Adolf Hitler
Par Hannah

Adolf Hitler

 

 

Hannah vit en Israël, elle est Juive et Française. Dans le cadre de ses études, il lui a été demandé de faire un mémoire sur Adolf Hitler. Cherchant de l’aide et des sources, elle est passée sur HistoQuiz et j’ai eu le plaisir de l’aider du mieux que j’ai pu. Ce fut pour elle une épreuve pénible que de se pencher sur l’histoire du bourreau de son peuple. Le résultat de ses travaux vous est livré ici. Bonne lecture.
Daniel Laurent


PREMIERE PARTIE

I. Introduction : histoire et historiographie

Par le terme d’histoire, on comprend généralement le passé ou une réalité révolue. Le mot histoire dans son utilisation quotidienne signifie le passé lui-même. On ne pense pas toujours que « histoire » a un sens supplémentaire qui est connaissance du passé au travers des témoins oculaires ou des écrits de leurs mémoires ou encore par le biais des propos des chercheurs. Ces deux connotations sont comprises dans le concept « histoire ». Dans le cercle des historiens, on a l’habitude de distinguer histoire et historiographie : si histoire sous entend les faits et événements eux-mêmes, l’historiographie quant à elle se définie plutôt comme les écrits des événements passés par le biais de chercheurs.
La distinction entre ces deux éléments revêt une importance capitale qui nous pousse à l’éclaircir davantage.

La signification de cette distinction

Cette distinction attire notre attention sur le rôle particulier de l’historien et sur le caractère spécifique des écrits historiques – historiographiques.
Le passé lui-même est révolu est déjà plus. L’historien au travers ses écrits ne pourra jamais le présenter précisément comme il était, de même que la description d’un paysage aussi fidèle soit-elle, ne sera jamais le paysage lui-même.
L’historien dans son rôle de « scribe de l’histoire », va relater le passé, le commenter pour nous mais ne le refera jamais revivre.

Durant les dernières générations, l’intérêt des historiens pour l’historigraphie et les obstacles qu’elle rencontre a subi une croissance certaine vu leurs répercutions sur notre époque. De nouveaux chercheurs dans ces domaines naissent chaque jour. Ceci est la preuve concrète que la vision du 19ème siècle est enfin révolue, cette vision basée sur le principe de foi :les historiens sont les détenteurs du passé et, l’histoire – en tant que passé –, parle au travers eux.

Cependant, il est certain que la confusion qui règne entre histoire et historiographie n’est pas due au hasard. L’expérience de ceux qui s’intéressent à l’histoire pousse à cette confusion. En effet, de quel autre moyen dispose-t-on pour connaître l’histoire que de consulter et de se suffire des écrits, des récits de chercheurs et d’historiens. Cette restriction – toute objective soit elle – habitue le lecteur à penser que la réalité de l’histoire, est celle qui est relatée dans ces oeuvres, (ce qui n’est évidemment pas le cas). Aussi fort qu’est notre désir de connaître le passé, nous serons tout de même confrontés à ces difficultés insurmontables.

Notre connaissance reste donc inévitablement indirecte, ce qui est parfois vrai, même pour notre passé personnel. Nous n’avons aucun moyen de nous téléporter dans l’histoire, ou d’en avoir un savoir direct, ce qui nous contraint à nous fier aux « rapports » des historiens. Ceci, tout en étant conscient que l’historien lui-même, se base sur d’autres écrits puisqu’il n’est pas lui-même témoin oculaire.

Il y a donc lieu de s’interroger sur l’avantage de l’historien relativement à un simple consultant d’écrits historiques.
L’historien se base sur des documents et des sources orales ou écrites ( rescapés, témoignages…) qu’il va retravailler afin de les organiser pour « faire » l’histoire. Son oeuvre est donc fondée sur des éléments historiques fidèles auxquels le simple consultant n’aura pas accès, mais elle sera empreinte obligatoirement de sa vision, de son étude, de sa critique et finalement de ses conclusions.

Le rôle de l’historien consiste donc essentiellement à :

1. L’historien ne peut se suffire des témoignages ou preuves pour prétendre connaître les faits. Au demeurant, quel que soit le nombre de documents ou témoins que possède l’historien, ils ne seront jamais assez complets pour satisfaire ses recherches.

2. L’historien tente de retrouver les liens de causes à effet entre les différents événements. Il enquête donc sur ces relations cachées.

3. L’historien ne se contente pas de décrire les épisodes connus. Son « défi » est plutôt de dévoiler ou découvrir les règles régissant les faits et attitudes des différents personnages qui ont pris part à l’histoire, ceci compte tenu du contexte. Il examine les liens dans un contexte donné entre divers éléments de l’histoire qui à l’origine ne semblait pas converger vers un même but.

4. L’historien porte un regard critique sur la conscience du passé relativement à lui-même. La justesse de cette conscience ainsi que la concordance avec la réalité des faits telle qu’il les interprète sont soumis à la critique de l’historien.

L’objectif de mon devoir correspond donc au 3ème point énoncé plus haut. En effet, celui-ci a pour but l’analyse du personnage d’Hitler et le lien avec ses actes commis pendant la shoah. Mon objectif est d’analyser le caractère, la personnalité et la vie d’Hitler et de les relier à ses actes, sans oublier de prendre en compte la situation socio-économique à cette époque. Bien entendu, ce devoir sera seulement hypothétique car je rapporterai des paroles d’historiens, de psychologues ou autres, pour tenter d’émettre une une hypothèse; aucune thèse ne sera donc émise de mon coté.
Je donnerai cependant mon avis personnel sur le sujet à la fin de ce devoir.

Avant de s’intéresser directement au personnage d’Hitler, il me semble important de définir le contexte où il a trouvé son essor.

II. LES CAUSES ECONOMIQUES

La république de Weimar

Le traité de Versailles (28 juin 1919), les plébiscites de 1920 et 1921 ont enlevé à l’Allemagne la totalité de son empire colonial. A la suite du plébiscite du 20 mars 1921, les communes polonaises de haute Silésie ont été attribuées à la Pologne. Enfin, un plébiscite était prévu dans le territoire de la Sarre pour 1935. Plus frappant encore que ces amputations, apparaît la configuration de la nouvelle Allemagne ou la Prusse-Orientale est séparée du reste du pays par la ville de Danzing et par le « corridor » polonais.

La population quant à elle est passée de 57 millions en 1920 à 62,4 en 1925 et à 65 en 1930. Le résultat de la forte poussée démographique d’avant la guerre risque de ne pas se maintenir car le taux de natalité ne cesse de baisser. Une telle régression continue – freinée en partie par la diminution de la mortalité infantile – n’est pas sans inquiéter, particulièrement en face d’une Pologne où le taux des naissances atteint 34%. La répartition géographique de la population allemande reste sensiblement la même qu’au temps du IIème Reich, mais la disproportion entre villes et campagnes s’accroît.
La population allemande est plus homogène en 1921 qu’en 1914 ; les amputations subies par l’Allemagne en ont séparé les allogènes.

Les milieux sociaux : La crise de 1930 affectera cette catégorie de propriétaires. Lorsque fut crée l’Osthilfe (Assistance de l’Est) pour venir en aide a toute l’Allemagne transelbienne, les junkers furent accusés d’avoir accaparé la majeure partie des secours distribués.
La divulgation de ces faits incita Hindenburg à renvoyer Schleicher le 28 janvier 1933, ouvrant ainsi à Hitler les portes de la chancellerie.

Dans l’histoire de la paysannerie allemande, les années 1918-1933 ne sont pas une période caractéristique. On a noté l’accentuation de l’exode rural, qui réduit à un tiers de la population du Reich, celle des campagnes. L’inflation a moins touché les paysans que les autres milieux sociaux, car ils sont habitués à vivre en économie fermée et disposent des ressources alimentaires essentielles. Comme tous les Allemandes, ils profitent de la prospérité des années 1925-1929. La crise de 1939 les affecte par la baisse des prix agricoles ; cependant, la gêne qu’elle provoque n’est pas comparable au désarroi que cause la montée continue du chômage. La situation des paysans allemands n’a pas joué de rôle déterminant dans l’avènement du national-socialisme.

Il n’en est pas de même de la classe moyenne. L’histoire de la république de Weimar peut être étudiée à travers ses velléités, ses réticences et, finalement, son impuissance à faire vivre un régime issu de la défaite. En 1922-1923, l’inflation a ruiné les rentiers et mis en difficulté les petits et les moyens industriels. Mais le retour au calme et à la prospérité à partir de 1924 profite à tous, aux industriels et aux commerçants qui bénéficient de l’essor des affaires comme aux fonctionnaires et aux membres des professions libérales rassurés par une monnaie stable. Mais, en 1930, le marasme économique va avoir sur la majeure partie de la bourgeoisie une influence décisive. Le trouble et l’incertitude ou se débat l’Allemagne la poussent vers le national-socialisme, seul capable à ses yeux de faire sortir l’Allemagne d’une situation désespérée.
La crise de 1929 quant à elle ne tarde pas a se faire sentir dans le domaine de l’emploi. De 500 000 en 1927, le nombre des chômeurs passe a 2 300 000 au cours de l’hiver 1929-1930, 4 millions à la fin de 1930 etc…situation qui n’a certes pas été sans influer sur les progrès du mouvement nazi de 1930 à 1933.

Une économie américaine : Pendant les quinze années qui séparent la disparition du IIème Reich de l’avènement du IIIème, l’économie allemande voit alterner les crises et les périodes de prospérité. Crise de l’après-guerre, que caractérise l’effondrement du mark, bien plutôt qu’une baisse de la production : si celle de charbon tombe de 120Mt en 1922 à 62 en 1923 pour remonter à 120 en 1924, c’est en raison de la grève politique déclenchée par l’occupation de la Ruhr. Qu’elle soit due ou non au « fardeau » des réparations, fixées le 6 mai 1921 à 132 milliards de marks-or, la chute du mark est vertigineuse. Le dollar qui s’échangeait contre 4 marks en 1914 en vaut 75 en juillet 1921 et ne fera que croître ensuite. L’inflation de 1923 a laissé dans la mémoire des Allemands un souvenir plus terrible que la défaite de 1918. Impuissant à arrêter cette débâcle, le gouvernement préfère créer en octobre 1923, une monnaie provisoire, le Rentenmark, garantie par une hypothèque générale sur l’agriculture, l’industrie et le commerce allemands. L’adoption en 1924 du plan Dawes – une solution d’attente au problème des réparations – permet à l’Allemagne de lancer un emprunt de 800 millions de marks or et de créer une nouvelle devise, le Reichsmark (RM), sur la base de 4,20 RM pour un dollar. Annulation des billets de banque antérieurs, échange des titres d’emprunt dépréciés de 87 à 97 p. 100 : la réforme ruine les rentiers et les épargnants. Du,moins est elle à l’origine d’une période de prospérité. Pas immédiatement toutefois ; faillites et chômage suivent la stabilisation, le point culminant de la crise se situant aux deux premiers mois de 1926. Mais, des le mois d’août, le mark est libéré de la subordination au dollar ; l’or afflue. Les capitaux étrangers investis en Allemagne depuis la fin de 1924 jusqu’en juin 1927 se montent à 4 milliards de reichsmark dont 70 p. 100 proviennent des Etats-Unis. Le gouvernement du Reich emprunte, pendant la même période, quelque 10 milliards de Reichsmark. Les traces de la guerre et de la défaite paraissent effacées, et on pense avoir retrouvé la prospérité d’avant 1914. C’est dans cette Allemagne de 1925 à 1929 qu’on peut étudier la structure économique du régime weimarien.
La production du pays connaît un développement des plus remarquables durant ses années de reconstruction.
En effet, tant dans le domaine de l’industrie chimique que celui de la sidérurgie ou même l’exploitation des sous sols, l’Allemagne entre dans le cadre des puissances industrielles.

Mais encore plus que les niveaux ce sont les méthodes et les structures de l’économie qui caractérisent l’Allemagne weimarienne. L’Allemagne s’ « américanisé», notent les observateurs : c’est l’ère de la rationalisation du travail à la chaîne, de la standardisation, de la concentration. Celle-ci se fait sentir surtout dans les entreprises de navigation et dans l’industrie chimique : en 1925 est fondée à Francfort l’I.G. Farben, énorme Konzern réunissant plusieurs centaines d’entreprises groupées autour de la Badische Anilin de Ludwigshafen.
L’économie allemande donnait en 1929, une impression de force retrouvée et semblait appeler à développer encore sa puissance.
En fait, cette apparente prospérité cachait une situation assez malsaine : inflation de crédit, surcapitalisation, ampleur excessive de grands travaux qui déséquilibrent le budget. Le krach boursier d’octobre 1929, aux Etats-Unis, arrête les crédits américains qui alimentaient l’industrie allemande. Les usines ralentissent ou cessent leur production. 1931 et 1932 sont des années de marasme économique marquées par le ralentissement de la production, l’effondrement des prix, le chômage. Les conditions économiques et psychologiques sont réunies pour favoriser la montée du national-socialisme et son triomphe en 1933.

SOUS LE SIGNE DE LA DEFAITE

En dépit des espoirs qu’avaient fait naître dans tous l’Europe, les années de stabilisation relative (1925-1929), jamais la république de Weimar n’a été vraiment acceptée de la majorité du peuple allemand. L’attitude la plus répandue est celle du refus : refus de la défaite, refus du régime, refus chez certains, de sa structure capitaliste.

La défaite de 1918 marque non seulement Weimar, mais le IIIème Reich qui est essentiellement une protestation contre les conditions imposées par la vainqueurs. S’il y a un sentiment qui puise faire la quasi-unanimité des Allemands, c’est bien le refus du Diktat de Versailles, des clauses dures, et surtout inégales, qu’il a fallu signer sans pouvoir les discuter. Il s’agit avant tout des nouvelles frontières qui consacrent la mutilation du territoire : en signant des accords de Locarno (1925), l’Allemagne a bien reconnu ses frontières occidentales, mais elle s’est toujours refusée à faire de même pour ses frontières orientales, et l’hostilité envers la Pologne est une des constantes de sa politique. Sont également en question les clauses militaires et les réparations fondées sur le « mensonge » de la responsabilité allemande.
La « politique d’exécution » d’Erzberger et de Rathenau en 1921-1922, celle de Gustav Stresemann, à la Wilhelmstrasse de 1923 à 1929, sont simple expédient, tactique destinée à inspirer confiance et à obtenir peu à peu la destruction du traité de Versailles : ce refus de la défaite et de ses conséquences et d’autant plus catégorique que la légende du « coup de poignard dans le dos », est pour la plupart des Allemands, une vérité : l’armée n’a pas été vaincue, le front n’a pas cédé ; c’est l'arrière qui a été miné par les spartakistes et leur propagande défaitiste. D’où le succès des associations patriotiques comme le Stahlelm (casque d’acier), d’où l’espoir d’une revanche qui effacera la honte de la défaite et du traité qui la sanctionne. Invictis victi victuri : la fière devise trouvée par Ulrich von Wilamowitz-Moellendorf pour le monument aux morts de l’Université de Berlin exprime les sentiments profonds de la majorité du peuple allemand. On ne saurait exagérer l’importance de ce courant nationaliste, le plus fort sans doute de ceux qui ont agité l’Allemagne après 1918.

La république et la démocratie sont filles de la défaite : aussi sont-elles englobées dans le discrédit qui frappe tout ce qui touche à cette sombre époque. La fête nationale du 11 août, anniversaire de la constitution de 1919, ne donne lieu qu’à des cérémonies officielles et discrètes, le drapeau noir, rouge et or – celui de 1848 – ne parvient pas à supplanter, dans l’esprit des Allemands les couleurs impériales noir-blanc-rouge. Est-ce à dire qu’une restauration de la monarchie menace de supprimer le république ? Au niveau de l’Empire, il ne le semble pas : la fuite en Hollande n’a pas rehaussé le prestige de Guillaume II. et son fils, - l’ex Kronprinz- n'est guère populaire. La Prusse s’est d’ailleurs donné un gouvernement socialiste. L’attachement serait plus grand envers les dynasties saxonne et bavaroise mais dans une aire territoriale limitée. Tous comptes faits, les chances d’une restauration sont moins grandes qu’on ne le pensait à l’étranger.

Ce qui domine, c’est une esprit conservateur, et même réactionnaire, qui s’accommoderait de la république, à condition qu’elle ne soit pas dirigée par des républicains : esprit fait d’hostilité à la démocratie, de mépris du socialisme, de peur du bolchévisme, d’antisémitisme. Ce qui fait la popularité du maréchal Hindenburg, ce qui a assuré en 1925 son élection à la présidence de la République, c’est qu’on a vu en lui, beaucoup plus que le Monk qu’il n’a sans doute jamais songé à être, le garant des traditions contre les doctrines néfastes à la grandeur et à l’existence même de la patrie.

LES OPPOSITIONS

La « révolution » de 1918 n’a pas bouleversé les structures sociales de l’Allemagne wilhelminienne : la tentative des spartakistes a échoué, et la république de Weimar est demeurée un Etat capitaliste. Pourtant, deux mouvements politiques se proclament anti-capitalistes.

Le Sozial-Demokratie a repris en 1925 au congrès d’Heidelberg, le programme d’Erfurt de 1891 : mais ce qui était inspiration marxiste n’est plus que vocabulaire et phraséologie. La véritable doctrine du Sozial-demokratische Partei Deutschland est donnée par Hilferding au congrès de Kiel (1927) : Etat et économie s’interpénètrent ; un Etat démocratique influencera l’économie dans un sens démocratique ; or une économie dirigée par un Etat démocratique, c’est le socialisme. Il n’est plus question de dictature, de prolétariat. Aussi bien, il social-démocratie est-elle devenue un parti de gouvernement elle détient le pouvoir dans les Lander de Bade, de Hesse, de Prusse, à Hambourg et à Berlin. Sur le plan fédéral, le parti est représenté au Reichstag par une importante fraction : 163 députés en 1919, 131 en décembre 1924, 152 en 1928, 143 en 1930. Il participe aux gouvernements de coalition ou leur accorde son soutien : en 1928, c’est un socialiste, Hermann Muller, qui devient chancelier du Reich. Dans le pays, le S.P.D, compte environ un million de membres, contrôle des syndicats et les coopératives, inspire de nombreuses associations. Mais il est bien évident que toute volonté révolutionnaire l’a abandonné.
C’est dans le parti communiste fondé en décembre 1918, qu’il faut chercher cette volonté. Puissant en 1923 grâce, en particulier, à l’entrée d’une partie des socialistes indépendants, le K.D.P décline à partir de 1925, sous la direction de Thalmann, étroitement soumis à l’autorité de Moscou. Les communistes allemands, intransigeants sur la doctrine, pratiquent la politique du pire, contribuant à faire élire Hindenburg contre le catholique W. Marx, dirigeant leurs attaques les plus dires contre les socialistes, se tenant aux côtés des nazis lors de la grève des transports berlinois, en novembre 1932.
Disposant de formations de combat, il représentent dans la république de Weimar finissante, une force qui a contribué à affaiblir le régime et profite, en définitive, aux nationaux-socialistes.

Hostilité au traité de Versailles, à la république de Weimar, à la démocratie bourgeoise, au grand capitalisme, tout cela se retrouve, mêlé, à bien d’autres tendances dans l’idéologie nationale-socialiste, interdit après l’échec du putsch de novembre 1923, se reconstruit. C’est à Munich en février 1925, que se place la « seconde fondation », du parti, sous la direction de Hitler récemment libéré. Elle ne va pas sans difficultés, sans heurts entre Hitler et les frères Strasser qui accentuent le caractère socialiste et anticapitaliste du mouvement. Pourtant Hitler réussit à l’emporter ; le Dr Goebbels, qui le rejoint en 1926, entreprend la conquête de Berlin, dépassant ainsi le cadre purement bavarois des débuts. Malgré son échec aux élections de 1928, le parti se développe, crée des ligues professionnelles et des formations armées. La propagande des Nationalistes contre le plan Young, qui remplace le plan Dawes, fait en 1929 connaître à toute l’Allemagne les idées et la personnalité du Führer.
Les 107 députés élus en septembre 1930 révèlent l’ampleur du mouvement et le succès d’une propagande qui va trouver dans la crise économique un appui considérable et qui conduira au triomphe de 1933.

La majorité de ceux qui votent en faveur d'Hitler ou du parti nazi sont donc poussés par des motivations assez peu idéologiques : soucis d'un gagne-pain, considérations locales, calculs d'intérêts. Tandis que Hitler lui-même semble avoir des préoccupations d’ordre avant tout idéologique.

III. Les causes idéologiques du programme Hitlérien

La population juive dans les années 30 est l’héritière du siècle des Lumières, à savoir, le fruit de l’émancipation qui octroi aux juifs des droits égaux et passent à l’intégration de ceux-ci dans la « masse » allemande.
Cependant, très vite une classe sociale juive se crée parmi laquelle certains voient une ascension extraordinaire.
Les placants à des postes dit importants tels que banquiers, médecins, avocats et chefs d’entreprises, propriétaires de grands magasins, parfois même politicien…
Ce statut des juifs était fondamentalement contraire aux Nationalisme allemand duquel Hitler se reconnaît, celui-ci va donc établir une idéologie et un programme bien précis pour donner à chacun la place qui selon lui, lui revient.

Ideologie troisième reich
Une fois que son régime était consolidé, Hitler a comme soucis premier et unique le devenir de l’Allemagne : que celle-ci soit « purifiée » et suffisamment forte pour réaliser son but géopolitique à long terme c'est-à-dire de créer un empire allemand qui dominerait Europe de l'ouest et se prolongerait profondément en la Russie.

Ideologie aryenne
Les nazis utilisèrent le terme d'Aryen pour définir la race humaine qu'ils considéraient la plus pure, la plus supérieure et la plus noble, qui était appelée par certains scientifiques de cette époque race nordique. Les intellectuels nazis prétendaient que cette théorie aurait été confirmée par l'Histoire, l'expérience pratique, et les traits uniques de l'Aryen (notamment les cheveux blonds et les yeux bleus).
La plupart des scientifiques actuels dénoncent cette théorie raciste.

Objectifs
Antisémitisme en Allemagne en 1933.
Sur la pancarte : « Allemands, défendez-vous ! N'achetez pas chez les Juifs ! » Le nazisme prône la supériorité de la « race aryenne » sur toutes les autres « races » humaines.
Ce qu'il nomme « race aryenne » est en fait une notion à la fois morphologique, culturelle et religieuse. Le « véritable » aryen est celui qui est physiquement proche du canon germanique. La croyance commune fait correspondre cette « race aryenne » à l'image d'un homme pâle, blond aux yeux bleus et de culture germanique. En réalité, les critères, bien que restreints, étaient sensiblement plus larges (notamment au niveau des couleurs des yeux et des cheveux).
D'après Hitler, cette race aryenne est l'unique source de tous les progrès de l'Humanité. Seuls ceux qui ont une trace de sang aryen peuvent avoir du génie. Les autres races ne font qu'imiter voire, comme les Juifs, spolier ou détruire le génie humain.


A ce titre, la race aryenne doit conserver la pureté de son sang pour concentrer le génie humain dans une race qui dominera le monde.
Pour la survie de l'Humanité, les nazis se doivent d'éliminer les races inférieures qui en polluant la génétique humaine, l'amènent à sa perte.

La doctrine nazie établit donc une hiérarchie des races qu'on peut résumer de la sorte :
1. Les Aryens, considérés comme une race supérieure, doivent dominer les autres races. Il s'agit des peuples germaniques et scandinaves (voire britanniques).
2. Les peuples libres (races tolérées). Ils sont composés, d'une part, des autres peuples d'Europe occidentale (les Latins - Français, Espagnols, Italiens - Britanniques, etc.) et, d'autre part, des Japonais. Ils restent très haut dans la hiérarchie des races mais doivent être dominés par les Aryens et sont dits « race à éduquer »
3. Les races d'esclaves. Il s'agit des Slaves, des Africains et des Asiatiques autres que les Japonais. Ce sont des êtres humains mais ils doivent être réduits en esclavage pour servir les races supérieures.
4. Les Untermenschen, littéralement les sous-hommes. Ce sont les Juifs et les Tsiganes. Ils sont considérés comme des races inférieures et nuisibles devant être détruites. Ils sont classés comme « race à exterminer ». Puisqu’ils représentent selon le « mythe » hitlérien, l’antithèse de la race aryenne.

Le mythe hitlérien du juif

De « sang impur », les Juifs représentent aux yeux de Hitler le symbole même de la souillure et du mal et ils constituent une « race négative ». Pour lui, en effet, il s’agit bien d’une race et non pas d’une religion : « La religion ne Moise n’est rien d’autre qu’une doctrine destinée à sauvegarder la race juive. »

Dès ses débuts dans la vie politique, il profite de chaque intervention publique pour évoquer les deux thèmes majeurs de son antisémitisme – thèmes répandus dans l’Allemagne des années 20, mais poussés chez lui à leur paroxysme.
- La volonté des Juifs, pour lesquels l’argent et le pouvoir représentent les valeurs suprêmes, est de dominer le monde :
« Quels sont en fait les buts véritables des Juifs ? s’exclama-t-il le 20 avril 1933.
Etendre constamment l’influence de leur Etat invisible pour parvenir à une tyrannie suprême sur le monde entier.
Pour réaliser sa domination des peuples, le Juifs doit agir dans deux directions. Il ne peut contrôler les peuples économiquement que lorsqu’il les a soumis dans le domaine politique, il propage les fondements de la démocratie et les théories du marxisme qui transforment le prolétaire en terroriste dans les affaires intérieures et en pacifiste dans les affaires externes. Sur le plan des mœurs, le Juifs détruit les fondements religieux et moraux. Quiconque veut voir ces choses le peut. « Quant à celui qui s’y refuse, rien de pourra le sauver. »

Le thème de la conspiration mondiale juive constitue un élément central de Mein Kampf : « Il (le Juif) travaille systématiquement à amener une double révolution : économiquement et politiquement. Il entoure d’un réseau d’ennemis, grâce aux influences internationales qu’il met en jeu, les peuples qui opposent une énergie résistance à cette attaque venue du dedans. Il les pousse à la guerre et finit, quand il le juge nécessaire, par planter le drapeau de la révolution sur le champ de bataille. Il ébranle économiquement les Etats jusqu’à ce que les entreprises sociales, devenues improductives, soient enlevées à l’Etat et soumises à son contrôle financier. Au point de vue politique, il refuse à l’Etat les moyens de subsister, ruine la confiance que le peuple avait dans le gouvernement, répand l’opprobre sur l’histoire et sur le passé et jette au ruisseau tout ce qui est grand.

Maintenant, commence la grande et dernière révolution. Au moment où le Juif conquiert la puissance politique, il rejette les derniers voiles qui le cachaient encore. Le Juif démocrate et ami du peuple donne naissance au Juif sanguinaire et tyran des peuples. Il cherche, au bout de peu d’années, à exterminer les représentants de l’intelligence et, en ravissant aux peuples ceux qui étaient par leur nature leurs guides spirituels, il les rend mûrs pour le rôle d’esclaves mis pour toujours sous le joug. »
Hitler s’indigne d’autant plus que cette volonté de puissance qu’il décèle chez lui Juifs que ces derniers sont, à ses yeux, menteurs, copieurs et voleurs. Il est en effet convaincu que leur stérilité intellectuelle est totale : ‘Le Juif n’a jamais fondé de civilisation, bien qu’il ait détruit des civilisations par centaines, déclare-t-il dans l’un de ses discours.
Il ne possède aucune création dont il puisse faire état. Tout ce qu’il l’a, il l’a volé. Des peuples étrangers, des travailleurs étrangers ont construit ses temples, ce sont des étrangers qui travaillent et crée,t pour lui. Ce sont des étrangers qui versent leur sang pour lui… Il n’a pas d’art qui lui appartienne : morceau par morceau, il l’a volé à tous les autres peuples ou bien les a regardés travailler et les a copiés. Il ne sait même pas préserver les choses précieuses créées par les autres : les trésors qui tombent entre ses mains deviennent de la saleté et du fumier. »

On retrouve là des thèmes largement répandus dans l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, mais ils sont chez Hitler amplifiés et accentués – comme l’est l’autre thème majeur de son antisémitisme.
La contamination microbienne et la souillure sexuelle. Hitler emploie pour évoquer les Juifs les termes de, « bacilles »,
« parasites », « empoisonneurs du sang des autres », « empoisonneurs de puits », « propagateurs d’infection »,
« peste », « ferments de décomposition des peuples ». Ils sont à ses yeux « le symbole de la destruction incessante de la vie », coupables de répandre « la tuberculose raciale ». Les habitants des grandes citées européennes (dont vienne demeure pour lui l’exemple le plus négatif), et plus particulièrement la société allemande, ne peuvent espérer guérir de cette « contamination » en  « assimilant ces bacilles » : il faut envisager un « traitement » plus draconien. En conséquence, « ce n’est que lorsque le bacille juif infectant la vie des peuples aura été éliminé que l’établissement d’une coopération durable entre les nations deviendra possible » : l’Allemagne ne pourra recouvrer la santé qu’en « éliminant le Juif ». Hitler compare ce combat à celui « livré, au siècle dernier, par Pasteur et par Koch. »

Mais ce n’est pas tant la tuberculose qui préoccupe Hitler que la syphilis – propagée, selon lui, par les Juifs. Il prête à ces derniers une permanente concupiscence à l’égard des femmes aryennes : « Ce jeune Juif aux cheveux noirs épie, pendant des heures, le visage illuminé d’une joie satanique, la jeune fille inconsciente du danger, qu’il souille de son sang et qu’il ravit ainsi au peuple dont elle est issue. Par tous les moyens, il cherche à ruiner les bases sur lesquelles repose la race du peuple qu’il veut subjuguer (…). Ce furent et ce sont encore les Juifs qui ont amené le même but évident : détruire, par l’abâtardissement résultant du métissage, cette race blanche qu’ils haïssent, la faire choir du haut niveau de civilisation et d’organisation politique auquel elle s’est élevée et devenir ses maîtres. Tous les témoignages s’accordent : Hitler n’exagérait pas ses propos à des fins de propagande, mais ils correspondaient au contraire à des fantasmes personnels très profonds.

Dans le dernier chapitre de Mein Kampf, intitulé « Le droit de défense urgente », Hitler préconise le gazage de
« douze ou quinze mille Juifs ». Mais combien de lecteurs furent-ils attentifs à ce passage ? Et combien d’entre eux le prirent-ils au sérieux ? Jusqu’aux premiers mois de la guerre, nombreux sont ceux qui refusent à prendre Hitler au sérieux, le raillant comme un pantin paranoïaque incapable de se maintenir longtemps à le tête d’un pays hautement civilisés comme l’Allemagne. Pourtant, Hitler parvient légalement au pouvoir et s’y maintient pendant douze ans. Des foules enthousiastes l’acclament. Cet exposé des racines et des grands thèmes de l’antisémitisme hitlérien nous permet d’apporter des éléments de réponse à la question fondamentale.

Comment l’Allemagne est-elle devenue nazie ?

Même si la représentation hitlérienne du Juif paraît délirante, elle correspond à certains traits élaborés dans l’imaginaire populaire allemand des siècles auparavant. Comme l’écrit Raul Hilberg : « Il est de grande conséquence qu’au moment où Hitler arriva au pouvoir, l’image existât déjà, que les traits du modèle fussent déjà fixés. Quand Hitler parlait des Juifs, il parlait aux Allemands un langage familier. Quand il couvrait ses victimes d’injures, il redonnait vie à une attitude médiévale. Quand il invectivait sauvagement contre les Juifs, c’était comme s’il avait réveillés ses Allemands d’un long sommeil pour les rappeler à une hostilité ancienne. » Les stéréotypes antisémites s’alimentent à la défaite de l’Allemagne à l’issue de la Première Guerre mondiale. L’effondrement militaire et l’humiliation du diktat de Versailles » - la « paix imposée » - sont ressentis comme de cruelles injustices imputables, en premier lieu, aux Juifs. L’accélération du processus d’intégration de ces derniers, leur participation croissante aux carrières administratives et aux professions libérales les désignent de plus en plus à la vindicte – en tant que « profiteurs ».

Tous les arguments sont évoqués. Il y a des Juifs parmi les révolutionnaires qui tentent de prendre le pouvoir en 1919 (Kurt Eisner, Rosa Luxemburg) ? C’est que la révolution est Juive. Un Juif. Valter Rathenau, devient ministre de la République de Weimar ? C’est une « Juden Republik ». La situation économique confuse de l’immédiat après-guerre et, surtout, les conséquences du Krach de 1920 sont également à prendre en compte. L’Allemagne compte trois millions de chômeurs en 1930, six millions en 1931. Les ouvriers sont sans travail, les classes moyennes paupérisées, les paysans ne parviennent pas à écouler leur production. La haine s’exaspère contre le capitalisme international, identifié aux Juifs, tenus pour responsables de tous les maux. La dénonciation de la « responsabilité juive » et de la
« conspiration mondiale des Juifs », l’exaltation passionnelle de la grandeur allemande et la propagation des thèmes nationalistes deviennent pour les nazis des objectifs prioritaires. L’argumentation est simpl(ist)e : les Juifs sont responsables de tous les maux qui frappent le peuple allemand. Seule leur élimination - et nous verrons la réalité que recouvre ce terme évoluer avec le temps – permettra à celui-ci de recouvrer force, équilibre et bonheur.

Pour mener à bien cette idéologie, nous le verrons par la suite, les nazis ne lésineront sur aucun moyen tels que la stérilisation, l’emprisonnèrent et l’extermination de ceux qu'ils considéraient comme malades, ou ceux qui étaient considérés comme atteints de maladies héréditaires (cécité, alcoolisme, schizophrénie, etc.), ou de maladies mentales, et ceci selon des procédés systématiques établies dès la conquête du pouvoir absolu.

IV. La montée au pouvoir d’Hitler

Par soucis de brièveté et de clarté, nous nous proposons de présenter la montée d’Adolf Hitler au pouvoir sous forme de tableau chronologique, divisé par année. Pour cela, nous commencerons notre étude dès l’an 1919 qui nous semble être l’année de ses « premiers pas » vers la dictature.

Conquête progressive du pouvoir

1919 : Hitler adhère au DAP (Parti des ouvriers allemand), groupuscule ultranationaliste, anticapitaliste et antisémite d'une soixantaine de membres.
Il s'impose rapidement au sein du parti.
1920 : Le 24 février est fondé au Hofbräuhaus de Munich le parti national-socialiste ; le DAP devient le NSDAP.
1921 : Hitler devient président du NSDAP avec des pouvoirs illimités. Le parti s'organise selon le Führerprinzip. Hitler s'entoure d'hommes qui vont l'aider à conquérir le pouvoir : Rudolf Heß, Ernst Röhm, plus tard Hermann Göring et Joseph Goebbels. Hitler noue des relations avec de riches industriels qui financent le parti. Celui-ci comporte 3 000 membres lors du premier congrès du NSDAP.
1922 : Au deuxième congrès du NSDAP, le parti compte 6 000 membres.
1923 : Au troisième congrès, le parti a 22 000 membres.
Le 9 novembre, la tentative de putsch à Munich se solde par un échec ; Hitler est emprisonné et rédige "Mein Kampf" en prison.
1924 : Le 4 mai ont lieu des élections au Reichstag.

C'est un succès pour les communistes (3 700 000 voix) et pour le NSDAP (1 900 000 voix).
1925 : Hitler sort de prison. Il réorganise le parti qui s'était disloqué en son absence.
1926 : Hitler convoque un congrès du NSDAP à Bamberg et reprend les rênes du parti.
1928 : Le 20 mai, aux élections législatives, les communistes obtiennent 3 200 000 voix, le NSDAP 800 000 voix.
1929 : La crise économique mondiale touche durement les Allemands, en particulier les classes moyennes.
Cela entraîne un afflux de membres dans le parti.
1930 : La crise profite aux nazis. Lors des élections au Reichstag, les socialistes obtiennent 143 sièges, les nazis 107 (6 400 000 voix), les communistes 77 (4 500 000 voix). Pour beaucoup d'électeurs, c'est un vote de protestation contre la République de Weimar, qu'ils jugent impuissante face à la crise.
1932 : Au premier tour de l'élection présidentielle, Hindenburg obtient 18 661 000 voix, Hitler 11 338 000 voix et Thälmann (communiste) 4 982 000 voix. Au second tour, Hindenburg l'emporte avec 19 367 000 voix, contre 13 419 000 pour Hitler et
3 706 000 pour Thälmann. En avril, le NSDAP l'emporte lors des élections régionales en Prusse, Bavière, Wurtemberg et Hambourg. Le NSDAP obtient 230 sièges au Reichstag (13 732 000 voix) aux élections du 31 juillet. Les socialistes ont 133 sièges, les centristes 97, et les communistes 89 (5 200 000 voix). Le 12 septembre, une motion de censure est votée contre le gouvernement von Papen ; le Reichstag est dissous. Le 6 novembre, les nazis obtiennent 196 sièges au Reichstag
(11 750 000 voix). Le 17 novembre, von Papen démissionne. Le 19 novembre, un groupe d'industriels et de financiers demande que Hitler soit nommé chancelier. Le 24 novembre, Hitler refuse ce poste, car Hindenburg ne lui accorde pas les pleins pouvoirs. Le 2 décembre, von Schleicher est nommé chancelier.
1933 : Les intrigues continuent : le 4 janvier, Hitler a une entrevue avec von Papen, le lendemain avec des industriels qui lui assurent le soutien des milieux d'affaires.Le 28 janvier, les négociations et les intrigues aboutissent à la chute du gouvernement von Schleicher.
Le 30 janvier, Hindenburg nomme Hitler chancelier.


CONCLUSION :

L’Allemagne, étant dans un état d’esprit d’échec, suite à la crise économique et au sentiment d’humiliation national, ressent un besoin de « bouleversement» général. Elle était prédisposée à entendre les discours d’un « sauveur » à l’idéologie implacable et qui s’est identifiée l’origine de tous ses maux. Ce bouillon de culture se trouve donc être le cadre rêvé pour l’ascension du grand Führer Hitler, et la mise à exécution de son programme diabolique.

 

DEUXIEME PARTIE

I. Introduction à la shoah

La Shoah - mot hébreu signifiant "catastrophe" - désigne spécifiquement l'organisation par l'Etat, par le régime nazi et ses collaborateurs, de la persécution et de l'extermination systématique, et bureaucratique, d'environ six millions de Juifs. "Holocauste", terme d'une acceptation plus large, est aussi utilisé. D'origine grecque, Holocauste signifia"sacrifice par le feu". Les nazis, qui arrivèrent au pouvoir en janvier 1933, avaient développé une idéologie raciale qui voyait dans les Allemands les représentants d'une "race supérieure" et dans les Juifs, des êtres "inférieurs", "indignes de vivre". Pendant la Shoah, les nazis s'en prirent aussi à d'autres groupes parce qu'ils les considéraient comme étant "racialement inférieurs" : les Tsiganes, les handicapés et certains peuples slaves (Polonais, Russes, etc...).

D'autres groupes de personnes, tels que les communistes, les socialistes, les Témoins de Jéhovah et les homosexuels, étaient persécutés pour des motifs politiques ou de comportement social.
En 1933, la population juive d'Europe dépassait les neuf millions de personnes.
La plupart des Juifs européens vivaient dans des pays que le Troisième Reich occupa ou contrôla pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1945, près de deux Juifs européens sur trois avaient été exterminés dans le cadre de la "Solution finale", la politique nazie d'extermination des Juifs d'Europe. Bien que les Juifs aient été les principales victimes du racisme nazi, on compta aussi parmi les autres victimes des centaines de milliers de Tsiganes. Au moins 200 000 handicapés physiques et mentaux furent assassinés dans le cadre du programme d'euthanasie. A mesure que la tyrannie nazie s'étendait en Europe, les nazis persécutèrent et assassinèrent des millions d'autres personnes. Plus de trois millions de prisonniers de guerre soviétiques furent assassinés ou moururent de faim, de maladie, de manque de soins ou à la suite de mauvais traitements. Les Allemands firent également de l'intelligentsia polonaise non juive la cible de leur politique.
Ils déportèrent des millions de citoyens polonais et soviétiques pour le travail forcé en Allemagne ou en Pologne occupée. Pendant les premières années du régime nazi, les homosexuels et d'autres personnes, dont le comportement était jugé socialement inacceptable, furent également persécutés. Des milliers d'opposants politiques (dont des communistes, des socialistes et des syndicalistes) et religieux (tels que les Témoins de Jéhovah) furent aussi visés. Beaucoup moururent suite à leur incarcération ou aux mauvais traitements.

Dès 1933, les nazis créèrent des camps de concentration pour emprisonner les Juifs, les Tsiganes et autres victimes de la haine ethnique et raciste, ainsi que les opposants politiques. Pendant les années de guerre, les nazis et leurs collaborateurs créèrent des ghettos, des camps de transit et des camps de travail forcé. Après l'invasion de l'Union Soviétique en juin 1941, les Einsatzgruppen (unités mobiles d'extermination) menèrent des opérations d'extermination de masse contre des Juifs, des Tsiganes et des fonctionnaires de l'Etat soviétique et du Parti communiste. Plus d'un million de Juifs, hommes, femmes et enfants, furent massacrés par ces unités. Entre 1942 et 1944, l'Allemagne nazie déporta des millions de Juifs à partir des territoires occupés vers les camps d'extermination, où ils furent assassinés dans des installations de tueries spécifiquement conçues à cet effet.

Pendant les derniers mois de la guerre, les gardiens SS contraignirent les prisonniers des camps à des marches de la mort, tentant d'empêcher les Alliés de libérer un trop grand nombre de prisonniers. Lorsque les forces alliées avancèrent en Europe en lançant des offensives successives contre l'Allemagne, ils commencèrent à trouver et à libérer les prisonniers des camps de concentration, dont bon nombre étaient des survivants des marches de la mort. La Seconde Guerre mondiale se termina en Europe par la reddition sans condition des forces armées allemandes à l'ouest le 7 mai 1945, et à l'est le 9 mai 1945.

II. LES CONQUETES

1) L'UNION SOVIETIQUE ET LE FRONT DE L'EST
L'Union des républiques socialistes soviétiques (l'U.R.S.S.) a été fondée en novembre 1917 par le Parti bolchevique. Dirigés par Lénine puis, après 1923, par Joseph Staline, les bolcheviques (qui s'appelèrent communistes plus tard) établirent un nouveau régime dans l'ancien Empire russe au terme d'une violente guerre civile en 1921.
L'Union soviétique, comme se dénommait cette nouvelle entité politique, appelait à la révolution communiste dans le monde au nom du prolétariat international et préconisait dans sa propagande la disparition à terme des distinctions nationales, culturelles, religieuses et économiques. Considérant que les élites ne renonceraient jamais au pouvoir, les communistes prévoyaient une révolution violente qui éliminerait les classes dominantes. En conséquence de cette prédiction, les sociétés bourgeoises d’Europe et d'Amérique du Nord allaient percevoir l'Union soviétique comme une menace culturelle et économique.

Hitler et les nationaux-socialistes voyaient les territoires de l'Union soviétique comme la principale zone de peuplement pour l'expansion future de la race allemande. Ils identifièrent le système soviétique à la politique d'expansion de la race juive. Dès la naissance du mouvement nazi en Allemagne, l'Union soviétique fut d?peinte comme un ennemi contre lequel une épreuve de force était inévitable.
Pendant les six premières années du régime, la propagande nazie attaqua durement l'Union soviétique et, en privé, Hitler évoqua à plusieurs reprises un conflit futur. Toutefois, en 1939, l'Allemagne nazie accepta une politique stratégique temporaire de coopération avec l'Union soviétique. Ce changement provisoire reflétait la décision tactique d'Hitler de garantir son flanc oriental pendant que l'Allemagne détruisait la Pologne et combattait la Grande-Bretagne et la France.

LES RELATIONS GERMANO-SOVIETIQUES ENTRE 1939 ET 1941

Le pacte germano-soviétique, également connu sous le nom de pacte Ribbentrop Molotov - du nom des deux ministres des Affaires étrangères qui négocièrent l'accord - comportait deux parties. Un accord économique, signé le 19 août 1939, stipulait que l'Allemagne échangerait des produits finis contre des matières premières soviétiques. L'Allemagne nazie et l'Union soviétique devaient notamment signer un pacte de non-agression de dix ans le 23 août 1939, pacte en vertu duquel chaque signataire promettait de ne pas attaquer l'autre.

Le pacte germano-soviétique permit à l'Allemagne d'attaquer la Pologne le 1er septembre 1939, sans crainte d'une intervention soviétique. Le 3 septembre 1939, la Grande-Bretagne et la France, qui avaient promis, cinq mois plus tôt, de protéger les frontières de la Pologne, déclarèrent la guerre à l'Allemagne. Ces événements marquaient le début de la Seconde Guerre mondiale.
Le pacte de non-agression du 23 août comprenait un protocole secret qui prévoyait la division de la Pologne et du reste de l'Europe de l'Est en sphères d'intérêt soviétiques et allemandes. Conformément à ce plan, l'armée soviétique occupa et annexa la Pologne orientale à l’automne 1939. Le 30 novembre 1939, l'Union soviétique attaquait la Finlande, déclenchant une guerre d'hiver de quatre mois à la suite de laquelle l'Union soviétique annexa les régions limitrophes du territoire finlandais, particulièrement près de Leningrad. Sous l’oeil bienveillant des Allemands, l'Union soviétique prit des dispositions pour sécuriser sa sphère d'influence en Europe de l'Est en été 1940. Les soviétiques occupèrent et annexèrent les pays baltes et s’emparèrent des provinces roumaines de Bucovine du Nord et de Bessarabie.
Après que les Allemands eurent vaincu la France en juin 1940, les diplomates du Reich travaillèrent à renforcer les liens de leur pays en Europe du Sud-Est. La Hongrie, la Roumanie et la Slovaquie rejoignirent toutes l'Axe en novembre 1940. Au printemps 1941, Hitler informe ses alliés de l'Europe de l'Est de son plan d’invasion de l'Union soviétique.

L'INVASION ALLEMANDE DE L'UNION SOVIETIQUE

Hitler avait toujours considère le pacte de non-agression germano-soviétique comme une manoeuvre tactique, provisoire. Le 18 décembre 1940, il signait la Directive 21 (Opération au nom de code Barbarossa), le premier ordre opérationnel relatif à l'invasion de l'Union soviétique. Dès l’élaboration du plan opérationnel, les autorités allemandes militaires et de police avaient eu pour intention de mener une guerre d'annihilation contre l'Etat communiste aussi bien que contre les Juifs communistes de l'Union soviétique, qu'ils voyaient comme formant la base raciale de l'?état soviétique.

Les forces allemandes envahirent l'Union soviétique le 22 juin 1941, moins de deux ans après la signature du pacte germano-soviétique. L'opération Barbarossa fut la plus grande opération militaire allemande de la Seconde Guerre mondiale. Trois corps d'armée, comprenant plus de trois millions de soldats allemands, soutenus par un demi million de troupes alliées de l'Allemagne (la Finlande, la Roumanie, la Hongrie, l'Italie, la Slovaquie et la Croatie), attaquèrent l'Union soviétique sur un très large front, qui s’étendait de la Mer Baltique au nord à la Mer Noire au sud. Pendant des mois, Staline avait refusé de tenir compte des avertissements lancés par les pouvoirs occidentaux quant aux troupes allemandes rassemblées le long de la frontière. L'Allemagne réalisa ainsi une surprise tactique presque complète et les armées soviétiques reculèrent largement devant l'attaque. Des millions de soldats soviétiques encerclés, coupés de leurs sources de ravitaillement et de renforts furent faits prisonniers.

Au fur et à mesure que l'armée allemande avançait plus profondément à l’intérieur du territoire soviétique, les Einsatzgruppen (unités mobiles d'extermination) suivaient les troupes et menaient des opérations de meurtre de masse.
Début septembre 1941, les forces allemandes avaient atteint les portes de Leningrad au nord. Ils avaient pris Smolensk dans le centre et Dniepropetrovsk au sud. Des unités allemandes atteignirent les faubourgs de Moscou au début du mois de décembre. Or après des mois de campagne, l'armée allemande était épuisée. S'attendant à une débâcle soviétique rapide, les stratèges allemands n’avaient pas su équiper leurs troupes pour la guerre d'hiver.
Qui plus est, la rapidité de l'avance allemande faisait que les forces avaient dépassé leurs lignes de ravitaillement. Elles étaient donc vulnérables en raison des grandes distances impliquées (Moscou est à près de 1 850 km à l'est de Berlin).

En décembre 1941, l'Union soviétique lança une contre-attaque majeure, repoussant les Allemands loin de Moscou. Ce ne fut que des semaines plus tard que les Allemands furent capables de stabiliser le front à l'est, à Smolensk. En 1942, l'Allemagne reprit l'offensive massivement au sud et au sud-est en direction de la ville de Stalingrad (aujourd'hui Volgograd) sur la Volga et vers les gisements de pétrole du Caucase. Lorsque les Allemands réussirent à pénétrer dans Stalingrad en septembre 1942, la domination allemande de l'Europe avait atteint son extension géographique maximale.

LES EINSATZGRUPPEN (UNITÉS MOBILES D'EXTERMINATION)

Les Einsatzgruppen étaient des escadrons de SS et de la police allemande qui suivaient l'avancée de l'armée allemande. Sous le commandement d'officiers de la Police de sécurité (Sipo) et du Service de sécurité (SD), ils reçurent pour mission, entre autres, d'exterminer ceux qui étaient perçus comme des ennemis politiques ou raciaux trouvés derrière les lignes de front en Union Soviétique occupée. Parmi leurs victimes, il y eut des Juifs (hommes, femmes et enfants), des Tsiganes, et des fonctionnaires de l'Etat soviétique et du Parti communiste. Les Einsatzgruppen assassinèrent également des milliers de patients dans des établissements psychiatriques. De nombreux chercheurs pensent que le massacre systématique des Juifs d'Union Soviétique occupée par les bataillons des Einsatzgruppen et la Police de l'ordre (Ordnungspolizei) constitue la première étape du programme nazi d'extermination de tous les Juifs européens.

Lors de l'invasion de l'Union soviétique en juin 1941, les Einsatzgruppen suivirent l'armée allemande et son avance au cœur du territoire soviétique. Les Einsatzgruppen, s'appuyant souvent d'une aide locale, conduisirent des opérations d'extermination de masse. Contrairement à ce qui se passait lors de la déportation de Juifs des ghettos vers les camps, les Einsatzgruppen allaient directement dans les communautés de Juifs et les massacraient.

L'armée allemande apportait un soutien logistique aux Einsatzgruppen, en leur fournissant approvisionnement, transport et logement. Au début, les Einsatzgruppen abattirent surtout des hommes juifs. Mais très vite, à partir du mois d'août 1941, leurs membres abattirent les aussi les femmes et les enfants juifs sans distinction d'âge ni de sexe, et les enterrèrent dans des fosses communes. A partir de la fin du mois de juillet 1941, des bataillons de la police d'ordre, sous le commandement de dirigeants de haut rang des SS et de la police récemment nommés dans les territoires occupés d'Union soviétique, lancèrent des opérations d'annihilation systématique des principales communautés juives.

Les Einsatzgruppen qui suivirent l'armée allemande en Union soviétique étaient répartis en quatre groupes opérationnels de la taille d'un bataillon chacun. L'Einsatzgruppe A s'occupait de la zone allant de la Prusse orientale en direction de Leningrad, et couvrant la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie et d'autres territoires. L'Einsatzgruppe A massacra des Juifs à Kovno, Riga et Vilno. La zone de l'Einsatzgruppe B partant de Varsovie, en Pologne, et s'étendait en Biélorussie en direction de Smolensk ; cet Einsatzgruppe massacra des Juifs entre autres à Grodno, Minsk, Brest-Litovsk, Slonim, Gomel et Mogilev. La zone de l'Einsatzgruppe C débutait à Cracovie et Rzeszow (en Pologne occupée) et s'étendait en Ukraine en direction de Kharkov et de Rostov-sur-le-Don. Ses membres orchestrèrent des massacres à Lvov, Tarnopol, Zolochev, Kremenets, Kharkov, Kiev et ailleurs. De ces quatre unités, l'Einsatzgruppe D était celui qui opérait le plus au sud. Ses membres se livrèrent à des massacres dans le sud de l'Ukraine et en Crimée, en particulier à Nikolayev, Kherson, Simferopol, Sébastopol et Feodosiya.
Les Einsatzgruppen reçurent une aide importante des soldats allemands, hongrois et roumains, de collaborateurs locaux et d'autres unités SS. Les membres des Einsatzgruppen furent recrutés parmi les SS, les Waffen-SS (formation militaire des SS), dans le SD, la Sipo, dans la police d'ordre et dans d'autres unités de police.

Au printemps 1943, les Einsatzgruppen et des bataillons de la police d'ordre avaient tué plus d'un million de Juifs et des dizaines de milliers de commissaires politiques et de partisans soviétiques, de Tsiganes et d'handicapés mentaux. Les méthodes d'extermination mobiles s'avérèrent inefficaces et psychologiquement difficiles à supporter pour les assassins. Commenceront alors, comme nous le verrons, la construction d’installations de gazage spéciales.

2) L’INVASION ALLEMANDE DE L'EUROPE DE L'OUEST, MAI 1940

La campagne contre les Pays Bas et la France dura moins de six semaines. L'Allemagne attaqua à l'ouest le 10 mai 1940. A l'origine, les commandements britanniques et français pensaient que l'armée allemande attaquerait par le centre de la Belgique comme elle l'avait fait pendant la Première Guerre mondiale, et placèrent en urgence des troupes à la frontière entre la Belgique et la France. Mais la Wehrmacht attaqua par la forêt des Ardennes au sud-est de la Belgique et au nord du Luxembourg. Les blindes et l'infanterie allemands perçurent les lignes de défense françaises puis parvinrent rapidement jusqu'à la côte Atlantique.

La Belgique et les Pays-Bas proclamèrent leur reddition en mai. Plus de 300 000 soldats français et britanniques furent évacués par la Manche jusqu'en Grande-Bretagne à partir des plages autour de Dunkerque. Paris tomba aux mains des Allemands le 14 juin 1940.
Dans le cadre de l'Armistice que la France signa le 22 juin, l'Allemagne occupa le nord de la France et toute la côte atlantique française jusqu’à la frontière avec l'Espagne. Un nouveau gouvernement français fut mis en place dans la ville de Vichy, qui se trouvait dans la partie méridionale non occupée de la France. Le gouvernement de Vichy, sous la direction du maréchal Philippe Pétain, se déclara "neutre" dans la guerre qui opposait l'Allemagne et la Grande-Bretagne, mais il était contraint par les dispositions de l'Armistice de coopérer avec le Reich.
Les Allemands considéraient que la défaite de l'armée de l'air britannique (la Royal Air Force : RAF) était une condition préalable à l'invasion des ?les britanniques. En 1940, l'armée de l'air allemande ne parvenant pas à acquérir la supériorité aérienne dans le sud-est de l'Angleterre, Hitler décida de tenter l'invasion au printemps 1941. A la suite du premier ordre opérationnel d'invasion de l'Union Soviétique qui fut donné en décembre 1940, l'invasion allemande de la Grande-Bretagne fut repoussée indéfiniment.

3) LE FRONT ORIENTAL 1942-1944

Jusqu'à l'automne 1942, l'armée allemande vola de victoire en victoire. L'Europe était sous sa domination, de la France à la Volga, du cercle polaire arctique en Norvège aux rivages de l'Afrique du Nord. La bataille de Stalingrad s’avéra un tournant psychologique et militaire décisif, car elle mit un terme à une série de victoires allemandes et amorça la longue retraite vers l'ouest qui devait finir par la reddition de l'Allemagne nazie en mai 1945.

A la mi-novembre 1942, l'armée soviétique lança une contre-offensive massive contre la sixième armée allemande, environ 250 000 soldats, pour briser l'encerclement de Stalingrad, dans un terrible combat au corps à corps. Les troupes soviétiques encerclèrent et prirent au piège les forces allemandes. Au bout de six semaines de féroces combats au cours desquels les deux côtés essuyèrent de lourdes pertes, quelques 91 000 soldats allemands qui avaient survécu se rendirent entre le 31 janvier et le 2 février 1943.

Après sa victoire à Stalingrad, l'armée soviétique poursuivit l'offensive, libérant la majorité de l'Ukraine et pratiquement toute la Russie et la Biélorussie orientale au cours de l’année 1943. En 1943 à Koursk, en Russie, les Allemands tentèrent bien encore une offensive, mais ils furent lourdement frappés par l'armée soviétique. En 1944, les soviétiques lancèrent une nouvelle offensive majeure, qui libéra le reste de la Biélorussie et de l'Ukraine, les pays baltes et la Pologne orientale, de la domination nazie. En août 1944, les troupes soviétiques traversaient la frontière allemande en direction de la Prusse Orientale. En janvier 1945, une nouvelle offensive amena les forces soviétiques sur l’Oder, en Allemagne même, à environ 185 km de Berlin.
A la mi-avril 1945, l'armée rouge lança l'assaut final contre le Troisième Reich, s’emparant de Vienne le 13 avril et encerclant Berlin le 21 avril. Le 25 avril, les patrouilles de l'avant-garde soviétiques rencontraient les troupes américaines à Torgau sur l'Elbe, en Allemagne centrale, coupant de fait le pays en deux. Après plus d'une semaine de lourds combats dans les rues de Berlin, les unités soviétiques s’approchèrent du bunker du commandement central de Hitler. Le 30 avril 1945, Hitler se suicida. Berlin se rendit aux forces soviétiques le 2 mai 1945. Les forces armées allemandes capitulèrent sans condition à l'ouest le 7 mai et à l'est le 9 mai 1945. Le 9 mai, l'armée soviétique entra à Prague, la dernière ville importante encore occupée par les troupes allemandes. Les Alliés occidentaux proclamèrent le 8 mai 1945, jour de la Victoire en Europe (le VE Day).

Apres avoir suivi le parcours des unités nazies à l’extérieur de l’Allemagne, nous allons nous intéresser au sort des citoyens sur son territoire, et sur les terres conquises durant ces années. Comme nous l’avons montré dans la première partie, bien que la doctrine nazie s’en est pris aussi aux Tsiganes, aux handicapés et autres citoyens indésirables, le principal ennemi reste les Juifs.

III. Le sort des juifs

1) LA POPULATION JUIVE ALLEMANDE EN 1933

Selon le recensement du 16 juin 1933, la population juive d'Allemagne, y compris celle de la région de la Sarre (qui, à cette époque, était encore sous l'administration de la Société des Nations) comptait approximativement 505 000 personnes, sur 67 millions d'habitants, soit un peu moins de 0,75% de la population. Ce nombre montrait une diminution par rapport aux 523 000 Juifs qui vivaient en Allemagne en janvier 1933. Cette baisse était due en partie à l'émigration qui suivit la prise du pouvoir parles nazis en janvier. (On estime que 37 000 Juifs émigrèrent d'Allemagne en 1933.)
Quelque 80% des Juifs d'Allemagne (environ 400 000) avaient la nationalité allemande. Les autres étaient principalement des Juifs polonais. La plupart d'entre eux étaient nés en Allemagne et avaient le statut de résidents permanents.

Environ 70% des Juifs d'Allemagne vivaient en zone urbaine, et près de 50% dans l'une des dix plus grandes villes allemandes. Le centre le plus important de population juive était Berlin (environ 160 000 Juifs en 1925).
Cette communauté représentait moins de quatre pour cent de la population totale de la ville. Parmi les autres centres importants de la communauté juive, on trouvait Francfort-sur-le-Main (environ 26 000 membres de la communauté juive), Breslau (environ 20 000 membres), Hambourg (environ 17 000), Cologne (environ 15 000), Hannovre (environ 13 000) et Leipzig (environ 12 000). Néanmoins, en 1933, un Juif allemand sur cinq vivait dans une petite ville.


2) LES PREMIERES MESURES ANTISEMITES

Une fois obtenus les pleins pouvoirs, Hitler se retire à Berchtesgaden et convoque Goebbels, devenu entre-temps ministre de l’information et de la propagande, afin de lui donner ses directives sur la politique à mener à l’égard des Juifs.
Il s’affirme indigné par les critiques exprimées à l’étranger à l’encontre de son gouvernement, et dont il rend les Juifs responsables. Il faut faire cesser au plus vite, affirme-t-il, la propagation de cette « propagande anti-allemande », Goebbels rapporte cette conversation dans son journal, en ces termes « nous ne pourrons combattre les mensonges à l’étranger que si nous atteignons ceux qui les répandent ou ces Juifs qui vivent en Allemagne et que, jusqu’à maintenant, on a laissés en paix. Nous devons donc entreprendre sur une vaste échelle le boycott de tout le commerce juif en Allemagne. Peut-être les juifs étrangers y regarderont-ils à deux fois quand leurs camarades de race auront commencé à trinquer. »

Dans les heures qui suivent l’entrevue entre Hitler et Coebbels, la direction du parti nazi adresse une lettre à ses différentes sections pour faire pratiquer un boycott systématique des commerces tenus par des Juifs. A partir du 1er avril 1933 et pendant quatre jours, des membres de la SA se tiennent devant ces magasins et empêchent quiconque d’y entrer. Le NSDAP a conseillé d’éviter la violence, mais demande à la police de ne pas intervenir. Des actes de brutalité se déchaînent à travers toute l’Allemagne.
Le 4 avril 1933, Goebbels décrète la fin du boycott, qu’il considère comme un succès puisque « à quelques exceptions près…, l’abominable propagande étrangère dirigée contre nous s’est arrêtée ». Par ailleurs, le gouvernement nazi a recours à un argument qu’il ne va plus cesser d’utiliser : la « profondeur » et la « spontanéité » des manifestations d’antisémitisme populaire.
C’est également cet argument qui est invoqué pour promulguer la législation qui élimine les Juifs de l’administration et de la vie publique – inaugurant ainsi la série de 400 lois et décrets antijuifs édictés par le Troisième Reich.

· Le premier décret, intitulé « Loi pour la restauration de la fonction publique », stipule que ‘les fonctionnaires d’origine non aryenne doivent se retirer » - à l’exception de ceux qui étaient en poste avant 1914 et de ceux qui ont combattu pour l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale.

· Une loi annexe interdit aux hommes de loi « non aryens » d’accéder au barreau. Ceux qui en font déjà partie se voient privés de la possibilité d’exercer leur métier. Quelques jours plus tard, paraissent des lois excluant des Juifs des postes d’assesseurs, de jurés et de juges des tribunaux de commerce (7 avril) et d’avoués (22 avril).
· A partir du 22 avril également, les Juifs ne peuvent plus être médecins dans les services d’assurances sociales de l’Etat. Le 2 juin marque la date de leur éviction des professions de dentistes et de mécaniciens-dentistes
· Le 25 avril, est promulguée la loi qui limite le nombre de jeunes Allemands « non aryens » dans les écoles et dans les établissements d’enseignement supérieur. Leur proportion ne doit pas dépasser 5°/° du nombre total d’élèves et d’étudiants.
· Le 6 mai, la loi pour la restauration de la fonction publique est étendue aux professeurs honoraires, aux chargés de cours des universités et aux notaires.
· La loi du 28 septembre 1933 interdit aux autorités gouvernementales d’employer des « non aryens » ou leurs conjoints.
· Le lendemain, est constituée une Chambre de la Culture de Reich, qui prévoit l’exclusion des Juifs des activités culturelles et des loisirs.
· La loi sur la presse nationale, promulguée le 4 octobre 1933, place les journaux politiques sous la surveillance de l’Etat.
De nouvelles mesures se succèdent de mois en mois, s’appliquant à tous les domaines de l’activité professionnelle ou privée. « Les Juifs sont exclus du bénéfice des lois sociales et de l’allocation de chômage, soumis à des taxes et des impôts spéciaux : l’ingéniosité des nazis ne connaissent pas de limites, allant jusqu’à assimiler des filles mères juives à des personnes habitant seules, afin de pouvoir leur appliquer l’impôt sur les célibataires. Soumis à un boycott tenace, leurs commerces périclitaient de plus en plus ; ils vivaient de leurs économies ou du maigre pourcentage qui leur était alloué sur e produit des ventes de leurs commerces. Une proportion de plus en plus grande en était réduite à vivre des subsides que leur allouaient des œuvres philanthropiques juives. »
Les mesures législatives antijuives adoptées par le gouvernement nazi s’accompagnent en outre d’actions spectaculaires. Ainsi, le 10 mai 1933, le recteur de l’université de Francfort brûle, en un gigantesque autodafé, des milliers de livres rédigés par des Juifs.
Les juifs d’Allemagne se trouvent ainsi marginalisés par rapport au reste de la population, mis à l’index, exclus de leur milieu professionnel, souvent ruinés. Pour eux, qui considéraient leur intégration au sein de la société allemande de comme un fait acquis, malgré les fréquentes manifestations d’antisémitisme, la désillusion est cruelle. Fritz Rosenfelder, dirigeant d’un club sportif dans une petite ville du Wurtemberg se suicide en août 1933 en laissant pour ses proches le message suivant :

« Mes amis, c’est mon dernier adieu !
Un Juif allemand ne pouvait accepter de vivre sachant que le mouvement dont l’Allemagne nationale attend son salut le tenait pour un traître ! Je m’en vais sans haine ! Je n’ai qu’un désir ardent : que la raison fasse son retour !
Ne pouvant exercer aucune activité qui me convienne, j’essaie par mon suicide de secouer mes amis chrétiens. Que cela vous fasse voir ce qu’éprouvent les Juifs allemands. Combien j’aurais préféré donner ma vie à ma patrie ! Ne me pleurez pas : essayez plutôt de faire comprendre et d’aider la vérité à vaincre. C’est ainsi que vous me ferez honneur.
Votre Fritz. »

Le journal local annonce ce suicide et le commente en ces termes : « Fritz Rosenfelder est raisonnable et se pend ! Nous en sommes heureux et ne voyons aucun inconvénient à ce que ses congénères nous disent adieu de la même manière. »

Qui sont donc ses congénères ? Un décret, publié le 11 avril, définit le « non aryen » : « C’était celui qui descendait de parents ou grands parents non aryens, juifs en particulier. Il en était ainsi même si un seul des parents ou grands-parents était non aryen. Disposition valable spécialement dans le cas où un parent ou un grand parent a appartenu à la confession juive. Ainsi, dans les cas s’ambiguïté « raciale », l’affiliation religieuse devenait déterminante. Tout fonctionnaire, pour prouver qu’il était d’ascendance aryenne, devait fournir des pièces à conviction telles que les certificats de naissance des parents et leur certificat de mariage. A l’occasion, il fallait répondre à des questionnaires généalogiques très complets. Pour régler finalement des cas ambigus ou exceptionnels, ce décret prévoyait que si l’ascendance aryenne était douteuse, on pouvait consulter un expert en recherches raciales attaché auprès du ministre de l’Intérieur du Reich. »

Sous la pression du NSDAP, les représentants des autorités locales prennent peu à peu l’initiative de s’immiscer dans la vie privée de leurs concitoyens. Ainsi, dès octobre 1933, le maire de Mayence enjoint au bureau d’état civil de sa ville de lui soumettre les bans de tout mariage prévu entre « une personne d’origine allemande et une personne juive par sa race » ; il transmet ensuite l’information au bureau local du parti nazi, qui se met en devoir de dissuader le fiancé allemand de contracter cette union. De tels cas ne constituent pas une exception. Le 27 juillet 1935, alors ministre de l’Intérieur, adresse un mémorandum à tous les Etats allemands pour les informer de la prochaine réglementation des mariages entre Aryens et non Aryens, et leur demande de suspendre de telles unions jusqu’à nouvel avis.
Sept ans plus tard, les lois raciales de Nuremberg sont promulguées.

Hitler à Nuremberg

LES LOIS DE NUREMBERG

Le préambule des Lois de Nuremberg, votées le 15 septembre 1935 déclare : « Pénétré du sentiment que le pureté du sang allemand est une condition nécessaire de la continuité de l’existence du peuple allemand, inspiré par la volonté inflexible d’assurer à jamais l’existence de la nation allemande, le Reichstag a adopté à l’unanimité la loi qui suit et qui se trouve donc par la même promulguée. »
La loi sur la citoyenneté allemande frappe les Juifs d’un statut inférieur.
En effet, seuls sont citoyens du Reich (Reichsbùrger) les « habitants du Reich de sang allemand », qui jouissent de la protection du Reich et de la plénitude des droits politiques. Les juifs, quant à eux, ne peuvent être que sujets.
La loi pour la protection du sang allemand et de l’honneur allemand interdit tout mariage mixte, mais aussi toute relation sexuelle entre Juifs et non Juifs, et même tout contact physique « générateur de souillure ».

1. Les mariages entre Juifs et sujets de sang allemand ou assimilé sont interdits.
2. Le rapport extra marital entre Juifs et sujets de sang allemand ou assimilé est interdit.
3. Les Juifs ne peuvent utiliser au service de leurs ménages des femmes de sang allemand ou assimilé âgées de moins de 45 ans.
4. Il est interdit aux Juifs de pavoiser aux couleurs allemandes nationales. Par contre, ils peuvent pavoiser aux couleurs juives : l’exercice de ce droit est protégé par l’Etat.
5. Les infractions à l’article 1 seront sanctionnées par une peine de prison ou une peine de réclusion.
Tous les historiens s’accordent à souligner l’extrême importance des lois de Nuremberg. Léon Poliakov les qualifie de
« sacrales », par opposition aux premières mesures antisémites de la période 1933-1935, qu’il considère comme
« profanes ». En effet, un saut qualificateur est franchi ? Les lois de Nuremberg marquent à la fois définitivement le
Juif comme réprouvé, pour des raisons « biologiques, et ouvrent la porte à la surenchère des pouvoirs locaux ou même
Des particuliers face à la législation d’Etat.

Le juif souille par son contact : des rues, des cafés, des lieux publics, voire des bancs lui sont désormais interdits.
Tout ce qui lui appartient est considéré comme impur. La ségrégation s’installe dans le quotidien. Orchestrée par une énorme campagne de presse, elle débouche sur une horreur et une exécration du Juif sans précédent.
Pour de très nombreux juifs d’Allemagne, les conséquences des lois de Nuremberg sont dramatiques. Toute vie sociale leur est interdite, des couples se séparent, des familles se dissolvent.
Le 14 novembre 1935, un arrêté officiel précise en ces termes la définition formelle du Juif : « Est juif celui qui est issu d’au moins trois grands-parents juifs. Est juif celui qui appartient à la communauté religieuse juive. » Ceux qui entrent dans le cadre de cette définition sont totalement exclus de la communauté nationale allemande.
Nombre d’entre eux commencent à envisager de s’expatrier. Mais les difficultés sont nombreuses : les autorités nazies ne s’opposent pas a l’émigration des Juifs jusqu’au début de la guerre, mais à condition que ces derniers abandonnent quasiment leurs biens ; en outre, les éventuels pays d’accueil ferment leurs portes aux candidats à l’immigration.
Entre 1935 et 1937, 100 000 Juifs parviennent à quitter l’Allemagne – 40°/° d’entre eux se dirigent vers la Palestine.
350 000 restent, de plus en plus isolés, de plus en plus angoissés.
A la fin de l’année 1936, le gouvernement nazi crée le service des Questions juives bientôt confié à un jeune Adjudant-chef, protégé de Heydrich : Adolf Eichmann. Celui-ci nous le verrons, va se consacrer à sa tache avec passion et ténacité. Les juifs se trouvent peu à peu pris dans les mailles d’un immense filet qui ne cesse de se resserrer autour d’eux. L’année 1938 va marquer une nouvelle aggravation de leur sort, qui aboutira à une cruelle politique concentrationnaire.

III. LA POLITIQUE CONCENTRATIONNAIRE

1) LES GHETTOS

Le terme de "ghetto" tire son origine du nom du quartier juif de Venise, créé en 1516. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les ghettos étaient des quartiers isolés du reste du tissu urbain par des barbelés ou un mur, dans lesquels les Allemands forcèrent la population juive à vivre dans des conditions misérables. Les ghettos isolaient les Juifs en les séparant de la population non juive et des communautés juives voisines. Les nazis créèrent plus de 400 ghettos.
Les Allemands présentèrent la création des ghettos comme une mesure provisoire de contrôle et de ségrégation des Juifs. La plupart des ghettos (situés uniquement en Europe orientale sous occupation allemande) étaient fermés par des murs, des clôtures de fil de fer barbelé ou des portes. Les ghettos étaient surpeuplés et insalubres. La faim, les pénuries chroniques, la rigueur hivernale et l'absence de services urbains furent la cause d'épidémies à répétition et d'un taux de mortalité élevé.

Le plus grand ghetto fut celui de Varsovie, dans lequel environ 450 000 Juifs étaient entassés sur une zone de 2000 mètres carrés environ. Les autres principaux ghettos furent ceux de Lodz, Cracovie, Bialystok, Lvov, Lublin, Vilno, Kovno, Czestochowa et Minsk.
Les nazis donnèrent l'ordre aux Juifs des ghettos de porter des écussons ou des brassards permettant de les identifier et leur imposèrent le travail forcé au profit du Reich allemand. La vie quotidienne dans les ghettos était gérée par des Conseils juifs (Judenräte) et une police juive, nommés par les nazis. Celle-ci était chargée du maintien de l'ordre et participa aux déportations vers les camps d'extermination
Des activités illégales telles que l'approvisionnement en contrebande de nourriture ou d'armes, la participation à des mouvements de jeunesse ou à des activités culturelles, eurent souvent lieu sans l'accord des Conseils juifs (même si les ces derniers organisèrent en fait les activités culturelles officielles).

Dans certains ghettos, les membres de la résistance juive organisèrent des soulèvements armés. Le plus important fut le soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943. Il y eut aussi des révoltes à Vilno, Bialystok, Czestochowa, et dans plusieurs autres ghettos plus petits. En août 1944, les nazis achevèrent la destruction du dernier grand ghetto, celui de Lodz.
En Hongrie, l'enfermement dans les ghettos ne commença qu'au printemps 1944, après l'invasion et l'occupation du pays par les Allemands. En moins de trois mois, la police hongroise, en coordination avec les Allemands, déporta près de 440 000 Juifs. La plupart d'entre eux fut envoyée à Auschwitz-Birkenau. A Budapest, les Juifs furent confinés dans des maisons identifiées (les maisons dites Etoile de David). En novembre, après un coup d'Etat soutenu par l'Allemagne, le parti hongrois des Croix Fléchées créa un ghetto à Budapest. Environ 63 000 Juifs y furent confinés dans une zone de 160 mètres carrés. Les 25 000 Juifs qui s'étaient vu accorder des passeports de protection (au nom de pays neutres) furent placés dans un "ghetto international", dans un autre quartier de la ville. L'Armée rouge libéra Budapest en janvier 1945, mettant ainsi fin à la ghettoïsation des Juifs hongrois survivants.

Parfois, les ghettos existèrent durant peu de temps. Avec la mise en oeuvre de la Solution finale en 1942, les Allemands détruisirent systématiquement les ghettos et déportèrent les Juifs vers les camps d'extermination pour les y assassiner. Un petit nombre de Juifs fut déporté des ghettos vers les camps de travail forcé et les camps de concentration.

2) LES CAMPS NAZIS

Les Allemands créèrent de nombreux sites de détention pour emprisonner et éliminer les "ennemis de l'Etat", dont les plus terribles, les camps de concentration. La plupart des prisonniers des premiers camps de concentration furent des Communistes, des Socialistes, des Démocrates sociaux, des Tsiganes, des Témoins de Jéhovah, des homosexuels allemands, et d'autres personnes accusées d'avoir un comportement "asocial" ou socialement déviant.
Après l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne en mars 1938, les Nazis arrêtèrent des Juifs allemands et autrichiens et les emprisonnèrent à Dachau, à Buchenwald et à Sachsenhausen, camps de concentration situés en Allemagne. Après les pogroms de la Nuit de cristal, en novembre 1938, les Nazis arrêtèrent 30 000 hommes juifs et les incarcérèrent dans des camps pendant de courtes périodes.

Les unités "Tête de mort" de la SS, qui avaient la tâche de garder les camps, rivalisèrent de cruauté. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les médecins nazis se livrèrent, dans certains camps, à des expériences médicales sur les prisonniers. Avec la guerre, le système des camps nazi prit rapidement de l'ampleur. Après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne en septembre 1939, les Nazis ouvrirent des camps de travail dans lesquels des milliers de prisonniers moururent d'épuisement et de faim.

A la suite de l'invasion allemande de l'Union soviétique en juin 1941, les Nazis augmentèrent le nombre des camps de prisonniers de guerre. Certains camps furent construits comme extensions de camps de concentration existants, comme à Auschwitz, en Pologne occupée. Le camp de Lublin, connu plus tard sous le nom de Maïdanek, fut créé à l'automne 1941 comme camp de prisonniers de guerre, avant de devenir un camp de concentration en 1943. Des milliers de prisonniers de guerre soviétiques y furent abattus ou gazés.

Pour faciliter la "Solution finale" (le génocide des Juifs), les Nazis ouvrirent des camps d'extermination en Pologne. Chelmno, le premier camp d'extermination, fut ouvert en décembre 1941. Là, des Juifs et des Tsiganes furent gazés dans des camions à gaz. En 1942, les Nazis ouvrirent Belzec, Sobibor et Treblinka, trois camps d'extermination, afin d'y assassiner systématiquement les Juifs du Gouvernement Général (le territoire de la Pologne occupée, non annexé au Reich).
Les Nazis construisirent des chambres à gaz pour améliorer l'efficacité des procédures d'extermination et pour rendre le processus plus impersonnel pour ceux qui l'accomplissaient. A Auschwitz II-Birkenau, il y eut quatre chambres à gaz. Au moment de l'apogée des déportations, on y gaza jusqu'à 8 000 Juifs par jour.
Les Juifs vivant dans les territoires de l'Ouest de l'Europe occupés par les Nazis étaient d'abord déportés dans des camps de transit, comme par exemple Westerbork aux Pays-Bas ou Drancy en France. Les camps de transit étaient habituellement la dernière étape avant l'arrivée dans un camp d'extermination.
Les SS tuèrent plus de trois millions de Juifs dans les camps d'extermination de Pologne occupée.

LE TRAVAIL FORCÉ (STO)

L'idéologie nazie considérait le travail manuel forcé comme le moyen de prédilection non seulement pour punir les opposants intellectuels, mais aussi pour "éduquer" les Allemands afin qu'ils acquièrent une "conscience de race" et soutiennent les objectifs raciaux du national-socialisme. Dès l'hiver 1933, avec la création des premiers camps de concentration et des sites de détention, le travail forcé --souvent vide de sens et humiliant, et imposé sans que ne soient fournis l'équipement, l'habillement, la nourriture ou le repos adéquats-- constitua un élément central du régime concentrationnaire.

A partir de 1938, les nazis exploitèrent de plus en plus le travail forcé des "ennemis de l'Etat" pour en tirer un profit économique, mais aussi comme solution à la grave pénurie désespérée de main-d'œuvre. Cette politique prit un nouvel essor au printemps 1942, à la suite de changements dans l'administration des camps de concentration. Par exemple, dans le camp d'Auschwitz-Monowitz, situé en Pologne, des dizaines de milliers de prisonniers juifs furent employés au travail forcé dans l'usine de caoutchouc synthétique de Buna, propriété du conglomérat de la chimie I.G. Farben.

Les nazis imposèrent le travail forcé aux civils juifs à la fois dans et hors des camps de concentration, et ce, dès avant la guerre. A la fin de 1938, la plupart des hommes juifs résidant en Allemagne étaient contraints au travail forcé par diverses autorités du Reich. En Pologne occupée, les autorités allemandes organisèrent le travail forcé pour les Juifs dans le voisinage des ghettos, que ces ghettos aient été fermés ou non, et dans des camps de concentration spéciaux pour les Juifs sous juridiction SS, civile allemande ou militaire allemande. Par exemple, dans le ghetto de Lodz, les nazis installèrent 96 usines et ateliers qui produisaient des marchandises pour contribuer à l'effort de guerre allemand. En Union Soviétique occupée, et ailleurs, après le début de l'extermination systématique, le travail forcé des Juifs fut exploité presque exclusivement dans les camps de concentration.

Lorsque les nazis commencèrent à mettre en oeuvre la "solution finale", la capacité à travailler devint souvent une chance de survie. Les Juifs qui étaient jugés inaptes au travail étaient les premiers à être abattus ou déportés

Dès la création du Gouvernement général de Pologne, en octobre 1939, tous les hommes juifs et de nombreux polonais furent contraints d'accomplir un travail forcé sans salaire au profit des autorités d'occupation allemandes. A partir de 1940, les autorités allemandes raflèrent des civils polonais, hommes et femmes, et les déportèrent vers le Reich pour le travail forcé dans les usines et les fermes allemandes.

Par ailleurs, les nazis mirent soigneusement en application une politique "d'annihilation par le travail", dans le cadre de laquelle certaines catégories de prisonniers étaient condamnés à mort par épuisement ; en d'autres termes, ils furent placés dans des conditions qui conduisaient directement et délibérément à la maladie, aux blessures et à la mort. Par exemple, au camp de concentration de Mauthausen, les prisonniers étaient contraints de monter en courant les 186 marches à la sortie de la carrière de pierres en portant de lourds fardeaux.

Après l'invasion allemande de l'Union Soviétique en juin 1941, les Allemands laissèrent mourir les prisonniers de guerre soviétiques par manque de soins (nourriture, habillement, abri ou soins médicaux insuffisants). Cependant, au printemps 1942, les autorités allemandes commencèrent à employer les survivants dans différentes usines importantes à l'effort de guerre. Des centaines de milliers de civils soviétiques furent aussi déportés de force en Allemagne, en Autriche et en Bohême-Moravie, la plupart incarcérés dans ce que l'on appelait alors des camps de résidence. Ils y furent soumis au travail forcé.
A la fin de la guerre, des millions de personnes déplacées non allemandes restaient encore en Allemagne, victimes de la politique nazie de déportation et de travail forcé dans le Reich.


3) LES CAMPS D'EXTERMINATION

Les camps d'extermination nazis furent construits dans l'unique but de perpétrer des meurtres de masse. A l'inverse des camps de concentration, qui faisaient surtout office de centres de détention et de travail, les camps d'extermination étaient presque uniquement des "usines de mort". Plus de trois millions de Juifs furent exterminés dans les camps d'extermination, soit gazés, soit abattus.

Le premier camp d'extermination fut celui de Chelmno, qui ouvrit dans le Warthegau (la partie de la Pologne annexée à l'Allemagne) en décembre 1941. Là, des Juifs, mais aussi des Tsiganes, furent assassinés dans des camions à gaz mobiles. En 1942, dans le Gouvernement Général de Pologne, les nazis ouvrirent les camps de Belzec, Sobibor et Treblinka (dans le cadre de l'Action Reinhardt) pour assassiner systématiquement les Juifs de Pologne.


En octobre 1943, plus d'1,7 million de Juifs avaient été gazés (dans des chambres à gaz fonctionnant au monoxyde de carbone) dans les camps de l'Action Reinhardt. Il y eut environ 120 survivants.
La plupart des autres déportés qui arrivaient dans les camps étaient immédiatement envoyés dans les chambres à gaz (à l'exception d'un petit nombre d'entre eux qui étaient choisis pour constituer des équipes de travail spéciales connues sous le nom de Sonderkommandos). Le plus grand camp d'extermination fut celui d'Auschwitz-Birkenau, où, au printemps 1943, fonctionnaient quatre chambres à gaz (qui utilisaient le gaz Zyklon B). A l'apogée des déportations, on gaza jusqu'à 8 000 Juifs par jour à Auschwitz-Birkenau. En novembre 1944, plus d'un million de Juifs et des dizaines de milliers de Tsiganes, de Polonais et de prisonniers de guerre soviétiques y avaient été gazés.
Un autre camp situé en Pologne, celui de Maïdanek, à l'origine camp de prisonniers de guerre puis camp de concentration, fut également un site d'exécutions massives. Environ 170 000 prisonniers furent tués à Maïdanek ; il s'agit presque exclusivement de Juifs, de civils, de soldats soviétiques et de civils polonais. La documentation disponible ne permet pas de déterminer exactement le nombre de personnes exterminées dans les chambres à gaz ou par d'autres moyens (abattues, pendues ou battues à mort). Les derniers des 18 000 prisonniers juifs du camp furent abattus dans des fosses le 3 novembre 1943, lors de l'Action Erntefest (opération "Fête de la moisson"), tandis que de puissants haut-parleurs diffusaient de la musique pour couvrir le bruit et les cris.

Les SS considéraient les camps d'extermination comme un secret d'Etat. Pour faire disparaître les traces des gazages, des unités spéciales de prisonniers (les Sonderkommandos) étaient obligées d'enlever les corps des chambres à gaz et de les incinérer. Les SS firent ensuite disparaître les traces de leurs crimes.

4) LES MARCHES DE LA MORT

En janvier 1945, le Troisième Reich voyait s'approcher la défaite militaire. Les forces soviétiques avançaient en Europe orientale, prêtes à repousser l'armée allemande vers l'intérieur du Reich. Après l'échec de l'offensive surprise allemande vers l'ouest à travers les Ardennes en décembre 1944, les forces alliées de l'ouest étaient prêtes à entrer en Allemagne. L'armée soviétique avait rendu publiques les atrocités nazies à Maïdanek, que ses troupes avaient libéré en juillet 1944. Le chef de la SS, Heinrich Himmler, donna alors l'ordre aux commandants des camps de concentration d'évacuer les prisonniers. Ce plan avait pour but d'éviter que les prisonniers ne tombent entre les mains des Alliés et ne fournissent des preuves supplémentaires des assassinats de masse des nazis. L'évacuation de tous les camps de concentration se fit souvent par des marches forcées.


Le terme marche de la mort fut probablement inventé par les prisonniers des camps de concentration. Il fait référence aux marches forcées de prisonniers sur de longues distances et sous stricte surveillance, dans des conditions hivernales extrêmement dures. Pendant ces marches de la mort, les gardes SS maltraitèrent brutalement les prisonniers. Obéissant aux ordres explicites qui étaient d'abattre les prisonniers qui ne pouvaient plus marcher, les gardes SS abattirent en route des centaines de prisonniers. Des milliers de prisonniers moururent également de froid, de faim et d'épuisement. Les marches de la mort furent particulièrement nombreuses fin 1944 et en 1945, alors que les nazis tentaient de transférer les prisonniers vers l'intérieur de l'Allemagne. Les marches de la mort les plus importantes commencèrent à Auschwitz et à Stutthof, peu avant que les forces soviétiques ne libèrent ces camps.
Néanmoins, à mesure que les forces alliées avançaient au cœur de l'Allemagne, elles libéraient des centaines de milliers de prisonniers des camps de concentration. Le 25 avril 1945, l'armée soviétique fit sa liaison avec l'armée américaine à Torgau, sur l'Elbe, en Allemagne centrale. L'armée allemande se rendit sans condition sur le front de l'ouest le 7 mai, et sur celui de l'est le 9 mai 1945. Le 8 mai 1945 fut proclamé jour de la Victoire en Europe. Pratiquement jusqu'au dernier jour de la guerre, les autorités allemandes firent marcher les prisonniers dans divers lieux du Reich.

5) LA LIBÉRATION DES CAMPS

Lors de leurs offensives contre l’Allemagne, les troupes alliées commencèrent à libérer des camps de concentration. Il y restait des survivants ; beaucoup d’entre eux avaient survécu à des marches de la mort.
Le premier grand camp nazi à être libéré fut Majdanek, près de Lublin, en Pologne, en juillet 1944. Surpris par la rapidité de l’avance soviétique, les Allemands tentèrent de dissimuler les preuves du meurtre de masse, en démolissant les infrastructures d'assassinat.
Ils mirent le feu au four crématoire principal mais, dans la hâte de l’évacuation, ils n’eurent pas le temps de détruire les chambres à gaz. Durant l’été 1944, les Soviétiques parvinrent également sur les sites des camps d’extermination de Belzec, Sobibor et Treblinka. Les Allemands avaient démantelé ces camps en 1943, après y avoir exterminé une grande partie des Juifs de Pologne.

L'Armée rouge libéra Auschwitz, le plus grand camp d’extermination et de concentration, le 26 janvier 1945. Les Nazis avaient emmené la majorité des détenus dans des marches de la mort, et, quand ils pénétrèrent dans le camp, les soldats soviétiques ne trouvèrent que quelques milliers de prisonniers.
De nombreuses preuves du meurtre de masse existaient encore à Auschwitz. Avant de fuir, les Allemands avaient détruit la plupart des entrepôts du camp, mais dans ceux qui restaient les Soviétiques trouvèrent les effets personnels des victimes. Ils découvrirent, par exemple, des centaines de milliers de costumes d’homme, plus de 800 000 vêtements de femme, et plus de 7 000 kg de cheveux humains. Mais les Nazis avaient fait sauter les fours crématoires
Dans les mois qui suivirent, les Soviétiques libérèrent d’autres camps dans les pays baltes et en Pologne. Peu avant la capitulation allemande, les troupes soviétiques libérèrent les camps principaux de Stutthof, de Sachsenhausen et de Ravensbrück.

Le 11 avril 1945, Les troupes américaines libérèrent le camp de concentration de Buchenwald, situé près de Weimar, en Allemagne, quelques jours après qu'il ait été évacué par les Allemands. Le jour de la libération, une organisation de résistance clandestine de prisonniers prit le contrôle de Buchenwald pour empêcher les gardes du camp de commettre des atrocités.
Les troupes américaines libérèrent plus de 20 000 prisonniers à Buchenwald. Elles libérèrent également les camps principaux de Dora-Mittelbau, de Flossenbürg, de Dachau et de Mauthausen.

Les troupes britanniques libérèrent des camps en Allemagne du Nord, parmi lesquels ceux de Neuengamme et de Bergen-Belsen. Elles pénétrèrent dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, près de Celle, à la mi-avril 1945. Quelque 60 000 détenus, la plupart dans des conditions critiques à cause d’une épidémie de typhus qui y sévissait, y furent découverts vivants. Plus de 10 000 moururent des effets de la malnutrition et de maladies dans les semaines qui suivirent leur libération.
Les libérateurs découvrirent dans les camps, des cadavres qui s’amoncelaient en plein air. Ce n’est qu’après la libération des camps nazis que l’étendue des horreurs nazies apparut pleinement. Les détenus qui avaient survécu, exténués par le travail forcé et le manque de nourriture, avaient l’aspect de squelettes. Nombre d’entre eux étaient si affaiblis qu’ils pouvaient à peine bouger. Le danger de maladies était partout présent et de nombreuses baraques durent être brûlés pour prévenir la diffusion d’épidémies.

Après avoir conquis le pouvoir absolu, les nazis éliminèrent selon des procédés systématiques et par cercles concentriques entre 5 et 6 millions de Juifs, notamment, mais pas uniquement, à l'aide de chambres à gaz, (certaines maladies tel que le Typhus furent extrêmement meurtrières) ainsi que de nombreux Tsiganes, entre 500 000 et 1 million dont 23 000 ont été recensés dans le seul camp d'Auschwitz.
Pour les survivants le retour à la normalité s’annonçait long et difficile, si ce n’est impossible.
Ce sont ces constats d’horreurs qui nous poussent à nous interroger sur le personnage qui en est essentiellement à l’origine : Hitler.

 

TROISIEME PARTIE : HITLER

I. SON VECU

1) APERCU BIOGRAPHIQUE

Adolf Hitler nait le 20 avril 1889 à Braunau sur l’Inn, petite ville autrichienne à la frontière allemande, il est le quatrième enfant d’une famille comportant cinq enfants (Alois Jr, Angela, Edmund, Paula). L’enfance d’Hitler fut marquée par une série de déménagements : son père fut muté du côté allemand de la frontière. En 1895, Alois prit sa retraite et acheta une petite ferme près de Lambach en Haute-Autriche. Il était autoritaire avec son fils ; peut être alcoolique.
Plus tard, il saluera dans cette circonstance « un arrêt bienheureux du destin », et la modeste ville frontière de sa naissance lui apparaîtra comme le symbole d’une « grande mission » : réunir l’Autriche allemande à la grande mère patrie allemande. Mission dévolue à sa génération : œuvre à accomplir par elle par tous les moyens : « Car les hommes d’un même sang doivent appartenir au même Reich » (Mein Kampf).

En 1898, la famille déménagea de nouveau dans le village de Leonding, près de Linz. Après cinq ans d’école primaire dans le village, Hitler se retrouva au lycée technique de Linz. Les conflits avec le père se cristallisèrent à cette époque au sujet de la carrière future du jeune Hitler : fonctionnaire ou artiste peintre, et de ses idées politiques : soutien aux Habsbourgs du père et soutien aux mouvements de 1848 pour le fils. En 1903, son père Alois (né le 7 juin 1837) devenu douanier en fin de carrière, est foudroyé par une crise cardiaque dans une taverne à l’âge de cinquante-huit ans. A seize ans, en septembre 1907, il a interrompu ses études, par suite d’une maladie survenue en 1905 ; il n’a pas obtenu l’Abitur (baccalauréat), mais il nourrit ses rêves d’artiste et part pour Vienne se présenter au concours d’entrée de l’Académie des beaux-arts, section de peinture ; il échoue. Il est plus doué pour l’architecture mais, faute de l’Abitur, il ne peut être admis à l’enseignement correspondant.
Déception décisive. Un cancer de la poitrine emporta sa mère en 1907. Adolf revient d’urgence à Linz pour soutenir sa mère.
Le médecin juif de la famille n’avait rien pu faire pour la sauver et Hitler lui fut cependant reconnaissant d’avoir essayé. Klara meurt le 21 décembre 1921. Le docteur Bloch décrivit ensuite la douleur intense du fils par ces mots :
« jamais je n’ai vu quiconque aussi terrassé par le chagrin qu’Adolf Hitler ».

Il entame alors une existence oisive, fréquentant des théâtres, découvrant la musique wagnérienne et consacrant de nombreuses heures à l’élaboration de nombreux projets architecturaux plus ou moins fantaisistes. Il est aussi grand amateur de littérature de tout genre, particulièrement des ouvrages de fond, historiques, philosophiques…
De la peinture, en tout cas, il peut tirer quelque argent en amateur par la vente de ses tableaux, des vues bancales de Vienne, aux tonalités ternes et criardes, aux perspectives de cauchemar, qu’un comparse écoule auprès de commerçants souvent juifs, et se trouve impliqué dans de minables embrouilles. Il lui faut donc se fixer à Vienne.

De février 1908 à mai 1913, il y passe donc cinq années : vie dépeinte trop souvent, et par lui-même, de façon extravagante. En 1913, il reçut sa part de l’héritage paternel ce qui lui permit de se rendre à Munich et de se faire oublier des autorités militaires autrichiennes qui voulaient de lui pour le service militaire. Hitler fut finalement exempté en raison de ses faiblesses physiques. Il avait été considéré par les autorités autrichiennes comme « trop faible : inapte ». Il quitte la capitale autrichienne pour Munich où après quatorze mois de séjour, la déclaration de guerre de l’Allemagne à la Russie, le 1er août 1914, le transporte de joie. Il se porte immédiatement volontaire dans l’armée bavaroise.
Le caporal Adolf Hitler, deux fois blessé, décoré de la Croix de fer de première classe, sort de l’hôpital de Pasewalk en Poméranie à la fin de novembre 1918 pour regagner Munich. Il fit une rechute lorsqu’il apprit la défaite allemande, l’armistice, la proclamation de la république et eut la «vision » qui le convainquit que la «Providence » lui avait confie la mission de «sauver l'Allemagne »).

Il trouve à Munich le régime « rouge » de Kurt Eisner, qui sera assassiné en février 1919, mais la révolution bavaroise n’est jugulée qu’en mai. La Reichswehr, qui a repris en main la situation, attache la plus grands importance à un redressement anticommuniste et «national » des esprits, notamment chez les démobilisés. Hitler, qui va rester militaire jusqu’en mars 1920, a attiré l’attention d’officiers qui font de lui un «homme de confiance » chargé d’éducation, de propagande et d’information. Et c’est là, sans conteste, la chance de sa vie.

Le 12 septembre 1919, sur l’ordre de ses supérieurs, il prend contact dans une brasserie de Munich avec un assez dérisoire Parti ouvrier allemand, comptant quelques douzaines de membres (DAP, Deutsche Arbeiter Partei).
Il devient le tribun, le propagandiste, le réorganisateur et le chef autocrate, le Führer de ce qui, à partir de février 1920, s’appelle le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP, National Socialistiche Deutsche Arebeiter Parei) et compte près de cinquante-six mille membres à la veille des graves évènements de novembre 1923.
A Munich, une tentative de putsch, mal conçue, mal exécutée (8 et 9 novembre 1923), se termine par une fusillade devant le Feldrenhalle, avec des morts et des blesses dont Hermann Goering, et aboutit à l’interdiction du parti et à l’arrestation de son Führer, condamné à cinq ans de prison (dont il n’accomplit que treize mois) dans la forteresse de Landsberg. Cette captivité, très confortable, vient à point pour lui permettre d’écrire enfin ce qu’il avait dans la tête ; le premier tome de Mein Kampf parait en 1925, le second fin 1926. De plus, la leçon du Putsch manqué a porté : le chemin du pouvoir, pour le parti qu’il s’agit de reconstruire, comme pour son Führer, n’est pas dans l’insurrection mais dans la conquête du suffrage universel (107 sièges aux élections de 1930, 230 à celles de juillet 1932), en même temps que dans l’habileté manœuvrière d’un lecteur très doué du Prince de Machiavel.

Le 30 janvier 1933, le maréchal Hindenburg, président du Reich, appelle au poste de chancelier celui qu’il avait un jour traité avec mépris de «caporal bohémien ». Ce n’est qu’un début avant deux mois, Hitler se fera accorder par le Reichstag les pleins pouvoirs pour quatre ans. Ceci, suite à une manipulation habile qui consistait à faire porter la responsabilité de l’incendie du Reichstag aux communistes, alors que les nazies en étaient à l’origine. En conséquence, les députés communistes et nombre de socialistes, furent évincés, permettant à Hitler d’avoir la majorité illégale, donc les pleins pouvoirs.
A la mort de Hindenburg, le 2 août 1934, Hitler se proclame chef de l’Etat en même temps que chancelier ; le jour même, officiers et soldats prêtent serment «d’obéissance inconditionnelle au Führer du Reich et du peuple allemand, Adolf Hitler, chef suprême des forces armées », en attendant la consécration d’un plébiscite avec un oui massif.

2) Sa personnalité

Introduction :

Pareil à tout être humain, sa personnalité peut être étudiée sous les différentes facettes qu’il a montrées durant son vécu. En effet, il se présente tout d’abord comme un caporal de l’armée bavaroise, puis meneur et antisémite pour ensuite faire preuve de démagogie tout en étant politicien et chef de guerre.

A. Le caporal

Désireux d’échapper au service militaire dans l’armée austro-hongroise, Hitler s’installe à Munich en 1913. Lorsque éclate la première guerre mondiale, il s’engage dans l’armée bavaroise. Sous le casque à pointe de l’armée allemande, Hitler fera la guerre comme estafette, sera blessé à deux reprises, gazé à Ypres et finira décoré de la croix de fer de première classe avec le grade de caporal. Pourtant, ce soldat bien noté ne deviendra pas officier, tout simplement, comme l’estime Lionel Richard «parce qu’il aurait du changer de poste pour un sort plus incertain, plus dangereux. Estafette, il avait le privilège, ce qui lui sera très utile un peu plus tard, de se mouvoir dans l’ombre des officiers ».

Puis, traumatisé par la défaite, il rejoint le dépôt de son régiment alors aux mains d’un conseil de soldat (novembre 1918), il assiste a Munich à la proclamation de la république des conseils de Bavière puis à son impitoyable répression du 1er au 10 mai. Il est ensuite désigné pour enquêter au sein d’une commission militaire, sur les événements révolutionnaires. En septembre 1919 il adhère au petit parti ouvrier allemand (DAP) – il en est le septième adhérent -, rebaptisé en septembre 1920 parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP).

B. Le meneur - antisémite

Hitler s'imposa rapidement par son esprit d'initiative aux autres membres de son parti, qui, en 1919, pratiquaient plus une "cuisine de club", selon ses propres mots, qu'une activité politique conséquente. Hitler se fait remarquer par ses qualités d'orateur – sa voix magnétique et gutturale fascine l'assistance –, et s'impose à la présidence du parti en juillet 1921. À cette date, le NSDAP compte déjà plus de 3 000 militants, des troupes paramilitaires, les sections d'assaut (SA), et dispose d'un journal, le Völkischer Beobachter. Deux années plus tard, le NSDAP domine tous les autres groupuscules extrémistes de droite, rassemblant 55 000 militants. Aux côtés du général Ludendorff, l'ancien caporal est devenu l'une des deux grandes figures de l'extrême droite munichoise, et sa réputation commence à s'étendre hors de Bavière.

Le 8 novembre 1923, alors que l'Allemagne connaît une situation économique et politique dramatique (les troupes françaises occupent la Ruhr (Allemagne) et l'inflation s'accroît d'heure en heure), Hitler tente un coup de force, mais le putsch, mal organisé, échoue lamentablement: seize nazis sont tués par la police munichoise, et Hitler lui-même est arrêté. Lors du procès qui s'ensuit, le chef du parti nazi n'en réussit pas moins à se présenter comme un patriote révolté par les agissements d'une république indigne, ce qui lui vaut la sympathie de toute l'Allemagne nationaliste. Condamné en février 1924 à cinq ans d'emprisonnement, Hitler est libéré dès le mois de décembre. Il a consacré ces quelques mois passés dans la forteresse de Landsberg (Allemagne) à rédiger Mein Kampf (Mon combat), exposé confus de ses idées et de son programme, qui paraît en 1925, et va être baptisé par certains historiens bible du racisme. C’est dans cet ouvrage qu’il n’hésite pas à appeler le peuple à se lever pour un combat des plus virulents dans son racisme qu’il tonnera avec des grandes phrases du type : « Un Etat, qui à une époque de contamination des races veille jalousement à la conservation des meilleurs éléments de la sienne doit devenir un jour le maître de la terre ».
Il donnera une formulation plus structurée de son propos, dans ce que l'on appelle le "Deuxième Livre", rédigé en 1928, mais jamais publié de son vivant.

C. Le démagogue

Hitler fut selon Alan Bullock, le plus grand démagogue de l’histoire. Ce n’est pas par un hasard si les pages de Mein Kampf sur la conquête des masses à l’idée nationale sont parmi les meilleures. Ainsi, lisons-nous, le plus puissant levier des révolutions a toujours été « un fanatisme » qui fouette l’âme de la foule et la pousse en avant, fut-ce avec une violence hystérique, non la connaissance objective de vérités scientifiques. Les clefs qui ouvrent la porte de son cœur sont la volonté et la force, il faut s’adresser non à son cerveau mais à ses sentiments, lesquels sont simples : elle est pour ou elle est contre, elle ne connaît pas de milieu ; il faut s’en tenir à un petit nombre d’objets, toujours les mêmes, et constamment répéter la même chose par des formules stéréotypées ; plus la masse des gens a atteindre est grande, plus le niveau de la propagande doit être placé bas. La mise en application de ces règles (devenues lieux communs) du viol efficace des foules suppose les talents de l’opérateur de masses, doué d’un sens quasi animal de leurs besoins profonds. Hitler possédait ces qualités à un degré extraordinaire.
Selon le témoignage d’Otto Strasser, qui le haïssait, il répondait aux vibrations les plus secrètes du cœur de ses auditeurs avec « la sensibilité d’un sismographe ou peut-être d’un poste récepteur de radio ». Il se laissait porter par son public pour trouver d’instinct les mots qu’il fallait ; c’est de lui qu’il recevait, tout en parlant les rectifications nécessaires. Il exerçait sur lui une irrésistible attraction magnétique, selon ses propres expressions. Il la devait avant tout à sa voix : cette voix ; dont la Providence, qu’il invoquait souvent, une Providence à son service personnel, l’avait doté pour le malheur de son peuple et du monde ; une voix qui, par sa seule puissance brutale, par sa seule sonorité, par son timbre un peu rauque et étrange, ébranlait l’auditoire, pénétrait au tréfonds de chacun, faisant de lui une proie toute offerte aux mots qu’elle prononçait ainsi qu’aux émotions, aux passions que ces mots suscitaient ; une voix qui inspirait aussi bien le délire de l’extase que celui de la fureur et de la vengeance. H. Rauschning dit qu’elle incarnait le tourment contemporain et qu’elle resterait longtemps le symbole d’une « époque de folie ».

Elle était accompagnée (et portait d’autant plus) aux moments propices, d’une mimique de possédé.
Possédé au Sens complet du mot : possédé par les passions mêmes qu’il inoculait, sûr d’un terrain favorable, au cœur des ces auditoires où se mêlaient, dans l’attente du courant magnétique, hommes du type allemand « moyen », en majorité petits bourgeois, femmes de tout rang et souvent du très haut, par Hitler mises en transe, jeunes gens fanatisés, fin pourvus d’une certitude, de quoi vivre et même –ou surtout- mourir.
Entrait aussi en ligne de compte son regard tantôt fuyant, tantôt étrangement fixe (on a souvent parlé de ses yeux de médium), capable de fasciner comme de mettre mal à l’aise, de faire peur. Autant d’éléments qui composaient le charisme particulier d’un « Fûhrer de masses », d’un démagogue d’une prodigieuse dimension contrastant avec la médiocrité : la vulgarité extérieure du personnage.

D. Le politique

Si les talents, le génie même de Hitler démagogue, ne sont guère contestés, il n’en va pas toujours de même de Hitler politique. Ici le contraste est encore plus grand, l’image classique du grand politique (Richelieu, Napoléon, Bismarck) est inséparable d’une certaine allure ou distinction de l’esprit. Or, cette image, Hitler la dément violemment. Son esprit incurablement grossier (Principalement envers les Juifs et autres «inférieurs ») et cruel et brutal déconcerte et rebute. Il n’en faut pas moins convenir, avec H. R. Trevor-Roper, que la puissance mentale de cet homme funeste était hors du commun, qu’il l’appliqua soit à apprécier les situations, le jeu des forces, les chances et les risques, soit à élaborer des plans hallucinants. Elle traduisait, aux moments décisifs, par une triple faculté : de simplification, de persuasion et d’agression. Ecartant toutes les broussailles, bousculant tous les obstacles non sans avoir d’abord émoussé, anesthésié ou détourné les vouloirs adverses, ce parfait carnassier de la jungle politique forçait l’issue et fonçait sur son gibier. Une vision cynique de la nature humaine, dont il faisait honneur à Machiavel, qui disait-il, lui avait nettoyé l’esprit, venait étayer son action : on tenait les hommes, on les manoeuvrait en utilisant leurs faiblesses de tous ordres ; sur celles-ci, le politique n’était jamais informé avec assez de précision. Le maître de l’Allemagne entendait donc accumuler tous renseignements possibles sur tous ceux qui, tant à l’étranger que dans le Reich même, pouvaient éventuellement servir ses fins. Toutefois, en ce qui le concernait personnellement, jamais il ne laissait « échapper une parole inconsidérée, jamais il ne disait ce qu’il n’avait pas l’intention de dire, jamais il ne révélait un secret » (Dr Schacht).

Que ce soit dans le cadre du parti, dans celui de la nation allemande, ou en matière de politique extérieure, Hitler applique avec la même sûreté, la même implacabilité les mêmes règles d’or ou d’airain de la réussite.
Le parti est déchiré par de violentes rivalités de personnes : son Fûhrer les utilise, et à l’occasion des encourage, afin de renforcer par son arbitrage sa position de chef.
Ainsi, vers 1925, les frères Otto et Gregor Strasser se trouvent menacer cette position ; au cours d’un congrès, le jeune Goebbels, qui leur est tout acquis, va jusqu’à demander qu’on expulse du parti « le petit bourgeois Adolf Hitler ». Faut-il dire que ce « petit bourgeois » stigmatisé de la sorte est venu à bout des Strasser, après s’être attaché à vie ce jeune Goebbels, virtuose de la propagande ?

Quand en janvier 1933, il devient chancelier du Reich, à la suite d’une médiocre intrigue de palais ou « combinaison » imaginée par le rusé von Papen qui a l’oreille du vieil Hindenburg (et nullement grâce à un raz de marée du suffrage universel : le parti a perdu des sièges aux élections de novembre 1932), Adolf Hitler n’a pas encore gagné la partie, il s’en faut. Les « importants » de la vieille Allemagne se flattent de lui reprendre rapidement un pouvoir de pacotille où, croient-ils, ses fautes grossières le perdront. Mais c’est lui qui les met au plus vite « dans sa poche », selon sa propre expression.
Cependant, pour s’assurer la succession du maréchal Hindenburg à la tête de l’Etat, il a besoin de l’armée. Il se résout à lui sacrifier ses Chemises brunes : les sections d’assaut, ou S.A., dont le chef d’état-major est le fameux Ernst Rohm, reître taré mais l’ami de la première heure, auquel le fûhrer doit infiniment. C’est un sacrifice dans l’acception la plus sanglante du mot : dans la nuit du 30 juin 1934 dite « les long couteaux », Rohm et plusieurs de ses lieutenants sont assassinés, ainsi que quelques autres qui nuisent à la tranquillité du régime. Si l’opinion mondiale est saisie d’horreur en apprenant cette « purge » affreuse aux détails ignobles, l’armée par contre est satisfaite. Elle l’est moins lorsque le Fûhrer annonce le 4 février 1938, sa décision d’exercer personnellement à l’avenir le commandement direct de l’ensemble des forces armées.
Nuit des longs couteaux :
En assassinant Roehm et quelques autres cadres de la SA, Hitler rassure l’armée et s'engage, apparemment, a lui laisser l’exclusivité des armes. Les officiers jubilent. Ils jubilent tant qu'ils font semblant de ne pas remarquer que les généraux von Schleicher et von Bredow, qui avaient eu le malheur de s'opposer à Hitler avant la prise du pouvoir, sont également assassines ainsi que des collaborateur civils de von Papen. Personne ne proteste au sujet de ces meurtres de collègues. Le petit doigt est dans l'engrenage nazi. L’armée pense avoir ainsi renforce son indépendance et son exclusivité des armes alors qu'en fait elle vient de se compromettre en acceptant que soient assassines des Allemands, dont des militaires, sans aucun jugement et ce pour des raisons uniquement politiques.

Toujours ou presque, c’est en matière politique extérieure qu’un homme d’Etat donne sa mesure. Hitler, par étapes, méthodiquement, utilisant sans gratitude le terrain préparé habilement par la modération de G. Stresemann, se met en devoir de briser les chaînes de Versailles.
Ce sont les dirigeants des démocraties occidentales que, cette fois, il met « dans sa poche », en jouant sur leur crainte légitime de la guerre, en leur tenant avec une émotion de grand comédien le langage de la paix, celui de la Société des Nations de Genève, toujours prêt qu’il est à prodiguer les paroles d’honneur les plus solennelles.
En contrepartie, il est suggestif d’entendre de la propre bouche, dans la liberté de propos ultérieurs l’aveu satisfait du coup de bluff décisif que fut, le 7 mars 1936, la remilitarisation de la Rhénanie : »J’étais, dira-t-il obligé de mentir et je fus sauvé par mon inébranlable obstination et un aplomb surprenant. J’ai menacé, si une détente n’intervenait pas immédiatement, d’envoyer six autres divisons en Rhénanie. En vérité, je n’avais plus que quatre brigades. » Il y allait, la suite l’a prouvé, de tout le système de Versailles.

E. Le chef de guerre

Avec la Seconde Guerre mondiale, que son chantage à la paix a rendue inévitable Hitler doit doubler ses directives politiques de directives stratégiques. Celles-ci trouvent plus d’une fois les généraux rétifs ; et, plus d’une fois, la victoire démontre que le Fûhrer avait raison contre eux (ainsi quand il décida l’utilisation « jusqu’à l’extrême », des divisons blindées sur le front de l’Ouest). Et le fait d’avoir eu raison justifie et renforce chez lui sa vieille hostilité aux experts et techniciens, tous férus de leur prétendue science, tant les militaires que les financiers ou les économistes, tous esclaves des idées reçues qu’ignore l’autodidacte.

Mais le sentiment de sa propre infaillibilité s’en accentue démesurément, premier piège où sa lucidité va commencer de trébucher. Le second, pire sans doute, réside dans le mythe même avec lequel il a fini par s’identifier, celui de la race supérieure maintenue pure à tout prix, qui doit trouver à l’Est son espace vital. D’où cette obstination à jouer toutes ses cartes sur la Russie, cette fureur a y traduire en actes son idéologie meurtrière. Cette erreur stratégique doublée d’une sous-estimation, certainement par racisme est sûrement à l’origine de sa déchéance. En effet, selon sa théorie, il sous-évaluait la capacité du peuple Slave, en tant que « sous-hommes » destinés à l’esclavage, à s’opposer au Werhmacht, « race des seigneurs ».

L’effondrement de sa santé entrant en ligne de compte, il prend inéluctablement, malgré ses généraux qui désormais ont raison dans l’ensemble, le chemin de la catastrophe – la plus grande, la plus tragique de l’histoire allemande.
Au cours des dernières semaines, en mars avril 1945, le chef de guerre traqué qui se tuera d’une balle dans la bouche (ou dans la tempe) alors que les Russes conquièrent Berlin en ruine, s’est laissé aller à livrer le fond de sa pensée : si l’Allemagne s’avérait la plus faible, la destruction totale vaudrait mieux qu’une survie « primitive » ; ce serait alors au seul peuple de l’Est s’étant montré le plus fort que l’avenir appartiendrait.
Dans ces propos, qu’on jugerait à tort ceux d’un dément, perce en réalité l’atroce déception qui ravagerait Adolf Hitler. Son peuple n’avait pas su le porter sur le pavois des vainqueurs ; il avait été indigne de son Führer, misérablement au-dessous de la grandeur unique de son Führer. Malheur aux faibles, mort aux vaincus. La Nature est cruelle.
Une semaine après le suicide historique (et historiquement établi, à grand soin depuis), l’Allemagne capitulait, le 8 mai 1945. Tout était fini. Hitler mort, le national-socialisme et le IIIème Reich avaient vécu. Il n’en restait rien que malheur et ruine.

III. Influence de son vécu sur sa personnalité

Il va de soi qu’une telle étude réalisée par des « novices de l’histoire » tels que nous nous présentons aujourd’hui, et malgré tout l’intérêt et l’investissement que l’on peut porter au sujet traité, cette étude restera purement hypothétique, sans prétention aucune de pouvoir égaler historiens ou psychanalystes. Elle n’est que tentative de rapprochements - parfois même simplistes - entre des évènements vécus qui on l’air marquant, voire influant pour un être humain et la résultante de ce vécu, à savoir sa personnalité.

A ce titre, nous allons tenter de répertorier les événements principaux qui semblent revêtir une importance.

· Adolf est un enfant de santé fragile, seul survivant garçon d’une famille de cinq enfants, par conséquent, exagérément couvé par sa mère.

· Il assiste à la mort de ses frères et sœurs qui décèdent dans leur jeune âge.

· Il est violemment battu par son père, ce qui semble-t-il développe en lui un complexe d’infériorité face à un père tyran, voire une haine profonde.

· Il est fortement attaché à sa mère qui selon certain était battue par son mari.

· Il a honte de ses origines qui - aux dires de certains auteurs - ne sont pas très dignes puisque ses parents ont du obtenir une dispense de Rome (Son ascendance est marquée de relations incestueuses).

· Au domicile parental, vit sa tante Johanna, décrite comme «bossue » et « simple d’esprit », qui parait avoir marqué son enfance par la peur de la dégénérescence, et la « phobie » des handicapés mentaux.

· Elève classique du primaire, il va cependant être admiratif d’un de ses professeurs d’histoire aux discours fortement pangermaniste et anti-Habsbourg.

· A l’âge de 16 ans, il est contraint de quitter les bancs de l’école pour échec scolaire puisque ses résultats depuis son entrée au lycée chutent en s’aggravant.

· Il est confronté à l’opposition de son père quant à sa «carrière » artistique ; il va donc feindre l’acceptation et s’empressera de s’inscrire à l’école des Beaux-Arts dès la mort de son père.

· Il subit par deux fois le refus à l’école des Beaux-Arts, accompagné des remarques humiliantes contredisant ses prétentions artistiques.

· Il ne peut s’orienter vers une carrière d’architecte, qui lui convenait peut être davantage, puisqu’il n’est pas bachelier.

· Il se trouve précipité dans la misère, sans le sou, et devient un moindre vagabond sans abris, en marge de la société. (Quelques mois seulement)

· Sa normalité sexuelle est remise en question puisqu’il ne semble jamais avoir eu de relations réelles avec des femmes, peut être à cause de son défaut physique, ou à cause d’un oedipe non résolu, ou comme d’autres l’affirment, à cause de son attirance homosexuelle (qu’il a toujours refoulé). (Certains en revanche, affirment que les anormalités sexuelles d’Hitler sont des légendes, qu’il n’était pas homosexuel mais avait une vie sexuelle extrêmement discrète, voire secondaire dans la mesure ou selon lui, il avait épousé l’Allemagne).

· Il est refusé par l’armée, le catégorisant « trop faible »

· En 1919, il rencontre un capitaine, Karl Mayr qui va l’encourager à s’investir dans la propagande, qui lui montre une admiration pour ses dons d’orateur l’incitant ainsi à faire ses premiers pas dans le monde politique.

· En 1923, suite à l’échec d’un putsch, il est fait prisonnier, il se trouve à nouveau mêlé aux classes sociales les plus basses.


Aux vues des événements cités précédemment, il semble qu’Adolf Hitler ait subit une vie fortement et tristement mouvementée, or, aux dires de nombreux auteurs, tel Norman Mailer, celle-ci n’a rien de plus terrible que celle du commun des enfants allemands de cette époque, qu’il qualifie de « terne et sans relief ». Nous serons malgré tout tentés de puiser dans ces événements les causes de certains traits de caractère nés en Adolf et développés en Führer.

II. ETUDE DES ECRITS

1) La personnalité au travers des écrits d’auteurs de psychologues et d’historiens

Il est difficile de classifier les avis des différents auteurs psychologues et historiens. Selon l’opinion de François Delpla, les historiens et chroniqueurs du nazisme peuvent se ranger en cinq catégories principales :
- Ceux qui pensent que Hitler est maître du jeu, et agit sous l’inspiration d’une « mission » rendant compte de la plupart de ses actes, soit directement, soit directement, soit, au cas où les actes paraissent inférieurs ou infidèles à la mission, par une lenteur ou des détours tactiques (Trevor-Roper,Hillgruber,Jackel, Reichel )
- Ceux qui pensent qu’ils pensent que Hitler est maître du jeu, mais n’est qu’un opportuniste sans principes (Heiden, Meinecke, Wheeler-Bennett, Bulock – celui de 1953
- Ceux qui pensent qu’il n’y a pas de maître du jeu, et que Hitler pare au plus pressé pour canaliser des forces qui lui échappent (Neumann, Broszat, Mommsen, Frei, Herbst et dans une mesure décroissante mais encore large, Kershaw ou Burrin)
- Ceux qui pensent avant tout que Hitler n’est pas maître de lui, soit la plupart des psychiatres ou psycho-historiens (Binion, Langer, Waite ou encore le Friedlander d’avant 1982)
- Enfin les adeptes de la « fascination de la destruction » (Rauschning, Bullck et Friedlander dernière manière, Pauwels et les
« ésotéistes », Lukacs, J.P. Stern, Lucy Dawidiwicz, Rosenbaum) qui lui reconnaissent une certaine liberté dans sa manière de s’astreindre à faire le mal.
-
Dans un souci de clarté, nous proposons une classification beaucoup plus large, divisant les opinions en deux grands groupes ; ceux percevant Hitler comme un être banal, et ceux qui le voient plutôt doté de diabolisme.

I. Hitler, être banal

a) banal mais malchanceux

De nombreux auteurs se sont efforcés de prouver que Hitler n’était que le fruit de la détraction d’un simple enfant par les souffrances subies en tant que tel. Ainsi Alice Miller affirme-t-elle dans C’est pour ton bien :
« Les préceptes d’éducation de l’époque étaient construits sur l’idée que l’enfant naît mauvais et que donc, pour les parents, il faut par tous les moyens –punitions physiques et psychiques, pièges, mensonges, ruses et préceptes moraux – dompter la méchanceté de l’enfant (…) Peut être serions nous plus vigilants, si nous arrivions enfin à percevoir le « fil rouge » qui relie étroitement le refoulement des humiliations et des souffrances subies dans la petite enfance, à l’acte sauvage d’un tortionnaire ainsi qu’à la violence subite incontrôlable et « inexplicable » de l’assassin ».

Ce qui l’amène à considérer sa tache comme le devoir :
« De sensibiliser l’opinion publique aux souffrances de la petite enfance, et c’est ce que je tente de faire à deux niveaux différents, m’efforçant à ces deux niveaux d’atteindre, chez le lecteur adulte, l’enfant qu’il a été ».

Quant au sociologue Pierre-Yves Gaudard, dans un essai, diagnostique un lien de causalité certain, entre l’enfance d’Hitler et ses agissements, il se rapproche ainsi de la théorie d’Alice Miller (citée précédemment).
Bien d’autres auteurs psychanalystes se sont orientés vers une explication semblable, retrouvant des rapprochements entre des événements vécus et ses attitudes, liant par exemple, la phobie hitlérienne des handicapés à son enfance aux côtés de sa tante Johanna handicapée, et surnommée « cinglée de bossue » ; ou encore, son antitabagisme aux pipes du père restées bien en vue après son décès, et servant à invoquer le défunt.

D’autres analyses ont été établies, en se basant davantage sur le profil médical d’Adolf Hitler, et qui tentent ainsi d’expliquer ses comportements anormaux, par les résultats de ses dernières.
Ainsi, le professeur Max de Crinis (spécialiste en neurologie), a établi son diagnostique dès 1945 prouvant avec certitude que Hitler était atteint de la maladie de Parkison. Le traitement prescrit n’a jamais pu être pris par le malade :
« Deux traits de caractère différents ont été analysés dans la personnalité d’Hitler. D’une part les disfonctionnements typiques de sa personnalité, tels que sa rigidité mentale, son extrême inflexibilité, ainsi que son insupportable pédanterie, d’autre part, son asociabilité en désaccord avec des valeurs sociales et éthiques, son incontournable tendance à trahir les autres, son insatisfaction constante, et ses réactions émotionnelles incontrôlables (…).
Cette analyse neuropsychiatrique peut nous orienter vers une explication plus fiable des traits de caractère pathologiques du Führer. »

Par la suite, un tableau récapitulatif a été dressé en mettant en relief tous les symptômes de la maladie de Parkinson, retrouvés dans la personnalité d’Hitler :

« - Pédant
- Compulsif / obsédant
- introverti
- Appréhensif
- Indécis, hésitant, lunatique
- Autocritique
- Sceptique
- Tendu, agité
- Totalitaire
- Non-fumeur
- Aucune dépendance
- Bourreau de travail
- Relations difficiles avec les femmes
- Accro des procédures, des rituels lors des rassemblements politiques
- Obsédé par l’idée que son élection est due à sa destinée de sauveur de l’Allemagne et de l’Europe »

Certains rajoutent :

· Comédien et menteur, se faisant souvent passer pour beaucoup plus bête, ou agite, etc. qu’il ne l’était pour endormir les méfiances
· Excellent psychologue des caractères de ses ennemis et de ses collaborateurs et, de la, grand manipulateur des caractères en question

b) banal par refus de lui accorder une supériorité quelconque

Lionel Richard semble s’inscrire, par ses affirmations, dans la catégorie des auteurs voyant en Hitler un être banal qui n’a pu monter au pouvoir que par concours de circonstances, et non par une capacité quelconque. Ainsi, il déclare :
« L’enfance d’Hitler ne se distingue pas de celle de la plupart des enfants d’Autriche-Hongrie à la même époque.
Son expérience de la vie familiale est banale, même dans ces côtés difficiles : un père autoritaire, une mère effacée, les bagarres à l’école…(…) La plupart des témoignages montre qu’il n’avait pas d’opinion politique, au moins jusqu’à son séjour à Vienne.

Et encore :
« A Vienne, il y a parmi ses camarades un Juif.(…) Expliquer par la psychologie n’est pas suffisant, car elle change en fonction des évolutions du milieu social. Si Hitler n’avait pas fait la guerre, si il ne s’était pas trouvé mêlé au milieu de l’armée et de la propagande anti-républicaine, il est douteux qu’il soit devenu ce qu’il est devenu. A l’inverse si il avait été d’emblée un génie du mal, il se serait manifesté plus tôt, comme chef de clan nationaliste. Il ne s’agit pas de nier chez lui certaines capacités, mais il est d’abord un catalyseur de sentiments diffus ».

Dans son journal publié en annexe de son livre La part de l’autre., Eric-Emmanuel Schmitt, quant à lui, pousse cette théorie encore plus loin, en affirmant :
« L’erreur que l’on commet avec Hitler, vient de ce qu’on le prend pour un individu exceptionnel, un monstre hors normes, un barbare sans équivalent. Or, c’est un être banal. Banal comme le mal. Banal comme toi et moi ? Ce pourrait être toi, ce pourrait être moi ? Qui sait d’ailleurs si, demain ce ne sera pas toi ou moi ? A l’abri d’un raisonnement faux, du simplisme, de l’entêtement ou du mal infligé au nom de ce qu’on croit le bien ?
Aujourd’hui, les hommes caricaturent Hitler pour se disculper eux-mêmes. La charge est inversement proportionnelle à la décharge.
Tous leurs discours reviennent à crier « ce n’est pas moi, il est fou, il a le génie du mal, il est pervers, bref il n’a aucun
rapport avec moi ». Dangereuse naïveté. Angélisme suspect. Tel est le piège définitif des bonnes intentions. Bien sûr, Hitler s’est conduit comme un salaud et a autorisé des millions de gens à se comporter en salauds, bien sûr il demeure un criminel impardonnable, bien sûr je le hais, je le vomis, je l’exècre, mais je ne peux pas l’expulser de l’humanité.
Si c’est un homme, c’est mon prochain, pas mon lointain ».

A ceux-ci, nous pouvons ajouter les dires de professionnels tel que son médecin personnel Theodor Morell, qui dans son compte rendu sur le parcours d’Adolf Hitler, va jusqu’à dire :

« Hitler qui doit rester la personnification du mal dans l'histoire, était un homme remarquablement creux. Obsédé par les théories raciales, qu'il a justifiées avec un darwinisme brut, car Hitler était un individu extrêmement peu profond, opaque et en grande partie insondable. Ses rapports sociaux ont été décrits comme mornes. Il n'a eu aucun ami, maintenant les rapports superficiels avec son chauffeur, le photographe et les secrétaires. Sans surprise, l'homme décrit tel un monstre a eu des rapports pathologiques avec des femmes. Des quelques femmes qu'il a connues, trois ont tenté de se suicider, deux avec succès. Une des études d’Hitler a servie à montrer son affection envers Geli Raubal, sa nièce, et blondi, son chien. En tant que chef, Hitler a maintenu ses habitudes de bohème, se levant tard, négligeant ses taches administratives, et restant éveillé jusqu’aux heures tardives de la nuit. Il ne faisait pas de sport, hormis la promenade quotidienne avec Blondi. Pour des questions de santé, il a refusé de laisser fumer en sa présence et a rarement bu d'alcool. Constamment en conférence avec ses acolytes sur l'iniquité du massacre des animaux (une ironie sinistre, venant du plus grand meurtrier de masse du siècle). Hitler, était atteint d’une maladie phobique, il était extrêmement préoccupé, convaincu qu’il mourrait avant l’heure ».

II. Hitler, sur / sous homme ?

a) Etre à fort potentiel

Selon le portrait dressé et publié par Albert Zoller (cité dans Hitler de François Delpla édité en 1999 chez Grasset), résistant français et officier des forces qui envahissent le Reich en 1945, Hitler apparaît comme un être doté de grandes capacités, qui l’ont aidées à devenir ce qu’il est devenu :
« Que fut donc Hitler ?
Il fut avant tout un monstre de volonté (…)
Mais, pour conquérir un pays, la volonté seule ne suffit pas. (…)
Ce fils de petit fonctionnaire était un prodige de mémoire. Il avait un pouvoir extraordinaire de s’assimiler les connaissances les plus diverses et les plus étendues à la condition que le sujet l’intéressât. (…) Hitler, aussi paradoxal que cela paraisse, était aussi un comédien de génie. Roublardise et opportunisme sont peut être les qualificatifs qui expliquent le mieux le secret de la réussite. Cet homme qu’aucun obstacle n’effrayait savait très bien la contourner pour éviter un échec. Hitler s’adaptait aux circonstances avec un art consommé. Il usait de tous les registres du mensonge, du bluff, de l’hypocrisie pour arriver à son but. Il jouait ses rôles devant son peuple, ses conseillers, les hommes d’Etat étrangers, sur la scène mondiale, avec une facilité et un bonheur qui trompaient les plus avertis. Longtemps, il fut le « tireur de ficelles » exclusif de toute ce qui se passait dans le Reich. En lui, tout n’était que calcul et ruse. Jusque dans sa mort, il a tenu compte de la mise en scène.
Hitler, enfin était doté d’un rayonnement magnétique étrange, d’un sixième sens de primitif, d’une intuition de devin qui furent souvent déterminants. (…) ».

Quant aux « méthodes » utilisées par Hitler, certains affirment qu’il possédait incontestablement des dons de manipulateur, ainsi Ian Kershaw(Hitler de Ian Kershaw édité en 1999 chez Flammarion), dans son livre intitulé Hitler, écrit :
« Hitler avait toujours eu un talent particulier, proche du génie de la démagogie, pour faire appel aux émotions, espérances et blessures nationales et populistes d'un nombre croissant d'allemands ordinaires, notamment en exploitant la profonde rancoeur qu'éveillait chez eux le seul nom de « Versailles » ».

Puis, l’auteur ajoute en citant Eva Braun (Eva Braun, épouse d’Hitler, citée dans l’émission « Hitler, la folie d’un homme »), son épouse :
« Hitler fut non seulement un orateur extrêmement brillant, mais surtout un génie de la propagande. Affirmer une chose tout en faisant systématiquement son contraire était chez lui une habitude, voire une manière de vivre.
Sa compagne Eva Braun relève dans son journal ce trait de psychologie caractéristique de Hitler (citée dans l’émission
« Hitler, la folie d’un homme ») : « Quand il dit qu’il m’aime, cela signifie seulement qu'il m’aime au moment où il le dit. C’est comme toutes ces promesses qu’il ne tient jamais. » Cette psychologie le rendait complètement imprévisible - sauf bien sûr pour ceux qui comme Trotsky et quelques autres avaient compris qu'il était fou, et que le délire invraisemblable de Mein Kampf était en fait la seule chose à prendre au pied de la lettre ».

D’autres auteurs voient en Hitler un double personnage ayant forces et faiblesses expliquant son triomphe temporaire voué à l’échec. Ainsi, François Delpla, après une étude des écrits de Haffner (François Delpla cite Haffner dans son livre Hitler - voir références plus haut) tente de cerner son opinion en affirmant :
« Haffner s’étend à peu près autant sur les côtés positifs et négatifs du personnage, tout en concluant à la domination et triomphe des seconds. Son Hitler est un génie politique et militaire, qui a de ses mains gâché son œuvre. Mais si sa vie est divisée en quatre parties fondamentalement distinctes – trente ans d’obscure médiocrité, dix de ratages, dix de réussites éclatantes, cinq de gâchis et de Destruction - , l’unité du personnage est aussi nettement affirmé que sa dualité. Le fin mot de l’aventure est la médiocrité de son héros. Ses succès ne sont obtenus que sur des moribonds – Weimar, la SDN, la France. C’est donc un charognard : si ses victoires s’expliquent par un sûr instinct politique, c’est celui « non de l’aigle, mais du vautour ».

S’ajoute à ces derniers l’œuvre du psychanalyste Walter Langer (François Delpla cite Walter Langer dans son livre Hitler), qui se veut être chronologiquement pionnière (puisqu’elle date de 1943 sous les ordres de l’Etat major américain), et qui abonde dans le même sens, mettant en relief les différentes facettes du personnage. Ainsi François Delpla résume sa pensée :
Il (Langer) rend largement justice à son intelligence manœuvrière – sans pourtant nommer aucun de ses lieutenants…
la diabolisation
Selon ces dernières phrases, Langer pourrait aussi bien être « classé » parmi les auteurs qui tentent de définir Hitler comme un être diabolique.

b) Diabolique

Norman Mailer (Un château en Foret de Norman Mailer, édité chez Plon et publié en 2007.
Citation de Jetzinger dans le livre Hitler de François Delpla) auteur de « Un château en forêt », dans lequel il retrace très négativement l’enfance d’Hitler déclare :
« Je voulais dire qu'Hitler n'était pas un être humain ordinaire, qu'il était habité par le diable. Joseph Staline était un homme horrible, cruel, dangereux, mais tout ce qu'il a fait reste néanmoins dans les
limites de l'entendement humain. Le massacre ne le faisait pas ciller. Mais on peut concevoir comment un homme tel que lui a pu être enfanté par son époque, par certaines circonstances historiques intenses et exigeantes. On est dans le pire, mais on reste dans la sphère de la nature humaine. Par contre, on ne peut pas comprendre Hitler. Hitler est une métaphore. Il tuait comme un poète, au travers de métaphores. Il a décidé que les Juifs étaient un virus, et qu'il fallait les éliminer pour sauver la civilisation. Staline, lui, tuait avec ses tripes : ce type est mon ennemi, il faut l'éliminer. Hitler, lui, croyait jusqu'au bout à ses métaphores. Il a utilisé les trains dont il avait besoin pour le front pour acheminer les Juifs jusqu'aux camps de concentration. Pour lui, tuer les Juifs était plus important que de gagner la guerre. Il était habité par le Démon, et on ne peut pas expliquer ça autrement. »

Avec autant de virulence que ce dernier, Jetzinger s’attelera à et à démonter les propos de Kubizek et à démontrer leurs faussetés, parce qu’ils poussent à la réhabilitation et à la réhumanisation du « monstre », ainsi François Delpla explique :
« Cet adepte de l’hyper-criticisme ne cache pas ses motivations : puisque Hitler était un monstre, tout ce qui tend à l’humaniser doit être combattu avec la dernière énergie ».
Stern, quant à lui, en tant que professeur de littérature va s’attacher avant tout aux effets du verbe hitlérien.
Ainsi, il découvre les structures de manipulation utilisées et perçoit donc Hitler comme un être animé d’une pure
« passion destructrice », il s’en serait donné à cœur joie lorsqu’il serait au fait de sa puissance militaire, et se flattait au récit de l’extermination des juifs.

Cependant, peu à peu, la théorie du diabolicisme hitlérien, va être délaissée, poussant ainsi des auteurs tels que Saul Friedlander (Saul Friedlander, essai publié en 1982 intitulé « reflet du nazisme », éditions du Seuil) a constaté après s’être attaché aux œuvres littéraires et cinématographiques :
« Hitler n’est plus le mal absolu dont on ne parle que pour le dénoncer, et le nazisme devient un sujet de fiction très
à la mode
»
Ceci l’inquiète sans l’indigner, voyant là une pente fatale sur laquelle, il entend poser des gardes fous.

Cette même constatation va amener des anciens déportés, tels que Jean Améry (Lettre ouverte de l’ancien déporté parue en 1978 dans Merkur) à déclarer sans ambages :
« Je pense que votre objectivité vient trop tôt. (…), aussi longtemps que le temps n’a pas mené à bien son travail niveleur d’entropie historique, Hitler doit demeurer l’incarnation mythique du mal ».

2) SA PERSONNALITE AU TRAVERS DE SES DISCOURS

Discours numéro 1 :

En ce qui concerne la question juive, je dois dire la chose suivante: c'est un spectacle honteux que de voir la façon dont le monde démocratique dans son ensemble suinte de sympathie pour le pauvre peuple juif souffrant, mais demeure sans cœur et inflexible lorsqu'il s'agit de les aider - ce qui est certainement, d'après son point de vue un devoir patent. Les prétextes avancés pour ne pas les aider parlent en fait en notre faveur à nous Allemands et Italiens, car voici ce qu’ils disent :

1. « Nous », les démocraties, "ne sommes pas en situation d'accueillir les Juifs". Pourtant, dans ces empires, il n'y a même pas 10 habitants au kilomètre carré. Alors que l'Allemagne, avec ses 135 habitants par kilomètre carrée, est censée avoir de la place pour eux !
2. Ils nous affirment : Nous ne pouvons les prendre à moins que l’Allemagne soit prête à autoriser les immigrants à emporter un certain capital.

Depuis des centaines d'années, l'Allemagne a été assez bonne pour recevoir ces éléments, bien qu'ils ne possèdent rien d'autre que des maladies infectieuses politiques et physiques. Ce qu'ils possèdent aujourd'hui, ils l'ont dans une très large mesure, gagné aux dépens de la nation allemande moins rusée et par les nombreuses manœuvres le plus condamnables.
Aujourd'hui nous payons tout simplement ce peuple comme il le mérite. Lorsque la nation allemande fut, grâce à l'inflation, provoquée et menée par les Juifs, dépouillée de toutes les économies qu'elle avait amassées pendant des années de travail honnête, lorsque le reste du monde retirait de la nation allemande les investissements étrangers, lorsque nous avons été dépouillés de l'ensemble de nos possessions coloniales, ces considérations philanthropiques pesaient évidemment bien peu pour les hommes d'Etat des démocraties.

Aujourd'hui, je peux seulement assurer ces Messieurs que, grâce à l'éducation brutale que les démocraties nous ont prodiguée pendant quinze ans, nous sommes totalement à l'abri de toute agression de sensiblerie. Après que plus de huit cent mille enfants de la nation soient morts de faim et de sous-alimentation à la fin de la guerre, nous avons été témoins du fait que près d'un million de têtes de vaches laitières nous ont été enlevées en vertu des cruels paragraphes d'un diktat que les apôtres de l'humanité et de la démocratie dans le monde nous ont imposé en guise de traité de paix. Nous avons vu comme plus d'un million de prisonniers de guerre allemands ont été détenus en prison sans aucune raison, une année entière après la fin de la guerre. Nous avons vu comment plus d'un million et demi d'Allemands ont été dépouillés de ce qu'ils possédaient dans les territoires s'étendant à nos frontières, et comment ils ont été jetés dehors avec seulement ce qu'ils portaient sur le dos. Nous avons dû supporter que des millions de nos compatriotes nous soient arrachés contre leur gré, et sans qu'on leur offre la moindre possibilité d'existence.
Je pourrai ajouter à ces exemples des douzaines d'autres encore plus cruels. Pour cette raison, nous demandons qu'on nous épargne toute discussion sentimentale. La nation allemande ne souhaite pas que ses intérêts soient déterminés et contrôlés par une quelconque puissance étrangère. La France aux Français, l'Angleterre aux Anglais, l'Amérique aux Américains, et l'Allemagne aux Allemands. Nous sommes résolus à empêcher l'installation dans notre pays d'un peuple étranger qui a été capable de s'emparer pour lui-même de toutes les positions dominantes du pays et de le déposséder. Car c'est notre volonté d'éduquer notre nation pour ces positions dominantes

Nous avons des centaines de milliers d'enfants de paysans et des classes laborieuses très intelligents. Nous devons les éduquer - en fait nous avons déjà commencé - et nous souhaitons qu'un jour, eux et non les représentants d'une race étrangère, puisse occuper les positions dominantes de l'Etat en même temps que nos classes éduquées.
Et surtout, la culture allemande, comme en témoigne son nom seul, est allemande et non juive, et c'est pourquoi sa direction et sa gestion seront confiées à des membres de notre nation. Si le reste du monde crie d'un air hypocrite contre cette expulsion barbare d'Allemagne d'un élément irremplaçable et de haute valeur culturelle, nous pouvons seulement nous étonner des conclusions qu'ils ont tirées de cette situation. Car ils devraient être ô combien reconnaissants que nous ayons libéré ces précieux apôtres de la culture, et les ayons mis à la disposition du reste du monde. Selon leurs propres déclarations, ils ne pourraient trouver la moindre raison, la moindre excuse pour refuser d'accueillir dans leur pays cette race de haute valeur. Je ne vois pas non plus de raison pour que les membres de cette race soient imposés à la nation allemande, alors qu'aux Etats-Unis, qui sont si enthousiasmés par ces " gens merveilleux ", on leur refuserait soudain de s'installer sous quelqu'excuse imaginable. Je pense que, plus tôt ce problème sera résolu et mieux cela vaudra: car l'Europe ne peut se stabiliser tant que la question juive n'est pas résolue. Il est tout à fait possible que à plus ou moins longue échéance, on arrive à un accord sur le problème en Europe, même entre ces nations - qui autrement, ne se seraient pas entendues si facilement.

Le monde a suffisamment d'espace pour des implantations, mais nous devons nous débarrasser une fois pour toutes de l'opinion que la race juive n'a été créée par Dieu que pour qu'un certain pourcentage vive en parasite sur le corps et sur le travail productif d'autres nations. La race juive devra s'adapter pour fonder une activité constructive comme les autres nations ou tôt ou tard, elle succombera à une crise d'une ampleur inimaginable.

Il y a encore une chose que j'aimerais dire en ce jour, qui peut-être sera un jour mémorable pour tous et pas seulement pour nous Allemands: dans ma vie, j'ai souvent été prophète et on s'est moqué de moi pour cela.
A l'époque de ma lutte pour le pouvoir , c'était d'abord la race juive qui accueillait mes prophéties par des rires, quand je disais qu'un jour je prendrai la direction de l'Etat et celle de toute la nation, et qu'entre autres, je réglerai le problème juif. Leur rire était tonitruant, mais je pense que depuis quelque temps, leur rire s'étrangle dans leur gorge. Aujourd'hui, je serai encore une fois prophète: si les financiers juifs internationaux en Europe et au dehors réussissent une fois de plus à plonger les nations dans une guerre mondiale, alors, il en résultera, non pas une bolchevisation du globe, et donc la victoire de la Juiverie, mais l'annihilation de la race juive en Europe !

…Les nations ne veulent plus mourir sur le champ de bataille pour que cette race internationale instable profite d'une guerre ou accomplisse la vengeance de son Ancien Testament. Le mot d'ordre juif " Prolétaires de tous les pays, unissez vous » sera vaincu par une réalisation plus haute, c'est-à-dire « Travailleurs de toutes les classes et de toutes les nations, reconnaissez votre ennemi commun ! ».

Discours numéro 2 :

Discours prononcé par Adolf Hitler pour l'ouverture du Secours d'hiver de guerre Berlin, 3 octobre 1941 à l'occasion de l'ouverture du secours d'hiver de guerre, le Führer a prononcé le discours suivant :
Les remerciements du Führer au front et au pays :

« Allemands et Allemandes, mes compatriotes !

Si je m'adresse à vous de nouveau aujourd'hui, après de longs mois de silence, ce n'est pas afin de répondre à l'un de ces hommes d'Etat qui se demandaient
récemment avec surprise pourquoi je me taisais depuis si longtemps. Un jour la postérité pourra juger en toute connaissance de cause et décider ce qui a eu le
plus de poids durant ces trois mois et demi: les discours tenus par Churchill ou mes actes.
Je suis venu ici aujourd'hui pour prononcer comme de coutume quelques mots d'introduction à la campagne du Secours d'hiver. Il m'a, du reste, été très difficile de venir, cette fois, parce qu'à l'heure où je vous parle s'achève une nouvelle opération entamée sur notre front de l'Est et qui doit constituer un événement formidable.

Depuis 48 heures cette action a pris des proportions gigantesques. Elle contribuera à écraser l'adversaire à l'Est.
Je vous parle maintenant au nom de ces millions d'hommes qui combattent en ce moment, afin de vous demander à vous, au pays allemand, de consentir cette année encore, en plus de tous les autres sacrifices, à ceux qu'impose l’œuvre du secours d'hiver.
Depuis le 22 juin une lutte est déchaînée, qui est vraiment d'une importance décisive pour le monde entier. Seule la postérité pourra discerner nettement quels furent l'ampleur et les effets de cet événement. Elle constatera aussi qu'il est la base d'une ère nouvelle.
Mais cette lutte non plus, je ne l'ai pas voulue.

Depuis janvier 1933, date où la Providence m'a confié la conduite et la direction du Reich, j'envisageais un but défini dans ses grandes lignes par le programme du Parti national-socialiste. Je n'ai jamais été infidèle à ce but, jamais je n'ai abandonné mon programme. Je me suis alors efforcé d'opérer le dressement intérieur d'un peuple qui, après une guerre perdue par sa propre faute, avait subi la chute la plus profonde de toute son histoire. C'était déjà, en soi, une tâche gigantesque. J'ai commencé à réaliser cette, tâche à un moment où les autres y avaient échoué ou ne croyaient plus à la possibilité de réaliser
un tel programme. Ce que nous avons accompli pendant ces années de pacifique redressement, reste unique dans les annales de l'histoire. Aussi est-il vraiment offensant, souvent, pour mes collaborateurs et pour moi de devoir nous occuper de ces nullités démocratiques qui ne sauraient se référer dans tout leur passé à une seule oeuvre vraiment grande et qui fasse date dans leur vie. Mes collaborateurs et moi nous n'aurions pas eu besoin de cette guerre pour immortaliser notre nom. Les œuvres accomplies en temps de paix y auraient suffi - et même amplement. Du reste nous n'avions pas encore achevé notre œuvre créatrice dans maint domaine nous ne faisions mime que commencer.

Ainsi l'assainissement intérieur du Reich avait donc dans les conditions les plus difficiles. En effet, il faut en Allemagne nourrir 140 personnes par kilomètre' carré. La tâche est plus facile pour le reste du monde. Et cependant nous avons pu résoudre nos problèmes, alors qu'en grande partie le monde démocratique n'a réussi à le faire.

Les buts que nous poursuivions étaient les suivants : premièrement, consolider intérieurement la nation allemande; deuxièmement, obtenir à l'extérieur l'égalité des droits; troisièmement, unir le peuple allemand et rétablir ainsi une situation naturelle, artificiellement interrompue pendant des siècles.

Ainsi, mes compatriotes, notre programme extérieur lui-même se trouvait donc fixé dès le principe, les mesures nécessaires pour sa réalisation étaient préalablement définies. Cela n'impliquait nullement que nous eussions jamais l'idée de faire la guerre. Mais une chose était certaine, c'est que nous ne renoncions en aucun cas ni au rétablissement de la liberté allemande, ni, par
suite, aux conditions d'où sortirait le nouvel essor du pays. En poursuivant la réalisation de ces idées J'ai soumis au monde un très grand nombre de suggestions. Inutile de les répéter ici, mes collaborateurs les mentionnent chaque jour dans leur activité de publicistes. Si nombreuses qu'aient été ces offres de paix, propositions de désarmement, propositions en vue d'amener par une vole pacifique un nouvel ordre économique national etc., toutes ces propositions ont été rejetées par ceux auxquels je les avais faites et notamment par ceux qui, manifestement, ne croyaient pas pouvoir accomplir leurs propres tâches en poursuivant une œuvre pacifique - ou, plus exactement, qui ne croyaient pouvoir ainsi maintenir leur régime au pouvoir.
Néanmoins nous avons réussi peu à peu, au cours de longues années de travail pacifique, non seulement à réaliser la grande œuvre de réforme intérieure, mais encore à organiser l'union de la nation allemande, à. créer le Reich grand allemand, à ramener des millions de concitoyens allemands au sein de leur vraie patrie et, par suite, à offrir au peuple allemand le poids de leur nombre comme facteur de puissance politique.

Durant ce temps j'ai réussi à acquérir un certain nombre d'alliés, en première ligne l'Italie ; une étroite et profonde amitié m'unit personnellement à l'homme d’état qui la dirige.

Avec le japon également nos relations n'ont cessé de s'améliorer. En outre, nous avions en Europe une série de peuples et d'Etats qui nous avaient toujours conservé une inaltérable et bienveillante sympathie, notamment la Hongrie et quelques Etats nordiques. A ces peuples d'autres se sont joints, mais malheureusement, point ce peuple que j'ai le plus sollicité durant ma vie: le peuple anglais. Non que ce soit le peuple anglais lui-même dans son ensemble qui porte à lui seul la responsabilité de cette situation. Non, ce ne sont que quelques personnes qui, dans leur haine aveugle, dans leur folie obstinée, ont saboté toute tentative d'entente, secondées en cela par cet ennemi international du monde entier, que nous connaissons tous, la juiverie internationale.

Nous n'avions donc malheureusement pas réussi à amener la Grande-Bretagne, et surtout le peuple anglais, à ces relations avec l'Allemagne que j'avais toujours espérées. C'est pourquoi, exactement comme cela s'est passé en 1914, le jour arriva où il fallut prendre une dure décision. Je n'ai certes pas hésité à la prendre, car je voyais clairement que si je ne pouvais réussir à obtenir l'amitié, anglaise, il valait mieux que l'hostilité de l'Angleterre atteignît l'Allemagne à un moment où je me trouvais encore à la tête du Reich. En effet, si cette amitié n'avait pu être obtenue par mes mesures, par mes avances, c'était donc qu'elle était à jamais perdue ; il ne restait donc plus qu'à combattre, et suis reconnaissant au Destin du fait que cette lutte ait pu être dirigée par moi. Je suis donc également convaincu qu'il n'y a réellement aucune entente à espérer avec ces gens-là. Ce sont des fous délirants, des gens qui depuis dix ans déjà n'ont qu'un seul mot à la bouche : Nous voulons de nouveau une guerre contre l’Allemagne ! »

ETUDE :

L’une des possibilités de mettre en relief les différentes facettes de la personnalité d’un homme est l’étude de ses propos. C’est pourquoi nous nous proposons d’analyser deux des discours d’Hitler.
Avant cela, il nous semble juste de rappeler que l’art de la manipulation est composé de divers éléments s’associant pour assurer une plus grande efficacité. Parmi eux, nous retrouvons tout d’abord la mise en scène, les mimiques et la gestuelle, qui sont tous trois présents dans le savoir faire théâtral.
Puis, s’ajoute à ceux-ci, pour maintenir le public en haleine, l’art de la parole, les jeux de tons et de mots, et enfin la connaissance de l’état psychologique de ses proies complète ces atouts, permettant de servir le dessein de l’orateur.
Hitler quant à lui, avait toutes ces cordes à son arc. En effet, l’art du théâtre, duquel il était grand amateur pendant sa jeunesse, n’avait pas de secret pour lui puisque la fréquentation des théâtre était l’essentiel de son occupation plusieurs années durant. Palallèlement à cela, grand lecteur qu’il était, nous le savons passioné par Nietsche, en particulier par son ouvrage traitant de l’art de la manipulation.
Faisant abstraction de l’impact qu’avait son charisme sur scène, nous tenterons de retrouver au travers ses discours, la façon dont il parvenait à créer chez son auditorat l’impression que la raison était avec lui.

I. MISE EN RELIEF DU « MOI »

Un des points importants qui apparaît de nombreuses fois dans ses discours, est la volonté de légitimiser sa position de meneur, en faisant la démonstration de sa supériorité absolue. Ceci en se placant tantôt comme le sauveur ou le héros de la nation, tantôt comme un homme de paix bienfaiteur, et parfois même comme un prophète, ou encore l’élu de D.

1) Le héros, le sauveur

· Disours numéro 2 : lignes 12 – 14 « Je suis venu ici aujourd’hui pour prononcer comme de coutume…Il m’a du reste été très difficile de venir cette fois… ».
Il prouve remplir ses devoirs envers le peuple fidèlement, tout en montrant le peu de temps dont il dispose, vu ses
« nombreuses » responsabilités.

· Discours numéro 2 : lignes 8 – 10 « Qui a eu le plus de poids…les discours tenus par Churchill ou mes actes », et ligne 44 « Mes collaborateurs et moi n’aurions pas eu besoin de cette guerre pour immortaliser notre nom », ou encore ligne 74 – 79 « Néanmoins nous avons réussi…non seulement à réaliser la grande œuvre de réforme intrérieure, mais encore à organiser l’union de la nation alllemande, à créer le Reich grand allemand…à offrir au peuple allemand le poids de leur nombre comme facteur de puissance politique ». Il se présente alors comme un héros aux grands œuvres, et soutient ceci par l’usage d’adjectifs créant une impression de dimensions « événement formidable, l’œuvre du secours d’hiver, tâche gigantesque, l’ampleur et les faits de ces événements, œuvre vraiment grande, œuvre créatrice ».

· Discours numéro 2 : ligne 32 – 40 « Je me suis alors efforcé d’opérer le redressement intérieur… tache gigantesque…J’ai commencé à réaliser cette tâche à un moment ou les autres y avaient échoué ou ne croyaient plus à la possibilité de réaliser un tel programme… ce que nous avons accompli…reste unique dans les annales de l’histoire ». Ici encore, le grand héros agit et se met en relief par un « Je » répétitif que l’on retrouve souvent (ex : lignes 96 – 100)

2) Bienfaiteur et homme de paix

· Discours numéro 2 : ligne 65 – 70 « J’ai soumis au monde un très grand nombre de suggestions…si nombreuses qu’aient été ces offres de paix, propositions de désarmement…en vu d’amener par une voie pacifique…toutes ces propositions ont été rejetées ». Puis ligne 83 « Nos relations n’ont cessé de s’améliorer…malheureusement pas réussi à amener la grande bretagne à ses relations avec l’Allemagne que j’avais toujours espérées ».

· Discours numéro 2 : lignes 12 – 13 « Je suis venu ici…introduction à la campagne d’hiver », « Je vous parle maintenant au nom de ces milliers d’hommes qui combattent en ce moment ».

· Discours numéro 2 : ligne 28 « Je me suis alors efforcé d’opérer le redressement interieur d’un peuple…qui avait subi la chute la plus profonde de son histoire ».

3) Le prophète, l’élu de D.

· Discours numéro 2 : ligne 8 « La postérité pourra juger en toute connaissance, et décider qui a eu le plus de poids pendant ces trois mois et demi… ».

· Discours numéro 2 : ligne 25 « Seule la postérité pourra discerner nettement quels furent l’ampleur et l’effet de cet événement…elle constatera aussi qu’il est la base d’une ère nouvelle ».

· Discours numéro 1 : ligne 57 – 64 « J’ai souvent été prophète et on s’est moqué de moi…qui accueillait mes prophéties par des rires…leur rire s’étrangle dans leur gorge…je serai encore une fois prophète… ».

· Discours numéro 2 : ligne 28 « Depuis janvier 1933, date ou la Providence m’a confié la conduite et la direction du Reich », ou encore ligne 104 « Je suis reconnaissant au Destin du fait que cette lutte ait pu être dirigée par moi ».
Il fait ainsi appel et se joue au sentiment religieux du peuple.

II. PLACE l’ARYEN SUR UN PIED D’ESTALE

Hilter exploite parfaitement son don incontestable de démagogue, entre autres afin de placer le peuple allemand - la race ayenne - au dessus de tout autre.
Ainsi, ayant détecté très judicieusement les attentes du peuple, il y répond. Il se montre valoriser, compatir, comprendre, s’identifier au peuple allemand, ayant ainsi un impact fort sur le peuple, puisque celui-ci se sent important.

· Discours numéro 2 : ligne 5 « Allemands, Allemandes, mes compatriotes ». Il s’unit au peuple par ces termes.

· Discours numéro 2 : ligne 19 « Je vous parle maintenant au nom de ces millions d’hommes qui combattent en ce moment afin de vous demander à vous, au pays Allemand de consentir cette année encore, en plus de tous les autres sacrifices… ». Ici, il identifie son auditoire au peuple allemand, et leur prouve leur droit de décision en attendant leur consentement, montre reconnaître que ce peuple a été capable de faire des sacrifices pour ses frères et sont donc humains.

· Discours numéro 2 : ligne 54 « Les buts que nous poursuivons…consolider la nation allemande…obtenir à l’extérieur l’égalité des droits…unir le peuple allemand ». Une fois avoir exposé clairement ses buts montrant que son seul intérêt est le peuple allemand, Hitler élève alors ce peuple au dessus de tout, en affirmant « rétablir ainsi une situation naturelle, artificiellement interrompue ».

· Discours numéro 1 : ligne 15 « Lorsque la nation Allemande fut…dépouillée de toutes les économies…le reste du monde retiré de la nation Allemande et des investissements étrangers…nous avons été dépouillés de nos possessions coloniales, ces considérations philanthropiques pesaient évidemment bien peu pour les hommes d’Etat des démocraties ». L’agression mondiale démontre le peu de considération à l’égard de l’Allemagne, c’est pourquoi Hitler se fait un devoir de la replacer à sa position de « dominante ». « La nation Allemande ne souhaite pas que ses intérêts soient déterminés et contrôlés par une quelconque puissance étrangère... car c’est notre volonté d’éduquer notre nation pour ces positions dominantes ». « Nous avons des centaines de milliers d’enfants…très intelligents ». L’Allemagne n’a donc besoin de personne, elle peut s’autogérer puisqu’elle est constituée de personnes dotées de grande sagesse.

· Discours numéro 2 : ligne 81 « J’ai réussi à acquérir un certain nombre d’alliés, en première ligne l’Allemagne…avec le Japon également, nos relations n’ont cessés de s’améliorer. En outre, nous avions en Europe une série de peuples et d’Etats qui nous avaient toujours réservés une inaltérable et bienveillante sympathie… ». Le monde environnant reconnaît aux Allemands ce droit de dominer excepté ceux qui sont animés d’une « haine aveugle » et d’une « folie obstinée ».

III. L’ ACREDITEMENT PAR DISCREDITEMENT

C’est autour du politique de monter sur scène, lorsqu’il s’agit de justifier ses actes et décisions. Pour cela, Hitler n’hésite pas un seul instant à jeter la disgrâce sur l’Autre qui est toujours le coupable, et celui qui est à l’origine des conflits, voire des guerres. Il met en œuvre le diction bien connu : « La meilleure défense, c’est l’attaque ».

· Discours numéro 2 : ligne 10 « Un jour la postérité pourra juger…qui a eu le plus de poids, les discours tenus par Churchill ou mes actes ». Hitler se rit ainsi de l’Autre, en l’enfermant dans l’esprit du peuple, dans une image de beau parleur, incapable d’agir.

· Discours numéro 2 : ligne 28 « Mais cette lutte non plus je ne l’ai pas voulu ». Après avoir fait mention du conflit avec la Russie, Hitler explique n’avoir pas désiré cette guerre mais y avoir été contraint par l’Autre, lui faisant porter la culpabilité des souffrances du peuple et de l’armée allemande.

· Discours numéro 2 : ligne 40 « Il est vraiment offensant…de devoir nous occuper de ses nullités démocratiques qui ne sauraient se référer dans leur passé à une seule œuvre vraiment grande », ou encore ligne 51 « Nous avons pu résoudre nos problèmes alors qu’en grande partie, le monde démocratique n’a réussi à le faire ». Les régimes démocrates étant nulles et dépourvus de toute capacité, il apparaît évident que le seul régime du Reich est un sens réel.

· Discours numéro 2 : ligne 67 « Si nombreuses qu’aient été ces offres de paix…ont été rejetées, par ceux…qui manifestement ne croyaient pas pouvoir accomplir leur propre tâches, en poursuivant une œuvre pacifique – ou, plus exactement qui ne croyaient pouvoir ainsi maintenir leur régime au pouvoir ». Les puissances manquent de « puissance réelle ».

· Discours numéro 2 : ligne 96 « En effet, si cette amitié n’avait pu être obtenue par mes mesures, par mes avances, c’est donc qu’elle était à jamais perdue ; il ne restait donc plus qu’à combattre », puis « Il n’y a aucune entente à espérer avec ces gens-là…fous délirants…qui n’ont qu’un seul mot à la bouche : « Nous voulons de nouveau une guerre contre l’Allemagne ! ».

· Discours numéro 1 : ligne 1 « En ce qui concerne la question juive…C’est un spectacle honteux que de voir la façon dont le monde démocratique dans son ensemble suinte de sympathie pour le pauvre peuple juif souffrant mais demeure sans cœur et inflexible lorsqu’il s’agit de les aider…les prétextes… ». Voulant expliquer ses agissements inhumains envers le peuple juif, Hitler commence en s’apitoyant ironiquement sur celui-ci, à reporter la critique sur les démocraties.

· Discours numéro 1 : ligne 41 « Si le reste du monde crie d’un air hypocrite contre cette expulsion barbare d’Allemagne…nous pouvons seulement nous étonner des conclusions qu’ils ont tirées, ils devraient être ô combien reconnaissant que nous ayons libérés ces précieux apôtres de la culture…selon leur propre déclaration ils ne pourraient trouver la moindre raison…pour refuser d’accueillir dans leur pays cette race de haute valeur. Je ne vois pas non plus de raison…qu’on leur refuserait soudain de s’installer sous quelque excuse inimaginable ». Les démocraties, une fois de plus, prônent pour des théories de grande valeur, mais se montrent absents lorsqu’il faut les mettre en pratique.

IV. LA RAISON DE TOUS LES MAUX : LES JUIFS

Quant à sa facette d’antisémite patent, Hitler la dévoile délibérément puisqu’il est légitime de désirer soigner tout corps malade. La juiverie est donc l’ennemi à éliminer pour assénir l’humanité. Ainsi, Hitler se présente comme bienfaiteur, se devant, sous des couverts humanitaires d’agir avec cruauté.

· Discours numéro 2 : ligne 90 « Non ce ne sont que quelques personnes qui dans leur haine aveugle…ont saboté toute tentative d’entente…secondée en cela par cet ennemi international du monde entier que nous connaissons tous : la juiverie internationale ». Hitler explique le refus de soutien de l’Angleterre par, comme d’accoutumée, une manipulation malveillante des juifs, « ennemis de la paix ».

· Discours numéro 1 : ligne 11 « Depuis des centaines d’années, l’Allemagne a été assez bonne pour recevoir ces éléments, bien qu’ils ne possèdent rien d’autre que des maladies infectieuses, politiques et physiques. Ce qu’ils possèdent, gagnés au dépend de la nation allemande moins rusée et par les nombreuses manœuvres les plus condamnables ». Il fait usage des stéréotypes habituels véhiculés très largement par la presse « Juifs = malades, Juifs = voleurs ».

· Discours numéro 1 : ligne 15 « Aujourd’hui nous payons simplement ce peuple comme il le mérite. Lorsque la nation allemande fut, grâce à l’inflation provoquée et menée par les Juifs, dépouillée… ». Le Juif est responsable de la crise économique qu’il a fait subir volontairement à l’Allemagne.

· Discours numéro 1 : ligne 53 « Nous devons nous débarrasser…de l’opinion que la race juive n’a été crée que par D. que pour…vivre en parasite sur le corps et sur le travail productif d’autre nations ». Le Juif est un parasite universel, par conséquent « La race juive devra s’adapter…ou elle succomberaà une crise d’une ampleur inimaginable ».
La bienveillance exige qu’on les exclus de la société pour leur propre « survie ».

CONCLUSION :

Il est clair que cette étude se trouve être restreinte puisqu’elle se base uniquement sur deux discours, et sur quelques grandes lignes choisies à l’intérieur de ceux-ci.
Un élément ressort cependant de cette étude, à savoir la redondance voulue des thèmes, et des statuts. Selon ses propres dires, la façon la plus efficace de faire passer un message à une large masse populaire est la répétition incessante des mêmes idées en différents thermes, et de la façon la plus accessible à tous.

III. COMPARAISONS

1) LA DICTATURE

ADOLF HITLER ET JOSEPH STALINE

INTRODUCTION :

Afin de tenter une mise en relief de la relation sous-jacente entre personnalité et agissements, une comparaison avec d’autres dictateurs semble appropriée.
Pour cela, c’est le personnage de Staline que nous avons choisis de mettre en parallèle.
Après une bref définition du qualificatif qui leur est communément associé.

DICTATURE :

La dictature est un régime politique arbitraire et coercitif dans lequel tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d'un seul homme, le dictateur, ou d'un groupe d'hommes (ex : junte militaire). Le pouvoir n'étant ni partagé (pas de séparation des pouvoirs), ni contrôlé (absence d'élections libres, de constitution), les libertés individuelles n'étant pas garanties, la dictature s'oppose à la démocratie. Elle doit donc s'imposer et se maintenir par la force en s'appuyant sur l'armée, sur une milice, sur un parti, sur une caste, sur un groupe religieux ou social.

TOTALITARISME :

Le totalitarisme désigne un mode de gouvernement, un régime politique dans lequel un parti unique détient la totalité des pouvoirs et ne tolère aucune opposition (monopartisme), exigeant le rassemblement de tous les citoyens en un bloc unique derrière l'Etat.
Le totalitarisme est un mode de fonctionnement de l'Etat dans lequel celui-ci prétend gérer, outre la vie publique, la vie privée des individus (régime policier, encadrement de la jeunesse et des relations professionnelles...).
Le totalitarisme est une des formes de despotisme, apparue au XXe siècle. Dans "l'Etat total", l'individu n'existe que par rapport au collectif, peuple ou nation. L'Etat devient un absolu, objet d'un véritable culte. Il est militarisé pour assurer la terreur et asseoir sa domination sur les individus.

I. LES POINTS COMMUNS

Outre l’adéquation totale entre ces deux personnages et les définitions citées précédemment, à la lecture de la biographie de Staline , certains autres points communs avec Hitler nous paraissent évidents.
Tout d’abord, Staline est lui aussi issu d’un milieu social qu’il considère trop bas (son père était cordonnier) et qui lui garantit un avenir qu’il ne veut pas.
Plus tard, il sera exclu du séminaire dans lequel sa mère l’avait inscrit. Ses activités d’agitateurs commencent pour lui, dès lors.
Il est également arrêté et emprisonné. Purgeant sa peine, il publie un article sur la question nationale.
Joseph Staline s’est mariée deux fois ; sa première épouse est morte, et la seconde s’est suicidée.
Il aime les protocoles lui donnant des honneurs comme ses dires le prouvent : « Un grand homme est supposé arriver en retard à la réunion de façon que le public impatient fasse silence au milieu des chuchotements : attention taisez-vous il arrive »
Pour s’imposer , il ne peut compter ni sur ses exploits, ni sur ses relations, il ne lui reste pour ça qu’une volonté concentrée, le calcul, la patience et la ruse.
La montée au pouvoir, pour lui aussi, passe par des postes intermédiaires de dirigeant de mouvements politiques, cependant, relativement à Hitler, ses postes sont plus officiels.
C’est après la mort de Lénine qu’il commence sa marche au pouvoir, comme Hitler après celle d’Hindenburg. Ses traits de caractère sont aussi volonté, défiance, rudesse, misanthropie, cruauté, mais ils ne sont pas toujours visibles.
Il est implacable avec ceux qu’il dirige, et est connu pour mêler aisément le faux et le vrai. Il distingue l’algèbre (le langage) de l’arithmétique (la réalité) dissimulant l’une derrière l’autre et se dérobant ainsi à toute prise.
Il n’était obnubilé que par le succès, cela signifiait ne lésiner ni sur la violence, ni sur les décrets d’extermination morales et physiques.

II. LES DIFFERENCES

Staline a donné naissance à une progéniture : une fille Svetlana (nationalisée américaine) et un fils Vassili mort en 1962.
Il est arrêté, mis en prison mais s’évade ; il organise au Caucase en 1907 des « expropriations » (hold up) pour le bénéfice du parti.
Dès 1917, il se range derrière Lénine - le « grand homme » -, qu’il va servir, non sans arrière pensées. Il va ainsi garantir son ascension, en se voyant décerner des postes à responsabilités croissantes. Devenu en 1922 secrétaire général du Comité central, poste considéré alors comme administratif, il est le maitre de la politique des cadres. Il se fait craindre ainsi de ses subordonnés, mais aussi de ses rivaux.
Il pourra alors user de méthodes cruelles, pas toujours appréciées par Lénine, qui déclarera dans la lettre, appelée testament que Staline est trop « grossier » pour être maintenu au secrétariat général du parti.
Staline a écrit, en se basant sur les dires et les écrits politiques de politiciens, tandis que Hitler semble s’inspirer davantage d’écrits d’historiens, de philosophes, et de sociologues.
Certains traits positifs apparaissent chez Staline, tels qu’un certain humour, une dignité paysanne, héritée sans doute de sa mère, la capacité de se taire, le sens du concret.

CONCLUSION :

Au-delà, de toutes les similitudes relevées entre ces deux personnages, il est un élément remarquable commun au deux, à savoir les questions qu’ils suscitent chez tout un chacun : « Qui sont-ils : génies ou montres ? disciples ou usurpateurs ? » Et « A quel moment de leur existence, s’est révélée la rudesse de leur caractère ? ».
Questions qui ont générées de nombreux écrits, et qui resteront éternellement irrésolues.

2) DEMOCRATIE

ADOLF HITLER ET CHARLES DE GAULLE

Comme précédemment, avant la comparaison entre les deux personnages, nous allons définir ce qu’est démocratie, sachant qu’elle caractérise précisément De Gaulle, tout en étant le point élémentaire qui les dissocie.

DEMOCRATIE :

La démocratie est le régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple (principe de souveraineté), sans qu'il y ait de distinctions dues la naissance, la richesse, la compétence... (Principe d'égalité). En règle générale, les démocraties sont indirectes ou représentatives, le pouvoir s'exerçant par l'intermédiaire de représentants désignés lors d'élections au suffrage universel.

Les autres principes et fondements de la démocratie :
· la liberté des individus ;
· la règle de la majorité ;
· l'existence d'une "constitution" et d'une juridiction associée (le Conseil constitutionnel en France) ;
· la séparation des pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire) ;
· la consultation régulière du peuple (élection et référendum) ;
· la pluralité des partis politiques ;
· l'indépendance de la justice.
·
LES DIFFERENCES :

Tout d’abord, sur le plan familial, la mère de Charles de Gaulle était « une Romaine de Provence intraitable sur les chapitres de la religion et des moeurs », elle apparaît donc comme une femme de caractère.
Son père était professeur dans le privé, donc aussi fonctionnaire, mais avec une attache à la culture plus développé.
Il suit une scolarité réussie, et va même être reçu au concours d’admission de l’école de Saint-Cyr où il deviendra plus tard professeur d’histoire militaire.
Il rentre à l’école de guerre et en ressort deux ans plus tard avec la mention « bien ». Ainsi, son entrée dans le monde politique et militaire suit le protocole le plus honorable.
Sur le terrain, Charles de Gaulle va mettre en pratique toutes les règles de la démocratie, rendant la parole au peuple avant de faire des réformes importantes. Ses règles lui sont tellement chères, qu’il va jusqu’à démissionner de ses fonctions lorsque le 20 janvier 1946, le « régime exclusif des partis a reparu » puisqu’il ne veut pas d’une dictature. Par la suite, ayant été reconduit dans ses fonctions, il n’hésitera pas à nouveau, à se retirer lorsqu’il constatera que le peuple ne le suit plus. Il se définit donc bien comme l’homme au service du peuple.
Charles de Gaulle a lui aussi été à l’origine d’ouvrages, mais en nombre beaucoup plus conséquent, et qui ont été rédigés à différents moments de sa vie. (Avant, pendant et après l’élection).
Un autre élément les distingue, à savoir leur politique, symétriquement opposée, puisque Hitler n’a de but que l’occupation des territoires extérieurs, alors que De Gaulle met en place la décolonisation progressive.
La mort de De Gaulle apparaît comme paisible dans sa maison de campagne où il s’est retiré, ce qui dénote bien du suicide par abandon du navire en naufrage.
(Le suicide d’Hitler n’est pas, dans son esprit, un abandon, mais un sacrifice pour permettre a ses plus proches complices, Himmler et Goering, de tenter de sauver quelques meubles nazis via paix séparée avec les occidentaux et, peut-être, mise a leur disposition de la SS et des restes de la Wehrmacht pour un combat commun contre Staline)

LES POINTS COMMUNS :

Charles de Gaulle est lui aussi issu d’un niveau social assez bas ; comme il le dit « ma famille et moi, nous avons toujours été pauvres (…), bourgeois, je ne l’ai jamais été ». (Certes, mais petite noblesse de campagne et le concept Gaullien de la pauvreté recouvre davantage la modestie que la misère)
Il est lui aussi fait prisonnier, mais par les forces ennemies et va tenter de s’évader à trois reprises, cinq selon d’autres.
Son attitude de « roi en exil », lui est reprochée par ses supérieurs
Il publie des ouvrages tels que : «Le fil de l’épée », et « La France et son armée », puis un troisième :
« Vers l’armée de métier »
Il est nommé général de brigade à titre temporaire, puis appelé au gouvernement le 6 juin par Paul Reynaud comme sous secrétaire d’Etat à la guerre.
Il met en œuvres les réformes les plus profondes que le pays ait connues depuis longtemps.
Il a échappé à l’attentat du Petit-Clamart.

CONCLUSION :

Si droit nous est donné de mettre en parallèle ces personnages si antagonistes, force est de remarquer malgré les éléments qui les rapprochent, que tant leur parcours que leurs ambitions, diffèrent en tout point.
Si Hitler a souillé l’image de la grande Allemagne, Charles de Gaulle lui, « a sauvé l’honneur de la nation française » (Jean Lacouture).
Hitler et de Gaulle étaient nés avec l’envergure nécessaire pour devenir des dirigeants de haut vol et des rassembleurs. Ils s’étaient tous deux fixe une mission : Assurer la grandeur de leurs patries respectives, lui rendre un «service signale » par amour pour elle et par foi en la capacité de leurs peuples. Ils firent preuve d’inflexibilité, d’acharnement dans l’accomplissement de cette mission. Ils surent, au premier coup d’œil, détecter ceux qui étaient les plus qualifies pour les suivre et bien servir leurs causes.
Mais les causes finales n’étaient pas les mêmes…
Au niveau méthode, et mis à part la criminalité hitlérienne, la grande différence est l’usage systématique par Hitler du mensonge.

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