William Joyce, collaborateur auprès des services de propagandes
allemands entre 1939 et 1945 fut plus connu en Grande-Bretagne sous
le surnom de « Lord Haw-Haw ». Extrémiste, anticommuniste
et antisémite convaincu, ce jeune américain, revenu vivre
d’abord en Irlande puis en Angleterre, s’expatriera et deviendra
même citoyen du 3ème Reich en 1940. Il reste dans l’Histoire
le seul étranger à avoir été condamné
à mort pour haute trahison envers la couronne d’Angleterre.
Enfance
dans une Irlande tourmentée.
William
Joyce est né le 24 avril 1906, dans Herkimer Street, quartier
de Brooklyn à New York. Il était le fils de Gertrude Emily
Joyce, anglaise du Lancashire, protestante et de Michael Joyce, un irlandais
catholique émigré en 1888 et naturalisé américain
en 1894. Il n’est âgé que de trois ans et demi quand
son père ramène sa famille en Irlande.
Après plusieurs déménagements, la famille Joyce
s’installe à Galway où le jeune William étudie
chez les jésuites au collège catholique St Ignatius. C’est
un élève plutôt doué et intelligent mais
plutôt querelleur. Il n’hésite jamais à imposer
son opinion avec ses poings. Il aura d’ailleurs lors d’une
rixe, son nez cassé mais refusera une rhinoplastie, malgré
les dégâts. Cette blessure fera qu’il gardera toute
sa vie une voie nasillarde et traînante. Celle-ci deviendra très
familière aux auditeurs de ses émissions de propagande
Nazies pendant la Deuxième guerre Mondiale.
La
famille Joyce, pourtant catholique est curieusement plutôt proche
des loyalistes irlandais, favorables au maintien de l’autorité
de la couronne britannique sur L’Irlande.
Elle soutient même les « Black and Tans », entité
militaire agissant pour le compte du gouvernement britannique dans les
années 1920. Cette brigade, tristement célèbre
pour ses actes de grande violence, a en charge la répression
des indépendantistes irlandais engagés au sein de groupuscules
armés comme l'IRA. Considérés comme de véritables
troupes d'occupation, Les Black and Tans n'hésitaient pas à
assassiner, violer, et piller sauvagement la population irlandaise.
Après la proclamation de l'indépendance de l’Irlande
du Sud (Eire), La famille Joyce paye bientôt son soutien aux loyalistes
et subit des représailles. Leur demeure est attaquée par
des nationalistes du Sinn Fein. William Joyce s’était également
vanté d’avoir espionné au profit des « Black
and Tans ». Peu de temps après, une tentative d’assassinat
contre le jeune garçon sera déjouée car il changera
au dernier moment d’itinéraire pour se rendre à
l’école. Cette attaque aura en 1922 pour conséquence,
l’émigration des Joyce, vers l’Angleterre, afin de
se mettre en sécurité.
L’Angleterre,
les études et la découverte du fascisme.
Parti
le premier, William Joyce s’installe à Londres. Agé
de 16 ans, le jeune orangiste passe peu de temps au King's College School
de Wimbledon où il espère un échange avec un étudiant
de l’étranger. Las d’attendre, il tente de s’enrôler
dans l’Armée mais il est refoulé à cause
de son jeune âge. Déçu, il reprend alors ses études
et après un bref passage à Surrey Polytechnic, il est
inscrit à l’Université de Birbeck. Deux ans ont
passé et sa famille l’a rejoint en Angleterre. Joyce poursuit
ses études et obtient de brillants résultats notamment
en anglais.
Il est également devenu bon sportif et pratique la boxe, l’athlétisme
et la natation.
En
1923, William rejoint les rangs du « British Fascisti Limited
», de Rotha Lintorn-Orman qui est une ramification britannique
du mouvement fasciste italien. Cherchant encore sa voie, il intègre
parallèlement le parti conservateur. Il devient rapidement un
antisémite convaincu qui participe à de nombreuses réunions
politiques estudiantines. Bagarreur, il est de tous les coups de forces
et assure le service d’ordre des réunions de conservateurs.
Lors d’un de ces meetings électoraux à Lambeth Bath
en 1924, il doit s’opposer à une action des communistes.
Dans l’affrontement, il reçoit un coup de rasoir en plein
visage qui lui laissera toute sa vie, une impressionnante cicatrice,
partant de l’oreille droite et rejoignant sa bouche. Cette estafilade,
qu’il attribuera à un juif communiste, lui assurera plus
tard un grand prestige auprès de ses camarades. Mais l’agression
le rend déterminé dans sa lutte contre le communisme et
contre ceux qu’il considère comme les promoteurs de ce
mouvement politique, les juifs. A partir de cette date, Il gardera un
goût prononcé pour la confrontation physique et sera toujours
au premier rang dans la rue, pour s'opposer aux rouges.
Dans
les rangs de la B.U.F.
William
Joyce s’ennuie au sein du British « Fascisti Limited ».
Il trouve que ce parti manque d’ambition politique.
En 1925, il le quitte définitivement pour se consacrer au Parti
conservateur.
Ses études à Birkbeck terminées, il épouse
le 30 avril 1927, Hazel Barr qui lui donnera deux enfants. William se
trouve toujours en 1928 au parti conservateur et espère devenir
le prochain député du mouvement à Chelsea.
Mais pour l’instant il n’est que le président de
la ligue impériale cadette de cette ville, une organisation pour
jeunes conservateurs, pour la plupart étudiants.
Durant cette période, son antisémitisme croit fortement
car il se prend d’intérêt pour le nouveau mouvement
fasciste, intérêt qui deviendra rapidement une passion.
Chez les conservateurs on trouve Joyce beaucoup trop autoritaire, brutal
et encombrant, les dirigeants ne tardent pas à s’en séparer.
La
situation de crise perdure en Angleterre. Sir Oswald Mosley, ministre
du gouvernement travailliste de Ramsay Mac Donald a démissionné
et créé son propre parti après que ses propositions
pour lutter contre le chômage galopant aient été
rejetées par le gouvernement. L’année suivante,
il rend visite à Benito Mussolini, en Italie puis fait évoluer
son parti vers le fascisme. Le 24 avril 1932, la « British Union
of fascists » est officiellement créée et William
Joyce fait partie des premiers à rejoindre ses rangs. Il va très
vite s’y imposer comme un excellent orateur. Le journaliste et
romancier Cecil Roberts dira de lui :
-« Mince, pâle et passionné, il ne parlait que depuis
quelques minutes que nous étions déjà fascinés
par cet homme, si terrifiant par sa force dynamique, si injurieuse et
si décapante… ».
Dès 1934, William Joyce devient directeur de la propagande de
la B.U.F. Il n’est âgé que de 28 ans. Le 4 juillet
de la même année, Joyce commet une grosse imprudence :
il fait de fausses déclarations qui le conduiront quelques années
plus tard à sa perte. Pour être éligible, Il affirme
être de nationalité anglaise et obtient un passeport britannique.
Sa
notoriété devient telle qu’il contribue directement
au changement du nom complet du B.U.F à "l'Union britannique
de Fascistes et de Socialistes nationaux ", en 1936. Joyce va s’imposer
par la suite comme le second de Mosley, mais leur entente sera de courte
durée car les deux hommes ont des visions différentes
sur l’avenir de leur parti. Durant cette année, Joyce va
demeurer à Whitstable où il se lance dans le commerce
et ouvre une boutique de radios et de composants électriques.
Il ne s’entend plus avec son épouse et finit par divorcer
au cours de la même année.
Il se porte alors candidat pour le parti au cours des élections
au conseil régional de Londres en 1937.
Mais ses relations avec Mosley deviennent vite très tendues.
Alors que le chef de la B.U.F s’inspire directement du fascisme
italien, Joyce se montre très attiré par une nouvelle
expérience politique en Europe : la naissance du National Socialisme
prôné par Adolf Hitler. Leur différent politique
est envenimé par des considérations personnelles. Mosley
reproche à Joyce son antisémitisme et Joyce son manque
de fermeté à Mosley. Peu à peu, des contacts s’établissent
entre Joyce et les nazis et fin 1937, c’est la rupture. Mosley
se sépare de son directeur de propagande en invoquant des irrégularités
comptables. William Joyce et une soixantaine de camarades du B.U.F qui
l’ont suivi, fondent alors leur propre parti : la « British
National Socialist League ».
Celle-ci est financée par des fonds occultes qui parviennent
en Angleterre par l’intermédiaire de l’espion allemand
Bauer. Peu de britanniques adhèrent au nouveau parti, mais il
déborde pourtant d’activité, rehaussé par
les talents d’orateur et propagandiste de Joyce. William Joyce,
en pleine ascension politique, se remarie à Londres le 13 février
de la même année avec Margaret Cairns White.
Joyce
et l’Allemagne nazie.
Pendant
les mois qui vont suivre son départ du B.U.F, William Joyce va
essayer de s’opposer à l’élan belliqueux qui
anime l’Angleterre suite aux ambitieuses annexions nazies. Il
va conduire alors une grande campagne pacifiste et dénonçant
sans relâche les fauteurs de guerre en minimisant les intentions
allemandes. Étant donné son orientation politique, sa
correspondance est interceptée très régulièrement
par les Services Secrets britanniques. En juillet 1939 une lettre destinée
à un espion allemand leur révèle qu'il a l'intention
de partir pour l’Allemagne, étant donné l'imminence
de guerre. Les autorités anglaises excédées alors
par les agissements de Joyce s'apprêtent par l’intermédiaire
du MI5, à le faire interner par sécurité, en application
de l’article 18B concernant la défense. Mais Joyce, est
informé étrangement par William Knight, alors à
la tête du MI5. Il dissout officiellement la « British National
Socialist League » et renouvelle la validité de son passeport
britannique pour une autre année. Le 26 août 1939, il parvient
sans difficulté, avec l’aide de Knight, à s'échapper
vers l'Allemagne.
Sa seconde épouse Margaret l’accompagne. Il reste quelques
temps sans emploi mais il rencontre bientôt Dorothy Eckersley.
Cette citoyenne britannique, ex-femme d’un ancien ingénieur
de la BBC, est une sympathisante de Mosley. Admiratrice du parti nazi
allemand, elle a rejoint son fils qui faisait ses études à
Berlin-Tegel en juillet 1939. Utilisant ses appuis, elle va lui faire
aussitôt passer une audition à la « Rundfunkhaus
» à Berlin-Charlottenburg.
En dépit de sa voix froide et nasillarde, Joyce sera embauché
comme animateur pour être une des voix anglaises de l'Europe nouvelle,
dans l’émission radiodiffusée « Germany calling
». Au début, il n’est pas le seul expatrié
britannique à s’exprimer sur les ondes en faveur des nazis.
Il a été précédé par Wolf Mittler
et Norman Baillie-Stewart, un ancien officier britannique naturalisé
autrichien, ayant purgé 4 ans en Angleterre, pour avoir transmis
des informations militaires à sa fiancée allemande.
Lord
« Haw-Haw » of Zeesen.
La
première apparition de Baillie-Stewart à la radio allemande
a lieu une semaine avant la déclaration de guerre entre la Grande-Bretagne
et l’Allemagne. Cette émission surprenante est suivie par
de nombreux auditeurs outre-manche et acquiert rapidement une certaine
notoriété. La presse anglaise fait grand bruit de cette
propagande nazie et le critique de radio du « Daily Express »
Jonah Barrington, agacé par la voix aristocratique et traînante
de Baillie-Stewart lui donner le premier, le sobriquet de Lord «
Haw-Haw ». Il l’abandonnera quelques temps après
pour choisir « Sinister Sam ».
Joyce, d’abord simple remplaçant de Baillie-Stewart va
rapidement, grâce à son charisme, sa virulence et sa diatribe
s’imposer naturellement comme le numéro un de l’émission
« Germany Calling ». A la fin du mois de septembre 1939
Il détrône facilement ses compatriotes et devient l’orateur
de propagande le plus populaire.
Dans les foyers anglais, sa voix nasillarde facilement identifiable
(due à son nez cassé), entamant l’émission
par son « Germany calling, Germany calling) est souvent moquée
et fait l’objet de nombreuses imitations.
Jonah Barrington ressort bientôt le surnom de « Lord Haw-Haw
» pour l’attribuer définitivement au traître
William Joyce. Baillie-Stewart, ayant une fâcheuse tendance à
critiquer le matériel radio allemand est écarté
de l’émission fin décembre. Il continue à
travailler à Berlin en tant qu’interprète auprès
du ministère des affaires étrangères et obtient
la nationalité allemande en 1940, la même année
que Joyce.
Les
Allemands escomptent que l’émission aura un impact non
négligeable sur les Britanniques et contribuera à amener
ceux-ci à demander une paix séparée. Les émissions
de Joyce sont émises en 1940 à partir des studios de Berlin,
mais au cours de la guerre, avec l’augmentation des raids alliés,
les moyens radios seront transférés d’abord au Luxembourg
puis à Apen, près d’Hambourg. Elles sont retransmises
sur un réseau de stations radios contrôlées par
les Allemands dont les plus connues sont Brême, Hilversum, Calais,
Oslo et Zeesen. Ces émissions, officiellement interdites d'écoute
par le gouvernement britannique, touchent largement le public anglais
car 80 % des foyers possèdent un poste radio. Le phénomène
inquiète. Selon la British Broadcasting Corporation (BBC), près
de 2/3 de la population adulte écoute l'émission. Une
personne sur six est un auditeur régulier de sa propagande. Chaque
soir, quelques 16 millions d'auditeurs écoutent les nouvelles
de 21 heures et 6 millions changent immédiatement de station
après l'émission de « Lord Haw Haw ». Pour
beaucoup, il s’agit d’une simple curiosité, histoire
de savoir ce qu’il se dit de la guerre du côté adverse.
On constatera d’ailleurs, plus tard, au cours du conflit, le phénomène
inverse, avec de nombreux Allemands écoutant en secret la BBC.
Les Anglais apprécient aussi le ton sarcastique de Joyce et en
particulier, ses caricatures de Chamberlain puis de Churchill, comme
d'autres ministres anglais. Ce comportement paraît compréhensible
quand on sait que pendant le temps de guerre, les informations sont
sévèrement censurées et restreintes. Au début
du conflit, les émissions allemandes semblent aussi être
bien plus instructives que celles de la BBC. Les Britanniques considèrent
surtout l’émission de propagande comme un divertissement
mais l’impact politique et idéologique est bien moindre
sur eux. Joyce sait se faire apprécier. Dans ces discours, il
n’attaque jamais la famille royale. Il fait également souvent
la lecture sur les ondes de lettres de Tommies prisonniers en Allemagne.
Cependant, après l’invasion de l’URSS par les troupes
allemandes, l’audience de Joyce en Angleterre chute brutalement.
Les Britanniques lui reprochent de justifier les bombardements sur l’Angleterre
et sa véhémence contre les juifs. Curieusement, ce sont
les nationalistes irlandais, en profond désaccord avec l'empire
colonial qui seront les seuls à réellement apprécier
les chroniques politiques de « lord Haw-Haw » battant en
brèche la propagande des démocraties libérales.
A partir de 1943, l’Allemagne allant de défaites en défaites,
Joyce commence à boire plus que de raison et son mariage devient
bientôt une vaste histoire d‘adultère tant pour sa
femme que pour lui.
L’effondrement
du Reich.
Joyce
traduit et transmet aussi des écrits pour le compte de l'organisation
allemande du « Büro Concordia ».
Celle-ci dirige des « réseaux de propagande noirs »
secrets dont certains comme le NBSS (New British Broadcasting Station)
émettent illégalement depuis février 1940, de l’intérieur
de la Grande-Bretagne. Entre 1943 et 1944, il participe en se rendant
auprès de prisonniers de guerre britannique, au programme de
propagande et de recrutement du British Free Corps de John Amery.
Il écrit également un livre intitulé « Twilight
over England » dans lequel il compare et critique les maux d’une
Grande Bretagne capitaliste dominée par les juifs au succès
de la politique nationale socialiste de l’Allemagne. La promotion
de ses écrits sera d’ailleurs faite par le Ministre du
Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande
du Dr Goebbels.
Il continuera ses émissions de propagande alors que la bataille
de Berlin fait rage. Mais il est fatigué et quelque peu démoralisé.
Le 22 avril 1945 il écrit ceci dans son journal personnel:
- « Tout cela a-t-il valu la peine ? Je pense que non. Le National-socialisme
est une cause parfaite, mais la plupart des Allemands, heureusement
pas tous, sont des imbéciles aux mains ensanglantés.»
La dernière intervention de Joyce aura lieue le 30 avril 1945
et sera en théorie diffusée le premier mai (une bande
trouvée à radio Hambourg, à Apen, atteste du discours
mais on ne sait toujours pas s’il fut réellement diffusé).
D’une voix épuisée, certainement ivre, il s’adresse
une dernière fois à la Grande Bretagne, invoquant la responsabilité
de ses dirigeants dans l’effondrement de l’Allemagne.
Il clame également que cette guerre mènera les Anglais
à leur perte et qu’elle laissera le pays sans ressources,
met les Anglais en garde contre la menace soviétique. Il salue
les soldats européens qui ont fait le sacrifice de leur vie pour
protéger l'Europe du communisme et termine son discours d’un
retentissant « Heil Hitler » et dit adieu.
Le
2 mai, ce sont des soldats britanniques qui investissent les studios
de radio Hambourg et de cet endroit, le 4 mai, les anglais émettent
un « Germany calling » parodiant toute l’action de
William Joyce. Les scripts et le microphone utilisés par Joyce
seront saisis par le soldat Cyril Millwood. Ils ne reparaîtront
qu’après la mort du vétéran. Jamais, au cours
de la guerre, Joyce et Adolf Hitler ne se seront rencontrés.
Pourtant, impressionné par ses performances d’orateur,
le chancelier du Reich lui fera décerner la « Kriegsverdienstkreuz
» (croix du mérite de guerre) de seconde classe, puis en
septembre 1944, celle de première classe.
L’arrestation,
le procès controversé et l’exécution.
A
la fin de la guerre, William Joyce est arrêté par les troupes
britanniques à Flensburg, près de la frontière
danoise. Contrôlé, il engage la conversation avec des soldats
qui le prennent pour un banal civil allemand. Mais deux officiers non
loin de là ont reconnu sa voix si caractéristique. Ils
s’approchent de lui et lui demande s’il n’est pas
« Lord Haw-Haw ». Joyce prétend alors qu’il
est instituteur et met la main à sa poche pour présenter
un faux passeport. Un des officier fait alors feu sur lui, pensant qu’il
est armé et le blesse aux fesses. Il est ramené en Grande-Bretagne
sur une civière pour y être jugé.
L’arrestation
de Joyce est un triomphe pour les services spéciaux anglais qui
préparaient un dossier d’instruction contre lui depuis
1943. Devant le ministère public, Joyce devra répondre
de trois chefs d’accusation :
- William Joyce
entre le 18 septembre 1939 et le 29 mai 1945, étant une personne
devant fidélité à notre Seigneur le Roi et pendant
qu'une guerre était menée par le Royaume allemand contre
notre Roi, a vraiment trahi au profit des ennemis de l’Empire
en faisant de la propagande radiophonique.
-
William Joyce, le 26 septembre 1940, étant une personne devant
fidélité à son roi, a fait allégeance à
l’ennemi en prétendant devenir naturalisé et sujet
de l'Allemagne.
-
William Joyce, entre le 18 septembre 1939 et le 2 juillet 1940*, étant
une personne devant fidélité à notre Seigneur le
Roi et pendant qu'une guerre était menée par le Royaume
allemand contre notre Roi, a vraiment traîtreusement aidé
l’ennemi par sa propagande radiophonique.
* date de fin de validité
de son passeport britannique.
Mais
pour la justice britannique, accuser Joyce de haute trahison est difficilement
réalisable pour diverses raisons techniques. D’abord Joyce,
né aux Etats-unis, est Irlandais d’adoption et a acquis
la nationalité allemande en septembre 1940. Lorsque le procès
s’ouvre en septembre 1945, la défense rappelle immédiatement
que les condamnations pour trahison sont strictement réservées
à des ressortissants britanniques. Les avocats de William Joyce
insistent sur le fait qu’il n’a jamais obtenu officiellement
la nationalité britannique et qu’en tant qu’étranger,
il ne devait donc aucune allégeance à la couronne et ne
pouvait pas trahir un pays qui n’était pas le sien. Il
sera donc acquitté pour le premier et second chef d’accusation.
Face à l'évidente inapplicabilité des charges pesant
contre Joyce, la justice s’obstine et ne veux pas démordre.
Elle met tout en œuvre pour trouver une faille dans la défense.
Elle parvient à prouver qu’il avait bien acquis la nationalité
britannique en prétextant que, vers la fin des années
1930, il avait fait falsifier un passeport à son nom et l’avait
fait proroger avant de quitter le territoire de la Grande-Bretagne en
1939. C’est sur cette base très discutable que William
Joyce sera accusé de haute trahison. Le Procureur Général,
Sir Hartley Shawcross, a ainsi prouvé avec succès que
Joyce, en possession d'un passeport britannique, même s'il avait
falsifié sa nationalité pour le recevoir, était
bel et bien soumis à la protection diplomatique britannique en
Allemagne et qu’il devait donc bien fidélité au
Roi pendant la validité de fameux passeport! Il est à
noter que la peine ordinaire pour faire une fausse déclaration
sur un passeport était à l’époque une amende
d’un montant de deux livres sterling. Dans le cas de Joyce, elle
lui coûtera la vie… Quentin Joyce fera également
tout ce qu’il pourra pour tenter de disculper son frère
aîné William mais ce sera peine perdue. Le 19 septembre
1945, devant le tribunal de Old Bailey, sur un détail technique,
William Joyce est reconnu coupable du troisième chef d’accusation
et condamné à la mort par pendaison. Ses tentatives d’appel
seront rejetées par la Cour d'appel le premier novembre et le
13 décembre 1945 par la Chambre des lords par quatre votes contre
un. Sa condamnation, au-delà des invraisemblances juridiques,
a surtout étonné par son extrême sévérité
pour en fait un simple commentateur radio aux idées extrémistes
infâmes. La popularité et le charisme de Joyce sont sans
doute à l’origine du châtiment exemplaire qui lui
fut réservé mais des personnalités de premier plan
comme Winston Churchill, raillées en permanence par « Lord
Haw Haw » n’ont probablement pas dues être étrangères
au dénouement du procès, tout simplement par pure vengeance.
A l'annonce du rejet de l’appel de Joyce, de nombreuses personnes
interviendront en sa faveur, manifestant jusque devant le Palais de
Buckingham. On y remarquera même le duc de Bedford dénonçant
la future exécution comme un crime.
William Joyce est pendu à 9 heures du matin, le jeudi 3 janvier
1946 à la prison de Wandsworth de Londres. Il n’est âgé
que de 39 ans. Son exécution est confiée au bourreau Albert
Pierrepoint assisté par Alexander Reilly. Fier et droit, il n’aura
aucune repentance :
- « Dans la mort comme dans la vie, je défie les Juifs
qui ont provoqué cette dernière guerre, je défie
les forces obscures qu'ils représentent et je mets en garde le
peuple britannique contre l’impérialisme expansionniste
de l'Union soviétique. La Grande Bretagne doit être de
nouveau grande devant la plus grande menace qu’ait connue l’Ouest.
Relevez-vous de la poussière et vous vaincrez encore. Je suis
désolé pour les fils de l’Angleterre qui ont donné
leurs vies pour rien ».
Malgré
les supplications de l’aumônier protestant qui l’accompagnait,
Joyce voulu mourir dans la foi de sa mère, l'Église de
l'Irlande. Il fut ensuite enseveli dans l’enceinte de la prison.
Son corps sera exhumé en 1976 pour être transporter au
cimetière de Bohermore, dans le comté de Galway, en Irlande.
Joyce fut l’avant-dernier condamné pour haute trahison
en Angleterre. Son exécution sera suivie le lendemain par celle
de Théodore Schurch, à la prison royale de Pentonville,
à Barnsbury, quartier Nord de Londres. Etrangement et bien qu’il
l’eut envisagé, le ministère publique n’entama
pas de poursuite contre la femme de Joyce, Margaret. Celle-ci avait
pourtant pris la fuite avec lui en Allemagne. Certain y virent une mesure
de « Clémence » prise lors d’un memorandum
secret, alors que la décision d’exécuter Joyce avait
été prise. Margaret Joyce s’est éteinte à
Soho, sans avoir été inquiétée, en 1972.
Sources :
livres : Nazi Wireless propaganda "Lord Haw-Haw" ans british
public opinion in the second world war de M.A. Doherty
web :
http://en.wikipedia.org/wiki/William_Joyce
http://findarticles.com/p/articles/mi_qa3724/is_200311/ai_n9318111/pg_2/?tag=content;col1
http://www.mary-kenny.com/germany_calling_lord_haw_haw.htm
http://www.crimeandinvestigation.co.uk/crime-files/william-joyce-lordhaw
haw/biography.html;jsessionid=E35B46CD12DB6A96E89DCE9DF4D9EF6A
http://www.statesecrets.co.uk/who/index-j.html
http://en.metapedia.org/wiki/William_Joyce
http://www.earthstation1.com/Lord_Haw_Haw.html