai, la FEB entra dans Castelnuovo. Pendant ce temps, la grande offensive de printemps était en cours de préparation par le haut commandement du Général Crittenberger ainsi que celui de la FEB. C’était une opération à grande échelle (qui devait durer jusqu’à la fin de la guerre), s’étendant de la mer Adriatique à la mer Tyrrhénienne, et à laquelle toutes les divisions du front devaient prendre part.

L’attaque devait débuter part une attaque frontale, et la ville de Montese était l’objectif des GI’s brésiliens, avec la tâche de détruire l’artillerie allemande, qui devait causer de lourds dommages aux Alliés. La ville a été prise mais durant la nuit, les allemands ont lancé une contre-attaque, et les brésiliens ont eu de nombreuses difficultés et pertes pour repousser l’assaut, cela a été une page sanglante de la campagne d’Italie pour les brésiliens. A cette période, les allemands étaient occupés à regrouper leurs forces après s’être échappés par la route 64, la seule route traversant les Apennins.
La progression des Alliés était rapide et peu de jours plus tard, la ville de Parma fut prise. Plus tard, la FEB entra dans Bologne sans rencontrer de résistance. La FEB a pris Collechio sous le feu de l’artillerie allemande. Après avoir capturé beaucoup d’allemands, les forces brésiliennes se sont préparées à affronter une farouche résistance ennemie aux abords de la rivière Taro, qui était le flanc gauche de la retraite ennemie, cette fois sur la route 62. Les troupes allemandes ont été encerclées près de Fornovo et forcées à capituler. C’est la 148è division d’infanterie allemande, comprenant 16000 hommes, avec la 80è division de Panzers, plusieurs divisions Italiennes et plus de 1000 véhicules qui ont été capturés par la FEB le 28 Avril 1945.

Le 2 mai, la FEB entra dans la ville de Turin, dans le Nord-Est de l’Italie, elle a fait la jonction avec les troupes de montagne françaises à la frontière, pendant qu’au Nord, la FEB était sur les talons des forces allemandes encore en guerre.
A ce moment, la nouvelle de la mort d’Hitler mit fin aux combats en Italie. Les troupes allemandes se sont finallement rendues aux Alliés dans les jours suivants.

Le Brésil a envoyé sur le front le onzième bataillon d’infanterie de montagne, le premier bataillon d’infanterie motorisée, le premier bataillon d’infanterie légère, le premier escadron de cavalerie mécanisée, la première division d’artillerie, le neuvième bataillon du Génie, le premier bataillon médical.

Durant les huit mois de la campagne italienne, les forces brésiliennes sont parvenues à faire 20573 prisonniers dont 2 généraux, 892 officiers et 19679 soldats et sous-officiers.
La FEB a perdu 443 hommes dont 13 officiers. Les pertes civiles dues aux U-boote ont été plus importantes que celles de la marine brésilienne et la FAB, la Seconde Guerre mondiale a coûté la vie a 2000 civils brésiliens.

Les 443 morts de la FEB ont été enterrés dans le cimetière de la FEB in Pistoia où ils furent plus tard rapatriés dans le musée de la Seconde Guerre mondiale de Rio de Janeiro. Au début des années 60 fut érigée une tombe du soldat inconnu avec une flamme éternelle.

(1) Getúlio Dorneles Vargas (São Borja, 19 avril 1882 – Rio de Janeiro, 24 août 1954) était un homme politique brésilien, chef civil de la révolution de 1930 qui mit fin à la vieille république en renversant par un coup d'état son 13e et dernier président Washington Luís.
Getúlio Vargas fut par deux fois Président du Brésil. La première fois, de 1930 à 1945 il gouverna le Brésil en trois phases distinctes : de 1930 à 1934 dans le gouvernement provisoire ; de 1934 à 1937 dans le gouvernement constitutionnel, élu par le Congrès national du Brésil ; de 1937 à 1945 dans l'État nouveau du Brésil. La seconde fois, de 1951 à 1954 il gouverna le Brésil comme président élu par vote direct.
Getúlio était appelé, "père des pauvres" (titre tiré du Livre de Job 29,16) par ses sympathisants et "Docteur Getúlio" par ses proches. Sa doctrine et son style politique furent appelés getulisme ou varguisme. Ses partisans, existant encore aujourd'hui, sont appelés getulistes.
Il s'est suicidé en 1954 en se tirant une balle dans le cœur dans sa chambre du Palais du Catete à Rio de Janeiro (capitale du pays à ce moment-là). Getúlio Vargas fut l'homme politique brésilien le plus controversé du XXe siècle. Son influence s'étend jusqu'à aujourd'hui. Son héritage politique est invoqué par au moins deux partis politiques actuels : le Parti démocratique travailliste (PDT) et le Parti travailliste brésilien (PTB).


(2) Pracinhas est un terme se référant aux soldats, anciens combattants de l'armée brésilienne qui avaient été envoyés pour rejoindre les forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale.

Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mark_Wayne_Clark
http://fr.wikipedia.org/wiki/Willis_D._Crittenberger
http://fr.wikipedia.org/wiki/Harold_Alexander
http://en.wikipedia.org/wiki/Eurico_Gaspar_Dutra
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jo%C3%A3o_Baptista_Mascarenhas_de_Morais
http://www.generals.dk/general/Costa/Euclides_Zen%C3%B3bio_da/Brazil.html
http://www.generals.dk/general/Cordeiro_de_Farias/Oswaldo/Brazil.html

http://warandgame.wordpress.com/2008/10/13/brazilian-expeditionary-force/
http://www.ucis.pitt.edu/clas/brazil_proj/lessons/his/wwii/wwii_full.pdf
http://www.cvmarj.com.br/x1.htm
http://www.custermen.com/ItalyWW2/ArmyOrg/BrazileOrg.htm

Menu