La guerre d'indépendance irlandaise (ou guerre anglo-irlandaise)
Traduit de l'anglais par Stéphane Mantoux

David Lloyd George

La guerre d'indépendance irlandaise (ou guerre anglo-irlandaise) est une campagne de guérilla montée contre le gouvernement britannique en Irlande par l'Irish Republican Army (IRA), sous la légitimité proclamée du First Dail, le parlement irlandais extra-légal crée en 1918 par une majorité de membres du Parlement irlandais. Cette campagne prend place de janvier 1919 jusqu'à la trêve de juillet 1921.
L'Irish Republican Army qui combat pendant ce conflit est souvent dénommée Old IRA pour la distinguer des organisations plus tardives qui reprennent le même nom.

 

Les origines

Pour les Irlandais républicains puristes, la guerre d'indépendance de l'Irlande commence avec la proclamation de la République d'Irlande pendant le soulèvement de Pâques en 1916. Les républicains arguent que le conflit de 1919-21 (et donc la guerre civile irlandaise qui suit) est en fait la défense de cette même république contre des tentatives visant à la détruire. Plus directement, le conflit a ses origines dans la formation d'un parlement irlandais indépendant déclaré unilatéralement, appelé le Dail Ereann, formé par une majorité de membres du parlement élus dans les circonscriptions électorales irlandaises pendant l'élection générale irlandaise (organisée par le Royaume-Uni) de 1918. Ce parlement, connu sous le nom de First Dail, et son ministère, appelé le Aireacht, déclarent l'indépendance irlandaise. L'IRA, en tant "qu'armée de la république irlandaise", est perçue par les membres du Dail Ereann comme ayant mandat pour mener la guerre contre l'administration britannique du château de Dublin, commandée par un Lord Lieutenant en Irlande.
Le 21 janvier 1919, des volontaires de l'IRA menés par Dan Breen tuent deux membres de la Royal Irish Constabulary lorsqu'ils refusent de donner à ces derniers un stock de gelignite, qu'ils détiennent, dans le comté de Tipperary, à Soloheadbeg.
Cet événement est largement considéré comme le début de la guerre d'indépendance, bien que ces hommes aient agi de leur propre chef. La loi martiale est déclarée dans le South Tipperary trois jours plus tard. Le jour même où ces coups de feu ont retenti, le First Dail, dans la Mansion House de Dublin, où a été ratifiée la proclamation d'indépendance de 1916, proclame une nouvelle déclaration d'indépendance, demandant l'évacuation de la garnison militaire britannique, et appelant "toutes les nations libres du monde" à reconnaître l'indépendance de l'Irlande.

Badge de la Royal Irish Constabulary (RIC)

Les violences s'étendent

Les volontaires commencent à attaquer les propriétés du gouvernement britannique, mènent des raids pour trouver des armes et des fonds et assassinent des membres éminents de l'administration britannique. Le premier de la liste est le magistrat résident John Milling, qui est abattu à Wesport, dans le comté de Mayo, pour avoir envoyé quelques volontaires en prison sous l'accusation de rassemblement et d'entraînement illégaux.
Les volontaires reprennent les tactiques couronnées de succès des Boers, des raids soudains et violents menés sans uniformes. Bien que quelques leaders républicains, tel Eamon de Valera, préfèrent la guerre conventionnelle traditionnelle pour légitimer la nouvelle république aux yeux du monde, Michael Collins, leader plus expérimenté en la matière, et le commandement plus large de l'IRA s'opposent à ce point de vue qui a mené à la débâcle militaire en 1916. L'usage de la violence est d'abord profondément impopulaire dans l'opinion publique irlandaise, mais celle-ci est progressivement retournée quand elle fait face à la campagne de terreur du gouvernement britannique marquée par une brutalité sans bornes, des destructions de propriétés, des arrestations au hasard, et des fusillades gratuites. Les choses arrivent lentement, mais en 1920 la violence est de mise.
Au début de 1920, les dockers de Dublin refusent de transporter du matériel militaire et sont bientôt rejoints par l'Irish Transport and General Workers Union, en dépit de centaines de mises à sac. Les conducteurs de trains sont amenés d'Angleterre après que les conducteurs irlandais aient refusés de transporter des troupes britanniques.
En mars 1920, dans le West Limerick, l'IRA fusille un homme accusé d'espionnage, pour la première fois.
Au début avril, 400 barraques abandonnées par les Britanniques sont réduites en cendres pour éviter qu'elles ne soient réutilisées, tout comme presque une centaine de bureaux d'impôts sur le revenu. Quelques jours plus tard, des prisonniers détenus dans l'établissement de Mountjoy commencent une grève de la faim pour obtenir le statut de prisonnier politique. Ces grèves de la faim conduisent à une grande manifestation de soutien à Dublin, suivie par une grève de la faim généralisée d'une journée. En raison de pressions du sommet, les prisonniers sont relâchés (ils ont l'intention de libérer seulement ceux qui n'ont pas été condamnés). Une patrouille commune du RIC (Royal Irish Constabulary) et du Highland Light Infantry tire sur une foule désarmée à Miltown Malbay où a lieu une célébration en l'honneur des hommes libérés, et tue trois volontaires tout en blessant neuf. Le Coroner du comté reconnaît 9 soldats et policiers coupables de meurtres ayant enfreint leur mandat, mais aucune action disciplinaire n'est engagée.
Arthur Griffith estime que dans les 18 premiers mois du conflit, les forces de la Couronne mènent 38 720 raids sur des maisons de particuliers, arrêtent 4 982 suspects, entreprennent 1 604 assauts armés, mettent à sac et envahissent 102 cités et tuent 77 républicains désarmés ou civils. Griffith est responsable de l'installation des "Dail Courts", un système légal qui opère en parallèle de celui mis en place par les Britanniques, et finalement le surclasse lorsque l'autorité morale et le contrôle territorial de l'IRA s'affirment.
La principale cible de l'IRA pendant tout ce conflit est la principale force de police catholique irlandaise, la Royal Irish Constabulary, qui est vue comme les yeux et les oreilles du gouvernement britannique en Irlande. Ses membres et ses baraquements (particulièrement les plus isolés) sont vulnérables et sont autant de viviers potentiels d'armes pour leurs adversaires. La RIC compte 9 700 hommes installés dans 1 500 baraquements à travers l'Irlande. Une politique d'ostracisme frappant les hommes de la RIC est promue par le Dail en avril 1919. Cela a pour effet de démoraliser les troupes au fur et à mesure que la guerre s'étend, car la population se détourne de plus en plus d'une force jugée compromise avec la répression du gouvernement britannique.
Le taux de démissionnaires augmente, et le recrutement devient presque impossible. Souvent, ils en sont réduits à acheter leur nourriture sous la menace d'une arme, et les magasins et hommes d'affaires refusent de s'entendre avec eux. Quelques hommes de la RIC collaborent avec l'IRA, par crainte ou par sympathie, aidant l'organisation par la collecte de renseignements fiables. En 1919, 11 hommes de la RIC et 4 de la Dublin Metropolitan Police sont tués et 20 membres de la première sont également blessés. En 1921, le nombre de morts de la RIC monte à 205 et 291 sont blessés. Au total, 363 membres de la RIC sont tués pendant la guerre, et 510 blessés.

Jan Smuts

Michael Collins et l'IRA

Michael Collins est la principale force d'entraînement qui se cache derrière la guerre d'indépendance. Nominalement Ministre des Finances du gouvernement de la République, mais aussi directeur des renseignements de l'IRA, il est activement impliqué dans la fourniture d'armes et de fonds aux unités de l'IRA qui en ont le besoin, et également dans la sélection des officiers. L'intelligence naturelle de Collins, sa capacité d'organisation et une conduite absolue galvanisent la plupart de ceux qui le rencontrent. Il établit un réseau très efficace d'espions parmi les membres complaisants de la Dublin Metropolitan Police (DMP) "G Division", et d'autres branches importantes de l'administration britannique. Les hommes de la G Division sont détestés par l'IRA car ils sont souvent utilisés pour identifier les volontaires qui ne seraient pas connus des troupes britanniques et, plus tard, aux Black and Tans. Collins forme "The Squad", un groupe d'hommes dont la seule tâche est de démasquer et de tuer les "G-Men", les membres de la petite division très active de surveillance politique de la DMP qui cherche à infiltrer et pourrir de l'intérieur le mouvement républicain, ainsi que les autres agents et espions britanniques. Collins commence à faire exécuter des officiers du renseignement de la RIC dans le courant de 1919. Beaucoup de G-Men se voient offrir une seconde chance par l'IRA, en démissionnant ou en quittant l'Irlande, ce que certains font effectivement.
Le chef d'état-major de l'IRA est Richard Mulcahy, qui est responsable pour la direction et l'organisation des unités de l'IRA dans le pays. En théorie, Collins et Mulcahy sont responsables devant Cathal Brugha, le Ministre de la Défense du Dail. Pourtant, dans les faits, Brugha a seulement un rôle de superviseur, approuvant ou refusant des actions spécifiques. Une grande marge est aussi laissée aux chefs de l'IRA dans les secteurs locaux (tels Liam Lynch, Tom Barry, Sean Moylan, Sean MacEoin et Ernie O'Malley), qui organisent l'activité de guérilla, largement de leur propre initiative. Pendant la plus grande partie du conflit, l'activité de l'IRA est concentrée dans le Munster et à Dublin, avec seulement quelques unités isolées de l'IRA opérant ailleurs, comme dans le comté du nord de Longford ou le comté occidental de Mayo.
Tandis que sur le papier, les adhésions à l'IRA, gonflées des transferts venant des Irish Volunteers, sont de plus de 100 000 hommes, Michael Collins estime que seulement 15 000 ont effectivement servi dans l'IRA pendant la guerre, dont 3 000 disponibles à tous moments. Il y aussi des organisations de l'arrière comme le ICumman na mBan (la section féminine de l'IRA) et le Fianna Ereann (le groupe des jeunesses) qui transportent armes et renseignements pour les hommes de l'IRA et assurent logis et couverts pour eux. L'IRA bénéficie aussi d'une aide plus large de la population irlandaise, qui refuse de donner des informations à la RIC ou aux troupes britanniques et fournit souvent des "endroits sûrs" et des provisions aux hommes de l'IRA en campagne. Cette popularité de l'IRA est en grande partie due aux exactions des troupes de la Couronne qui réagissent à l'activité de l'IRA ! .
Une politique de représailles non officielle du gouvernement commence en septembre 1919 à Fermoy, dans le comté de Cork, lorsque 200 soldats britanniques pillent et incendient les principaux commerces de la place, après qu'un de leurs camarades ait été tué dans un raid armé de l'IRA locale. Des actions comme celle-ci, répétées à Limerick et à Balbriggan, augmentent le soutien local apporté à l'IRA et le soutien international pour la cause de l'indépendance irlandaise.
En avril, après plusieurs raids de l'IRA, le département du Trésor cesse d'opérer dans une grande partie de l'Irlande. Les habitants sont encouragés à souscrire à l'emprunt national de Collins, instauré pour lever des fonds destinés à aider le jeune gouvernement et son armée. Le magistrat résident Alan Bell, de Banagher, est chargé par les Britanniques de pister l'argent. Le 26 mars 1920, il a confisqué avec succès plus de 71 000 livres au QG du Sinn Fein, et, en enquêtant dans les banques à travers le pays, est prêt à saisir beaucoup plus. Le même jour, il est tiré d'un tramway dans le sud de Dublin et abattu de trois balles dans la tête. A la fin de l'année, l'emprunt a déjà permis de réunir 357 000 livres. Les taxes sont encore payées aux conseils locaux, comme ceux-ci sont contrôlés par des membres du Sinn Fein, qui refusent naturellement de les transmettre au gouvernement britannique.
Quand Eamon de Valera revient des Etats-Unis, il demande au Dail que l'IRA soit déssaisie des raids et des assassinats qui autorisent les Britanniques à la dépeindre à l'étranger comme une organisation terroriste, avec succès, et qui vont provoquer l'intervention de troupes britanniques usant de méthodes de guerre conventionnelles. Cette proposition irréaliste échoue immédiatement, mais illustre clairement que bon nombre de leaders du Sinn Fein ne sont pas en phase avec la réalité de la guerre sur le terrain.

Michael Collins aux funérailles d'Arthur Griffith,
en tant que chef de l'armée nationale irlandaise, août 1922

La réponse britannique

Les Black and Tans sont envoyés pour renforcer la RIC, chancelante. Forts de 7 000 hommes, les Blacks and Tans sont essentiellement des ex-soldats britanniques démobilisés après la fin de la Grande guerre. La plupart viennent de cités britanniques et écossaises. Bien qu'officiellement ils soient partie intégrante de la RIC, ils constituent en réalité une force paramilitaire. Après leur déploiement en mars 1920, ils gagnent rapidement une réputation d'ivrognerie et d'indiscipline qui fait beaucoup plus pour saper l'autorité morale du gouvernement britannique en Irlande que n'importe quel autre groupe. En réponse à des actions de l'IRA, à l'été 1920, les "Tans" incendient et mettent à sac de nombreuses petites villes à travers l'Irlande, dont Balbriggan, Trim, Templemore et bien d'autres encore. En juillet arrive les Auxiliaries, 2 214 anciens officiers de l'armée britannique. L'Auxiliary Division a une toute aussi mauvaise réputation que les Tans en ce qui concerne les exactions sur la population civile mais tend à être plus efficace et à s'en prendre davantage à l'IRA. La politique de représailles, qui implique des dénonciations publiques et l'approbation ou la dénégation privée, est satirisée de manière fameuse par Lord Hugh Cecil quand il affirme : "On semble d'accord sur le fait qu'il n'y a rien de pareil aux représailles, mais qu'elles ont un bon effet.".
En août 1920, le Parlement britannique vote l'acte de restauration de l'ordre en Irlande, qui suspend toutes les cours de Coroners, en raison du grand nombre de leurs membres servant dans les forces de la Couronne.
Elle sont remplacées par des "cours militaires d'enquête". Cela a été interprété par les historiens comme un choix de David Lloyd George de mettre à genoux la rébellion en Irlande plutôt que de négocier avec les leaders républicains.
En conséquence, la violence connaît un escalade pendant l'été, et s'amplifie entre novembre 1920 et juillet 1921.

Eamon de Valera

La guerre (novembre 1920-juillet 1921)

Le 21 novembre 1920, le Squad de Collins abat 18 agents secrets britanniques (connus sous le nom de "Cairo Gang") à différents endroits dans Dublin. En réponse, les Auxiliaries déboulent en camion dans Croke Park (un terrain de football de Dublin) pendant un match, tirant sur la foule au hasard. 14 personnes désarmées sont tuées et 65 sont blessées. Plus tard dans la journée, deux républicains prisonniers, et un ami non concerné arrêté avec eux, sont déclarés "abattus en tentant de s'enfuir" (en fait on les a exécutés) au château de Dublin. Ce jour reste connu comme le Bloody Sunday. Aujourd'hui encore, un stand de Croke Park est appelé Hogan Stand, en hommage à un joueur du Tipperary tué dans l'attaque.
Le 28 novembre 1920, à peine une semaine après le Bloody Sunday, l'unité de l'IRA du Cork occidental, sous les ordres de Tom Barry, prend en embuscade une patrouille d'Auxiliaries à Kilmicheal dans le comté de Cork, tuant 17 membres de la patrouille sur les 18 que celle-ci comptait. Cette action marque une escalade significative dans le conflit, avec les comtés de Corck, Kerry, Limerick et de Tipperay, tous situés dans la province de Munster, placés sous la loi martiale à partir du 10 décembre. Peu de temps après, en janvier 1921, les "représailles officielles" sont approuvées par les Britanniques et commencent avec l'incendie de 7 maisons de la ville de Midleton, dans le Cork. En mars, le Dail déclare la guerre à l'Angleterre.
Le Lord maire de Cork, Terence MacSwiney, meurt de faim dans la prison de Brixton à Londres au mois de novembre, ainsi que deux autres prisonniers de l'IRA. Le jury appelé pendant l'enquête sur les circonstances de ces décès rend un verdict de meurtre délibéré à l'encontre de David Lloyd George (Premier Ministre britannique) et du District Inspector Swanzy, entre autres. Swanzy est plus tard traqué et tué à Lisburn, dans le comté d'Antrim. Le centre de Cork est incendié par les forces de la couronne, qui empêchent ensuite les pompiers de combattre le feu, le 11 décembre 1920, en représailles pour une attaque de l'IRA dans la cité.
Les 8 mois suivants, jusqu'à la trêve de juillet 1921, voit une spirale infernale du nombre de morts, 1 000 incluant membres de la RIC, militaires britanniques, membres de l'IRA et civils, pour les seuls mois de janvier à juillet 1921. Cela représente en tout 70 % du nombre de tués pour ce conflit de trois années. De plus, 4 500 volontaires de l'IRA (ou sympathisants suspectés comme tels) sont incarcérés dans le même labs de temps.
Le 1er février, la première exécution d'un membre de l'IRA sous la loi martiale est appliquée. Cornelius Murphy de Millstreet, dans le comté de Cork, est fusillé dans la ville éponyme. Le 28, six autres sont passés par les armes, toujours à Cork. En tout, 14 volontaires de l'IRA le seront pendant la guerre.
Le 19 mars 1921, l'unité de Tom Barry, fort d'une centaine d'hommes, mène une action de grande ampleur contre
1 200 soldats britanniques-l'embuscade de Crossbarry.
Les hommes de Barry échappent de justesse à l'encerclement par plusieurs colonnes britanniques convergentes et tuent 10 à 30 Britanniques. Deux jours après, le 21 mars, l'unité de l'IRA de Kerry attaque un train à la gare de Headford, près de Killarney. On estime que 20 soldats britanniques perdent la vie dans l'affaire, ainsi que deux volontaires de l'IRA et trois civils. La plupart des actions de l'IRA sont de plus faible gabarit, mais les volontaires obtiennent d'autres succès significatifs dans des embuscades, comme à Millstreet, toujours en mars 1921, et à Tourmakeady et Carrowkennedy dans le comté de Mayo, en mai et juin. Mais les embuscades ratées sont toutes aussi fréquentes, parmi les pires on trouve celles de Upton et Clonmult dans le comté de Cork en février 1921 : 5 et 12 membres de l'IRA respectivement y sont tués, et encore plus capturés. L'IRA du comté de Mayo subit un revers identique à Kilmeena. La crainte de dénonciateurs après de tels échecs cause une recrudescence d'exécutions de l'IRA d'informateurs réels ou imaginaires.
La plus grosse perte en une action, pourtant, se produit à Dublin pour l'IRA. Le 25 mai 1921, plusieurs centaines de membres de l'IRA de la brigade de Dublin occupent et brûlent la Custom House (le centre du gouvernement local en Irlande) dans le centre ville. Symboliquement, cela a été fait pour montrer que la domination britannique en Irlande est intenable. Pourtant, du point de vue militaire, c'est un fiasco total, avec 5 morts et plus de 80 prisonniers parmi les volontaires engagés. Cela prouve que les hommes de l'IRA ne sont pas assez bien entraînés ou équipés pour résister aux troupes britanniques dans une guerre conventionnelle. Pourtant, cela ne produit pas, comme on l'a parfois affirmé, un effondrement de l'IRA à Dublin. La brigade locale mène 107 attaques en mai et 93 en juin, montrant une baisse de l'activité mais pas dramatique. Pourtant, en juillet, la plupart des unités de l'IRA sont à la fois à court d'armes et de munitions. Aussi, malgré leur efficacité dans les techniques de guérilla, les volontaires, comme le rappelle Richard Mulcahy, "sont incapables de chasser les Britanniques d'autre chose que de bonnes grosses baraques de police".
Pourtant de nombreux historiens militaires ont conclu que l'IRA a mené une guérilla largement efficace et létale, qui force le gouvernement britannique à reconnaître que l'IRA ne peut pas être vaincue militairement.
A l'époque de la trêve, pourtant, beaucoup de leaders républicains, comme Michael Collins, sont convaincus que si la guerre se prolonge, il y a une chance que la campagne de l'IRA telle qu'elle est alors organisée soit réduite au point mort.
A cause de cela, des plans sont établis pour "porter la guerre en Angleterre". L'IRA prend pied dans les rues de Glasgow. Il est décidé que les cibles économiques clés, comme les docks de Liverpool, doivent être piégés.
19 entrepôts ont ainsi été réduits en centre sur place par l'IRA au mois de novembre précédent.
Les unités chargées de ces missions peuvent plus facilement échapper à la capture, car l'Angleterre n'est pas, opinion publique oblige, astreinte à la loi martiale. Ces plans sont abandonnés avec la trêve.

 

La guerre dans le nord-est (juillet 1920-juillet 1922)

Dans l'Acte du gouvernement de l'Irlande de 1920 (proposé en juillet et ratifié en décembre de la même année), le gouvernement britannique essaye de résoudre le conflit en créant deux parlements Home Rule en Irlande, respectivement au nord et au sud. Tandis que le Dail Eireann l'ignore, du fait que selon lui la République irlandaise existe déjà, les unionistes du nord-est l'acceptent et se préparent à former leur propre gouvernement. Cette partie de l'Irlande, majoritairement protestante et unioniste, a donc connu en conséquence un schéma de violence très différent du reste du pays. Tandis que dans le sud et l'ouest, le conflit oppose l'IRA aux troupes britanniques, dans le nord-est et à Belfast en particulier, il débouche sur un cycle de violences sectaires, entre les catholiques, largement nationalistes, et les protestants plutôt unionistes.
Alors que les attaques de l'IRA sont moins fréquentes dans le nord-est que partout ailleurs, la communauté unioniste se voit elle-même assiégée par les catholiques nationalistes armés qui semblent avoir pris le contrôle du reste de l'Irlande. Par conséquent, elle réagit contre la communauté catholique en masse. De telles actions sont largement couvertes par les chefs de l'unionisme et même provoquées par les forces de l'Etat. James Craig, par exemple, écrit en 1920 : "Le Loyaliste de base a été contraint de passer à l'action... il ressent maintenant la situation de manière si désespérée, à moins que le gouvernement ne fasse quelque chose, qu'il serait avisé de voir quelles étapes peuvent être mises en place pour organiser des actions de représailles contre les rebelles.".
Le premier cycle d'attaques et de représailles intervient dans le courant de l'été 1920. Le 17 juillet, le colonel britannique Gerard Smyth est assassiné par l'IRA dans le County Club de la cité de Cork en réponse à un discours qu'il a tenu aux hommes de la RIC, encourageant les représailles contre la population civile. Smyth vient de Banbridge, dans le comté de Down du nord et sa mort provoque des représailles sur place contre les catholiques de Banbridge et Dromore. Le 21 juillet, des loyalistes sur les chantiers navals de Harland et Wolff à Belfast, expulsent plus de 7 000 catholiques et protestants de l'aile gauche. Des émeutes sectaires éclatent en réponse à Belfast et Derry, avec plus de 40 morts et des catholiques et protestants expulsés de leurs domiciles.
Le 22 août, le détective de la RIC Swanzy est abattu par les hommes du Cork de l'IRA alors qu'il quitte l'église de Lisburn, dans le comté d'Antrim. Swanzy, on s'en souvient, a été blâmé par un jury d'enquête concernant la mort du maire de Cork, Thomas MacCurtain. Pour se venger, des loyalistes locaux incendient des zones résidentielles catholiques de Lisburn. Tandis que plusieurs personnes sont plus tard poursuivies pour ces incendies, aucune tentative n'est visiblement faite pour stopper les attaques. Michael Collins, agissant sur une suggestion de Sean MacEntee, organise un boycott des biens en provenance de Belfast en réponse aux agressions contre la communauté catholique. Le Dail approuve un boycott partiel le 6 août et un beaucoup plus large est instauré à la fin de 1920.
Après une accalmie de la violence dans le nord pour le nouvel an, les meurtres s'intensifient encore sur place au printemps 1921. Les unités septentrionales de l'IRA sont sous la pression de leur commandement à Dublin, pour organiser des attaques en phase avec le reste du pays. De manière prévisible, cela va entraîner des représailles incontrôlables contre les catholiques. Par exemple, en avril 1921, l'IRA de Belfast tue deux Auxiliaries sur la place Donegal, dans le centre ville. La même nuit, deux catholiques sont abattus sur la Falls Road. Le 10 juillet 1921, l'IRA prend en embuscade des forces britanniques dans la rue Raglan de Belfast. Dans la semaine suivante, 16 catholiques sont tués et 216 de leurs maisons brûlées en représailles. Les meurtres du côté loyaliste sont largement exécutés par l'Ulster Volunteer Force (UVF), avec la collaboration de la police, de l'armée et de la police auxiliaire, l'Ulster Special Constabulary ou "B-Specials". Les B-Specials (créés en septembre 1920) sont largement recrutés parmi l'Ulster Volunteer Force et les Loges Oranges, et, selon les mots de l'historien Michael Hopkinson, "se forment comme une UVF officiellement reconnue". En mai, James Craig vient à Dublin pour rencontrer le Lord Lieutenant britannique en Irlande, Lord Fitzalan, et il est passé clandestinement par l'IRA à travers Dublin pour rencontrer Eamon de Valera. Les deux chefs discutent de la possibilité d'un armistice en Ulster et d'une amnestie pour les prisonniers. Craig propose un compromis d'installation basé sur l'acte de gouvernement de l'Irlande, qui limite l'indépendance du sud et l'autonomie du nord dans le contexte du Home Rule. Pourtant, ces discussions n'aboutissent à rien et la violence dans le nord continue.
Tandis que les affrontements dans le sud s'arrêtent largement après la trêve du 11 juillet 1921, dans le nord les meurtres continuent jusqu'à l'été 1922. De plus, en dépit de l'acceptation par le Dail du traité anglo-irlandais de janvier 1922, qui confirme l'existence future de l'Irlande du Nord, il y a des affrontements entre l'IRA et les forces de la Couronne britannique le long de la nouvelle frontière dès le début de 1922. En partie, cela reflète le point de vue de Michael Collins, à savoir que le traité est un accord tactique, ou une "pierre d'achoppement", plutôt qu'un fait définitif. Un certain nombre d'hommes de l'IRA sont arrêtés à Derry alors qu'ils voyagent sous l'étiquette de joueurs de foot de l'équipe de Monaghan Gaelic. En représailles, Michael Collins prend 42 loyalistes en otage dans les villes de Fermanagh et Tyrone. Les B-Specials envoyés au secours des otages sont pris en embuscade à Clones, sur le territoire du sud, et 4 hommes sont tués. En dépit de l'installation d'une commission frontalière pour servir de médiateur entre les deux bords à la fin du mois de février, en mars l'IRA organise des raids contre trois baraquements britanniques. Toutes ces actions provoquent en représailles des meurtres à Belfast. Winston Churchill arrange une rencontre entre Michael Collins et James Craig le 21 janvier 1922 et le boycott des marchandises de Belfast appliqué par le sud est levé mais réimposé après quelques semaines. Les deux leaders se rencontrent à nouveau à plusieurs reprises par la suite, mais malgré une déclaration conjointe de "Paix déclarée", le 30 mars, les violences continuent.
D'avril à juin 1922, Collins lance une guérilla clandestine de l'IRA contre l'Irlande du Nord. A cette époque, l'IRA est déchirée par la question du traité anglo-irlandais, mais les unités pro et anti-traité sont toutes impliquées dans les opérations. Les armes envoyées par l'Angleterre pour équiper la nouvelle armée irlandaise sont en fait données aux unités de l'IRA qui expédient elles-mêmes leurs armes au nord. Pourtant, l'offensive, lancée par l'IRA au moyen d'une série d'attaques dans le nord les 17-19 mai, se révèle finalement un échec. Le 22 mai, après l'assassinat d'un politicien unioniste, William Twaddell, 350 hommes de l'IRA sont arrêtés à Belfast, décapitant l'organisation sur place. Le plus vaste choc se produit en juin, quand des troupes britanniques doivent utiliser l'artillerie pour déloger des hommes d'une unité de l'IRA retranchés dans le village de Pettigo, en tuant 7, en blessant 6 et en faisant 4 prisonniers. C'est la dernière grande confrontation entre troupes britanniques et membres de l'IRA pour la période 1919-1922. Le cycle des atrocités sectaires contre les civils continue pourtant en juin 1922. Le 17, en représailles du meurtre de deux catholiques, l'unité de l'IRA commandée par Frank Aiken abat six civils protestants d'Altnaveigh, dans le sud de l'Armagh.
Michael Collins tient le général britannique Henry Hugues Wilson pour responsable des attaques contre les catholiques dans le nord et le fait assassiner courant juin 1922, un événement qui va involontairement contribuer à déclencher la guerre civile irlandaise (Winston Churchill affirme après ce meurtre que Collins prend alors des mesures contre les membres de l'IRA anti-traité, qu'il accuse d'avoir commandité l'assassinat). Le déclenchement de la guerre civile dans le sud a pour effet ironique de mettre fin aux violences dans le nord, la guerre démoralisant l'IRA dans le nord-est et distrayant l'attention du reste de l'organisation de la question de la partition. Après la mort de Collins en août 1922, le nouvel Etat libre d'Irlande abandonne ses politiques agressives contre son voisin du nord.
Un total de 557 personnes sont mortes dans les violences politiques ayant eu lieu en ce qui devient l'Irlande du Nord entre juillet 1920 et juillet 1922. Sur ce total, 303 sont catholiques (incluant les membres de l'IRA), 172 protestantes et 82 sont des membres de la RIC ou des soldats britanniques. Belfast est le pôle de cette violence, avec 452 tués -267 catholiques et 185 protestants. Les catholiques nationalistes soutiennent que cette violence est un véritable pogrom contre leur communauté, puisque la disproportion du nombre de tués leur est favorable (58 % des victimes), bien qu'ils représentent à peine 35 % de la population de l'Irlande du Nord.

 

Les pertes

Le nombre total de morts dans la guerre-guérilla entre les républicains et les forces de la couronne, de 1919 à 1921, dépasse les 1 400. Sur ce total, 363 sont des membres de la police, 261 sont des soldats britanniques de l'armée régulière, 550 des volontaires de l'IRA (dont 14 fusillés) et près de 200 des civils. Quelques autres sources donnent des chiffres supérieurs. Par ailleurs, 557 autres personnes sont mortes lors des affrontements en Irlande du Nord, avec une majorité cette fois de civils (dont 453, sur ce total, rien qu'à Belfast). Ce coût humain est généralement séparé des affrontements au sud car la plupart de ces morts sont survenues après la trêve du 11 juillet qui a vu la fin des combats dans le reste de l'Irlande.

Monument à la guerre d'indépendance de Phibsboro

La propagande de guerre

Une autre caractéristique de ce conflit est l'utilisation de la propagande, des deux côtés. Les Britanniques essaient de montrer l'IRA comme anti-protestante pour encourager le loyalisme des Irlandais protestants et gagner leur sympathie par leurs tactiques très dures en Grande-Bretagne. Par exemple, dans leurs communiqués, ils mentionnent toujours la religion des personnes tuées par des espions ou des collaborateurs de l'IRA si elle est protestante, mais pas si elle est catholique (ce qui est le plus fréquent), essayant de donner l'impression, en Irlande et à l'étranger, que l'IRA massacre les protestants. Ils encouragent les éditeurs de journaux, parfois sous la contrainte, à faire de même.
A l'été 1921, une série d'articles apparaît dans un magazine de Londres, intitulée "L'Irlande et la Nouvelle Terreur, vivant sous la loi martiale". Présentée comme étant un récit impartial de la situation en Irlande, elle dépeint l'IRA sous des couleurs très sombres contrairement aux forces de la Couronne.
En réalité l'auteur, Ernest Dowdall, est un Auxiliary et cette série fait partie de nombreux articles commandés par le Dublin Castle Propaganda Department (créé en août 1920) pour influencer l'opinion publique en Grande-Bretagne, de plus en plus consternée par le comportement de ses forces de sécurité en Irlande.
En février 1921, deux loyalistes sont abattus par l'IRA à Enniskeane, dans le comté de Cork, après avoir été suspectés du meurtre des frères Coffey, des membres de l'IRA locale. Les deux loyalistes étaient quant à eux membres de la société locale Anti-Sinn Fein, et au moins une douzaine de membres importants de l'UVF sont tués dans les semaines suivantes.
La hiérarchie catholique condamne les violences des deux côtés, mais particulièrement celle de l'IRA, poursuivant une longue tradition de condamnation du républicanisme militant.
L'évêque de Kilmore, le Dr. Finnegan, dit : "N'importe quelle guerre... pour être juste et loyale doit être fondée sur un espoir raisonnable de succès. Quel espoir de succès avez-vous contre les puissantes forces de l'Empire britannique ? Aucune... et dans n'importe quel cas semblable à celui-ci, toute vie prise est un meurtre." . L'archevêque de Tuam, le Dr. Gilmartin, écrit aux hommes de l'IRA prenant part aux embuscades une lettre : "Vous avez brisé la paix de Dieu, vous êtes coupables de meurtre." . Pourtant, en mai 1921, le pape Benoît XV déçoit le gouvernement britannique quand il envoie une lettre encourageant "les Anglais comme les Irlandais à calmement considérer... certains moyens d'accord.", alors que celui-ci avait fait pression pour une condamnation de la rébellion. Les Anglais déclarent que ses commentaires "mettent le gouvernement de sa Majesté et le gang de meurtriers irlandais sur un pied d'égalité.".
Desmond Fitzgerald et Erskine Childers sont actifs dans l'introduction de "l'Irish Bulletin" qui détaille les atrocités du gouvernement que les quotidiens anglais ou irlandais ne veulent ou ne peuvent pas couvrir. Il est imprimé clandestinement et distribué à travers toute l'Irlande, aussi bien aux agences de presse internationales, américaines, europénnes, qu'aux politiciens anglais compatissants.
Tandis que la guerre rend la plus grande partie de l'Irlande ingouvernable dès le début de 1920, elle ne provoque pas pour autant le départ des troupes britanniques. Mais le succès de la campagne de propagande du Sinn Fein va annuler une des options de l'administration britannique : augmenter l'escalade. Le cabinet britannique n'a pas cherché la guerre qui se développe depuis 1919. En 1921, un de ses membres, Winston Churchill, affirme : "Quelle est l'alternative ? C'est de plonger un petit coin de l'Empire dans une répression brutale, qui ne peut être appliquée sans un mélange de meurtres et de meurtres en retour... Seule l'auto-préservation nationale aurait pu excuser une telle politique, et aucun homme raisonnable ne peut dire que l'auto-préservation est en jeu." .

 

La Trêve-une paix difficile

La guerre se termine par une trêve (cessez-le-feu) le 11 juillet 1921, et en quelque sorte le conflit est un match nul. Les négociations qui avaient semblé prometteuses l'année précédente mais elles ont explosé en décembre quand Lloyd Georges insiste pour que l'IRA dépose les armes en premier. Des pourparlers "rafraîchis", après que le Premier Ministre ait été soumis à des pressions de la part de Herbert Henry Asquith et de l'opposition libérale, du Labour Party et du Congrès des Trades Union, reprennent au printemps et débouchent sur la trêve. Du point de vue du gouvernement britannique, il apparaît que la campagne de guérilla de l'IRA aurait continué sans interruption, avec des coûts en homme et en argent insupportables. Plus important, le gouvernement britannique doit faire face à de sérieuses critiques au pays, au sujet des débordements des forces de la Couronne en Irlande. De l'autre côté, les leaders de l'IRA et en particulier Michael Collins, sentent que l'organisation telle que se présente à ce moment-là ne pourra pas tenir indéfiniment. Elle est de plus en plus sous pression face au renforcement du déploiement de soldats anglais réguliers en Irlande et elle manque d'armes et de munitions.
La percée initiale qui a mené à la trêve peut être attribuée à trois personnes : le roi Georges V, le général Jan Smuts d'Afrique du Sud et le Premier ministre Britannique David Lloyd George. Le roi, qui a fait connaître son mécontentement au sujet des exactions commises par les Black and Tans en Irlande à son gouvernement, est déçu du discours officiel préparé à son intention pour l'ouverture du nouveau parlement d'Irlande du Nord, créée à raison d'une partition de l'Irlande. Smuts, un proche du roi, lui suggère que l'occasion doit être saisie pour lancer un appel à la réconciliation. Le roi lui demande de mettre ses idées par écrit. Smuts s'exécute et envoie une copie au roi et à Lloyd George. Celui-ci invite Smuts pour participer à une rencontre du cabinet britannique sur les propositions "intéressantes" que Lloyd George a reçues, sans avertir quiconque dans le cabinet que c'est Smuts qui en est l'auteur. Face à la coalition de Smuts, du roi et de Lloyd George, les ministrees acquiescent difficilement au discours de "réconciliation en Irlande".
Le discours, une fois prononcé, a un impact important. Suivant l'élan, Lloyd George lance un appel aux négociations à Eamon de Valera en juillet 1921. L'Irlandais, inconscient du fait que ce discours ne représente pas l'avis complet de tous les membres du gouvernement, mais qu'il est un "mouvement vers la paix" significatif enclenché par le roi, Smuts et Lloyd George avec le consentement maugréant du cabinet, répond favorablement. De Valera et Lloyd George arrivent finalement à une trêve, qui doit suspendre les hostilités et ouvrir la voie à des négociations plus détaillées. Celles-ci sont retardées de plusieurs mois car le gouvernement britannique insiste pour que l'IRA dépose les armes en premier, mais cette demande est rejetée. Il est convenu que les troupes britanniques restent confinées dans leurs baraquements. La plupart des officiers de l'IRA sur le terrain interprètent le cessez-le-feu comme un répit temporaire et continuent à recruter et à entraîner des volontaires. Le militantisme maintenu de nombre de leaders de l'IRA est un des facteurs déclechants de la guerre civile irlandaise, car ceux-ci refusent d'accepter le traité anglo-irlandais que Michael Collins et Arthur Griffith ont négocié avec les Britanniques.

 

Le Traité

Finalement, les négociations de paix mènent à la conclusion du traité anglo-irlandais (1921), ratifié à trois reprises par le Dail Ereann en décembre 1921 (lui donnant la légitimité légale sous l'égide du gouvernement de la république irlandaise), par la Chambre des Communes d'Irlande du Sud en janvier 1922 (lui donnant la légitimité constitutionnelle selon la théorie anglaise au sujet de qui est le gouvernement légal en Irlande), et par les deux chambres du Parlement britannique.
Le traité autorise l'Irlande du Nord, créée par l'acte de gouvernement de l'Irlande de 1920, à se séparer de l'Irlande libre si elle le souhaite, ce qui est dûment fait selon les procédures établies. Après accord, une commission de liaisn irlandaise est ensuite mise sur pied pour définir les nouvelles frontières de l'Etat libre et de l'Irlande du Nord. Les négociateurs irlandais le prennent comme si la commission devrait redessiner la frontière en fonction des majorités locales, nationaliste ou unionniste. Depuis 1920, les élections locales ont donné une majorité écrasante de places aux nationalistes, dans le comté de Fermanagh, de Tyrone, dans la cité de Derry et dans beaucoup de divisions de districts électoraux du comté d'Armagh et dans celui du Londonderry (le nord et l'ouest de la frontière dite "intérimaire"), ce qui laissait l'Irlande du Nord impossible à maintenir. Pourtant, la commission choisit de ne pas toucher la frontière ; en compensation, les Britanniques ne réclament pas l'argent que les Irlandais leur doivent pourtant selon le traité.
Un nouveau système de gouvernement est créé pour le nouvel Etat libre d'Irlande, bien que deux gouvernements coexistent les deux premières années : un Aireacht responsable devant le Dail et mené par le Président Griffith et un gouvernement provisoire nominalement responsable devant la Chambre des Communes d'Irlande du Sud et désigné par le Lord Lieutenant (la complexité du problème est même révélée quand Lord FitzAlan désigne Collins comme chef du gouvernement provisoire ; dans la théorie britannique, cela suppose que Collins se prête au "Kiss Hands" ; pour les Irlandais, cela signifie que Collins reçoit la reddition du château de Dublin !).
La plupart des leaders du mouvement d'indépendance irlandais sont volontaires pour accepter ce compromis, au moins pour un temps, alors que beaucoup des militants républicains ne le sont pas. Une minorité de ceux impliqués dans la guerre d'indépendance, menée par l'ancien président Eamon de Valera, refuse d'accepter le traité et commence une insurrection contre le nouvel Etat libre d'Irlande, accusé d'avoir trahi l'idéal de la république irlandaise.

Sources :
O'SHEA (Brendan), WHITE (Gerry), YOUNGHUSBAND (Bill), Irish Volunteer Soldier 1913-1923, Warrior 80, Londres, Osprey, 2003.
http://en.wikipedia.org/wiki/Anglo-Irish_War

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