William Joyce, l’Orangiste de Hitler
Par Fabrice Thery

William Joyce
(1906-1946)

 

William Joyce, collaborateur auprès des services de propagandes allemands entre 1939 et 1945 fut plus connu en Grande-Bretagne sous le surnom de « Lord Haw-Haw ». Extrémiste, anticommuniste et antisémite convaincu, ce jeune américain, revenu vivre d’abord en Irlande puis en Angleterre, s’expatriera et deviendra même citoyen du 3ème Reich en 1940. Il reste dans l’Histoire le seul étranger à avoir été condamné à mort pour haute trahison envers la couronne d’Angleterre.

Enfance dans une Irlande tourmentée.

William Joyce est né le 24 avril 1906, dans Herkimer Street, quartier de Brooklyn à New York. Il était le fils de Gertrude Emily Joyce, anglaise du Lancashire, protestante et de Michael Joyce, un irlandais catholique émigré en 1888 et naturalisé américain en 1894. Il n’est âgé que de trois ans et demi quand son père ramène sa famille en Irlande.
Après plusieurs déménagements, la famille Joyce s’installe à Galway où le jeune William étudie chez les jésuites au collège catholique St Ignatius. C’est un élève plutôt doué et intelligent mais plutôt querelleur. Il n’hésite jamais à imposer son opinion avec ses poings. Il aura d’ailleurs lors d’une rixe, son nez cassé mais refusera une rhinoplastie, malgré les dégâts. Cette blessure fera qu’il gardera toute sa vie une voie nasillarde et traînante. Celle-ci deviendra très familière aux auditeurs de ses émissions de propagande Nazies pendant la Deuxième guerre Mondiale.

La famille Joyce, pourtant catholique est curieusement plutôt proche des loyalistes irlandais, favorables au maintien de l’autorité de la couronne britannique sur L’Irlande.
Elle soutient même les « Black and Tans », entité militaire agissant pour le compte du gouvernement britannique dans les années 1920. Cette brigade, tristement célèbre pour ses actes de grande violence, a en charge la répression des indépendantistes irlandais engagés au sein de groupuscules armés comme l'IRA. Considérés comme de véritables troupes d'occupation, Les Black and Tans n'hésitaient pas à assassiner, violer, et piller sauvagement la population irlandaise. Après la proclamation de l'indépendance de l’Irlande du Sud (Eire), La famille Joyce paye bientôt son soutien aux loyalistes et subit des représailles. Leur demeure est attaquée par des nationalistes du Sinn Fein. William Joyce s’était également vanté d’avoir espionné au profit des « Black and Tans ». Peu de temps après, une tentative d’assassinat contre le jeune garçon sera déjouée car il changera au dernier moment d’itinéraire pour se rendre à l’école. Cette attaque aura en 1922 pour conséquence, l’émigration des Joyce, vers l’Angleterre, afin de se mettre en sécurité.

L’Angleterre, les études et la découverte du fascisme.

Parti le premier, William Joyce s’installe à Londres. Agé de 16 ans, le jeune orangiste passe peu de temps au King's College School de Wimbledon où il espère un échange avec un étudiant de l’étranger. Las d’attendre, il tente de s’enrôler dans l’Armée mais il est refoulé à cause de son jeune âge. Déçu, il reprend alors ses études et après un bref passage à Surrey Polytechnic, il est inscrit à l’Université de Birbeck. Deux ans ont passé et sa famille l’a rejoint en Angleterre. Joyce poursuit ses études et obtient de brillants résultats notamment en anglais.
Il est également devenu bon sportif et pratique la boxe, l’athlétisme et la natation.

En 1923, William rejoint les rangs du « British Fascisti Limited », de Rotha Lintorn-Orman qui est une ramification britannique du mouvement fasciste italien. Cherchant encore sa voie, il intègre parallèlement le parti conservateur. Il devient rapidement un antisémite convaincu qui participe à de nombreuses réunions politiques estudiantines. Bagarreur, il est de tous les coups de forces et assure le service d’ordre des réunions de conservateurs. Lors d’un de ces meetings électoraux à Lambeth Bath en 1924, il doit s’opposer à une action des communistes. Dans l’affrontement, il reçoit un coup de rasoir en plein visage qui lui laissera toute sa vie, une impressionnante cicatrice, partant de l’oreille droite et rejoignant sa bouche. Cette estafilade, qu’il attribuera à un juif communiste, lui assurera plus tard un grand prestige auprès de ses camarades. Mais l’agression le rend déterminé dans sa lutte contre le communisme et contre ceux qu’il considère comme les promoteurs de ce mouvement politique, les juifs. A partir de cette date, Il gardera un goût prononcé pour la confrontation physique et sera toujours au premier rang dans la rue, pour s'opposer aux rouges.

Dans les rangs de la B.U.F.

William Joyce s’ennuie au sein du British « Fascisti Limited ».
Il trouve que ce parti manque d’ambition politique.
En 1925, il le quitte définitivement pour se consacrer au Parti conservateur.
Ses études à Birkbeck terminées, il épouse le 30 avril 1927, Hazel Barr qui lui donnera deux enfants. William se trouve toujours en 1928 au parti conservateur et espère devenir le prochain député du mouvement à Chelsea.
Mais pour l’instant il n’est que le président de la ligue impériale cadette de cette ville, une organisation pour jeunes conservateurs, pour la plupart étudiants.
Durant cette période, son antisémitisme croit fortement car il se prend d’intérêt pour le nouveau mouvement fasciste, intérêt qui deviendra rapidement une passion.

Chez les conservateurs on trouve Joyce beaucoup trop autoritaire, brutal et encombrant, les dirigeants ne tardent pas à s’en séparer.

La situation de crise perdure en Angleterre. Sir Oswald Mosley, ministre du gouvernement travailliste de Ramsay Mac Donald a démissionné et créé son propre parti après que ses propositions pour lutter contre le chômage galopant aient été rejetées par le gouvernement. L’année suivante, il rend visite à Benito Mussolini, en Italie puis fait évoluer son parti vers le fascisme. Le 24 avril 1932, la « British Union of fascists » est officiellement créée et William Joyce fait partie des premiers à rejoindre ses rangs. Il va très vite s’y imposer comme un excellent orateur. Le journaliste et romancier Cecil Roberts dira de lui :
-« Mince, pâle et passionné, il ne parlait que depuis quelques minutes que nous étions déjà fascinés par cet homme, si terrifiant par sa force dynamique, si injurieuse et si décapante… ».
Dès 1934, William Joyce devient directeur de la propagande de la B.U.F. Il n’est âgé que de 28 ans. Le 4 juillet de la même année, Joyce commet une grosse imprudence : il fait de fausses déclarations qui le conduiront quelques années plus tard à sa perte. Pour être éligible, Il affirme être de nationalité anglaise et obtient un passeport britannique.

Sa notoriété devient telle qu’il contribue directement au changement du nom complet du B.U.F à "l'Union britannique de Fascistes et de Socialistes nationaux ", en 1936. Joyce va s’imposer par la suite comme le second de Mosley, mais leur entente sera de courte durée car les deux hommes ont des visions différentes sur l’avenir de leur parti. Durant cette année, Joyce va demeurer à Whitstable où il se lance dans le commerce et ouvre une boutique de radios et de composants électriques. Il ne s’entend plus avec son épouse et finit par divorcer au cours de la même année.
Il se porte alors candidat pour le parti au cours des élections au conseil régional de Londres en 1937.
Mais ses relations avec Mosley deviennent vite très tendues. Alors que le chef de la B.U.F s’inspire directement du fascisme italien, Joyce se montre très attiré par une nouvelle expérience politique en Europe : la naissance du National Socialisme prôné par Adolf Hitler. Leur différent politique est envenimé par des considérations personnelles. Mosley reproche à Joyce son antisémitisme et Joyce son manque de fermeté à Mosley. Peu à peu, des contacts s’établissent entre Joyce et les nazis et fin 1937, c’est la rupture. Mosley se sépare de son directeur de propagande en invoquant des irrégularités comptables. William Joyce et une soixantaine de camarades du B.U.F qui l’ont suivi, fondent alors leur propre parti : la « British National Socialist League ».
Celle-ci est financée par des fonds occultes qui parviennent en Angleterre par l’intermédiaire de l’espion allemand Bauer. Peu de britanniques adhèrent au nouveau parti, mais il déborde pourtant d’activité, rehaussé par les talents d’orateur et propagandiste de Joyce. William Joyce, en pleine ascension politique, se remarie à Londres le 13 février de la même année avec Margaret Cairns White.

Joyce et l’Allemagne nazie.

Pendant les mois qui vont suivre son départ du B.U.F, William Joyce va essayer de s’opposer à l’élan belliqueux qui anime l’Angleterre suite aux ambitieuses annexions nazies. Il va conduire alors une grande campagne pacifiste et dénonçant sans relâche les fauteurs de guerre en minimisant les intentions allemandes. Étant donné son orientation politique, sa correspondance est interceptée très régulièrement par les Services Secrets britanniques. En juillet 1939 une lettre destinée à un espion allemand leur révèle qu'il a l'intention de partir pour l’Allemagne, étant donné l'imminence de guerre. Les autorités anglaises excédées alors par les agissements de Joyce s'apprêtent par l’intermédiaire du MI5, à le faire interner par sécurité, en application de l’article 18B concernant la défense. Mais Joyce, est informé étrangement par William Knight, alors à la tête du MI5. Il dissout officiellement la « British National Socialist League » et renouvelle la validité de son passeport britannique pour une autre année. Le 26 août 1939, il parvient sans difficulté, avec l’aide de Knight, à s'échapper vers l'Allemagne.
Sa seconde épouse Margaret l’accompagne. Il reste quelques temps sans emploi mais il rencontre bientôt Dorothy Eckersley. Cette citoyenne britannique, ex-femme d’un ancien ingénieur de la BBC, est une sympathisante de Mosley. Admiratrice du parti nazi allemand, elle a rejoint son fils qui faisait ses études à Berlin-Tegel en juillet 1939. Utilisant ses appuis, elle va lui faire aussitôt passer une audition à la « Rundfunkhaus » à Berlin-Charlottenburg.
En dépit de sa voix froide et nasillarde, Joyce sera embauché comme animateur pour être une des voix anglaises de l'Europe nouvelle, dans l’émission radiodiffusée « Germany calling ». Au début, il n’est pas le seul expatrié britannique à s’exprimer sur les ondes en faveur des nazis. Il a été précédé par Wolf Mittler et Norman Baillie-Stewart, un ancien officier britannique naturalisé autrichien, ayant purgé 4 ans en Angleterre, pour avoir transmis des informations militaires à sa fiancée allemande.

Lord « Haw-Haw » of Zeesen.

La première apparition de Baillie-Stewart à la radio allemande a lieu une semaine avant la déclaration de guerre entre la Grande-Bretagne et l’Allemagne. Cette émission surprenante est suivie par de nombreux auditeurs outre-manche et acquiert rapidement une certaine notoriété. La presse anglaise fait grand bruit de cette propagande nazie et le critique de radio du « Daily Express » Jonah Barrington, agacé par la voix aristocratique et traînante de Baillie-Stewart lui donner le premier, le sobriquet de Lord « Haw-Haw ». Il l’abandonnera quelques temps après pour choisir « Sinister Sam ».
Joyce, d’abord simple remplaçant de Baillie-Stewart va rapidement, grâce à son charisme, sa virulence et sa diatribe s’imposer naturellement comme le numéro un de l’émission « Germany Calling ». A la fin du mois de septembre 1939 Il détrône facilement ses compatriotes et devient l’orateur de propagande le plus populaire.
Dans les foyers anglais, sa voix nasillarde facilement identifiable (due à son nez cassé), entamant l’émission par son « Germany calling, Germany calling) est souvent moquée et fait l’objet de nombreuses imitations.
Jonah Barrington ressort bientôt le surnom de « Lord Haw-Haw » pour l’attribuer définitivement au traître William Joyce. Baillie-Stewart, ayant une fâcheuse tendance à critiquer le matériel radio allemand est écarté de l’émission fin décembre. Il continue à travailler à Berlin en tant qu’interprète auprès du ministère des affaires étrangères et obtient la nationalité allemande en 1940, la même année que Joyce.

Les Allemands escomptent que l’émission aura un impact non négligeable sur les Britanniques et contribuera à amener ceux-ci à demander une paix séparée. Les émissions de Joyce sont émises en 1940 à partir des studios de Berlin, mais au cours de la guerre, avec l’augmentation des raids alliés, les moyens radios seront transférés d’abord au Luxembourg puis à Apen, près d’Hambourg. Elles sont retransmises sur un réseau de stations radios contrôlées par les Allemands dont les plus connues sont Brême, Hilversum, Calais, Oslo et Zeesen. Ces émissions, officiellement interdites d'écoute par le gouvernement britannique, touchent largement le public anglais car 80 % des foyers possèdent un poste radio. Le phénomène inquiète. Selon la British Broadcasting Corporation (BBC), près de 2/3 de la population adulte écoute l'émission. Une personne sur six est un auditeur régulier de sa propagande. Chaque soir, quelques 16 millions d'auditeurs écoutent les nouvelles de 21 heures et 6 millions changent immédiatement de station après l'émission de « Lord Haw Haw ». Pour beaucoup, il s’agit d’une simple curiosité, histoire de savoir ce qu’il se dit de la guerre du côté adverse. On constatera d’ailleurs, plus tard, au cours du conflit, le phénomène inverse, avec de nombreux Allemands écoutant en secret la BBC.
Les Anglais apprécient aussi le ton sarcastique de Joyce et en particulier, ses caricatures de Chamberlain puis de Churchill, comme d'autres ministres anglais. Ce comportement paraît compréhensible quand on sait que pendant le temps de guerre, les informations sont sévèrement censurées et restreintes. Au début du conflit, les émissions allemandes semblent aussi être bien plus instructives que celles de la BBC. Les Britanniques considèrent surtout l’émission de propagande comme un divertissement mais l’impact politique et idéologique est bien moindre sur eux. Joyce sait se faire apprécier. Dans ces discours, il n’attaque jamais la famille royale. Il fait également souvent la lecture sur les ondes de lettres de Tommies prisonniers en Allemagne. Cependant, après l’invasion de l’URSS par les troupes allemandes, l’audience de Joyce en Angleterre chute brutalement. Les Britanniques lui reprochent de justifier les bombardements sur l’Angleterre et sa véhémence contre les juifs. Curieusement, ce sont les nationalistes irlandais, en profond désaccord avec l'empire colonial qui seront les seuls à réellement apprécier les chroniques politiques de « lord Haw-Haw » battant en brèche la propagande des démocraties libérales.
A partir de 1943, l’Allemagne allant de défaites en défaites, Joyce commence à boire plus que de raison et son mariage devient bientôt une vaste histoire d‘adultère tant pour sa femme que pour lui.

L’effondrement du Reich.

Joyce traduit et transmet aussi des écrits pour le compte de l'organisation allemande du « Büro Concordia ».
Celle-ci dirige des « réseaux de propagande noirs » secrets dont certains comme le NBSS (New British Broadcasting Station) émettent illégalement depuis février 1940, de l’intérieur de la Grande-Bretagne. Entre 1943 et 1944, il participe en se rendant auprès de prisonniers de guerre britannique, au programme de propagande et de recrutement du British Free Corps de John Amery.
Il écrit également un livre intitulé « Twilight over England » dans lequel il compare et critique les maux d’une Grande Bretagne capitaliste dominée par les juifs au succès de la politique nationale socialiste de l’Allemagne. La promotion de ses écrits sera d’ailleurs faite par le Ministre du Reich à l’Éducation du peuple et à la Propagande du Dr Goebbels.
Il continuera ses émissions de propagande alors que la bataille de Berlin fait rage. Mais il est fatigué et quelque peu démoralisé. Le 22 avril 1945 il écrit ceci dans son journal personnel:
- « Tout cela a-t-il valu la peine ? Je pense que non. Le National-socialisme est une cause parfaite, mais la plupart des Allemands, heureusement pas tous, sont des imbéciles aux mains ensanglantés.»


La dernière intervention de Joyce aura lieue le 30 avril 1945 et sera en théorie diffusée le premier mai (une bande trouvée à radio Hambourg, à Apen, atteste du discours mais on ne sait toujours pas s’il fut réellement diffusé). D’une voix épuisée, certainement ivre, il s’adresse une dernière fois à la Grande Bretagne, invoquant la responsabilité de ses dirigeants dans l’effondrement de l’Allemagne.

Il clame également que cette guerre mènera les Anglais à leur perte et qu’elle laissera le pays sans ressources, met les Anglais en garde contre la menace soviétique. Il salue les soldats européens qui ont fait le sacrifice de leur vie pour protéger l'Europe du communisme et termine son discours d’un retentissant « Heil Hitler » et dit adieu.

Le 2 mai, ce sont des soldats britanniques qui investissent les studios de radio Hambourg et de cet endroit, le 4 mai, les anglais émettent un « Germany calling » parodiant toute l’action de William Joyce. Les scripts et le microphone utilisés par Joyce seront saisis par le soldat Cyril Millwood. Ils ne reparaîtront qu’après la mort du vétéran. Jamais, au cours de la guerre, Joyce et Adolf Hitler ne se seront rencontrés. Pourtant, impressionné par ses performances d’orateur, le chancelier du Reich lui fera décerner la « Kriegsverdienstkreuz » (croix du mérite de guerre) de seconde classe, puis en septembre 1944, celle de première classe.

L’arrestation, le procès controversé et l’exécution.

A la fin de la guerre, William Joyce est arrêté par les troupes britanniques à Flensburg, près de la frontière danoise. Contrôlé, il engage la conversation avec des soldats qui le prennent pour un banal civil allemand. Mais deux officiers non loin de là ont reconnu sa voix si caractéristique. Ils s’approchent de lui et lui demande s’il n’est pas « Lord Haw-Haw ». Joyce prétend alors qu’il est instituteur et met la main à sa poche pour présenter un faux passeport. Un des officier fait alors feu sur lui, pensant qu’il est armé et le blesse aux fesses. Il est ramené en Grande-Bretagne sur une civière pour y être jugé.

L’arrestation de Joyce est un triomphe pour les services spéciaux anglais qui préparaient un dossier d’instruction contre lui depuis 1943. Devant le ministère public, Joyce devra répondre de trois chefs d’accusation :


- William Joyce entre le 18 septembre 1939 et le 29 mai 1945, étant une personne devant fidélité à notre Seigneur le Roi et pendant qu'une guerre était menée par le Royaume allemand contre notre Roi, a vraiment trahi au profit des ennemis de l’Empire en faisant de la propagande radiophonique.

- William Joyce, le 26 septembre 1940, étant une personne devant fidélité à son roi, a fait allégeance à l’ennemi en prétendant devenir naturalisé et sujet de l'Allemagne.

- William Joyce, entre le 18 septembre 1939 et le 2 juillet 1940*, étant une personne devant fidélité à notre Seigneur le Roi et pendant qu'une guerre était menée par le Royaume allemand contre notre Roi, a vraiment traîtreusement aidé l’ennemi par sa propagande radiophonique.

* date de fin de validité de son passeport britannique.

Mais pour la justice britannique, accuser Joyce de haute trahison est difficilement réalisable pour diverses raisons techniques. D’abord Joyce, né aux Etats-unis, est Irlandais d’adoption et a acquis la nationalité allemande en septembre 1940. Lorsque le procès s’ouvre en septembre 1945, la défense rappelle immédiatement que les condamnations pour trahison sont strictement réservées à des ressortissants britanniques. Les avocats de William Joyce insistent sur le fait qu’il n’a jamais obtenu officiellement la nationalité britannique et qu’en tant qu’étranger, il ne devait donc aucune allégeance à la couronne et ne pouvait pas trahir un pays qui n’était pas le sien. Il sera donc acquitté pour le premier et second chef d’accusation. Face à l'évidente inapplicabilité des charges pesant contre Joyce, la justice s’obstine et ne veux pas démordre. Elle met tout en œuvre pour trouver une faille dans la défense. Elle parvient à prouver qu’il avait bien acquis la nationalité britannique en prétextant que, vers la fin des années 1930, il avait fait falsifier un passeport à son nom et l’avait fait proroger avant de quitter le territoire de la Grande-Bretagne en 1939. C’est sur cette base très discutable que William Joyce sera accusé de haute trahison. Le Procureur Général, Sir Hartley Shawcross, a ainsi prouvé avec succès que Joyce, en possession d'un passeport britannique, même s'il avait falsifié sa nationalité pour le recevoir, était bel et bien soumis à la protection diplomatique britannique en Allemagne et qu’il devait donc bien fidélité au Roi pendant la validité de fameux passeport! Il est à noter que la peine ordinaire pour faire une fausse déclaration sur un passeport était à l’époque une amende d’un montant de deux livres sterling. Dans le cas de Joyce, elle lui coûtera la vie… Quentin Joyce fera également tout ce qu’il pourra pour tenter de disculper son frère aîné William mais ce sera peine perdue. Le 19 septembre 1945, devant le tribunal de Old Bailey, sur un détail technique, William Joyce est reconnu coupable du troisième chef d’accusation et condamné à la mort par pendaison. Ses tentatives d’appel seront rejetées par la Cour d'appel le premier novembre et le 13 décembre 1945 par la Chambre des lords par quatre votes contre un. Sa condamnation, au-delà des invraisemblances juridiques, a surtout étonné par son extrême sévérité pour en fait un simple commentateur radio aux idées extrémistes infâmes. La popularité et le charisme de Joyce sont sans doute à l’origine du châtiment exemplaire qui lui fut réservé mais des personnalités de premier plan comme Winston Churchill, raillées en permanence par « Lord Haw Haw » n’ont probablement pas dues être étrangères au dénouement du procès, tout simplement par pure vengeance. A l'annonce du rejet de l’appel de Joyce, de nombreuses personnes interviendront en sa faveur, manifestant jusque devant le Palais de Buckingham. On y remarquera même le duc de Bedford dénonçant la future exécution comme un crime.


William Joyce est pendu à 9 heures du matin, le jeudi 3 janvier 1946 à la prison de Wandsworth de Londres. Il n’est âgé que de 39 ans. Son exécution est confiée au bourreau Albert Pierrepoint assisté par Alexander Reilly. Fier et droit, il n’aura aucune repentance :

- « Dans la mort comme dans la vie, je défie les Juifs qui ont provoqué cette dernière guerre, je défie les forces obscures qu'ils représentent et je mets en garde le peuple britannique contre l’impérialisme expansionniste de l'Union soviétique. La Grande Bretagne doit être de nouveau grande devant la plus grande menace qu’ait connue l’Ouest. Relevez-vous de la poussière et vous vaincrez encore. Je suis désolé pour les fils de l’Angleterre qui ont donné leurs vies pour rien ».

Malgré les supplications de l’aumônier protestant qui l’accompagnait, Joyce voulu mourir dans la foi de sa mère, l'Église de l'Irlande. Il fut ensuite enseveli dans l’enceinte de la prison. Son corps sera exhumé en 1976 pour être transporter au cimetière de Bohermore, dans le comté de Galway, en Irlande. Joyce fut l’avant-dernier condamné pour haute trahison en Angleterre. Son exécution sera suivie le lendemain par celle de Théodore Schurch, à la prison royale de Pentonville, à Barnsbury, quartier Nord de Londres. Etrangement et bien qu’il l’eut envisagé, le ministère publique n’entama pas de poursuite contre la femme de Joyce, Margaret. Celle-ci avait pourtant pris la fuite avec lui en Allemagne. Certain y virent une mesure de « Clémence » prise lors d’un memorandum secret, alors que la décision d’exécuter Joyce avait été prise. Margaret Joyce s’est éteinte à Soho, sans avoir été inquiétée, en 1972.

Sources :
livres : Nazi Wireless propaganda "Lord Haw-Haw" ans british public opinion in the second world war de M.A. Doherty

web :
http://en.wikipedia.org/wiki/William_Joyce
http://findarticles.com/p/articles/mi_qa3724/is_200311/ai_n9318111/pg_2/?tag=content;col1
http://www.mary-kenny.com/germany_calling_lord_haw_haw.htm
http://www.crimeandinvestigation.co.uk/crime-files/william-joyce-lordhaw haw/biography.html;jsessionid=E35B46CD12DB6A96E89DCE9DF4D9EF6A
http://www.statesecrets.co.uk/who/index-j.html
http://en.metapedia.org/wiki/William_Joyce
http://www.earthstation1.com/Lord_Haw_Haw.html

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