Le siège de Budapest
Par Alexandre Sanguedolce
Débats autour de cet article-->ICI

Insigne de la 3 SS Pz.D. Totenkopf

LE CONTEXTE EUROPEEN

En cette fin d'année 1944, la situation géostratégique est la suivante :
A l'Ouest, la France est libérée, ne subsistent que quelques poches sur la côte Atlantique. L'effort des Alliés commence à s'essouffler aux portes du Reich et Hitler espère un redressement de la situation grâce à l'opération WACHT AM RHEIN dans les Ardennes belges.
En Italie, les Alliés sont bloqués sur la ligne Gothic -environ de Pise à Ravenne-
A l'Est : du nord au sud :
- les pays baltes ont été réoccupés par l'Armée Rouge, seule la poche de Courlande subsiste où les troupes allemandes luttent dos à la mer ;
-au centre, les troupes russes ont atteint Varsovie et se positionnent sur la Vistule ;
-au Sud, la situation est plus grave : la Roumanie a changé de camp ainsi que la Bulgarie. Le Reich a perdu les champs pétrolifères de Ploesti mis à mal par l'aviation américaine.

Les Russes veulent contourner la barrière naturelle des Carpathes, passer par le Sud de la Hongrie, s'emparer de Budapest verrou ouvrant la voie vers Vienne.

LA SITUATION POLITIQUE DE LA HONGRIE

Ayant récupéré le Nord de la Transylvanie durant l'été 1940 suite au 2ème arbitrage de Vienne, Horthy n'entendait pas se joindre à Hitler pour participer à Barbarossa, mais le bombardement des villes de Kassa et Munkacs par des avions apparemment soviétiques en fournit le prétexte. La IIème armée, arrivée sur le Don manquait cruellement du ravitaillement promis par les Allemands. Elle eut à subir avec la 8ème Armée italiennne (ARMIR) le choc de l'opération "Petite Saturne".
Le Régent Horthy espère se désengager de cette alliance et décide de contacter les Alliés par son fils Istvan qui périra dans un mystérieux accident d'avion (reggiane 2000 V4+21) Hitler soupçonnant son allié de vouloir quitter l'Axe. Il le convoque à Kleissheim le 18 mars 1944 et pendant ce temps le pays est occupé sans coup férir par la Wehrmacht. Aussitôt, les SS procèdent aux premières rafles de juifs et les convois se dirigent vers Auschwitz.
Le 15 octobre, Horthy est arrêté par les SS de Skorzeny (opération Panzerfaust) et Ferenc Szalasy le chef des Croix-Flêchées est nommé chef du gouvernement.

LA SITUATION MILITAIRE

La défection de la Roumanie ouvre les portes de la Transylvanie au mois d'Août 1944 au 4ème 3ème et 2ème front d'Ukraine. Moins par fidélité aux Croix-Flêchées que par la crainte de voir le pays mis en coupe réglée par les troupes de Staline, l'Etat-Major hongrois n'a d'autre choix que de lier son destin à celui de l'Allemagne.
Malgré une dernière victoire lors de l'offensive du IIIème Panzer Korps à Debrecen le 23 octobre 1944 pour dégager la 8ème Armée, les Russes arrivent à l'est de Budapest en franchissant le Danube par l'immense île Csepel le 27 novembre 1944.

FORCES EN PRESENCE AU 20 AOUT 1944

HEERESGRUPPE SUD : Gal. Johannes Friesnner

6e Armée : Gal. Fretter-Pico
8e Armée : Gal. Wölher

2e Armée hongroise : Gal. Jenö Major
3e Armée hongroise : Gal. Heszlenyi

2e Front d'UKRAINE : Mal. Rodion Malinovsky

4e Armée
7e Armée de la Garde
46e Armée
53e Armée
6e Armée Blindée de la Garde

3e Front d'Ukraine : Gal. Tolboukhine

Le 20 août 1944, le HG Süd (Friessner) est attaqué par les 2 Fronts d'Ukraine (Malinovsky) et 3ème F.Uk. (Tolboukhine) sur une ligne Carpathes- Pruth-Dniestr.23 août : suite à un coup d'état la Roumanie change de camp.
25 aout : la Roumanie déclare la guerre à l'Allemagne et exige à la Hongrie la restitution des territoires perdus lors du 2ème partage de Vienne.
Une ligne de front est fixée sur les Alpes Transsylvaniennes avec la nouvelle 3ème Armée hongroise, la 6ème Armée (Fretter-Pico) et la 2ème Armée hongroise.
Joukov prévoit un plan d'encerclement du HG SÜD en utilisant les 2 et 3 Fr.Uk. comme aile marchante pivotant sur un axe sud-est, le 4 Fr.Uk. refermant la nasse sur les troupes germano-hongroises encerclées.

Au début du mois de septembre, les cols des Alpes transylvaniennes sont pris un par un (Tour Rouge, Vulcain) par les troupes roumaines. Les bataillons de garde-frontières hongrois et les troupes de montagne ne peuvent s'y opposer. Les Hongrois décident de reprendre les cols perdus et décident de contre-attaquer. C'est l'élite des divisions blindées hongroises qui passe à l'offensive : la 2Oème DB alignant des chars Turan, Nimrod, mais aussi 3 TIGER, 5 Panther et 29 Panzer IV. La 21ème division roumaine est mise en déroute et Torda est repris. Les Hongrois renouvellent leurs attaques quand intervient l'aviation soviétique et l'arrivée des blindés. Ils sont désormais sur la défensive.

Le 6 octobre 1944, le 2 Front d'Ukraine (Malinovski) lance une violente offensive dans le but d'encercler les troupes germano-hongroise en Transylvanie. La 6ème Armée Blindée de la Garde (ABG) enfonce les lignes ennemies entre Mako et Nagyvarad.
Le plan russe repose sur 2 pinces :
Pince-sud :
depuis Arad, la 46ème Armée, 2 corps mécanisés, le groupement Pliev (2ème et 4ème Corps de cavalerie de la Garde), le 7ème Corps mec. ont pour objectif la rivière Tisza puis foncer sur Budapest.
Pince-nord :
depuis Oradea, la 6 ABG, la 53ème armée, le groupement hipomobile Gorshkov doivent prendre Debrecen puis Nyieregyhaza plus au nord.

La pince nord est bloquée par le III Pz.Korps (1 et 23.PzD.), le groupement Pliev (pince sud) se déroute sur Debrecen po faire pression sur la 23 Pz.D.qui recule jusqu'à Debrecen.
Puis le Gpt Pliev manoeuvre plein sud pour piéger dans une nasse la 6ème Armée et le 7ème C.A. hongrois. Fretter-Pico (6ème Armée) fait alors attaquer par l'ouest la 1.Pz.D. et par l'est la 23 Pz.D afin d'isoler le Gpt Pliev.

La 6ème Armée blindée de la Garde vient au secours du Gpt Pliev.
A l'est, le 4 Fr.Uk. réussit à percer et la 8ème Armée (Wölher) doit se replier ver l'ouest.
Nyeregyhaza est le goulet permettant le passage des troupes allemandes, objectif également du 2e Fr.Uk.
Le 20 octobre, Debrecen est pris par la 6ème ABG et Nyeregyhaza par le Gpt Pliev. La 8ème Armée est alors menacée d'encerclement.

OPERATION ZIGEUNER BARON : la bataille de Debrecen

Le Heeresgruppe Süd met en place un plan audacieux : le groupement Pliev s'est exposé entre la 6ème et 8ème Armée.
2 pinces :
à l'ouest, le III.Pz Korps (23 Pz.D., 1 Pz.D., 13 Pz.D.) de la 6. (Fretter-Pico)
à l'est, le XXIX Korps et le XVII.Korps de la 8. ;
doivent faire leur jonction pour isoler et anéantir le Gpt Pliev.
Le 24 octobre, la manœuvre d'encerclement aboutit. Le Gpt Pliev tente de se dégager, les poches de résistance sont anéanties les unes après les autres. Il n'existe plus.
Les troupes germano-hongroises entrent dans Nyeregyhaza et découvrent les exactions commises par les Russes.

Dans la bataille, les soviétiques ont perdu 25 000 hommes et 632 chars contre 133 blindés allemands.
C'est la dernière offensive victorieuse des panzers.

L'invasion de la Hongrie

Malgré la victoire tactique de Debrecen, les forces hungaro-allemandes, épuisées, à court de munitions, carburant et de réserves, ne peuvent tenir une ligne de front s'appuyant sur les Alpes transylvaniennes et les Carpathes.
Elles doivent se replier sur le long de la Tisza. Budapest est menacée par la 46e Armée.

15 octobre. Pendant ce temps, il y a l'opération Panzerfaust, Otto Skorzeny s'emparait du Château (Var) et le Régent Horthy était contraint à se retirer laissant la place à Ferenc Szalasi et ses Croix-Fléchées.

29 oct. au 18 nov. : le 2 Front d'Ukraine (Malinovski) perce entre Baja sur le Danube et Szolnok sur la Tisza et s'avance dans la grande Plaine (Alföld).

Les noms de lieu en Orange sont reportés sur la carte en orange

Une tête de pont soviétique réussit à percer dans les lignes hongroises et malgré une contre-attaque de la 24 Pz.D. à Kecskemet.

2 nov. : les Russes ne sont plus qu'à 15 km de Budapest, arrivant par le sud et le sud-est.

3 nov : Le 4 Corps mec. Garde bouscule à Soroksàr dans la banlieue est de Budapest -Pest- la 22 SS Kav. Div Maria Theresa, mais les para hongrois (Szent-Laszlo) repoussent les assaillants.

Anecdote : à Pestszentimre, quartier est de Pest, lors de l'attaque du 2e Corps Mec. Garde les Gendarmes royaux vont s'y opposer par l'intervention des tankettes Ansaldo, obsolètes depuis des années. 3 tankettes sur 5 sont instantanément détruites.

6 novembre : au sud, la 46ème armée réussit à traverser le petit Danube et débarque sur l'immense ile de Csepel, repoussés par un bataillon de Huszar. Les Russes enverront les unités disciplinaires s'immoler et après 5 assauts repoussés, ils ne prennent pied sur l'ile que le 21 novembre.

LES TETES DE PONTS

La 46ème Armée (2e Fr. Uk.) reussit a établir une tête de pont à Ercsi, au sud de Budapest (BP).

9 nov : au nord( 20 km) de BP, la ville de Vac au nord sur le Danube est prise par la 6ème Armée (Garde).
Le 3ème Front d'Ukraine (Tolboukhine) ouvre une tête de pont à Kisköseg et Apatin ouvrant les portes de la Transdanubie. La ligne Margit, protégée faiblement est atteinte le 9 décembre. Les combats sont d'une extrème violence, les villages changeant de mains plusieurs fois par jour. La manoevre de Tolboukhine est d'encercler Budapest par le sud-ouest, en partant des têtes de pont sur le Danube, puis par un movement tournant, en franchissant la ligne Margit, couper la route de Vienne et arriver par l'ouest.
En fait, 3 lignes de défenses protègent BP : Atilla I, II et III mais sont tournées vers l'est.
Les bataillons d'assaut soviétiques, composées d'unités disciplinaires attaquent à Ercsi, pour atteindre l'autre rive du Danube. Elles sont décimées, beaucoup de noyades dans le fleuve à l'eau glaciale.

La progression russe se poursuit tout le long du mois de novembre, à Hatvan (qui signifie 60 car à 60 km de BP), à l'est, le 2 Fr. Uk. (Malinovski) réussit à percer, la brèche ne pouvant être contenue faute de moyens et le 9 décembre, la 6ème Armée blindée de la Garde, est à Vac, à 10 km de BP. C'est la pince nord-est.
Dans le sud, en Transdanubie, l'OKH décide de mettre en oeuvre une contre-attaque sur le ligne Margit (entre le lac Velence et le lac Balaton) : c'est l'opération Spätlese, mais le terrain boueux retarde l'offensive. Ce retard profite au 3 Fr. Uk. (Tolboukhine) qui ne va pas perdre de temps en engageant une puissante offensive le 20 décembre.

L'offensive russe par l'ouest surprend les état-majors germano-hongrois, Szekesfehervar (entre le lac Velence et BP) est pris le 23 décembre, et les troupes de Tolboukhine (3 F.Uk.) atteignent rapidement la périphérie ouest de Budapest, coupant la route pour Vienne.

Furieux, Hitler relève Fretter Pico (6ème Armée) et Friessner (HG Süd) qui sont remplacés respectivement par Hermann Balck et Otto Wohler. Il refuse l'autorisation de se retirer de Pest et déclare Budapest Festnüng(forteresse).
Craignant une sédition de la population civile, le général SS Pfeffer Wildenbruch -spécialiste des opérations de police, à la tête du IX Gebirgs Korps- est nommé responsable de la défense de BP. Cet ancien kommandeur de la 4 SS Polizei division n'a pas les compétences militaires pour mener à bien la défense de la capitale hongroise.

Au nord de Budapest, le 2ème Corps Mécanisé de la Garde traverse la zone montagneuse des monts Pilis, atteint Esztergom, sur la courbe du Danube. La garnison évacue la ville, les derniers à passer sont les paras hongrois de la Szent-Laszlo.
Le pont Maria-Valeria (fille de Sissi) est détruit, il relie en face la ville de Parkany (aujourd'hui Sturovo) en Slovaquie. Il ne sera reconstruit que 60 ans plus tard.

La prise d'Esztergom constitue l'encerclement total de BP. Le 24 décembre, les habitants de BP, fêtent Nöel, sans réellement prendre conscience du drame dans toute son ampleur. Les services publics continuent à fonctionner -eau, électricité,gaz-
Désormais sur la plus haute colline de Budapest : le Janos Hegy, flotte le drapeau rouge.

LA GARNISON DE BUDAPEST

Estimée à 70 000 hommes (37 000 Hongrois, 33 000 Allemands). Il est difficile d'en établir un chiffre exact, de nombreuses unités disparates étant prises au piège, certains combattants tentèrent de rejoindre les lignes amies avant que l'encerclement ne soit total, d'autres se cachèrent où ne prirent pas part aux combats et enfin il y eut les déserteurs.

1er Corps d'armée hongrois

Commandé par le lieutenant général Ivan HINDY (1890-1946)

10ème division d'infanterie -colonel Sandor ANDRAS, il passera à l'ennemi, le 15 janvier 1945, arrêté, jugé en 1946, il sera libéré lors des évènements de 1956 et s'enfuira au Canada, puis s'installe en Autriche où il décèdera en 1985.

12ème division d'infanterie -major général Istvan BAUMANN-

1 division blindée (quelques Turan et Panzer IV)- colonel général Janos Vertessy-

Groupe Billnitzer (canons d'assaut), "Bill" lors de la tentative de percée sera blessé et fait prisonnier par les Russes. Erno Billnitzer décèdera à Budapest en 1976.

Le bataillon Vannay, composé d'agents municipaux, vétérans de la Grande Guerre, des membres des Croix-Fléchées, des cadets d'écoles militaires.

Le bataillon de la Garde Royale (800 hommes).

I et II bataillon d'assaut Universitaire (1000 hommes).
Bataillons de Gendarmes Royaux (1000 hommes).

et encore 1 bataillon parachutiste, un groupes de Huszar, des unités anti-aériennes, le bataillon Pronay...

Le bataillon Vannay
Organisation para-militaire dirigée par Laszlo Vannay, composée de Croix-Fléchées (pour le peu qui participèrent aux combats, les autres semant la terreur dans le Ghetto), d'employés municipaux (eau, gaz, connaissant bien les souterrains de BP), cadets des écoles militaires tel que Ervin Galantay agé de 14 ans qui publiera son histoire : Boy Soldier .
Ce bataillon servit principalement à Pest. Ne faisant pas de prisonniers, les Russes exécutaient systématiquement tout membre de cette unité. Vannay sera tué lors de la tentative de percée en fev. 1945.

IX GEBIRGS KORPS

Kommander : Karl Pfeffer-Wildenbruch SS-Obergruppenführer und General der SS und Polizei.
Ancien commandant de la 4 SS Polizei-Pz.G Division.
Plus un bureaucrate qu'un chef de guerre. Spécialiste du maintien de l'ordre.
Il sera l'un des derniers prisonniers de guerre à revenir en Allemagne en 1955 et décèdera dans un accident de voiture en 1971

Chef d'état-major : lieutenant-colonel Usdau Lindenau. Un des plus jeunes chef E-M, agé de 30 ans. Il appartient à la Werhmacht.

8.SS Kavalerie division Florian Geyer : BgFührer Joachim Ruhmor (se suicide durant la percée).

22.SS Kavalerie Div. Maria-Theresa : kommander : BgF : August Zehender, se suicide durant la percée.

13 PzD : kommander Gerhard Schmidhuber (tué lors de la percée).

Feldherrnhalle Pz.Gr.D : Gunther von Pape, puis Lt-Cl Herbert Wolff, il parviendra à rejoindre les lignes allemandes lors de la percée.

271 VolksGrenadier Div. : Herbert Küdiger
En plus, des unités de FLAK, le reste d'unités de SS Polizei...

LES FORCES SOVIETO-ROUMAINES





Le groupe d'assaut de Budapest : Major-Général Ivan AFONIN

 

 


A BUDA :

46e Armée :

75e Corps de Fusiliers

59e division de Fusiliers
108e Division de la Garde
320e Division de la Garde

2e Corps Mec. de la Garde

49e Division de Fusiliers de la Garde
10e Division de Fusiliers de la Garde

23e Corps de Fusiliers

99e Division de Fusiliers
316e Division de Fusiliers

37e Corps de Fusiliers

A PEST :

18e Corps de fusiliers de la Garde

66e Division de Fusiliers de la Garde
68e Division de Fusiliers de la Garde
297e Division de Fusiliers de la Garde
317e Division de Fusiliers de la Garde

30e Corps de Fusiliers la Garde

25e Division de Fusiliers de la Garde
36e Division de Fusiliers de la Garde
151e Division de Fusiliers de la Garde
155e Division de Fusiliers de la Garde

En réserve : 11e Division d'artillerie motorisée

7e corps d'Armée : Gal Nicolae Sova

2e Division d'infanterie
19e Division d'infanterie
9e Division de Cavalerie

Au total : 177 000 hommes

LE SIEGE DE BUDAPEST - 26 DECEMBRE 1944/ 11 FEVRIER 1945

Le 25 décembre, Budapest est encerclée. Hitler a décidé de faire de la capitale un "festung", une forteresse où chaque immeuble sera défendu jusqu'au dernier homme. Il a refusé de faire évacuer Pest, indéfendable. Personne n'avait envisagé une attaque par l'ouest de la ville. Les défenses : les 3 lignes concentriques Atilla (I II et II) protégeaient l'est de la ville. Pendant qu'avait lieu la bataille des Ardennes, une autre offensive se préparait sur la Vistule. Mais Hitler préféra envoyer des renforts en Hongrie, ignorant la menace soviétique en Pologne. "Le plus grand bleuff depuis Gengis Khan" s'était-il écrié se référant à Batou, le chef mongol de la Horde d'Or, écrasant tour à tour les Polonais à la bataille de Leignitz et les Hongrois à Mohi les 9 et 11 avril 1241.

L'approvisionnement d'une ville d'un million d'habitants n'a pas été prévu, les aérodromes principaux : Budaörs, Feryhegy (aéroport actuel de BP) et Matyasfold sont aux mains des troupes soviétiques. Des parachutages sont effectués, des terrains de secours comme l'hippodrome sont aménagés. La 4ème Luftflotte envoie des planneurs pilotés par des jeunes de la NSFK a partir du 29 décembre.
Le manque de nourriture sonnera le glas pour les chevaux des unités de cavalerie (Florian Geyer, Maria Theresa et autres huszar).

LES COMBATS DE PEST - 24 décembre 1944/18 janvier 1945

3 Corps assiègent Pest : 18 et 30 Corps de Fusiliers avec le 7ème Corps roumain, l'ennemi héréditaire des hongrois.
25 déc. : à Csömör, les défenses sont attaquées vigoureusement par les troupes d'assaut russes et parviennent même à contre-attaquer mais dans les autres secteurs les troupes germano-hongroises doivent se retrancher derrière les 2 et 3èmes lignes de défense (Atilla II et III)

26 déc. : à Csömör, les T-34 attaquent les retranchements mais sont repoussés par les Huszar à coups de panzerfaust.

27 déc. : la troisième ligne de défense est atteinte. L'E-M du IX Geb.Korps pense, à juste titre que Pest doit être évacué et qu'il faut envisager une percée, ce que bien sûr Hitler refuse catégoriquement. A Rakossszentmihaly, la 13.Pz.D. contre-attaque 5 fois sans pouvoir desserrer l'étreinte.

28 déc. : les combats reprennent et les Roumains (2 et 19 DI) s'emparent de Cinkota, banlieue la plus orientale de Pest. Les pertes sont telles que la 2 DI est retirée des combats.
Par haut-parleur, les soviétiques annoncent que le lendemain des parlementaires vont venir négocier une capitulation.


En rose la progression soviéto-roumaine du 25 décembre 1944 au 4 janvier 1945.
Les principales unités y figurent : 13 PzD, canons d'assaut du groupe Billnitzer, Feldherrnhalle Pz.D...

Les principaux combats se déroulent près des 2 terrains d'aviation de secours au centre de Pest, avec des contre-attaques désespérées pour reprendre ces terrains improvisé (champs de course).

29 décembre : les plénipotentiaires russes

Staline, désireux de s'emparer de Vienne le plus rapidement possible avant la conférence de Yalta autorise Malinovsky à rechercher la capitulation des forces assiégées. A Pest, c'est le capitaine Miklos Steinmetz, au nom du 2ème Front d'Ukraine qui doit accomplir cette mission. Les conditions sont "honorables" : les militaires sont assurés de retrouver leur patrie aussitôt la fin de la guerre, soins et nourritures sont assurés. Avant même que sa jeep atteigne les lignes hungaro-allemandes, elle explose, vraisemblablement sur un champ de mines.
A Buda, c'est le capitaine Ilya Ostapenko qui vient au nom du 3ème Front d'Ukraine. Avec 2 autres militaires,yeux bandés, ils sont accompagné au QG de la 8.SS Kav.Div. où Pfeffer-Wildenbruch refuse catégoriquement.
Dès leur retour dans la no man's land, des coups de feu se déclenchent des lignes hongroises, le capitaine Ostapenko est tué dans le dos.

LES COMBATS DE PEST : 29 DECEMBRE 1944 - 18 JANVIER 1945

Le lendemain de l'épisode des plénipotentiaires, le 30 décembre commence l'offensive.
L'artillerie, de tout calibre, se déchaine pendant 3 jours, jusqu'à 7 à 10 heures d'affilée, accompagné d'une bombardement aérien.
La population se terre dans les caves des immeubles.
Quant aux artilleurs assiégés, ils doivent économiser leur munitions. Les combats ont lieu dans un arc de cercle des quartiers périphériques : Rakospalota, Rakosszentmihaly, Matyasfold, Pestszentimre, Pestszentlorinz et Soroksar. Les 10 et 12 Division hongroises perdent du terrain avec d'importantes pertes humaines, la 13 Pz.D. tente bien de contre-attaquer mais est clouée sur place. La 22 SS Kav.Div. Maria-Theresa est contrainte d'évacuer Pestszentimre le 31 décembre.

1er janvier-5 janvier 1945

Nouvelle offensive russe sur les positions des 10 DI et 12DI (de réserve) sur Rakospalota. La rivière Rakos est franchie, une brêche est ouverte dans laquelle s'engouffrent les fusiliers du 30ème Corps. Quant au 18ème Corps, il s'approche de la piste de secours du champs de course, les approvisionnements aériens ne s'effectuent plus qu'à Buda, dans le Vermezö et sur l'aérodrome de Csepel. Le général Schmidhuber prend le commandement de toutes les troupes de Pest.

La barge

Une barge de 40 tonnes, remplie de munitions et manoeuvrée par des volontaires SS part de Györ à l'ouest du pays, sur le Danube. Après un périple de 140 km, elle arrive à Leanyfalù, à 17 km de Budapest, où des vedettes de la flotille du Danube effectuent le transbordement.

Pour prendre Pest, les Russes vont changer de tactique : plus d'attaques frontales meurtrières. Fort de leur expérience à Stalingrad, bien que le nombre de vétérans soit peu élevé, ils vont utiliser des groupes d'assaut pour prendre bloc par bloc des quartiers entiers.

5 JANVIER - 18 JANVIER 1945 : les combats et la chute de PEST

La situation au 5 janvier : les troupes soviéto-roumaines ont enfoncé les lignes de défense de Pestùjhely à Zùglo (voir flèches blanches sur la carte) et s'approchent dangereusement du champ de courses privant les assiégés privant les assiégés d'un terrain de secours précieux. La plupart des ravitaillements s'effectuent à Buda sur un pré appelé Vermezö (le pré du sang) : en 1795 furent exécutés des Jacobins complotant contre les Habsbourg pour le rétablissement d'une république à l'image de la France) et ce sont des planeurs qui y atterrissement pilotés par adolescents de la HJ. Ujpest (au nord) est tenu par la Feldherrnhalle Pz.D.
Au sud, le 18ème Corps de Fusiliers a atteint Soroksar point-clef de la défense de l'ile de Csepel où sont installées les principales usines d'armement (Frommer, Manfred Weiss...). L'autre terrain d'aviation situé sur Csepel est sous le feu de l'artillerie russe, rendu inutilisable. La 22 SS Kav.D Maria Theresa évacue Soroksar, le 6 janvier.

Le 7 janvier, après 9 contre attaques infructueuses du bataillon d'artillerie d'assaut Billnitzer et de la 22 SS Kav.D,sont obligé de se retirer de Kobanya.
La poche de Pest est sur le point d'être divisée en 2. Les assiégeants ne sont plus qu'à 4 km des rives du Danube
Pour éviter un encerclement total, le général Schmidhuber décide de faire replier d'Ujpest (nord de Pest) la FHH Pz.D.

Le 9 janvier, le champ de courses est pris par le 7 C.A. roumain du général Sova. Au Varosliget (situé derrière la Place des Héros), ils sont opposés à la FHH, les Gendarmes royaux et le bataillon de la Police de Budapest.
La 13 Pz.D monte une contre-attaque soutenue par les tankettes Ansaldo des Gendarmes qui sont toutes détruites.

Le 13 janvier, la FHH Pz.D réussit à stopper l'avance russe, le général Afonyin commandant le groupe d'assaut de Pest décide de porter son effort sur la gare de l'Ouest (Nyugati Palyaudvar) prise le 15.
La 10ème Division d'Infanterie de réserve qui ne s'était pas fait remarquer par sa combattivité lutte dans des combats d'une extrême violence contre les Roumains, l'ennemi héréditaire à la gare de l'Est (Keleti palyaudvar). Son chef le colonel Sandor Andras abandonne ses hommes pour se rendre aux Russes.
Le 15 janvier, un des premiers des magnifiques ponts de Budapest à sauter est le pont Horthy (de nos jours Petöfi Hid) puis c'est au tour du pont François-Joseph (Szabadsag Hid, aujourd'hui).
La chute de Pest n'est plus qu'une question de jours.

17 janvier 1945 : la chute de PEST

Le général Malinovski décide de retirer des combats le 7ème Corps roumain du général Sova en raison des pertes importantes (23 000 morts, blessés ou prisonniers). Une autre raison est qu'il ne souhaite pas partager la victoire, et que lorsque les Hongrois affrontent les Roumains, ils se montrent plus combattifs et retardent ainsi la prise de Pest.


Le périmètre défensif se réduit à une portion congrue : un arc de cercle partant du pont Marghit (nord), les Grands Boulevard (Nagykorut) jusqu'au pont François-Joseph.
A 7h30 du matin, Pfeffer-Wildenbruch reçoit l'ordre d'évacuer finalement Pest par les 2 ponts restant : le Lanchid (pont des Chaînes) et le pont Erszebet. La population, affolée se précipite causant des embouteillages, sous les feux de l'artillerie russe et des mitraillages des Sturmovik. Les Feldgendarmes tentent de mettre un peu d'ordre dans cette pagaille, priorité à la Feldherrnhalle Pz.D., la 13 Pz.D. et toutes les unités qui souhaitent continuer le combat. Beaucoup de soldats hongrois restent cachés dans Pest pour en finir avec la guerre.
Les 2 ponts sont finalement détruits à 19 H00.
Les dernières poches de résistance dans Pest se rendront 2 jours plus tard.

LES OPERATIONS KONRAD

Dès le début de l'encerclement de Budapest, Hitler a refusé de réduire le kessel uniquement à Buda, plus facilement défendable par sa topographie, mais interdit toute tentative de percée pour rejoindre les lignes allemandes.
Il fait appel à un spécialiste qui a réussit à rompre l'encerclement de Tcherkassy : le général SS Otto Gille.
Le transfert du IV SS Pz. Korps de Pologne en Hongrie s'effectue dans le plus grand secret, parvenant à brouiller l'espionnage soviétique.

Le IV SS Pz. Korps est composé de 2 divisions d'élite :
3 SS Pz.D Totenkopf : Kommandeur Bg Helmutt Becker
5 SS Pz.D. Viking : Kommandeur : Oberführer Karl Ullrich

L'urgence de la situation et la célérité de la mise en place de l'opération pour l'effet de surprise ,font que ces 2 divisions arrivent en Hongrie diminuées d'un potentiel en fantassins.

Deux options sont choisies : par le nord, mais il faut passer à travers les Monts Pilis, montagneux mais itinéraire le plus court.
Option sud (opération Paula), par Szekesfehervar et la ligne Marghit, à travers la plaine transdanubienne, permettant le déploiement d'une force blindée, mais exigeant plus de temps et également de carburant.

Finalement, c'est l'option nord qui est choisie.

KONRAD I : 1er janvier - 12 janvier 1945

Le IV SS Pz. Korps démarre son offensive le 1er janvier 1945 de Tata. Dans la région de Sütto, la 96. ID traverse le Danube et établie une tête de pont sur les arrières russes.
Le 6 janvier la SS PzD; Viking est arrêtée à Bicske par le 18ème Corps blindé. Tolboukhin rameute des renforts.
Le IV SS Pz. Korps bifurque plus au nord, longeant le Danube atteint Esztergom, traversant les monts Pilis arrive à Piliszentkereszt le 12. Budapest est à moins de 20 km. Les pertes subies, le risque de se faire couper de ses arrières, l'ordre d'Hitler d'interdire aux assiégés de tendre "la main" au IV Korps et le refus d'évacuer Pest firent que l'offensive s'arrêta et que le IV PZ Korps fut envoyé au sud pour Konrad III.

KONRAD II : 6 janvier - 12 janvier 1945

Konrad I n'aboutissant pas, l'option sud, initialement préférée par Hitler et Guderian est déclenchée : le groupement Breith (III Pz. Korps) s'élançant d'entre Szekesfehervar et Mor vers le saillant des collines Verstes en détruisant la 4e Armée de la Garde et la 46e Armée.
Les opérations débutent le 6 janvier 1945. Malinovski prévoyant cette offensive renforce le 20ème Corps de Fusiliers de la Garde dans la région de Szekesfehervar et lance une contre-attaque de la 6ème Armée de la Garde au nord, le long du Danube en direction de Komarom.
Les mauvaises conditions climatiques, le terrain boueux et la présence de renforts arrêtent l'offensive du groupement Breith à Zamoly le 9 janvier, qui a perdu les 3/4 de ses blindés.

Pendant ce temps, au nord, les panzer de la Viking traversent les monts Pilis et arrivés à moins de 20 km de Budapest reçoivent l'ordre de faire demi-tour.
Malinovski, exaspéré par la lenteur du siège, Budapest doit tomber le plus rapidement possible afin que l'Armée Rouge puisse arriver à Vienne avant les Alliés, desserre son étreinte autour de la capitale, espérant une sortie des assiégés, qu'Hitler refuse à autoriser.

KONRAD III :18 janvier - 27 janvier 1945

Le IV SS Panzer Korps est redéployé du nord au sud en une semaine et dans le plus grand secret dans la zone comprise entre le lac Balaton et Szekesfehervar.
Le 18 janvier, à la plus grande surprise des soviétiques - les panzer allemands utilisant pour la première fois des appareillages de visée nocturne à infrarouges- le IV SS Pz. K bouscule le 7ème Corps Mec. (manquant de peu l'anéantissement total faute de réserve d'infanterie allemande), et atteint le Danube à Dunapentele (aujourd'hui Dunaujvaros ex Sztalinvar), aidé par la Luftwaffe qui bombarde les positions russes.
Le 22 janvier, Szekesfehervar est repris après d'âpres combats de rue menés par le Kampfgruppe Ney (SS hongrois)** et au prix de lourdes pertes (25% de pertes : morts, blessés, disparus), puis remontant sur Baracska, franchissant le cours d'eau gelé Vali-viz. Budapest est à 20 km le 26 janvier.

Staline craignant d'avoir à donner l'ordre d'évacuer la Transdanubie car son objectif est d'arriver à Vienne avant les Anglos-américains, les Malinovski manœuvrer. Celui-ci retire des troupes placées à Buda, destinées à empêcher toute sortie (104ème Corps de Fusiliers et 23ème Corps blindé), lance une contre-attaque en direction de Baracska et au sud, de Simontornya.
Craignant d'être coupés de leurs arrières par les attaques venant du lac Velence et de Simontornyia, les troupes allemandes se retirent de Transdanubie, tout en conservant Székesféhervar.

Malgré ces trois échecs, Hitler persistera à mener des offensives, moins pour secourir la garnison de Buda, que pour préserver Vienne (sa ville) et les champs pétrolifères à l'ouest de la Hongrie.



LA CHUTE DE BUDA

24 décembre 1944- 11 février 1945

Les premiers combats à Buda commencèrent le jour de Noêl 1944, lorsque les Russes s'approchèrent de l'imposant hôpital Janos à moins de 2 km du Palais Royal, stoppés par les Bataillons d'Assaut Universitaires renforcés par l'arrivée de la 8. SS Kav.Div. rameutée d'urgence de Pest.

Buda est un bastion naturel formé de collines (hegy en hongrois) : Sashegy (colline de l'Aigle) au sud, le Mont Gellert avec la Citadelle, la colline du Chateau (Varhegy) surplombant le Danube avec en face la magifique pont des Chaines (Lanchid).


Le Q-G du IX SS Geb.Korps est situé dans le tunnel qui traverse la colline du Chateau et qui débouche sur le Pont des Chaines.
La bataille pour Buda est aussi menée dans les sous-sols de la ville, à travers le réseau d'égouts.
Ces escarmouches sont conduites par les hommes du bataillon Vannay recrutés parmi les agents municipaux (eaux, gaz, électricité, pompiers...) connaissant bien les lieux. Ils apparaissent derrière les lignes russes, opèrent des coups de mains et disparaissent.
C'est aussi comme à Stalingrad, une guerre de snipers où les Russes excellent.
La perte de l'ile Csepel, avec son aérodrome de secours et plus grave des usines d'armement de l'industriel hongrois Manfred Weiss, va poser un problème de logistique.
Les assiégés ne peuvent plus compter que sur le Vermezö, pré "sanglant" où furent exécutés en 1793 des opposants aux Habsbourg. Ils sont ravitaillés par les airs à l'aide de planeurs pilotés par des adolescents du NSFK ou par des parachutages, comme aussi à Stalingrad.

Le 28 décembre, l'hôpital Janos est pris par les Russes, poussant l'axe d'attaque vers la ligne de chemin de fer à crémaillère, vers Varosmajor, point-clef de la défense de la colline du Chateau. Varosmajor est tenu par les 450 hommes du bataillon Vannay, avec des canons PAK et un réseau de postes de mitrailleuses.

Au sud, des combats ont lieu le long de la voie ferrée contre les fusiliers marins russes de la 83ème Brigade, après quelques gains de pâtés de maisons, les troupes hongroises (dont le groupe Morlin) se replient le long de la voie ferrée qui sera la ligne de front sud.
Cette ligne de front, stabilisée passe par le cimetière Farkasret, l'hôpital Janos et se termine au niveau de l'ile Marguerite.

Le 1er janvier, la 180ème Div. de Fusiliers reprend l'offensive sur Varosmajor avec le soutien de T34. Défendu par le bataillon Vannay, la position submergée est reprise apres une contre-attaque en direction de la gare du chemin de fer à crémaillère. Cette position ne bougera pas avant l'attaque du 19 janvier.

Les combats de la colline de l'Aigle (Sashegy)

Cette position stratégique, haute de 266 m surplombe la colline du Château et la Citadelle. Sa perte constituerait pour les assiégés une catastrophe car les artilleurs russes peuvent "canarder" à tir tendu le dernier terrain de secours de Vermezö.
Les renforts hongrois sont acheminé autour de la colline avec PAK, FLAK et Hetzer. La 8.SS Kav.Div. se positionne dans le cimetière Farkasret.
Après d'âpres combats du 12 au 19 janvier, la colline encerclée sera prise le 6 février.

Au bout de 3 semaines de combats, les soviétiques ont à peine progressé au prix de lourdes pertes, immeuble par immeuble, bloc par bloc. Des coups de mains audacieux sont réalisé par les hommes du bataillon Vannay comme la destruction d'un dépôt de munitions derrière les lignes ennemies en passant par les égouts.
La pression soviétique diminue lors des opérations Konrad, Tolboukhine, on l'a vu ayant retiré des troupes pour affronter le IV SS Pz Korps. L'échec de Konrad va commencer à peser sur le moral des assiégés.

La perte de l'ile Marguerite

Défendue par des unités SS, le II Bataillon d'Assaut Universitaire et ce qu'il reste de la 12ème D.I. (de réserve).
Le 22 janvier un bataillon russe d'assaut, arrivé par canots pneumatiques, débarque et le 28 janvier réussi à en prendre le contrôle totale.
Après son évacuation, la 2eme moitié du pont Marguerite resté intacte et reliant Buda, est détruite.

LA FIN DE BUDA : 20 janvier - 11 février

Le quartier de Varosmajor, qui avait subi l'attaque du 1er janvier est repris par le bataillon Vannay.
C'est un point-clef, sa position ouvre l'accès à la place Szell Kalman (aujourd'hui Moszkva ter) et le Vermezö, dernier terrain d'atterissage des planeurs et point de largage des containers.

Depuis l'échec de Konrad, les assiégés ne se font plus d'illusions et Hitler refuse toute tentative d'échappée. Budapest permet de retenir les troupes soviétiques en Hongrie et les champs pétrolifères à l'ouest sont encore aux mains des Allemands.
Durant les affrontements, le général commandant le groupe d'assaut de Budapest, le général Afonyin sera blessé et remplace par le général Managorov, commandant la 53ème Armée.

Le 25 janvier, c'est de nouveau le bataillon Vannay qui va subir de plein fouet l'assaut à Varosmajor, les russes sont décidés de mettre le paquet pour en finir le plus rapidement possible. L'attaque est stoppée de justesse par le Bataillon d'Assaut Universitaire qui perd 70% de ses effectifs.
Au sud de Buda, les lignes de résistance commencent à se désagréger mais l'avancée des Russes ne peut être exploitée en raison de lourdes pertes.

Le 26 janvier, Varosmajor est finalement aux mains des Russes, le Vermezö menacé, est défendu par les gamins de la Hitlerjungend qui ont atterri à bord des planeurs pour ravitailler les assiégés.
Le périmètre des combats s'amenuise progressivement. Une dernière contre-offensive menée par les canons d'assaut de Billnitzer, le bataillon Vannay et la 13.Pz.D. échoue faute de munitions.

Le 30 janvier, les premiers T-34 atteignent la place Szell Kalman (Moszkva ter), la colline du Château est maintenant directement menacée.
Pfeffer-Wildenbruch écrit dans son rapport : "la bataille du Château a commencé, le ravitaillement est catastrophique...Il y a un risque de famine et de maladies".
Le 1er février apparaissent les premiers cas de typhus.

Le 2 février, les lignes de défense ont encore diminués, au cours de combats au corps à corps, à coup de lance-flammes et de pertes énormes.
Les civils, piégés dans le kessel, il ne faut pas les oublier, n'ont plus d'eau, de nourriture. La visite du Nonce apostolique auprès de Pfeffer-Wildenbruch pour mettre fin à ce carnage ne sert à rien, Hitler s'obstine à tenir coûte que coûte Budapest.

Le 4 février, la colline de l'Aigle (Sashegy) est totalement encerclée et les combats se déroulent maintenant dans la gare du Sud. (Deli Pu)

Le 5, les derniers planeurs se posent au Vermezö, dont un se crashe sur un toit. Les derniers combats se déroulent au cimetière de Farkasret et à la gare du Sud (Deli Pù).
De nouveau, Pfeffer-Wildenbruch demande l'autorisation d'effectuer une percée et à nouveau, Hitler refuse.

Le 6, les troupes hongroises commencent à se rendre, la colline Sashegy est tombée. Le 7 c'est au tour de la gare du Sud.
Le 8 février a lieu le dernier parachutage de munitions.
Le 11 la Citadelle du Mont Gellert est perdue, Les troupes comment à refluer vers la colline du Château où se prépare le dernier acte de ce siège : la percée.

11 FÉVRIER 1945 : LA PERCÉE

La possibilité d'un retrait des assiégés avait été étudiée dans la perspective de la réussite des opérations Konrad, mais Hitler s'était obstiné à refuser toute évacuation du kessel.
Le 11 février 1945, Budapest allait-elle connaitre le même sort que Stalingrad ?

La situation désespérée, une ligne de front limitée aux alentours de la colline du Château, sans possibilité de ravitaillement -l'espace du Vermezö étant perdu-,des milliers de blessés amoncelés dans des lazarets insalubres, un début d'épidémie de typhus, les hauteurs environnantes aux mains des Russes, n'offrait guère de choix à Pfeffer-Wildenbruch. Une capitulation étant hors de question, le Führer s'y opposant et le sort des SS étant connu d'avance,
il ne restait plus qu'à choisir entre lutter jusqu'au dernier homme ou tenter une percée.

ETAT DE LA GARNISON

Allemands : 23 900 hommes dont 9000 blessés
Hongrois : 20 000 hommes dont 2000 blessés
Civils : estimés entre 80 000 à 100 000.

LES PRÉPARATIFS

La sortie s'effectuera par la place Szell Kalman (Moszkva Ter aujourd'hui) et la place Szena. En raison des obstacles anti-chars, des échelles sont prévues.

La percée s'effectuera en 3 vagues :
1ère vague : les restes de la 13 Pz.Div. la 8.SS Kav.Div. Florian Geyer répartis en groupes de combats de 30 hommes au sein desquels des Hongrois connaissant les lieux ;

2ème vague : ce sera au tour de la Feldherrnhalle PzGr.Div. et de la 22 SS Kav.Div avec les unités hongroises :

Enfin, en dernier, les unités du train, les blessés et les civils.

Comme ce fut toujours le cas lors du siège, l'état-major hongrois ne fut informé qu'en dernier lieu (soit-disant en raison d'une crainte de fuites...), vers 18 heures.

Malgré le secret entourant ces préparatifs, tous se doutaient qu'il y avait bien un projet dans l'air, les Russes renforçant les positions. L'unique inconnue restait cependant la date et l'heure.

Le déclenchement de la percée est prévu pour 20h00. Une foule compacte envahit les abords du Château Royal, et les soldats prévus pour la 1ère vague ne peuvent se positionner en tête. Les premiers fuyards sont décimés, par manque de combattants suffisants, et ce n'est plus qu'un troupeau apeuré, qui ne connait plus ni coordination et ni discipline, fauché par les armes lourdes soviétiques. Les corps s'empilent autour de la place Szell Kalman et la place Szena. Les survivants réussissent à franchir les obstacles, détruisant au panzerfaust les blindés russes. 3 autres vagues échouent, les combattants, à court de munitions font demi-tour, d'autres, effrayés par les pertes hésitent à s'engager au-delà.


Le général Schmidhuber commandant la 13.Pz.D. est un des premiers à tomber près de la place Szena. (il avait dit la veille que la : "percée était un jeu d'enfant et qu'après-demain, on prendra un verre ensemble")
Les Waffen SS blessés préfèrent se suicider : le Bg August Zehender, kommandeur de la 22.Freiwillige.SS Kav. Div, blessé à la jambe ainsi que le Bg Joachim Rumohr kommandeur de la 8.SS Kav.Div. mettent fin à leurs jours.

L'oberstleutnant Wolff (Feldherrnhalle Panzergrenadieren Div.) comprend qu'il est vain de passer par les places Szena et Szell Kalman. Un groupe de 3000 hommes perce au Vemezö, qui mérite son nom de pré sanglant, provoquant un début de panique parmi les troupes russes, permettant ainsi de progresser en direction du nord-ouest, vers les collines boisées. Ce premier jour, 16 000 militaires et civils ont réussi à s'extraire du kessel.

Dans le fossé du diable

Pendant ce temps, l'état-major du IX SS Gebirgs Korps entreprend de s'échapper au travers d'un canal souterrain traversant Buda appelé Ördög-Arok : le fossé du diable. Le général Hindy, commandant les forces hongroises rassemble ses officiers supérieurs et propose le plan d'évasion. Le nouveau promu général Billnitzer, chef des canons d'assaut, refuse tout net de les accompagner, préférant rester au milieu de ses hommes.
A 23h00, un kampfgruppe de 500 SS commandé par le SS Oberfuhrer Dörner ouvre la marche, pénètre dans le canal souterrain situé en face du tunnel du Château. Des fuyards rejoignent le groupe et bientôt le niveau de l'eau monte. L'armement encombrant est abandonné, ainsi que les bagages, obstruant la marche des suivants.

Certains décident de quitter ce "couloir du diable" comme l'aide de camp de Pfeffer-Wildenbruch, Usdau Lindenau qui aussitôt à l'air libre est capturé.
Pfeffer-Wildenbruch quitte également le tunnel, les Russes à l'extrémité attendent les échappés avec des lance-flammes, se cache dans une villa et est fait prisonnier. Dörner disparait à tout jamais. Tous ceux qui tentèrent l'échappée par le fossé du diable ne purent retrouver les lignes allemandes. Le général Ivan Hindy, accompagné de sa femme est capturé avec son état-major.

LA FUITE ET L'ARRIVÉE DANS LES LIGNES ALLEMANDES

Les groupes qui ont réussi à traverser les barrages russes par Varosmajor ou en suivant la voie ferrée à crémaillère atteignent les collines boisées au nord-ouest de Buda.

Le groupe Billnitzer, profitant du brouillard, se divise en plusieurs escouades. Billnitzer prenant un itinéraire sud est capturé aux environs de Perbàl.

D'autres sont repérés par l'aviation russe qui les mitraille ou sont attendus par les chars qui les traquent.
Les Allemands sont séparés des Hongrois et sont liquidés.
Pour beaucoup, affamés, en proie à des hallucinations, ils préfèrent abandonner, se cacher ou se rendre.

Au bout de 2 à 3 jours, les premiers groupes atteignent les lignes allemandes aux environs de Zsambek (pris lors de Konrad I). Seuls 700 rescapés sont recueillis. Le groupe le plus important est mené par Helmut Wolff (FHH Pz.Gr.Div.) et Wilhelm Schöning. Celui-ci, blessé à la jambe demande à être achevé mais réussi en se trainant à parcourir les deux derniers kilomètres.

Ce tableau récapitulatif permet de se rendre compte des pertes.

Garnison au 24 déc. 1944 : 79 000 100%
Tués ou capturés à Pest : 22 000 28%
Tués ou capturés à Buda
au 11 fev. 1945 : 13 000 17%

Garnison au 11 fev. 1945 : 44 000 56%
Capturés au début de la percée : 22 350 28%
Capturés après le 15 fev. : 1000 1%
Rescapés : 700 1%
Cachés dans les bois : 700 1%

Total pertes de la percée 19 250 24%

LA FIN DE BUDA

Il restait encore dans la colline du Château 5000 hommes environ (hongrois pour la plupart) qui n'avaient pas pu ou voulu prendre part à la percée. Les blessés étaient entassés dans des hôpitaux, sans hygiène, mourant de froid et de faim. Le 12 février, les Russes s'emparaient de ce qui restait de la festung. Le lazaret prit feu, vraisemblablement incendié par les Russes (peut-être aussi par un mégot mal éteint ?), et 2000 blessés périrent carbonisés.
La conférence de Yalta venait de s'achever, la prise de Budapest entérinant la mainmise de l'URSS en Europe centrale. La route de Vienne était ouverte mais Hitler s'obstinera à lancer 2 autres offensives (Frühlingspatwacher) pour garder les derniers puits de pétrole et empêcher la ruée sur Vienne.

Sources
http://en.wikipedia.org/wiki/Battle_of_Debrecen_order_of_battle

 

Menu