Le Fatah-al-Islam :
Le Fatah-al-Islam ("conquête de l'Islam") est un groupe
arabe islamiste sunnite formé pour la première fois en
novembre 2006. Il a été dépeint comme un mouvement
djihadiste militant tirant son inspiration d'al-Qaeda. Il ne faut pas
le confondre avec le parti séculier palestinien, le Fatah.
Origines
Le
mouvement est mené par un militant fugitif appelé Shaker-al-Abssi,
un réfugié palestinien né à Jéricho
en 1955, qui a été pilote avec le rang de colonel. Les
premières actions militantes du personnage peuvent être
retrouvées : des connections sont établies avec un groupe
militant palestinien séculier, le Fatah-al-Intifada, en Lybie,
séparé de l'ombrelle du Fatah depuis 1983. De la Lybie,
Al-Abssi se déplace à Damas, où il est dans l'entourage
du n°2 du Fatah-al-Intifada, Abu Khaled-al-Omla. Les autorités
syriennes l'arrêtent en 2000 et le condamnent à trois ans
de prison pour contrebandes d'armes entre la Jordanie et la Syrie. Le
gouvernement le relâche plus tard et il s'embarque pour l'Irak
après l'invasion américaine de mars 2003, combattant aux
côtés de groupes affilées à al-Quaeda. On
dit qu'il devient l'ami de membres importants de l'organisation sur
place. En 2004, al-Abssi est condamné à mort par contumace
par un tribunal militaire jordanien pour son implication dans l'assassinat
d'un diplomate américain, Laurence Foley. Abu Musab al-Zarqawi
est aussi condamné à mort pour ce crime et on pense qu'il
a été l'associé de al-Abssi pour ce faire. Il retourne
brièvement en Syrie, où il s'attache de nouveau à
al-Omla qui l'aide à passer au Liban, où lui-même
et un groupe de jeunes connus en Irak installent leur QG du Fatah-al-Intifada
dans le village de Helwa, dans l'ouest de la Beqaa, en 2005. En mai
2006, al-Abssi et son petit groupe engagent des affrontements armés
avec les soldats libanais qui mènent à la mort d'un jeune
Syrien recherché par Damas pour avoir combattu en Irak. Les services
de renseignement syriens somment ensuite al-Omla de leur parler d'al-Abssi
et de son groupe. L'enquête ne cache pas les liens étroits
entre al-Omla et al-Abssi, qui avaient été gardés
du secrétaire général du Fatah-al-Intifada, pro-Damas,
Abu Moussa, et par extension des autorités syriennes. Al-Omla
aurait alors demandé à al-Abssi de quitter la Beqaa, près
de la frontière syrienne, et de s'installer dans les camps de
réfugiés du nord Liban. En novembre 2006 le comité
de sécurité palestinien du camp de réfugiés
Al-Badawi de Tripoli remet deux membres du groupe d'al-Abssi aux services
de renseignement militaire libanais. Al-Abssi, rendu furieux par cette
dernière démarche, rompt alors avec le Fatah-al-Intifada
et crée son propre mouvement, le Fatah-al-Islam. En novembre,
le groupe s'installe dans le camp de réfugiés de Nahr-al-Bared.
Il s'empare de trois complexes ayant appartenu au mouvement séculier
précédent qu'ils viennent d'abandonner. Al-Abssi produit
alors une déclaration dans laquelle il prétend ramener
la religion au sein de la cause palestinienne. En mars 2007, Seymour
Hersh, reporter de terrain pour le New Yorker Magazine, soutient que
le gouvernement libanais appuie le Fatah-al-Islam pour défaire
le Hezbollah. Indépendamment de cela, le Dr Franklin Lamb, chercheur
à l'université américaine de Beyrouth, expert du
Hezbollah et installé un temps au Liban, dit à peu près
la même chose avec plus de détails. Il affirme que l'assistant
au secrétaire d'Etat, David Welch, a néogicé avec
les Saoudiens et et Saad Hariri, membre du gouvernement Siniora appuyé
par les Etats-Unis, pour renforcer le mouvement sunnite, afin que celui-ci
puisse attaquer à terme les chiites du Hezbollah.
Organisation
Le
porte-parole officiel du Fatah-al-Islam est Abu Salim. On suppose que
le groupe se compose de 150 à 200 combattants dans le camp de
Nahr-el-Bared. On est sûr qu'il dispose d'une demi-douzaine de
membres palestiniens. Le noyau est cependant formé de Syriens,
de Saoudiens et d'autres combattants arabes djihadistes ayant bataillé
en Irak, ainsi que d'une cinquantaine de Libanais sunnites. L'ambassadeur
syrien affirme que les leaders du groupe sont principalement des Palestiniens,
des Jordaniens et des Saoudiens, et que peut-être "deux d'entre
eux" sont des Syriens. Le journal Al Hayat rapporte que le Fatah-al-Islam
a des liens très étroits avec la Syrie et que le mouvement
entre les deux parties est très bien documenté ; la plupart
des cadres seraient en fait des officiers syriens.
Idéologie
Si
l'on suit Reuters, les buts essentiels du Fatah-al-Islam sont d'une
part d'instituer la loi islamique dans les camps de réfugiés
palestiniens et d'autre part de prendre pour cible Israël. Plusieurs
nouvelles organisations ont suggéré que le Fatah-al-Islam
avait des connections avec al-Quaeda. Quelques rapports prétendent
même que le groupe n'est qu'une branche du réseau. Abssi
a assuré que ce n'était pas le cas, mais "qu'il était
d'accord avec l'objectif d'attaquer les infidèles.". Les
statuts du groupe sont apparus sur des sites Web islamistes bien connus
pour relayer les informations d'al-Quaeda. L'ambassadeur syrien Bashar
Ja'afari, répondant aux attaques libanaises soutenant que la
Syrie était derrière le groupe, a révélé
que plusieurs personnes avaient été emprisonnées
en Syrie pendant trois ou quatre ans pour leurs liens avérés
avec al-Quaeda, et qu'après leur remise en liberté ils
avaient quitté le pays. Ja'afari a dit aussi que "s'ils
retournent en Syrie, ils seront arrêtés." et qu"'ils
ne combattent pas au nom de la cause palestinienne, mais au nom d'al-Quaeda.".
Le 23 mai 2007, la Ligue Arabe produit un texte "condamnant fortement
les actes terroristes et criminels entrepris par le groupe terroriste
connu sous le nom de Fatah-al-Islam", ajoutant que le groupe "n'a
aucun lien avec la question palestinienne ni l'Islam". Dans une
interview à CNN International et l'émission "Your
World Today", Seymour Hersh a affirmé qu'un accord négocié
entre le vice-président américain Dick Cheney, l'adjoint
au conseiller à la Sécurité Nationale Elliot Abrams,
le conseiller national à la sécurité saoudien,
le prince Bandar bin Sultan, couvre les fonds pour le mouvement sunnite
Fatah-al-Islam, fournis par le régime saoudien afin de contrer
l'influence shiite du Hezbollah.
Activités
Le
7 décembre 2006, Le Monde rapporte qu'un haut officiel de l'ONU
a été informé par l'OLP et son représentant
au Liban, Abbas Zaki, d'une opération montée par le Fatah-al-Islam
pour assassiner 36 figures anti-syriennes au Liban. Les agents de sécurité
de l'OLP affrontent plus tard le groupe, arrêtant 6 d'entre eux.
4 sont relâchés tandis qu'un Syrien et un Saoudien sont
remis aux militaires libanais. Les autorités libanaises accusent
également le groupe d'être impliqué dans l'attentat
contre deux minibus, le 13 février 2007, tuant trois personnes
et en blessant 20 autres, à Ain Alaq. Elles ont identifé
4 personnes ayant reconnues avoir participé à l'attaque.
Les autorités libanaises pensent aussi que le mouvement est une
couverture pour le renseignement syrien au Liban. Les deux parties nient
toutes ces allégations.
L'armée
libanaise
L'armée de la République du Liban est connue sous le nom
de Lebanese Armed Forces (LAF) et regroupe trois branches : the Lebanese
Army, the Lebanese Navy et the Lebanese Air Force. Elle regroupe environ
72 100 personnels d'active dont 70 000 dans l'armée de terre,
1 000 dans l'armée de l'air et 1 100 dans la marine. Toutes ces
branches sont coordonnées par un commandement général
installé à Yarzeh, à l'est de la capitale, Beyrouth.
Il y a un total de 6 collèges ou écoles militaires dans
le pays. Certains cadets peuvent être envoyés dans des
pays étrangers pour recevoir une formation supplémentaire.
L'équipement des LAF est en grande partie ancien à cause
du manque de fonds, des querelles politiques et jusqu'à récemment
de la présence de forces armées étrangères.
Après la fin de la guerre civile libanaise, les LAF décident
d'entretenir au mieux le matériel déjà disponible,
et bénéficient de quelques aides mineure de nations extérieures.
Environ 85 % de cet équipement est d'origine américaine,
le reste étant de fabrication britannique, française ou
soviétique.
Les
différentes branches
On
trouve :
- 5 commandements régionaux.
- 11 brigades mécanisées.
- 2 régiments d'artillerie.
- 1 régiment de commandos.
- 5 régiments de forces spéciales.
- 1 régiment aéroporté.
- 1 régiment de commandos de marine.
- 1 brigade de la Garde Républicaine.
et des services médicaux, de soutien, de logistique, une police
militaire et un régiment de construction.
Les fantassins libanais sont essentiellement équipés de
M-16 et CAR-15, d'AKMS et d'AK-74.
L'armée libanaise dispose de 310 blindés, des T-54/55
et des M-48 A1 et A5.
Elle aligne plus de 1 260 véhicules blindés transports
de troupe (APC), des M113 A1 et A2, des Panhard M-3, des VAB et des
Cadillac Gage Commando. Elle compte 760 véhicules blindés
de combat (AFV), AMX-13, Alvis Saladin, Ferret, AML-90 et Staghound.
Elle déploie 147 pièces d'artillerie tractées,
M101 howitzer de 105 mm, M102 howitzer de même calibre, D-30 de
122 mm, howitzer M-1938 M-30 de même calibre, M-46 de 130 mm et
M114 howitzer de 155 mm, A-1 de 155 mm, M198 et Model 50 de même
calibre.
L'artillerie antiaérienne comprend plus de 30 unités,
avec des M42 Duster, des ZU-23, des SA-7A et B Grail. Les missiles antichars
guidés sont au moins 70, des ENTAC, MILAN et BGM-71 Tow. Il y
a aussi 30 lance-roquettes multiples, BM-21 et BM-11. L'armée
libanaise peut compter sur plus de 3 500 véhicules légers
de tous types, du Land Rover Defender 90 en passant par les Humvee.
La marine comprend 27 navires de combat de petite taille, de construction
britannique, 2 navires de débarquement et des patrouilleurs.
L'armée de l'air dispose d'au moins 7 Hawker Hunter (non opérationnels)
et de plus de 70 hélicoptères (Aérospatiale SA-342
Gazelle, SA-318 Alouette II, SA-319 Alouette III, SA-330 Puma, UH-1H,
Bell 212, AB-205, Robinson R44). Il y a quelques appareils d'entraînement
et de transport.
Le 4 mai 2005, un nouveau système de conscription a été
adopté, avec un service de 6 mois, mais en souhaitant la fin
du procédé dans les deux années à venir.
Le 10 février 2007, ce système de conscription a donc
disparu et l'armée est constituée uniquement de volontaires.
Les
combats
20 mai : début de l'affrontement à Tripoli et Nahr-al-Bared
Les
combats commencent tôt ce dimanche après un raid de la
police dans une maison de Tripoli apparemment utilisée par les
militants du Fatah-al-Islam. Le groupe militant commence donc à
tirer sur les forces de sécurité libanaises, qui répondent,
déclenchant ainsi des affrontements au voisinage du camp de réfugiés
palestiniens de Nahr-al-Bared près de Tripoli. Les hommes refusent
de se laisser arrêter et des combats se propagent dans les rues
avoisinantes. La police et l'armée ont conduit le raid après
avoir reçu des informations précisant que le Fatah-al-Islam
essaierait de cambrioler une banque ce dimanche-là et tenterait
"de prendre le contrôle de points forts de la sécurité
dans le nord", selon Ahmad Fatfat, le Ministre libanais de la Jeunesse
et des Sports, et le cabinet du Premier Ministre Fouad Siniora. Les
militants attaquent ensuite un poste militaire libanais à la
porte du camp, s'emparant de plusieurs véhicules. Les Libanais
envoient des renforts, dont des chars, qui matraquent les positions
du Fatah-al-Islam. Au moins 27 soldats sont tués de même
qu'un nombre inconnu de militants islamistes et de civils.
21
mai : Nahr-al-Bared assiégé
Les
combats reprennent après une courte trêve déclarée
très tôt dans la journée pour transporter morts
et blessés dans des ambulances en dehors du camp. Si l'on suit
la chaîne d'informations libanaises NewTV, le Fatah-al-Islam aurait
ouvert le feu sur les ambulances quittant ou pénétrant
dans le camp. L'armée libanaise commence le bombardement du camp
sur les positions supposées du Fatah-al-Islam, beaucoup de civils
périssent. Les officiels de l'agence des Nations Unies pour les
travaux et les secours affirment que certains de leurs membres sont
parmi les blessés. Les ONG ne peuvent pas fournir des soins médicaux
et se contentent de décompter les morts. Elles essayent d'obtenir
un cessez-le-feu pour apporter vivres et matériel médical
dans le camp.
22
mai : les combats continuent à Nahr-al-Bared, cessez-le-feu
En dépit de pourparlers pour un cessez-le-feu, les militants
du Fatah-al-Islam continuent à faire face à l'armée
libanaise à la périphérie du camp pour la troisième
journée consécutive. Les tirs reprennent lorsque les blindés
et l'artillerie libanais ouvrent le feu sur les islamistes prenant position
dans le camp. Au milieu de la matinée, les combats s'intensifient
avec des échanges violents d'armes à feu légères
et des tirs de mitrailleuses. Les conditions des réfugiés
dans le camp surpeuplé deviennent insupportables en raison des
tirs et de l'avance de l'armée libanaise qui refoule les militants
islamistes. Les docteurs du camp plaident pour un cessez-le-feu, morts
et blessés s'entassant dans les rues. L'électricité
est coupée et l'eau est très limitée. Le Brigadier
General Bilal Aslam affirme que "l'armée libanaise empêche
le ravitaillement et l'aide d'entrer dans le camp". Il prétend
aussi que ses adversaires sont stationnés dans les faubourgs,
mais pas dans le camp lui-même. Les islamistes disent finalement
qu'ils stopperont les combats à 14h30 heure locale. Une trêve
fragile permet à 10 personnes de s'enfuir du camp. A Tripoli,
un militant du Fatah-al-Islam se fait sauter lui-même après
avoir été encerclé par les soldats libanais, dans
la même maison que celle investie par le raid des forces de sécurité
le 21 mai.
23
mai : des milliers de personnes fuient Narh-al-Bared
Durant
une trêve nocturne annoncée le mardi, près de 2
000 personnes fuient le camp de réfugiés palestiniens.
Quelques-uns partent à pied, la plupart dans des voitures et
des vans. Le Croissant Rouge les aide à s'installer dans le camp
de Beddawi, où ils passent la nuit dans des écoles. D'autres
rejoignent la ville de Tripoli toute proche. Des rapports annoncent
que des snipers tirent sur les réfugiés en déplacement.
La trêve semble se terminer lorsqu'un convoi d'aide de l'ONU est
attaqué plus tard dans la nuit. "La situation humanitaire
est très, très critique", affirme un porte-parole
de l'agence de l'ONU pour les travaux et les secours, "et se détériore
à chaque minute. Dans le camp, il n'y aucun hôpital ou
centre de soins", capable de rester ouvert pendant les combats.
24
mai : des combats sporadiques reprennent dans le camp
Le
Premier Ministre libanais, Fouad Siniora, appelle à "déraciner"
le terrorisme dans son adresse à la nation, blâmant les
militants du Fatah-al-Islam d'utiliser les réfugiés palestiniens
comme otages dans leur but de déstabilisation du Liban. Le Premier
Ministre stipule que le gouvernement ne capitulera pas "devant
les terroristes" et travaillera à l'éradiquer. Siniora
souligne aussi que les cibles des militaires libanais sont les militants
islamistes et non les réfugiés palestiniens. Suivant son
discours, les combats reprennent à l'entrée du camp entre
militants et armée libanaise. Celle-ci coule deux bateaux gonflables
transportant des islamistes du camp. Mais la BBC rapporte que ce jeudi,
les affrontements restent décousus, sans bombardement massif
comme les jours précédents. Mais les menaces du gouvernement
libanais d'une action militaire de grande ampleur contre le Fatah-al-Islam
soulève la question des conditions humanitaires des réfugiés
coincés dans le camp.
25-26
mai : débarquements d'une aide militaire au Liban
5
avions de transport militaire affrétés par les Etats-Unis
et leurs alliés arabes arrivent à l'aéroport de
Beyrouth, convoyant de l'aide pour l'armée libanaise. Un appareil
est de l'US Air Force, deux viennent de l'armée de l'air des
Emirats Arabes Unis et deux de l'aviation militaire jordanienne. Les
avions, provenant des principales bases militaires américaines
du secteur, répondent ainsi à un appel à l'aide
lancé par le gouvernement libanais. Le samedi 26, deux autres
appareils américains atterrissent à Beyrouth remplis de
matériel militaire. On trouve des munitions pour armes automatiques
et armes lourdes, des pièces de rechange pour hélicoptères
et des appareils de vision nocturne. La secrétaire d'Etat américaine
Condoleezza Rice réaffirme le soutien américain au gouvernement
Siniora et ajoute que le Fatah-al-Islam tente de déstabiliser
le gouvernement élu par voie démocratique. Mais le leader
du Hezbollah, le Sheikh Hassan Nasrallah, dit qu'il doute de la montée
de la sincérité américaine dans son intervention
au sein des affaires libanaises. Des échanges minimes d'artillerie
ont lieu alors que l'armée libanaise prend position autour du
camp de réfugiés. La BBC rapporte que les militants islamistes,
retranchés dans le camp, n'envisagent pas de se rendre. Les travailleurs
internationaux ne peuvent toujours pas apporter nourriture et aide médicale.
Le 26 mai est relativement calme.
27-28
mai : les combats reprennent, les négociations continuent
Les
postes de l'armée libanaise sont bombardés et des tirs
d'artillerie sont entendus en fin de journée du 27, en dépit
d'un cessez-le-feu à Nahr-al-Bared. Le chef du Fatah-al-Islam
affirme que ses hommes ne se rendront pas. Le dernier éclat de
violence a lieu tandis que des négociations sont entamées
avec les militants islamistes. Le conflit entre alors dans sa première
semaine et a fait des douzaines de morts, dont beaucoup de civils. Un
membre de l'ONU déclare que 25 000 personnes ont fui le camp
mais que des milliers d'autres y sont toujours enfermées. L'armée
libanaise reçoit de nouveaux renforts. Les officiels du gouvernement
libanais confient à l'AFP qu'ils ont donné aux factions
palestiniennes jusqu'au milieu de la semaine afin de trouver une solution
pacifique pour désamorcer la crise. Selon la BBC, les membres
du Fatah-al-Islam s'alignent désormais sur la rhétorique
d'al-Qaeda. Le groupe avait précédemment dit qu'il défendait
les musulmans et les Palestiniens du Liban, mais les factions rivales
se sont d'elles-mêmes éloignées du groupe.
29-31
mai : combats et charges
Des
combats sporadiques prennent place le 29 entre l'armée libanaise
et les islamistes, avec aucun signe tangible de progrès dans
les négociations pour mettre fin à dix jours de combats.
Un soldat trouve la mort dans les affrontements. Le 30 mai, le Liban
accuse 20 des membres du groupe de terrorisme. Les sources judiciaires
prétendent que les charges appliquées mercredi à
19 Palestiniens et un Syrien prévoient la peine de mort. Le 31
mai est un jour calme.
1er
juin : durs combats
Le
matin, des tirs sévères reprennent entre l'armée
libanaise et le Fatah-al-Islam retranché dans le camp. L'artillerie
et des mitrailleuses entrent en action tandis que des chars se massent
à l'extérieur du camp pour ce qui pourrait bien être
l'offensive terrestre finale. Les combats se concentrent aux entrées
nord et sud du camp. Au moins 19 personnes trouvent la mort dont 3 militaires
libanais.
2
juin : l'offensive continue
Ce samedi matin l'armée libanaise reprend ses attaques sur le
camp, utilisant des frappes d'artillerie et, pour la première
fois, d'un hélicoptère de combat (un Gazelle de construction
française qui tire deux missiles et mitraille des positions supposées
des islamistes). Le Fatah-al-Islam confirme qu'un se ses chefs, Abu
Riyadh, a été abattu par un tireur d'élite libanais.
3
juin : violences à Ain-al-Hilweh
Des combats éclatent ce jour-là entre des militaires libanais
et des militants islamistes dans un autre camp de réfugiés
palestiniens. Ces violences, près du camp d'Ain-al-Hilweh, proche
de la ville de Sidon, impliquent apparemment des membres du Jund-al-Sham.
Deux personnes -un soldat et un civil- sont blessées lorsque
des militants tirent une roquette sur un checkpoint de l'armée.
L'armée répond à ce tir de RPG et deux soldats
ainsi que deux militants islamistes trouvent la mort.
Le
Jund-al-Sham
Le
Jund-al-Sam (littéralement, en arabe, "Soldats de la Grande
Syrie") serait apparu pour la première fois en Afghanistan
en 1999, créé par des Syriens et des Palestiniens en contact
étroit avec Abu Musab al-Zarqawi, qui, on le sait, sera à
l'origine de la mouvance al-Qaida en Irak jusqu'à sa mort provoquée
par un raid aérien américain en 2006. Si l'on suit les
documents des renseignements européens et les sources du gouvernement
jordanien, Zarqawi a fondé le camp de ce groupe avec une somme
initiale de 200 000 $ fournis par Ben Laden. Ce camp, près de
Herut, est baptisé camp d'entraînement Al Matar et enseigne
les techniques djihadistes de la guérilla, de l'utilisation des
explosifs et des armes chimiques. Le groupe a certainement abandonné
son point d'attache après le début de la campagne d'Afghanistan
menée par les Américains pour chasser les talibans du
pays, fin 2001. Sa première opération intervient à
l'été 2004 avec un attentat à la voiture piégée
dans Beyrouth, qui tue un agent du Hezbollah. Les forces de sécurité
syriennes ont participé à de nombreux échanges
de tirs avec de groupuscule depuis lors.
Attaques
Le
groupe revendique un attentat suicide contre une école britannique
du Qatar (The Times, 23 mars 2005) et le nom d'un groupe salafiste ou
influencé comme tel dans le camp de réfugiés de
Ain-al-Hilweh, près du port méridional du Liban, Sidon.
Sa présence est aussi signalée en Syrie. Il a été
mis sur la liste des organisations terroristes par la Russie. On ne
sait pas exactement s'il a des relations avec "les Combattants
pour l'Unité et la Liberté d'al-Sham" qui en décembre
2005 ont revendiqué l'assassinat de Gibran Trueni et ont menacé
Detlev Mehlis.
En mai 2006, on sait par contre que le groupe s'oppose au Fatah palestinien
dans le camp de réfugiés d'Ain-al-Hiweh. Un badaud palestinien,
Mohammed Tayssir Awad, âgé de 20 ans, est tué par
une balle perdue. L'Associated Press, qui a interrogé un officiel
du Fatah, rapporte que le groupe a tenté d'assassiner un responsable
militaire du Fatah, Mahmoud Abdul-Hamid Issa, qui marchait en compagnie
de ses gardes du corps ; l'un de ces derniers est sérieusement
blessé.
Le 12 septembre 2006, des militants armés liés au groupe
islamiste essaye de détruire l'ambassade américaine à
Damas. Les 4 assaillants sont équipés de fusils automatiques
et de grenades à mains ainsi que d'un van bourré d'explosifs.
Trois sont tués et le dernier blessé ; un officier de
l'anti-terrorisme syrien est lui aussi abattu lors de l'engagement.
Enfin,
ce 3 juin 2007, le groupe tire une roquette antichar sur un point de
contrôle de l'armée libanaise du camp d'Ain-al-Hilweh,
provoquant la riposte de l'armée libanaise.
5
juin : les troupes libanaises continuent de matraquer le camp de réfugiés
Tandis
que l'armée libanaise intensifie ses opérations sur le
camp de réfugiés de Nahr-al-Bared, 7 membres du Fatah-al-Islam
se rendent à la mouvance séculière palestinienne
du Fatah. Le Fatah est l'organisation la plus présente dans les
camps de réfugiés du Liban et celle-ci est toujours en
première ligne depuis le début du conflit pour s'opposer
aux mouvements se réclamant d'al-Qaïda. Khaled Aref, un
des principaux représentants du Fatah dans le camp d'Ain-al-Hilweh,
déclare que les factions palestiniennes sur place ont décidé
"d'isoler le Jund-al-Sham et de laisser aucune porte d'entrée
possible à des événements similaires à ceux
de Nahr-al-Bared." .
6 et 7 juin : des jours calmes
Ces
jours-là, seulement des échanges sporadiques d'armes automatiques
et quelques tirs d'artillerie et de mortiers se font entendre. Un soldat
libanais est néanmoins tué par un sniper du Fatah-al-Islam
retranché dans le camp de Nahr-al-Bared.
8
juin : de violents combats reprennent encore
Après une médiation ayant échoué quant à
convaincre les islamistes de capituler, l'armée libanaise repasse
à l'attaque. Des témoins présents sur les lieux
affirment que celle-ci a méthodiquement grignoté les positions
du Fatah-al-Islam a l'intérieur du camp durant les semaines précédentes.
Le mouvement islamiste menace d'étendre le conflit à d'autres
parties du pays. Les forces de sécurité prétendent
avoir démantelé une cellule d'al-Quaeda qui se préparait
à effectuer des attentats au Liban : 10 personnes sont arrêtées
et des armes et des explosifs sont saisis. Par ailleurs, les autorités
auraient arrêté à la frontière 9 Irakiens
essayant d'entrer au Liban à partir de la Syrie avec de faux
passeports roumains. Leurs motivations n'étaient pas claires.
9
et 10 juin : lourdes pertes pour l'armée libanaise
Passant
à l'offensive sur les positions tenues par les islamistes, l'armée
libanaise rencontre une résistance acharnée. 9 soldats
sont tués rien que le samedi. Les pertes du Fatah-al-Islam demeurent
inconnues. L'armée prétend qu'elle est en train de l'emporter,
alors que le mouvement islamiste affirme tenir ses positions. Un de
leurs porte-paroles dit que les combattants ont capturé des équipements
sur l'armée libanaise pendant les combats. Une manifestation
rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes défile
à Tripoli pour remercier et supporter l'armée libanaise.
11
juin : incident avec la Croix Rouge
Deux
travailleurs libanais de l'organisation sont tués en dehors du
camp de Nahr-al-Bared. Ils étaient en train d'évacuer
des civils lorsqu'ils sont touchés par un tir de mitrailleuse
ou d'artillerie. Un troisième est sérieusement blessé.
Un clerc palestinien, tentant de négocier une trêve, est
blessé à la jambe lors d'un autre incident par un tireur
embusqué.
12
juin : l'armée libanaise avance
Les
troupes continuent leur progression et parviennent à moins de
80 m de la principale place forte du Fatah-al-Islam à l'intérieur
du camp. Le pilonnage massif continue, surtout sur l'entrée nord
du camp de réfugiés, dont les bâtiments sont en
flammes et d'où se dégagent d'abondantes fumées.
Les militants islamistes répliquent en tirant des roquettes sur
des postes de l'armée installés sur une colline toute
proche. L'armée réussit à prendre le contrôle
d'une position clé du Fatah-al-Islam sur la façade côtière
du camp.
13 et 14 juin
Deux jours de
calme relatif suivent les combats très durs des jours précédents.
15 juin : explosion
dans le camp
6
soldats libanais sont tués dans l'explosion d'un immeuble piégé
par les combattants du Fatah-al-Islam dans le camp de réfugiés.
Les sources de la sécurité mentionnent aussi 4 autres
soldats blessés par le souffle de l'explosion.
Le bâtiment est complètement détruit.
18
juin : le bombardement reprend
L'armée
libanaise recommence le pilonnage du camp de réfugiés
palestiniens, un jour après avoir annoncé que d'importantes
installations militaires avaient été détruites.
Les troupes visent des cachettes soupçonnées du Fatah-al-Islam,
alors que les combats entrent dans leur cinquième semaine consécutive.
3 soldats ont été tués et 7 autres blessés
dans les derniers affrontements, selon les sources de la sécurité.
Le QG du Fatah-al-Islam et un autre bâtiment d'importance auraient
été capturés par l'armée libanaise, les
drapeaux nationaux flottant à leur sommet. Celle-ci semble acculer
le groupe islamiste au sud du camp, secteur où les premiers réfugiés
palestiniens s'étaient installés en 1948. Elle bombarde
le bâtiment de l'UNRWA, qui comporte 7 étages en sous-sol
dans lesquels se cachent les combattants du Fatah-al-Islam, ainsi que
le complexe Samed, qui leur a servi de dépôt d'armes et
de centre d'entraînement.
19
juin : la partie nord du camp est prise
Le
19 juin, l'armée libanaise réussit enfin à prendre
toutes les positions principales des islamistes. Tous les bâtiments
de la partie nord du camp, la plus récente, où étaient
retranchés les islamistes du Fatah-al-Islam tombent. Les combats
cessent ensuite dans cette zone. 7 soldats libanais ont été
tués au cours de cette phase des opérations. L'armée
repousse alors les combattants dans la partie sud du camp.
21-22
juin : chute du camp
Le
21 juin, le ministre libanais de la Défense affirme que toutes
les positions du Fatah-al-Islam en bordure du camp de réfugiés,
d'où les militants islamistes attaquaient les soldats libanais,
ont été détruites ou capturées. Les seules
positions restantes sont au centre du camp et ne constituent plus une
menace puisque l'armée n'a pas l'intention d'attaquer cette partie
du camp. Il déclare par ailleurs que l'opération militaire
contre le Fatah-al-Islam est terminée. Mais des combats féroces
continuent jusqu'en fin d'après-midi du 22 juin.
23
juin
L'armée
libanaise bombarde un camp de réfugiés palestiniens au
nord du Liban après que des assaillants aient tué un soldat
et en aient blessé trois autres. Les sources de la sécurité
prétendent que les snipers du Fatah-al-Islam ont tiré
sur les militaires depuis le camp de Nahr-al-Bared. Cette mort est la
première à frapper l'armée libanaise depuis la
déclaration de fin des combats.
24
juin
Au
moins 10 personnes sont tuées dans des combat entre l'armée
libanaise et des militants islamistes supposés dans la cité
de Tripoli. 2 civils, un soldat, un policier et au moins 6 islamistes
auraient été tués. Cela intervient après
que l'armée ait décidé de fouiller un appartement
suspect dans le district Abu Samra. Les combats à Nahr-al-Bared
font 4 morts supplémentaires dans les rangs de l'armée,
3 tués par l'explosion d'une bombe et un dernier abattu par un
sniper.
3 casques bleus espagnols et 3 autres colombiens sont tués dans
une explosion au Sud-Liban tandis que 2 autres sont sérieusement
blessés. Jose Antonio Alonso, ministre de la défense de
l'Espagne, annonce que les morts appartenaient à l'armée
espagnole et que les officiels traitent cette attaque comme une "agression
terroriste". Une source policière expose qu'une voiture
bourrée d'explosifs, "très probablement" conduite
par un kamikaze, a causé la déflagration près de
deux véhicules de la FINUL à proximité de la ville
méridionale de Khiam, qui borde Israël.
25
juin
Des
combats très durs opposent l'armée libanaise au Fatah-al-Islam.
Des rapports de l'armée annoncent 15 morts chez les islamistes
ainsi que 3 soldats perdus. Près de 40 corps de militants islamistes
sont retirés du camp et 40 autres sont arrêtés.
Dans un rapport du Ministre de la Défense libanais Elias Murr
à Arabiyeh TV, celui-ci explique que l'attentat n'a pas été
commis au moyen d'une voiture-suicide remplie d'explosifs mais par une
voiture piégée commandée à distance.
28
juin : combat dans les montagnes
Ce
jour-là, l'armée libanaise découvre et engage un
groupe de militants du Fatah-al-Islam, caché dans une grotte
au sein des montagnes au sud de Tripoli, près de la ville de
Qalamoun. 6 islamistes sont abattus dont 3 non-Libanais. Les combats
commencent peu après 8h00 à la suite de raids de l'armée
dans le secteur.
4
juillet
3
militants islamistes sont tués alors que l'armée libanaise
repousse une attaque à l'intérieur d'un camp palestinien
du nord du pays, selon les sources de sécurité. Selon
les mêmes sources, les combattants du Fatah-al-Islam ont perdu
toutes leurs positions à Nahr-al-Bared et cherchent donc à
infiltrer les positions de l'armée.
Des échanges de tirs sont encore entendus près du camp
palestinien, au milieu de tirs d'artillerie effectués par l'armée.
12
juillet : l'armée attaque de nouveau
L'armée
libanaise lance un tir de barrage massif dans ce qui semble être
l'épreuve de force finale avec les militants du Fatah-al-Islam
dans le camp de Nahr-al-Bared. "Le bombardement d'aujourd'hui est
la première étape de la bataille finale contre le groupe
terroriste dont les combattants ont refusé de se rendre à
l'armée", affirme un officier libanais. Mais le commandement
militaire dément que ce pilonnage soit l'entame de la phase finale
des combats. Le bombardement, qui a commencé à l'aube,
suit de près l'évacuation de 200 résidents du camp.
Les témoins prétendent que l'armée frappe le camp
de tous les côtés, à une cadence de 7 à 10
obus à la minute. De la fumée noirée s'élève
du camp, les tirs fracassant les immeubles survivants au milieu des
ruines. 4 soldats libanais sont tués et 9 autres blessés
; 2 des morts auraient été abattus au début de
la matinée par des snipers islamistes, déclenchant la
réplique de l'artillerie libanaise.
14
juillet : attaques de Katyusha
Dans
une escalade inattendue des combats dans et autour du camp de Nahr-al-Bared,
les militants du Fatah-al-Islam tirent au moins 15 roquettes Katyusha
de 107 mm sur les villes avoisinantes. Un rapport de l'armée
libanaise affirme que ces tirs de roquettes au hasard ont tué
un civil et en ont blessé plusieurs autres. Les militants islamistes
ont certainement trouvé ces roquettes dans le camp et les ont
aussitôt utilisées. Les combats du jour se concentrent
sur les faubourgs Safouri et Saasaa du camp de réfugiés.
L'armée encercle un groupe de combattants dans un abri de Safouri,
les coupant de toute communication avec leurs camarades, et avance méthodiquement
appuyée par l'artillerie, repoussant les militants islamistes
dans la partie sud-ouest de Nahr-al-Bared. L'armée prétend
aussi avoir pris le contrôle de plusieurs immeubles utilisés
par les snipers du Fatah-al-Islam. Les sapeurs travaillent à
déminer et à enlever les "booby traps" de ces
bâtiments, ainsi qu'à dégager les routes du camp
inutilisables. Les pièges freinent la progression des troupes
: les islamistes auraient piégé tout et n'importe quoi,
notamment avec de la dynamite. 2 soldats auraient péri dans les
combats.
15
juillet : tirs de Katyusha
Les officiels de la sécurité annoncent qu'au moins 5 roquettes
ont été tirées dans des champs de la région
septentrionale d'Akkar, quelques kilomètres au nord du camp de
Nahr-al-Bared. Des hommes armés non identifiés abattent
Dharrar Rifai dans le camp de réfugiés de Ain al-Hiweh
au sud du Liban. Ribai était un membre du désormais défunt
Jund-al-Sham. Ce dernier a été dissous le mois dernier
après des combats avec l'armée libanaise. Deux groupes
dominent le camp de Ain al-Hiweh : le Fatah palestinien et un mouvement
lié à al-Qaïda, le Usbat al-Ansar. A Nahr-al-Bared,
l'armée échange des tirs d'armes automatiques et de grenades
dans les rues menant au centre du camp, tandis que l'artillerie bombarde
d'autres secteurs. L'armée libanaise prétend avoir sorti
vivants deux commandos des décombres d'un immeuble piégé
par le Fatah-al-Islam qui s'était effondré samedi.
Le 16 juillet, l'armée réussit à s'emparer d'une
colline dans le sud du camp qui constitue une position de premier choix.
Le 20 juillet, les islamistes disposent d'une enclave de 300 m²
dans la partie sud du camp de Nahr-al-Bared. L'avance rapide de l'armée
est alors seulement freinée par les douzaines de "boobies
traps" laissés par les islamistes dans les ruines du camp.
25 juillet : attaque finale de l'armée libanaise ?
Les
soldats libanais avancent dans la zone des combats appuyés par
les tirs des chars, de l'artillerie et des armes légères.
4 combattants islamistes auraient été tués par
l'armée tandis que celle-ci accuse la perte de 14 blessés.
Un témoin rapporte que le pilonnage est d'une ampleur sans précédent
depuis le début du conflit, avec un taux de 20 obus à
la minute. Une source libanaise affirme que l'armée est cette
fois décidée à nettoyer complètement le
camp. On pense que 100 hommes sont encore retranchés dans la
mince parcelle restante, 60 combattants du Fatah-al-Islam et 40 civils,
dont 24 femmes de militants et 16 enfants. Les militants islamistes
répliquent à l'attaque en tirant encore des roquettes
Katyusha sur les environs du camp.
1er
août : 3 soldats libanais tués le jour anniversaire de
la création de l'armée
3 soldats libanais sont tués dans les affrontements avec le Fatah-al-Islam
à Nahr-al-Bared. Le 1er août 2007 est le 62ème anniversaire
de la création de l'armée au pays du Cèdre. La
progression dans le camp est toujours ralentie par les mines et pièges
explosifs dissimulés par les islamistes. L'armée souhaitait
fêter la victoire ce jour-là, mais les cérémonies
ont été suspendues en hommage aux hommes tués.
L'un d'entre eux a été abattu par un sniper et les deux
autres sont morts dans les combats de rues. La bataille est difficile
car les militaires libanais sont peu entraînés et manquent
d'équipement.
2 août : mort de Abu Hureira
Le
2 août, l'adjoint du commandant en chef du Fatah-al-Islam, Abu
Hureira, est tué dans le district Abu Samra pendant un échange
de tirs avec la police libanaise alors qu'il tente de fuir après
avoir tiré sur un checkpoint installé par les policiers.
Le second du Fatah-al-Islam était un Libanais répondant
au nom de Shehab al-Qaddour. Deux hommes, dont ce dernier, avait ouvert
le feu sur la police en circulant à moto. La riposte a fait un
mort, ce chef donc, et a blessé le conducteur. C'est ce dernier
qui a révélé pendant son interrogatoire l'identité
de son compagnon abattu. On ne sait pas bien pourquoi le second du Fatah-al-Islam
avait quitté le camp de Nahr-al-Bared pour trouver la mort à
Tripoli.
12
août : l'odeur des corps en putréfaction entrave les opérations
de l'armée libanaise
En raison de la décomposition des corps des tués dans
le camp de Nahr-al-Bared, plusieurs soldats libanais doivent être
hospitalisés pour des malaises et des vomissements. Deux hélicoptères
continuent de survoler le camp mais n'ouvrent pas le feu comme pendant
les jours précédents, alors que l'armée fait sauter
des bâtiments à la périphérie de l'étroit
secteur tenu par les islamistes. Plusieurs soldats sont victimes des
pièges explosifs et des mines installés par les combattants
du Fatah-al-Islam. La station d'électricité de Deir Ammar
avait par ailleurs été touchée par des roquettes
lancées par les islamistes le 2 août, provoquant des ruptures
de courant dans le pays. Le chef du Fatah-al-Islam, Chahine Chahine,
propose de se rendre en échange de la vie sauve ; mais l'armée
libanaise exige une reddition sans conditions.
Dans
les jours précédant la fin des combats, des hélicoptères
Gazelle de construction française bombardent les bunkers et les
positions des insurgés. Des bombes de 250 puis 400 kg sont largués
sur les islamistes. Le 17 août, l'avance de l'armée continue.
Le 24, une trêve permet à 63 personnes, 25 femmes et 38
enfants, liés aux islamistes, de sortir du camp. Cela laisse
une chance à l'armée d'en finir avec les quelques 70 islamistes
qui seraient toujours sur place. Le jour suivant, les raids aériens
continuent.
30
août-2 septembre : attaque finale de l'armée libanaise
Des combats très violents éclatent le 30 août après
l'évacuation des civils et une semaine de bombardement intense
par les hélicoptères. Les combats de rues augmentent en
intensité lorsque l'armée s'approche du complexe occupé
par les islamistes. A ce moment-là, la plupart des souterrains
construits par les islamistes ont été pris par l'armée
mais les survivants s'accrochent dans les ruines et quelques abris encore
intacts. Les islamistes demandent sans discontinuer un cessez-le-feu
pour évacuer 35 blessés, ce que l'armée refuse
systématiquement. Le 1er septembre, l'armée libanaise
s'empare des demeures de Shaker al-Abssi et de son adjoint Abu Hureira,
tué le mois précédent lors des affrontements avec
les soldats libanais. Mais aucune trace d'al-Abssi, le chef du Fatah-al-Islam.
2
septembre : tentative de sortie et chute du camp
Le 2 septembre, les islamistes tentent de s'échapper de Nahr-al-Bared.
Ils attaquent les postes de l'armée au sud et à l'est.
Ils bénéficient d'appuis extérieurs. A l'est, une
Mercedes déboule avec trois hommes sur les positions de l'armée
à 4h du matin et fait feu sur les soldats tandis que les islamistes
attaquent depuis l'intérieur du camp. Quelques-uns portent des
uniformes de l'armée. 5 d'entre eux tuent un officier de l'armée
libanaise et un soldat et se réfugie dans une maison bourrée
de réfugiés. Après avoir hésité et
tenté de prendre un otage, ils fuient mais un Saoudien est blessé
par l'armée et capturé. Les 4 autres, dont un Yéménite
et un Palestinien, sont tués plus tard par les soldats libanais.
3 autres groupes essayent de s'enfuir. Le premier choisit la voie maritime
mais est annihilé. Le deuxième prend le chemin du nord
mais connaît le même sort. Le chef du Fatah-al-Islam, Shaker
al-Abssi, est supposé faire partie du dernier groupe qui suit
le chemin d'une rivière (la Bared, qui a donné son nom
au camp) située entre le coin sud-est du camp et le village d'Ayun-al-Samak
dans une région montagneuse assez lointaine. Plusieurs membres
de ce groupe sont tués mais d'autres réussissent à
fuir. Tout le commandement du groupe semble s'être éclipsé,
mais une cellule dormante responsable d'attentats dans le Sud-Liban
avait été démantelée le 11 août dernier
à Sidon, et 4 personnes arrêtées. Les islamistes
ont utilisé pour s'enfuir les derniers tunnels en leur possession.
Les combats durent de l'aube jusqu'au début de l'après-midi
: 37 islamistes et 5 soldats sont tués, 23 sont capturés.
Le camp est sous contrôle de l'armée dès 11h.
Les officiels libanais ont cependant déclaré que Shaker-al-Abssi
serait bien finalement parmi les morts des derniers affrontements, son
corps ayant été identifié par un ou plusieurs prisonniers.
L'ADN de sa fille aurait permis de le confirmer, de même que l'identification
du corps par son épouse à l'hôpital. Mais quelques
jours plus tard, le gouvernement libanais revient sur ses déclarations,
affirmant que Shaker-al-Abssi aurait bien réussi à s'enfuir
de Nahr-al-Bared durant l'hallali. Des moyens aériens, navals
et terrestres restent toujours en oeuvre pour traquer d'éventuels
fugitifs cachés dans le camp ou ses alentours. Le génie
procède toujours au déminage des pièges explosifs
laissés dans le camp par le Fatah-al-Islam.
Lundi 3 septembre, quatre militants sont encore tués par l'armée
libanaise râtissant la zone du camp de Nahr-al-Bared et ses alentours
immédiats. 6 corps d'islamistes sont par ailleurs retirés
du camp. Le total des morts s'élève finalement, du côté
libanais, à 163 tués dont 5 depuis le début de
l'offensive finale, y compris ceux morts dans les quelques échanges
de tirs au sud, à Ayn-al-Hiweh près de Sidon. Hier après-midi,
l'armée a répliqué avec des tirs de blindés
pendant une heure, tuant les 4 islamistes et en capturant 2 autres.
Ceux-ci auraient lancé une grenade sur une patrouille, blessant
deux soldats.
Les Etats-Unis ont largement appuyé le gouvernement libanais,
transportant par avion des munitions à l'armée libanaise
tandis que le montant de l'aide versée s'élève
à 270 millions de dollars, soit une hausse de 550% par rapport
à 2006.