Le débarquement de Dieppe

Après le succès du raid allié sur Saint-Nazaire, les 28 et 29 mars 1942, (opération "Chariot") dont l'objectif était la destruction de l'unique cale sèche en mesure de recueillir le cuirassé Tirpitz sur les côtes françaises. Les Alliés envisagèrent de reprendre le projet d'un raid de grande ampleur sur un port français de la Manche afin de valider les nouveaux matériels de débarquement et de tester les défenses portuaires allemandes. Le Haut Commandement allié porta son choix sur Dieppe. Cette ville de taille moyenne était suffisamment proche des côtes britanniques et permettait ainsi une bonne couverture aérienne.
Plus de 6 000 hommes devaient débarquer (principalement Canadiens). La traversée de la Manche était assurée par 250 embarcations diverses, transports de troupes, destroyers..., tandis qu’un millier d'avions assuraient la couverture aérienne. L'opération, devant durer une demi-journée, consistait en un débarquement principal sur la plage de Dieppe, précédé par de petits débarquements à Pourville et à Puys dont la mission était de neutraliser les défenses surplombant la plage de Dieppe. Les objectifs principaux du raid étaient la destruction des défenses allemandes du littoral, des structures portuaires et de toutes les installations stratégique telles que dépôts de carburant, de munitions, stations radio et radar, quartiers généraux ou aérodromes.
En août 1942, le secteur de Dieppe était particulièrement bien protégé par d'importantes fortifications et une imposante artillerie. Les 2 500 soldats allemands, bien retranchés dans les fortifications, pouvaient bénéficier d'importants renforts et bénéficiaient d'une bonne couverture aérienne.
Le 18 août au soir, la force navale alliée effectuait une traversée sans histoire jusqu'à 3h45, heure à laquelle la flotte alliée se heurtait à un convoi allemand. Ce combat désorganisa complètement l'attaque et mit en état d'alerte les Allemands.  Malgré tout, un Commando parvint à remplir sa mission en détruisant une batterie. Celui-ci put ainsi réembarquer sans encombre en début de matinée.
A Puys, un régiment canadien de 600 hommes fut débarqué à 5h00. Les soldats allemands, en alerte depuis l'accrochage maritime de la nuit, réagirent instantanément et effectuèrent un véritable carnage. En moins d'une heure, les Canadiens eurent 225 tués, le reste de l'effectif était blessé ou capturé. Une soixantaine de canadiens purent malgré tout réembarquer et rentrer en Angleterre.

La plage de Pourville, objectif des Anglo-Canadiens, était atteinte à 4h50. Après la prise rapide du village, la défense allemande allait progressivement se durcir. Rapidement, il apparaissait aux assaillants qu'il devenait impossible de détruire les batteries surplombant la plage de Dieppe. Les Anglos-Canadiens se résignèrent à rembarquer en fin de matinée avec de sérieuses pertes  (151 tués, 266 prisonniers et 269 blessés).

A Dieppe même, les Anglos-Canadiens tentèrent le principal débarquement à 5h20, après un bombardement préparatoire très insuffisant. Débarquant avec grand-peine sur la plage balayée par le feu allemand, les Alliés parvinrent malgré tout à occuper le casino.
Sur la partie est de la plage, les soldats britanniques étaient cloués sur place par les tirs des Allemands qui bénéficiaient de toute leur puissance de feu après l'échec des débarquement anglos-canadiens à Pourville et à Puys.

Le Commandement allié, qui était aveugle à cause de la fumée et sourd à cause de mauvaises transmissions expédiait de nouvelles vagues en renfort qui ajoutaient à la confusion.
Ce carnage se prolongea toute la matinée lorsque l'ordre de repli était enfin donné vers 11 heures.
Sur les 2 000 hommes débarqués, 400 étaient morts ou blessés et 1 200 soldats étaient capturés. 400 soldats seulement réussissaient à réembarquer.
"Jubilee" se soldait donc par un bilan dramatique : les Alliés avaient 1 380 tués dont  913 Canadiens, 1600 blessés et plus de 2000 prisonniers.

Dans les airs, la RAF perdait 107 avions et la Luftwaffe 40. Les Allemands avaient 345 tués ou disparus et 268 blessés.
Le commandement allié tira des leçons de ce terrible échec à savoir :
premièrement, il ne fallait pas débarquer dans un port fortifié.
Il était préférable de débarquer sur une plage où les défenses offraient une défense beaucoup plus faible.
Deuxièmement, il était nécessaire de procéder à un bombardement préliminaire très massif.
Troisièmement, il était vital que les préparatifs du débarquement soient entourés du plus grand secret.
Le seul point positif fut que les Allemands durent maintenir des troupes à l'ouest alors que la situation militaire à l'est prenait une tournure critique.

Le désastre de Dieppe

Prisonniers canadiens