I) Patton avant la Normandie
George Smith Patton Junior naît le 11 novembre 1885 à San
Gabriel en Californie dans une riche famille. Ses parents lui assurent
jusqu'à l’âge de 12 ans une éducation fondée
sur la littérature, la mythologie, l’histoire et la morale
chrétienne.
Il intègre une scolarité dite classique en 1897 en étant
analphabète mais avec un corps d’athlète très
développé.
Il intègre West Point en 1904. Il ne s’y fera pas remarquer
pour ses qualités intellectuelles mais surtout pour son physique.
Il sort de cette prestigieuse école avec la promotion 1909 en
tant que sous lieutenant de cavalerie, arme qui deviendra sa favorite
et dont il va s’atteler au développement. Grâce à
ses relations il va devenir aide de camp du Général Pershing
et gagne l’amitié d’Henry Stimson qui lui sauvera
la mise à plusieurs reprises lors de la seconde guerre mondiale.
En 1916 il participe à la campagne américaine contre le
révolutionnaire Pancho Villa. Il y développera sa vision
de la cavalerie américaine, vision qu’il mettra en place
plus tard lorsqu’il en aura la possibilité.
Il rejoint la France en 1917 lors de la 1ère guerre mondiale
et choisit d’intégrer le nouveau Tank Corps qui n’existe
alors que sur le papier. Fin septembre 1918, il participe à la
bataille de St Mihiel où la performance de son corps sera très
en deçà des objectifs visés et où la tenue
de Patton sur le champ de bataille sera jugée trop provocante
envers l’ennemi.
Il finit la guerre comme colonel mais est rétrogradé à
son grade d’avant guerre après la fin du conflit à
cause de ses excès.
Pendant l’entre deux-guerre, Patton est complètement démoralisé
car l’armée américaine ne s’intéresse
pas à la cavalerie blindée. Il rejoint la cavalerie traditionnelle
et est à 2 doigts de prendre sa retraite de colonel lorsqu’un
certain George Marshall lui donne l’ordre en 1938 d’intégrer
son état-major.
En 1940, alors que le Blitzkrieg fait rage en Europe, Patton voit l’opportunité
qui lui est offerte de défendre la cavalerie blindée et
se retrouve à la tête d’une brigade de la 2nd Armored
Division qui vient tout juste d’être créée
à Fort Benning.
Lors de l’entraînement de cette division dont il obtiendra
le commandement en même temps que son grade de général,
il reçoit le surnom de « Old Blood and Guts » (sang
et tripes) de la part de ses hommes, ce qui en dit long sur le personnage.
En Janvier 1942, Patton reçoit le commandement du 1st Armored
Corps qui n’est qu’embryonnaire pour l’instant et
ce, toujours à Fort Benning. Sa prise de fonction annoncée
pour le 15 à 11h est réglée comme du papier à
musique et il va surprendre une fois de plus les officiers qu’il
aura sous ses ordres en limitant le discours mais en exigeant d’eux
des prouesses physiques ou en leur proposant un ordre de transfert déjà
signé. Il est chargé par le haut commandement d’organiser
un Desert Training Center afin de former au mieux des soldats au combat
dans ce milieu hostile car les Etats-Unis ne peuvent à court
terme engager le combat que sur ce terrain. Un débarquement en
Europe est repoussé au mieux pour 1943 et l’US Army ne
fait pour l’instant que subir dans le pacifique. Sur un terrain
de 50 000 km² surnommé la petite Libye, Patton va organiser
en trois semaines, 13 exercices qu’il observe scrupuleusement
et où il intervient n’importe quand et avec n’importe
quels moyens. Il astreint ses hommes à une vie très spartiate
sous la tente avec le minimum de ressources. Tobrouk tombe en Juin 1942
et Churchill vient demander de l’aide aux Etats-Unis. Marshall
offre l’aide d’une division blindée entière
mais Patton, à qui l’on demande l’avis, renchérit
en disant qu’il faut deux divisions soit un corps blindé.
Suite à cela, il est renvoyé dans le désert.
Au cours du 2ème semestre 1942, Patton reçoit le commandement
de la Western Task Force chargée de débarquer au Maroc
lors de l’opération Torch le 8 Novembre 1942. Il prend
rapidement conscience que le premier obstacle sur sa route n’est
autre que l’US Navy et les deux armes ne se rendent pas compte
de la préparation à effectuer et qu’elles vont devoir
travailler ensemble. Dès le 10 Novembre et faute de moyens de
communications, Patton doit jouer les diplomates avec le commandement
français au Maroc. Sa connaissance de la langue et ses manières
fort peux normalisées lui permettent de raccourcir les négociations
et de se passer d’acte officiel pour amener le Maroc dans le camp
allié. Surviennent ensuite des tensions avec les Britanniques
dont Patton s’est toujours méfié. Il est alors convaincu
qu’Eisenhower leur est inféodé. Début 43,
la présence de Patton est requise à Casablanca pour la
préparation de la conférence interalliée. La 1ère
armée britannique ne progresse plus en Tunisie face à
Rommel qui de son côté reçoit des renforts. Vient
ensuite la bataille de Kasserine où les Américains perdent
10000 hommes dont 6000 tués ainsi que 1000 véhicules dont
300 chars. Cet échec verra le limogeage de Fredendall qui les
commandait. Après cette bataille Patton reprend les choses en
main et conduit le 2ème corps à la victoire au côté
des Britanniques en Tunisie.
Le 10 Août 1943, le débarquement en Sicile (nom de code
: opération Husky) est déclenché. Cette mission
confiée au XVème groupe d’armées allié
commandé par le général Alexander. Il comprend
la 8ème armée britannique commandée par Montgomery
et la 7ème armée US commandée par Patton. Les 2
hommes se livreront à compétition farouche pour la capture
de Messine qui doit clôturer la prise de l’île. La
prise de la ville interviendra le 17 août par les forces américaines
devançant de peu les Tommies. La gloire qui en est tirée
rejaillit sur Patton avant sa descente aux enfers suite à l’affaire
des gifles sur des soldats ayant des troubles psychologiques dûs
aux combats. Cette affaire éloignera le général
du front pendant un an et verra la nomination de Bradley comme commandant
pour le débarquement en Europe. Cette opération ne sera
qu’un demi-succès puisque 120 000 Allemands réussiront
à évacuer l’Italie qui constitueront un solide front
défensif en Italie.
Début 1944, Patton reçoit le commandement de la 3ème
armée alors que les composantes sont encore aux USA. Il entre
de plain pied mais aussi à contre cœur dans Fortitude et
doit faire croire que le FUSAG (First USArmy Group) est en pleine préparation
pour une invasion dans le Pas-de-Calais. A cette fin, des milliers d’engins
factices, en caoutchouc pour la plupart, des bateaux maquillés
sous pression, des mouvements de troupes ainsi qu’une intense
activité radiophonique sont mis en place, le tout habilement
relayé par des agents retournés contre l’Allemagne
et par les avions de reconnaissances allemands qui ne sont pas inquiétés.
II) La 3ème Armée : De la Normandie à la Meuse
Général
Walker
Au 1er Juillet
1944, la 3ème Armée américaine est composée
de 3 corps : le XVème constitué des 5, 8, et 35ème
Infantry Division ainsi que de la 4ème Armored Division, le XIIème
constitué de la 80ème I.D et de la 5ème A.D et
le XXème corps du général Walker constitué
de la 28ème I.D ainsi que des 6 et 7ème A.D. Cette composition
sera constamment bousculée dans les premiers temps de l’engagement
de la 3ème Armée. Le 3 Juillet, Patton débarque
en Normandie pour prendre la tête de son armée. Même
s’il a des solutions à pratiquement tous les problèmes
rencontrés sur le terrain, sachant sa position délicate,
il va tout faire pour ne pas contrarier ses supérieurs.
A ce moment, les Américains sont piégés dans le
bocage normand et chaque progression se fait au prix de pertes vertigineuses
vu que le terrain composé de haies et de chemins étroits
se prête admirablement bien à la défense et aux
embuscades. Les troupes allemandes sont plus expérimentées
et sont armées des terribles Panzerschreks et autres canons de
88. Fin Juillet, Bradley met au point l’opération Cobra
qui va permettre la percée d’Avranches. Il va déclencher
l’enfer par un bombardement apocalyptique sur un quadrilatère
compris entre les villages de La Chapelle en Juger et Hébécrevon.
Il prend alors en charge le XIIème Army Group le 1er Aout et
Patton peut enfin exprimer tout son génie tactique avec la 3ème
Armée.
La progression de la Normandie à la Meuse peut-être découpée
en cinq phases distinctes.
- La libération de la Normandie avec l’opération
Cobra
- La Libération de la Bretagne avec le siège des principaux
ports de l’Atlantique (Brest, Lorient, St Nazaire…)
- La fermeture de la poche de Falaise après l’opération
allemande Lüttich
- La course vers la Seine et Paris
- La chevauchée jusqu'à la Meuse
Après Cobra et la percée d’Avranches, les Allemands
ne sont toujours pas au tapis. Patton, afin de foncer brides abattue
vers la Bretagne pour réduire les garnisons qui tiennent les
principaux ports en eaux profondes, doit faire passer un maximum de
troupes et de véhicules en un minimum de temps .En peu de temps
la 6ème A.D est devant St Malo et la 4ème A.D devant Rennes
mais hors de portée de communications ce qui lui complique un
peu la tâche. Patton, qui ne pense qu’à foncer à
l’est avec son armée doit encore être prudent et
se contente de déployer une partie de la 5ème ID au sud
de la Loire alors que les plans d’Overlord ne sont plus d’actualité
puisque la prise de Caen se fait désirer. Le 3 Aout, le VIIIème
corps du général Middleton est chargé seul de nettoyer
la Bretagne.
Le 7 Aout Hitler, qui a pris les choses en main, lance deux armées
dans la contre-offensive de Mortain au lieu de se replier sur des bases
solides. Les Alliés, avec les forces du Commonwealth au nord
et la 3ème Armée au sud, décident de les encercler
en refermant la poche de Falaise pendant que la 1ère Armée
doit supporter le choc de l’offensive. Une mauvaise coordination
des troupes ou la frilosité de Bradley va laisser béant
un trou de 20km pendant plusieurs jours, permettant à des milliers
de soldats Allemands de se replier et d’échapper à
la capture même si la Wehrmacht déplore plus de 100 000
pertes.
Il faudra attendre le 16 Aout pour voir la fermeture de la poche. Patton
est obnubilé par sa progression à l’Est et guigne
sur Paris dont il accrocherait bien la libération à son
tableau de chasse mais le 17 Aout, Eisenhower transfère à
la 1ère Armée, le XVème corps dont la 2ème
DB fait partie. Cette dernière fonce vers Paris et en achève
la conquête le 25 Aout.
Cette chevauchée n’a été rendue possible
que parce que le général s’est appuyé sur
les renseignements et les coups de force du XIXème Tactical Air
Command du général Otto Weyland.
Mais c’est justement à cette période, vers le 28
Aout, que les premiers problèmes de ravitaillements se font sentir.
Ce ne sont pas tant les quantités qui sont en cause que les moyens
de locomotion pour les acheminer. En effet, la rapide poussée
des Alliés vers l’Est a rendu les plans du SHAEF caducs.
Afin d’asphyxier les Allemands, des bombardements massifs ont
détruits toutes les voies de communications et surtout le réseau
ferré. Ce n’est que le 6 Septembre que le premier train
atteindra la 3ème Armée alors entre Verdun et Metz. Une
noria de camion appelée Red Ball Express est mise en place à
grande échelle mais avec un délai de livraison plus long
depuis le port de Cherbourg et le prélèvement des camions
nécessaire sur le front. Cette improvisation du Génie
américain ne parviendra pas à complètement compenser
les besoins. De plus, les principaux ports français sont toujours
occupés par les Allemands, et une lutte sans merci entre Britanniques
et Américains se tient pour l’attribution des stocks disponibles.
Montgomery est considéré prioritaire par Eisenhower pour
qu’il puisse arriver le plus rapidement possible à Anvers
et s’emparer du port. Le ravitaillement de la 3ème Armée
est assuré par son G-4, le colonel Walter Muller, à ce
poste depuis 1941. Il est considéré comme un « ramasse-tout
» et nombres de plaintes à son sujet pour détournement
seront aussi vite oubliées. Pour donner une idée des chiffres,
la 3ème Armée consomme 400 000 gallons d’essence
par jour mais le 30 Aout, les livraisons ne sont plus que de 32 000
gallons/jour.
Le 31 Aout, le 11ème Infantry Regiment Combat Team se fraye un
chemin à travers la 7ème A.D et vers 19 h n’est
plus qu’a une dizaine de km de Verdun. Apprenant qu’un pont
sur la Meuse est encore intact, le 1er bataillon fonce vers la ville
et trouve 3 chars du Combat Command A de la 7ème A.D accompagné
d’une compagnie de la 40ème Armored Infantry.
Les Américains s’installent à l’Hôtel
Bellevue où une lutte pour le contrôle de la cave a lieu
avec les FFI.
III) La préparation de la bataille : les forces en présences
General von Knobelsdorf
Lors
de sa gigantesque retraite commencée en Juin, l’armée
allemande a perdu au moins 500 000 hommes et n’a pu sauver qu’une
centaine de chars.
Par rapport aux deux millions d’hommes sur le front de l’Est,
seuls 700 000 sont engagés à l’Ouest. Début
Septembre, le Général Model prend le commandement du Heeresgruppe
B. La 1ère Armée allemande est au bord de l’épuisement
et n’arrive pas à engager des combats retardateurs efficaces
face à la progression alliée. Le 6 Septembre, le Général
Von der Chavallerie est remplacé par le Général
Von Knobelsdorf qui vient du front de l’Est.
Des renforts de la 3 et 5ème Panzergrenadier-Division arrivent
d’Italie. Se trouve aussi sur la ligne de défense, la 17ème
SS-Panzergrenadier-Division Götz Von Berlichingen mais elle aussi
est épuisée. Cette 1ère Armée ne rassemble
pas d’unités complètes mais une fois en position
défensive sur la Moselle, elle est solidement installée
derrière les différentes barrières défensives
naturelles et humaines.
Entre Metz et Thionville se trouve le LXXXIIème Korp allemand
commandé par le Général der Artillerie Johann Sinnhuber.
Les renseignements américains prévoient que les Allemands
vont se replier jusqu’au Westwall (Ligne Siegfried) et ne mener
que des combats retardateurs. Mais le 24 Août, Hitler ordonne
la création du West-Stellung (Position de l’ouest). Le
Gauleiter Bürckel qui administre la région de Metz reçoit
la mission de mobiliser la population pour la création d’ouvrages
défensifs et des ordres sont donnés pour la remise en
état rapide des fortifications de Metz et Thionville.
Hitler et le haut commandement veulent que Metz soit transformée
en forteresse et, quitte à se faire encercler, fixe le maximum
de soldats et de moyens Alliés pendant le maximum de temps car
Hitler a déjà dans l’idée de déclencher
une contre-attaque dans les Ardennes. Il faudra 10 semaines à
Patton pour prendre la ville et 14 semaines pour se débarrasser
des derniers forts en résistance.
Le 2 Septembre, le LXXXIIème AK est remplacé par le XIIème
SS-Panzer-Korp du Général Priess. Ce n’est un corps
SS que sur le papier vu que ses différentes composantes viennent
de la Heer. Le Général Sinnhuber nomme le Général
Krause à la tête de la forteresse et ce dernier décide
de former une division à 3 régiments. Il s’agira
du Fahnenjunker Regiment (Régiment d’élèves
officiers) appelé aussi Kampfgruppe von Siegroth, composé
de 1800 hommes puis d’un rajout de 1500 soit plus de 3000 hommes
expérimentés. Se rajoutent à cette division le
1010ème régiment de Sécurité commandé
par le Lieutenant-colonel Richter composé de 500 hommes mais
à faible valeur combattante et le 3ème Régiment
composé de l’Unterführerschule (école de sous-officiers)
de la XIIème Région Militaire, commandée par le
Colonel Wagner et forte de 1500 hommes.
Dans l’intervalle, se trouve la 462ème Division forte de
14000 hommes. L’école des transmissions dépendant
de la Waffen SS a son PC au centre ville et forme un bataillon à
4 compagnies. Au nord de Maizières-lès-Metz, se tient
la 559ème Volksgrenadierdivision mais trop étendue, elle
se révélera assez faible. Le vrai danger vient de la 106ème
Brigade blindée Feldherrnhalle composée de 3 groupes de
chocs et dotée de chars Panther et de Panzerwagen 251. Même
si les Allemands profitent au maximum des problèmes de ravitaillements
Alliés pour remettre les forts en état, ces derniers à
l’abandon presque total et fortement désarmés n’ont
plus qu’une faible puissance de feu. Cependant, les défenseurs
vont utiliser au mieux le terrain et l’inexpérience des
Américains dans la guerre de siège.
Du côté de la 3ème Armée, Patton vient de
recevoir ses ordres qui consistent à s’emparer d’une
zone géographique
« banane » allant du nord de Mayence au Sud de Karlsruhe
en passant par Mannheim.
Pour ce faire, début Septembre, le XIIème A.C du Général
Eddy reçoit pour mission de traverser la Moselle au niveau de
Nancy en partant de Troyes. La 80ème I.D se positionne au niveau
de Pont à Mousson et la 4ème A.D au niveau de Toul. Quant
au XXème A.C du Général Walker, il doit traverser
la Moselle le plus rapidement possible au niveau de Metz et s’emparer
le plus vite possible de la ville que les renseignements américains
jugent pratiquement abandonnée par les forces allemandes.
Sa 90ème I.D se met en mouvement de Reims en direction de Briey
alors que les 5ème et 7ème A.D progressent sur les axes
Verdun-Metz.
Le problème réside dans la trop grande confiance qu’ont
Patton et Walker à franchir l’obstacle qu’est la
Moselle. Aussi bizarre que cela puisse paraître la 3ème
Armée n’a pas de cartes plus précises que des cartes
routières Michelin au 1/100000ème qui ne sont pas du tout
adéquates pour la guerre de siège qui va être menée.
Les deux ceintures fortifiées sont vaguement représentées,
sans plus. Vu que la ceinture externe est dissimulée sous la
végétation, la reconnaissance aérienne ne sert
à rien.
Le 6 Septembre, une puissante force de reconnaissance de quatre colonnes
est envoyée vers Metz mais tombe sur les premiers avant-postes
allemands au niveau de Mars–la-Tour. Cette force est chargée
de trouver des points de franchissement alors que les Allemands ont
déjà détruit tous les ponts. Le CCA de la 7ème
A.D se dirige vers le nord et tente de rejoindre Mondelange avant d’atteindre
la route menant à Maizières-Lès-Metz. Il trouve
un point de franchissement à Hauconcourt mais doit attendre les
ponts mobiles. Le CCB fonce quant à lui vers le sud à
travers des ravines étroites et tombe sur des mines et autres
armes antichar. Ils est alors accrochés par des éléments
du Fahnenjunker Regiment.
IV) La traversée de la Moselle
Le 7 Septembre, le CCB du Général Thompson et la 5ème
I.D du Général Irwin arrivent à Dornot sur la rive
ouest de la Moselle. Aucun des deux ne s’attend à y trouver
l’autre. Sans embarcation, les blindés sont bloqués
dans les rues étroites et en pente de Dornot. A midi le Général
Irwin donne l’ordre au Colonel Yuill du 11ème I.R d’avancer
au travers de la 7ème A.D. Le soir le 2ème Bataillon reçoit
l’ordre de traverser. Il faut savoir que la météo
est absolument exécrable et que les routes transformées
en bourbier vont poser de gros problèmes aux véhicules.
Après avoir quitté le village, les GI’s devront
traverser une route ainsi qu’une voie ferrée et ensuite
une bande marécageuse soit environ 500m plus ou moins à
découvert sous le feu des troupes allemandes situées bien
en hauteur sur la rive opposée. De plus, le tout encadré
par le G.F Driant au nord et le GF Verdun (Fort St Blaise et Fort Sommy)
qui constituent un des objectifs de la tête de pont.
Traversée
de la Moselle


Le 8 Septembre vers 6h, le plan d’attaque est fixé. Le
11ème I.R et le 23ème A.I.B traverseront au même
endroit et se rejoindront dans le bois du fer à cheval sur l’autre
rive. Les premiers devront prendre le fort St Blaise tandis que les
seconds obliqueront plein nord vers Jouy aux Arches. Le 3ème
Bataillon qui doit arriver en renfort devra s’occuper du Fort
Sommy.
Le temps que les embarcations d’assaut et l’artillerie de
soutien soient en place, il est déjà 10h45 et lorsque
les 3 premières compagnies traversent, elles sont accueillies
par un déluge de projectiles en tout genre (mortiers, mitrailleuses,
snipers…).
En début d’après-midi, les compagnies F et G plus
quelques armes lourdes ont traversé, bientôt suivies par
la E et quelques hommes de l’infanterie mécanisée.
En fin d’après- midi, les compagnies F et G se dirigent
vers le Fort St Blaise sans rencontrer de résistance mais devant
les obstacles à franchir (palissade de 4m, fossé de 15m
de large et de 5 de profondeur) ainsi que le témoignage d’un
prisonnier qui le dit occupé par 1500 Waffen-SS, l’officier
commandant décide de battre en retraite. En fait le fort est
inoccupé à ce moment là. Voulant se replier il
demande un barrage d’artillerie qui ne fait que déclencher
une riposte allemande. C’est une retraite sur plus de 2000m sous
un feu ennemi très dense que les survivants des 2 compagnies
vont faire pour retrouver un abri sommaire dans le bois du fer à
cheval, rejoignant la E et la K. Ces 4 compagnies vont transformer cet
endroit en point d’appui sommaire pour résister aux contre-attaques
allemandes. Aucun renfort ne sera envoyé aux hommes sur place
en dehors d’un peu de ravitaillement à la faveur de la
nuit.
Le 9 Septembre, il est décidé que cette tête de
pont doit être maintenue coûte que coûte pour faire
diversion car une traversée plus au sud-est sur le point de se
faire. Toutes les contre-attaques allemandes vont se solder par de lourdes
pertes à cause de tactiques suicidaires. Le 10 Septembre, le
franchissement à hauteur d’Arnaville est pratiquement opérationnel
et la tête de pont de Dornot n’est plus utile. Il est décidé
de procéder à l’évacuation une fois la nuit
tombée, après 21h, alors que les Allemands ont prévu
une attaque à 23h. Le bilan de cette opération ratée
par manque de coordination et de préparation est très
lourd. La plupart des officiers ont étés tués et
il sera retenu un total de 945 tués, blessés ou disparus.
La tête de pont d’Arnaville est envisagée dès
le 8 Septembre lorsque le Général Irwin se rend compte
qu’a Dornot, il n y a tout simplement pas assez de place. Le Colonel
Bell commandant le 10ème I.R doit monter l’opération
et s’accorde le temps nécessaire à la préparation
afin d’éviter un remake de Dornot. L’attaque débute
le 10 Septembre juste après minuit et chaque bataillon doit occuper
une des hauteurs entourant le lieu de la traversée. Cette opération
est soutenue par 13 groupes d’artillerie ainsi qu’une compagnie
génératrice de brouillard artificiel qui vont empêcher
les canons sous tourelles du Fort Driant de faire du tir au pigeon.
Des cartes au 1/25000ème sont mêmes distribuées.
Toute la journée du 10, les hauteurs capturées sont attaquées
plus ou moins en force par les Allemands mais ceux-ci ne peuvent que
contenir l’avancée américaine et seule la ferme
Voisage qui servait de point fortifié est capturée.
Ainsi le 11 Septembre, la 5ème I.D a environ 3 bataillons dans
un secteur de 4 km² alors que le XIIème corps à une
tête de pont au niveau de Pont-à-Mousson. Les sapeurs du
génie vont lancer un pont pour faire traverser la Moselle aux
véhicules et ainsi poursuivre l’offensive mais l’interruption
de l’écran de fumée autorise les tirs du Fort Driant
qui pilonne la position.
La tête de pont est officiellement en place le 17 Septembre après
des combats acharnés, le tout avec des unités décimées
et au bord de l’épuisement.
V) L’avancée de Septembre
Après les premiers contacts avec les différentes unités
allemandes sur les bords de la Moselle, Patton et Walker sont bien décidé
à boucler la prise de Metz le plus vite possible mais la traversée
de la rivière leur à déjà donné un
goût amer et les évènements du mois en cours ne
vont pas les rassurer.
Le XIIème A.C du Général Eddy lance le plan de
capture de Nancy le 4 septembre avec la 80ème I.D venant de Toul
et la 35ème I.D assurant l’encerclement par le sud. Cette
division est repoussée par la 3ème Pz.G.D et doit attendre
le 15ème C.A (79ème I.D et 2ème D.B française)
pour reprendre son mouvement. Le 15, la 80ème I.D établit
une tête de pont à Dieulouard avec l’aide du C.C.A
de la 4ème A.D. La 35ème I.D fait de même à
Dombasle. LES FFI locaux renseignent les Américains dès
le 11 et empêchent les FTP de déclencher une insurrection
prématurée le 13. Le 15 à 11 heures, les GI’s
entrent dans la ville.
Le 7 Septembre, l’avancée du 2ème I.R est bloquée
par les positions défensives entre Gravelotte et Amanvillers
du Fahnenjunker-Regiment qui connaît parfaitement le terrain puisque
c’était un de ses lieux d’entrainements. Le 9, une
partie du CCA est détachée au général Irwin
pour continuer sa progression mais le terrain et la météo
sont défavorables aux blindés qui se prennent une grêle
de projectiles venant des hauteurs de St Privat. Les unités d’infanterie
ne gagnent difficilement que quelques centaines de mètres.
Ces combats ressemblent aux combats de 1870 où les défenseurs
avaient l’avantage du terrain. Il faut imaginer qu’en quelques
nuits, et ce dès l’ordre de transformer Metz en forteresse,
tous les passages furent truffés de dizaines de milliers de mines
et de pièges allant jusqu’au tronc des arbres, toutes les
bâtisses et fermes fortifiées du secteur (ferme Moscou
et Leipzig…) furent transformées en fortins avec mitrailleuses,
mortiers et surtout canons antichars.
Le 8 Septembre, les premiers éléments de la 90ème
I.D arrivent près du secteur fortifié ouest de Thionville
mais dans la nuit, la 106ème Panzer Brigade S.S s’infiltre
entre les régiments de la division américaine et attaque
par hasard son P.C qui tient le carrefour stratégique entre Aumetz
et Briey. Elle tombe sur un bataillon du 358 I.R ainsi que sur l’artillerie
blindée. Une bataille d’une grande violence se déroule
mais les éléments américains, aguerris depuis leur
débarquement à J et J+1, vont pratiquement anéantir
la Panzer Brigade qui va perdre une trentaine de chars, 60 half-tracks
et une centaine d’autres véhicules… Briey est pris
par le 357ème I.R avec l’aide du 712ème Tanks Bataillon.
Le CCA de la 7ème A.D coupe les routes de retraite au niveau
de Mondelange ce qui va permettre à la 90ème I.D de prendre
la vallée de la Fensch, de contourner Thionville par le Sud-ouest
et de faire la jonction avec le CCB. Les unités américaines
vont encercler complètement la ville après avoir pris
toutes les communes l’entourant. Le 12, en dehors du centre ville
dont la gare fortifiée qui est pilonnée par les forts
d’Illange et de Yutz et la partie orientale, le reste est globalement
sécurisé. La bataille de Thionville n’est pas complètement
terminée mais seul un régiment aidé par des Francs-tireurs
tiendra le secteur. Le reste de la division part vers le sud pour participer
aux combats au nord de Metz.
A la mi-septembre, le commandement de la 3ème Armée est
obligé de tirer un premier bilan qui n’est pas très
encourageant par rapport aux prévisions de chevauchées
fantastiques prévues par Patton. La Moselle à été
franchie à hauteur de Pont-à-Mousson et d’Arnaville
au sud de Metz et la ville fortifiée de Thionville est pratiquement
nettoyée de ses défenseurs. Mais le gros point noir réside
dans les pertes catastrophiques des unités américaines.
La 5ème I.D du général Irwin à perdu plus
de la moitié de ses forces et le terrain, aussi bien piégé
par les Allemands que par la météo, à empêché
la 7ème A.D de progresser. Walker doit gérer avec son
XXème corps un front de 65 km et se rend compte que la manœuvre
d’encerclement initialement prévue de Metz est irréalisable
dans ces conditions. Plusieurs explications sont disponibles.
Les cinq jours de pénurie de carburant ont effectivement permis
aux allemands de constituer des lignes de défenses solides mêmes
si tous les forts sont loin d’être à leur potentiel
maximum mais le facteur déterminant de cet « échec
» reste la mauvaise étude du champ de bataille ainsi que
des plans. La sous-estimation des forces ennemies est également
non négligeable même si ce n’est qu’un ensemble
hétéroclite de soldats et d’unités diverses.
A partir du 10 Septembre, les têtes de l’état major
commencent à bouillir avec la question du ravitaillement des
1ères et 3èmes Armées alors que Market Garden pointe
déjà le bout de son nez. Patton va se battre bec et ongles
pour obtenir plus de munitions et de pétrole en avançant
des objectifs ambitieux alors que ce sont les hommes qui font défaut
en premier.
Progression
en septembre

Le 14 Septembre, Walker donne ses nouveaux ordres qui doivent amener
le XXème A.C à se regrouper pour relancer l’offensive
alors bien mal en point. La 7ème A.D doit se rassembler en traversant
la tête de pont, progresser vers l’est et obliquer vers
le nord pour écraser le font allemand le long de la Moselle et
commencer à encercler la ville. Ceci permettra à la 90ème
I.D de traverser sans opposition le secteur de Thionville. Le 358ème
I.R de la 90ème va tenir la rivière entre Thionville et
Uckange, le 357ème I.R va se mettre en position en surplomb de
Maizières-Lès-Metz jusqu’au premier abord du périmètre
fortifié se St-Privat et le 359ème I.R se trouve face
aux forts principaux jusqu’à Gravelotte.
Pendant ce temps, du côté allemand, l’optimisme n’est
pas franchement au rendez-vous. Le General Knobelsdorf pense que Metz
ne peut tenir dans ces conditions face à la supériorité
supposée américaine en moyens matériels et humains.
Une désolidarisation des troupes de Metz avec la 1ère
armée est même envisagée mais le général
Blaskowitz commandant le Heeregruppe G pense que Metz est défendable
et s’oppose à cette décision. Le 18 Septembre, le
Generalleutnant Krause est transféré à la Führer-Reserve,
donc au placard, et est remplacé par le Generalmajor Luebbe.
A compter du 15 Septembre, alors que le front nord est en position défensive
du côté américain, la progression au sud de la ville
par la 7ème A.D commence. Un véritable plan de cavalier
est mis en place, qui consiste à pousser le CCA à traverser
la Seille puis la Nied et à contourner Metz sur ses arrières
alors que le CCR garderait le flanc droit et le CCB se tiendrait en
réserve. Théoriquement, ce plan est réalisable
avec un ennemi jugé faible, sans matériel et toujours
peu d’informations sur les ceintures fortifiées. Ces dernières
à l’Est de Metz sont encore plus faibles que les autres
et une de leurs composantes, qui servait d’entrepôt à
munitions (Groupe fortifié Marne), a explosé suite à
une réaction en chaine causée par une bombe de
P-47. Mais il ya quand même deux rivières à traverser
sans réseau routier digne de ce nom ou presque, le tout sur un
terrain parfaitement connu par la défense qui va canaliser les
axes d’attaques et occasionner de grosses pertes. De plus aucune
réserve d’infanterie en soutien n’est disponible
vu que les divisons présentes sont très occupées
et que le XIIème A.C combat est toujours près de Nancy.
Les mêmes erreurs sont de nouveaux répétées.
Le 16 Septembre, le CCR entame son avance vers l’Est et la Seille.
Le village de Lorry, abandonné, est pris mais tous les bois entourant
l’axe de progression des Américains entre ce village et
Sillegny qui est un point de passage obligé sont fortement occupés
par les Allemands. Tentant d’avancer à découvert,
les batteries et autres troupes camouflés font un carnage parmi
les rangs US. La progression du CCA en direction de Marieulles et Vezon
est mise en difficulté par le brouillard et par le terrain qui
nécessite l’intervention du 48ème A.I.B. Il subit
les tirs du G.F Verdun qui avait posé des problèmes lors
de la traversée à Dornot. Patton débarque furieux,
ne voyant pas les progrès escomptés se dessiner avec la
facilité du cavalier. Il menace même de laisser ceux présents
ici se débrouiller pendant que lui foncera vers le Rhin.
A partir de cette date les Allemands, au travers de l’inévitable
17ème SS-Panzergrenadier-Division, vont livrer des combats acharnés
dignes de 14-18 dans certain cas pour entraver la progression américaine.
Même si elle manque cruellement de chars et si le commandant du
XIIème corps SS ne croit pas fortement en ses hommes. Le CCA
tente à partir du 17 de s’emparer de Marieulles mais ce
village est défendu par plus de 500 hommes de la 17ème
SS. Il faudra attendre l’intervention des Tanks pour s’emparer
de l’objectif.
La route menant de Cheminot à Metz, perpendiculaire à
l’axe de progression américain, est coupée par trois
villages, successivement du sud au nord : Sillegny, Coin-sur-Seille
et Pournoy la Chétive transformés tous trois en bastions.
Ils sont défendus par les 37 et 38ème SS-Pz.gren. Rgt
qui combattent assez curieusement avec une rivière dans le dos,
contre toute logique militaire. Les Américains opposent le 2ème
bataillon du 10ème I.R, le 1er Bat. Du 2ème I.R et le
CCR avec son infanterie. Il faut attendre le 20 Septembre pour que le
1er des trois villages tombe. Pournoy est pris par le 10ème I.R
mais les Allemands vont contre-attaquer pendant plusieurs jours pour
tenter de refermer la brèche dans leur dispositif défensif.
Le 21, 2 compagnies allemandes attaquent le village et coupent en 2
les compagnies américaines qui ont subi depuis le début
plus de 400 pertes. Les attaques allemandes sont coordonnées
depuis un petit village un peu plus au nord, Coin-lès-Cuvry,
qui abrite le PC du SS-Obersturmbannführer Von Matzdorf. Le 23
Septembre, au bord de l’épuisement, le 2ème Bataillon
est autorisé à se replier et est remplacé par les
hommes du 1er.
Plus au nord, le 357ème I.R de la 90ème I.D va tenter
de s’infiltrer vers Metz le long de la route St-Privat –Metz
en tentant d’éviter les gros morceaux fortifiés.
Il passe entre les ouvrages avancés Canrobert et Kellermann mais
est rapidement coincé par les terrains découverts à
franchir pour s’occuper de ces postes avancés. Le 359ème
I.R va tenter de s’occuper du plus gros ouvrage, le fort Jeanne
d’Arc (Feste Kaiserin). Celui-ci ayant servi de P.C au général
Condé en 1940, il est en globalement bon état. Après
une faible progression, les combats s’arrêtent quand le
2ème bataillon découvre que ses projectiles ricochent
sur les casemates et ce même avec l’appui de chars.
Après ces échecs de progression, un front plus ou moins
défensif est mis en place alors que le SHAEF discute des différents
bilans (Arnhem, Metz, les armées venant du sud…) Le 23,
Bradley annonce à Patton que la 7ème A.D est rattachée
à la 1ere armée américaine et que son XVème
A.C est rattaché au 6ème Army Group pour des raisons logistiques.
Il est même envisagé de confier la prise de Metz à
la 9ème Armée. Patton commande au Général
Eddy et à son 12ème A.C de foncer jusqu’au Westwall
en contournant Metz mais Hitler devance tout le monde en lançant
l’attaque sur Lunéville avec la 5ème Panzer-Armee
commandée par le Général Von Manteuffel qui se
solde par une lourde défaite. Patton décide avec l’accord
de Bradley d’engager tout une série de petites opérations
en établissant des priorités. Une des principales priorités
est d’enfoncer le secteur fortifié de Metz en s’attaquant
à une de ses clefs de voûte : Le fort Driant (Feste Kronprinz).
Du côté allemand, le général Blaskowitz commandant
le Heeresgruppe G est limogé et est remplacé par le général
Balck qui reçoit pour ordre de tenir à tout prix.
VI) Le Fort Driant
Le Fort Driant (Feste Kronprinz pour les Allemands) est implanté
sur les hauteurs à l’ouest d’Ars sur Moselle et domine
la Moselle de 190m. Il tient sous son feu la vallée de la Mance
qui permet l’accès depuis Gravelotte et en coordination
avec le G.F Verdun (Feste Graf Von Haeseler) à la vallée
de la Moselle. Sa construction date de la période 1899-1905 et
il est équipé d’armement pour l’action lointaine
(5 canons dont 2 dans la batterie Moselle, 3 obusiers de 10cm et 6 obusiers
de 15cm sous tourelles), de 2 observatoires cuirassés tournants,
de 4 fixes d’artillerie et de 10 d’infanterie. D’une
superficie totale de 144 ha , composé de 6 casernes dispersées
pour 1810 hommes avec 1500m de galeries souterraines, il a sa propre
alimentation en eau avec plus de 4500 m 3 de réserves et est
équipé de deux usines électromécaniques
productrices d’électricité.
Alors que la 3ème Armée sur le front de Metz est en position
défensive, il est décidé d’enfoncer les ceintures
fortifiées autour de la ville et le Fort Driant est désigné
comme principal objectif puisqu’il défend les principaux
axes d’approches. Bien qu’en 1944, il soit fortement désarmé
et que seule 3 compagnies du Fahnenjunker Regiment le défendent,
il opposera une résistance acharnée aux assaillants.
Du côté américain, le Colonel Yuill commandant le
11ème I.R de la 5ème I.D pense qu’il peut venir
à bout du fort. C’est une des seules unités américaines
qui soit disponible puisque la 90ème I.D est en défense
au nord de Metz et le reste de la 5ème I.D avec les éléments
blindés sont en train d’essayer de traverser la Seille
plus à l’Est. Elle a absorbé beaucoup de recrues
après la traversée de la Moselle et à donc un potentiel
assez bas. Vu le peu de défenseurs estimés, seul un bataillon
sera engagé… L’unité est mise tous les jours
en alerte à partir du 19 Septembre mais avec l’annulation
de l’opération Thunderbolt de Walker par manque d’avions,
l’attaque est reportée sans cesse.
Les mêmes problèmes ressurgissent quand les officiers s’aperçoivent
du peu d’informations dont ils disposent pour mener cet assaut.
Quelques lueurs d’espoir vont venir éclairer la situation.
Les cartes routières sont progressivement remplacées par
des cartes aux 1/50 000ème puis au 1/20 000ème. Le commandant
Nicolas arrive de Paris auprès du XXème A.C en tant que
consultant en fortification vu son passé dans la ligne Maginot.
D’autres personnels civils et militaires français ayant
des informations et mêmes des plans des ceintures fortifiées
de Metz sont rattachés au XXème A.C. De là sont
construits quelques maquettes des forts de Metz. Il est d’ailleurs
assez incompréhensible que les Américains aient eu autant
de mal à avoir des informations alors que la 90ème I.D
s’est emparée sans combat près de Thionville du
Fort Guentrange qui est assez similaire. Aucune étude ne sera
réalisée.
Le 27 Septembre, L’artillerie américaine déclenche
un barrage composé entre autres d’obusier de 8 pouces et
de 240 mm.
Il précède l’attaque du 2ème Bataillon du
11ème I.R, d’une compagnie de chars et d’une compagnie
de mortiers chimiques. Bien que l’aviation ait nettoyé
au napalm et autres projectiles la surface du fort, les Allemands ont
un moral élevé et vont clouer sur place l’attaque
en cours qui sera stoppée en début de soirée. Walker
reproche un manque de commandement offensif alors que les plans détaillés
du fort ne sont pas encore disponibles.
Au 29 Septembre, la 5ème I.D à perdue plus de 3000 hommes
sans compter les maladies ou le stress et doit absorber 4000 recrues.
L’attaque suivante du 3 Octobre, pourtant lancée avec plus
d’hommes, l’appui de toute l’artillerie du corps d’armée,
des obusiers de 105 mm et des tanks dozers (avec une lame de bulldozer)
n’est pas aussi efficace que prévue. La météo
empêche le soutien aérien, plusieurs blindés tombent
en panne avant d’avoir atteint leur objectif et ce sont les fantassins
qui vont devoir installer des « snakes » (sorte de tuyaux
bourrés d’explosif) dans les barbelés pour ouvrir
des brèches. La progression est encourageante par le sud-ouest
où les premiers éléments prennent pied à
la surface mais l’autre angle d’attaque ne passe pas les
barbelés et reste cloué aux pentes sous un feu violent
pendant quatre jours. Il perdra 40% de ses effectifs initiaux. Chaque
bunker et casemate doivent être nettoyés mais vu que tout
est relié ensemble par des tunnels, la défense de l’ensemble
n’en est que facilitée. La caserne S est prise à
la suite d’exploits individuels mais les Allemands se sont repliés
vers l’autre objectif, la caserne R qui résiste. Avec le
pilonnage de jour effectué par les autres forts, les mouvements
sont rendus très difficiles et les pertes augmentent. Les Allemands,
contrôlant la seule route d’accès, renforcent la
garnison avant de lancer d’importantes contre-attaques durant
la nuit.
A partir du 5 Octobre, le moral des troupes est assez bas vu la faible
progression effectuée. Le Général Irwin met en
place la Task Force Warnock avec des troupes du 10ème I.R qui
remplace ceux du 11ème I.R. ainsi que des hommes du 2ème
I.R et du 7ème Combat Engineer Battalion. L’attaque du
7 Octobre prévoyait une progression de la caserne S vers la caserne
R puis vers les Batteries P et O aussi bien en surface que dans les
souterrains. La R tombe dans la journée mais l’avance est
stoppée là car tous les tunnels sont barricadés.
Plusieurs tentatives de « nettoyage » sont effectuées
soit à l’aide de chalumeaux soit par des explosifs mais
échouent vu la configuration et empêchent tout mouvement
à cause des gaz.
Le ravitaillement pose également problème et est apporté
au moyen de tanks léger, solution rapidement abandonnée
car elle déclenche un barrage allemand. Une noria de rotations
humaines fut organisée.
Entre le 3 et le 8 Octobre, les américains perdent 21 officiers
et 485 tués, blessés ou disparus. Le 9, suite à
une conférence entre Gay (l’envoyé de Patton), Walker,
Irwin et Warnock la poursuite des opérations, jugée trop
coûteuse est suspendue. L’évacuation de la surface
du fort a lieu dans la nuit du 12 au 13 octobre après que diverses
charges explosives aient été placées aux endroits
stratégiques. La seule manière de venir à bout
de cet ensemble par la force aurait été d’employer
les bombes spéciales de la RAF mais celles-ci n’étant
pas disponible et Patton ne voulant pas raser la ville, cette éventualité
ne fut pas envisagée. Des avant-postes seront maintenus autour
afin d’empêcher toute sortie et ce jusqu'à sa reddition.
VII) La pause d’Octobre
Au moment où débutent les opérations contre le
Fort Driant, la 90ème I.D décide de s’attaquer à
Maizières-Lès-Metz, cité minière située
juste au nord de Metz. La ville a déjà fait l’objet
d’attaques début Septembre par la 7ème A.D mais
sans succès. Le 3 Octobre, deux compagnies du 357ème I.R
se lancent à l’assaut du terril devant elles. Les Allemands
s’accrochent et transforment chaque maison, chaque installation
industrielle en fortin, le point fort étant l’Hôtel
de Ville, ce qui va pousser les Américains à bombarder
la ville. Le 7, 2 compagnies du 2ème bataillon avec des tanks
et de l’artillerie progressent dans la partie nord de la ville
qu’ils occupent à la tombée de la nuit. Bien que
confrontés à des contre-attaques et aux mines bondissantes
S, ils vont se maintenir. Dans la nuit, la 19ème VG-Division
rejoint les éléments défensifs de Metz. Le 13,
la 3ème Armée donne l’ordre de ne plus utiliser
tous les calibres supérieurs aux 3 pouces soit 76.2mm. L’attaque
sur Maizières va donc se poursuivre sans soutien d’artillerie
en sautant de maison en maison malgré l’utilisation intensive
des armes adverses trouvées sur le terrain. A ce moment, le général
McLain quitte la 90ème I.D pour prendre le commandement d’un
corps d’armée et est remplacé par le Général
James Van Fleet qui décide aussitôt d’en finir avec
cette opération et accorde les munitions nécessaires.
Le 20, un canon automoteur de 155mm est amené à moins
de 200 m de l’Hôtel de Ville et lui expédie 10 obus.
Malgré cela, il faudra encore une semaine pour s’approcher
du bâtiment et 4 jours de plus pour s’en emparer après
de furieux corps à corps. Le 30 Octobre, la cité est prise.
Pour le reste, il ne s’agit que de réorganisation, redéploiement,
petites opérations à caractère très limité
afin de digérer les durs combats dont a souffert le 3ème
Armée durant le mois de Septembre. Jusqu’au 11 Octobre,
la 83ème I.D est rattachée au XXème A.C afin de
renforcer tout le flanc nord puis après cette date est rattachée
à la 9ème Armée. La T.F Polk qui depuis mi-septembre
tient le secteur nord est réintégrée dans le dispositif
et reçoit de l’artillerie de campagne, des blindés
et des unités du Génie. Elle recevra même le 1er
Régiment de Paris du « Colonel Fabien » qui sera
envoyé au sud de Colmar un peu plus tard à son grand soulagement.
Sa mission est de garder la ligne de la Moselle en patrouillant sur
une distance importante de 32km.
Pour occuper les moments laissés libre par l’absence de
combat, les soldats reçoivent leur courrier, des vedettes viennent
donner des spectacles. Des équipements adéquats à
l’hiver lorrain sont distribués et certaines unités
s’entraînent à la prise de positions fortifiées.
Afin de renforcer le secteur offensif de Metz à partir de la
mi-octobre, la 95ème I.D « Victory Division » est
mise à disposition du XXème A.C de Walker. Cette division
n’a pas ou peu connu l’épreuve du feu car depuis
son arrivée en France, elle à servi dans le Red Ball Express.
Après les durs combats pour la prise de Metz, elle recevra un
autre surnom. Sa mission est de remplacer la 5ème I.D fortement
éprouvée par les combats du mois de Septembre et qui retourne
se réorganiser sur ses lignes arrières.
Fin Octobre, Metz devient officiellement un objectif pour le 12ème
A.G et la 3ème Armée qui doit après la prise de
la ville foncer vers le Rhin et la ville de Mayence. Seulement au niveau
des effectifs, bien que la 95ème I.D et la 10ème A.D soient
venues en renfort dans le courant du mois, près de 20 000 hommes
sur les 250 000 initiaux ont du être retirés du front suite
aux agressions du climat. Les objectifs de Walker sont d’encercler
et de détruire la garnison de Metz et de mettre en place une
tête de pont sur la Sarre. Il est également précisé
qu’aucune action offensive sur les forts ne doit être entreprise.
Face à cette armada, les Allemands ne restent pas inactifs et
réorganisent leurs forces mais pas dans le même sens que
les Américains. Les régiments d’élites d’officiers
et de sous-officiers sont évacués de la ville pour encadrer
les futures divisions en formation en Allemagne et sont remplacés
par des troupes à la valeur combative moins importantes. Seule
reste la 462ème Volksgrenadier-Division avec 3 Régiments
d’infanterie plus 1 d’artillerie et diverses troupes supplétives,
le tout sous le commandement du Generalmajor Luebbe. Restent également
entre Metz et Thionville, la 19ème Volksgrenadier-Division et
sur la gauche la 416ème Infanterie-Division «Schlagsahne
» (crème fouettée) qui a remplacé la 559ème
Volksgrenadier-Division. Au sud se tient le XIIème Corps SS qui
n’a de SS que le nom et face à la tête de pont américaine
se trouve la 17ème SS-Panzergrandier-Division. Aucune artillerie
digne de ce nom n’est présente puisque seuls quelques canons
russes sont mis en défense.
A partir de cette période, le ravitaillement pose problème,
la majorité des véhicules motorisés sont immobilisés
et la plupart des blindés sont mis en réserve derrière
le Rhin. Bien que les axes d’attaques Alliés soient plus
ou moins identifiés par l’état-major allemand à
Metz, les moyens de résister sont plus que réduits et
la préparation de l’offensive des Ardennes absorbe beaucoup
de moyens.
VIII) L’encerclement
Afin de continuer à tromper les Allemands, le 8 Novembre, un
des bataillons de la 95ème I.D qui défend le saillant
fortifié occidental de Metz est prélevé pour établir
une tête de pont à Uckange dans le seul but d’attirer
des éléments ennemis pour sécuriser la traversée
principale de la Moselle au niveau de Thionville. La pluie étant
omniprésente et faisant déborder les cours d’eau,
les liaisons ne se font que par radio et les ravitaillements que par
largages d’avions de reconnaissance L-4.
Il faudra attendre la nuit su 11 au 12 pour que le bataillon soit regroupé
mais l’entassement de matériel au niveau de Thionville
et le peu de soldats présents va alerter les Allemands que l’attaque
principale aura lieu plus au nord. La division avancera également
entre les communes de Maizières-lès-Metz et Woippy.
Au sud, la 5ème I.D part de ses bases le long de la Moselle et
reçoit comme objectif, conjointement avec la 80ème I.D,
de déborder Metz par le Sud-est en enfonçant le dispositif
allemand et de s’emparer du G.F Verdun (rencontré lors
de la traversée de Dornot), des forts Yser et Aisne qui défendent
le futur passage sur la Seille puis de remonter vers le Nord, rentrer
dans les faubourgs de la ville, de s’emparer des forts de la 1ère
ceinture ainsi que de l’aérodrome de Frescaty avant de
faire jonction avec la 95ème I.D qui progresse depuis le Nord.
Il est à noter que depuis leur arrivée sur les bords de
la Moselle, les unités américaines sont confrontées
à un problème tactique. Patton veut arriver en libérateur
et non en destructeur et impose à ses troupes de causer le moins
de dégâts possibles (pas de bombardement massif sur les
villes) ce qui ne facilite pas leur progression. Il faut aussi imaginer
que le secteur sidérurgique entre Metz et Thionville constitue
un objectif économique.
La 90ème I.D doit traverser la Moselle et sécuriser un
point de franchissement solide au Sud de Thionville. Le 6 Novembre,
elle quitte la protection de la forêt de Cattenom pour se mettre
en position. Le 8 Novembre, l’attaque est précédée
par des passages à basse altitude de 389 chasseurs bombardiers
qui seront suivis le 9 par 25 « Wings » soit 1299 bombardiers.
Mais le temps franchement opaque va forcer un largage à haute
altitude qui diminue grandement l’efficacité de l’opération.
Le 358ème I.R traverse puis attaque le Fort de Koenigsmacker
(après une bonne préparation suite à l’échec
sur le Fort Driant) et occupe les crêtes aux alentours. Le 359ème
I.R s’empare de la commune de Malling et de ses hauteurs et le
357ème reste en réserve. Le soir, la division a 8 bataillons
de l’autre côté mais quasiment pas de matériel
lourd. Jusqu’au 11 Novembre, l’artillerie allemande pilonne
les positions américaines et des contre-attaques obligent certaines
unités à la retraite. Il faut attendre cette journée
pour que l’attaque alliée reprenne et que le fort se rende
après furieux combat au corps à corps pour que la situation
s’améliore. Le 12, le pont est enfin opérationnel
et les premiers tanks destroyers arrivent dans la tête de pont.
Une contre-attaque à l’aide d’un Kampfgruppe de la
25ème Panzergrenadier-Division est lancée dans la journée
mais elle est repoussée après plusieurs embuscades et
autres actes d’héroïsme ainsi que de l’intervention
de l’artillerie divisionnaire.
Le 10, le 2ème bataillon du 378 I.R de la 95ème I.D sous
le commandement du Colonel Maroun reçoit l’ordre de remonter
vers le nord et d’établir un point de franchissement afin
de faire traverser la 10ème A.D qui n’a pas pu profiter
de la tête de pont établie par la 90ème I.D. L’Ouest
de Thionville est occupé par les Américains alors que
la partie orientale est toujours aux mains des Allemands qui contrôlent
encore le Fort Yutz (datant de Cormontaigne) et le Fort Illange. Le
12 les combats continuent avec acharnement et le Fort Yutz n’est
totalement nettoyé que le 13 au matin. Dans la journée,
le Génie commence à lancer le pont sur la Moselle et après
de vaines négociations, l’attaque sur le Fort Illange commence.
Il ne se rend que le lendemain matin après un barrage d’artillerie
et l’utilisation de TNT. Le Colonel Bacon reçoit le commandement
des forces orientales de la 95ème I.D et vole au secours du 1er
bataillon qui est retranché dans les ruines de Bertrange et Immeldange.
La Lorraine ne disposant pas d’un réseau routier digne
de ce nom en cette période très froide et humide, les
blindés ne sont pas utilisable à 100%. Metz est donc un
problème pour l’infanterie principalement. La 10ème
A.D reçoit donc en objectif principal de foncer en deux colonnes
vers la Sarre mais aussi de s’emparer de Bouzonville qui constitue
un centre de communication important. Après l’établissement
du plus long pont Bailey d’Europe sur le site de Thionville, le
CCB le traverse et fonce vers le nord tandis que CCA passe sur le pont
de Malling.
Le 8, la 5ème I.D traverse la Seille au sud de Metz sur les ponts
lancés par les sapeurs et s’empare du village de Cheminot
alors inoccupé. La Division ne rencontre pas de réelle
opposition à part dans les quelques fermes qui servent de bastion.
Le soir, une solide tête de pont est établie de l’autre
côté de la rivière et plusieurs bataillons ont traversé
tandis que les Allemands se replient vers le Nord-est devant l’armada
qui arrive. Le 9, la 6ème A.D, qui a été rattachée
au XXème A.C., traverse à son tour et continue son avance.
Le 11, les blindés ont franchi la Nied ce qui permet d’avancer
l’artillerie divisionnaire qui peut pilonner les axes sortant
de Metz vers l’Est. Le 12, le 2ème I.R subit les contre-attaques
de la 17ème SS-Panzergrenadier-Division dans la tête de
pont de la Nied. Le 13, les sapeurs établissent un pont sur la
Nied et le temps continue ses ravages sur les belligérants. La
localité de Sanry est bombardée par l’artillerie
allemande mais sans succès.
Au Sud de Metz, le 10ème I.R occupe les G.F Yser et Aisne alors
abandonnés tandis que le 11ème I.R réoccupe les
positions abandonnées lors de l’avancée de Septembre
et le 14, le G.F Verdun est en vue et les occupants de la Ferme Prayelle
sont réduits au silence.
Le 14 Novembre, la tenaille américaine autour de Metz est pratiquement
refermée. Le XIIème A.C est remonté de Nancy est
fonce vers le Nord-Est sur le flanc droit du XXème A.C ce qui
oblige le maintient de la tête de pont sur la Nied. Les Allemands
étant en sous-effectif et ne pouvant combler les brèches
ni monter de contre-attaques, les lignes américaines pourtant
très étendues tiennent le choc.
IX) L’assaut final
Même si le front allemand ne s’est pas effondré,
la situation est désespérée pour l’état
major. Le General Kittel prend le commandement de la garnison de Metz
le 14 Novembre et va tenter de suivre les ordres de l’OKW et d’Hitler
le plus longtemps possible. Beaucoup de soldats Allemands sont encore
présents mais une bonne partie s’est réfugiée
dans les deux ceintures fortifiées. Le 16 les membres politiques
du Reich s’enfuient par la petite porte et le 17, devant la situation
intenable du Heeresgruppe G, le Général Balck informe
que la cité ne peut plus compter que sur elle-même et ordonne
un retrait des troupes sur une ligne plus facilement défendable.
Progression
en novembre

Depuis que l’avance Alliée ne peut être endiguée,
le Gauleiter Bürckel à réquisitionné tous
les habitants de 16 à 60 ans sous son contrôle. Ces «
Schanzers » vont ériger et creuser de nombreuses lignes
de défense, fossés anti-chars et divers points d’appui
autour de la ville mais face à la puissance de la 3ème
Armée, cela ne fera qu’a peine retarder l’inévitable.
Du coté américain, le XIIème A.C est passé
sur la droite de la 5ème I.D et est chargé de couper les
voies de ravitaillement de la ville ce qui sera fait avec les prises
de Faulquemont et de Morhange par la 4ème A.D puis de couper
la route de Strasbourg.
L’attaque finale aura lieu suivant six axes différents
matérialisés par les trois régiments de la 95ème
I.D (377, 378, 379ème I.R) au Nord et à l’Ouest
et par les trois de la 5ème I.D (2, 10, 11ème I.R) au
Sud et à l’Est.
La première attaque est déclenchée dès le
13 Novembre par le 379ème I.R sur l’axe Ouest-Est et rencontre
sur son chemin, les sept nains qui sont des P.A d’infanterie bloquant
la progression de l’infanterie par la ravine de la Mance, le G.F
Jeanne d’Arc et le G.F de Guise. Bien qu’un important support
d’artillerie soit présent, il est d’une inefficacité
totale sur les différents G.F et le régiment subit des
tirs violents. Et même si la ligne de front allemande est enfoncée
et que les 1er et 2ème bataillons sont en vue de Metz, ils se
retrouvent complètement isolés des troupes de réserves.
Mais sur le plan tactique, cette action va précipiter la chute
de Metz car le Général Kittel va engager ses maigres réserves
en envoyant le Bataillon du Major Voss pour soutenir les défenseurs
et laisser le champ presque libre aux autres attaques.
Le 378ème I.R attaque le 14 le front défensif Nord. Après
une courte mais intense préparation d’artillerie, le 1er
bataillon attaque la crête des Fèves et le fort non achevé
au sommet est enlevé en fin de matinée par une des compagnies.
Bien que ce fait d’armes soit passé sous silence, il permet
de diminuer fortement la précision des tirs longue distance des
canons sous tourelles des G.F qui manquent cruellement de dispositifs
optique de visée. De plus le régiment s’est infiltré
entre les positions de deux unités allemandes. Le 17 Novembre,
les ordres sont de s’emparer des ponts sur la Moselle menant au
centre ville mais le Fort Plappeville tire sur les unités tentant
d’approcher de leurs objectifs. Le 1er Bataillon est envoyé
en exploration vers ce Fort et trouve sur sa route le Fort Lorraine
inoccupé. Le Lendemain une attaque sur le Fort Plappeville échoue.
Le 15 Novembre le 377ème I.R progresse depuis ses positions de
Maizières-lès-Metz et entre dans Woippy mais est rapidement
bloqué par les Forts Gambetta et Déroulède qui
sont soutenus par de l’artillerie du Fort St Julien plus à
l’Est.
Le 16, la T.F Bacon qui comprend tous les éléments de
la 95ème I.D sur la rive droite de la Moselle reprend sa progression
à partir de Bertrange en deux colonnes parallèles permettant
une défense mutuelle. Elle enlève Ennery puis Malroy mais
est confrontée aux tirs de l’artillerie située sur
le Fort St Julien qui bloque également la progression du 377ème
I.R.
La progression par le Sud et l’Est de la 5ème I.D est tout
aussi compliquée pour les GI’s souvent inexpérimentés
qui affrontent un ennemi solidement retranché. Le 2ème
I.R tient l’aile droite de la division et tente de maintenir ses
positions.
Bien qu’attaquée à plusieurs reprises par des éléments
du SS-Panzergrenadier-Regiment 38, la tête de pont de Sanry tient
et permet de garder le carrefour de Courcelles-Chaussy sous le feu de
l’artillerie divisionnaire.
Au Sud de la ville, en dehors d’une partie de la 17ème
SS-Panzergrenadier-Division, beaucoup de points défensifs sont
confiés à des unités de mitrailleuses de forteresse.
Le général Kittel confie le commandement des unités
dans les faubourgs sud de Metz au SS-Obersturmbannführer Von Matzdorf
qui installe son QG dans le Fort St-Privat.
Le 11ème I.R progresse depuis Augny et remonte vers le Nord.
Son 3ème Bataillon est désigné pour s’occuper
de la compagnie allemande qui à pris position dans le G.F Verdun.
Le reste du régiment est confronté à une résistance
acharnée venant de l’aérodrome en ruine de Frescaty
souvent bombardé car pratiquement indispensable à la Luftwaffe
dans le secteur.
Le tout soutenu par des tirs du Fort Driant. Il faudra la journée
entière aux troupes présentes pour nettoyer tous les hangars
et bunkers du terrain.
Le 10ème I.R remonte depuis la localité de Marly, s’empare
des faubourgs de Magny mais reste bloqué par le Fort Queuleu
datant de 1870 et dont une casemate à été transformée
en camp de concentration. Après avoir encerclé le Fort,
le régiment progresse encore et s’empare de Borny.
Le 17 Novembre, apprenant que des Allemands s’enfuient de Metz,
Patton ordonne que l’encerclement total soit réalisé.
La tête de pont de Sanry est confiée à la 6ème
A.D tandis que les éléments du 2ème I.R foncent
vers le Nord pour faire jonction avec les éléments de
la 90ème I.D.
Le 18 Novembre, la cité est coupée totalement du reste
de l’armée allemande. Le dernier train de ravitaillement
est arrivé en gare de Metz quelques jours plus tôt et ne
permettra que de retarder l’échéance. Les ceintures
fortifiées à l’Est de la ville se sont toutes rendues
et la 5ème I.D commence à nettoyer quartier par quartier
les derniers faubourgs de la ville en passant à côté
des différents Forts qui sont encerclés.
A cette date, les forts Queuleu, Driant, Gambetta, Saint Julien, Plappeville,
Saint Quentin, Saint Privat, Jeanne d’Arc, Verdun et deux des
sept nains sont isolés mais ne montrent aucun signe de faiblesse
ni d’intention de se rendre et occupent une bonne partie des troupes
américaines qui doivent rester autour pour les empêcher
d’investir leurs propres lignes arrières.
De plus, les unités américaines ont reçu des ordres
très précis qui consistent à ne tirer que sur des
objectifs militaires puisque la cité n’a pas été
vidée de ses habitants. Au centre ville, les îles Saint
Symphorien, du Saulcy et Chambière ont étés isolées
progressivement à partir du 16 Novembre par le Général
Kittel qui à fait sauter tous les ponts et installe son QG dans
la caserne Mudra (Aujourd’hui Riberpray). Cependant Kittel ne
souhaite pas cesser le combat sans se battre et va tout faire pour bloquer
le maximum d’Américains suivant les ordres qu’il
a reçu du haut commandement.
Le 18, le 379ème I.R descend de ses postions et arrive dans la
soirée devant le pont détruit de Moulins-Lès-Metz
en ayant isolé totalement le Fort Jeanne d’Arc. Sans pont
et avec une rivière déchaînée, le régiment
reçoit l’ordre de rester là et de surveiller Les
Forts Driant et Jeanne d’Arc.
Le 378ème quant à lui est confronté à un
gros morceau puisqu’il essaye de s’occuper du Fort de Plappeville
commandé par le Colonel Vogel qui à été
ravitaillé en munitions et vivres par son voisin de plateau,
le Fort St Quentin commandé par le Colonel von Stössel.
Cet îlot défensif est une sacré épine d’environ
650 occupants dans le dos des Américains qui consacre beaucoup
d’hommes à la surveillance des poches de résistance.
Le 3ème Bataillon va quand même progresser depuis Longeville-lès-Metz
vers le Pont St Symphorien qui sera dynamité en tuant quinze
GI’s. Quant au 377ème I.R, il va continuer sa progression,
s’emparer du « Hafen Kanal » en subissant les tirs
des 20 et 88 mm et va nettoyer l’île du Saulcy pendant que
le Général Kittel organise un périmètre
défensif sur l’île Chambière.
La T.F Bacon attaque le Fort St Julien qui ne dispose pas d’artillerie
propre et est en sous-effectif (362 hommes commandés par un Major).
Bien qu’il ait été conçu pour des combats
du 18ème siècle, malgré des coups directs au but,
il faudra une trentaine d’obus d’un canon automoteur de
155mm pour détruire la porte. La T.F continue vers son second
objectif, le Fort Bellecroix qui sert d’entrepôt, mais une
explosion probablement accidentelle va tuer 8 hommes et en blesser une
cinquantaine. Ce n’est que le 19 que le Major sera convaincu de
se rendre.
Dans les combats au sud de la ville, le fort St Privat qui sert de QG
à von Matzdorf est encerclé ainsi que le G.F Verdun.
La seule satisfaction pour les combattants dans ce secteur, sera la
capture du SS-Brigadeführer Anton Dunckern, l’ancien chef
de la Gestapo de la ville. Il sera interrogé par Patton qui prendra
un malin plaisir à utiliser un traducteur de confession juive.
Le 19 novembre, l’étreinte se resserre de plus en plus
et les combats de rues sont assez violents surtout pour les Américains
qui ne sont pas du tout habitués à ce type de guerre.
La T.F Bacon va s’emparer du QG de la Gestapo installé
dans le grand séminaire tandis que la jonction officielle entre
la 95èmeet la 5ème I.D à lieu dans les faubourgs
à l’est de la ville.
Les 377ème et 378ème I.R vont devoir sauter d’île
en île et traverser chaque canal à l’aide de bateaux
puisque les ponts sautent au fur et à mesure de la progression
américaine. Au soir du 19, chaque unité a ses objectifs
et ses secteurs mais le nombre de soldats requis pour garder les poches
de résistance sur les arrières complique l’avance
de ces unités. Pendant ce temps, les unités de guerre
psychologique tentent de pousser les Allemands retranchés à
la reddition.
A compter du 20, en dehors d’un bataillon du 378ème I.R,
la 95ème I.D commence à quitter Metz pour prendre ses
positions de départ en vue de l’assaut vers la Sarre. Le
bataillon restant va s’emparer de la gare centrale et des installations
ferroviaires annexes ainsi que de l’intersection entre la Adolf-Hitler
Strasse (Rue Serpenoise) et de la Hermann-Göring Strasse (Avenue
Foch). Le 377ème I.R à la lourde tâche d’en
finir avec l’île Chambière où tous les axes
de progression sont sous le feu direct des Allemands. Il faut attendre
le 21 Novembre et l’arrivée d’un tank destroyer du
807ème Bataillon qui tire directement sur le QG pour obtenir
sa reddition. Cependant le Général Kittel a été
transporté après une blessure au genou dans l’ancienne
manufacture de tabac qui sert de poste de secours et après sa
capture, il refuse d’officialiser la reddition générale
de la ville car c’est le Colonel Stössel dans le Fort St
Quentin qui l’a remplacé.
Le 21 Novembre à 12h, le Fort de Queuleu se rend aux hommes de
la 5ème I.D ce qui permet de libérer des troupes pour
continuer la progression et vers la fin de l’après midi,
les Allemands retranchés dans le quartier de la préfecture
commencent à se rendre. Il s’agit du dernier point chaud
de la bataille de Metz.
Ainsi il aura fallu attendre 1500 ans depuis la mise à sac par
les Huns en 451, pour que Metz soit prise d’assaut.
Après la bataille et que le front se soit éloigné
de la ville, il reste toujours des forts occupés mais il ne sera
maintenu qu’un encerclement et les seules offensives se feront
à l’aide de tracts. Le G.F Verdun se rend le 25 Novembre
puis c’est au tour du Fort st Privat le 29 Novembre d’où
sortent presque 500 hommes dont Von Matzdorf. A partir du 1er Décembre,
des négociations sont menées avec Von Stössel au
Fort St Quentin qui accepte une reddition pour le 6 puis c’est
au tour du Fort de Plappeville le 7 ou le colonel Vogel se rend sans
condition. Le 8 Décembre, le Colonel Roffe commandant le Fort
Driant se rend avec 600 hommes après 1/2h de négociations.
Ce n’est que le 13 Décembre que le Fort Jeanne d’Arc
se rend à la 26ème I.D. après épuisement
de ses réserves et ce, dans des conditions de survies extrêmes.
Après la Bataille, le Général Kittel donnera un
nouveau surnom à la 95ème Victory Infantry Division :
The Iron Men of Metz (Les hommes de fer de Metz) qui est encore actuellement
un de noms de la Division. Cela peut paraître assez cruel pour
la 5ème I.D qui a perdu tant d’hommes depuis le début
de la bataille début Septembre lors de la traversée de
la Moselle à Dornot.
Lexique des abréviations :
95ème I.D : 95ème Infantry Division
7ème A.D : 7ème Armored Division (Division Blindée)
XXème A.C : XXème Army Corp (Corps d’Armée)
LXXXIIème A.K : LXXXIIème Armee Korp
23ème A.I.B : 23ème Armored Infantry Batalion (Bataillon
d’Infanterie Blindée)
3ème Pz.G.D : 3ème Panzergrenadier-Division
C.C.A : Combat Command A
C.C.R : Combat Command Reserve
357ème I.R : 357ème Infantry Regiment
38ème SS-Pz.gren. Rgt : 38ème SS-Panzergrenadier Regiment
12ème A.G : 12ème Army Group
T.F Bacon : Task Force Bacon
Sources
:
Metz 1944: One more River to Cross, Anthony Kemp, Eds Heimdal
La liberation de la Lorraine, Dominique Rapoport, Eds Serpenoise
Les fortifications allemandes de Metz et Thionville, Rémi Fontbonne,
Eds Serpenoise
La libération de la Moselle, Général Pierre Denis,
Eds Serpenoise
La bataille de la Moselle, René Caboz, Eds Pierron
H.S Bataille n°6 Patton et la 3ème Armée