Le Grand Mufti de Jérusalem

Le Grand Mufti

 

Hadj Amin El Hussein symbolise à lui seul la carte musulmane jouée pendant la seconde guerre mondiale par Adolf Hitler et Heinrich Himmler. Le Grand Mufti de Jérusalem réussit à séduire le maître de l’Ordre noir SS par son allure "aryenne". Les yeux très bleus et la barbe rousse, il joue au Viking pour séduire les obsédés du racisme nordique. Ce curieux personnage joue à la fois au mystique et au guerrier.

Né en 1897, il effectue des études à l’université coranique Al-Azhar du Caire. Au cours de la première guerre mondiale, il endosse l’uniforme de l’armée turque pour aller se battre du côté allemand.
Une fraternité d’armes qu’il ne reniera jamais.
Dans les années 1920, dès l’annonce de l’instauration d’un foyer juif en Palestine, il se considéra comme en état
de guerre permanent avec Israël et avec ses alliés britanniques.
A Pâques 1920, de très sérieuses batailles de rues opposèrent les Arabes et les Juifs, dans la vieille cité de Jérusalem. On compte une demi-douzaine de morts de chaque côté. Amin el Hussein est soupçonné d’avoir mis le feu aux poudres. Cet étrange homme d’Eglise, obsédé par le terrorisme, se voit condamné à 10 ans de prison par contumace, puisqu’il s’est réfugié en Transjordanie.
Pour les Palestiniens, il est devenu un héros. Le haut-commissaire britannique croit qu’il peut se rallier ce guerrier et ce prophète en lui confiant un poste clé : celui de Mufti de Jérusalem. Amin el Hussein accepta avec enthousiasme et revint en triomphateur dans son pays. Mais il n’était pas question pour lui d’abandonner la lutte.
Dès son retour, le Grand Mufti organisa des réseaux de fanatiques et enseigna que la seule voie est celle du terrorisme. Dès l’été 1929, ce fut l’explosion. A son appel, les Arabes de Jérusalem se déchaînèrent et clamèrent la guerre sainte. Cette "Djihad" prit rapidement l’allure d’un vaste pogrom : des centaines de Juifs furent molestés ou même massacrés.
Amin el Hussein fit désormais figure de chef de la résistance palestinienne à la colonisation sioniste. Dans les années trente, on le retrouva derrière tous les complots et toutes les émeutes. La venue en Israël de nombreux Juifs fuyant l’Allemagne nazie lui révéla sa nouvelle voie : les ennemis de ses ennemis seraient ses amis.

Devenu le président du Haut Comité arabe, le Grand Mufti devint le premier personnage de Palestine, et sa renommée en dépassa les frontières. Il fait figure de chef politique et religieux. Le panarabisme, qui n’était encore que le rêve diffus de quelques étudiants et de quelques jeunes officiers, trouva en lui son grand homme.
Les Britanniques estimèrent que le Grand Mufti allait, tôt ou tard, faire directement le jeu des Allemands. A la veille d’une guerre de plus en plus menaçante, ils décidèrent d’intervenir. Prévenu par ses amis, le Grand Mufti se réfugia au Liban. Mais les Français, pas plus que les Britanniques, ne désiraient la présence d’un tel agitateur sur le territoire qu’ils contrôlaient. Ils placèrent Amin el Hussein en résidence surveillée. Ce dernier ne tarda pas à s’évader et se réfugia à Bagdad. C’est là qu’il rencontra von Hentig, le spécialiste du IIIème Reich pour les affaires arabes. Ce fut le premier pas vers l’alliance.
Après la victoire allemande à l’Ouest, en juin 1940, Amin el Hussein écrivit personnellement à Hitler : "Le peuple arabe attend avec confiance votre victoire finale".
Pour le Grand Mufti de Jérusalem, l’alliance entre le pangermanisme et le panarabisme pouvait aboutir à la réalisation du vieux rêve d’unité et d’indépendance du monde arabe.
Un comité pour la collaboration avec l’Allemagne fut créé à Bagdad. A sa tête, Amin el Hussein.
Son ami Rachid Ali déclencha un coup d’Etat en Irak. Les Allemands le soutinrent et demandèrent à faire transiter quelques avions par la Syrie. Ce fut le prétexte d’un sanglant affrontement entre les Français de Londres et ceux de Vichy.
Les Britanniques parvinrent en 1942 à reprendre tout le contrôle du Moyen-Orient. Le Grand Mufti dû à nouveau s’enfuir. Il se réfugia à Rhodes, puis à Tirana. Il était décidé à jouer la carte de l’Axe. Il demanda à être reçu par Adolf Hitler.
De l’entrevue entre le Grand Mufti et le Führer, il resta quelques photographies qui servirent à la propagande auprès des musulmans d’Afrique et d’Europe.
Incontestablement, Rommel et son Afrika Korps bénéficièrent de nombreuses complicités dans la population indigène, de l’Egypte à la Tunisie.
En Europe, la Waffen SS profita de la célébrité du Grand Mufti pour recruter, sous son parrainage, des volontaires musulmans en Bosnie-Herzégovine, puis en Albanie. On vît le Grand Mufti, avec son turban blanc et sa lévite noire, parcourir, le bras tendu, les rangs des volontaires SS musulmans des trois divisions balkaniques Handschar *, Kama et Skanderberg. Il continua à leur prêcher, comme il le faisait depuis un quart de siècle, la guerre sainte.

Contre toute attente, il échappa à l’écroulement du IIIème Reich et parvint à se réfugier dans une villa des environs de Paris.  
Sa personnalité était telle que les vainqueurs espéraient encore s’en servir. Le plus discrètement possible.
Pour des raisons diverses, les Britanniques, les Français et les Soviétiques tenaient à ménager les pays arabes.
Le Grand Mufti pouvait jouer un rôle essentiel dans les événements qui précédèrent la naissance de l’Etat d’Israël.
Le vieil adversaire du sionisme reprit alors du service. Il n’avait jamais abandonné le combat.
Au printemps 1946, il s’installa au Caire qui était devenu pour lui la capitale du panislamisme armé. De jeunes officiers égyptiens, qui rêvaient de révolution et de guerre sainte, vinrent le consulter comme un véritable oracle. Parmi les plus fanatiques et les plus attentifs, on reconnût vite un jeune capitaine. Il se nommait Gamal Abd el Nasser. Avec lui, le Grand Mufti semblait avoir découvert son meilleur élève.

Hadj Amin el Hussein mourut d’une crise cardiaque le 4 avril 1974 à Beyrouth.

* La 13ème Waffen Gebirgs Division der SS " HANSCHAR"

Heinrich Himmler aimait à répéter : "toutes les religions détruisent la fierté guerrière de l’homme. Une seule me paraît possible : l’islam. La foi musulmane n’empêche pas les fidèles de se battre".

Depuis l’automne 1942, les Volksdeusche de Croatie et de Serbie, engagés, plus ou moins de force, dans la 7ème SS Freiwilligen Gebirgs Division "Prinz Eugen" mènent des très durs combats contre les partisans de Tito, qui contrôlent les régions montagneuses, totalement fermées aux troupes de l’Axe.
En Bosnie, la situation semble inextricable. La population convertie à l’islamisme par le fer et le feu, au temps de la domination turque sur les Balkans, déteste les communistes athées, les catholiques croates et les orthodoxes serbes. Partisans de Tito et miliciens de l’Oustacha se livrent une guerre sans merci, auxquels les Tchetniks royalistes et orthodoxes apportent encore un raffinement sanglant, en se battant tantôt dans un camp et tantôt dans l’autre.
Les Italiens sont impuissants et les Allemands débordés.

Himmler, aidé par Gottlob Berger décide de créer un corps de volontaires musulmans en Bosnie-Herzégovine. Il désigne le Standartenführer von Obwurzer pour former la nouvelle unité. En février 1943, le recrutement commence. Des centaines de jeunes musulmans se présentent. Le Grand Mufti de Jérusalem se rend en Croatie pour inciter ses coreligionnaires à s’engager dans la Waffen SS. Il faut dire que la haine ancestrale des Bosniaques pour les Serbes a creusé entre eux un fossé de sang. Beaucoup d’hommes sont prêts lutter contre les titistes.
Pourtant, le "Poglanik" (chef de l’Etat indépendant de Croatie), Ante Pavelich, pourtant fidèle à l’Axe, voit d’un très mauvais œil la constitution de cette unité qui va lui échapper. Mais Himmler exige que la nouvelle division compte plus de 25 000 hommes.
Ante Pavelich cède et le recrutement s’amplifie. Comme le nombre de volontaires n’est pas assez élevé, les recruteurs allemands n’hésitent pas à utiliser les méthodes des armées de l’ancien régime austro-hongrois en enrôlant de force les indécis. Beaucoup d’hommes sont "cueillis" à la sortie de la mosquée et se retrouvent quelques heures plus tard avec un uniforme felgrau sur le dos.
Les volontaires sont encasernés, habillés et entraînés. Ils portent l’uniforme SS, mais sans les deux runes au col. Sur le bras, l’aigle allemand et l’écusson croate à damier rouge et blanc. Sur la tête, un fez rouge ou felgrau, sur lequel étincellent l’aigle et la tête de mort SS.
Les SS musulmans prononceront un double serment, jurant "fidélité et bravoure", à la fois à Adolf Hitler et à Ante Pavelich. Ils tiennent à marquer qu’ils sont des soldats à part entière de la Waffen SS et des loyaux sujets de l’Etat croate.
Au mois de juillet 1943, 360 officiers, 1 931 sous-officiers et 18 774 hommes constituent la 13ème division de chasseurs de montagne de la Waffen SS, la division "Handschar".
Comme l’atmosphère n’est pas propice à son entraînement en Bosnie, la future division est transférée en France, à Mende, en Lozère.
Les volontaires semblent souffrir du mal du pays. Transplantés loin de leurs montagnes balkaniques et soumis à un entraînement très rude, ils ne tardent pas à perdre le moral. Beaucoup commencent à semer la terreur dans la région, volant les poules et troussant les filles. Quelques officiers et sous-officiers de la division "Prinz Eugen " sont mutés à la division "Handschar" pour y remettre de l’ordre. Ce sont des Volksdeutsche de Yougoslavie qui affirment connaître la manière de traiter les musulmans.

Les gradés SS sont obligés de tenir compte de la susceptibilité religieuse de leurs hommes. Les nouveaux "combattants de la foi" sont des stricts mahométans, qui exigent que soient respectées les règles du culte islamique. Plusieurs fois par jour, les exercices sont interrompus pour des séances de prière collective. Les recrues se déchaussent et s’accroupissent sur leur toile de tente camouflée, qui va leur servir de tapis de prière. Ils se tournent tous vers La Mecque et récitent les versets du Coran.
Les horaires militaires sont bouleversés et la vie s’arrête ainsi avant le lever du soleil, à l’heure de midi, au crépuscule et à l’arrivée de la nuit noire… Chaque bataillon possède un imam et celui-ci veille à ce que soient strictement respectées les périodes de jeûne. Les services allemands de l'intendance ont l'ordre de ne jamais approvisionner la division en boissons alcoolisées et en viande de porc.

A la mi-septembre 1943, une révolte éclate. Un millier d’hommes, stationnés à Villefranche-de-Rouerge, se mutinent. Tout de suite, la révolte prend un tour tragique ; des instructeurs allemands sont assassinés. Rapidement, de nouvelles unités arrivent pour ramener un peu d’ordre. Ce sont d’autres musulmans de la division, mais bien tenus en main et dévoués à leurs chefs. Ils répriment le soulèvement de leurs camarades avec une rare brutalité. Les meneurs sont abattus sur place ou exécutés après un jugement sommaire.

Début octobre 1943, au grand soulagement de la population, la division est transférée en Silésie avant de gagner l’Autriche.
Les musulmans doivent former une unité de montagne et l’entraînement se poursuit dans les Alpes styriennes.
Début 1944, la division rejoint son pays, dans le nord de la Bosnie et s’installe sur la rivière Sava, dans une région où la densité des partisans titistes est particulièrement forte. Aussitôt les opérations commencent.
Dans cette guérilla, toutes les horreurs et toutes les ruses sont de règle. Les musulmans massacrent leurs adversaires, sans aucune pitié. Ils savent que les communistes ne feront pas de prisonniers, eux non plus.
Jusqu’en septembre 1944, la division "Handschar" va multiplier les opérations, traquant les maquisards dans leurs repaires de montagne et massacrant tous les civils. Ils ne tuent qu’au couteau.
Ayant eu vent des exploits des soldats de la division, Hitler déclara, en parlant des volontaires étrangers qui servent dans les forces armées du IIIème Reich : "Je considère que seuls les musulmans sont dignes de confiance".

La situation devient de plus en plus critique pour les forces du Reich dans les Balkans. L’offensive soviétique de l’automne 1944 menace tout le bassin du Danube.
Les volontaires musulmans se débandent. Il reste à peine un régiment de volontaires qui va combattre sur d’autres théâtres d’opérations. Les rares rescapés de la division réussissent à gagner l’Autriche, talonnés par les soviétiques, harcelés par les partisans titistes, s’échappant vers l’ouest pour éviter une capture synonyme d’une mort certaine. Ils se rendent aux Britanniques.

Les soldats de la division et leurs chefs ont combattu les partisans avec une férocité toute balkanique. Le maréchal Tito, devenu chef de l’Etat yougoslave, demande que 38 officiers et sous-officiers de la division lui soient livrés. Ils doivent être jugés pour crimes de guerre. Beaucoup seront exécutés.
Les Britanniques livrèrent tous les SS musulmans qu’ils détenaient ainsi que de nombreux miliciens catholiques de l’Oustacha croate. Ils seront tous exécutés à Maribor, sur la Drave.

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