L'Egypte et la Libye
Lorsque
l'Italie entra en guerre contre les Alliés en juin 1940, - quand
la victoire allemande devint certaine ! - elle pouvait espérer venir
facilement à bout de la petite fraction de l'armée anglaise
qui tenait l'Egypte et le Soudan.
Le général Sir Wavell, le commandant en chef au Moyen-Orient
disposait d'à peine 50 000 hommes alors que les Italiens, commandés
par le maréchal Graziani disposaient de
500 000 hommes.
Les Britanniques, au lieu de rester passifs passèrent à l'attaque
dès le 14 juin 1940 et effectuèrent un raid sur le Fort Capuzzo
en Libye sans l'intention de l'occuper.
Les Britanniques ne voulaient pas tenir ces positions ; la stratégie
adoptée consistait à harceler les positions italiennes. Les
"rats du déserts" de la 7ème division blindée
du général Creagh remplirent à merveille cette mission.
A la mi-septembre, les pertes italiennes se montaient à 3 500 hommes
contre 150 soldats britanniques. Le 13 septembre, les Italiens commencèrent
enfin à avancer en Egypte avec 6 divisions. Ils s'établirent
en Egypte à Sidi Barrani à 80 kilomètres de la frontière
Libyenne et s'évertuèrent à installer des forts - mais
trop éloignés les uns des autres pour pouvoir s'appuyer mutuellement
- et à rester l'arme au pied.
Le général Wavell, ayant miraculeusement reçu des renforts
d'Angleterre composés de 3 régiments blindés, décida
de passer à l'attaque. Le général O'Connor disposait
pour cette attaque de 30 000 hommes et 275 blindés.
En face, les Italiens étaient au nombre de 80 000 et avaient 120 blindés.
Le 9 décembre, les Anglais attaquèrent par surprise le
camp de Nibeiwa et faisaient 4 000 prisonniers.
Le 10, les Anglais emportèrent des positions autour du camp de Sidi
Barrani et, le 11, une brigade anglaise, parvenue sur la côte à
Bouk-Bouk intercepta une colonne de fuyards battant en retraite. Le nombre
total de prisonniers italiens depuis le début des opérations
se montait à 40 000 hommes. Les Italiens, en déroute, fuyaient
vers l'ouest. Les Anglais durent attendre l'arrivée de renforts australiens
venant de Palestine pour reprendre l'offensive à partir du 3 janvier
1941.
Ce jour là, Bardia (en Libye, près de la frontière egyptienne)
tombait, apportant 45 000 prisonniers supplémentaires ainsi que 462
canons et 129 chars. Tobrouk fut attaqué le 21 janvier et capitula
le 22, laissant aux Anglais 30 000 soldats italiens, 236 canons et 87 chars.
Le 1er février, le maréchal Graziani, devant la gravité
de la situation, ordonna une retraite générale en direction
de Tripoli. Le 3 février, la 4ème brigade blindée se
dirigea vers l'ouest. Le 5 février, le détachement Combe (composé
d'une partie du 11ème Hussards, du 2ème bataillon de fusiliers
et de 12 canons) arriva à Beda Fomm pour y établir un barrage.
Le 6 février, une colonne de la 7ème brigade blindée
arriva de Sidi Saleh pour appuyer Combe, qui était attaqué par
les Italiens qui arrivaient de Benghazi (qui tomba aux mains des Australiens
le jour même). Le 7, les Italiens commencèrent à se rendre
en masse. Ses hommes firent alors 25 000 prisonniers et s'emparèrent
de 120 chars et de 205 canons. La Xème armée Italienne n'existait
plus. Les Britanniques pouvaient désormais s'emparer de toute la Libye,
mais le 12 février 1941, Wavell reçut l'ordre d'arrêter
son offensive. Winston Churchill était en effet préoccupé
par la Grèce, attaquée par les Italiens depuis le 24 octobre
1940.
Churchill décidait d'envoyer d'urgence à Salonique 50 000 hommes
prélevés sur l'armée de Wavell pour contrer cette attaque
des armées de l'axe (cette petite armée britannique évacua
la Grèce fin avril 1941 et se replia sur la Crète).
Il ne restait plus qu'un minimum de forces pour tenir la Cyrénaïque.
Ce même jour, le général Erwin Rommel arrivait à
Tripoli, envoyé par Hitler : Mussolini avait dû se résoudre
à demander de l'aide à l'Allemagne. Le 14 février, le
premier détachement de l'Afrika Korps arrivait suivit par un régiment
de chars le 11 mars. Les Anglais ne bougeant pas, Rommel prit l'initiative
et lança une offensive avec les éléments dont il disposait
et reprit facilement El-Agheila le 31. Le 2 avril, il reprit son offensive
avec 50 chars et le soutien de 2 divisions italiennes. Le 3 avril, les Anglais,
qui surestimaient la force italo-allemande évacuaient Benghazi.
Le 11 avril, les Anglais avaient quittés la Cyrénaïque
à l'exception de Tobrouk. Le prix à payer pour reprendre le
chemin perdu sera très lourd, Rommel et l'Afrika Korps se révélèrent
des adversaires redoutables. L'occasion magnifique (et perdue) de février
1941 ne se reproduira plus. La garnison de Tobrouk était essentiellement
composée de soldats australiens sous ordres du général
Morshead. L'offensive de Rommel sur Tobrouk débuta le 11 avril mais
fut repoussée par l'artillerie après avoir perdu 16 chars sur
38. A partir du 4 mai, Tobrouk fut bombardée pendant des semaines par
l'artillerie et l'aviation ennemies. Wavell lança alors deux opérations
qui devaient secourir les assiégés. La première de ces
opérations s'appelait "Brevity", se déroula
mi-mai et échoua. La seconde, qui s'appellait "Battleaxe",
se déroula du 15 au 16 juin, et échoua également. Le
21 juin, le général Wavell fut remplacé par le général
Auchinlek.
Au fil des semaines les protagonistes avaient renforcés leurs effectifs
: Rommel disposait désormais de la 90ème division légère,
de la 21ème Panzer, de la 15ème Panzer, de la division blindée
Ariete et de la 6ème d'infanterie Italienne soit 150 000 hommes et
588 chars. Les Britanniques concentraient tous leurs efforts sur la Libye
àprès leur victoire en Ethiopie. 200 chars Britanniques Mathilda
et Crusader arrivèrent au Caire. En septembre, Auchinlek fit remplacer
les Australiens par la brigade polonaise des Carpates du général
kopanski, et la 70ème division d'infanterie britannique du général
Scobie, qui avait été nommé à la place de Morshead.
Il créa la VIIIème armée, qui fut confiée au général
Cunningham, et qui rassemblait le 13ème corps d'infanterie, et le 30ème
corps blindé : 118 000 hommes et 724 chars.
Elle avait pour mission de délivrer la ville. Le 18 novembre, les Alliés
déclenchaient l'opération "Crusader". Le
13ème corps d'infanterie essaya de tourner la passe d'Halfaya, qui
était tenue par les Italo-Allemands. Le 30ème corps blindé
attaqua Rommel par surprise à Sidi Rezegh, au sud-est de Tobrouk. Du
20 au 22 novembre, les Britanniques perdirent 200 chars lors de la bataille
de Sidi Rezegh. Auchinlek se rendit sur place le 23, et remplaça Cunningham,
qui voulait battre en retraite, par le général Ritchie, et décida
de tenir les hauteurs de Sidi Rezegh. Rommel, après avoir vu qu'il
ne pouvait pas tenir cette situation, ordonna la retraite, en abandonnant
la 55ème division d'infanterie Italienne à Halfaya.
Le 26 novembre, après que la 1ère division d'infanterie néo-zélandaise
ait délogé la 90ème division légère Allemande
de Sidi Rezegh, la garnison de Tobrouk fit une sortie pour s'emparer d'El
Duda, et les hommes de Scobie et de Ritchie firent leur jonction. Le siège
de Tobrouk était terminé et avait coûté 27 bâtiments
à la Royal Navy mais avait sauvé l'Egypte d'une invasion par
les forces de l'Axe.
Des éléments d'infanterie mororisés furent utilisés
pour pourchasser les colonnes ennemies mais, le 27 décembre, à
El Haseiat , une brigade britannique, fut attaquée par une formation
de panzer allemand. 30 chars anglais parvinrent à s'échapper
mais 65 furent perdus.
Le 30 décembre 1941, Rommel se retrouva au point de départ de
sa campagne. Les Britanniques avaient eu 18 000 tués et blessés
et n'avaient plus que 30 chars (65 étaient perdus). Les forces de l'Axe
comptaient 38 000 tués et blessés . Près des 2/3 des
pertes de l'axe étaient des soldats italiens et, sur les 13 000 Allemands
capturés, une grande partie était du personnel administratif.