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| Dossier 
        Spécial Guerre de Corée Par Frédéric Ortolland | 
|   | III- Le périmètre de Pusan (5ème partie) : Le front de Taegu 1- 
        Le corridor de Kyongju  Le front central, ou front de Taegu 
        présenta une large palette de problèmes nécessitant 
        l’envoi de faibles réserves rapidement assemblées 
        en un autre point du périmètre. De nombreux couloirs d’approche 
        Nord-Sud convergeaient vers le secteur de Taegu. Les Nord-Coréens 
        s’y rassemblèrent en relativement grande force, les unités 
        se trouvant à peu de distance les unes des autres et donc avec 
        la possibilité de se soutenir mutuellement.  Les forces nord-coréennes 
        du 2ème Corps du Lt-général Kim Mu Chong, regroupées 
        en arc de cercle autour de Taegu étaient (du sud au nord) les 10ème, 
        3ème, 15ème, 13ème et 1ère DI ainsi que certains 
        éléments de la 105ème DB. Elles s’étendaient 
        de Tuksong-Dong à Waegwan et Kunwi. Cette concentration au nord 
        et à l’ouest de la ville indiquait que l’APC comptait 
        utiliser le couloir naturel de la vallée du Naktong de Sangju à 
        Taegu comme axe d’attaque principal lors de leur prochaine poussée 
        vers le Sud.  Au nord, la 1ère DI traversa 
        le Naktong entre le 6 et le 8 août, entre Hamchang et Sangju, dans 
        le secteur de la 6ème DI de l’ARC. Le 6 août, des reconnaissances 
        aériennes observèrent 10 barges traversant le fleuve.   Plus au sud la 13ème DI 
        avait commencé à traverser le fleuve dans la nuit du 4 au 
        5 août. Le 5, la majeure partie de son 21ème régiment 
        le franchit à Naktong-Ni, à 65km au N-O de Taegu, sur la 
        route de Sangju. Après avoir été repérés, 
        les Nord-Coréens furent soumis à des attaques aériennes 
        et au pilonnage de l’artillerie et des mortiers de l’ARC sans 
        que le nombre de leurs pertes ait put être évalué. 
        Les hommes du 19ème RI traversèrent au même endroit 
        durant la nuit, dans l’eau jusqu’au cou, les armes au dessus 
        de la tête. L’équipement lourd et les véhicules 
        furent laissés sur l’autre rive. Dans la nuit du 6 au 7 c’est 
        le 23e régiment et 2 bataillons d’artillerie qui franchirent 
        à leur tour le cours d’eau, sur des radeaux. La traversée 
        avait eu lieu dans le secteur de la 1ère DI de l’ARC mais 
        à plusieurs km de ses positions de combat.   La prochaine division en ligne, 
        la 15ème, reçut environ 1500 renforts à Kumchon le 
        5 août, ce qui l’amena à une force de 6500 hommes. 
        Le lendemain son 45ème régiment partit en direction du N-E 
        vers le Naktong. Le régiment traversa Sonsan le 7 août puis 
        le fleuve au S-E de la ville, mitraillé par quelques avions des 
        forces onusiennes. Il partit ensuite en direction des montagnes, tout 
        d’abord sans opposition. Les 2 autres régiments de la division, 
        les 48ème et 50ème partirent un peu plus tard et traversèrent 
        le fleuve entre Indong et Waegwan à l’aube du 8 août. 
        Les hommes traversèrent à pied dans 1m30 d’eau, les 
        blindés et les véhicules sur un pont sous-marin (i.e. légèrement 
        en dessous du niveau de l’eau pour éviter d’être 
        repéré par l’aviation). La division prit les côtes 
        201 et 346 à l’est du fleuve avant de s’engager vers 
        Tabu-Dong, à 11km à vol d’oiseau.  Le lendemain la 1e DI de l’ARC reporta avoir reconquis les hauteurs surplombant le point de passage de l’ennemi sans pour autant avoir détruit ou repoussé ce dernier. Celui-ci s’était simplement enfoncé plus avant dans les montagnes à l’est. Entre le 12 et le 16 août la 15ème DI se regroupa aux alentours de Yuhak-San, une hauteur de 933m située à 8km à l’est du point de passage de la division et à 5km au N-O de Tabu-Dong. La 13e DI était quant à elle déjà engagée contre la 1ère DI de l’ARC à Yuhak-San même.  Plus au sud 2 divisions s’apprêtaient 
        à traverser le fleuve en une attaque coordonnée avec celle 
        de leurs sœurs. La 3ème DI était concentrée 
        aux alentours de Songju, à 6,5km au S-O de Waegwan. Seize km plus 
        au sud encore la 10ème DI était regroupée dans le 
        secteur de Koryong. Chacune de ces divisions se trouvait en face de la 
        1e DivCav. 2- Triangulation Hill A l’aube du 9 août le général Gay, en charge de la 1e DivCav apprit le franchissement du fleuve par l’ennemi à son PC de Taegu. Les premiers rapports étant plutôt vagues, il décida d’attendre d’en apprendre un peu plus avant d’agir. Il fut alors informé que le lt Buckley du 2ème bureau du 5ème RI avait été témoin des évènements et le fit appeler. En attendant son arrivée il plaça le 1/7 en réserve, prêt à être engagé en une heure. Buckley confirma qu’une force qu’il estimait à 750 hommes avait traversé le fleuve devant ses yeux et s’était dirigée vers la côte 268. A 9h30 Gay ordonna au ltc Peter 
        D. Clainos, commandant du 1/7ème Cav. de réduire la pénétration 
        ennemie. Le bataillon se mit immédiatement en marche, accompagné 
        de 5 tanks de la Cie A du 71e bataillon blindé lourd. La troupe 
        arriva au pied de la côte 268, aussi connue sous le nom de "triangulation 
        hill", 5 km au S-E de Waegwan et à 16km à vol d’oiseau 
        au N-O de Taegu. Pendant ce temps le 61ème d’AdC avait copieusement 
        bombardé la colline, essentielle du fait de sa proximité 
        des lignes de communication : La route Nord-Sud qui traversait la Corée 
        depuis la nuit des temps et la double voie ferrée Pusan-Seoul-Harbin 
        (Mandchourie). Le lendemain des bombardements aériens 
        et une intense préparation d’artillerie se déchaînèrent 
        sur la côte 268. Selon des prisonniers les pertes furent très 
        importantes et les bombardements générèrent un incroyable 
        chaos au sein du régiment. Dans la matinée l’assistant 
        du commandant de la division, le chef d’état-major, le chef 
        du 2ème bureau et plusieurs MPs furent pris en embuscade et quasiment 
        tous blessés sur la route de Waegwan, près de Triangulation 
        Hill. Dans l’après-midi Gay vint rencontrer le responsable 
        des opérations du bataillon et quelques hommes. Un obus de mortier 
        ennemi frappa le groupe tuant ou blessant tout le monde sauf Gay et son 
        aide de camp. Gay ordonna alors aux 5 blindés présents de 
        progresser le long de la route jusqu’à ce qu’ils puissent 
        atteindre la contre-pente de la colline. Le feu des blindés surprit 
        les Nord-Coréens alors qu’ils tentaient de se mettre à 
        l’abri du bombardement d’artillerie. Pris entre 2 feux ils 
        commencèrent à abandonner leurs positions. L’infanterie 
        se mit alors en route et prit la colline sans difficultés à 
        16h00. L’artillerie et les mortiers américains changèrent 
        d’objectif et se mirent à couper la retraite de l’ennemi. 
        Un tir parfaitement dirigé d’obus au phosphore blanc du 61ème 
        d’AdC assomma les Nord-Coréens dans un village où 
        furent retrouvés 200 cadavres.  Lorsque la colline fut examinée 
        le 13 août il fut conclu que le 7ème RI de la 3ème 
        DI de l’APC avait été à peu près complètement 
        détruit. Le 1/7ème Cav avait recensé entre 300 et 
        400 morts dans son secteur pour des pertes s’élevant à 
        14 tués et 48 blessés en 2 jours de combat.  La tentative de franchissement du Naktong par la 3ème DI s’était transformée en déroute. Lorsque les 300 survivants rejoignirent la division vers le 12 août celle-ci n’était plus qu’une force désorganisée de 2500 hommes. Elle fut alors placée en réserve pour être réorganisée. La bataille de Taegu se passerait désormais sans elle. 3- Echec nord-coréen à Yongpo  Le plan d’attaque nord-coréen 
        prévoyait que les 3ème et 10ème DI devaient mener 
        une action coordonnée. La 10ème DI n’avait pas encore 
        subi l’épreuve du feu. Elle était partie en train 
        de Sukch’on le 25 juillet avant de continuer vers le sud à 
        pied à partir de Ch’onan. Elle se trouvait au bord du Naktong, 
        en face de Waegwan, le 8 août.   Le 2/29 traversa le Naktong dans 
        la nuit du 11 au 12 à 3 passages de bacs situés entre 5 
        et 8 km à l’ouest d’Hyongp’ung sans rencontrer 
        la moindre opposition. Il installa ses mitrailleuses sur la côte 
        265, au nord de la côte 409. Les autres bataillons traversèrent 
        le fleuve à leur tour et se positionnèrent sur la côte 
        409 même, perdant toutefois entre 20 et 30 hommes, noyés 
        du fait du fort courant du fleuve. Ce sont ces troupes qui au matin attaqueront 
        en embuscade une patrouille de reconnaissance du 21ème RI qui tentait 
        de prendre contact avec le 7ème Cav dans le cadre de la bataille 
        du saillant du Naktong (Cf. 3ème Partie, 2ème article). Entre le 10 et le 12 août le niveau du fleuve baissa d’un mètre environ pour arriver à hauteur d’épaules. Rien n’indiquait donc que l’échec du 25ème RI était définitif. De fait, une tentative nettement plus déterminée eut lieu entre Tksing-Dong et Yongp’o à l’aube du 14 août. Les hommes des avant-postes du 2/7ème Cav entendirent des voix en provenance des rizières situées en face d’eux vers 5h20. A 6h20 environ 500 hommes étaient reportés avoir pénétré le périmètre au moins jusqu’à Yongp’o. Quinze minutes plus tard les positions américaines de Wich’on-Dong, à 1,5km du point de passage, étaient attaqués. Lorsque le général Gay apprit la pénétration ennemie un peu avant l’aube, il fit appel à sa réserve, le 1/7ème Cav du colonel Clainos. Celui-ci devait être prêt dans l’heure. A 8h00 les camions se mirent en route en direction de Yongp’o. La traversée nord-coréenne était soutenue par l’artillerie et les blindés. En milieu de matinée de nombreux renforts s’apprêtaient à rejoindre leurs camarades fortement engagés à l’est du fleuve. Certaines sections traversaient à côté du pont sur de petites barges. Le 77ème d’AdC se déchaîna et tira 1860 coups en un temps record, au point que cela finît par endommager les canons. L’Air Force ne fut pas en reste et bombarda activement la rive ouest. L’ennemi alla aussi loin que Samuni-Dong, environ 2.5km après le pont. A partir de ce point la combinaison des mitrailleuses, des mortiers et de l’artillerie le fit refluer vers le Naktong. A midi de nombreux hommes tentaient de le franchir mais en direction de l’ouest cette fois. Les observateurs avancés firent régler les tirs d’artillerie sur cette concentration humaine qui subit de très fortes pertes. Au crépuscule la tête de pont ennemie n’existait plus. Le 7ème Cav estime à 1500 les tués ennemis. Selon les prisonniers la division aurait subit environ 2500 pertes au sens large, certaines unités perdant jusqu’à 50% de leur effectif. A titre de comparaison, pour 150 tués en face de ses positions, la Cie G du 2/7ème Cav comptait 2 tués et 3 blessés. 4- Tragédie sur la côte 303 Quasi simultanément à la tentative de percée nord-coréenne dans le secteur sud de la 1st CavDiv à Tuksong-Dong et Yongp’o, une autre eut lieu dans le secteur nord, au dessus de Waegwan, à la limite avec la ligne de la 1ère division de l’ARC. L’unité américaine la plus au nord se trouvait être la Cie G du 5e régiment. Elle tenait la côte 303. La côte 303 est un long ovale de plus de 3km sur un axe NE-SO dont le point culminant est à environ 300m. Sa pente sud descend jusqu’à Waegwan, sa crête, 1700m plus loin permet l’observation de la ville tout autant que celle du résau routier et des voies de chemin de fer qui en partent. Cette éminence est critique pour le contrôle de l’axe Seoul-Pusan qui traverse le fleuve et celui de Waegwan même. Depuis plusieurs jours les rapports multipliaient les concentrations ennemies face à la 1ère DI de l’ARC. Aux premières heures du 14 août un régiment ennemi traversa le fleuve à 10km au nord de Waegwan à l’aide d’un pont "sous-marin", dans le secteur de la 1ère DI. Peu après minuit les forces sud-coréennes situées à la lisière des lignes américaines étaient attaquées. A l’aube des bombardements aériens détruisirent partiellement le pont. L’attaque nord-coréenne se poursuivit néanmoins en direction du sud. Vers midi la Cie G était à son tour attaquée mais sans mordant Avant l’aube du 15 août les hommes de la côte 303 repérèrent une cinquantaine d’hommes et 2 blindés se déplaçant hardiment sur la route située à la base de leurs positions. Ils virent aussi une autre colonne sur leurs arrières. Peu de temps après ils apprirent que la Cie F étaient engagée. Afin d’éviter d’être encerclée cette dernière battit en retraite vers le sud. A 8h30 la Cie G et une section de mortiers de la H étaient encerclés. Une colonne de secours composée de B/5ème Cav et une section de tanks tentèrent de se porter à leur rescousse mais sans succès. Le 16 août la force de secours renouvela sa tentative, toujours sans succès. Les forces ennemies étaient alors estimées à environ 700 hommes. Le 61ème d’AdC et 3 obusiers de la batterie B du 82ème bombardèrent l’ennemi la journée durant. Waegwan était devenu un no man’s land, la majeure partie de la ville étant désormais désertée. Le col. Crombez, en charge du 5ème Cav releva le commandant du 2ème bataillon, ce dernier ayant perdu contact avec ses unités et ignorant où elles se trouvaient. Un nouveau commandant se prépara à reprendre l’offensive à sa place. Durant la nuit les hommes de la Cie G parvinrent à quitter leurs positions à la barbe des Nord-Coréens. Avant l’aube du 17 août la majeure partie des 1er et 2ème bataillons du 5ème Cav, soutenus par la Cie A du 70th bataillon de chars, se ruèrent sur la côte 303 pour être stoppés par un violent barrage de mortiers aux abords de Waegwan. L’artillerie pilonna la côte la matinée durant. A 11h30 le régiment demanda du renfort. L’Air Force devait intervenir à 14h00. L’intervention aérienne eut lieu comme prévue, couplée à un intense barrage d’artillerie. A 15h30 les fantassins partirent à l’assaut sans rencontrer de résistance. A 16h30 la côte était sécurisée. On estime à 500 les pertes nord-coréennes. En tout état de cause 200 cadavres furent retrouvés sur les pentes. Les survivants avaient fui dans la plus complète déroute. En regagnant leurs anciennes positions les hommes du 5ème Cav firent une macabre découverte: les cadavres de 36 servants de la section de mortiers de la Cie H, mains attachées dans le dos, tués à coups de "burp guns" (surnom du PPSh 41, cal. 7.62mm). La section de reconnaissance du lt Kelly arriva sur les lieux guidée par les indications d’un survivant, le soldat Manring. Blessé aux 2 jambes et à un bras, il avait réussi à s’enfuir en rampant jusqu’à ce qu’une patrouille le découvre. La capture de 3 soldats ennemis et les témoignages des survivants permirent de reconstituer ce qui s’était passé :  Avant l’aube du 15 août 
        la section de mortiers prit conscience de mouvements ennemis près 
        de la côte 303. Le chef de section en informa l’officier commandant 
        de la Cie G qui lui répondit qu’environ 60 Sud-Coréens 
        devaient venir les renforcer. Vers 7h00, les hommes virent apparaître 
        2 blindés suivis d’environ 200 soldats ennemis sur la route 
        en contrebas. Un peu après, un groupe de Coréens se mit 
        à gravir la pente. Les hommes chargés d’aller à 
        leur rencontre essuyèrent des coups de feu. Malgré cela, 
        le chef de section resta persuadé qu’il s’agissait 
        des renforts annoncés. Lorsque les Américains se rendirent 
        compte de leur erreur, l’étoile rouge qui ornait la casquette 
        des soldats de l’ARC était visible. Il était trop 
        tard. Les Nord-Coréens s’emparèrent des positions 
        de mortiers sans tirer un coup de feu. D’après un des prisonniers, 
        les "Américains semblaient stupéfaits". La section 
        avait été prise par la 4ème Cie du 2/206 d’Infanterie 
        Mécanisée de la 105ème DB. Quelques hommes du bataillon 
        d’artillerie de cette même division étaient apparemment 
        aussi présents.  Durant la nuit, d’autres atrocités eurent lieu près de la côte 303. Près de Waegwan, des tirs anti-chars mis hors de combat deux tanks du 70th bataillon. Le lendemain 18 août une patrouille trouva les cadavres de 6 tankistes assassinés dans les mêmes conditions. Ces incidents entraînèrent une allocution radio-diffusée de Mc Arthur lui-même et le largage de milliers de tracts au dessus de la Corée du Nord. Le message était clair : Si de telles actions devaient se renouveler, les officiers nord-coréens seraient jugés en conséquence à l’issue de la guerre. Il n’existe aucune preuve d’une volonté de l’état-major de l’ARC quant à l’exécution de tels actes. Il semblerait que ceux-ci aient été commis par des quelques unités incontrôlées. Le 28 juillet 1950 l’état-major avait même fait diffuser un message parlant du traitement des prisonniers de guerre et spécifiant que l’exécution injustifiée des ennemis capturés devait immédiatement cesser. 5- Tapis de bombes face à Waegwan Au Nord-est de Waegwan la 1ère DI de l’ARC subit quotidiennement les attaques nord-coréennes durant ces journées de mi-août. Sous l’énergique commandement du major-general Paik Sun Yup, elle se battit vaillamment, soutenue pour partie par l’artillerie de la 1e DivCav. Le 13ème RI se trouvait situé le long du fleuve alors que les 12ème et 13ème RI se battaient dans les masses montagneuses de Suam-San et Yuhak-San, à l’Ouest et au Nord-Ouest de Tabu-Dong, entre 6.5 et 9.5km à l’Est du Naktong. Les Nord-Coréens réparaient constamment leur pont sous-marin situé à 10km au Nord de Waegwan, en face des côtes 201 et 346. Même des tirs directs d’obusiers de 155mm ne semblaient pas devoir sérieusement l’endommager. La pénétration ennemie dans le secteur du 13ème RI et le long de la limite de secteur d’avec le 5ème Cav, conjointement à la forte pression exercée contre le gros de la 1ère DI de l’ARC autour de Tabu-Dong, commença à sérieusement menacer la sécurité de Taegu. Le 16 août 750 policiers coréens furent apportés en soutien dans les faubourgs de la ville à titre de précaution. Le flot des réfugiés avait fait passer la ville de 300 à 700 000 habitants. Le 18 août 7 obus d’artillerie tombèrent sur la ville, tuant un civil et en blessant 8 autres. Le Gouvernement Provincial de Corée décida l’évacuation de Taegu et le président Syngman Rhee déplaça sa capitale à Pusan. Ceci créa bien évidemment un mouvement de panique général, des milliers de réfugiés encombrant les routes au point de menacer de stopper le trafic militaire. De plus, l’évacuation de la ville tendit à faire baisser le moral de ceux chargés de la défendre. La 8ème Armée mit rapidement en œuvre les moyens nécessaires pour stopper ces flux de population. Deux autres bombardements de la ville eurent lieu, le 3ème et dernier le 20 août. A cette date 6 bataillons de policiers coréens s’étaient positionnés aux côtés d’importants tunnels routiers et ferroviaires et a l’intérieur du périmètre de Pusan pour en renforcer la sécurité.  Au moment où les attaques 
        contre Waegwan et la côte 303 débutaient, les rapports inquiétants 
        quant à la concentration ennemie face à la 1ère DI 
        de l’ARC ne cessaient de s’empiler sur les bureaux de l’état-major. 
        Le 14 août McArthur convoqua le général Stratemeyer, 
        en charge des Forces Aeriennes en Extême-Orient (Far East Air Force) 
        et lui signifia qu’il voulait un tapis de bombes déversé 
        sur les concentrations nord-coréennes autour du périmètre 
        de Pusan. Le QG de McArthur sélectionna une surface d’environ 
        40km² (5.5km d’Est en Ouest sur 12km du Nord au Sud) à 
        l’Ouest du Naktong face aux positions de la 1ère DI de l’ARC. 
        Il était estimé qu’au moins 4 divisions et plusieurs 
        régiments blindés totalisant 40000 hommes s’y trouvaient 
        regroupés.   A 11h58 le 16 août les premiers 
        des 98 B-29 des 19ème, 22ème, 92ème, 98ème, 
        et 307ème groupements de bombardiers arrivèrent sur zone. 
        Les derniers la quittèrent à 12h24. A 10 000 pieds d’altitude 
        ils larguèrent environ 960 tonnes de bombes de 250 et 500Kg. Les 
        équipages ne reportèrent rien d’autre que le bombardement 
        effectif du secteur. Le major-général O’Donnell, en 
        charge du Bomber Command, survola la zone pendant 2 heures sans rapporter 
        le moindre signe d’activité ennemie.   Une seconde mission prévue 
        pour le 19 août fut tout simplement annulée. Le 27ème RI de la 25ème DI US venait tout juste de nettoyer le secteur Sud du saillant du Naktong (relevant de la 24ème DI) quand la pression de l’APC s’accentua dramatiquement au Nord de Taegu. Le 14 août le régiment fut détaché de la 24ème DI et fut mit en réserve à Kyongsan. Dès son arrivée sur place le 16, le colonel Michaelis reçut l’ordre de reconnaître les routes Nord, Nord-Ouest et Ouest partant de la ville et de se tenir prêt à toute éventualité ce faisant. Ce même jour 2 blindés ennemis franchirent les lignes de la 1ère DI de l’ARC à 19km au Nord de Taegu. Les bazookas de 3.5 pouces les mirent tout deux hors de combat.  A midi le lendemain la 8ème 
        Armée ordonna au 27ème RI de déplacer son PC et un 
        bataillon renforcé sans délai vers un point situé 
        de l’autre côté de la rivière Kumho, à 
        5km de Taegu sur la route Tabu-Dong/Sangju pour protéger Taegu 
        de toute pénétration ennemie. Des informations sud-coréennes 
        rapportèrent qu’un régiment de l’APC mené 
        par 6 tanks avait pris le village de Kumhwa, à 3km de Tabu-Dong.  Dans cette partie du périmètre 
        de Pusan, en date du 17 août, la 13ème DI de l’APC 
        s’était engouffrée dans le corridor de Tabu-Dong et 
        se dirigeait vers Taegu. Elle avait auparavant combattu les 11ème 
        et 12ème RI de la 1ère DI de l’ARC dans les hauteurs 
        de Yuhak-San pendant une semaine. Un commandant régimentaire affirma 
        plus tard que la division avait supporté environ 1500 pertes pour 
        parvenir à ce résultat. Le 18 août la 13ème 
        DI se trouvait concentrée à l’Ouest de la route, un 
        peu au nord de Tabu-Dong. Au même instant 2 régiments de la 1ère DI de l’ARC devaient prendre d’assaut les hauteurs situées des 2 côtés de la route. L’objectif était limité et visait uniquement à restaurer la ligne de la 1ère DI dans le voisinage de Sokchok, un village situé à 6km de Tabu-Dong. Le 27ème RI devait progresser plein Nord le long de la route même. A mesure que les camions de transport amenaient les Américains sur leur ligne de départ, les hommes pouvaient voir les Coréens se battre entre eux sur les collines qui les surplombaient. Les fantassins se déployèrent, ceux du 1er bataillon du col. Check sur la gauche de la route, ceux du 2ème bataillon du col. Murch sur la droite. Les blindés en tête, les hommes franchirent la ligne de départ à 13h00. Un avant-poste ennemi s’enfuit à leur arrivée et pendant une heure il n’y eu à peu près aucune opposition. A 3km de Tabu-Dong, Michaelis reçut un message l’informant que les Sud-Coréens n’avaient pu avancer et qu’il devait s’arrêter sur le champ et former un périmètre défensif. Les 2 bataillons s’enterrèrent juste au Nord du minuscule village de Soi-Ri. Le 1/27 se positionna à gauche de la route, la Cie C en avant-poste, la Cie A sur une crête en arrière. La Cie B stationnait le long de la vallée. Face à elle se trouvait la Cie E du 2/27. La Cie F s’était retranchée un peu plus à l’Est pendant que la Cie G tenait la crête au dessus d’elle. Une section blindée tenait la ligne de front, 2 tanks sur la route, 2 dans le lit de la rivière, 4 en réserve. Six équipes de bazookas se mirent en position devant l’infanterie, le long de la route et dans le lit de la rivière. Plus en arrière se trouvait la Cie C du 65ème Génie de Combat. Plus loin encore se trouvait l’artillerie. La 1ère DI de l’ARC couvrait les hauteurs de chaque côté du régiment. La défense formait donc une sorte de "U" à 4 compagnies de front (A, B, E et F) et 2 de flanc (C et G).  A partir des positions du 27ème 
        RI la route bordée peupliers progressait selon un axe Nord-Sud 
        à peu près droit au fond d’une étroite vallée. 
        Une petite rivière à sec courait sur sa gauche. Peu après 
        la route tournait doucement vers la gauche. Cette portion de route allait 
        bientôt être connue sous le nom de "Bowling Alley" 
        (La piste de bowling). A environ 1.5Km la route formait une fourche. Sur 
        la gauche, elle formait une longue courbe et continuait vers Sangju. Sur 
        la droite elle menait à Kunwi. Peu après la courbe dirigée 
        vers Sangju se trouvait le village de Sinjumak, protégé 
        par les collines et où apparemment s’étaient regroupés 
        les blindés nord-coréens durant la journée.   La première des 7 attaques 
        nocturnes successives qui frappèrent le 27ème RI débuta 
        juste après la tombée de la nuit le 18 août. Les mortiers 
        et l’artillerie firent feu de toutes leurs pièces pour un 
        important tir de préparation. Deux blindés et un canon automoteur 
        quittèrent Sinjumak, suivis par l’infanterie, une partie 
        de cette dernière se trouvant motorisée. Le blindé 
        de tête avança prudemment, se contentant apparemment d’observer, 
        tandis que le 2ème blindé et le canon automoteur s’acharnèrent 
        sur la Cie F. Les tirs des mitrailleuses apparurent comme désordonnés, 
        comme si les assaillants ignoraient où se trouvaient les positions 
        qu’ils attaquaient. Alors que les tanks continuaient d’avancer 
        une des équipe de bazooka détruisit le second. Une autre 
        équipe toucha aussi le premier mais les roquettes n’explosèrent 
        pas. L’équipage abandonna néanmoins son engin. Des 
        tirs du 8ème d’AdC pulvérisèrent le canon automoteur 
        ainsi que 2 camions de transport de troupes, tuant ou blessant une centaine 
        d’hommes. Le lt Millet, observateur avancé et futur récipiendaire 
        de la médaille d’honneur après qu’il eût 
        rejoint l’infanterie, dirigea ce tir au but alors qu’il se 
        trouvait à moins de 50m d’un T-34. Trois nouveaux blindés 
        apparurent au détour de la route mais firent rapidement demi-tour. 
          Les batailles nocturnes de "Bowling 
        Alley" présentèrent des caractéristiques communes 
        : Les Nord-Coréens utilisaient un système de fusée 
        pour signaler leurs actions et les coordonner. Il apparut très 
        vite évident aux yeux des observateurs américains que les 
        fusées vertes signalaient une attaque. Le 27ème RI se dépêcha 
        de se munir de fusées similaires qu’il tirait au-dessus de 
        ses propres positions après le début d’un assaut ennemi, 
        semant ainsi la confusion chez ce dernier. L’utilisation de ces 
        fusées attirait les Nord-Coréens sur des zones d’intense 
        concentration de feux qui leur firent subir de très lourdes pertes. 
          Au matin du 19 août les 11ème 
        et 13ème RI de l’ARC lancèrent des contre-attaquent 
        qui leur permirent de gagner un peu de terrain. Le général 
        Walker rappela le 10ème RI de l’ARC de la réserve 
        pour combler l’espace qui s’était formé entre 
        la 1ère et la 6ème DI. Dans l’après-midi il 
        fit de même avec le 23ème RI US pour lui ordonner de former 
        un périmètre défensif autour des 8ème et 37ème 
        bataillons d’AdC à 13km au Nord de Taegu.  Le dimanche 20 août fut relativement calme. L’Air Force ne manqua pas néanmoins d’attaquer à plusieurs reprises les positions ennemies. Le soir même Walker déclarait que "Taegu [était] probablement sauvée". Si la journée du 20 fut calme, il n’en fut pas de même durant la nuit. A 17h00 un barrage d’obus de 120mm tomba dans le secteur de la Cie d’Armes Lourdes. Les blindés et fantassins de l’APC se ruèrent le long de la vallée, sous le feu de l’artillerie et des mortiers. Les fantassins retinrent leurs tirs jusqu’à ce que l’ennemi se trouve à 150/200m de leurs positions avant de se déchaîner et de repousser l’assaut. Le lendemain matin 2 sections et 3 blindés se dirigèrent vers les Nord-Coréens. Des drapeaux blancs étaient apparus devant les positions américaines et les civils faisaient état du désir de nombreux soldats de se rendre. La patrouille ne progressa en définitive guère mais profita de l’occasion pour achever de détruire 5 immobilisés et/ou abandonnés et relever la présence d’un canon antichar de 37mm, de 2 canons automoteurs de 75mm et d’un mortier de 120mm parmi l’équipement détruit ainsi que celle de nombreux cadavres.  Au crépuscule le régiment 
        plaça de nombreuses mines antichar et antipersonnel le long de 
        la route, à environ 150m de ses positions. Cent mètres plus 
        loin une seconde ceinture de mine fut enterrée.  Apparemment ce sont les hommes de la Cie F qui surnommèrent l’endroit "Bowling Alley" durant la nuit du 21 au 22 août. Les T34 tiraient des obus perforants le long de la route en direction des positions américaines. Les illuminations des tirs perçant la nuit et l’écho des canons apparurent à ceux qui les observaient comme des boules de bowling projetées sur une piste. Durant la nuit hommes du 1er RI de la 1ème DI fraîchement arrivés purent s’infiltrer le long des crêtes sur le flanc droit des Américains. Ils furent repérés le lendemain matin à 10km en arrière et à une quinzaine seulement de Taegu. Ils se mirent en devoir de couper la ligne de ravitaillement du 27ème RI.  A peu près à la même 
        heure Michaelis envoyait un message à la 8ème Armée 
        pour les prévenir que les Sud-Coréens sur son flanc gauche 
        avaient abandonné leurs positions et qu’environ un millier 
        d’ennemis les avaient remplacés. Il demanda une intervention 
        aérienne.  Dans l’après-midi du 
        23 le 2/23 du ltc Edward en position de défense autour de l’artillerie 
        fut attaqué par le 1er RI. Le col. Freeman jr en charge du 23ème 
        RI reporta à 16h40 que la dernière batterie du 37ème 
        d’AdC avait été bombardée, que des fantassins 
        ennemis se trouvaient entre le 27ème et le 23ème RI et que 
        son bataillon avancé avait été tourné par 
        l’Est. Quelques minutes plus tôt le centre de tir du 8ème 
        d’AdC avait été touché par deux tirs directs 
        qui avaient tués 4 officiers et 2 sous-officiers et blessant 7 
        autres personnes. Les batteries ne perdirent cependant pas le contrôle 
        de la situation et continuèrent de protéger l’infanterie 
        de leur mieux. L’Air Force, la Navy et quelques avions australiens attaquèrent les crêtes occupées par les Nord-Coréens en y larguant plus de 22 tonnes de bombes. Les Nord-Coréens cessèrent leur action pour le moment et se préparèrent pour un assaut de nuit qui fut en définitive rapidement repoussé. Durant la nuit Walker subordonna le 23ème RI moins le 1er bataillon à la 1ère DivCav avec pour mission de nettoyer la ligne de ravitaillement du 27ème RI. Le 22 vers 10h00, un évènement improbable survint. Le ltc Chong Pong Uk, commandant l’artillerie de soutien de la 13ème DI de l’APC se rendit aux Américains. Il avait été réprimandé par le commandant de la division pour ne pas avoir réussi à bombarder Tabu-Dong. Persuadé que le terrain ne lui permettait pas d’atteindre cet objectif et se cabrant sous la rebuffade, il avait tout simplement déserté. Il n’avait cependant pas oublié d’amener avec lui les positions exactes de son artillerie que l’Air Force et l’artillerie US ne manquèrent pas de noyer sous un déluge de bombes. Dans la nuit du 22 au 23 une nouvelle attaque eut lieu mais, menée sans aucun mordant, elle fut rapidement repoussée. Un peu avant midi le 23 une centaine d’hommes parvinrent à se faufiler entre les lignes US et à attaquer la Cie K du 27ème RI et la 1e section de la Cie C du 65ème Génie de Combat. Ils parvinrent à déborder une partie des positions américaines avant d’être repoussés au prix d’une cinquantaine de tués. Pendant ce temps le 2/23, après avoir repoussé plusieurs attaques de nuit, se mit en route à l’aube pour nettoyer les hauteurs surplombant la ligne de ravitaillement. Le 3/23 fit de même de son côté et regagna près de 5km de terrain à l’Est de la route. Ces 2 actions conjointes écartaient désormais tout danger de ce côté du 27ème RI. A 13h35 Michaelis reporta que la 13ème DI avait fait sauter la route en face de ses positions, miné le reste et battait en retraite. Le lendemain, le 23ème RI continua ses actions de nettoyage. Le soir tombé, il était estimé que seuls 200 hommes au maximum se trouvaient encore au-delà des lignes. Le 24 fut une journée calme. Peu après minuit cependant la 13ème DI lança son baroud d’honneur : 2 compagnies et quelques tanks rapidement balayés. Ce fut la dernière nuit que le 27ème RI passa dans la "Bowling Alley". Walker ordonna au régiment de retourner auprès de la 25ème DI dans le secteur de Masan où il arriva dans la soirée du 31. C’est la 1ère DI de l’ARC qui lui succéda sur ses anciennes positions. Le 23ème RI demeura au Nord de Taegu en soutien. Les survivants du 1er RI rejoignirent le reste de la 1ère DI de l’APC dans les montagnes à l’Est de l’Autoroute N°5, près des hauteurs de Ka-San. Des prisonniers affirmèrent que le 1er RI ne comptait plus que 400 hommes, tous ses mortiers de 120mm, ses obusiers et canons anti-chars dans sa tentative de percée du flanc droit du 27ème RI à "Bowling Alley". Sources : |