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Louis
Jacquemart
Réfractaire au STO
Parcours
aléatoire
Après
avoir travaillé plusieurs mois chez un pâtissier réputé
à Châteaulin, où en cours d'activité j'ai planté
là, seul, mon patron qui m'accusait faussement d'avoir cassé
un œuf ! Je me retrouve à Douarnenez, où avec un copain
nous allons, sur un tandem et tirant une remorque, vendre du poisson aux
habitants, sur un parcours de 30 Km ! Cette vente * illicite ne peut pas
durer longtemps, les Allemands occupant DZ depuis quelques mois, le Service
du Contrôle Economique sévit et nous pourchasse. Nous devons
cesser cette activité, mais avant nous nous vengeons en introduisant
du sucre dans le réservoir d'essence de la moto du contrôleur.
Après plusieurs allers et retours Paris, me revoilà à
Douarnenez où avec mon cousin Armand nous étudions les possibilités
de rejoindre de Gaulle en Angleterre et sommes à l'affût
du moindre indice pouvant nous mettre sur une piste, quand mon cousin
"ex mousse sur un langoustier mauritanien, désarmé
depuis l'occupation allemande" revient un soir avec un précieux
renseignement, glané sur le port. Un bateau doit partir clandestinement
le lendemain au lever du jour. Il y a deux places de disponibles, à
condition de nous trouver à bord avant l'aube... A nous de nous
débrouiller pour y parvenir. Ma mère doit arriver de Paris
demain matin, quelles seront, sa surprise et son inquiétude en
apprenant notre départ. Nous avons décidé de ne rien
dire à la famille, une lettre déposée sur notre lit
les renseignera bien assez tôt.
Avec des ruses de sioux nous dérobons quelques boites de conserves
que nous enfouissons avec chaussettes et pulls dans un maigre baluchon.
Il fait nuit lorsque nous quittons la maison, c'est encore le couvre-feu,
nous ne devrions pas être dehors sans autorisation. Il faut donc
faire très attention aux guetteurs allemands de faction sur notre
trajet, il n'y a pas d'autre chemin pour atteindre le quai, où
nous envisageons d'emprunter un canot qui nous permettra de rejoindre
le bateau au mouillage.
Tous les canots visités n'ont pas leurs avirons à bord,
seul celui du garde pêche possède le sien mais il est cadenassé.
Avec beaucoup de difficultés nous arrivons à le libérer.
Nous avons perdu beaucoup de temps ; le jour va bientôt se lever
il faut se dépêcher car il nous reste encore 1 Km à
parcourir à la godille pour atteindre notre but
Le bateau est au mouillage dans l'anse de Douarnenez-Tréboul, à
l'entrée du bras de mer menant à l'endroit, où selon
la légende, Gradlon,le roi d'Ys, du haut de son cheval, jeta sa
fille Dahut, pour arrêter la mer à sa poursuite.
Nous godillons fiévreusement chacun a notre tour, et accostons
a tribord du bateau, à l'instant où deux hommes venant de
Tréboul embarquent à bâbord.
* "Illicite" pour les Allemands et le régime en place
qui avaient réquisitionné le camion de mes tantes (mareyeurs
à Douarnenez) qui de ce fait ne pouvaient plus exercer leur profession
! Idem pour les parents de mon camarade.
Nous avons perdu,
les Tréboulistes ont été plus rapides, il ne reste
plus de place pour nous. Le patron du bateau ne peut nous cacher à
bord, tous les endroits susceptibles d'accueillir un homme sont déjà
occupés ... Notre présence pourrait faire découvrir
les clandestins cachés sous le vaigrage et il y a parmi eux des
personnalités. Nous faisons immédiatement demi tour remettre
le canot à sa place, puis, afin de détourner son attention,
allons parler au guetteur Allemand.
Il pleut maintenant, le bateau a quitté son mouillage et se dirige
vers la jetée où les Allemands l'attendent pour la vérification
de l'équipage et l'autorisation de sortie pour la pêche.
C'est le moment le plus délicat. Vont-ils monter à bord
comme ils le font souvent ? Non, la pluie redoublant, ils donnent le droit
de sortie et regagnent leur abri en courant.
Quelques jours plus tard, en message codé, la radio Anglaise annoncera
l'arrivée du bateau à Penzance ! C'est le message attendu,
ils ont réussi, nous aurions pu être là-bas.
Décembre
1943
"Rentre
de suite affaire te concernant"
Je suis à
Douarnenez depuis quelques mois lorsque je reçois un télégramme
envoyé de Paris par ma soeur aînée Simone. "Affaire
te concernant"
ces trois mots forment pour moi une phrase énigmatique, je ne comprends
pas ce qu'elle veut dire, n'ayant rien fait ou à faire de particulier
à Paris. Je dois malgré tout m'y rendre, ne serait-ce que
pour savoir de quoi il retourne. Impossible de joindre ma soeur par téléphone
afin qu'elle éclaire ma lanterne.
Après un très long voyage en train, je débarque le
surlendemain dans la capitale où je retrouve Simone. Elle m'emmène
voir une tante paternelle que je connais à peine, l'ayant vu rarement.
Ma tante travaille dans un service administratif où elle a vu mon
nom inscrit sur une liste de désignés pour le Service du
Travail Obligatoire en Allemagne (S.T.O). Elle a donc voulu me prévenir
afin que je puisse prendre des dispositions.
Bien qu'elle ait agit pour m'aider, je ne suis pas enchanté de
l'initiative prise par ma tante. La convocation ne m'aurait pas touché
à DZ, et quand bien même, je ne m'y serais pas rendu. Il
n'en est plus de même maintenant, je suis sur place et veux en savoir
un peu plus.
La date fatidique est dans huit jours, je vais essayer d'obtenir des renseignements
sur le déroulement d'une visite médicale pour le S.T.O,
je suis en pleine santé, rien qui puisse me rendre inapte, et je
ne vois pas une bonne fée qui me fasse exempter pour rester bien
au chaud dans mes foyers.
Je viens d'apprendre que certaines visites se terminent par un embarquement
direct dans des camions pour l'Allemagne. Pas question que je me fasse
piéger dans de telles conditions.
La convocation est pour onze heures dans un centre médical près
de la place Daumesnil à Paris. J'ai étudié le plan
du secteur, et suis à dix heures sur les lieux. Là, j'inspecte
les rues des environs pour voir s'il n'y a rien de suspect ou de particulier
afin d'y déceler le moindre signe insolite. Je m'inquiète
surtout des véhicules en stationnement, et j'attends la dernière
minute pour me résoudre à entrer dans le centre médical.
Là se trouvent déjà une cinquantaine de gars de mon
âge, le torse nu. Une infirmière m'engage à faire
de même, après avoir inscrit mon nom et divers renseignements
dans un dossier, puis elle nous remet a chacun un verre gradué
pour récolter nos urines.
Nous passons par groupe d'une dizaine et nous retrouvons en cercle, coquette
en main, essayant de satisfaire la dame. Ce qui n'est pas évident
pour tous dans une telle situation ; certains pissent trois gouttes avec
difficulté, tandis que pour d'autres, le verre n'est pas assez
grand.
L'infirmière repasse récupérer les verres, plus ou
moins remplis du précieux Iiquide, les vide tous dans le même
récipient avant d'y ajouter un révélateur, puis après
quelques manipulations,annonce que tout est OK.
Alors nous nous demandons comment les choses se passent quand il y a un
malade parmi les dix ! Faut-il pisser une deuxième fois ? Ça
doit poser problème.
Je sais maintenant que je suis apte pour aller travailler en Allemagne,
et ça je ne le veux pas ! Mais que faire ?
Demain j'irai voir
mon ancien patron, qui m'a connu tout gamin et chez qui j'ai fait mon
apprentissage d'électricien. Peut-être que lui cannait une
filière pour éviter mon départ.
Cogitant, je rentre à pieds chez mes parents, rue des trois bornes.
Avant de me rendre chez mon ancien patron, Mr Duquesne, je passe par "La
Chope de la Baleine" le bistrot où nous nous réunissons
entre copains, pour jouer à la belote, au billard français
ou au 421. J'ai la surprise d'y trouver un copain, Paul, qui est en convalescence
pour encore quelques jours, après avoir subi une opération
en Allemagne, où il se trouvait, au titre de "La relève"
et où il n'a pas l'intention de retourner. Je ne suis déjà
plus seul, nous nous quittons, promettant de se passer le tuyau si nous
trouvons une combine.
Mr Duquesne est très heureux de me revoir, il dit toujours qu'il
me considère comme son fils. En ce moment il monte des moteurs
sur des scies circulaires destinées à une petite entreprise
du Morvan, pour faire du charbon de bois et bois-gazo (bois en morceaux
pour l'alimentation de certains moteurs de véhicules)
"Morvan, charbon de bois" comme un leitmotiv ces mots tournent
dans ma tête. Il faut que je fasse connaissance avec l'entrepreneur
... J'en parle à monsieur Duquesne qui, immédiatement lui
téléphone. Rendez vous est pris pour demain.
A l'heure fixée, je rencontre un homme charmant, à qui je
demande un emploi dans son entreprise ; en lui précisant bien pourquoi
je désire quitter Paris. De suite j'ai compris qu'il était
inutile d'user d'arguments fallacieux. Nous tombons d'accord, mon copain
Paul peut venir aussi. C'est formidable.
Trois jours plus tard, vers les cinq heures du matin, à vélo
nous rejoignons les halles où nous attend une camionnette bâchée,
chargée de matériel hétéroclite, parmi lequel
nous nous casons tant bien que mal, après y avoir ajouté
nos vélos.
Nous partons pour un voyage pénible et très délicat
! Nous avons très froid ! La route étant verglacée
par endroits, il nous faut descendre du véhicule pour pousser dans
certaines côtes. Paul fait un magnifique vol plané en descendant
pour pisser.
Courbaturés,
transis, nous arrivons enfin à Saulieu.
"Saulieu, chef lieu de canton de la Côte d'or," Eglise
St Andoche en partie romane.
Une chambre à deux lits nous est retenue à l'hôtel
"Le petit Marguery" en face de l'hôtel très réputé
"La tour de l'Auxois".
Il est très tard, il fait nuit, n'ayant qu'un sandwich dans le
ventre depuis hier nous avons faim, un repas qui est le bienvenu nous
est servi.
Nous ne nous attardons pas à table, fourbus nous allons nous coucher
sans penser à ce que sera demain.
En pénétrant dans notre chambre, nous avons la désagréable
surprise d'y trouver cinq quidams jouant au poker ; ces types jouent de
très grosses sommes, des liasses de billets déposées
sur la table... devant notre étonnement ils disent jouer régulièrement
dans cette pièce, et qu'étant la seule de disponible dans
l'hôtel, nous ferions mieux de nous coucher sans râler. Nous
nous exécutons, ce soir nous avons sommeil. Ecoeurés, fatigués,
résignés, nous nous endormons.
Les joueurs s'en sont allés sans bruit, sans nous réveiller.
Avant de sortir pour notre premier contact avec Saulieu, nous laissons,
bien en évidence sur la table, une boite vide sur laquelle nous
avons écrit "A votre bon cœur" Nous n'avons plus
revu nos flambeurs, qui nous le saurons plus tard étaient de gros
maquignons de la région.
C'est pour demain qu'est fixé notre rendez-vous avec notre employeur.
Aujourd'hui c'est l'Epiphanie, nous venons de faire la connaissance d'un
garçon de notre âge, d'un abord agréable mais qui
devient vite casse pieds, m'as-tu vu et hâbleur. Par son comportement,
il cherche à nous-faire croire qu'il est armé et au courant
de beaucoup de choses.
Dans l'impossibilité de se débarrasser de notre cicérone,
à regret nous acceptons d'aller fêter les Rois avec lui dans
un café des environs. Là se trouvent une dizaine d'hommes
assis bien sagement, jouant aux tarots, tandis que d'autres parlent bruyamment.
Tous ont levé la tête lorsque nous sommes entrés,
leurs regards sont interrogateurs (qui sont ces étrangers ?)
Après avoir serré quelques mains, notre guide lance a la
cantonade "Je vous présente deux parisiens de la résistance"
Je croise le regard stupéfait de Paul qui semble me poser une question
à laquelle je ne peux évidemment répondre.
Plus un bruit dans la salle quand un joueur se lève lentement,
me pose une main sur l'épaule en me demandant de le suivre. Je
suis estomaqué, moi qui ne sais pas encore exactement ce que sont
en réalité, résistance et maquis.
Marchant devant moi, le gars me fait passer dans l'arrière salle,
vide et sans éclairage, dans le fond je distingue une petite porte
qu'il ouvre, et d'une bourrade me projette à l'extérieur.
Jusqu'à ce moment j'avais confiance, mais à cet instant
je suis décontenancé, je me trouve dans le noir le plus
complet, je sens, en étendant les bras,le contact de deux murs
opposés, je suis dans une ruelle d'environ 1,60m de large dont
je ne vois pas les extrémités. Que va-t-il m'arriver ? Une
impression désagréable me noue la gorge.
D'un vigoureux
coup de pied j'ouvre la porte par où je suis sorti si brutalement
et pénètre dans le café, l'air furibard, le regard
méfiant, prêt à toutes éventualités.
Pendant ma courte absence, Paul, harcelé de questions a pu nous
dédouaner auprès de mon agresseur (qui en sait sûrement
plus que nous sur la résistance) qui veut bien admettre que nous
sommes les jouets des élucubrations de son copain Martin. Aussi
pour arrondir les angles, il nous offre de trinquer ensemble, ce que nous
acceptons avec soulagement et commandons une tournée de vin rouge
comme il semble de bon ton de faire.
Dans son affolement, la serveuse a du se tromper de bouteille, elle nous
a servi du Porto en guise de sa piquette habituelle. Ce n'est pas pour
nous déplaire, bien au contraire. Prestement nous vidons nos verres
et repassons commande, afin de profiler de cette agréable erreur
avant qu'elle ne soit décelée. A trois nous vidons la bouteille
et c'est trébuchant que nous quittons notre nouvel ami.
Les joueurs de poker ne sont pas venus ce soir, notre boite reste désespérément
vide, la fortune ne viendra pas de là. C'est sur cette pensée
que nous nous endormons.
Nous voici à l'adresse où le rendez-vous a été
fixé. Nous sommes reçus par un homme, grand et sympathique
d'une soixantaine d'années, qui nous fait entrer dans son atelier
de menuiserie et nous présente à cinq ou six gars avec qui
nous ferons équipe dans quelques jours. Pour le moment notre travail
consiste à transporter et installer des matériels dans un
hangar à deux cents mètres d'ici.
Depuis deux jours nous avons quitté notre hôtel, trop cher,
pour devenir pensionnaires d'un petit restaurant hôtel, proche du
café au Porto, situé place des Terreaux, que certains plaisantins
rebaptiseront "place des Terreaux-ristes"
La chambre, que je partage avec Paul, donne sur la ruelle de mon aventure...
C'est à dire sur un mur, ce n'est donc pas la joie.
L'aménagement du hangar est terminé, après l'équipement
électrique nous avons installé cinq scies circulaires qui
vont nous servir à tronçonner, en rondelles de sept à
huit cm d'épaisseur, les stères de bois que nous allons
chercher en forêt.
Je travaille sur une scie et alimente en rondelles, cinq camarades assis
sur des billots. Leur fonction consiste à couper les rondelles
en morceaux plus ou moins réguliers de même volume. Pour
ce faire, ils utilisent des hachettes et frappent sur un autre billot
placé entre leurs jambes.
Rarement nous échangeons les rôles, car beaucoup craignent
la traîtrise des scies, deux de mes acolytes y laisseront quelques
doigts.
Nous ne sommes pas habitués à faire de tels travaux, la
manipulation des rondins sur le chariot des scies devient vite pénible,
car certains sont très lourds et leurs formes tourmentées
les rendent dangereux à travailler.
Assis sur leur billot, les autres compagnons ne sont pas mieux lotis.
Le frottement des manches de hachettes provoque des ampoules. Ils terminent
cette première journée, les mains entourées de bandages.
Dorénavant
je suis réfractaire au S.T.O, avec tous les inconvénients
que cela comporte. J'en suis à échafauder un scénario
plausible en cas de contrôle par les Allemands ou notre gendarmerie,
quand mon agresseur du début me propose la fourniture de faux papiers.
Je dois lui procurer une photo, lui se charge du reste gratuitement.
A ce jour l'hôtelier ne m'a pas encore couché sur son registre,
il me connait que sous mon sobriquet "Bibi" je suis donc soulagé
aujourd'hui de pouvoir lui présenter ma carte d'identité
qu'il enregistre, sans sourciller.
Nom : Kervarec
Prénoms
: Guy, Louis
Lieu de naissance : Douarnenez (Finistère)
J'ai opté pour un nom et un lieu que je connais bien, au cas ou
je serais questionné ! Ce qui m'arrivera plusieurs fois par la
suite ! Je me suis aussi rajeuni de deux ans, ce qui doit me mettre a
l'abri du S.T.O.
Cela fait trois mois que nous cassons des tonnes de bois et j'apprends
qu'un de nos camions doit livrer des sacs de charbon de bois à
Paris. Le chauffeur accepte que je sois du voyage, nous partons et serons
absents trois jours; je vais pouvoir rassurer mes parents sur mon sort
!
Après être passé voir mes parents, je retourne à
Saulieu par le train où deux nouveaux viennent d'être embauchés.
Dans l'attente d'une chambre disponible à l'hôtel, je les
accompagne dans la ferme d'un copain. Là nous les installons pour
la nuit dans la paille du grenier de la grange, et retirons l'échelle
y donnant accès.
Je dors profondément dans la chambre de mon copain Pierre, lorsque
nous sommes réveillés en sursaut par le bruit d'un moteur,
suivi de coups violents frappés à la porte. Ce sont des
soldats allemands, ivres, qui cherchent de l'alcool. N'obtempérant
pas a leurs injonctions, de fureur ils libèrent les lapins et les
poules ; puis se dirigent vers la grange !
A ce moment nous craignons qu'ils découvrent les deux hommes cachés
dans la paille du grenier... à cette pensée, Pierre est
pris de tremblement qu'il ne peut maîtriser, (Des armes sont cachées
dans un mur de la maison, je l'apprendrai plus tard) il a peur et j'ai
peur.
Les Allemands, en état d'ébriété très
avancée, ne pensant pas à chercher l'échelle, passent
ainsi sous le plancher du grenier où sont cachés nos compagnons
tapis dans l'obscurité, la peur au ventre. Dépités,
hurlant, les soldats du cauchemar disparaissent dans la nuit.
Depuis que nous en cassons, le bois s'accumule sur un quai de la gare
de Saulieu ... Il y en a une montagne de plusieurs tonnes que nous devons
charger dans des wagons de marchandises. Sans engins de manutention, c'est
avec des fourches qu'il nous faut exécuter ce travail très
pénible et fastidieux.
Le premier jour de chargement nous avons la curiosité de regarder
ce que représente une fourchée dans un wagon vide pouvant
en contenir des tonnes; et nous éclatons de rire à la vue
d'une dizaine de morceaux de bois éparpillés au fond ! Combien
faudra-t-il de fourchées pour faire le plein de tous ces wagons
à quai ? Quelle fatigue inutile, sachant implicitement que cette
marchandise ne doit pas arriver à sa destination.
Les Allemands devenant suspicieux à notre égard, l'entreprise
doit fermer. Nous devons prendre nos dispositions et nous disperser. Pour
ma part, je suis prêt, je viens d'organiser mon départ au
maquls,sous le couvert d'un simulacre d'enlèvement par la résistance,
et je sais que cinq compagnons sont motivés pour me suivre. Afin
de ménager l'effet de surprise et de le rendre plausible au cas
où il y aurait des témoins mal intentionnés, je ne
préviens personne du moment ou l'enlèvement simulé
aura lieu.
PS : Les anecdotes
ci-dessus n'ayant pas été prévues a l'origine, la
suite est à reprendre dans "Mon entrée au maquis Bayard"
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