Le conflit dans le nord du Liban
Par Stéphane Mantoux
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Lawrence Foley

Le conflit dans le nord du Liban débute lorsque des combats éclatent entre le Fatah-al-Islam, une organisation islamiste militante et les forces armées libanaises le 20 mai 2007 dans Nahr-al-Bared, un camp de réfugiés palestiniens près de Tripoli, au Liban. C'est le plus grand affrontement à l'intérieur du pays depuis la guerre civile de 1975-1990. Le conflit tourne en ce moment-même au siège de Nahr-al-Bared.

Le camp de réfugiés de Nahr-al-Bared

Le Liban est le pays d'accueil de plus de 350 000 réfugiés palestiniens, incluant les descendants de ceux qui ont fui Israël ou ont été expulsés pendant la guerre israëlo-arabe de 1948. L'exil était supposé temporaire, pourtant les réfugiés ne peuvent toujours pas rentrer chez eux. Comme dans beaucoup d'autres pays arabes, la nationalité libanaise leur est refusée, et la plupart sont bannis de tout sauf des travaux les plus pénibles, forçant ces réfugiés à vivre essentiellement de l'aide des Nations Unies. En 1962, les Palestiniens sont décomptés comme étrangers au Liban, sans regard de leur durée de séjour dans le pays. Les non-Libanais, dont les Palestiniens, se voient privés d'emplois dans plus de 70 compétences diverses, jusqu'en 2005, quand la nouvelle législation débloque 50 de ces mêmes emplois. Le Liban n'a rien fait pour améliorer la situation. La guerre civile libanaise rend également le gouvernement très méfiant à l'encontre des réfugiés palestiniens, mais celui-ci ne rentre pas dans les camps conformément à un accord arabe de 1969. Tandis que certains réfugiés sont naturalisés et intégrés à la société libanaise, la plupart ne le peuvent pas, ainsi que dans d'autres sociétés arabes voisines, et sont parqués dans les camps.
Les résidents actuels sont les descendants de ces réfugiés palestiniens. On leur refuse l'accès à Israël ou aux nations arabes qui refusent de reconnaître la légitimité de la création d'Israël mandatée par l'ONU. Le camp de réfugiés palestinien de Nahr-al-Bared est situé à 16 km au nord de Tripoli près de la route côtière : il est sous surveillance depuis le mois de février, moment où deux bus sont victimes d'attentats à la bombe à Ain Alak, un village à majorité chrétienne près de Bikfaya. Les militants du Fatah-al-Islam basés dans le camp sont montrés du doigt. Près de 30 000 déplacés palestiniens vivent dans le camp, où les militaires libanais ne peuvent pénétrer en raison de l'accord de 1969.

Un M48 Patton de l'armée libanaise à Tripoli

Le Fatah-al-Islam :

Le Fatah-al-Islam ("conquête de l'Islam") est un groupe arabe islamiste sunnite formé pour la première fois en novembre 2006. Il a été dépeint comme un mouvement djihadiste militant tirant son inspiration d'al-Qaeda. Il ne faut pas le confondre avec le parti séculier palestinien, le Fatah.

Origines

Le mouvement est mené par un militant fugitif appelé Shaker-al-Abssi, un réfugié palestinien né à Jéricho en 1955, qui a été pilote avec le rang de colonel. Les premières actions militantes du personnage peuvent être retrouvées : des connections sont établies avec un groupe militant palestinien séculier, le Fatah-al-Intifada, en Lybie, séparé de l'ombrelle du Fatah depuis 1983. De la Lybie, Al-Abssi se déplace à Damas, où il est dans l'entourage du n°2 du Fatah-al-Intifada, Abu Khaled-al-Omla. Les autorités syriennes l'arrêtent en 2000 et le condamnent à trois ans de prison pour contrebandes d'armes entre la Jordanie et la Syrie. Le gouvernement le relâche plus tard et il s'embarque pour l'Irak après l'invasion américaine de mars 2003, combattant aux côtés de groupes affilées à al-Quaeda. On dit qu'il devient l'ami de membres importants de l'organisation sur place. En 2004, al-Abssi est condamné à mort par contumace par un tribunal militaire jordanien pour son implication dans l'assassinat d'un diplomate américain, Laurence Foley. Abu Musab al-Zarqawi est aussi condamné à mort pour ce crime et on pense qu'il a été l'associé de al-Abssi pour ce faire. Il retourne brièvement en Syrie, où il s'attache de nouveau à al-Omla qui l'aide à passer au Liban, où lui-même et un groupe de jeunes connus en Irak installent leur QG du Fatah-al-Intifada dans le village de Helwa, dans l'ouest de la Beqaa, en 2005. En mai 2006, al-Abssi et son petit groupe engagent des affrontements armés avec les soldats libanais qui mènent à la mort d'un jeune Syrien recherché par Damas pour avoir combattu en Irak. Les services de renseignement syriens somment ensuite al-Omla de leur parler d'al-Abssi et de son groupe. L'enquête ne cache pas les liens étroits entre al-Omla et al-Abssi, qui avaient été gardés du secrétaire général du Fatah-al-Intifada, pro-Damas, Abu Moussa, et par extension des autorités syriennes. Al-Omla aurait alors demandé à al-Abssi de quitter la Beqaa, près de la frontière syrienne, et de s'installer dans les camps de réfugiés du nord Liban. En novembre 2006 le comité de sécurité palestinien du camp de réfugiés Al-Badawi de Tripoli remet deux membres du groupe d'al-Abssi aux services de renseignement militaire libanais. Al-Abssi, rendu furieux par cette dernière démarche, rompt alors avec le Fatah-al-Intifada et crée son propre mouvement, le Fatah-al-Islam. En novembre, le groupe s'installe dans le camp de réfugiés de Nahr-al-Bared. Il s'empare de trois complexes ayant appartenu au mouvement séculier précédent qu'ils viennent d'abandonner. Al-Abssi produit alors une déclaration dans laquelle il prétend ramener la religion au sein de la cause palestinienne. En mars 2007, Seymour Hersh, reporter de terrain pour le New Yorker Magazine, soutient que le gouvernement libanais appuie le Fatah-al-Islam pour défaire le Hezbollah. Indépendamment de cela, le Dr Franklin Lamb, chercheur à l'université américaine de Beyrouth, expert du Hezbollah et installé un temps au Liban, dit à peu près la même chose avec plus de détails. Il affirme que l'assistant au secrétaire d'Etat, David Welch, a néogicé avec les Saoudiens et et Saad Hariri, membre du gouvernement Siniora appuyé par les Etats-Unis, pour renforcer le mouvement sunnite, afin que celui-ci puisse attaquer à terme les chiites du Hezbollah.

Organisation

Le porte-parole officiel du Fatah-al-Islam est Abu Salim. On suppose que le groupe se compose de 150 à 200 combattants dans le camp de Nahr-el-Bared. On est sûr qu'il dispose d'une demi-douzaine de membres palestiniens. Le noyau est cependant formé de Syriens, de Saoudiens et d'autres combattants arabes djihadistes ayant bataillé en Irak, ainsi que d'une cinquantaine de Libanais sunnites. L'ambassadeur syrien affirme que les leaders du groupe sont principalement des Palestiniens, des Jordaniens et des Saoudiens, et que peut-être "deux d'entre eux" sont des Syriens. Le journal Al Hayat rapporte que le Fatah-al-Islam a des liens très étroits avec la Syrie et que le mouvement entre les deux parties est très bien documenté ; la plupart des cadres seraient en fait des officiers syriens.

Idéologie

Si l'on suit Reuters, les buts essentiels du Fatah-al-Islam sont d'une part d'instituer la loi islamique dans les camps de réfugiés palestiniens et d'autre part de prendre pour cible Israël. Plusieurs nouvelles organisations ont suggéré que le Fatah-al-Islam avait des connections avec al-Quaeda. Quelques rapports prétendent même que le groupe n'est qu'une branche du réseau. Abssi a assuré que ce n'était pas le cas, mais "qu'il était d'accord avec l'objectif d'attaquer les infidèles.". Les statuts du groupe sont apparus sur des sites Web islamistes bien connus pour relayer les informations d'al-Quaeda. L'ambassadeur syrien Bashar Ja'afari, répondant aux attaques libanaises soutenant que la Syrie était derrière le groupe, a révélé que plusieurs personnes avaient été emprisonnées en Syrie pendant trois ou quatre ans pour leurs liens avérés avec al-Quaeda, et qu'après leur remise en liberté ils avaient quitté le pays. Ja'afari a dit aussi que "s'ils retournent en Syrie, ils seront arrêtés." et qu"'ils ne combattent pas au nom de la cause palestinienne, mais au nom d'al-Quaeda.". Le 23 mai 2007, la Ligue Arabe produit un texte "condamnant fortement les actes terroristes et criminels entrepris par le groupe terroriste connu sous le nom de Fatah-al-Islam", ajoutant que le groupe "n'a aucun lien avec la question palestinienne ni l'Islam". Dans une interview à CNN International et l'émission "Your World Today", Seymour Hersh a affirmé qu'un accord négocié entre le vice-président américain Dick Cheney, l'adjoint au conseiller à la Sécurité Nationale Elliot Abrams, le conseiller national à la sécurité saoudien, le prince Bandar bin Sultan, couvre les fonds pour le mouvement sunnite Fatah-al-Islam, fournis par le régime saoudien afin de contrer l'influence shiite du Hezbollah.

Activités

Le 7 décembre 2006, Le Monde rapporte qu'un haut officiel de l'ONU a été informé par l'OLP et son représentant au Liban, Abbas Zaki, d'une opération montée par le Fatah-al-Islam pour assassiner 36 figures anti-syriennes au Liban. Les agents de sécurité de l'OLP affrontent plus tard le groupe, arrêtant 6 d'entre eux. 4 sont relâchés tandis qu'un Syrien et un Saoudien sont remis aux militaires libanais. Les autorités libanaises accusent également le groupe d'être impliqué dans l'attentat contre deux minibus, le 13 février 2007, tuant trois personnes et en blessant 20 autres, à Ain Alaq. Elles ont identifé 4 personnes ayant reconnues avoir participé à l'attaque. Les autorités libanaises pensent aussi que le mouvement est une couverture pour le renseignement syrien au Liban. Les deux parties nient toutes ces allégations.

L'armée libanaise

L'armée de la République du Liban est connue sous le nom de Lebanese Armed Forces (LAF) et regroupe trois branches : the Lebanese Army, the Lebanese Navy et the Lebanese Air Force. Elle regroupe environ 72 100 personnels d'active dont 70 000 dans l'armée de terre, 1 000 dans l'armée de l'air et 1 100 dans la marine. Toutes ces branches sont coordonnées par un commandement général installé à Yarzeh, à l'est de la capitale, Beyrouth. Il y a un total de 6 collèges ou écoles militaires dans le pays. Certains cadets peuvent être envoyés dans des pays étrangers pour recevoir une formation supplémentaire. L'équipement des LAF est en grande partie ancien à cause du manque de fonds, des querelles politiques et jusqu'à récemment de la présence de forces armées étrangères. Après la fin de la guerre civile libanaise, les LAF décident d'entretenir au mieux le matériel déjà disponible, et bénéficient de quelques aides mineure de nations extérieures. Environ 85 % de cet équipement est d'origine américaine, le reste étant de fabrication britannique, française ou soviétique.

Les différentes branches

On trouve :
- 5 commandements régionaux.
- 11 brigades mécanisées.
- 2 régiments d'artillerie.
- 1 régiment de commandos.
- 5 régiments de forces spéciales.
- 1 régiment aéroporté.
- 1 régiment de commandos de marine.
- 1 brigade de la Garde Républicaine.
et des services médicaux, de soutien, de logistique, une police militaire et un régiment de construction.
Les fantassins libanais sont essentiellement équipés de M-16 et CAR-15, d'AKMS et d'AK-74.
L'armée libanaise dispose de 310 blindés, des T-54/55 et des M-48 A1 et A5.
Elle aligne plus de 1 260 véhicules blindés transports de troupe (APC), des M113 A1 et A2, des Panhard M-3, des VAB et des Cadillac Gage Commando. Elle compte 760 véhicules blindés de combat (AFV), AMX-13, Alvis Saladin, Ferret, AML-90 et Staghound. Elle déploie 147 pièces d'artillerie tractées, M101 howitzer de 105 mm, M102 howitzer de même calibre, D-30 de 122 mm, howitzer M-1938 M-30 de même calibre, M-46 de 130 mm et M114 howitzer de 155 mm, A-1 de 155 mm, M198 et Model 50 de même calibre.
L'artillerie antiaérienne comprend plus de 30 unités, avec des M42 Duster, des ZU-23, des SA-7A et B Grail. Les missiles antichars guidés sont au moins 70, des ENTAC, MILAN et BGM-71 Tow. Il y a aussi 30 lance-roquettes multiples, BM-21 et BM-11. L'armée libanaise peut compter sur plus de 3 500 véhicules légers de tous types, du Land Rover Defender 90 en passant par les Humvee.
La marine comprend 27 navires de combat de petite taille, de construction britannique, 2 navires de débarquement et des patrouilleurs. L'armée de l'air dispose d'au moins 7 Hawker Hunter (non opérationnels) et de plus de 70 hélicoptères (Aérospatiale SA-342 Gazelle, SA-318 Alouette II, SA-319 Alouette III, SA-330 Puma, UH-1H, Bell 212, AB-205, Robinson R44). Il y a quelques appareils d'entraînement et de transport.
Le 4 mai 2005, un nouveau système de conscription a été adopté, avec un service de 6 mois, mais en souhaitant la fin du procédé dans les deux années à venir. Le 10 février 2007, ce système de conscription a donc disparu et l'armée est constituée uniquement de volontaires.

Les combats

20 mai : début de l'affrontement à Tripoli et Nahr-al-Bared

Les combats commencent tôt ce dimanche après un raid de la police dans une maison de Tripoli apparemment utilisée par les militants du Fatah-al-Islam. Le groupe militant commence donc à tirer sur les forces de sécurité libanaises, qui répondent, déclenchant ainsi des affrontements au voisinage du camp de réfugiés palestiniens de Nahr-al-Bared près de Tripoli. Les hommes refusent de se laisser arrêter et des combats se propagent dans les rues avoisinantes. La police et l'armée ont conduit le raid après avoir reçu des informations précisant que le Fatah-al-Islam essaierait de cambrioler une banque ce dimanche-là et tenterait "de prendre le contrôle de points forts de la sécurité dans le nord", selon Ahmad Fatfat, le Ministre libanais de la Jeunesse et des Sports, et le cabinet du Premier Ministre Fouad Siniora. Les militants attaquent ensuite un poste militaire libanais à la porte du camp, s'emparant de plusieurs véhicules. Les Libanais envoient des renforts, dont des chars, qui matraquent les positions du Fatah-al-Islam. Au moins 27 soldats sont tués de même qu'un nombre inconnu de militants islamistes et de civils.

Fouad Siniora

21 mai : Nahr-al-Bared assiégé

Les combats reprennent après une courte trêve déclarée très tôt dans la journée pour transporter morts et blessés dans des ambulances en dehors du camp. Si l'on suit la chaîne d'informations libanaises NewTV, le Fatah-al-Islam aurait ouvert le feu sur les ambulances quittant ou pénétrant dans le camp. L'armée libanaise commence le bombardement du camp sur les positions supposées du Fatah-al-Islam, beaucoup de civils périssent. Les officiels de l'agence des Nations Unies pour les travaux et les secours affirment que certains de leurs membres sont parmi les blessés. Les ONG ne peuvent pas fournir des soins médicaux et se contentent de décompter les morts. Elles essayent d'obtenir un cessez-le-feu pour apporter vivres et matériel médical dans le camp.

22 mai : les combats continuent à Nahr-al-Bared, cessez-le-feu

En dépit de pourparlers pour un cessez-le-feu, les militants du Fatah-al-Islam continuent à faire face à l'armée libanaise à la périphérie du camp pour la troisième journée consécutive. Les tirs reprennent lorsque les blindés et l'artillerie libanais ouvrent le feu sur les islamistes prenant position dans le camp. Au milieu de la matinée, les combats s'intensifient avec des échanges violents d'armes à feu légères et des tirs de mitrailleuses. Les conditions des réfugiés dans le camp surpeuplé deviennent insupportables en raison des tirs et de l'avance de l'armée libanaise qui refoule les militants islamistes. Les docteurs du camp plaident pour un cessez-le-feu, morts et blessés s'entassant dans les rues. L'électricité est coupée et l'eau est très limitée. Le Brigadier General Bilal Aslam affirme que "l'armée libanaise empêche le ravitaillement et l'aide d'entrer dans le camp". Il prétend aussi que ses adversaires sont stationnés dans les faubourgs, mais pas dans le camp lui-même. Les islamistes disent finalement qu'ils stopperont les combats à 14h30 heure locale. Une trêve fragile permet à 10 personnes de s'enfuir du camp. A Tripoli, un militant du Fatah-al-Islam se fait sauter lui-même après avoir été encerclé par les soldats libanais, dans la même maison que celle investie par le raid des forces de sécurité le 21 mai.

23 mai : des milliers de personnes fuient Narh-al-Bared

Durant une trêve nocturne annoncée le mardi, près de 2 000 personnes fuient le camp de réfugiés palestiniens. Quelques-uns partent à pied, la plupart dans des voitures et des vans. Le Croissant Rouge les aide à s'installer dans le camp de Beddawi, où ils passent la nuit dans des écoles. D'autres rejoignent la ville de Tripoli toute proche. Des rapports annoncent que des snipers tirent sur les réfugiés en déplacement. La trêve semble se terminer lorsqu'un convoi d'aide de l'ONU est attaqué plus tard dans la nuit. "La situation humanitaire est très, très critique", affirme un porte-parole de l'agence de l'ONU pour les travaux et les secours, "et se détériore à chaque minute. Dans le camp, il n'y aucun hôpital ou centre de soins", capable de rester ouvert pendant les combats.

24 mai : des combats sporadiques reprennent dans le camp

Le Premier Ministre libanais, Fouad Siniora, appelle à "déraciner" le terrorisme dans son adresse à la nation, blâmant les militants du Fatah-al-Islam d'utiliser les réfugiés palestiniens comme otages dans leur but de déstabilisation du Liban. Le Premier Ministre stipule que le gouvernement ne capitulera pas "devant les terroristes" et travaillera à l'éradiquer. Siniora souligne aussi que les cibles des militaires libanais sont les militants islamistes et non les réfugiés palestiniens. Suivant son discours, les combats reprennent à l'entrée du camp entre militants et armée libanaise. Celle-ci coule deux bateaux gonflables transportant des islamistes du camp. Mais la BBC rapporte que ce jeudi, les affrontements restent décousus, sans bombardement massif comme les jours précédents. Mais les menaces du gouvernement libanais d'une action militaire de grande ampleur contre le Fatah-al-Islam soulève la question des conditions humanitaires des réfugiés coincés dans le camp.

25-26 mai : débarquements d'une aide militaire au Liban

5 avions de transport militaire affrétés par les Etats-Unis et leurs alliés arabes arrivent à l'aéroport de Beyrouth, convoyant de l'aide pour l'armée libanaise. Un appareil est de l'US Air Force, deux viennent de l'armée de l'air des Emirats Arabes Unis et deux de l'aviation militaire jordanienne. Les avions, provenant des principales bases militaires américaines du secteur, répondent ainsi à un appel à l'aide lancé par le gouvernement libanais. Le samedi 26, deux autres appareils américains atterrissent à Beyrouth remplis de matériel militaire. On trouve des munitions pour armes automatiques et armes lourdes, des pièces de rechange pour hélicoptères et des appareils de vision nocturne. La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice réaffirme le soutien américain au gouvernement Siniora et ajoute que le Fatah-al-Islam tente de déstabiliser le gouvernement élu par voie démocratique. Mais le leader du Hezbollah, le Sheikh Hassan Nasrallah, dit qu'il doute de la montée de la sincérité américaine dans son intervention au sein des affaires libanaises. Des échanges minimes d'artillerie ont lieu alors que l'armée libanaise prend position autour du camp de réfugiés. La BBC rapporte que les militants islamistes, retranchés dans le camp, n'envisagent pas de se rendre. Les travailleurs internationaux ne peuvent toujours pas apporter nourriture et aide médicale. Le 26 mai est relativement calme.

27-28 mai : les combats reprennent, les négociations continuent

Les postes de l'armée libanaise sont bombardés et des tirs d'artillerie sont entendus en fin de journée du 27, en dépit d'un cessez-le-feu à Nahr-al-Bared. Le chef du Fatah-al-Islam affirme que ses hommes ne se rendront pas. Le dernier éclat de violence a lieu tandis que des négociations sont entamées avec les militants islamistes. Le conflit entre alors dans sa première semaine et a fait des douzaines de morts, dont beaucoup de civils. Un membre de l'ONU déclare que 25 000 personnes ont fui le camp mais que des milliers d'autres y sont toujours enfermées. L'armée libanaise reçoit de nouveaux renforts. Les officiels du gouvernement libanais confient à l'AFP qu'ils ont donné aux factions palestiniennes jusqu'au milieu de la semaine afin de trouver une solution pacifique pour désamorcer la crise. Selon la BBC, les membres du Fatah-al-Islam s'alignent désormais sur la rhétorique d'al-Qaeda. Le groupe avait précédemment dit qu'il défendait les musulmans et les Palestiniens du Liban, mais les factions rivales se sont d'elles-mêmes éloignées du groupe.

29-31 mai : combats et charges

Des combats sporadiques prennent place le 29 entre l'armée libanaise et les islamistes, avec aucun signe tangible de progrès dans les négociations pour mettre fin à dix jours de combats. Un soldat trouve la mort dans les affrontements. Le 30 mai, le Liban accuse 20 des membres du groupe de terrorisme. Les sources judiciaires prétendent que les charges appliquées mercredi à 19 Palestiniens et un Syrien prévoient la peine de mort. Le 31 mai est un jour calme.

1er juin : durs combats

Le matin, des tirs sévères reprennent entre l'armée libanaise et le Fatah-al-Islam retranché dans le camp. L'artillerie et des mitrailleuses entrent en action tandis que des chars se massent à l'extérieur du camp pour ce qui pourrait bien être l'offensive terrestre finale. Les combats se concentrent aux entrées nord et sud du camp. Au moins 19 personnes trouvent la mort dont 3 militaires libanais.

2 juin : l'offensive continue

Ce samedi matin l'armée libanaise reprend ses attaques sur le camp, utilisant des frappes d'artillerie et, pour la première fois, d'un hélicoptère de combat (un Gazelle de construction française qui tire deux missiles et mitraille des positions supposées des islamistes). Le Fatah-al-Islam confirme qu'un se ses chefs, Abu Riyadh, a été abattu par un tireur d'élite libanais.

3 juin : violences à Ain-al-Hilweh

Des combats éclatent ce jour-là entre des militaires libanais et des militants islamistes dans un autre camp de réfugiés palestiniens. Ces violences, près du camp d'Ain-al-Hilweh, proche de la ville de Sidon, impliquent apparemment des membres du Jund-al-Sham. Deux personnes -un soldat et un civil- sont blessées lorsque des militants tirent une roquette sur un checkpoint de l'armée. L'armée répond à ce tir de RPG et deux soldats ainsi que deux militants islamistes trouvent la mort.

Le Jund-al-Sham

Le Jund-al-Sam (littéralement, en arabe, "Soldats de la Grande Syrie") serait apparu pour la première fois en Afghanistan en 1999, créé par des Syriens et des Palestiniens en contact étroit avec Abu Musab al-Zarqawi, qui, on le sait, sera à l'origine de la mouvance al-Qaida en Irak jusqu'à sa mort provoquée par un raid aérien américain en 2006. Si l'on suit les documents des renseignements européens et les sources du gouvernement jordanien, Zarqawi a fondé le camp de ce groupe avec une somme initiale de 200 000 $ fournis par Ben Laden. Ce camp, près de Herut, est baptisé camp d'entraînement Al Matar et enseigne les techniques djihadistes de la guérilla, de l'utilisation des explosifs et des armes chimiques. Le groupe a certainement abandonné son point d'attache après le début de la campagne d'Afghanistan menée par les Américains pour chasser les talibans du pays, fin 2001. Sa première opération intervient à l'été 2004 avec un attentat à la voiture piégée dans Beyrouth, qui tue un agent du Hezbollah. Les forces de sécurité syriennes ont participé à de nombreux échanges de tirs avec de groupuscule depuis lors.

Attaques

Le groupe revendique un attentat suicide contre une école britannique du Qatar (The Times, 23 mars 2005) et le nom d'un groupe salafiste ou influencé comme tel dans le camp de réfugiés de Ain-al-Hilweh, près du port méridional du Liban, Sidon. Sa présence est aussi signalée en Syrie. Il a été mis sur la liste des organisations terroristes par la Russie. On ne sait pas exactement s'il a des relations avec "les Combattants pour l'Unité et la Liberté d'al-Sham" qui en décembre 2005 ont revendiqué l'assassinat de Gibran Trueni et ont menacé Detlev Mehlis.
En mai 2006, on sait par contre que le groupe s'oppose au Fatah palestinien dans le camp de réfugiés d'Ain-al-Hiweh. Un badaud palestinien, Mohammed Tayssir Awad, âgé de 20 ans, est tué par une balle perdue. L'Associated Press, qui a interrogé un officiel du Fatah, rapporte que le groupe a tenté d'assassiner un responsable militaire du Fatah, Mahmoud Abdul-Hamid Issa, qui marchait en compagnie de ses gardes du corps ; l'un de ces derniers est sérieusement blessé.

Le 12 septembre 2006, des militants armés liés au groupe islamiste essaye de détruire l'ambassade américaine à Damas. Les 4 assaillants sont équipés de fusils automatiques et de grenades à mains ainsi que d'un van bourré d'explosifs. Trois sont tués et le dernier blessé ; un officier de l'anti-terrorisme syrien est lui aussi abattu lors de l'engagement.

Enfin, ce 3 juin 2007, le groupe tire une roquette antichar sur un point de contrôle de l'armée libanaise du camp d'Ain-al-Hilweh, provoquant la riposte de l'armée libanaise.

5 juin : les troupes libanaises continuent de matraquer le camp de réfugiés

Tandis que l'armée libanaise intensifie ses opérations sur le camp de réfugiés de Nahr-al-Bared, 7 membres du Fatah-al-Islam se rendent à la mouvance séculière palestinienne du Fatah. Le Fatah est l'organisation la plus présente dans les camps de réfugiés du Liban et celle-ci est toujours en première ligne depuis le début du conflit pour s'opposer aux mouvements se réclamant d'al-Qaïda. Khaled Aref, un des principaux représentants du Fatah dans le camp d'Ain-al-Hilweh, déclare que les factions palestiniennes sur place ont décidé "d'isoler le Jund-al-Sham et de laisser aucune porte d'entrée possible à des événements similaires à ceux de Nahr-al-Bared." .

6 et 7 juin : des jours calmes

Ces jours-là, seulement des échanges sporadiques d'armes automatiques et quelques tirs d'artillerie et de mortiers se font entendre. Un soldat libanais est néanmoins tué par un sniper du Fatah-al-Islam retranché dans le camp de Nahr-al-Bared.

8 juin : de violents combats reprennent encore

Après une médiation ayant échoué quant à convaincre les islamistes de capituler, l'armée libanaise repasse à l'attaque. Des témoins présents sur les lieux affirment que celle-ci a méthodiquement grignoté les positions du Fatah-al-Islam a l'intérieur du camp durant les semaines précédentes. Le mouvement islamiste menace d'étendre le conflit à d'autres parties du pays. Les forces de sécurité prétendent avoir démantelé une cellule d'al-Quaeda qui se préparait à effectuer des attentats au Liban : 10 personnes sont arrêtées et des armes et des explosifs sont saisis. Par ailleurs, les autorités auraient arrêté à la frontière 9 Irakiens essayant d'entrer au Liban à partir de la Syrie avec de faux passeports roumains. Leurs motivations n'étaient pas claires.

9 et 10 juin : lourdes pertes pour l'armée libanaise

Passant à l'offensive sur les positions tenues par les islamistes, l'armée libanaise rencontre une résistance acharnée. 9 soldats sont tués rien que le samedi. Les pertes du Fatah-al-Islam demeurent inconnues. L'armée prétend qu'elle est en train de l'emporter, alors que le mouvement islamiste affirme tenir ses positions. Un de leurs porte-paroles dit que les combattants ont capturé des équipements sur l'armée libanaise pendant les combats. Une manifestation rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes défile à Tripoli pour remercier et supporter l'armée libanaise.

11 juin : incident avec la Croix Rouge

Deux travailleurs libanais de l'organisation sont tués en dehors du camp de Nahr-al-Bared. Ils étaient en train d'évacuer des civils lorsqu'ils sont touchés par un tir de mitrailleuse ou d'artillerie. Un troisième est sérieusement blessé. Un clerc palestinien, tentant de négocier une trêve, est blessé à la jambe lors d'un autre incident par un tireur embusqué.

12 juin : l'armée libanaise avance

Les troupes continuent leur progression et parviennent à moins de 80 m de la principale place forte du Fatah-al-Islam à l'intérieur du camp. Le pilonnage massif continue, surtout sur l'entrée nord du camp de réfugiés, dont les bâtiments sont en flammes et d'où se dégagent d'abondantes fumées. Les militants islamistes répliquent en tirant des roquettes sur des postes de l'armée installés sur une colline toute proche. L'armée réussit à prendre le contrôle d'une position clé du Fatah-al-Islam sur la façade côtière du camp.

13 et 14 juin

Deux jours de calme relatif suivent les combats très durs des jours précédents.

15 juin : explosion dans le camp

6 soldats libanais sont tués dans l'explosion d'un immeuble piégé par les combattants du Fatah-al-Islam dans le camp de réfugiés. Les sources de la sécurité mentionnent aussi 4 autres soldats blessés par le souffle de l'explosion.
Le bâtiment est complètement détruit.

18 juin : le bombardement reprend

L'armée libanaise recommence le pilonnage du camp de réfugiés palestiniens, un jour après avoir annoncé que d'importantes installations militaires avaient été détruites. Les troupes visent des cachettes soupçonnées du Fatah-al-Islam, alors que les combats entrent dans leur cinquième semaine consécutive. 3 soldats ont été tués et 7 autres blessés dans les derniers affrontements, selon les sources de la sécurité. Le QG du Fatah-al-Islam et un autre bâtiment d'importance auraient été capturés par l'armée libanaise, les drapeaux nationaux flottant à leur sommet. Celle-ci semble acculer le groupe islamiste au sud du camp, secteur où les premiers réfugiés palestiniens s'étaient installés en 1948. Elle bombarde le bâtiment de l'UNRWA, qui comporte 7 étages en sous-sol dans lesquels se cachent les combattants du Fatah-al-Islam, ainsi que le complexe Samed, qui leur a servi de dépôt d'armes et de centre d'entraînement.

19 juin : la partie nord du camp est prise

Le 19 juin, l'armée libanaise réussit enfin à prendre toutes les positions principales des islamistes. Tous les bâtiments de la partie nord du camp, la plus récente, où étaient retranchés les islamistes du Fatah-al-Islam tombent. Les combats cessent ensuite dans cette zone. 7 soldats libanais ont été tués au cours de cette phase des opérations. L'armée repousse alors les combattants dans la partie sud du camp.

21-22 juin : chute du camp

Le 21 juin, le ministre libanais de la Défense affirme que toutes les positions du Fatah-al-Islam en bordure du camp de réfugiés, d'où les militants islamistes attaquaient les soldats libanais, ont été détruites ou capturées. Les seules positions restantes sont au centre du camp et ne constituent plus une menace puisque l'armée n'a pas l'intention d'attaquer cette partie du camp. Il déclare par ailleurs que l'opération militaire contre le Fatah-al-Islam est terminée. Mais des combats féroces continuent jusqu'en fin d'après-midi du 22 juin.

23 juin

L'armée libanaise bombarde un camp de réfugiés palestiniens au nord du Liban après que des assaillants aient tué un soldat et en aient blessé trois autres. Les sources de la sécurité prétendent que les snipers du Fatah-al-Islam ont tiré sur les militaires depuis le camp de Nahr-al-Bared. Cette mort est la première à frapper l'armée libanaise depuis la déclaration de fin des combats.

24 juin

Au moins 10 personnes sont tuées dans des combat entre l'armée libanaise et des militants islamistes supposés dans la cité de Tripoli. 2 civils, un soldat, un policier et au moins 6 islamistes auraient été tués. Cela intervient après que l'armée ait décidé de fouiller un appartement suspect dans le district Abu Samra. Les combats à Nahr-al-Bared font 4 morts supplémentaires dans les rangs de l'armée, 3 tués par l'explosion d'une bombe et un dernier abattu par un sniper.
3 casques bleus espagnols et 3 autres colombiens sont tués dans une explosion au Sud-Liban tandis que 2 autres sont sérieusement blessés. Jose Antonio Alonso, ministre de la défense de l'Espagne, annonce que les morts appartenaient à l'armée espagnole et que les officiels traitent cette attaque comme une "agression terroriste". Une source policière expose qu'une voiture bourrée d'explosifs, "très probablement" conduite par un kamikaze, a causé la déflagration près de deux véhicules de la FINUL à proximité de la ville méridionale de Khiam, qui borde Israël.

25 juin

Des combats très durs opposent l'armée libanaise au Fatah-al-Islam. Des rapports de l'armée annoncent 15 morts chez les islamistes ainsi que 3 soldats perdus. Près de 40 corps de militants islamistes sont retirés du camp et 40 autres sont arrêtés. Dans un rapport du Ministre de la Défense libanais Elias Murr à Arabiyeh TV, celui-ci explique que l'attentat n'a pas été commis au moyen d'une voiture-suicide remplie d'explosifs mais par une voiture piégée commandée à distance.

28 juin : combat dans les montagnes

Ce jour-là, l'armée libanaise découvre et engage un groupe de militants du Fatah-al-Islam, caché dans une grotte au sein des montagnes au sud de Tripoli, près de la ville de Qalamoun. 6 islamistes sont abattus dont 3 non-Libanais. Les combats commencent peu après 8h00 à la suite de raids de l'armée dans le secteur.

4 juillet

3 militants islamistes sont tués alors que l'armée libanaise repousse une attaque à l'intérieur d'un camp palestinien du nord du pays, selon les sources de sécurité. Selon les mêmes sources, les combattants du Fatah-al-Islam ont perdu toutes leurs positions à Nahr-al-Bared et cherchent donc à infiltrer les positions de l'armée.
Des échanges de tirs sont encore entendus près du camp palestinien, au milieu de tirs d'artillerie effectués par l'armée.

12 juillet : l'armée attaque de nouveau

L'armée libanaise lance un tir de barrage massif dans ce qui semble être l'épreuve de force finale avec les militants du Fatah-al-Islam dans le camp de Nahr-al-Bared. "Le bombardement d'aujourd'hui est la première étape de la bataille finale contre le groupe terroriste dont les combattants ont refusé de se rendre à l'armée", affirme un officier libanais. Mais le commandement militaire dément que ce pilonnage soit l'entame de la phase finale des combats. Le bombardement, qui a commencé à l'aube, suit de près l'évacuation de 200 résidents du camp. Les témoins prétendent que l'armée frappe le camp de tous les côtés, à une cadence de 7 à 10 obus à la minute. De la fumée noirée s'élève du camp, les tirs fracassant les immeubles survivants au milieu des ruines. 4 soldats libanais sont tués et 9 autres blessés ; 2 des morts auraient été abattus au début de la matinée par des snipers islamistes, déclenchant la réplique de l'artillerie libanaise.

14 juillet : attaques de Katyusha

Dans une escalade inattendue des combats dans et autour du camp de Nahr-al-Bared, les militants du Fatah-al-Islam tirent au moins 15 roquettes Katyusha de 107 mm sur les villes avoisinantes. Un rapport de l'armée libanaise affirme que ces tirs de roquettes au hasard ont tué un civil et en ont blessé plusieurs autres. Les militants islamistes ont certainement trouvé ces roquettes dans le camp et les ont aussitôt utilisées. Les combats du jour se concentrent sur les faubourgs Safouri et Saasaa du camp de réfugiés. L'armée encercle un groupe de combattants dans un abri de Safouri, les coupant de toute communication avec leurs camarades, et avance méthodiquement appuyée par l'artillerie, repoussant les militants islamistes dans la partie sud-ouest de Nahr-al-Bared. L'armée prétend aussi avoir pris le contrôle de plusieurs immeubles utilisés par les snipers du Fatah-al-Islam. Les sapeurs travaillent à déminer et à enlever les "booby traps" de ces bâtiments, ainsi qu'à dégager les routes du camp inutilisables. Les pièges freinent la progression des troupes : les islamistes auraient piégé tout et n'importe quoi, notamment avec de la dynamite. 2 soldats auraient péri dans les combats.

15 juillet : tirs de Katyusha

Les officiels de la sécurité annoncent qu'au moins 5 roquettes ont été tirées dans des champs de la région septentrionale d'Akkar, quelques kilomètres au nord du camp de Nahr-al-Bared. Des hommes armés non identifiés abattent Dharrar Rifai dans le camp de réfugiés de Ain al-Hiweh au sud du Liban. Ribai était un membre du désormais défunt Jund-al-Sham. Ce dernier a été dissous le mois dernier après des combats avec l'armée libanaise. Deux groupes dominent le camp de Ain al-Hiweh : le Fatah palestinien et un mouvement lié à al-Qaïda, le Usbat al-Ansar. A Nahr-al-Bared, l'armée échange des tirs d'armes automatiques et de grenades dans les rues menant au centre du camp, tandis que l'artillerie bombarde d'autres secteurs. L'armée libanaise prétend avoir sorti vivants deux commandos des décombres d'un immeuble piégé par le Fatah-al-Islam qui s'était effondré samedi.
Le 16 juillet, l'armée réussit à s'emparer d'une colline dans le sud du camp qui constitue une position de premier choix. Le 20 juillet, les islamistes disposent d'une enclave de 300 m² dans la partie sud du camp de Nahr-al-Bared. L'avance rapide de l'armée est alors seulement freinée par les douzaines de "boobies traps" laissés par les islamistes dans les ruines du camp.

25 juillet : attaque finale de l'armée libanaise ?

Les soldats libanais avancent dans la zone des combats appuyés par les tirs des chars, de l'artillerie et des armes légères.
4 combattants islamistes auraient été tués par l'armée tandis que celle-ci accuse la perte de 14 blessés. Un témoin rapporte que le pilonnage est d'une ampleur sans précédent depuis le début du conflit, avec un taux de 20 obus à la minute. Une source libanaise affirme que l'armée est cette fois décidée à nettoyer complètement le camp. On pense que 100 hommes sont encore retranchés dans la mince parcelle restante, 60 combattants du Fatah-al-Islam et 40 civils, dont 24 femmes de militants et 16 enfants. Les militants islamistes répliquent à l'attaque en tirant encore des roquettes Katyusha sur les environs du camp.

1er août : 3 soldats libanais tués le jour anniversaire de la création de l'armée

3 soldats libanais sont tués dans les affrontements avec le Fatah-al-Islam à Nahr-al-Bared. Le 1er août 2007 est le 62ème anniversaire de la création de l'armée au pays du Cèdre. La progression dans le camp est toujours ralentie par les mines et pièges explosifs dissimulés par les islamistes. L'armée souhaitait fêter la victoire ce jour-là, mais les cérémonies ont été suspendues en hommage aux hommes tués. L'un d'entre eux a été abattu par un sniper et les deux autres sont morts dans les combats de rues. La bataille est difficile car les militaires libanais sont peu entraînés et manquent d'équipement.

2 août : mort de Abu Hureira

Le 2 août, l'adjoint du commandant en chef du Fatah-al-Islam, Abu Hureira, est tué dans le district Abu Samra pendant un échange de tirs avec la police libanaise alors qu'il tente de fuir après avoir tiré sur un checkpoint installé par les policiers. Le second du Fatah-al-Islam était un Libanais répondant au nom de Shehab al-Qaddour. Deux hommes, dont ce dernier, avait ouvert le feu sur la police en circulant à moto. La riposte a fait un mort, ce chef donc, et a blessé le conducteur. C'est ce dernier qui a révélé pendant son interrogatoire l'identité de son compagnon abattu. On ne sait pas bien pourquoi le second du Fatah-al-Islam avait quitté le camp de Nahr-al-Bared pour trouver la mort à Tripoli.

12 août : l'odeur des corps en putréfaction entrave les opérations de l'armée libanaise

En raison de la décomposition des corps des tués dans le camp de Nahr-al-Bared, plusieurs soldats libanais doivent être hospitalisés pour des malaises et des vomissements. Deux hélicoptères continuent de survoler le camp mais n'ouvrent pas le feu comme pendant les jours précédents, alors que l'armée fait sauter des bâtiments à la périphérie de l'étroit secteur tenu par les islamistes. Plusieurs soldats sont victimes des pièges explosifs et des mines installés par les combattants du Fatah-al-Islam. La station d'électricité de Deir Ammar avait par ailleurs été touchée par des roquettes lancées par les islamistes le 2 août, provoquant des ruptures de courant dans le pays. Le chef du Fatah-al-Islam, Chahine Chahine, propose de se rendre en échange de la vie sauve ; mais l'armée libanaise exige une reddition sans conditions.

Dans les jours précédant la fin des combats, des hélicoptères Gazelle de construction française bombardent les bunkers et les positions des insurgés. Des bombes de 250 puis 400 kg sont largués sur les islamistes. Le 17 août, l'avance de l'armée continue. Le 24, une trêve permet à 63 personnes, 25 femmes et 38 enfants, liés aux islamistes, de sortir du camp. Cela laisse une chance à l'armée d'en finir avec les quelques 70 islamistes qui seraient toujours sur place. Le jour suivant, les raids aériens continuent.

30 août-2 septembre : attaque finale de l'armée libanaise

Des combats très violents éclatent le 30 août après l'évacuation des civils et une semaine de bombardement intense par les hélicoptères. Les combats de rues augmentent en intensité lorsque l'armée s'approche du complexe occupé par les islamistes. A ce moment-là, la plupart des souterrains construits par les islamistes ont été pris par l'armée mais les survivants s'accrochent dans les ruines et quelques abris encore intacts. Les islamistes demandent sans discontinuer un cessez-le-feu pour évacuer 35 blessés, ce que l'armée refuse systématiquement. Le 1er septembre, l'armée libanaise s'empare des demeures de Shaker al-Abssi et de son adjoint Abu Hureira, tué le mois précédent lors des affrontements avec les soldats libanais. Mais aucune trace d'al-Abssi, le chef du Fatah-al-Islam.

2 septembre : tentative de sortie et chute du camp

Le 2 septembre, les islamistes tentent de s'échapper de Nahr-al-Bared. Ils attaquent les postes de l'armée au sud et à l'est. Ils bénéficient d'appuis extérieurs. A l'est, une Mercedes déboule avec trois hommes sur les positions de l'armée à 4h du matin et fait feu sur les soldats tandis que les islamistes attaquent depuis l'intérieur du camp. Quelques-uns portent des uniformes de l'armée. 5 d'entre eux tuent un officier de l'armée libanaise et un soldat et se réfugie dans une maison bourrée de réfugiés. Après avoir hésité et tenté de prendre un otage, ils fuient mais un Saoudien est blessé par l'armée et capturé. Les 4 autres, dont un Yéménite et un Palestinien, sont tués plus tard par les soldats libanais.

3 autres groupes essayent de s'enfuir. Le premier choisit la voie maritime mais est annihilé. Le deuxième prend le chemin du nord mais connaît le même sort. Le chef du Fatah-al-Islam, Shaker al-Abssi, est supposé faire partie du dernier groupe qui suit le chemin d'une rivière (la Bared, qui a donné son nom au camp) située entre le coin sud-est du camp et le village d'Ayun-al-Samak dans une région montagneuse assez lointaine. Plusieurs membres de ce groupe sont tués mais d'autres réussissent à fuir. Tout le commandement du groupe semble s'être éclipsé, mais une cellule dormante responsable d'attentats dans le Sud-Liban avait été démantelée le 11 août dernier à Sidon, et 4 personnes arrêtées. Les islamistes ont utilisé pour s'enfuir les derniers tunnels en leur possession. Les combats durent de l'aube jusqu'au début de l'après-midi : 37 islamistes et 5 soldats sont tués, 23 sont capturés. Le camp est sous contrôle de l'armée dès 11h.

Les officiels libanais ont cependant déclaré que Shaker-al-Abssi serait bien finalement parmi les morts des derniers affrontements, son corps ayant été identifié par un ou plusieurs prisonniers. L'ADN de sa fille aurait permis de le confirmer, de même que l'identification du corps par son épouse à l'hôpital. Mais quelques jours plus tard, le gouvernement libanais revient sur ses déclarations, affirmant que Shaker-al-Abssi aurait bien réussi à s'enfuir de Nahr-al-Bared durant l'hallali. Des moyens aériens, navals et terrestres restent toujours en oeuvre pour traquer d'éventuels fugitifs cachés dans le camp ou ses alentours. Le génie procède toujours au déminage des pièges explosifs laissés dans le camp par le Fatah-al-Islam.

Lundi 3 septembre, quatre militants sont encore tués par l'armée libanaise râtissant la zone du camp de Nahr-al-Bared et ses alentours immédiats. 6 corps d'islamistes sont par ailleurs retirés du camp. Le total des morts s'élève finalement, du côté libanais, à 163 tués dont 5 depuis le début de l'offensive finale, y compris ceux morts dans les quelques échanges de tirs au sud, à Ayn-al-Hiweh près de Sidon. Hier après-midi, l'armée a répliqué avec des tirs de blindés pendant une heure, tuant les 4 islamistes et en capturant 2 autres. Ceux-ci auraient lancé une grenade sur une patrouille, blessant deux soldats.

Les Etats-Unis ont largement appuyé le gouvernement libanais, transportant par avion des munitions à l'armée libanaise tandis que le montant de l'aide versée s'élève à 270 millions de dollars, soit une hausse de 550% par rapport à 2006.

Soldat libanais épaulant un RPG-7 à Tripoli

Carte du conflit

Sources :
http://en.wikipedia.org/wiki/2007_North_Lebanon_conflict
http://en.wikipedia.org/wiki/Fatah_al-Islam
http://en.wikipedia.org/wiki/Jund_al-Sham
http://en.wikipedia.org/wiki/Lebanese_army

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