La Chine dans la guerre

Tchang Kaï Check

Dès la fin du XIXème siècle, une rivalité s'instaura entre la Chine et le Japon.
Cette rivalité résultait des réactions différentes des deux pays face visées colonialistes des puissances occidentales.
Jamais la chine ne pouvait imaginer qu'un jour,les Occidentaux parviendraient à s'établir en Chine. Pourtant, elle fut incapable d'empêcher les pays occidentaux de se tailler des "sphères d'influence" dans un pays en voie de désagrégation rapide .
Au contraire, le Japon, qui avait reconnu la supériorité techniques des pays occidenataux, choisit de les imiter (en créant particulièrement une armée sur le modèles Européen).
Au cours de la guerre sino-japonaise de 1894-1895, il devint clair que le Japon songeait à coloniser l'empire chinois.
Au terme de ce conflit, la chine perdait son influence sur la Corée au profit du Japon qui s'adjugea également sa première colonie en Mandchourie.
Mais la France, l'Allemagne et la Russie - qui avait des visées sur la Mandchourie - contraignirent le Japon à restituer leur conquête. Les Russes s'installèrent ainsi en Mandchourie à mondre frais, ce qui amena la guerre russo-japonaise (1904-1905).
La victoire Japonaise permit à ce pays de gagner sa place parmi les grandes puissances : la Corée passait sous protectorat japonais et la Mandchourie devenait "sphère d'influence" du Japon.

Au cours des années qui suivirent, le Japon continua son industralisation et se renforça tandis que la Chine tombait progressivement dans la chaos.
Le 10 octobre 1911, le peuple se révoltait contre le pouvoir et proclama la république.
Les nouveaux dirigeants tentèrent de moderniser le pays, à l'image du Japon, mais sans succès.
Les perpétuelles guerres civiles profitèrent au Japon qui développait ses intérêts militaires et commerciaux.

En 1920, la Chine parvint presque à réaliser son unité avec l'arrivée au pouvoir d'un homme de tout premier plan : le maréchal Tchang Kaï chek.
Celui-ci créa sa capitale à Nankin et se lança dans des réformes économiques, militaires et industrielles.
Allié un temps des soviétiques, il se sépara d'eux en 1927 et poursuivit ses réformes qui commençaient à porter ses fruits malgré l'opposition des communistes qui dominaient le sud-est du pays.
Les Japonais étaient inquiets des succès chinois et de la rennaisance de la Chine et les Chinois, se rendant compte que le Japon étant le principal obstacle à leur redressement boycottèrent tous les produits japonais.
En représailles, les Japonais istaurèrent le désordre et l'insécurité. En 1931, ils déposèrent une bombe sur la voie ferrée près de Moukden en Mandchourie. Profitant de cet "incident", les Japonais osèrent prétendre que les Chinois étaient incapables de maintenir l'ordre en Mandchourie. L'armée japonaise, massée à Port Arthur conquit la totalité de la Mandchourie, qui devint Etat "indépendant" sous le nom de Mandchoukouo. Les Japonais y placèrent Pou Yi, le "bébé empereur" déposé en 1911, à la tête de cet Etat fantoche.
Ces événements exacerbèrent le ressentiment des chinois et le boycott s'étendit à l'ensemble du pays. En réponse, les troupes japonaises débarquaient à Changhaï (centre de l'activité du boycott) le 28 janvier 1932. Durant plusieurs semaines, une armée chinoise tint tête aux envahisseurs mais les Japonais firent venir des renforts. Le 4 mars, les derniers défenseurs de la ville durent quitter la ville. Cette agression flagrante du Japon servit Tchang Kaï chek : l'unité du pays se poursuivait.
Son emprise sur le peuple se consolidait. Les soulèvements des "seigneurs de la guerre" étaient réprimés et les communistes étaient refoulés dans le Nord-Ouest de la Chine. Les Chinois se rendaient enfin compte que l'unité était nécessaire pour faire face à l'invasion japonaise. En 1936, Tchang Kaï chek et Mao Tsé Toung mettaient enfin un terme à la guerre civile pour s'unir contre les Japonais. Tokyo comprit alors que ses tentatives d'affaiblissement et de division de la Chine ne pourraient pas aboutir.
Le gouvernement japonais décida donc de renverser Tchang Kaï chek et de conquérir la totalité du territoire chinois.
L'ordre fut donné de créer un incident donnant prétexte à une invasion : ce fut l'incident du pont de Marco Polo, le 7 juillet 1937.

En 1937, l'armée japonaise disposait pour cette opération d'environ 300 000 hommes, bien équipés et bien entraînés.
150 000 Mandchous et Mongols commandés par des officiers japonais complétaient l'effectif, sans compter 2 000 000 de réservistes sur le sol japonais. Ces forces terrestres bénéficiaient de l'appui d'une marine parmi les plus modernes. Enfin, marine et l'armée disposaient d'une excellente aviation.
Les chinois, quant à eux, disposaient de 2 000 000 de soldats, mal équipés et mal entraînés, ne possédant que peu d'artillerie et d'avions. Enfin, la chine ne possédait pas de marine digne de ce nom, n'avait pas de réserves instruites et peu d'officiers avaient les capacités pour mener une guerre moderne.

Les Japonais passèrent à l'action le 7 juillet 1937 sur le pont de Marco Polo.
Cette nuit là, les soldats japonais attaquèrent les gardes chinois qui gardaient le pont. De Mandchourie, les troupes japonaises déferlèrent sur la chine du Nord en direction de Pékin. Les autorités japonaises expliquèrent qu'il s'agissait de représailles à la suite d'une attaque sans provocation de la part des Chinois.
Dans les semaines qui suivirent, les forces japonaises occupèrent rapidement Pékin et Tien-Tsin et se dirigèrent vers le sud.
Le 8 août, la marine japonaise débarquait de nombreuses troupes à Changhaï. Ces troupes se heurtèrent à une forte résistance de l'armée chinoise. Pour éviter une défaite, les Japonais durent faire venir en hâte des renforts. Il fallut plusieurs semaines aux Japonais pour venir à bout de la résistance chinoise. En octobre, de nouveaux débarquements furent réalisés au nord et au sud de Changhaï et permirent aux Japonais de vaincre la résistance chinoise. Le 8 novembre, la ville tombait et les Japonais se lançaient à la poursuite des survivants se dirigeant vers Nankin. Le 13 décembre 1937, les Japonais prenaient Nankin, ravageant la ville et se livrant à un véritable massacre : 300 000 civils furent tués et 20 000 femmes y furent violées.
Quelques jours auparavant, Tchang Kaï chek avait transféré sa capitale en Chine centrale et continuait à diriger la défense. Rapidement, les Japonais durent faire face à une résistance de plus en plus dure et durent arrêter leur offensive sur le fleuve Jaune.
Se rendant compte que la conquête de la Chine serait plus ardue que prévu, les Japonais se renforcèrent et préparèrent une nouvelle offensive. Début 1938, ils reprirent leur avance dans le nord-est de la Chine et poussaient dans le sud vers Siu-Tchéou (centre ferroviaire). L'offensive puissante des Japonais ne put être enrayée par les troupes chinoises qui se battirent avec l'énergie du désespoir, harcelant sans cesse les troupes nippones et leur infligeant des pertes importantes.
Lorsque les Japonais approchèrent de Siu-Tchéou, Tchang Kaï chek fit exécuter par le général Li Tsoung Yen une attaque surprise qui isola 60 000 soldats japonais à Taï-Tchouang. Au bout de plusieurs jours de combats, les Japonais parvinrent à s'échapper mais laissaient 20 000 morts sur le terrain.
Cette défaite était le premier revers militaire important de l'histoire moderne infligée aux Japonais. Le peuple chinois exultait.
Réorganisés, avides de vengeance, les Japonais reprirent leur attaque. Siu-Tchéou tombait à la fin mai 1938 et les Japonais occupaient la région nord du fleuve Jaune - Houang-Ho - De Siu-Tchéou, les Japonais voulaient poursuivre leur avance au sud vers Han-Keou afin de faire la jonction avec une autre colonne venant de l'est et remonter le Yang-Tsé-Kiang.
Afin d'enrayer la progression japonaise, les chinois prirent une décision incroyable : détruire les digues du fleuve Jaune près de Siu-Tchéou. Ce désastre immobilisa les forces japonaises qui se retrouvèrent dans un territoire totalement inondé : les hommes, les véhicules, le ravitaillement japonais furent submergés par les eaux dans un rayon d'une centaine de kilomètres. L'offensive vers le nord fut stoppée mais celle visant Han-Keou fut poursuivie. Après d'âpres combats, Han-Keou tombait le 25 octobre 1938.
Privés de leur régions les plus fertiles, les chinois continuaient le combat. Tchang Kaï chek déplaça sa capitale à Tchong-King et ordonna à ses troupes de pratiquer la politique de la "terre brûlée" et de harceler les troupes japonnaises.
En octobre 1938, les Japonais débarquaient près de Hong-Kong et s'emparèrent de Canton. Avec la perte de ce port, vital pour le ravitaillement, la Chine se retrouvait presque complètement isolée.
Après la conquête de tous ces nouveaux territoires, le Japon décida de consolider ses positions. En 1939, il se lança dans la conquête des ports de mer, espérant empêcher tout ravitaillement extérieur. Les Japonais espéraient ainsi amener Tchang Kaï chek à la capitulation.
Une fois ses principaux ports perdus en 1939 et 1940, la chine ne disposait plus que de deux voies de ravitaillement : la voie ferrée de Haiphong à Nan-Ning par l'Indochine française et la route de la Birmanie britannique (très sinueuse), de Rangoon à Kouen-Ming.

La guerre en Europe allait permettre aux Japonais de couper ces deux routes. Profitant de la défaite française, les Japonais s'emparèrent des ports et des terrains d'aviation de la colonie française : la voie ferrée de Haiphong à Nan-Ning était coupée.
La chine ne disposait plus que de la route de la Birmanie de Rangoon à Kouen-Ming.
C'est alors que le Japon demanda à la Grande-Bretagne de fermer cette route. La Grande-Bretagne, qui venait de subir une grave défaite dans les Flandres et craignant une invasion de son sol par les armées allemandes, s'inclina à regret devant les menaces japonaises. Le 18 juillet 1940, Winston Churchill fit fermer la route de Birmanie.
La chine était complètement isolée mais continuait le combat.
1940 : année cruciale ! Les USA décidaient enfin d'apporter leur aide aux nations attaquées. Avec la loi "Prêt-bail", ils fournirent à la Grande-Bretagne, armes et matériels afin de poursuivre la lutte.
A la fin de 1940, lorsque Churchill sentit que son pays était plus fort après sa victoire sur les Allemands lors de la bataille de l'Angleterre, il donna l'ordre le 18 octobre de rétablir la circulation sur la route birmane. Le ravitaillement "Prêt-bail" arrivait enfin à Kouen-Ming. Fin 1940, les Japonais étendirent l'occupation de l'Indochine et équipèrent les terrains d'aviation à partir desquels les avions japonais bombardaient la partie chinoise de la route birmane et, en juillet 1941, ils occupaient la totalité de l'Indochine française. En réponse, le président Roosevelt imposa un embargo sur tous les produits américains destinés au Japon.
Sans pétrole ni acier, le Japon ne pouvait qu'attaquer : ce fut Pearl Harbor.
L'offensive japonaise dans le Pacifique obligea les Japonais à suspendre leur action offensive en Chine. Les opérations aériennes furent également ralenties. Ralentissement dû en partie aux pertes infligées aux bombardiers japonais par les "Tigres volants" composés par des pilotes américains volontaires commandés par le colonel Chennault.

Au moment ou les Britanniques subissaient une défaite en Birmanie, Tchang Kaï chek décida de porter secours à la Birmanie afin de sauver sa seule et unique voie de ravitaillement. D'abord réticents (suite à une querelle de frontière entre les deux pays), les Britanniques acceptèrent finalement l'aide Chinoise. Tchang Kaï chek dépêcha aussitôt deux armées fortes de 30 000 hommes qui partirent de Kouen-Ming. A leur arrivée en Birmanie, les Anglais avaient quitté Rangoon.
La Vème armée chinoise, après avoir atteint Lashio, fin de la route birmane, fut transportée en Birmanie centrale. Le 19 mars, la division prit position à Toungoo pour arrêter les Japonais. La VIème armée, quant à elle, plus faible et plus réduite, continua à pied, à partir de Lashio, vers le sud afin de s'opposer à une éventuelle attaque japonaise venant du Siam (Thaïlande). Ce corps expéditionnaire chinois était placé sous le commandement d'un américain, le général Stilwell, depuis peu à la tête d'une mission militaire américaine.Tchang Kaï chek en avait fait son chef d'état-major avant de lui confier ce commandement.
Le 21 mars 1942, les Japonais attaquaient en Birmanie centrale et la Vème armée chinoise subit de plein fouet l'assaut japonais.
Les Chinois repoussèrent plusieurs assauts de front mais furent encerclés.
Les Chinois se battirent avec rage. Tout particulièrement la 200ème division qui repoussa toutes les tentatives de percée des japonais. Après plusieurs jours d'encerclement, cette courageuse division réussit à percer les lignes japonaises et à prendre position sur la voie ferrée.
Les Japonais portèrent alors leurs efforts sur Yenangyaung et son pétrole. Cette région était encore sous contrôle Anglais. La 1ère division birmane des Britanniques se trouva mi-avril complètement encerclée et près de l'effondrement. Le général Stilwell décida d'envoyer à son secours la 38ème division chinoise qui attaqua les Japonais.
Grâce à leur intervention, les Anglais purent briser l'encerclement.
Le 19 avril, les Japonais attaquèrent la VIème armée chinoise à Taunggy qui tomba rapidement sous l'attaque des chars japonais. Les forces japonaises remontaient vers le nord, menacant Lashio qui tomba le 29 avril.
La route de la birmanie était coupée.
Les Japonais se retournèrent alors vers le sud-ouest et menacèrent Mandalay.
Le commandant en chef britannique, le général Alexander, décida alors de battre en retraite vers les Indes à travers les montagnes de la frontière indo-birmane.
L'attaque japonaise sur Lashio dispersa les forces chinoises de Birmanie. Trois divisions chinoises atteignirent le Yunnan. Deux divisions se replièrent, vers le nord à Myitkyina, dans des conditions atmosphériques déplorables, attaquées par les Japonais et survécurent grâce aux vivres parachutées par les anglo-américains. La 22ème division réussit à franchir les montagnes séparant l'Inde de la Birmanie en suivant une piste très dangereuse, au milieu des cadavres des réfugiés. Elle atteint enfin la vallée du Brahmapoutre, au nord de l'Inde, en juillet et août. La 96ème division, quant à elle, parvint par miracle à gagner le Yunnan, à la fin de l'été, en passant par les chaînes de l'Himalaya, complètement dépourvues de pistes.

En 1943, privée du ravitaillement de la route de la Birmanie, la Chine ne pouvait entreprendre des actions importantes. Seules les actions de guérilla se firent plus virulentes.
Quant aux Japonais qui subissaient les attaques américaines dans le Pacifique, ils étaient n'étaient pas mécontents de se borner à rester sur la défensive en Chine.
A la fin de l'année, le conflit sino-japonais était au point mort.
Les Japonais n'avaient pas réussi à abattre la Chine et devaient maintenir sur le continent près d'un million de soldats.

A la fin de l'année 1943, l'armée japonaise est désormais condamnée à la défensive sur le théâtre du Pacifique. Le Japon décide de régler le sort de la Chine en lancant une importante opération visant à établir la liaison entre l'Indochine et les territoires occupés du nord de la Chine.
L'opération est un succès : l'armée chinoise s'est effondrée, Tchang Kaï-chek est discrédité, les bases aériennes américaines sont perdues, l'empire continental nippon se retrouve consolidé. Mais les Américains trouvent vite la parade, en mouillant des mines dans le détroit de Corée, ce qui accroît l'isolement du Japon, déjà étranglé par l'action des sous-marins américains. Le sort du Japon allait se jouer dans le Pacifique avec la prise d'Iwo-Jima, d'Okinawa... Le Japon était assiégé.

Les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki précipitèrent sa chute. Le 14 août, l'Empereur Hiro Hito déclara : "Nous ne voyons plus qu'une seule façon pour le Japon de se sauver. C'est la raison pour laquelle nous avons pris la détermination d'endurer l'inendurable et de supporter l'insupportable".
Le 2 septembre 1945, le Japon signait l'acte de reddition à bord du cuirassé USS Missouri. La fin de cette guerre longue de 8 ans mettait enfin un terme aux souffrances des Chinois.
10 000 000 de civils furent massacrés par les Japonais et 7 700 000 soldats chinois moururent durant les combats.

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