La Révolution Cubaine

La chute de Batista


"Che"
Guevara

Le gouvernement américain soutint Cuba dans sa guerre menée contre l'Espagne entre 1895 et 1898, qui aboutit à l'indépendance de l'île en 1902 et au renforcement de ses liens avec le USA.
Les flux migratoires s'intensifièrent particulièrement sous le régime de Machado lors de la grande crise de 1930 et l'économie de Cuba dépendit en majorité des USA.
L'opposition à cette étroite dépendance que garantissait un gouvernement dictatorial posa les jalons d'un mouvement révolutionnaire qui trouvait un écho parmi la population très pauvre de l'île.
Après une première tentative de soulèvement en 1953 qui avorta, de jeunes révolutionnaires, dirigés par Fidel Castro et l'Argentin Ernesto "Che" Guevara, entamèrent une guérilla.
Six ans plus tard, en janvier 1959, Castro renversa le général Batista et entrait à la Havane.
Les relations américano-cubaines, au début neutres, ne tardèrent pas à se dégrader.
Premièrement, la mise en œuvre de la réforme agraire provoqua l'expropriation des biens américains, deuxièmement, le régime castriste multiplia les contacts avec le camp socialiste et chercha à s'assurer de son aide matérielle afin de se s'affranchir de l'emprise américaine.

Au début février 1960, les relations diplomatiques furent renouées avec l'Union soviétique et, le 13, Cuba signa un accord commercial aux termes duquel les Russes s'engageaient à accorder à Cuba 100 millions de crédit et à lui acheter 5 millions de tonnes de sucre sur une période de 5 ans.
De leur côté, les opposants cubains affluèrent aux Etats-Unis, où, bénéficiant de nombreux appuis, ils organisaient des attentats contre Cuba.
Des raids aériens furent ainsi lancés depuis la Floride afin d'incendier les champs de canne à sucre ou de jeter des tracts anti-castristes.
Le conflit se durcit lorsqu'en juillet 1960, le Congrès autorisa le président Eisenhower à réduire le quota sucrier de Cuba (80 % des exportations cubaines étaient acheté par les Américains, à un prix supérieur aux cours).
Au mois d'octobre, les Etats-Unis supprimaient totalement leurs achats de sucre et décrétèrent l'embargo sur toutes les exportations américaines en direction de Cuba et, le 3 janvier 1961, ils rompirent officiellement leurs relations diplomatiques.
Toutes ces mesures précipitèrent le régime castriste dans la sphère soviétique.
Outre l'aide matérielle, Moscou commençaà fournir des armes à Cuba et envoyait des techniciens sur l'île afin d'organiser sa défense.
De son côté, Castro accéléra la nationalisation des moyens de production.
A la mi-octobre 1960, la quasi-totalité des biens américains était nationalisés.


Les crises cubaines

Khroutchev

C'est dans ce contexte très tendu qu'éclata un premier incident entre les deux pays.
Au printemps 1960, Eisenhower autorisa la CIA à entraîner des exilés cubains anticastristes dans des camps au Guatemala et à Panama.
L'objectif était de préparer une intervention militaire pour renverser le régime de Castro et mettre en place un gouvernement pro-américain.
Le 15 avril 1961, des B26 de l'US Air Force, conduits par des pilotes cubains et camouflés aux couleurs de l'aviation cubaine, bombardèrent les aéroports de La Havane et de Santiago. Le 17 avril, 2 000 mercenaires cubains étaient débarqués dans la baie des Cochon.
L'opération se solda par un échec total. Mal organisés, attaqués par l'aviation et l'artillerie cubaines, les exilés ne trouvèrent pas le soutien nécessaire auprès de la population locale.
Au total, 114 d'entre eux trouvèrent la mort et 1 113 furent faits prisonniers.

Sur le plan international, cette tentative manquée discrédita le président J.F. Kennedy (qui n'approuvait pas cette opération), à peine trois mois après son investiture.
Un deuxième incident, beaucoup plus grave survint en octobre 1962, lorsque des avions espions américains U2 découvrirent que l'URSS était en train d'installer à Cuba des rampes de lancement pour des missiles soviétiques à moyenne portée. Des navires soviétiques, chargés de fusées se dirigeaient également vers Cuba.
Kennedy adressa le 22 octobre un "message à la nation" dans lequel il annonçait la mise en quarantaine de l'île, tout en exigeant des Soviétiques qu'ils démontent immédiatement leurs installations militaires.
Il les menaçait également de représailles massives au cas où une fusée nucléaire serait lancée à partir de Cuba contre l'une quelconque des nations de l'hémisphère occidental.
Pendant quelques jours, le monde vécut dans la crainte d'une troisième guerre mondiale.
Mais finalement Khrouchtchev s'inclina.
Il donna l'ordre aux navires de rebrousser chemin et annonça le 29 octobre que les armes stratégiques déjà stationnées à Cuba seraient démontées et ramenées en Union soviétique.
Le 21 novembre, les Américains levaient le blocus, après s'être assurés que les fusées et leurs rampes avaient bien été retirées *.
Ces événements expliquent en partiel'isolement de Cuba face aux USA et l'emprise de plus en plus forte de l'Union soviétique sur l'économie cubaine à partir des années 1970.
En contre-partie, l'URSS utilisa l'armée cubaine pour atteindre ses objectifs stratégiques en Amérique latine et en Afrique (Angola notamment).
Après la disparition de l'Union soviétique, le régime cubain se trouva brutalement confronté à un monde régi par l'économie de marché, étouffé par la dette extérieure, il semble incapable de faire face à son isolement grandissant et doit imposer des mesures draconiennes.
Privé du pétrole soviétique et étouffé par l'embargo américain, Cuba a vu son PNB divisé par deux en quatre ans.
L'exode de la population s'est accéléré au point d'amener la signature d'une convention avec les USA sur un quota d'immigration.

* En réalité, la vérité sur cette "crise des missiles" est toute autre : les Américains avaient installés des missiles "Thor" et "Jupiter" en Turquie. Les Soviétiques acceptèrent de retirer leurs missiles de Cuba si les Américains faisaient de même avec les missiles installés en Turquie.

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