La 3ème armée et la Bataille de Metz
Par Marc Blindauer

George Patton

 

I) Patton avant la Normandie

George Smith Patton Junior naît le 11 novembre 1885 à San Gabriel en Californie dans une riche famille. Ses parents lui assurent jusqu'à l’âge de 12 ans une éducation fondée sur la littérature, la mythologie, l’histoire et la morale chrétienne.
Il intègre une scolarité dite classique en 1897 en étant analphabète mais avec un corps d’athlète très développé.
Il intègre West Point en 1904. Il ne s’y fera pas remarquer pour ses qualités intellectuelles mais surtout pour son physique.
Il sort de cette prestigieuse école avec la promotion 1909 en tant que sous lieutenant de cavalerie, arme qui deviendra sa favorite et dont il va s’atteler au développement. Grâce à ses relations il va devenir aide de camp du Général Pershing et gagne l’amitié d’Henry Stimson qui lui sauvera la mise à plusieurs reprises lors de la seconde guerre mondiale.
En 1916 il participe à la campagne américaine contre le révolutionnaire Pancho Villa. Il y développera sa vision de la cavalerie américaine, vision qu’il mettra en place plus tard lorsqu’il en aura la possibilité.

Il rejoint la France en 1917 lors de la 1ère guerre mondiale et choisit d’intégrer le nouveau Tank Corps qui n’existe alors que sur le papier. Fin septembre 1918, il participe à la bataille de St Mihiel où la performance de son corps sera très en deçà des objectifs visés et où la tenue de Patton sur le champ de bataille sera jugée trop provocante envers l’ennemi.
Il finit la guerre comme colonel mais est rétrogradé à son grade d’avant guerre après la fin du conflit à cause de ses excès.

Pendant l’entre deux-guerre, Patton est complètement démoralisé car l’armée américaine ne s’intéresse pas à la cavalerie blindée. Il rejoint la cavalerie traditionnelle et est à 2 doigts de prendre sa retraite de colonel lorsqu’un certain George Marshall lui donne l’ordre en 1938 d’intégrer son état-major.

En 1940, alors que le Blitzkrieg fait rage en Europe, Patton voit l’opportunité qui lui est offerte de défendre la cavalerie blindée et se retrouve à la tête d’une brigade de la 2nd Armored Division qui vient tout juste d’être créée à Fort Benning.
Lors de l’entraînement de cette division dont il obtiendra le commandement en même temps que son grade de général, il reçoit le surnom de « Old Blood and Guts » (sang et tripes) de la part de ses hommes, ce qui en dit long sur le personnage.

En Janvier 1942, Patton reçoit le commandement du 1st Armored Corps qui n’est qu’embryonnaire pour l’instant et ce, toujours à Fort Benning. Sa prise de fonction annoncée pour le 15 à 11h est réglée comme du papier à musique et il va surprendre une fois de plus les officiers qu’il aura sous ses ordres en limitant le discours mais en exigeant d’eux des prouesses physiques ou en leur proposant un ordre de transfert déjà signé. Il est chargé par le haut commandement d’organiser un Desert Training Center afin de former au mieux des soldats au combat dans ce milieu hostile car les Etats-Unis ne peuvent à court terme engager le combat que sur ce terrain. Un débarquement en Europe est repoussé au mieux pour 1943 et l’US Army ne fait pour l’instant que subir dans le pacifique. Sur un terrain de 50 000 km² surnommé la petite Libye, Patton va organiser en trois semaines, 13 exercices qu’il observe scrupuleusement et où il intervient n’importe quand et avec n’importe quels moyens. Il astreint ses hommes à une vie très spartiate sous la tente avec le minimum de ressources. Tobrouk tombe en Juin 1942 et Churchill vient demander de l’aide aux Etats-Unis. Marshall offre l’aide d’une division blindée entière mais Patton, à qui l’on demande l’avis, renchérit en disant qu’il faut deux divisions soit un corps blindé. Suite à cela, il est renvoyé dans le désert.

Au cours du 2ème semestre 1942, Patton reçoit le commandement de la Western Task Force chargée de débarquer au Maroc lors de l’opération Torch le 8 Novembre 1942. Il prend rapidement conscience que le premier obstacle sur sa route n’est autre que l’US Navy et les deux armes ne se rendent pas compte de la préparation à effectuer et qu’elles vont devoir travailler ensemble. Dès le 10 Novembre et faute de moyens de communications, Patton doit jouer les diplomates avec le commandement français au Maroc. Sa connaissance de la langue et ses manières fort peux normalisées lui permettent de raccourcir les négociations et de se passer d’acte officiel pour amener le Maroc dans le camp allié. Surviennent ensuite des tensions avec les Britanniques dont Patton s’est toujours méfié. Il est alors convaincu qu’Eisenhower leur est inféodé. Début 43, la présence de Patton est requise à Casablanca pour la préparation de la conférence interalliée. La 1ère armée britannique ne progresse plus en Tunisie face à Rommel qui de son côté reçoit des renforts. Vient ensuite la bataille de Kasserine où les Américains perdent 10000 hommes dont 6000 tués ainsi que 1000 véhicules dont 300 chars. Cet échec verra le limogeage de Fredendall qui les commandait. Après cette bataille Patton reprend les choses en main et conduit le 2ème corps à la victoire au côté des Britanniques en Tunisie.

Le 10 Août 1943, le débarquement en Sicile (nom de code : opération Husky) est déclenché. Cette mission confiée au XVème groupe d’armées allié commandé par le général Alexander. Il comprend la 8ème armée britannique commandée par Montgomery et la 7ème armée US commandée par Patton. Les 2 hommes se livreront à compétition farouche pour la capture de Messine qui doit clôturer la prise de l’île. La prise de la ville interviendra le 17 août par les forces américaines devançant de peu les Tommies. La gloire qui en est tirée rejaillit sur Patton avant sa descente aux enfers suite à l’affaire des gifles sur des soldats ayant des troubles psychologiques dûs aux combats. Cette affaire éloignera le général du front pendant un an et verra la nomination de Bradley comme commandant pour le débarquement en Europe. Cette opération ne sera qu’un demi-succès puisque 120 000 Allemands réussiront à évacuer l’Italie qui constitueront un solide front défensif en Italie.

Début 1944, Patton reçoit le commandement de la 3ème armée alors que les composantes sont encore aux USA. Il entre de plain pied mais aussi à contre cœur dans Fortitude et doit faire croire que le FUSAG (First USArmy Group) est en pleine préparation pour une invasion dans le Pas-de-Calais. A cette fin, des milliers d’engins factices, en caoutchouc pour la plupart, des bateaux maquillés sous pression, des mouvements de troupes ainsi qu’une intense activité radiophonique sont mis en place, le tout habilement relayé par des agents retournés contre l’Allemagne et par les avions de reconnaissances allemands qui ne sont pas inquiétés.


II) La 3ème Armée : De la Normandie à la Meuse
          Général Walker
Au 1er Juillet 1944, la 3ème Armée américaine est composée de 3 corps : le XVème constitué des 5, 8, et 35ème Infantry Division ainsi que de la 4ème Armored Division, le XIIème constitué de la 80ème I.D et de la 5ème A.D et le XXème corps du général Walker constitué de la 28ème I.D ainsi que des 6 et 7ème A.D. Cette composition sera constamment bousculée dans les premiers temps de l’engagement de la 3ème Armée. Le 3 Juillet, Patton débarque en Normandie pour prendre la tête de son armée. Même s’il a des solutions à pratiquement tous les problèmes rencontrés sur le terrain, sachant sa position délicate, il va tout faire pour ne pas contrarier ses supérieurs.
A ce moment, les Américains sont piégés dans le bocage normand et chaque progression se fait au prix de pertes vertigineuses vu que le terrain composé de haies et de chemins étroits se prête admirablement bien à la défense et aux embuscades. Les troupes allemandes sont plus expérimentées et sont armées des terribles Panzerschreks et autres canons de 88. Fin Juillet, Bradley met au point l’opération Cobra qui va permettre la percée d’Avranches. Il va déclencher l’enfer par un bombardement apocalyptique sur un quadrilatère compris entre les villages de La Chapelle en Juger et Hébécrevon. Il prend alors en charge le XIIème Army Group le 1er Aout et Patton peut enfin exprimer tout son génie tactique avec la 3ème Armée.
La progression de la Normandie à la Meuse peut-être découpée en cinq phases distinctes.

- La libération de la Normandie avec l’opération Cobra
- La Libération de la Bretagne avec le siège des principaux ports de l’Atlantique (Brest, Lorient, St Nazaire…)
- La fermeture de la poche de Falaise après l’opération allemande Lüttich
- La course vers la Seine et Paris
- La chevauchée jusqu'à la Meuse

Après Cobra et la percée d’Avranches, les Allemands ne sont toujours pas au tapis. Patton, afin de foncer brides abattue vers la Bretagne pour réduire les garnisons qui tiennent les principaux ports en eaux profondes, doit faire passer un maximum de troupes et de véhicules en un minimum de temps .En peu de temps la 6ème A.D est devant St Malo et la 4ème A.D devant Rennes mais hors de portée de communications ce qui lui complique un peu la tâche. Patton, qui ne pense qu’à foncer à l’est avec son armée doit encore être prudent et se contente de déployer une partie de la 5ème ID au sud de la Loire alors que les plans d’Overlord ne sont plus d’actualité puisque la prise de Caen se fait désirer. Le 3 Aout, le VIIIème corps du général Middleton est chargé seul de nettoyer la Bretagne.

Le 7 Aout Hitler, qui a pris les choses en main, lance deux armées dans la contre-offensive de Mortain au lieu de se replier sur des bases solides. Les Alliés, avec les forces du Commonwealth au nord et la 3ème Armée au sud, décident de les encercler en refermant la poche de Falaise pendant que la 1ère Armée doit supporter le choc de l’offensive. Une mauvaise coordination des troupes ou la frilosité de Bradley va laisser béant un trou de 20km pendant plusieurs jours, permettant à des milliers de soldats Allemands de se replier et d’échapper à la capture même si la Wehrmacht déplore plus de 100 000 pertes.
Il faudra attendre le 16 Aout pour voir la fermeture de la poche. Patton est obnubilé par sa progression à l’Est et guigne sur Paris dont il accrocherait bien la libération à son tableau de chasse mais le 17 Aout, Eisenhower transfère à la 1ère Armée, le XVème corps dont la 2ème DB fait partie. Cette dernière fonce vers Paris et en achève la conquête le 25 Aout.
Cette chevauchée n’a été rendue possible que parce que le général s’est appuyé sur les renseignements et les coups de force du XIXème Tactical Air Command du général Otto Weyland.

Mais c’est justement à cette période, vers le 28 Aout, que les premiers problèmes de ravitaillements se font sentir. Ce ne sont pas tant les quantités qui sont en cause que les moyens de locomotion pour les acheminer. En effet, la rapide poussée des Alliés vers l’Est a rendu les plans du SHAEF caducs. Afin d’asphyxier les Allemands, des bombardements massifs ont détruits toutes les voies de communications et surtout le réseau ferré. Ce n’est que le 6 Septembre que le premier train atteindra la 3ème Armée alors entre Verdun et Metz. Une noria de camion appelée Red Ball Express est mise en place à grande échelle mais avec un délai de livraison plus long depuis le port de Cherbourg et le prélèvement des camions nécessaire sur le front. Cette improvisation du Génie américain ne parviendra pas à complètement compenser les besoins. De plus, les principaux ports français sont toujours occupés par les Allemands, et une lutte sans merci entre Britanniques et Américains se tient pour l’attribution des stocks disponibles. Montgomery est considéré prioritaire par Eisenhower pour qu’il puisse arriver le plus rapidement possible à Anvers et s’emparer du port. Le ravitaillement de la 3ème Armée est assuré par son G-4, le colonel Walter Muller, à ce poste depuis 1941. Il est considéré comme un « ramasse-tout » et nombres de plaintes à son sujet pour détournement seront aussi vite oubliées. Pour donner une idée des chiffres, la 3ème Armée consomme 400 000 gallons d’essence par jour mais le 30 Aout, les livraisons ne sont plus que de 32 000 gallons/jour.

Le 31 Aout, le 11ème Infantry Regiment Combat Team se fraye un chemin à travers la 7ème A.D et vers 19 h n’est plus qu’a une dizaine de km de Verdun. Apprenant qu’un pont sur la Meuse est encore intact, le 1er bataillon fonce vers la ville et trouve 3 chars du Combat Command A de la 7ème A.D accompagné d’une compagnie de la 40ème Armored Infantry.
Les Américains s’installent à l’Hôtel Bellevue où une lutte pour le contrôle de la cave a lieu avec les FFI.


III) La préparation de la bataille : les forces en présences
      General von Knobelsdorf
Lors de sa gigantesque retraite commencée en Juin, l’armée allemande a perdu au moins 500 000 hommes et n’a pu sauver qu’une centaine de chars.
Par rapport aux deux millions d’hommes sur le front de l’Est, seuls 700 000 sont engagés à l’Ouest. Début Septembre, le Général Model prend le commandement du Heeresgruppe B. La 1ère Armée allemande est au bord de l’épuisement et n’arrive pas à engager des combats retardateurs efficaces face à la progression alliée. Le 6 Septembre, le Général Von der Chavallerie est remplacé par le Général Von Knobelsdorf qui vient du front de l’Est.
Des renforts de la 3 et 5ème Panzergrenadier-Division arrivent d’Italie. Se trouve aussi sur la ligne de défense, la 17ème SS-Panzergrenadier-Division Götz Von Berlichingen mais elle aussi est épuisée. Cette 1ère Armée ne rassemble pas d’unités complètes mais une fois en position défensive sur la Moselle, elle est solidement installée derrière les différentes barrières défensives naturelles et humaines.

Entre Metz et Thionville se trouve le LXXXIIème Korp allemand commandé par le Général der Artillerie Johann Sinnhuber. Les renseignements américains prévoient que les Allemands vont se replier jusqu’au Westwall (Ligne Siegfried) et ne mener que des combats retardateurs. Mais le 24 Août, Hitler ordonne la création du West-Stellung (Position de l’ouest). Le Gauleiter Bürckel qui administre la région de Metz reçoit la mission de mobiliser la population pour la création d’ouvrages défensifs et des ordres sont donnés pour la remise en état rapide des fortifications de Metz et Thionville.
Hitler et le haut commandement veulent que Metz soit transformée en forteresse et, quitte à se faire encercler, fixe le maximum de soldats et de moyens Alliés pendant le maximum de temps car Hitler a déjà dans l’idée de déclencher une contre-attaque dans les Ardennes. Il faudra 10 semaines à Patton pour prendre la ville et 14 semaines pour se débarrasser des derniers forts en résistance.

Le 2 Septembre, le LXXXIIème AK est remplacé par le XIIème SS-Panzer-Korp du Général Priess. Ce n’est un corps SS que sur le papier vu que ses différentes composantes viennent de la Heer. Le Général Sinnhuber nomme le Général Krause à la tête de la forteresse et ce dernier décide de former une division à 3 régiments. Il s’agira du Fahnenjunker Regiment (Régiment d’élèves officiers) appelé aussi Kampfgruppe von Siegroth, composé de 1800 hommes puis d’un rajout de 1500 soit plus de 3000 hommes expérimentés. Se rajoutent à cette division le 1010ème régiment de Sécurité commandé par le Lieutenant-colonel Richter composé de 500 hommes mais à faible valeur combattante et le 3ème Régiment composé de l’Unterführerschule (école de sous-officiers) de la XIIème Région Militaire, commandée par le Colonel Wagner et forte de 1500 hommes.

Dans l’intervalle, se trouve la 462ème Division forte de 14000 hommes. L’école des transmissions dépendant de la Waffen SS a son PC au centre ville et forme un bataillon à 4 compagnies. Au nord de Maizières-lès-Metz, se tient la 559ème Volksgrenadierdivision mais trop étendue, elle se révélera assez faible. Le vrai danger vient de la 106ème Brigade blindée Feldherrnhalle composée de 3 groupes de chocs et dotée de chars Panther et de Panzerwagen 251. Même si les Allemands profitent au maximum des problèmes de ravitaillements Alliés pour remettre les forts en état, ces derniers à l’abandon presque total et fortement désarmés n’ont plus qu’une faible puissance de feu. Cependant, les défenseurs vont utiliser au mieux le terrain et l’inexpérience des Américains dans la guerre de siège.

Du côté de la 3ème Armée, Patton vient de recevoir ses ordres qui consistent à s’emparer d’une zone géographique
« banane » allant du nord de Mayence au Sud de Karlsruhe en passant par Mannheim.

Pour ce faire, début Septembre, le XIIème A.C du Général Eddy reçoit pour mission de traverser la Moselle au niveau de Nancy en partant de Troyes. La 80ème I.D se positionne au niveau de Pont à Mousson et la 4ème A.D au niveau de Toul. Quant au XXème A.C du Général Walker, il doit traverser la Moselle le plus rapidement possible au niveau de Metz et s’emparer le plus vite possible de la ville que les renseignements américains jugent pratiquement abandonnée par les forces allemandes.
Sa 90ème I.D se met en mouvement de Reims en direction de Briey alors que les 5ème et 7ème A.D progressent sur les axes Verdun-Metz.

Le problème réside dans la trop grande confiance qu’ont Patton et Walker à franchir l’obstacle qu’est la Moselle. Aussi bizarre que cela puisse paraître la 3ème Armée n’a pas de cartes plus précises que des cartes routières Michelin au 1/100000ème qui ne sont pas du tout adéquates pour la guerre de siège qui va être menée. Les deux ceintures fortifiées sont vaguement représentées, sans plus. Vu que la ceinture externe est dissimulée sous la végétation, la reconnaissance aérienne ne sert à rien.

Le 6 Septembre, une puissante force de reconnaissance de quatre colonnes est envoyée vers Metz mais tombe sur les premiers avant-postes allemands au niveau de Mars–la-Tour. Cette force est chargée de trouver des points de franchissement alors que les Allemands ont déjà détruit tous les ponts. Le CCA de la 7ème A.D se dirige vers le nord et tente de rejoindre Mondelange avant d’atteindre la route menant à Maizières-Lès-Metz. Il trouve un point de franchissement à Hauconcourt mais doit attendre les ponts mobiles. Le CCB fonce quant à lui vers le sud à travers des ravines étroites et tombe sur des mines et autres armes antichar. Ils est alors accrochés par des éléments du Fahnenjunker Regiment.


IV) La traversée de la Moselle

Le 7 Septembre, le CCB du Général Thompson et la 5ème I.D du Général Irwin arrivent à Dornot sur la rive ouest de la Moselle. Aucun des deux ne s’attend à y trouver l’autre. Sans embarcation, les blindés sont bloqués dans les rues étroites et en pente de Dornot. A midi le Général Irwin donne l’ordre au Colonel Yuill du 11ème I.R d’avancer au travers de la 7ème A.D. Le soir le 2ème Bataillon reçoit l’ordre de traverser. Il faut savoir que la météo est absolument exécrable et que les routes transformées en bourbier vont poser de gros problèmes aux véhicules. Après avoir quitté le village, les GI’s devront traverser une route ainsi qu’une voie ferrée et ensuite une bande marécageuse soit environ 500m plus ou moins à découvert sous le feu des troupes allemandes situées bien en hauteur sur la rive opposée. De plus, le tout encadré par le G.F Driant au nord et le GF Verdun (Fort St Blaise et Fort Sommy) qui constituent un des objectifs de la tête de pont.

Traversée de la Moselle



Le 8 Septembre vers 6h, le plan d’attaque est fixé. Le 11ème I.R et le 23ème A.I.B traverseront au même endroit et se rejoindront dans le bois du fer à cheval sur l’autre rive. Les premiers devront prendre le fort St Blaise tandis que les seconds obliqueront plein nord vers Jouy aux Arches. Le 3ème Bataillon qui doit arriver en renfort devra s’occuper du Fort Sommy.
Le temps que les embarcations d’assaut et l’artillerie de soutien soient en place, il est déjà 10h45 et lorsque les 3 premières compagnies traversent, elles sont accueillies par un déluge de projectiles en tout genre (mortiers, mitrailleuses, snipers…).
En début d’après-midi, les compagnies F et G plus quelques armes lourdes ont traversé, bientôt suivies par la E et quelques hommes de l’infanterie mécanisée.

En fin d’après- midi, les compagnies F et G se dirigent vers le Fort St Blaise sans rencontrer de résistance mais devant les obstacles à franchir (palissade de 4m, fossé de 15m de large et de 5 de profondeur) ainsi que le témoignage d’un prisonnier qui le dit occupé par 1500 Waffen-SS, l’officier commandant décide de battre en retraite. En fait le fort est inoccupé à ce moment là. Voulant se replier il demande un barrage d’artillerie qui ne fait que déclencher une riposte allemande. C’est une retraite sur plus de 2000m sous un feu ennemi très dense que les survivants des 2 compagnies vont faire pour retrouver un abri sommaire dans le bois du fer à cheval, rejoignant la E et la K. Ces 4 compagnies vont transformer cet endroit en point d’appui sommaire pour résister aux contre-attaques allemandes. Aucun renfort ne sera envoyé aux hommes sur place en dehors d’un peu de ravitaillement à la faveur de la nuit.

Le 9 Septembre, il est décidé que cette tête de pont doit être maintenue coûte que coûte pour faire diversion car une traversée plus au sud-est sur le point de se faire. Toutes les contre-attaques allemandes vont se solder par de lourdes pertes à cause de tactiques suicidaires. Le 10 Septembre, le franchissement à hauteur d’Arnaville est pratiquement opérationnel et la tête de pont de Dornot n’est plus utile. Il est décidé de procéder à l’évacuation une fois la nuit tombée, après 21h, alors que les Allemands ont prévu une attaque à 23h. Le bilan de cette opération ratée par manque de coordination et de préparation est très lourd. La plupart des officiers ont étés tués et il sera retenu un total de 945 tués, blessés ou disparus.

La tête de pont d’Arnaville est envisagée dès le 8 Septembre lorsque le Général Irwin se rend compte qu’a Dornot, il n y a tout simplement pas assez de place. Le Colonel Bell commandant le 10ème I.R doit monter l’opération et s’accorde le temps nécessaire à la préparation afin d’éviter un remake de Dornot. L’attaque débute le 10 Septembre juste après minuit et chaque bataillon doit occuper une des hauteurs entourant le lieu de la traversée. Cette opération est soutenue par 13 groupes d’artillerie ainsi qu’une compagnie génératrice de brouillard artificiel qui vont empêcher les canons sous tourelles du Fort Driant de faire du tir au pigeon. Des cartes au 1/25000ème sont mêmes distribuées.

Toute la journée du 10, les hauteurs capturées sont attaquées plus ou moins en force par les Allemands mais ceux-ci ne peuvent que contenir l’avancée américaine et seule la ferme Voisage qui servait de point fortifié est capturée.
Ainsi le 11 Septembre, la 5ème I.D a environ 3 bataillons dans un secteur de 4 km² alors que le XIIème corps à une tête de pont au niveau de Pont-à-Mousson. Les sapeurs du génie vont lancer un pont pour faire traverser la Moselle aux véhicules et ainsi poursuivre l’offensive mais l’interruption de l’écran de fumée autorise les tirs du Fort Driant qui pilonne la position.
La tête de pont est officiellement en place le 17 Septembre après des combats acharnés, le tout avec des unités décimées et au bord de l’épuisement.


V) L’avancée de Septembre

Après les premiers contacts avec les différentes unités allemandes sur les bords de la Moselle, Patton et Walker sont bien décidé à boucler la prise de Metz le plus vite possible mais la traversée de la rivière leur à déjà donné un goût amer et les évènements du mois en cours ne vont pas les rassurer.

Le XIIème A.C du Général Eddy lance le plan de capture de Nancy le 4 septembre avec la 80ème I.D venant de Toul et la 35ème I.D assurant l’encerclement par le sud. Cette division est repoussée par la 3ème Pz.G.D et doit attendre le 15ème C.A (79ème I.D et 2ème D.B française) pour reprendre son mouvement. Le 15, la 80ème I.D établit une tête de pont à Dieulouard avec l’aide du C.C.A de la 4ème A.D. La 35ème I.D fait de même à Dombasle. LES FFI locaux renseignent les Américains dès le 11 et empêchent les FTP de déclencher une insurrection prématurée le 13. Le 15 à 11 heures, les GI’s entrent dans la ville.

Le 7 Septembre, l’avancée du 2ème I.R est bloquée par les positions défensives entre Gravelotte et Amanvillers du Fahnenjunker-Regiment qui connaît parfaitement le terrain puisque c’était un de ses lieux d’entrainements. Le 9, une partie du CCA est détachée au général Irwin pour continuer sa progression mais le terrain et la météo sont défavorables aux blindés qui se prennent une grêle de projectiles venant des hauteurs de St Privat. Les unités d’infanterie ne gagnent difficilement que quelques centaines de mètres.

Ces combats ressemblent aux combats de 1870 où les défenseurs avaient l’avantage du terrain. Il faut imaginer qu’en quelques nuits, et ce dès l’ordre de transformer Metz en forteresse, tous les passages furent truffés de dizaines de milliers de mines et de pièges allant jusqu’au tronc des arbres, toutes les bâtisses et fermes fortifiées du secteur (ferme Moscou et Leipzig…) furent transformées en fortins avec mitrailleuses, mortiers et surtout canons antichars.

Le 8 Septembre, les premiers éléments de la 90ème I.D arrivent près du secteur fortifié ouest de Thionville mais dans la nuit, la 106ème Panzer Brigade S.S s’infiltre entre les régiments de la division américaine et attaque par hasard son P.C qui tient le carrefour stratégique entre Aumetz et Briey. Elle tombe sur un bataillon du 358 I.R ainsi que sur l’artillerie blindée. Une bataille d’une grande violence se déroule mais les éléments américains, aguerris depuis leur débarquement à J et J+1, vont pratiquement anéantir la Panzer Brigade qui va perdre une trentaine de chars, 60 half-tracks et une centaine d’autres véhicules… Briey est pris par le 357ème I.R avec l’aide du 712ème Tanks Bataillon. Le CCA de la 7ème A.D coupe les routes de retraite au niveau de Mondelange ce qui va permettre à la 90ème I.D de prendre la vallée de la Fensch, de contourner Thionville par le Sud-ouest et de faire la jonction avec le CCB. Les unités américaines vont encercler complètement la ville après avoir pris toutes les communes l’entourant. Le 12, en dehors du centre ville dont la gare fortifiée qui est pilonnée par les forts d’Illange et de Yutz et la partie orientale, le reste est globalement sécurisé. La bataille de Thionville n’est pas complètement terminée mais seul un régiment aidé par des Francs-tireurs tiendra le secteur. Le reste de la division part vers le sud pour participer aux combats au nord de Metz.

A la mi-septembre, le commandement de la 3ème Armée est obligé de tirer un premier bilan qui n’est pas très encourageant par rapport aux prévisions de chevauchées fantastiques prévues par Patton. La Moselle à été franchie à hauteur de Pont-à-Mousson et d’Arnaville au sud de Metz et la ville fortifiée de Thionville est pratiquement nettoyée de ses défenseurs. Mais le gros point noir réside dans les pertes catastrophiques des unités américaines. La 5ème I.D du général Irwin à perdu plus de la moitié de ses forces et le terrain, aussi bien piégé par les Allemands que par la météo, à empêché la 7ème A.D de progresser. Walker doit gérer avec son XXème corps un front de 65 km et se rend compte que la manœuvre d’encerclement initialement prévue de Metz est irréalisable dans ces conditions. Plusieurs explications sont disponibles.
Les cinq jours de pénurie de carburant ont effectivement permis aux allemands de constituer des lignes de défenses solides mêmes si tous les forts sont loin d’être à leur potentiel maximum mais le facteur déterminant de cet « échec » reste la mauvaise étude du champ de bataille ainsi que des plans. La sous-estimation des forces ennemies est également non négligeable même si ce n’est qu’un ensemble hétéroclite de soldats et d’unités diverses.


A partir du 10 Septembre, les têtes de l’état major commencent à bouillir avec la question du ravitaillement des 1ères et 3èmes Armées alors que Market Garden pointe déjà le bout de son nez. Patton va se battre bec et ongles pour obtenir plus de munitions et de pétrole en avançant des objectifs ambitieux alors que ce sont les hommes qui font défaut en premier.

Progression en septembre


Le 14 Septembre, Walker donne ses nouveaux ordres qui doivent amener le XXème A.C à se regrouper pour relancer l’offensive alors bien mal en point. La 7ème A.D doit se rassembler en traversant la tête de pont, progresser vers l’est et obliquer vers le nord pour écraser le font allemand le long de la Moselle et commencer à encercler la ville. Ceci permettra à la 90ème I.D de traverser sans opposition le secteur de Thionville. Le 358ème I.R de la 90ème va tenir la rivière entre Thionville et Uckange, le 357ème I.R va se mettre en position en surplomb de Maizières-Lès-Metz jusqu’au premier abord du périmètre fortifié se St-Privat et le 359ème I.R se trouve face aux forts principaux jusqu’à Gravelotte.

Pendant ce temps, du côté allemand, l’optimisme n’est pas franchement au rendez-vous. Le General Knobelsdorf pense que Metz ne peut tenir dans ces conditions face à la supériorité supposée américaine en moyens matériels et humains.
Une désolidarisation des troupes de Metz avec la 1ère armée est même envisagée mais le général Blaskowitz commandant le Heeregruppe G pense que Metz est défendable et s’oppose à cette décision. Le 18 Septembre, le Generalleutnant Krause est transféré à la Führer-Reserve, donc au placard, et est remplacé par le Generalmajor Luebbe.

A compter du 15 Septembre, alors que le front nord est en position défensive du côté américain, la progression au sud de la ville par la 7ème A.D commence. Un véritable plan de cavalier est mis en place, qui consiste à pousser le CCA à traverser la Seille puis la Nied et à contourner Metz sur ses arrières alors que le CCR garderait le flanc droit et le CCB se tiendrait en réserve. Théoriquement, ce plan est réalisable avec un ennemi jugé faible, sans matériel et toujours peu d’informations sur les ceintures fortifiées. Ces dernières à l’Est de Metz sont encore plus faibles que les autres et une de leurs composantes, qui servait d’entrepôt à munitions (Groupe fortifié Marne), a explosé suite à une réaction en chaine causée par une bombe de
P-47. Mais il ya quand même deux rivières à traverser sans réseau routier digne de ce nom ou presque, le tout sur un terrain parfaitement connu par la défense qui va canaliser les axes d’attaques et occasionner de grosses pertes. De plus aucune réserve d’infanterie en soutien n’est disponible vu que les divisons présentes sont très occupées et que le XIIème A.C combat est toujours près de Nancy. Les mêmes erreurs sont de nouveaux répétées.

Le 16 Septembre, le CCR entame son avance vers l’Est et la Seille. Le village de Lorry, abandonné, est pris mais tous les bois entourant l’axe de progression des Américains entre ce village et Sillegny qui est un point de passage obligé sont fortement occupés par les Allemands. Tentant d’avancer à découvert, les batteries et autres troupes camouflés font un carnage parmi les rangs US. La progression du CCA en direction de Marieulles et Vezon est mise en difficulté par le brouillard et par le terrain qui nécessite l’intervention du 48ème A.I.B. Il subit les tirs du G.F Verdun qui avait posé des problèmes lors de la traversée à Dornot. Patton débarque furieux, ne voyant pas les progrès escomptés se dessiner avec la facilité du cavalier. Il menace même de laisser ceux présents ici se débrouiller pendant que lui foncera vers le Rhin.

A partir de cette date les Allemands, au travers de l’inévitable 17ème SS-Panzergrenadier-Division, vont livrer des combats acharnés dignes de 14-18 dans certain cas pour entraver la progression américaine. Même si elle manque cruellement de chars et si le commandant du XIIème corps SS ne croit pas fortement en ses hommes. Le CCA tente à partir du 17 de s’emparer de Marieulles mais ce village est défendu par plus de 500 hommes de la 17ème SS. Il faudra attendre l’intervention des Tanks pour s’emparer de l’objectif.

La route menant de Cheminot à Metz, perpendiculaire à l’axe de progression américain, est coupée par trois villages, successivement du sud au nord : Sillegny, Coin-sur-Seille et Pournoy la Chétive transformés tous trois en bastions.
Ils sont défendus par les 37 et 38ème SS-Pz.gren. Rgt qui combattent assez curieusement avec une rivière dans le dos, contre toute logique militaire. Les Américains opposent le 2ème bataillon du 10ème I.R, le 1er Bat. Du 2ème I.R et le CCR avec son infanterie. Il faut attendre le 20 Septembre pour que le 1er des trois villages tombe. Pournoy est pris par le 10ème I.R mais les Allemands vont contre-attaquer pendant plusieurs jours pour tenter de refermer la brèche dans leur dispositif défensif.
Le 21, 2 compagnies allemandes attaquent le village et coupent en 2 les compagnies américaines qui ont subi depuis le début plus de 400 pertes. Les attaques allemandes sont coordonnées depuis un petit village un peu plus au nord, Coin-lès-Cuvry, qui abrite le PC du SS-Obersturmbannführer Von Matzdorf. Le 23 Septembre, au bord de l’épuisement, le 2ème Bataillon est autorisé à se replier et est remplacé par les hommes du 1er.

Plus au nord, le 357ème I.R de la 90ème I.D va tenter de s’infiltrer vers Metz le long de la route St-Privat –Metz en tentant d’éviter les gros morceaux fortifiés. Il passe entre les ouvrages avancés Canrobert et Kellermann mais est rapidement coincé par les terrains découverts à franchir pour s’occuper de ces postes avancés. Le 359ème I.R va tenter de s’occuper du plus gros ouvrage, le fort Jeanne d’Arc (Feste Kaiserin). Celui-ci ayant servi de P.C au général Condé en 1940, il est en globalement bon état. Après une faible progression, les combats s’arrêtent quand le 2ème bataillon découvre que ses projectiles ricochent sur les casemates et ce même avec l’appui de chars.

Après ces échecs de progression, un front plus ou moins défensif est mis en place alors que le SHAEF discute des différents bilans (Arnhem, Metz, les armées venant du sud…) Le 23, Bradley annonce à Patton que la 7ème A.D est rattachée à la 1ere armée américaine et que son XVème A.C est rattaché au 6ème Army Group pour des raisons logistiques. Il est même envisagé de confier la prise de Metz à la 9ème Armée. Patton commande au Général Eddy et à son 12ème A.C de foncer jusqu’au Westwall en contournant Metz mais Hitler devance tout le monde en lançant l’attaque sur Lunéville avec la 5ème Panzer-Armee commandée par le Général Von Manteuffel qui se solde par une lourde défaite. Patton décide avec l’accord de Bradley d’engager tout une série de petites opérations en établissant des priorités. Une des principales priorités est d’enfoncer le secteur fortifié de Metz en s’attaquant à une de ses clefs de voûte : Le fort Driant (Feste Kronprinz).

Du côté allemand, le général Blaskowitz commandant le Heeresgruppe G est limogé et est remplacé par le général Balck qui reçoit pour ordre de tenir à tout prix.


VI) Le Fort Driant

Le Fort Driant (Feste Kronprinz pour les Allemands) est implanté sur les hauteurs à l’ouest d’Ars sur Moselle et domine la Moselle de 190m. Il tient sous son feu la vallée de la Mance qui permet l’accès depuis Gravelotte et en coordination avec le G.F Verdun (Feste Graf Von Haeseler) à la vallée de la Moselle. Sa construction date de la période 1899-1905 et il est équipé d’armement pour l’action lointaine (5 canons dont 2 dans la batterie Moselle, 3 obusiers de 10cm et 6 obusiers de 15cm sous tourelles), de 2 observatoires cuirassés tournants, de 4 fixes d’artillerie et de 10 d’infanterie. D’une superficie totale de 144 ha , composé de 6 casernes dispersées pour 1810 hommes avec 1500m de galeries souterraines, il a sa propre alimentation en eau avec plus de 4500 m 3 de réserves et est équipé de deux usines électromécaniques productrices d’électricité.

Alors que la 3ème Armée sur le front de Metz est en position défensive, il est décidé d’enfoncer les ceintures fortifiées autour de la ville et le Fort Driant est désigné comme principal objectif puisqu’il défend les principaux axes d’approches. Bien qu’en 1944, il soit fortement désarmé et que seule 3 compagnies du Fahnenjunker Regiment le défendent, il opposera une résistance acharnée aux assaillants.

Du côté américain, le Colonel Yuill commandant le 11ème I.R de la 5ème I.D pense qu’il peut venir à bout du fort. C’est une des seules unités américaines qui soit disponible puisque la 90ème I.D est en défense au nord de Metz et le reste de la 5ème I.D avec les éléments blindés sont en train d’essayer de traverser la Seille plus à l’Est. Elle a absorbé beaucoup de recrues après la traversée de la Moselle et à donc un potentiel assez bas. Vu le peu de défenseurs estimés, seul un bataillon sera engagé… L’unité est mise tous les jours en alerte à partir du 19 Septembre mais avec l’annulation de l’opération Thunderbolt de Walker par manque d’avions, l’attaque est reportée sans cesse.

Les mêmes problèmes ressurgissent quand les officiers s’aperçoivent du peu d’informations dont ils disposent pour mener cet assaut. Quelques lueurs d’espoir vont venir éclairer la situation. Les cartes routières sont progressivement remplacées par des cartes aux 1/50 000ème puis au 1/20 000ème. Le commandant Nicolas arrive de Paris auprès du XXème A.C en tant que consultant en fortification vu son passé dans la ligne Maginot. D’autres personnels civils et militaires français ayant des informations et mêmes des plans des ceintures fortifiées de Metz sont rattachés au XXème A.C. De là sont construits quelques maquettes des forts de Metz. Il est d’ailleurs assez incompréhensible que les Américains aient eu autant de mal à avoir des informations alors que la 90ème I.D s’est emparée sans combat près de Thionville du Fort Guentrange qui est assez similaire. Aucune étude ne sera réalisée.

Le 27 Septembre, L’artillerie américaine déclenche un barrage composé entre autres d’obusier de 8 pouces et de 240 mm.
Il précède l’attaque du 2ème Bataillon du 11ème I.R, d’une compagnie de chars et d’une compagnie de mortiers chimiques. Bien que l’aviation ait nettoyé au napalm et autres projectiles la surface du fort, les Allemands ont un moral élevé et vont clouer sur place l’attaque en cours qui sera stoppée en début de soirée. Walker reproche un manque de commandement offensif alors que les plans détaillés du fort ne sont pas encore disponibles.

Au 29 Septembre, la 5ème I.D à perdue plus de 3000 hommes sans compter les maladies ou le stress et doit absorber 4000 recrues.

L’attaque suivante du 3 Octobre, pourtant lancée avec plus d’hommes, l’appui de toute l’artillerie du corps d’armée, des obusiers de 105 mm et des tanks dozers (avec une lame de bulldozer) n’est pas aussi efficace que prévue. La météo empêche le soutien aérien, plusieurs blindés tombent en panne avant d’avoir atteint leur objectif et ce sont les fantassins qui vont devoir installer des « snakes » (sorte de tuyaux bourrés d’explosif) dans les barbelés pour ouvrir des brèches. La progression est encourageante par le sud-ouest où les premiers éléments prennent pied à la surface mais l’autre angle d’attaque ne passe pas les barbelés et reste cloué aux pentes sous un feu violent pendant quatre jours. Il perdra 40% de ses effectifs initiaux. Chaque bunker et casemate doivent être nettoyés mais vu que tout est relié ensemble par des tunnels, la défense de l’ensemble n’en est que facilitée. La caserne S est prise à la suite d’exploits individuels mais les Allemands se sont repliés vers l’autre objectif, la caserne R qui résiste. Avec le pilonnage de jour effectué par les autres forts, les mouvements sont rendus très difficiles et les pertes augmentent. Les Allemands, contrôlant la seule route d’accès, renforcent la garnison avant de lancer d’importantes contre-attaques durant la nuit.

A partir du 5 Octobre, le moral des troupes est assez bas vu la faible progression effectuée. Le Général Irwin met en place la Task Force Warnock avec des troupes du 10ème I.R qui remplace ceux du 11ème I.R. ainsi que des hommes du 2ème I.R et du 7ème Combat Engineer Battalion. L’attaque du 7 Octobre prévoyait une progression de la caserne S vers la caserne R puis vers les Batteries P et O aussi bien en surface que dans les souterrains. La R tombe dans la journée mais l’avance est stoppée là car tous les tunnels sont barricadés. Plusieurs tentatives de « nettoyage » sont effectuées soit à l’aide de chalumeaux soit par des explosifs mais échouent vu la configuration et empêchent tout mouvement à cause des gaz.

Le ravitaillement pose également problème et est apporté au moyen de tanks léger, solution rapidement abandonnée car elle déclenche un barrage allemand. Une noria de rotations humaines fut organisée.

Entre le 3 et le 8 Octobre, les américains perdent 21 officiers et 485 tués, blessés ou disparus. Le 9, suite à une conférence entre Gay (l’envoyé de Patton), Walker, Irwin et Warnock la poursuite des opérations, jugée trop coûteuse est suspendue. L’évacuation de la surface du fort a lieu dans la nuit du 12 au 13 octobre après que diverses charges explosives aient été placées aux endroits stratégiques. La seule manière de venir à bout de cet ensemble par la force aurait été d’employer les bombes spéciales de la RAF mais celles-ci n’étant pas disponible et Patton ne voulant pas raser la ville, cette éventualité ne fut pas envisagée. Des avant-postes seront maintenus autour afin d’empêcher toute sortie et ce jusqu'à sa reddition.


VII) La pause d’Octobre

Au moment où débutent les opérations contre le Fort Driant, la 90ème I.D décide de s’attaquer à Maizières-Lès-Metz, cité minière située juste au nord de Metz. La ville a déjà fait l’objet d’attaques début Septembre par la 7ème A.D mais sans succès. Le 3 Octobre, deux compagnies du 357ème I.R se lancent à l’assaut du terril devant elles. Les Allemands s’accrochent et transforment chaque maison, chaque installation industrielle en fortin, le point fort étant l’Hôtel de Ville, ce qui va pousser les Américains à bombarder la ville. Le 7, 2 compagnies du 2ème bataillon avec des tanks et de l’artillerie progressent dans la partie nord de la ville qu’ils occupent à la tombée de la nuit. Bien que confrontés à des contre-attaques et aux mines bondissantes S, ils vont se maintenir. Dans la nuit, la 19ème VG-Division rejoint les éléments défensifs de Metz. Le 13, la 3ème Armée donne l’ordre de ne plus utiliser tous les calibres supérieurs aux 3 pouces soit 76.2mm. L’attaque sur Maizières va donc se poursuivre sans soutien d’artillerie en sautant de maison en maison malgré l’utilisation intensive des armes adverses trouvées sur le terrain. A ce moment, le général McLain quitte la 90ème I.D pour prendre le commandement d’un corps d’armée et est remplacé par le Général James Van Fleet qui décide aussitôt d’en finir avec cette opération et accorde les munitions nécessaires. Le 20, un canon automoteur de 155mm est amené à moins de 200 m de l’Hôtel de Ville et lui expédie 10 obus. Malgré cela, il faudra encore une semaine pour s’approcher du bâtiment et 4 jours de plus pour s’en emparer après de furieux corps à corps. Le 30 Octobre, la cité est prise.

Pour le reste, il ne s’agit que de réorganisation, redéploiement, petites opérations à caractère très limité afin de digérer les durs combats dont a souffert le 3ème Armée durant le mois de Septembre. Jusqu’au 11 Octobre, la 83ème I.D est rattachée au XXème A.C afin de renforcer tout le flanc nord puis après cette date est rattachée à la 9ème Armée. La T.F Polk qui depuis mi-septembre tient le secteur nord est réintégrée dans le dispositif et reçoit de l’artillerie de campagne, des blindés et des unités du Génie. Elle recevra même le 1er Régiment de Paris du « Colonel Fabien » qui sera envoyé au sud de Colmar un peu plus tard à son grand soulagement. Sa mission est de garder la ligne de la Moselle en patrouillant sur une distance importante de 32km.

Pour occuper les moments laissés libre par l’absence de combat, les soldats reçoivent leur courrier, des vedettes viennent donner des spectacles. Des équipements adéquats à l’hiver lorrain sont distribués et certaines unités s’entraînent à la prise de positions fortifiées.

Afin de renforcer le secteur offensif de Metz à partir de la mi-octobre, la 95ème I.D « Victory Division » est mise à disposition du XXème A.C de Walker. Cette division n’a pas ou peu connu l’épreuve du feu car depuis son arrivée en France, elle à servi dans le Red Ball Express. Après les durs combats pour la prise de Metz, elle recevra un autre surnom. Sa mission est de remplacer la 5ème I.D fortement éprouvée par les combats du mois de Septembre et qui retourne se réorganiser sur ses lignes arrières.

Fin Octobre, Metz devient officiellement un objectif pour le 12ème A.G et la 3ème Armée qui doit après la prise de la ville foncer vers le Rhin et la ville de Mayence. Seulement au niveau des effectifs, bien que la 95ème I.D et la 10ème A.D soient venues en renfort dans le courant du mois, près de 20 000 hommes sur les 250 000 initiaux ont du être retirés du front suite aux agressions du climat. Les objectifs de Walker sont d’encercler et de détruire la garnison de Metz et de mettre en place une tête de pont sur la Sarre. Il est également précisé qu’aucune action offensive sur les forts ne doit être entreprise.

Face à cette armada, les Allemands ne restent pas inactifs et réorganisent leurs forces mais pas dans le même sens que les Américains. Les régiments d’élites d’officiers et de sous-officiers sont évacués de la ville pour encadrer les futures divisions en formation en Allemagne et sont remplacés par des troupes à la valeur combative moins importantes. Seule reste la 462ème Volksgrenadier-Division avec 3 Régiments d’infanterie plus 1 d’artillerie et diverses troupes supplétives, le tout sous le commandement du Generalmajor Luebbe. Restent également entre Metz et Thionville, la 19ème Volksgrenadier-Division et sur la gauche la 416ème Infanterie-Division «Schlagsahne » (crème fouettée) qui a remplacé la 559ème Volksgrenadier-Division. Au sud se tient le XIIème Corps SS qui n’a de SS que le nom et face à la tête de pont américaine se trouve la 17ème SS-Panzergrandier-Division. Aucune artillerie digne de ce nom n’est présente puisque seuls quelques canons russes sont mis en défense.

A partir de cette période, le ravitaillement pose problème, la majorité des véhicules motorisés sont immobilisés et la plupart des blindés sont mis en réserve derrière le Rhin. Bien que les axes d’attaques Alliés soient plus ou moins identifiés par l’état-major allemand à Metz, les moyens de résister sont plus que réduits et la préparation de l’offensive des Ardennes absorbe beaucoup de moyens.


VIII) L’encerclement

Afin de continuer à tromper les Allemands, le 8 Novembre, un des bataillons de la 95ème I.D qui défend le saillant fortifié occidental de Metz est prélevé pour établir une tête de pont à Uckange dans le seul but d’attirer des éléments ennemis pour sécuriser la traversée principale de la Moselle au niveau de Thionville. La pluie étant omniprésente et faisant déborder les cours d’eau, les liaisons ne se font que par radio et les ravitaillements que par largages d’avions de reconnaissance L-4.
Il faudra attendre la nuit su 11 au 12 pour que le bataillon soit regroupé mais l’entassement de matériel au niveau de Thionville et le peu de soldats présents va alerter les Allemands que l’attaque principale aura lieu plus au nord. La division avancera également entre les communes de Maizières-lès-Metz et Woippy.

Au sud, la 5ème I.D part de ses bases le long de la Moselle et reçoit comme objectif, conjointement avec la 80ème I.D, de déborder Metz par le Sud-est en enfonçant le dispositif allemand et de s’emparer du G.F Verdun (rencontré lors de la traversée de Dornot), des forts Yser et Aisne qui défendent le futur passage sur la Seille puis de remonter vers le Nord, rentrer dans les faubourgs de la ville, de s’emparer des forts de la 1ère ceinture ainsi que de l’aérodrome de Frescaty avant de faire jonction avec la 95ème I.D qui progresse depuis le Nord.

Il est à noter que depuis leur arrivée sur les bords de la Moselle, les unités américaines sont confrontées à un problème tactique. Patton veut arriver en libérateur et non en destructeur et impose à ses troupes de causer le moins de dégâts possibles (pas de bombardement massif sur les villes) ce qui ne facilite pas leur progression. Il faut aussi imaginer que le secteur sidérurgique entre Metz et Thionville constitue un objectif économique.

La 90ème I.D doit traverser la Moselle et sécuriser un point de franchissement solide au Sud de Thionville. Le 6 Novembre, elle quitte la protection de la forêt de Cattenom pour se mettre en position. Le 8 Novembre, l’attaque est précédée par des passages à basse altitude de 389 chasseurs bombardiers qui seront suivis le 9 par 25 « Wings » soit 1299 bombardiers.
Mais le temps franchement opaque va forcer un largage à haute altitude qui diminue grandement l’efficacité de l’opération.
Le 358ème I.R traverse puis attaque le Fort de Koenigsmacker (après une bonne préparation suite à l’échec sur le Fort Driant) et occupe les crêtes aux alentours. Le 359ème I.R s’empare de la commune de Malling et de ses hauteurs et le 357ème reste en réserve. Le soir, la division a 8 bataillons de l’autre côté mais quasiment pas de matériel lourd. Jusqu’au 11 Novembre, l’artillerie allemande pilonne les positions américaines et des contre-attaques obligent certaines unités à la retraite. Il faut attendre cette journée pour que l’attaque alliée reprenne et que le fort se rende après furieux combat au corps à corps pour que la situation s’améliore. Le 12, le pont est enfin opérationnel et les premiers tanks destroyers arrivent dans la tête de pont. Une contre-attaque à l’aide d’un Kampfgruppe de la 25ème Panzergrenadier-Division est lancée dans la journée mais elle est repoussée après plusieurs embuscades et autres actes d’héroïsme ainsi que de l’intervention de l’artillerie divisionnaire.

Le 10, le 2ème bataillon du 378 I.R de la 95ème I.D sous le commandement du Colonel Maroun reçoit l’ordre de remonter vers le nord et d’établir un point de franchissement afin de faire traverser la 10ème A.D qui n’a pas pu profiter de la tête de pont établie par la 90ème I.D. L’Ouest de Thionville est occupé par les Américains alors que la partie orientale est toujours aux mains des Allemands qui contrôlent encore le Fort Yutz (datant de Cormontaigne) et le Fort Illange. Le 12 les combats continuent avec acharnement et le Fort Yutz n’est totalement nettoyé que le 13 au matin. Dans la journée, le Génie commence à lancer le pont sur la Moselle et après de vaines négociations, l’attaque sur le Fort Illange commence. Il ne se rend que le lendemain matin après un barrage d’artillerie et l’utilisation de TNT. Le Colonel Bacon reçoit le commandement des forces orientales de la 95ème I.D et vole au secours du 1er bataillon qui est retranché dans les ruines de Bertrange et Immeldange.

La Lorraine ne disposant pas d’un réseau routier digne de ce nom en cette période très froide et humide, les blindés ne sont pas utilisable à 100%. Metz est donc un problème pour l’infanterie principalement. La 10ème A.D reçoit donc en objectif principal de foncer en deux colonnes vers la Sarre mais aussi de s’emparer de Bouzonville qui constitue un centre de communication important. Après l’établissement du plus long pont Bailey d’Europe sur le site de Thionville, le CCB le traverse et fonce vers le nord tandis que CCA passe sur le pont de Malling.

Le 8, la 5ème I.D traverse la Seille au sud de Metz sur les ponts lancés par les sapeurs et s’empare du village de Cheminot alors inoccupé. La Division ne rencontre pas de réelle opposition à part dans les quelques fermes qui servent de bastion. Le soir, une solide tête de pont est établie de l’autre côté de la rivière et plusieurs bataillons ont traversé tandis que les Allemands se replient vers le Nord-est devant l’armada qui arrive. Le 9, la 6ème A.D, qui a été rattachée au XXème A.C., traverse à son tour et continue son avance. Le 11, les blindés ont franchi la Nied ce qui permet d’avancer l’artillerie divisionnaire qui peut pilonner les axes sortant de Metz vers l’Est. Le 12, le 2ème I.R subit les contre-attaques de la 17ème SS-Panzergrenadier-Division dans la tête de pont de la Nied. Le 13, les sapeurs établissent un pont sur la Nied et le temps continue ses ravages sur les belligérants. La localité de Sanry est bombardée par l’artillerie allemande mais sans succès.
Au Sud de Metz, le 10ème I.R occupe les G.F Yser et Aisne alors abandonnés tandis que le 11ème I.R réoccupe les positions abandonnées lors de l’avancée de Septembre et le 14, le G.F Verdun est en vue et les occupants de la Ferme Prayelle sont réduits au silence.

Le 14 Novembre, la tenaille américaine autour de Metz est pratiquement refermée. Le XIIème A.C est remonté de Nancy est fonce vers le Nord-Est sur le flanc droit du XXème A.C ce qui oblige le maintient de la tête de pont sur la Nied. Les Allemands étant en sous-effectif et ne pouvant combler les brèches ni monter de contre-attaques, les lignes américaines pourtant très étendues tiennent le choc.


IX) L’assaut final

Même si le front allemand ne s’est pas effondré, la situation est désespérée pour l’état major. Le General Kittel prend le commandement de la garnison de Metz le 14 Novembre et va tenter de suivre les ordres de l’OKW et d’Hitler le plus longtemps possible. Beaucoup de soldats Allemands sont encore présents mais une bonne partie s’est réfugiée dans les deux ceintures fortifiées. Le 16 les membres politiques du Reich s’enfuient par la petite porte et le 17, devant la situation intenable du Heeresgruppe G, le Général Balck informe que la cité ne peut plus compter que sur elle-même et ordonne un retrait des troupes sur une ligne plus facilement défendable.

Progression en novembre



Depuis que l’avance Alliée ne peut être endiguée, le Gauleiter Bürckel à réquisitionné tous les habitants de 16 à 60 ans sous son contrôle. Ces « Schanzers » vont ériger et creuser de nombreuses lignes de défense, fossés anti-chars et divers points d’appui autour de la ville mais face à la puissance de la 3ème Armée, cela ne fera qu’a peine retarder l’inévitable.

Du coté américain, le XIIème A.C est passé sur la droite de la 5ème I.D et est chargé de couper les voies de ravitaillement de la ville ce qui sera fait avec les prises de Faulquemont et de Morhange par la 4ème A.D puis de couper la route de Strasbourg.

L’attaque finale aura lieu suivant six axes différents matérialisés par les trois régiments de la 95ème I.D (377, 378, 379ème I.R) au Nord et à l’Ouest et par les trois de la 5ème I.D (2, 10, 11ème I.R) au Sud et à l’Est.

La première attaque est déclenchée dès le 13 Novembre par le 379ème I.R sur l’axe Ouest-Est et rencontre sur son chemin, les sept nains qui sont des P.A d’infanterie bloquant la progression de l’infanterie par la ravine de la Mance, le G.F Jeanne d’Arc et le G.F de Guise. Bien qu’un important support d’artillerie soit présent, il est d’une inefficacité totale sur les différents G.F et le régiment subit des tirs violents. Et même si la ligne de front allemande est enfoncée et que les 1er et 2ème bataillons sont en vue de Metz, ils se retrouvent complètement isolés des troupes de réserves. Mais sur le plan tactique, cette action va précipiter la chute de Metz car le Général Kittel va engager ses maigres réserves en envoyant le Bataillon du Major Voss pour soutenir les défenseurs et laisser le champ presque libre aux autres attaques.

Le 378ème I.R attaque le 14 le front défensif Nord. Après une courte mais intense préparation d’artillerie, le 1er bataillon attaque la crête des Fèves et le fort non achevé au sommet est enlevé en fin de matinée par une des compagnies. Bien que ce fait d’armes soit passé sous silence, il permet de diminuer fortement la précision des tirs longue distance des canons sous tourelles des G.F qui manquent cruellement de dispositifs optique de visée. De plus le régiment s’est infiltré entre les positions de deux unités allemandes. Le 17 Novembre, les ordres sont de s’emparer des ponts sur la Moselle menant au centre ville mais le Fort Plappeville tire sur les unités tentant d’approcher de leurs objectifs. Le 1er Bataillon est envoyé en exploration vers ce Fort et trouve sur sa route le Fort Lorraine inoccupé. Le Lendemain une attaque sur le Fort Plappeville échoue.

Le 15 Novembre le 377ème I.R progresse depuis ses positions de Maizières-lès-Metz et entre dans Woippy mais est rapidement bloqué par les Forts Gambetta et Déroulède qui sont soutenus par de l’artillerie du Fort St Julien plus à l’Est.

Le 16, la T.F Bacon qui comprend tous les éléments de la 95ème I.D sur la rive droite de la Moselle reprend sa progression à partir de Bertrange en deux colonnes parallèles permettant une défense mutuelle. Elle enlève Ennery puis Malroy mais est confrontée aux tirs de l’artillerie située sur le Fort St Julien qui bloque également la progression du 377ème I.R.

La progression par le Sud et l’Est de la 5ème I.D est tout aussi compliquée pour les GI’s souvent inexpérimentés qui affrontent un ennemi solidement retranché. Le 2ème I.R tient l’aile droite de la division et tente de maintenir ses positions.
Bien qu’attaquée à plusieurs reprises par des éléments du SS-Panzergrenadier-Regiment 38, la tête de pont de Sanry tient et permet de garder le carrefour de Courcelles-Chaussy sous le feu de l’artillerie divisionnaire.

Au Sud de la ville, en dehors d’une partie de la 17ème SS-Panzergrenadier-Division, beaucoup de points défensifs sont confiés à des unités de mitrailleuses de forteresse. Le général Kittel confie le commandement des unités dans les faubourgs sud de Metz au SS-Obersturmbannführer Von Matzdorf qui installe son QG dans le Fort St-Privat.

Le 11ème I.R progresse depuis Augny et remonte vers le Nord. Son 3ème Bataillon est désigné pour s’occuper de la compagnie allemande qui à pris position dans le G.F Verdun. Le reste du régiment est confronté à une résistance acharnée venant de l’aérodrome en ruine de Frescaty souvent bombardé car pratiquement indispensable à la Luftwaffe dans le secteur.
Le tout soutenu par des tirs du Fort Driant. Il faudra la journée entière aux troupes présentes pour nettoyer tous les hangars et bunkers du terrain.

Le 10ème I.R remonte depuis la localité de Marly, s’empare des faubourgs de Magny mais reste bloqué par le Fort Queuleu datant de 1870 et dont une casemate à été transformée en camp de concentration. Après avoir encerclé le Fort, le régiment progresse encore et s’empare de Borny.

Le 17 Novembre, apprenant que des Allemands s’enfuient de Metz, Patton ordonne que l’encerclement total soit réalisé.
La tête de pont de Sanry est confiée à la 6ème A.D tandis que les éléments du 2ème I.R foncent vers le Nord pour faire jonction avec les éléments de la 90ème I.D.

Le 18 Novembre, la cité est coupée totalement du reste de l’armée allemande. Le dernier train de ravitaillement est arrivé en gare de Metz quelques jours plus tôt et ne permettra que de retarder l’échéance. Les ceintures fortifiées à l’Est de la ville se sont toutes rendues et la 5ème I.D commence à nettoyer quartier par quartier les derniers faubourgs de la ville en passant à côté des différents Forts qui sont encerclés.

A cette date, les forts Queuleu, Driant, Gambetta, Saint Julien, Plappeville, Saint Quentin, Saint Privat, Jeanne d’Arc, Verdun et deux des sept nains sont isolés mais ne montrent aucun signe de faiblesse ni d’intention de se rendre et occupent une bonne partie des troupes américaines qui doivent rester autour pour les empêcher d’investir leurs propres lignes arrières.
De plus, les unités américaines ont reçu des ordres très précis qui consistent à ne tirer que sur des objectifs militaires puisque la cité n’a pas été vidée de ses habitants. Au centre ville, les îles Saint Symphorien, du Saulcy et Chambière ont étés isolées progressivement à partir du 16 Novembre par le Général Kittel qui à fait sauter tous les ponts et installe son QG dans la caserne Mudra (Aujourd’hui Riberpray). Cependant Kittel ne souhaite pas cesser le combat sans se battre et va tout faire pour bloquer le maximum d’Américains suivant les ordres qu’il a reçu du haut commandement.

Le 18, le 379ème I.R descend de ses postions et arrive dans la soirée devant le pont détruit de Moulins-Lès-Metz en ayant isolé totalement le Fort Jeanne d’Arc. Sans pont et avec une rivière déchaînée, le régiment reçoit l’ordre de rester là et de surveiller Les Forts Driant et Jeanne d’Arc.

Le 378ème quant à lui est confronté à un gros morceau puisqu’il essaye de s’occuper du Fort de Plappeville commandé par le Colonel Vogel qui à été ravitaillé en munitions et vivres par son voisin de plateau, le Fort St Quentin commandé par le Colonel von Stössel. Cet îlot défensif est une sacré épine d’environ 650 occupants dans le dos des Américains qui consacre beaucoup d’hommes à la surveillance des poches de résistance. Le 3ème Bataillon va quand même progresser depuis Longeville-lès-Metz vers le Pont St Symphorien qui sera dynamité en tuant quinze GI’s. Quant au 377ème I.R, il va continuer sa progression, s’emparer du « Hafen Kanal » en subissant les tirs des 20 et 88 mm et va nettoyer l’île du Saulcy pendant que le Général Kittel organise un périmètre défensif sur l’île Chambière.

La T.F Bacon attaque le Fort St Julien qui ne dispose pas d’artillerie propre et est en sous-effectif (362 hommes commandés par un Major). Bien qu’il ait été conçu pour des combats du 18ème siècle, malgré des coups directs au but, il faudra une trentaine d’obus d’un canon automoteur de 155mm pour détruire la porte. La T.F continue vers son second objectif, le Fort Bellecroix qui sert d’entrepôt, mais une explosion probablement accidentelle va tuer 8 hommes et en blesser une cinquantaine. Ce n’est que le 19 que le Major sera convaincu de se rendre.

Dans les combats au sud de la ville, le fort St Privat qui sert de QG à von Matzdorf est encerclé ainsi que le G.F Verdun.
La seule satisfaction pour les combattants dans ce secteur, sera la capture du SS-Brigadeführer Anton Dunckern, l’ancien chef de la Gestapo de la ville. Il sera interrogé par Patton qui prendra un malin plaisir à utiliser un traducteur de confession juive.

Le 19 novembre, l’étreinte se resserre de plus en plus et les combats de rues sont assez violents surtout pour les Américains qui ne sont pas du tout habitués à ce type de guerre. La T.F Bacon va s’emparer du QG de la Gestapo installé dans le grand séminaire tandis que la jonction officielle entre la 95èmeet la 5ème I.D à lieu dans les faubourgs à l’est de la ville.
Les 377ème et 378ème I.R vont devoir sauter d’île en île et traverser chaque canal à l’aide de bateaux puisque les ponts sautent au fur et à mesure de la progression américaine. Au soir du 19, chaque unité a ses objectifs et ses secteurs mais le nombre de soldats requis pour garder les poches de résistance sur les arrières complique l’avance de ces unités. Pendant ce temps, les unités de guerre psychologique tentent de pousser les Allemands retranchés à la reddition.

A compter du 20, en dehors d’un bataillon du 378ème I.R, la 95ème I.D commence à quitter Metz pour prendre ses positions de départ en vue de l’assaut vers la Sarre. Le bataillon restant va s’emparer de la gare centrale et des installations ferroviaires annexes ainsi que de l’intersection entre la Adolf-Hitler Strasse (Rue Serpenoise) et de la Hermann-Göring Strasse (Avenue Foch). Le 377ème I.R à la lourde tâche d’en finir avec l’île Chambière où tous les axes de progression sont sous le feu direct des Allemands. Il faut attendre le 21 Novembre et l’arrivée d’un tank destroyer du 807ème Bataillon qui tire directement sur le QG pour obtenir sa reddition. Cependant le Général Kittel a été transporté après une blessure au genou dans l’ancienne manufacture de tabac qui sert de poste de secours et après sa capture, il refuse d’officialiser la reddition générale de la ville car c’est le Colonel Stössel dans le Fort St Quentin qui l’a remplacé.


Le 21 Novembre à 12h, le Fort de Queuleu se rend aux hommes de la 5ème I.D ce qui permet de libérer des troupes pour continuer la progression et vers la fin de l’après midi, les Allemands retranchés dans le quartier de la préfecture commencent à se rendre. Il s’agit du dernier point chaud de la bataille de Metz.

Ainsi il aura fallu attendre 1500 ans depuis la mise à sac par les Huns en 451, pour que Metz soit prise d’assaut.

Après la bataille et que le front se soit éloigné de la ville, il reste toujours des forts occupés mais il ne sera maintenu qu’un encerclement et les seules offensives se feront à l’aide de tracts. Le G.F Verdun se rend le 25 Novembre puis c’est au tour du Fort st Privat le 29 Novembre d’où sortent presque 500 hommes dont Von Matzdorf. A partir du 1er Décembre, des négociations sont menées avec Von Stössel au Fort St Quentin qui accepte une reddition pour le 6 puis c’est au tour du Fort de Plappeville le 7 ou le colonel Vogel se rend sans condition. Le 8 Décembre, le Colonel Roffe commandant le Fort Driant se rend avec 600 hommes après 1/2h de négociations. Ce n’est que le 13 Décembre que le Fort Jeanne d’Arc se rend à la 26ème I.D. après épuisement de ses réserves et ce, dans des conditions de survies extrêmes.

Après la Bataille, le Général Kittel donnera un nouveau surnom à la 95ème Victory Infantry Division : The Iron Men of Metz (Les hommes de fer de Metz) qui est encore actuellement un de noms de la Division. Cela peut paraître assez cruel pour la 5ème I.D qui a perdu tant d’hommes depuis le début de la bataille début Septembre lors de la traversée de la Moselle à Dornot.

Lexique des abréviations :

95ème I.D : 95ème Infantry Division
7ème A.D : 7ème Armored Division (Division Blindée)
XXème A.C : XXème Army Corp (Corps d’Armée)
LXXXIIème A.K : LXXXIIème Armee Korp
23ème A.I.B : 23ème Armored Infantry Batalion (Bataillon d’Infanterie Blindée)
3ème Pz.G.D : 3ème Panzergrenadier-Division
C.C.A : Combat Command A
C.C.R : Combat Command Reserve
357ème I.R : 357ème Infantry Regiment
38ème SS-Pz.gren. Rgt : 38ème SS-Panzergrenadier Regiment
12ème A.G : 12ème Army Group
T.F Bacon : Task Force Bacon


Sources :
Metz 1944: One more River to Cross, Anthony Kemp, Eds Heimdal
La liberation de la Lorraine, Dominique Rapoport, Eds Serpenoise
Les fortifications allemandes de Metz et Thionville, Rémi Fontbonne, Eds Serpenoise
La libération de la Moselle, Général Pierre Denis, Eds Serpenoise
La bataille de la Moselle, René Caboz, Eds Pierron
H.S Bataille n°6 Patton et la 3ème Armée

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