Les ponts du canal Albert
Par Prosper Vandenbroucke

Parachustistes allemands décorés

 

Le 11 mai 1940, la Belgique stupéfaite apprend une terrible nouvelle : les Allemands consolident leurs têtes de pont sur le canal Albert, après avoir réduit au silence, et ce en quelques minutes, les canons de l'« inexpugnable » fort d'Eben-Emael. Une question vient alors sur toutes les lèvres: comment ont-ils fait ? L'effet psychologique est foudroyant, désastreux et la surprise, complète. C'est qu’ Eben-Emael, protégé par la Meuse et le canal Albert, ouvrage récent, figurait parmi les forts les plus modernes d’'Europe, tandis qu'à la trouée de Maastricht, les ponts qui enjambent le canal Albert ont, en tombant intacts dans leurs mains, ouvert aux Allemands les portes du pays jusqu'à la Ligne K-W, entre Anvers et Namur.

Après la Première Guerre mondiale, l'échec des tentatives d’entente entre les Pays-Bas et la Belgique avait laissé béante la trouée de Maastricht, à peine défendue par les Hollandais. Un canal, creusé le long de la frontière nord-est de la Belgique, permettrait de renforcer la Meuse au nord de Liège, de former une défense naturelle à hauteur de l'enclave de Maastricht et de compléter les canaux campinois. Les arguments formulés par le lieutenant-colonel Fontaine en 1905 en vue du renforcement de la défense d'Anvers n'allaient-ils pas déjà dans ce sens ? Toujours est-il que, lorsqu'en 1927 la Belgique crée la Commission Nationale des Grands Travaux, ce même officier en est membre. Le secrétaire général en est J. Baudoux, professeur à l'Ecole Royale Militaire et le commandant Gilbert y représente la Défense nationale. Ainsi donc, des plans sont établis et des études du canal réalisées du point de vue militaire (défense, destruction ... ).

L'intérêt stratégique du canal se trouve renforcé vers 1930 par l'évacuation de la zone d'occupation du Rhin et les premières victoires électorales nazies alors que persistent la faiblesse de la défense néerlandaise et la nécessité de couvrir Anvers. Quand en 1936 un discours du Roi confirme le retour à la neutralité, la problématique de la défense revient au centre des préoccupations avec la marche ascendante du cycle des annexions et conquêtes du nazisme. En 1939, le plan de défense est de détruire les ponts du canal Albert et d'y retarder l'ennemi jusqu'à l'occupation de positions de couverture à tenir absolument jusqu'à l'arrivée des garants britanniques et français sur la Ligne K-W, intervention extérieure que l'on ne demandera qu'après avoir constaté l'agression allemande. Alors, l'armée belge elle même se repliera, en cas de débordement des défenses, sur la même ligne entre Anvers et Louvain, les secteurs Louvain-Wavre et Wavre-Namur devant être tenus respectivement par les Britanniques et les Français.
Une résistance de trois à quatre jours sur le canal Albert est indispensable mais théoriquement possible, les Allemands devant alors être freinés dans leur progression en territoire hollandais par la destruction des ponts de la Meuse et du canal Juliana.

UN FRONT TROP LONG.

La défense du canal Albert à hauteur de Maastricht est confiée à la 7ème division d'infanterie, commandée par le général E. Van Trooyen. Forte de 16.600 hommes, elle se déploie sur un front de 19km, trois fois supérieur à la ligne de front que pourrait normalement tenir une telle division. Au nord, le 2ème Carabiniers (ponts de Veldwezelt, Briegden et Gellik) ; au centre, le 18ème de Ligne (pont de Vroenhoven); au sud, le 2ème Grenadiers (Kanne, Ternaaien et Klein-Ternaaien) et le fort d'Eben-Emael. Malgré la protection de la Meuse et du canal Albert, ce front reste trop long d'un bon tiers, alors que Maastricht est le ventre mou de la défense belge, le canal ne passant qu'à quelques centaines de mètres derrière la frontière.

Positions de la 7ème D.I. au Canal Albert le 10 mai 1940
1 - Tête de pont allemande
2 - Limite entre la 4ème et la 7ème D.I.
3 - Limite entre les régiments de la 7ème D.I.
4 - Limite entre la 7ème D.I. et le 3ème Corps d'Armée


La 7ème D.I. n'est pas responsable de la destruction des ponts. Des unités spéciales en sont chargées depuis 1934. Elles sont sous la responsabilité du major Jottrand, commandant d'Eben-Emael, et du commandant Giddelo, des Cyclistes- Frontière; l'ordre de destruction pouvant être donné à différents niveaux. Les ponts, minés en permanence, sont munis de systèmes pyrotechniques, parfois doublés par des circuits électriques de déclenchement. Chacun est gardé par un bunker avec une arme antichar, deux mitrailleuses et un projecteur, gardé par un sergent, deux caporaux et neuf soldats. Ces bunkers sont au nombre de 22.

Le fort d'Eben-Emael est un des plus modernes d'Europe. Couvrant 75 hectares, il est idéalement placé pour constituer une position fortifiée d'artillerie, capable de protéger par le feu, tous les ponts sur la Meuse et le canal Albert entre Maastricht et Visé. Son effectif organique est de 1.200 hommes, répartis en deux groupes de 500 artilleurs se remplaçant et 200 techniciens. Il mets en oeuvre deux batteries. L'une sert les coupoles et casemates disposées sur la superstructure du fort: une coupole à deux canons de 120mm d’une portée de 17.5km, deux coupoles à deux canons de 75mm d'une portée de 11km et quatre casemates comprenant chacune trois canons de 75mm, à tir rapide, dirigées sur Maastricht et Visé. L'autre batterie sert une série de ‘’blocs’’, bunkers de défense avec douze canons antichar de 60mm, ayant une portée de trois km, des mitrailleuses et projecteurs. Protégé par la tranchée de Kaster (1300m de long sur une profondeur de 65m), le Geer, un système d'inondations volontaires, et un plan d'eau entre le bloc II et le canal Albert, le fort est inexpugnable pour un attaquant terrestre.

Un planeur allemand DFS 230 en partie déchiqueté près du pont de Vroenhoven.

 

L'intérêt des Allemands pour ces constructions est évident. Les services français craignaient même des infiltrations par des ouvriers ou par la participation de certaines entreprises d’Outre-Rhin. A la veille de l'attaque, les terres cultivables, le long du canal, sont couvertes de céréales qui gênent la visibilité depuis certaines positions. Ces dernières ne sont guère entretenues depuis le dernier hiver. Le camouflage est imparfait, certains ouvrages sont inachevés ou en ruines. Les lignes téléphoniques, non enterrées, sont dans un état lamentable.
La préparation au combat de la 7ème D.I. n'est pas idéale non plus. Après une longue mobilisation, le moral est bas et l'indiscipline courante. Environ 80% des cadres sont constitués de réservistes insuffisamment instruits. Beaucoup sont francophones, alors que la troupe, recrutée dans le Brabant, est en majorité d'expression flamande. Par souci d'économie nationale, entre autres raisons, l'effectif a été réduit de 16% par le départ de nombreux permissionnaires. Quant à l'armement, il est parfois incomplet : le 18ème de Ligne, notamment, a dû prêter à un centre d'instruction une partie de ses armes automatiques et ne pourra les récupérer à temps.

BLITZKRIEG

Les Allemands n'ont pas sous-estimé l'obstacle: il faudra prendre en même temps les ponts et le fort d’Eben-Emael.
Outre le choc et la rapidité, l'innovation tactique et technique sera nécessaire pour vaincre. Afin d'assurer l'avance des chars et de l'infanterie en fonction de la rapidité et de l'effet de surprise, des troupes aéroportées par planeurs seront débarquées près des objectifs, à savoir les ponts de Veldwezelt, Vroenhoven et Kanne, ainsi que le fort d'Eben-Emael. Les petits groupes destinés à la phase aérienne de l'opération subissent un entraînement long et soutenu, des répétitions jusqu'à obtention de l'automatisme, notamment sur des fortifications tchèques.
Le groupe Stahl attaquera Veldwezelt, Beton Vroenhoven, Eisen Kanne et Granit Eben-Emael. Au total, 350 hommes pour 42 appareils. Ils sont chargés de préserver les ponts, de réduire au silence les canons d'Eben-Emael en attendant la ruée des 3ème et 4ème Panzerdivisionen et de la 20ème division motorisée. Le jour de l'attaque, cent volontaires en civil ou en uniforme néerlandais effectueront les reconnaissances et les sabotages nécessaires aux ponts de Maastricht. Les soldats du 151ème Infanterie-Regiment et du 51ème Pionierbataillon viendront élargir la tête de pont établie à Kanne et achever de neutraliser le fort. Pendant ces combats, les avions du 4ème Fliegerkorps bombarderont les aérodromes et les voies de communication, pendant que ceux du 8ème soutiendront la progression des forces terrestres.

Le pont de Kanne sauta à temps. Photo prise le lendemain ou surlendemain.
Des civils traversent le canal sur des pontons.


Le pont de Kanne sauta à temps. Photo prise le lendemain ou surlendemain. Des civils traversent le canal sur des pontons. Comme on le sait, l'ordre d'attaque est maintes fois donné puis annulé entre le 3 septembre 1939 et le 9 mai 1940. Mais, dans la nuit du 9 au 10, les conditions climatiques sont excellentes. Pour favoriser l'effet de surprise et la rapidité des opérations, Hitler attaque sans déclaration de guerre préalable.
Mais les avertissements du colonel Goethals, attaché militaire à Berlin, ont été entendus à Bruxelles.
Le 9 mai, à minuit, l'armée belge est en état d'alerte. Le 10, à trois heures du matin, les positions de combat sont occupées, non sans difficultés parfois. Aux Affaires étrangères, les ministres Pierlot, Spaak, Janson et Denis sont réunis avec le secrétaire du Roi et l'Auditeur-Général. Le premier message concernant l'attaque leur parvient à quatre heures. L'aide de la France et de la Grande-Bretagne est demandée. Le Plan Dyle est mis en oeuvre à sept heures.
L'attaque aérienne contre les aérodromes est une catastrophe pour la Belgique. Les meilleurs appareils sont détruits et ceux qui restent sont des proies faciles pour les Messerschmitt 109, mieux armés et plus rapides.
La Belgique s'attendait à une attaque « horizontale », elle sera verticale: à cinq heures, 62 avions belges sur 183 sont hors d'usage. Ensuite, les Stukas, équipés de sirènes, brisent les communications et sèment la panique par des bombardements intensifs. Toute contre-attaque est impossible, d'autant plus que les lignes téléphoniques sont détruites et que les liaisons radio n'existent pas en dessous de l'échelon bataillon. Des mannequins parachutés derrière les lignes belges contribuent à l'énervement puis à la panique. Cette dernière se répand chez les civils qui vivent toujours dans le souvenir de la dernière guerre. Les routes sont encombrées par les colonnes de fuyards.

LA SURPRISE

Au Canal Albert, la défense belge sera totalement surprise. Des trimoteurs Ju 52 ont décollé des environs de Cologne, remorquant les planeurs chargés de soldats. Le dernier décollage a bien lieu vers 3h40.
A 2.500m d'altitude, au-dessus d'Aix-Ia-Chapelle, les amarres sont larguées: les planeurs glissent silencieusement dans l'obscurité et arrivent à 300m du but vers 4 h 30. Durant l'opération, le câble de remorquage du Lieutnant Witzig, chargé de l'attaque sur Eben-Emael, se rompt. Il n'arrivera sur le théâtre des opérations que quelques heures après, alors que ses hommes ont déjà agi comme une mécanique bien huilée.
Au sol, désorientés par un ennemi tombé du ciel, ne sachant s'ils doivent ou non appliquer les consignes assez ambiguës de destruction, les soldats belges - cyclistes-frontière et détachements de la 7ème D.I.. - hésitent, puis sont contraints de se replier dans les bunkers. Les portes en sont forcées à la grenade, au lance-flammes mais surtout aux charges creuses. Dans le même temps, la caserne de Lanaken est bombardée et le central téléphonique détruit. Le commandant Giddelo, responsable du sautage éventuel des ponts de Briegden, Veldwezelt et Vroenhoven, gît parmi les morts. Pendant que le commandant du 1ier corps d'armée, ne recevant pas de nouvelles, envoie des estafettes vers la caserne, les ponts de Veldwezelt et de Vroenhoven sont déjà tombés, intacts, aux mains des Allemands, les détachements chargés de leur destruction ayant été pris au piège dans leurs abris.
A 5 heures, un demi-peloton de parachutistes allemands est en position devant chaque pont. Les soldats belges qui s'efforcent de les déloger tombent sous une grêle de rafales de mitrailleuses et de bombes lancées par les Stukas. Vers six heures, les têtes de pont ennemies sont établies sur 600m de profondeur et un kilomètre de long.

Les premiers blindés allemands traversent le pont de Vroenhoven resté intact. On aperçoit à gauche une partie d'un élément antichar Cointet, totalement inutile.




Le pont de Briegden, lui, sautera mais à neuf heures seulement, grâce au bataillon du génie de la 7ème D.I.. L'équipe chargée de sa destruction était absente, son chef étant parti chercher des recrues au camp de Beverlo, et les soldats du 2ème Carabiniers tenant le secteur ayant cherché longuement, en vain, le système de mise à feu des charges. Si le pont de Briegden n'est pas tombé aux mains des Allemands, c'est surtout parce qu'il ne figurait pas dans leurs objectifs.
A Kanne, en revanche, l'attaque allemande échoue. Le pont est détruit, comme prévu, sur ordre du commandant d'Eben-Emael. Les aéroportés allemands ont été ensuite reçus par un feu nourri du 2ème Grenadiers et n'ont pas réussi à faire franchir le canal. Les ponts de Ternaaien et Klein-Ternaaien ont eux aussi sauté à temps. Globalement, cependant, l'attaque allemande des ponts s'est soldée par un succès !
Les canons d’Eben-Emael sont alors réduits au silence en quelques minutes. Le major Jottrand, commandant le fort, a
donné l'alarme à trois heures à un effectif réduit de 1.000 hommes, dont un tiers sont au repos.
A 4 h 25, les planeurs atterrissent dans la pénombre sur un plateau de 45 hectares, proche du fort.
Celui-ci ne disposait que de quatre mitrailleuses anti-aériennes, dont deux ont été écrasées par la chute des planeurs. La riposte n'est guère possible, les Allemands étant maîtres du massif. La garnison se croyait à l'abri à 30km de la frontière allemande et pensait avoir le temps de se préparer. .. Ici encore, la surprise est complète.
Le premier objectif du groupe Granit est de détruire la défense anti-aérienne, les postes d'observation, les blocs et bunkers avec leur armement, les coupoles et casemates.
L'opération est menée avec succès en dix minutes par 56 hommes répartis en sept groupes. Les charges creuses déchaînent l'enfer. Le fort est investi et, dès 4h40, il est en grande partie hors d'état de faire feu, à l'exception de quelques coupoles que l'ennemi néglige. Elles allaient rendre difficile le franchissement de la Meuse vers Maastricht par une partie des troupes terrestres, notamment la 269ème Infanterie-Division. A cause, entre autres, des difficultés de liaison, aucune contre-attaque ne sera possible. Dès lors, les troupes aéroportées attendent l'arrivée de renforts pour élargir les deux têtes de pont de Veldwezelt et Vroenhoven.

LA BRECHE

Les forces terrestres allemandes qui devaient venir renforcer les troupes aéroportées au Canal Albert le plus vite possible passent la frontière néerlandaise à 4h35 le 10 mai. La 4ème Panzerdivision et le 51ème Pionierbataillon subissent cependant des retards lors du franchissement de la Meuse à Maastricht, les forces armées des Pays-Bas y ayant fait sauter trois ponts. Le retard qui en résulte ne représente pas un mince danger pour le succès des opérations, mais les fantassins passent malgré tout et parviennent aux têtes de pont vers 11h30.
Ces dernières s'en trouvent élargies et, à la fin de la journée du 10 mai, elles iront jusqu'à atteindre une profondeur d'un km à Vroenhoven et de deux km à Veldwezelt.
Le 11 mai, devant la situation périlleuse de la 7ème D.l. dont toutes les tentatives de contre-attaque ont échoué, le commandement belge décide d'employer l'aviation. Vers six heures, trois pelotons de bombardiers décollent à Aalter en direction des ponts non détruits du Canal Albert, accompagnés de six chasseurs Gloster Gladiator.
Mais les huit bombes de 50 kg qu'un Fairey Battle peut emporter ne suffisent pas à briser ces armatures de béton et de métal: les objectifs furent à peine atteints. De plus, le système électrique de largage de certains avions n'a pas fonctionné. Enfin, les Fairey Battle volant à basse altitude constituent des cibles faciles à atteindre par la défense antiaérienne allemande, appuyée par la Luftwaffe. Dix des quinze appareils envoyés sont ainsi perdus tandis que les ponts restent intacts. Les renforts du 51ème Pionierbataillon sont entre temps arrivés à Eben-Emael le 11 mai à six heures. Grâce à ces troupes fraîches, on attaque systématiquement tous les bunkers. Dans le fort, l'air devient irrespirable et le moral s'effondre quand on croit entendre l'ennemi préparer des fourreaux de mines.
Après avoir vainement tenté de faire sauter les soutes à munition en exécution des ordres reçus, le major Jottrand devra rendre l'ouvrage à 12h30. Un peu plus tard, la 7ème D.l. se repliera en désordre. La victoire si rapide à Eben-Emael ne représente pas seulement un formidable succès tactique pour les Allemands, mais aussi une victoire psychologique foudroyante. Elle n'aurait pas été possible sans les méthodes et techniques révolutionnaires utilisées par l'état-major du Reich. Attaqués avec des moyens classiques, le fort d'Aubin- Neufchâteau et celui de Battice tiendront bon jusqu'aux 21 et 22 mai. Aussi les Allemands tiennent-ils ces innovations secrètes, même pour leurs alliés. On ne connaît pas avec certitude le nombre des victimes de la bataille du canal Albert. La 7ème D.l. a perdu environ 900 hommes et 700 soldats ont été faits prisonniers.
Parmi les Belges morts au combat, 110 ont perdu la vie à Veldwezelt, 147 à Vroenhoven, 216 à Kanne et 24 à Eben-Emael. Les pertes allemandes dans les mêmes secteurs ne s'élèvent respectivement qu'à 7, 7, 22 et 6 hommes ! Des dizaines de civils des villages environnants ont eux aussi trouvé la mort au cours des bombardements et les dégâts matériels ont été très importants.
Le plan mis en oeuvre a encore d'autres conséquences bien plus lourdes pour la suite des événements.
Le plan initial de la campagne, inspiré du vieux plan von Schlieffen de 1914, prévoyait surtout une attaque du nord du sillon Sambre-Meuse. Celui finalement appliqué ne reprend du premier que l'attaque du canal Albert avec pour objectif, de divertir, de déporter les forces françaises et britanniques entrées en Belgique le plus au nord possible. L'attaque principale, elle, a bien lieu au sud du sillon Sambre-Meuse, à travers les Ardennes.
Le piège tendu aux garants de la neutralité belge fonctionnera à merveille. Là aussi, l'attaque du Canal Albert est pour l'Allemagne un succès qui a contribué à la rapidité du blitz allemand dans les jours suivants.
Sur le plan de la seule armée belge, la ruée allemande à travers les têtes de pont rendra très difficile la retraite du 3ème corps d'armée, qui couvrait la Position Fortifiée de Liège, vers la Ligne K-W. La 4ème Panzerdivision a pénétré à Tongres le 11 mai vers midi, menaçant la zone arrière du 3ème corps dont le flanc est à découvert sur près de 50km entre Tirlemont et Visé. Le repli, commencé le soir du 11mai, se fera dans des conditions épouvantables avec capture de certains éléments, pendant toute la journée du 12 jusqu'au recueil sur la Méhaigne, tenue par des éléments avancés français. Les forts de la PFL. étaient seuls désormais, la ville ayant été occupée vers 18 heures le 12 mai par les premiers éléments de la 269ème I.D. allemande ...

Source bibliographique : Article Luc De Vos in Jours de Guerre N° 2 édité par le Crédit Communal de Belgique 1994 )
Crédit Photos : voir supra et Bundesarchiv via Peter Taghon in ‘’Mai 1940’’

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