6 juin 1944 - les Plages, la Pointe du Hoc -
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Eisenhower

Pertes des Forces Britanniques et Américaines
le 6 juin 1944

Avant son déclenchement, ce débarquement semblait étre une entreprise risquée. Les Alliés devaient débarquer sur une côte occupée depuis 4 ans et qui était parsemée d'obstacles. Les Allemands disposaient à l'ouest de 58 divisions et 10 d'entres elles étaient des divisions de Panzer extrêmement mobiles. Les forces allemandes de l'Atlantique totalisaient 17 divisions soit 250 000 hommes, sous le haut commandement du feld-maréchal Rommel.
Ce débarquement, nom de code : "Overlord", fut préparé dans le secret en Angleterre, dès 1943. Il fut placé sous le commandement du général américain Dwight Eisenhower. Le 6 juin 1944, à l'aube, 4 000 navires de transport de troupes encadrés par 700 navires de guerre s'approchèrent des côtes normandes, entre l'estuaire de la Seine et la pointe du Cotentin.
Cette armada s'étalait sur un front de 35 kilomètres et transportait pas moins de 130 000 hommes et 10 000 avions protégaient le débarquement.
Dans la nuit du 5 au 6 juin, des parachutistes furent lâchés derrière les lignes allemandes, notamment autour de Sainte-Mère-l'Eglise. Les avions alliés commençèrent à bombarder les fortifications des plages et des falaises qui composaient le fameux "mur de l'Atlantique".

Les plages du débarquement :

Utah : le 6 juin 1944, durant la nuit, la 82ème et la 101ème divisions aéroportées avaient été parachutées à 0h15 en arrière de la plage d'Utah. La 101ème division se retrouva dans les secteurs inondés des marais de Carentan. Elle réussit néanmoins à prendre avec 1 000 hommes (sur 5 000 parachutés) la batterie de Saint-Martin-de-Varreville et bloqua l'accès des routes conduisant à la plage. La 82ème division réussit à prendre avec 40% de ses effectifs Sainte-Mère-l'Eglise.
A 6h30 le 7ème corps d'armée US débarquait. La batterie de Saint-Marcouf fut neutralisée grâce aux bombardements aériens et navals. La plage était sous contrôle en fin de matinée et la jonction fut effectuée avec les troupes aéroportées. Au soir du 6 juin 1944 on dénombrait 200 tués sur 23 250 soldats débarqués.
1 700 chars et véhicules furent débarqués.

Omaha : lieu de débarquemenet du 5ème corps d'armée US. La première vague de soldats débarqua à 6h30 sur une plage semée d'obstacles et sous le feu des fortins Allemands. Le mauvais état de la mer provoqua la perte de nombreuses péniches transportant des chars amphibies. De plus l'aviation et les tirs navals avaient raté leurs cibles principales.
Bien retanchés dans leurs blockaus, les Allemands faisaient de nombreux morts parmis les hommes qui tentaient de sortir des péniches. Les combats se poursuivirent jusqu'en soirée.Vierville, Colleville-sur-Mer et Saint-Laurent furent libérées dans la nuit. Une tête de pont de 2 kilomètres de profondeur et de 8 kilomètres de large fut établie. On dénombra 1 000 morts sur les 34 000 soldats alliés débarqués. Cette plage prit le nomn "d'"Omaha la sangante".



A la pointe du Hoc : les 225 rangers débarquèrent à 7h10 et prirent d'assaut le flanc de la falaise pour neutraliser la batterie qui se trouvait à son sommet. 20 minutes après le débarquement, les casemates furent prises aux Allemands mais il s'avéra que les canons avaient été déménagés peu de temps auparavant. Les Allemands lancèrent alors une contre-attaque. Pendant 36 heures les 140 rangers survivants résistèrent aux Allemands. Au terme de cette odyssée, seuls 90 Américains survécurent.

Discours du général Eisenhower le 6 juin 1944 s'adressant aux Français et aux populations de l'Europe de l'Ouest.

 

La Pointe du Hoc
Par Jean Secardin

Pointe du Hoc

La pointe du Hoc, par son armement important, représente un véritable danger pour les troupes débarquant sur Utah et Omaha. Les 6 canons de 155mm placés sur des encuvements en béton en font une position redoutable : elle se caractérise par une falaise abrupte de 30m de haut et défendue côté mer par 2 positions de MG 42. Ayant jugé la position imprebable par la mer, les allemands ont donc renforcé les défenses terrestres : champs de mines entre des rangées de barbelés et 4 positions de MG 42. Le reste de la défense, à savoir la défense anti-aérienne, est assurée par 3 positions FLAK 30 de 20mm. Les alliés décident donc de neutraliser cette place forte et chargent le 2ème bataillon de Rangers de sécuriser la position.

La position allemande a déjà plusieurs fois été bombardée, les 15 avril, 22 mai et 4 juin par des bombardiers B-26 Marauder de la 9ème Air Force. Suite au violent bombardement de la nuit du 15 avril, un des six canons a �t� d�truit les allemands ont décidé de d�placer les cinq autres vers l'intérieur mais les alliés l'ignorent. Le bombardement naval (opération Neptune) qui précède l'assaut de troupes n'oublie pas la position : le cuirassé américain Texas tire 255 obus de 355mm et à H-20 des bombardiers moyens de la RAF effectuent un dernier bombardement de la position.

3 compagnies (D - E - F) du 2ème bataillon de Rangers ont en charge de prendre la position. Les troupes allemandes sont évaluées à 210 hommes de la 716ème Division d'Infanterie. De leur côté, les troupes américaines du colonel Ruder comptent 225 Rangers et doivent recevoir le renfort des Compagnies A et B ainsi que du 5ème Bataillon de Rangers après avoir signalé la réussite de l'assaut. Au cas où le signal ne serait pas donné 30 minutes après l'heure H, soit 7h00 au plus tard, les renforts seraient alors dirigés vers Omaha.

Les hommes ont reçu un entraînement et un équipement spécifique pour cette mission : échelles et grappins adaptés à la situation. 10 LCA (équivalent britannique du LCVP) vont les amener sur la plage de galets au pied de la falaise. Chaque LCA transporte 25 hommes et une échelle de 34 mètres en sections de 4,8 m. Les morceaux seront assemblés au fur et à mesure de l'ascension. 4 DUKW (Véhicules amphibies de transport de matériel ou de troupes) doivent apporter d'autres échelles avant l'arrivée des renforts.

Les conditions météo déplorables avec des creux de plus d'un mètre vont jouer un rôle crucial dans le déroulement de l'opération : non seulement un LCA (860, Capitaine Slater) coule à 8 miles du rivage, submergé par les vagues, mais les autres sont déportés vers la pointe (Raz) de la Percée, 4 kilomètres plus à l'est. Cette position n'est qu'un poste d'obeservation radar (deux FuMO 214 Seeriese, 1 FuMG 80 Freya et 1 FuMO 2 Seetakt) protégée par 4 positions FLAK 30 20 mm et 5 positions MG 42 sur Tobrouk et ne présente donc pas de menace pour les troupes de débarquement.

Lorsque le colonel Rudder s'aperçoit de l'erreur, il fait aussitôt corriger la route mais il a perdu plus d'une demi-heure. Les destroyers HMS Talybont et USS Saterlee, qui se sont aperçu que les Rangers ne suivaient pas la bonne direction, bombardent la Pointe du Hoc de toutes leurs pièces pendant un quart d'heure, couvrant ainsi l'approche des LCA.
Les renforts prévus attendent à ce moment le signal de la réussite de l'opération qui doit provenir de la pointe du Hoc (2 fusées de mortier). Ne recevant pas la moindre nouvelle de Rudder et ses hommes, les troupes du colonel Schneider se reportent donc sur le plan B : rejoindre Omaha, y débarquer et rejoindre la pointe du Hoc par voie terrestre.

Le retard pris par l'erreur de navigation va également modifier la physionomie de l'assaut : les Rangers devaient débarquer de part et d'autre de la pointe mais ils vont porter leur offensive sur la face Est. Lorsque les hommes débarquent sur la plage au pied de la falaise à 7h08, les allemands ont largement eu le temps de se ressaisir et de reprendre leurs positions. Un feu de mitrailleuses et de grenades s'abat sur les Rangers qui se protègent par des tirs de mitraillettes. Un DUKW, atteint par un tir de 20mm comptera 5 morts ou blessées à son bord. Pendant ce temps les grappins sont lancés vers le sommet de la falaise mais l'eau de mer a alourdi les cordes et plusieurs retombent sur la plage. Peu importe, les échelles sont posées contre la falaise dès 7h10 et l'escalade commence sous les balles. En quinze minutes la pointe du Hoc est une position américaine ... inutile : les canons sont absents et ont été remplacés par des pylônes en bois. Le colonel Rudder rend alors compte de sa position et demande des renforts mais on lui signale qu'il est trop tard et que, malgré ses lourdes pertes, le 2nd bataillon de Rangers devra tenir tête seul.

Gold, le 6 juin 1944 : la 50ème division d'infanterie britannique et la 7ème division britannique débarquèrent à 7h25 sur une plage de 5 kilomètres de long. Lors du débarquement, de nombreux blindés furent détruits par les mines et les fortins allemands, mais le génie britannique réussit à ouvrir un passage à l'aide d'explosifs. La batterie de Longues fut neutralisée après une journée de combats avec l'artillerie navale alliée. Au terme de cette journée, 413 Britanniques étaient tués, blessés ou disparus pour 25 000 hommes débarqués.

Juno, le 6 juin 1944 : la 3ème division d'infanterie canadienne débarqua 15 000 soldats canadiens et 9 000 soldats britanniques à 7h55. Les pertes en chars amphibies furent élevées mais à 9h30, Bernières-sur-Mer fut libérée.
A 10h Courseulles était libérée et à 11h30 le fortin de Saint-Aubin fut pris. Le soir, une tête de pont était enfin créée. 304 soldats étaient morts, 574 étaient blessés et 47 étaient prisonniers.

Sword, le 6 juin 1944 : la 3ème divsion d'infanterie britannique débarqua à 7h30. Les navires alliés et les avions avaient pilonnés les défenses allemandes mais de violents combats retardèrent les troupes britanniques.
A 10h Hermanville fut pris, mais on dénombrait 604 tués ou blessés. Le lendemain Lion fut libérée. 28 845 hommes avaient réussi à débarquer.

Les 130 parachutistes de la 6ème division aéroportée britannique, qui avaient atterri à bord de planeurs s'emparèrent des ponts de Bénouville (Pegasus bridge) et de Ranville dans la nuit du 5 au 6 juin. A 3h 1 000 soldats alliés arrivèrent en renfort.150 hommes s'emparèrent de la batterie de Merville le 6 juin. Hélas cette batterie fut reprise par les Allemands jusqu'au 18 août.
Les Alliés avaient prévu également de grands artificiels à Saint-Laurent-sur-Mer et à Arromanches. C'étaient d'énormes blocs de béton coulés qui constituaient des digues flottantes. Hélas, le port de Saint-Laurent-sur-Mer fut détruit par une tempête fin juin et fut abandonné. Le port d’Arromanches, achevé le 19 juillet, fut utilisé jusqu’à l’automne 1944.
Au soir de ce jour fatidique, les Alliés avaient perdu 12 500 hommes, mais avaient réussi à établir une solide tête de pont en France.
Pour contrer ce débarquement, les Allemands perdirent des heures précieuses en discussions. L'élément le plus proche de la réserve était le 1er corps de Panzer SS qui se trouvait près de Paris mais Hitler refusa d'envoyer cette réserve sur la côte normande, persuadé qu'un autre débarquement aurait lieu dans le Pas de Calais.
Lorsqu'il se ravisa, les Alliés avaient fermement pris pied sur le sol français. Dès le 18 juin, le Cotentin était isolé, grâce à la prise de Barneville et Cherbourg était libérée le 26 juin.

36 000 Allemands étaient faits prisonniers. Le 7 juin1944, Bayeux fut libérée. Le 8 juillet, La Haye-du-Puits fut prise. Commença alors la sanglante "guerre des haies". Les troupes américaines y furent bloquées pendant 10 jours et subirent de lourdes pertes - 12 800 tués - . Saint-Lô fut libérée le 18 juillet 1944, mais les combats continuèrent hors de la ville jusqu'au 25. Lessay fut enfin libérée le 26 et Périers le 27.
Les Alliés voulaient prendre Caen en l'encerclant. A 3 reprises, ils essayèrent d'encercler la ville. Du 10 au 13 juin c'est la bataille de Tilly-sur-Seulles et de Villers-Bocage. Les Britanniques échouèrent face à la résistance de la division SS "Hitlerjugend" et dénombrèrent 4 020 tués ou blessés. Le 6 juillet Carpiquet fut prise par les Canadiens. Lors de l'opération "Charnwood" menée par 115 000 hommes et 460 bombardiers les quartiers de la rive gauche de Caen qui étaient détruits à 80% furent enfin libérés le 9 juillet. Le 19 juillet, lors de l'opération "Goodwood", Caen fut totalement libérée. Autour de Caen, les Allemands résistèrent encore un mois. Les Alliés avaient perdu 37 000 hommes - tués et blessés - , et les Allemands, 117 000 tués et blessés. A la fin du mois, 1 500 000 hommes étaient sur le sol français.

Après l'échec des premières contre-mesures qui n'avaient pas réussi à empêcher les Alliés à établir de solides têtes de pont, Rundstedt et Rommel se rendirent compte qu'ils n'avaient aucune chance de tenir une ligne de front. Devant son défaitisme, Rundstedt fut remercié par Hitler et remplacé par von Kluge. Dès son arrivée à son poste, celui-ci se montra optimiste, optiminisme qui se tempéra très rapidement. Le 17 juillet, Rommel fut grièvement blessé lors d'une attaque aérienne et, le 20, Hitler échappait à un attentat. Sur le terrain, le général Patton lançait l'opération "cobra" le 25 juillet. Les Américains réussissait enfin une percée à Avranches le 31 juillet. Cette percée effectuée par la 4ème division blindée américaine ouvrait les routes du Mans et d'Orléans (atteint le 17 août), de Troyes (atteint le 25 août). Le 24 août, Paris était libérée, Les Français de la 2ème DB pénétrèrent dans la capitale le même jour.
A 16 heures, le général von Cholditz signa l'ordre de capitulation. Les Alliés dénombrèrent 130 tués et 319 blessés,
1 000 tués et 1 500 blessés pour les FFI et près de 600 morts et 2 000 blessés parmi les civils. Le 19 septembre, Brest tombait.
Il est évident que les Allemands auraient largement eu le temps de se replier sur la Seine pour y constituer une ligne de défense, si Hitler ne s'était pas obstiné à interdire tout repli. Le gros des forces allemandes de l'ouest avait été jeté dans la bataille de Normandie et y avait été maintenu jusqu'à ce que les forces allemandes s'écroulent. Le 3 septembre, une avant garde de la 2ème armée britannique entra dans Bruxelles. Le 4, la 2ème division britannique pénétrait à Anvers.
Le même jour, la 1ère armée américaine pénétrait à Namur. A la fin de l'année 1944, la quasi totalité de l'Europe occidentale était libérée.
L'armée allemande semblait touchée à mort.

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