CUGUEN Sous l'Occupation Nazie
Du 18 juin 1940 au 2 août 1944

La Mobilisation

Le 1er septembre, l'Allemagne publie sa réponse aux propositions de médiation présentées par l'Angleterre : retour pur et simple de Dantzig au Reich, approuvé par le Reichstag. Les nouvelles apportées par la Radio sont de plus en plus mauvaises. L'Allemagne attaque la Pologne, Hitler lance un ordre du jour à son armée.
Les membres du gouvernement français se réunissent à l'Elysée à 10 H 45. A midi; le Conseil des Ministres se réunissait après avoir approuvé les trois décrets suivants, ordonnant :
1° La mobilisation générale des armées françaises de mer, de terre et de l'air, sur toute l'étendue du territoire, y compris l'Algérie et les colonies, et aux territoires d'allégeance française. Le premier jour de la mobilisation est le 2 septembre;
2° L'état de siège est proclamé dans les quatre-vingt-neuf départements français, le territoire de Belfort et l'Algérie..
3° Les Chambres sont convoquées le lendemain 2 septembre, à 15 heures.
La nouvelle transmise par T.S.F. à 12 H 45 se répandit comme une traînée de poudre jetant partout la consternation. Quelques instants plus tard, le tocsin tinte, les affiches sont apposées dans les divers coins de la commune; le travail cesse, la vie semble s'arrêter.
L'Angleterre et la France annoncent à l'Allemagne que si les troupes allemandes n'évacuent pas sans délai, le territoire polonais, elles rappelleront leur ambassadeur et les relations diplomatiques seront rompues.
2 septembre : A cet ultimatum, Von Ribbentrop répond en rejetant la responsabilité sur la Pologne, que l'Allemagne ne s'est rendue responsable d'aucune agression.
Le Parlement français vote soixante-neuf milliards de crédits militaires. Le Président lit un message aux Chambres. Les opérations militaires se développent en Pologne, où l'armée résiste farouchement.
3 septembre : Sombre dimanche ! Beaucoup de monde au bourg. Après avoir écouté silencieusement la publication de l'ordre de mobilisation générale et jeté un coup d'œil sur les affiches, chacun s'en va soucieux. De nombreux réservistes rejoignent leurs dépôts, et dans les jours qui vont suivre, cent-vingt environ seront mobilisés.
Dans la matinée, arriva une note disant de préparer un cantonnement et du ravitaillement pour un convoi de chevaux qui devait arriver dans la nuit. Vers minuit, une soixantaine de chevaux réquisitionnés à Antrain, conduits par des réservistes de Noyal, Marcillé, Saint-Rémy, etc…arriva, passa le reste de la nuit au repos, et repartit le lendemain au lever du jour.
A 11 heures du matin, l'Angleterre déclara la guerre à l'Allemagne; à 17 heures, ce fut le tour de la France. La soirée s'acheva tristement et chacun commentait les évènements de la journée.
Lundi 4 septembre : Réquisition de chevaux à Combourg. Jean Hubert du bourg: Loret Eugène de la Busnière; Julien Hubert du Bas-Chemin; Théophile Hervé des Rieux; Théophile Cronier de la Croix-Gaucher, furent requis pour les conduire à Dinan; Joseph Costard du Petit-Mesnih, fit partie d'un autre convoi qui se dirigea vers Saint-Malo.

La Drôle de Guerre

Tout le monde attendait anxieusement les nouvelles, pendant que de terribles combats allaient se produire. Il n'en fut rien. La bataille faisait rage en Pologne, où les Allemands remportaient des succès foudroyants, malgré l'héroïsme de l'armée polonaise. Le 16 septembre, les troupes russes pénétrèrent en Pologne. Le 27, Varsovie écrasée, en grande partie détruite demandait un armistice. La campagne de Pologne était terminée. Hitler remportait sa première victoire.
Tout le long de la frontière franco-allemande, les armées étaient face à face. Le choc allait-il se produire ? Non ! De temps à autres quelques escarmouches, quelques coups de main. Et cela dura tout l'automne. Des permissions furent accordées et les mobilisés, en revenant du front, racontaient les préparatifs, les moyens de défense et déclaraient que les "boches" pouvaient venir et que jamais ils ne passeraient ! Cette situation se prolongea tout l'hiver et le début du printemps. Personne ne comprenait rien à cette "drôle de guerre" et l'on se demandait si cela ne se terminerait pas sans plus de combat. Hélas ! quelques semaines plus tard, ce fut le grand carnage.
Le 9 avril 1940, le monde apprend avec émotion qu'à 5 heures du matin, les armées d'Hitler ont envahi le Danemark et la Norvège. En quelques jours tout le Danemark est occupé, ainsi que presque toutes les côtes norvégiennes, malgré une dure résistance et de durs combats. Le 15 avril , des troupes anglaises débarquent en Norvège, suivies cinq jours plus tard par des troupes françaises, qui, avec les escadres anglaises et l'aviation alliée font subir de lourdes pertes aux armées nazies.. L'anxiété grandit, et l'on s'attend à de grands évènements.

L'Invasion

Pendant quelques jours, un calme relatif se produit, le calme avant la tempête.
Le 10 mai, au matin, la radio nous apprend que les armées allemandes ont attaqué la Hollande, la Belgique et le Luxembourg, qui appellent la France et l'Angleterre à leur aide. Quelques heures plus tard les armées franco-anglaises, répondant à cet appel pénètrent en Belgique. Hitler lance un ordre du jour à ses troupes. Notre région de l'Est subit de violents bombardements aeriens. Une effroyable mêlée s'engage.
Le 11 mai, les Allemands semblent arrêtés, l'optimisme renaît, mais pour bien peu de temps !
Le 14 mai, l'armée hollandaise débordée, écrasée, cesse le combat, ce qui ramène l'inquiétude. De la Mer du Nord à la Moselle, sur un front de quatre cent kilomètres de durs combats sont engagés.
Le 15 mai, dans le secteur de Sedan, les colonnes motorisées allemandes pénètrent dans notre dispositif de défense en trois endroits. En Hollande malgré la capitulation, de nombreux combats continuent. Entre Mézières et Namur, les Allemands traversent la Meuse en plusieurs points.
Depuis deux jours les réfugiés belges passent sur nos routes. Le 17 mai dans la matinée, un camion belge venant de la région de Liège, contenant plusieurs familles, en tout dix sept personnes, s'arrête prés de la mairie. Il demande l'hospitalité. Aussitôt ils sont installés dans l'ancienne maison Jean Menuet.*
(Cette maison sera louée plus tard par M. Desvaux. Elle fut brûlée par les Allemands le 7 juin 1944 avec la mairie)
Ils espèrent y rester. Ils nous donnent des renseignements peu rassurants sur la situation militaire et blâment hautement l'attitude suspecte du roi des Belges.
Deux jours après ces réfugiés reçoivent l'ordre de s'en aller sur Rennes, d'où ils furent dirigés sur le midi de la France. Sur les routes de notre région, les évacués commencent à passer, nombreux, semant la panique. Les jours suivants, la radio nous annonce partout de durs combats et une véritable stupeur est causée par les succès foudroyants des allemands; des combats sont signalés dans les régions d'Avesne, de Vervins; le général Gamelin lance un ordre du jour à nos troupes.
Le 19 mai, on se bat vers Guise, Landrecies; le 20, Saint-Quentin, Montmédy; le général Weygand est nommé généralissime; le 21 mai c'est la prise d'Arras, Cambrai, Amiens, Ham; à Rethel, les Allemands franchissent l'Aisne. La consternation est générale.
Le 28 mai, une terrible nouvelle : capitulation de la Belgique par le roi Léopold ! Dunkerque est menacé. Dans ce port, on commence l'évacuation des troupes anglaises et françaises qui sont dirigées sur l'Angleterre. Le désarroi est indescriptible. L'Ennemi continue d'avancer dans toutes les directions. Le 6 juin, prise de Laon, Soissons, Péronne; le 9, Forges-les-Eaux; le 10, c'est Rouen, Gisors, Pont-de-l'Arche, Montdidier, Noyon.
Des avions ennemis commencent à survoler notre région; le 7 juin, l'un d'eux mitraille la région de Combourg..
Le 10 juin, vers 16 heures, on apprend que l'Italie vient de déclarer la guerre à la France et à la Grande Bretagne. Ce coup de poignard dans le dos en une heure aussi tragique, provoque l'indignation générale. Le défilé lamentable des réfugiés (dix millions sont sur les routes de France !), le manque de nouvelles des soldats du front amènent l'angoisse et le désespoir. Des centaines de réfugiés sont installés tant bien que mal dans des coins de notre commune. Le moral est mauvais, on ne conserve plus guère d'espoir, le travail cesse, c'est partout la désolation.
Les troupes anglaises se replient rapidement vers la Bretagne du Nord. On commence à voir des soldats français, les uns en civil, d'autres moitié civils, moitié militaires, à pied, à bicyclette, pauvres débris de notre armée en déroute !
La débâcle continue dans toutes les directions.
Le 14 juin, c'est Louviers, Les Andelys, Evreux, Château-Tierry, Dormans, Châlons. Le gouvernement s'installe à Bordeaux; les Allemands entrent dans Paris.
Le 16 juin, nous étions à installer un fort contingent de réfugiés, avec des chevaux et charrettes, à la Jolimais. Vers 16 heures, on vint nous prévenir qu'un officier français veut nous voir immédiatement. Il s'agissait de préparer sans délai un cantonnement pour une compagnie d'infanterie venant de Saint-Lô, une autre doit s'installer à Tréméheuc, le reste du régiment à Combourg; on parle d'une division qui doit arriver dans la région, pour organiser une ligne de résistance.
Le cantonnement fut installé en hâte, et vrers minuit un contingent d'environ soixante quinze ou quatre vingt officiers et sous-officiers, sous les ordres du commandant Leclerc arriva. La compagnie devait arrivezr le lendemain, mais le train qui l'amenait fut bombardé et immobilisé à Folligny.
Lundi 17 juin : journée lamentable, anxieuse, fièvreuse, avec le passage ininterrompu des malheureux réfugiés, le ronflement des avions ennemis et les allées et venues des soldats, dans l'attente d'on ne savait quoi.
Dans l'après-midi, des Rennais évacués nous apprirent qu'un avion allemand avait bombardé la gare, faisant sauter un train de munitions qui causa la mort d'un nombre considérable de personnes.

L'Occupation

18 juin :
La nuit fut agitée, les officiers, sous-officiers après avoir réquisitionné les autos de Messieurs Baudour et Mottay, vers trois heures du matin partirent dans la direction de Dinan. Ils revinrent vers huit heures, donnant l'ordre d'établir des barrages avec des troncs d'arbres, des charrettes, etc…Mr Pierre Cronier, maire dit alors qu'à son avis, c'était inutile, que partout on déclarait les villes ouvertes et que ce n'était plus le moment d'essayer de résister.
A ce moment un cycliste passa et cria : "Les boches passent au Chat*". Stupeur ! Nous ne voulions pas croire à une telle chose. Renseignements pris, on nous dit que depuis quelques temps, de nombreux motocyclistes allemands passaient à la Pindrie, quelques-uns même d'y étaient arrêtés. Il fallut bien se rendre à l'évidence, l'ennemi était là !
· Le Chat Troussé, carrefour des routes Bazouges – Combourg et Cuguen. Tréméheuc à 4,5 km au S.O. du bourg de Cuguen)
A Launay-Chartier, des évacués étaient au repos sur le bord de la route; des groupes de soldats allemands s'arrêtèrent et restèrent là quelques instants. Des habitants de Launay se sauvaient et traversaient la route pour aller où ? Ils se le demandaient eux-mêmes. Une femme s'adressant aux réfugiés leur demanda : "C'est-y vrai que les boches vous suivent , ". On lui fit comprendre qu'ils étaient là ! "Puisque c'est de même, dit-elle, je m'en retourne chez nous ! ".
Bientôt ce fut le défilé des engins motorisés d'Hitler, qui, en passant à Tréméheuc, firent prisonnière la compagnie de Saint-Lô qui venait d'arriver ! Dans le bourg, la consternation était générale, on ne savait plus que faire; chacun se résigna à attendre.
Vers deux heures de l'après-midi, une automitrailleuse déboucha de la route des Rieux, traversa le bourg. Des gens se cachaient, certains se sauvaient, d'autres se rangeaient sur le bord de la rue. Arrivée prés du café Joseph Hubert, l'auto-mitrailleuse stoppa, l'un des occupant, dans un mauvais français dit : "Haut les mains ! Le peuple et l'armée française sont prisonniers des Allemands ! ". Nos quatre vingt soldats et plusieurs personnes qui se trouvaient là, levèrent aussitôt les bras ! L'Allemand dit alors : " Préparez vous ! Dans une heure, on viendra vous vhercher ! ". L'auto-mitrailleuse partit en direction de Bonnemain.

Faits Prisonniers

Le commandant Leclerc et quatre officiers s'enfermèrent dans la Mairie où ils discutèrent longuement, pendant que sous-officiers et soldats allaient et venaient, affairés, et désemparés. Le plus fort groupe était dans une des classes, ne sachant que faire. Je fus à eux et leur dis :
" Aller vous rester ainsi pour vous faire prendre prisonniers ! Il vous est facile de vous sauver, nous allons vous trouver des habits civils ".
Ils refusèrent, disant que c'était impossible, qu'ils seraient vite repris et qu'ils risquaient d'être fusillés ! Ils me demandèrent du papier et des enveloppes pour écrire à leurs familles et me confièrent une vingtaine de lettres que je promis de mettre à la poste dés que les circonstances le permettraient.
Je fus ensuite trouver les officiers et leur demandais ce qu'ils pensaient faire de leurs hommes. " S'ils s'en vont, dirent-ils, ils seront portés manquants et qu'adviendra-t-il ensuite ?"
Après avoir bouclés valises et cantines, ils transportèrent le tout dans une autre autre classe, avec tout le matériel qu'ils purent récupérer, espérant le reprendre à la fin de la guerre, qu'ils croyaient proche ! Ensuite, ils prirent leurs fusils, qu'ils alignèrent prés du mur de la mairie, sur le bord de la route, allant et venant, attendant les évènements.
Bientôt arrivèrent deux assez fortes automitrailleuses, avec deux occupants chacune, en tunique noire, avec une insigne, tête de mort sur la manche.
Deux hommes descendirent, pistolet au poing et parlèrent rapidement, personne ne comprenant rien à leur langage. Ils saisirent les fusils et les brisèrent en les frappant contre le mur. Les coups sourds résonnaient lugubrement. Terrible spectacle ! Et des larmes coulèrent en silence sur bien des visages ! En quelques instants, le sol fut jonché de débris : crosses brisées, baïonnettes tordues, paquets de cartouches, etc… Les hommes alignés, impassibles, attendaient. Par la fenêtre de la Mairie, ouverte, l'officier des détails, le lieutenant C. dit au conducteur des autos : "J'ai la Caisse !
Combien ?
Deux Cents !
Deux cent francs ?
Deux cent mille ! "
Il sortit alors accompagné d'un soldat, révolver à la main et remis une liasse de billets que le conducteur feuilleta et plaça dans une poche de sa chemise. J'appris par la suite qu'il avait donné deux cent trente-cinq mille francs..
Je me trouvais à côté du commandant qui avait jeté une petite boîte au prés du mur. Il me fit signe d'approcher et me dit : " Vous voyez cette petite caisse, tâchez de la prendre et brûlez la aussitôt ! " Je réussis à la ramasser, sans être vu, je la portais dans la cheminée de la salle à manger, la recouvris de de papiers et de branches, prêt à y mettre le feu, s'il y avait lieu, je baissais le tablier de la cheminée et retournais dans la rue.
Quelque jours plus tard, j'ouvris la caisse, elle contenait quelques notes et les états de service du commandant Leclerc, un héros de la guerre 1914-1918. Commandant de la Légion d'Honneur. Je mis ces papiers en sécurité, et au début de 1942, zautant que je me rappelle, j'appris que le commandant Leclerc avait été libéré d'Allemagne et était rentré dans son pays, une petite ville de la côte normande, dont je ne me souviens plus du nom. Par l'intermédiaire d'un sous-officier qui avait servi sous ses ordres, je lui fis remettre ce qui lui appartenait. Il m'en accusa fort aimablement réception en me disant qu'il viendrait me rendre visite après la fin des hostilités, mais je n'en ai plus entendu parler.
Les Allemands donnèrent l'ordre aux prisonniers de monter dans les automitrailleuses, ils s'installèren,t partout, sur les ailes, le capot, le marchepied et dans deux autos de l'armée française. Le lugubre cortège s'ébranla dans un silence impressionnant et prit la direction de Combourg.
Et c'est ainsi que, fait sans précédent, les Allemands vinrent à Cuguen ! *
*En septembre 1815, suite à la défaîte de Napoléon 1er, une armée prussienne séjourna une quinzaine de jours dans la région. Combourg et les communes voisines durent loger et nourrir 800 hommes et 50 chevaux. Ces troupes commirent de nombreux vols et dégâts.

Libres !

Le reste de la journée se passa tristement; de nombreux curieux, même des communes voisines vinrent aux nouvelles et contemplèrent les armes brisées, que je fis mettre dans une classe.
Le soir, vers 21 H 30, j'entendis des pas dans la cour de l'école; je regardais par la fenêtre. Rien ! Quelques minutes plus tard, nouveau bruit de pas et de voix puis plus rien ! Intrigué, je sortis, et entendant parler dans une classe, je fus voir ce qui s'y passait. Je reconnus alors un groupe de nos soldats et sous-officiers qui revenaient à leur cantonnement. Ne comprenant rien à cela, ils m'expliquèrent qu'arrivés à Combourg, on les avait fait descendre des voitures et se ranger le long d'un trottoir pour regarder passer le défilé motorisé des troupes allemandes, qui passait sans interruption depuis plusieurs heures.. Dans la soirée, on leur avait dit qu'ils pouvaient s'en aller !
Ils ne se le firent pas répéter deux fois. Prés de la moitié du contingent pris le matin se trouvait libre. Je leur remis les lettres qu'ils m'avaient confiées dans l'après-midi. Ils passèrent la nuit là, et le lendemain au lever du jour, ils se mirent en route imprudemment, avec leur tenue militaire; quelques uns furent repris entre Antrain et Ducey, à quelques kilomètres de chez eux et restèrent prisonniers en Allemagne jusqu'à la Libération. !
En quelques heures les événements s'étaient précipités. Les Allemands se répandirent dans toutes les directions : à l'Ouest, en Normandie; dans l'Est, vers Dijon.
Le 17 juin, le gouvernement avait démissionné et Pétain avait pris la place. Le 18, il demanda l'armistice; ce même jour, ce fut la prise du Mans, de Rennes ; le 19, Brest ; le 20, Nantes; le 22 Saint-Malo, Lorient ; le 23, Saint-Nazaire.
Le 24, signature de l'armistice.
Pendant les jours qui suivirent l'arrivée à Cuguen, quelques cyclistes allemands patrouillèrent dans la commune, recherchant les soldats français qui auraient pu se cacher. Peu à peu, le travail reprit, la vie redevenait normale; quelques personnes disaient : " Il ne faut pas se décourager, les boches ne seront pas longtemps; ils s'en retourneront bientôt, et plus vite qu'ils ne sont venus ! " Cela se produisit, en effet, mais quatre ans après !
Des réfugiés assez nombreux repassaient, s'en retournant chez eux; beaucoup de ceux installés à Cuguen, repartirent. Mais l'angoisse restait grande parmi les familles qui ne recevaient aucune nouvelle des leurs et chacun se demandait avec anxiété ce qu'ils étaient devenus.

Des Affiches allemandes

Les autorités militaires allemandes commencèrent à s'organiser dans le pays. Le 28 juin, une affiche fait connaître que pour tout le territoire occupé, la monnaie officielle est le Reichskrédit Kassenschein.
Le Reichsmark à la valeur de 20 francs.
Le 1er juillet : Entrée en vigueur de la carte de pain.
Le 2 juillet : Le gouvernement Pétain s'installe à Vichy
Le 13 juillet, une affiche, rédigée à Rennes, signée Teichmann dit que : " Le jour de la fête nationale française du 14 juillet, toutes les fêtes et manifestations publiques sont interdites. Il est défendu ce jour là, de faire dire des messes pour les morts de la guerre".
Au début de juillet, une affiche ordonne la remise des fusils de chasse et de toutes les armes à feu, à la Mairie, sous peine de sévères sanctions. Environ soixante-dix fusils et revolvers furent apportés. Au mois d'octobre, plusieurs ordres de porter ces armes à Saint-Malo, furent transmis à la Mairie. Ces ordres n'ayant pas été obéis, une nouvelle note ordonna que si les armes n'étaient pas rendues à Saint-Malo pour le 5 novembre, des sanctions très graves allaient être prises. Il fallut se soumettre. Le 4 novembre, les fusils furent transportés au château de Saint-Malo, où des milliers de toute la région étaient entreposés.
"Permis de circuler" : A partir du 1er août tout véhicule à moteur devant circuler, sera obligatoirement muni d'une autorisation. Un permis et un V rouge feront foi de l'autorisation. Les deux pièces seront délivrées par la Feld kommandantur.
Tout permis de circuler antérieur au 1er août 1940 ne sera plus valable.
30 juillet 1940 Signé : Kriger, major.
Peu à peu, les nouvelles de nos soldats arrivèrent, rassurant les uns, désolant les autres. Enfin, au bout de quelques semaines, on fut à peu prés fixé sur leur sort. Hélas ! Plusieurs étaient tombés dans la mêlée :
Beziel Emile le 27 mai à Oignies - Baudet Marcel le 29 mai à Lille - Chartier François le 2 juin à Malo-les-Bains - Duval Joseph le 6 juin à Euville - Seret Pierre le 6 juin, à Grattepanche; - Playon Maurice le 20 juin à Avillon.
Une soixantaine était en "Zone Libre" au sud de la ligne de démarcation d'où ils revinrent en août et septembre. Plus de soixante étaient prisonniers.

Premiers Occupants

Le 25 juillet 1940, une troupe allemande d'environ 200 hommes, avec chevaux et charrettes vint cantonner à Cuguen. Les officiers et sous-officiers furent logés chez les habitants, les soldats, dans les classes, les granges, les greniers; les chevaux dans les prairies, les étables, les écuries.
Il y eut peu de choses à redire sur leur conduite et leur tenue. Ils furent à peu prés "Korrects". Ils se firent remarquer par leur "goinfrerie". J'ai vu dans une épicerie deux sous-officiers, manger de la saucisse, chacun une douzaine d'œufs, chacun une boîte de sardine à l'huile, et … très peu de pain ! Pour mettre le tout à descendre, ils burent à eux deux un litre de Banyuls ! en fumant un énorme cigare. Dans différents débits, des groupes de quatre ou cinq mangeaient facilement cinq ou six douzaines d'œufs en omelettes, le tout bien arrosé. Ils achetaient force marchandises de toutes sortes qu'ils payaient généralement … avec notre argent. La France était tenue de payer cinq cent millions de francs par jour, et notre pays était encore bien approvisionné et riche à cette époque.
Dés ce moment, je compris que c'était le pillage organisé et camouflé. Le dimanche 27, dans l'après-midi, la veille de leur départ, les Allemands firent l'inventaire, et en prirent bonne note, de tout le matériel laissé par les sous-officiers et soldats français, fait prisonniers le 18 juin, entreposé dans une classe de l'école des garçons, avec le matériel des réfugiés, de la cantine scolaire, etc… Ils s'emparèrent de quelques objets, mais relativement peu.
Vers le 15 août, arriva un nouveau contingent, motorisé, d'environ 150 hommes, des camions, des automobiles, des motocyclettes. Les officiers et soldats étaient aussi "goinfres" que les premiers, mais chapardeurs, soudards arrogants. En s'en allant, ils firent main basse sur une partie des objets entreposés dans la classe, emportèrent poêles, paillasses, couvertures, valises, chargèrent le matériel de la cantine scolaire dans un camion. J'arrivai en ce moment et j'eus une vive altercation avec un sous-officier qui me traita de voleur, disant que tout cela leur appartenait. Je lui demandais de quel droit. "C'est nous les vainqueurs, et tout nous appartient ! Je vais en référer à la Kommandantur ! Et moi, lui répondis-je, je vais en référer à la Feldkommandantur. En attendant, je vais aller trouver le commandant, et je pris le N° du camion. Après une longue discussion, le sous-officier, furieux, baragouina quelques mots à des hommes qui déchargèrent tous les objets de la cantine et les reportèrent dans la classe. Ils emmenèrent tout le reste et s'en allèrent dans la direction de Ducey. Mais les jours suivants, un camion vint à plusieurs reprises, chercher paillasses, couvertures, seaux, etc…
Quelques semaines plus tard, une grande camionnette vint prendre tout ce qui restait, y compris les débris d'armes, munitions, uniformes, valises, etc…
Les semaines qui suivirent furent plutôt calmes. De temps en temps quelques cyclistes, motocyclistes, autos, passaient. Les escadrilles d'avions de plius en plus nombreuses volaient vers l'Angleterre. De temps en temps des avions anglais survolaient la région, lançant des tracts. Le gouvernement de Vichy faisait apposer des multitudes d'affiches ridiculisant l'Angleterre, etc …
Vers la mi-octobre 1940, une perquisition fut faite au presbytère et à l'église, qui furent fouillés de fond en comble, soi-disant pour rechercher des armes, mais la perquisition faite en présence de M. Gronier, Maire que les Allemands étaient allés chercher, ne donna aucun résultat.

Des Prisonniers Français en Equipes

Au début de septembre, quinze soldats français furent employés dans les fermes sous la surveillance de soldats allemands qui venaient chaque jour s'assurer de leur présence. Ils y restèrent jusqu'au 15 décembre. A cette date, ils reçoivent de se préparer à rentrer au stalag 133, à Rennes. Le lendemain matin, au point du jour, un camion vint les chercher pour les conduire à la gare de Combourg. Il n'y en avait plus que 8, les 7 autres avaient disparus pendant la nuit, dont deux jeunes de la région de Toulouse, à qui nous avions procuré chaussures, gilet de laine et quyi réussirent à rentrer chez eux, en zone libre, sans trop de difficultés, comme ils le firent savoir quelques mois après.
Pendant cet hiver 1940-1941, il ne se passa pas d'événements très importants. La propagande pour le gouvernement s'intensifie, dans toute la France, les réquisitions se font de plus en plus nombreuses, pendant que les restrictions deviennent plus sévères.
Au mois de janvier, la carte de vêtements fut instituée.

Les Secours aux Prisonniers

Dans la commune, les secours s'organisèrent pour les prisonniers. Un comité composé de plusieurs personnes fut constitué pour leur venir en aide. Des quêtes, des souscriptions, des fêtes de bienfaisance fournirent des ressources importantes qui permirent d'envoyer gratuitement, chaque mois, jusqu'au printemps de 1944, de copieux colis à chaque prisonnier. Mr Joseph Garnier*, tailleur, chargé de la direction de ce comité, se dépensa sans compter pendant toute cette période, et les prisonniers peuvent lui être reconnaissant de ce qu'il a fait pour eux.
* La femme de Mr Garnier était couturière

Des Prisonniers Malgaches

A la fin de mars 1941, la carte de viande fut instituée. Le 18 mars, la commune fut requise de loger et nourrir 25 prisonniers malgaches** qui furent cantonnés sous la garde de 7 ou 8 soldats allemands commandés par un sergent. Celui-ci, maniaque, ne cessera pendant son séjour d'environ deux mois, de faire des travaux et modifications au cantonnement, exigeant chaque jour de nouveaux matériaux, poteaux, barbelés, planches etc… Les avions anglais, qui survolaient de plus en plus la région, lui inspiraient une véritable terreur. Un jour, il décida de réquisitionner les caves de l'école de garçons et de M. Hippolyte Mottay pour en faire des abris et de sonner l'alerte dés qu'un avion serait signalé ! Mais devant nos protestations et les risées de la population, il dut abandonner son projet..
** Quelques familles Cuguennaises aidèrent ces malheureux. Cette aide se prolongea parfois après le départ.
Des prisonniers français rapatriés depuis août 1940, devaient aller se faire "pointer" à l'Orskommandantur de Combourg tous les mois. Le sergent qui commandait à Cuguen, décida que le pointage aurait lieu chaque dimanche, parfois en semaine, au restaurant Robidou.
Après juillet 1941, il fallut retourner à Combourg, puis à Saint-malo, tous les mois, ensuite tous les trois mois, jusqu'au début de juillet 1944.
Pendant leur séjour qui dura jusqu'au 27 jiuillet, ces braves ret simphatiques malgaches, choyés par la population, autant que le permettait la garde, furent employés à extraire de la poierre pour l'entretien des chemins, remirent en état la route abandonnée, dite " La Rue de Paris " et travaillèrent dans les fermes.

Nouvelles Agressions

Vive émotion dans la matinée du 21 juin 1941. La radio nous annonça que dans la nuit, les armées allemandes avaient attaqué la Russie. Pendant quelques semaines elles remportèrent de nombreuses victoires, ce qui augmenta l'inquiétude générale. Mais l'hiver arrêta leur avance, et bientôt ce fut le commencement des défaites dans les immenses plaines russes.
Le 8 décembre 1941, nouvelle émotion ! Le Japon, avec de nombreuses escadrilles, attaque par surprise la flotte américaine, qui subit un véritable désastre. Les Japonais remportent des victoires foudroyantes sur les Anglais, les Hollandais, les Américains, en Extrême Orient, où l'Australie est menacée.

1942

Pendant toute l'année 1942, ce furent des réquisitions massives de denrées alimentaires, bestiaux, chevaux, etc… Les Allemands s'organisaient dans notre région comme pour y rester définitivement. Des services agricoles s'installèrent à Dol, et chaque mois, un "Officier Contrôleur", accompagné d'un interprète venait à la Mairie et donnait des conseils sur la façon de cultiver le sol, soigner le bétail, défricher toutes les terres incultes, combattre le doryphore, mettre des pancartes dans les champs.
Mais la grosse affaire, c'était l'élevage du mouton ! Il fallait que chaque ferme en éleva quelques uns. A chaque tournée d'inspecteur : " Combien de moutons depuis notre dernier passage ? – Point ! - Pourquoi ? - Parce que l'élevage y est impossible, personne ne veut ! – Tout est possible, et il le faut ! Si la prochaine fois il n'y en a pas, sanctions sévères ! – Tant pis, mais n'y comptez pas ! Au début, ces messieurs venaient avec une superbe auto, puis ce fut à bicyclette, une fois avec une voiture à cheval, puis en mars ou avril 1944 … à pied, sous la pluis ! Cela sentait la décadence. Changement d'attitude, ce n'était plus la hautaine arrogance du début. Alors, et les moutons ? – Je vois que c'est inutile de vous le demander, vous ne voulez pas tenir compte de nos observations ! Eh bien, nous n'insisterons plus. Ce fut la dernière visite.
Quelques semaines plus tard, une grande réunion agricole, organisée par les Allemands eut lieu à la Mairie. A cette réunion, furent convoqués les principaux entrepreneurs de battages, pour la mise au point d'un plan de battage pour la récolte de 1944. Plusieurs officiers de réserve, pour la plupart, exploitant de grosses fermes avant leur mobilisation, montraient des photographies de leurs exploitations, donnaient des explications et conseils sur les méthodes de culture, etc… Ils escomptaient déjà pouvoir s'emparer de la récolte prochaine, mais ils n'en eurent pas le temps !

Résistance au S.T.O.
Les camouflés

Dés le début de 1942, commença l'Organisation du Travail Obligatoire en Allemagne. De multiples affiches faisant des promesses alléchantes, tapissaient les panneaux, mais sans succès; puis ce furent des menaces qui n'eurent pas plus de résultats. Des hommes jeunes pour la plupart, commencèrent à venir se cacher dans les fermes. Leur nombre augmenta rapidement et pendant les années 1943 et 1944, il s'en trouvait des dizaines disséminés sur le territoire de la commune.
Au mois de juillet 1942, Robert Lebrun, imprimeur, 31 rue Véron, Paris 18° vint se réfugier chez Ambroise Palluel aux Chaises, où il resta jusqu'à septembre 1943.
Chez Henri Goussé à la Fosse-Benoist, Paul Leguen, instituteur à Saint-Servan, du 2 avril au 30 juillet 1943 , et Bouliner Henri; de la Fochetière en Trans, du 14 juillet 1943 à janvier 1944.
Chez Mme Veuve Cutté, à la Clérazière : Nicolas Roger, employé de chemin de fer, 43 rue des Graviers à Verneuil-sur-Seine (Seine et Oise) après un séjour obligatoire en Allemagne revint en France. Ne voulant pas retourner en Allemagne, il arriva à la Clérazière le 15 août 1943, y resta jusqu'au 15 avril 1944, puis s'en alla chez François Picot à Transvers, puis à Landran en Combourg, où il resta jusqu'à la Libération. Et Louis Pepin 17 galerie Vivienne Paris 20° du 1er juin au 2 août 1944.
Chez Jean Boulmer aux Rieux, André Saint-Aubert de Vezin-le-Coquet, employé par les Allemands au Conquet prés de Brest, leur échappa, arriva aux Rieux le 1er juillet 1943 où il resta jusqu'au 16 février 1944.
Chez Mme Veuve Ribault à Transvers, Rouzin Pierre 114 route de Parigné, Le Mans, du 4 mars 1943 au 3 janvier 1944.
Chez Louvel Célestin à la Provotais, Le Foll Jules (Julot) de Terrelabouêt en Cancale, du 22 juin 1943 au 30 avril 1944, puis chez Léon Cronier au bourg du 30 avril à la Libération.
Chez Mme Vaugeois à la Provotais, Le Crossois André de la Houle-Cancale, du 18 juin 1943 au 15 décembre 1943.
Chez Mme Théophile Cronier à la Croix-Gaucher, Léon Lerayer 85 rue de Paris à Dol de mai 1943 à février 1944.
Chez Pierre Besnard à Vilengas, Guillon Marcel employé aux usines d'aviation de Paris, de juin à octobre 1943.
Chez Pierre Hubert aux Viviens, Ange Couacault de la Ville-en-Durand en Ploubalay (C.du N.) amené par le gendarme Forêt de la brigade de Ploubalay, du 29 juin au 30 novembre 1943.
Chez Constant Gautier à la Rouërie, Roupie Victor de Ville-Cavou en La Boussac du 19 juin 1943 au 6 juin 1944, et Genouvrier Julien 56 rue Saint-Pierre-et-Miquelon à Saint-Malo du 3 avril 1944 à la Libération.
Chez René Ganche à Pancouët, Chauveau Marcel sapeur-pompier à Paris, désigné pour aller en Allemagne, arriva à Pancouët le 18 juillet 1943 où il resta jusqu'au 20 avril 1944.
Chez Badignon André au Val, Hamelin Henri des Rivières en Combourg, du 15 avril au 25 septembre 1943; Renault Ernest de Saint-Méloir-des-Ondes du 31 août 1943 au 6 juillet 1944; Jouran Albert de Combourg du 3 mai 1943 au 2 août 1944.
Chez Filleul aux Gaudines*, Le Brigot André né à Meaux (Seine et Marne) reçut le 20 juin 1943 à Bazouges-la-Pérouse un ordre du S.T.O pour aller en Allemagne; arrêté par les Allemands en forêt de Ville-Cartier le 23 juin, leur échappa, vint se réfugier chez Filleul où il resta jusqu'à la Libération.
Quelques jours après l'attaque de la Prison de Vitré, dans la nuit du 28 au 29 avril 1944, Jean Genouvrier de La Boussac, un M. Brault accompagné de trois camarades reçurent chez Jean Filleul, l'hospitalité pendant trois jours et trois nuits. Le lendemain de leurs départs, une demoiselle Le Calvez de Rennes vint pour les rejoindre et leur remettre des subsides, mais trop tard. Au début de juillet 1944, deux jeunes gens restèrent un jour chez Jean Filleul qui les conduisit le lendemain en voiture à Pleine-Fougères, d'où ils se rendirent probablement dans la Mayenne, rejoindre les maquisards.
· Nous avons affaire ici à des hommes qui ont travaillé avec le Commandant PETRI qui recevait des subsides de Londres pour aider les réfractaires au S.T.O. et dont d'autres l'ont aidés lors de l'attaque de la Prison de Vitré. Certains se sont trouvés à un moment donné dans la forêt de Ville-Cartier prés de Rennes . Voir "Les Confidences du Maquis"du CD réalisé par Roger Lenevette.
Chez Joseph Johier au Boisérault, Henri Carré Rue de la Motte-Brûlon à Rennes du 10 août 1943 à la Libération.
Chez Francis Poisson à la Corbinière, Gréal André de l'Epinay en Montreuil-sur-ille du 15 octobre 1943 au 20 mai 1944.
Chez François Esnault au bourg, Jean Esnault de Lanhélin de mai à juillet 1944.
Chez Gautier Jean à la Roche, Thébault Marcel du bourg d'Epiniac du 8 juillet au 25 décembre 1943.
Chez Pierre Claude à Launay-Foucré, Henry Claëst * "André" dans la clandestinité, Chemin des Vignes à Gargesse-les-Gonesses (Seine et Oise). Avait été interné à la prison de Vitré, d'où il s'évada. Ensuite, il prit part à cette prison. Deux fois condamné à mort. André chez Pierre Claude le 6 juin 1944, où il fut hébergé jusqu'au 12 juin. Il prit la direction de Daint-Brice-Cogles, où il trouva la mort quelques jours avant l'arrivée des troupes Américaine.

Chez Albert Anger au Tanoul, Coupé Roger 61 rue de juillet à Créteil de février 1942 au 10 juin 1944, date à laquelle il fut intégré dans les F.F.I.
Chez Victor Deslandes à la Benclais, Fleury Fernand de Trans, du 25 décembre 1943 au 15 juin 1944, puis chez Goron Hyacinthe au Clos-Botrel du 16 juin 1944 à la Libération.
Chez Taillebois François à Vilengas, les frères Raymond, Guy et Yves Rueilland de Dol par intermittance à partir de mai 1944 à la Libération. Taillebois Francis de la Verrière en Cherrueix en aoùt et septembre 1942.
Plusieurs autres résidèrent également dans la commune dont je n'ai pas de renseignements précis à leur sujet. Qu'ils veuillent bien m'en excuser.
Tous ces hommes furent munis de cartes d'alimentation en bonne et due forme, certains de cartes d'identité tout à fait … régulières. De plus dés que quelque chose d'anormal se passait : patrouille allemande, camion suspect, etc…Immédiatement l'alerte était donnée discrètement dans toutes les directions et les "Camouflés" étaient prévenus de se méfier et de se tenir sur leurs gardes.
Pendant cette période sombre, des émissaires, membres influents de la Résistance faisaient quelques apparitions, tel Alfred Leroux* "François" dans la clandestinité; le commandant PETRI "Loulou". Au mois de juillet 1943, "Loulou" et un de ses compagnons, après avoir descendu à moitié l'adjudant de gendarmerie Meigné de Dol, s'enfuirent, vinrent à Cuguen, cassèrent la croute chez Jean Hubert (bureau de tabac). Les gendarmes de Combourg, Saladin et un de ses camarades leur demandèrent leurs papiers, plus ou moins en règle.
Heureusement pour eux, le chef de brigade de Combourg, un résistant, mis au courant arrangea l'affaire qui n'eut pas d'autres suites. "loulou" passa à nouveau dans le pays, les mois qui suivirent. Des tracts, des journaux clandestins, le "Pays Gallo" étaient distribués. De temps à autre, quelques billets de cent francs étaient recueillis et envoyés au "Front National" pour continuer à la propagande clandestine.
Après l'attaque de la Prison de Vitré, le capitaine Guy Provost ** dit "Georges" qui en fut libéré, vint se réfugier à la Melleraie, où il resta jusqu'à la Libération.
· Alfred Leroux fut responsable départemental du Front National et membre du Conseil Départemental de Libération (C.D.L.). Il fut arrêté en février 1944. Le F.N. fut créé, comme par les FTPF, par le parti communiste. Si les premiers recrutés étaient des communistes, ils furent rejoints par des résistants venant d'autres familles politiques.
** Guy Provost (Provaux ?) était agent d'assurances à Dol (Annexe 5)
Le 6 juin 1944, jour du débarquement, mon fils, Camille, secrétaire de police à Rennes, et M. Donat, commissaire de police, sur le point d'être arrêté par la Milice et la Gestapo, s'enfuirent à bicyclette pour se réfugier chez moi. Arrivés prés de Dingé, les Allemands s'emparent de leurs bicyclettes; ils continuèrent leur route à pied. Le lendemain, dans l'après midi, ils arrivèrent à Saint-Léger, ils s'en vont à la Busnière où ils apprennent ce qui se passait à Cuguen. Ils font demi-tour et s'en vont à Montreuil-sur-Ille où ils sont hébergés chez des amis de Mélisson, inspecteur de police à Rennes, qui fit la "liaison" entre Rennes, Montreuil et Cuguen pendant les deux mois qui suivirent. Ils y séjournèrent quelques jours, vinrent à Cuguen et furent hébergés chez Rosalie Baffet à la Chénaie et chez Joseph Johier, où ils restèrent jusqu'à la Libération. Vers le 10 juin, Léon Legard, agent de police à Rennes, vint les rejoindre et se réfugia chez Pierre Claude. Le 2 août, tous les trois firent route avec les Américains qu'ils accompagnèrent jusqu'à Rennes*
· En réalité, ils s'arrêtèrent à Betton le 2 août .

Quelques Ordres du S.T.O.

Le 16 ou 17 février 1943, dans la soirée, le Maire reçut un télégramme, apporté par les gendarmes donnant l'ordre de désigner trois jeunes gens pour l'Allemagne, et la réponse devait être transmise à la sous-préfecture le lendemain, avant cinq heures du soir.. Mr Costard* , maire, refusa de faire cette désignation. Dans le courant de la journée après plusieurs communications téléphoniques avec la sous-préfecture, les jeunes gens des classes 40, 41, 42 furent convoqués à la Mairie, et M. Costard, après avoir donné lecture du télégramme dit aux jeunes gens : " Je n'ai point l'intention de désigner qui que ce soit pour aller travailler en Allemagne. Y a-t-il parmi vous des volontaires pour y aller ? – Non ! Non ! Telle fut la réponse unanime. – C'est bien ce que je pensais répondit M. Costard. Maintenant, vous savez ce qu'on m'a demandé, et vous connaissez mes intentions à ce sujet. Maintenant, il m'arrivera ce qu'il pourra, je vais faire la réponse qui convient ". Le lendemain matin il fut répondu par téléphone, confirmé par écrit, à Mr le sous-préfet de Saint-Malo, que le maire n'avait point fait et ne ferait point les désignations demandées, qu'il n'y avait aucun oisif dans la commune, ni aucun volontaire pour aller travailler en Allemagne.
· M. Costard Pierre était cultivateur aux Champs Sinants. Il habitait l'actuelle maison de M. et Mme Jouguet. Il fut nommé maire par les autorités de Vichy en remplacement de Mr Cronier, démissionnaire.
A cette réunion étaient présents : M. Jean Boulmer des Rieux, qui dans toutes circonstances difficiles était présent; et plusieurs pères de jeunes gens; entre autres, Pierre Benoist des Surclos; François Leroux de la Maison-Neuve; J.B. Guilloux de la Ville-Gotrel; Arsène Chevalier de la Pindrie etc …
Quelques semaines plus tard, Roger Claude, Marcel Garnier, Marcel Gautier, reçurent des ordres directes du S.T.O. de Rennes comme d'ailleurs dans la plupart des communes, pour partir. Personne ne partit travailler en Allemagne, ni à ce moment là, ni durant toute la guerre, et malgré de nombreux ordres, accompagnés de menaces. Les jeunes gens de la classe 1942 reçurent à leur tour des ordres : Louis Vallerie s'en alla à Marcillé-Raoul ; Georges Sanguy partit à Saint-Léger ; Louis chausse à Broualan ; Marcel Gautier à Rimoux ; les autres un peu partout.

Dans la Région de Combourg

Pendant cette sombre période, tour à tour, parfois simultanément, la police de Vichy, la Gestapo, la S.P.A.C. faisaient des incursions et enquêtes pour découvrir des personnes ayant des opinions "subversives" ou soupçonnés de sentiments anti-allemands. La région de Combourg fut particulièrement éprouvées. Nous nous bornerons à citer quelques uns.
Le 7 mai 1942, M. François Touzé de la Gare, alors âgé de 65 ans était arrêté par la police française. Il fut conduit à la prison de Saint-Malo, puis à la prison militaire de Rennes, où il resta quelque temps. Il fut ensuite emmené à la prison de Laval, puis à Compiègne. Au mois de septembre 1943, il fut envoyé en Allemagne où il fut interné au sinistre camp de Buchenwald. Partout, en dépit des tortures physiques et morales, il sut par sa constante bonne humeur, soutenir le moral de ses compagnons d'infortune. Libéré par les Américains dans l'après midi du 11 avril 1945, il prit le chemin du retour, joyeux de revoir son cher pays le 30 avril. Arrivé à Paris le lendemain, il tomba malade, épuisé par les privations et une si longue prévention. Transporté à l'hôpital de Kremlin-Bicêtre, il mourut le 5 mai, sans que sa famille fut avisée de sa maladie. Tout fut mystère dans cette affaire : l'arrestation, la détention et la mort. Son corps fut ramené à Combourg où ses obsèques furent célébrées le 6 septembre 1946
Au début de septembre 1943, le Franc-Tireur Messenich*, arrêté, lors d'une affaire à Romazy parla et dénonça des membres des réseaux de Résistances. Il paya d'ailleurs de sa vie sa trahison ; il fut abattu lors de l'attaque de la prison de Vitré. Madeleine Rémond, responsable du F.N. fut arrêtée le 3 septembre et incarcérée à Jacques-Cartier où elle fut torturée.
Des perquisitions eurent lieu chez Mme Loison où se rendaient des Résistants. Elle fut arrêtée le 18 octobre, conduite à la police judiciaire à Rennes et internée à la Prison Centrale des femmes de Rennes où elle resta jusqu'à l'arrivée des Américains. Libérée, elle rentra à Combourg le 5 août 1944.
Le 23 septembre 1943 – Lucienne instituteur à Lanrigan, lieutenant FTPF était prévenu par l'adjudant de gendarmerie Egron*, membre du réseau de résistance, qu'à la suite de révélations, il allait être arrêté sous peu. Le lendemain soir il s'en fut trouver Quémerais (capitaine de réserve). Craignant l'arrestation des membres de leur famille, ils décidèrent de rester.
Le 26 novembre à 9 H 30 du matin, un franc-tireur qui avait trahi, accompagné de deux civils, arrivent dans la classe de Lucienne, lui pose leur pistolet sur la tête et lui passentles menottes après l'avoir roué de coups. Quatre autres inspecteurs arrivent en voiture, perquisitionnent, volent les titres d'alimentation de décembre à la Mairie, font monter Lucienne en auto et vont procéder à l'arrestation de Armand Chabot, maire de Dingé, qui était accusé de cacher chez lui deux instituteurs des Côtes-du-Nord soupçonnés de coups de main sur la voie ferrée et chez des collaborateurs. Les deux jeunes gens alertés avaient eu le temps de prendre la fuite. Chabot fut battu, arrêté et monté dans l'auto, avec Lucienne. Tous les deux furent transférés à la gendarmerie de Combourg.
Vers 15 heures, Lefrançois ** secrétaire de mairie de Bonnemain fut arrêté dans les mêmes conditions, puis ce fut le tour de Racaud instituteur à Tervaux. Tous les deux furent dirigés sur la prison de Combourg. Pendant ce temps Quemerais et Guihard, mécaniciens, furent également arrêtés et conduits à la gendarmerie. Le soir tous les six furent conduits à Rennes, où ils furent enfermés à Jacques-Cartier. Le lendemain, interrogatoires. Lucienne, Lefrançois, Racaud, furent descendus dans les cachots, mis à nu, ficelés sur une table, la tête enveloppée dans une couverture. Un milicien frappait à coups de nerf de boeuf, sur la tête, le dos, les mollets, tordant les jambes, écrasant les doigts de pieds. Les malheureux en sang ne parlèrent pas. Les jours suivants les mêmes tortures recommencèrent. Le lundi 29, Lucienne fut laissé pour mort par les inspecteurs français. Il fut ranimé et ramené en cellule par les Allemands. Le mardi soir le commissaire Larrieux l'avisa qu'il serait fusillé le lendemain matin. Il ne le fut pas, mais fut mis au cachot, où il resta 21 jours sans sortir. Quemerais et Guihard subirent les mêmes tortures. Chabot fut enfermé pendant 33 jours sans sortie, avec multiples interrogatoires et menaces. Mais personne ne parla.
· Un de ses enfants, Claude Egron, fut directeur de l'école publique de Cuguen où il enseigna avec sa femme de 1955 à 1959
** Louis Lefrançois a publié en 2001 un bouleversant témoignage "Dachau Matricule 77044 (Annexe 6)
Le 24 décembre, Lefrançois, Lucienne et Racaud, avec une trentaine de camarades furent transférés à la prison de Laval. Lucienne resta jusqu'au 15 février, date à laquelle il fut conduit à la prison de Vitré.
Le 29 décembre, Chabot, Quemerais, Guihard furent transférés à la prison de Vitré. Le 5 février, Chabot fut mis en liberté provisoire (sous surveillance). Il devait passer devant le tribunal d'Angers dans la première quinzaine de juin, mais le débarquement des Alliés retarda l'affaire qui par la suite se trouva classée.
Dans la nuit du 29 au 30 avril 1944, la prison de Vitré fut attaqu"e. Quemerais, Guihard, Lucienne, et Racaud furent libérés en même temps que tous les autres prisonniers, qui partirent et se camouflèrent dans un bois prés de la Bouëxière. Là, ils se séparèrent, Lucienne parvint à s'échapper. Malheureusement Guihard, malade, à bout de forces ne put continuer la route. Quemerais ne voulut pas l'abandonner, et tous les deux furent repris quarante huit heures après leur libération. Ils furent alors transférés à la prison d'Angers, où Lefrançois les rejoignit le 7 mai 1944.
Le 16 juin, un groupe de soixante dix hommes, dont Quemerais, Guihard, Lefrançois, fut emmenés d'Angers à Compiègne.
Le 2 juillet, tous les trois, dans un convoi de deux mille cinq cents hommes, partirent en direction de Dachau. Dans ce convoi, surnommé le "Convoi de la Mort" neuf cents hommes moururent dans les wagons durant le transport. Le 5 juillet, ils arrivèrent à Dachau, épiuisés.
Le 22 juillet, Lefrançois partait en Kommando au camp de Neckareltz, à soixante-dix kilomètres de Stuttgart, où il rtesta jusqu'au 26 mars 1945, revint à Dachau, après avoir parcouru quatre-vingt kilomètres à pied en deux nuits et sans manger.
Le 1er avril 1945, le camp de Dachau était libéré par la VII° armée américaine et le 30 mai, Lefrançois rentrait à Combourg. Guihard était mort à Dachau le 22 février 1945. Quemerais, transféré de Dachau à Mauthausen, puis à Saint-Valentin prés de Linz, fut ramené à Mauthausen; il mourut et fut passé au four crématoire le 1er avril 1945.
Lors du bombardement de Rennes le 8 mars 1943, M. et Mme Jacquesson Eugène, ex-prothésiste dentaire rue d'Isly à Rennes eurent leur maison détruite. Ils vinrent se réfugier chez Mr Daniel, avenue de la gare à Combourg. Trésorier du "Réseau Ker", M. Jacquesson correspondait directement avec l"Intelligence-Service" à Londres. Dénoncés, M. et Mme Jacquesson furent arrêtés le 21 avril 1943 par la Gestapo (Brüner). Emmenés le soir même à Jacques Cartier, ils y restèrent jusqu'au 6 septembre 1943. Là, ils subirent de nombreux interrogatoires avec menaces, insinuations, mais les tortionnaires ne purent obtenir aucun aveu. Le 6 septembre, ils furent dirigés sur Fresnes. Nouveaux interrogatoires, toujours sans résultat. Ils furent séparés et restèrent sans nouvelles l'un de l'autre jusqu'à leur retour. Mme Jacquesson partit pour l'Allemagne en janvier 1944, fut internée à Ravensbrück pendant trois mois, puis à Mauthausen. Elle fut libérée par la Croix-Rouge-Internationale fin avril 1945, rapatriée par la Suisse et rentra à Combourg au début de mai 1945 dans un état d'épuisement complet. Il fallut plusieurs mois de soins pour la sauver. C'est en rentrant à Combourg qu'elle retrouva son mari, arrivé le 19 avril.
M. Jaxquesson était parti pour l'Allemagne le 15 août 1944 avec quatre-vingt compagnons entassés dans un wagon à bestiaux, sur vingt centimètres de poussière de chaux, qui prenait à la gorge et aux poumons. Pendant le trajet qui dura quatre jours, trois hommes étaient morts, deux autres étaient devenus fous. Interné à Buchenwald, il fut libéré le 13 avril 1945 par la III° armée américaine. Evacué par ambulance ai pavillon de chasse de Goëring, dans la région de Gotha, à une centaine de kilomètres de Buchenwald, il fut rapatrié par avion au Bourget. Hospitalisé quelques jours à l'hôpital de Kremlin-Bicêtre, il rentra à Combourg le 19 avril 1945.
Le 30 juillet 1944 (trois jours avant la Libération), une scène des plus dramatiques se déroula à Combourg. Ernest Gautier, ses deux fils, Eugène et Jean, furent arrêtés à leur domicile, ainsi que Mme Hamon, MM. Monnet et Georges Champeix, jeune parisien réfugié à Combourg. Ils furent embarqués dans un car avec plusieurs autres personnes arrêtées dans la région et transportées à Rennes.
Le 2 août, Combourg est libéré des Allemands. Un groupe part à la recherche des personnes arrêtées le dimanche, arrive à Rennes avec les Américains mais trop tard, le dernier convoi de civils emprisonnés était parti le matin.
Quelques jours après, le train qui les emmenait vers l'Allemagne fut mitraillé par les Alliés à Langeais prés de Tours. Une partie des prisonniers descendent du train, quelques uns dont Monnet et Champeix en profitent pour s'évader. Monnet réussit à se sauver, mais Champeix, repris, est abattu par les Allemands. Le train repart. A Belfort, quelques prisonniers, dont Mme Hamon sont relâchés. Le reste du convoi, dans lequel se trouvent les trois Gautier, continue sa route vers l'Allemagne. Ils ne devaient pas revenir. Internés dans les bagnes hitlériens, ils ne purent supporter les privations et les mauvais traitements.
Le 1er décembre 1945, Gautier Ertnest mourait à Neu-en-Gamme. Le 1er juin 1945, son fils Eugène mourait à Géra. Quand au troisième, Jean Gautier, on est sans nouvelles officielles, mais hélas ! tout espoir de le retrouver doit être abandonné !

La Tour de Rochefort

Le 20 octobre 1943, une équipe de 4 ou 5 soldats allemands cantonna à Cuguen, et construisit sul la butte de Rochefort, entre Ciguen et Tréméheuc une sorte de tour-observatoire, en bois, d'une trentaine de mètres de hauteur. Ils ne purent trouver, malgré de nombreux ordres, un seul ouvrier, ni un seul transporteur de matériaux dans la commune de Cuguen. Le travail fut terminé le 11 novembre 1943. Elle fut abattue quelques jours après la Libération.

Les Travaux de Dol

Vers la mi décembre, le Maire reçut un télégramme ordonnant d'envoyer chaque semaine, 97 hommes pour aller travailler à Dol, au fameux "Mur de l'Atlantique" qui devait, dans l'esprit des Allemands, infailliblement arrêter toute tentative d'invasion ! Ce nombre de 97 hommes fut ramené à 55, et chaque semaine il fallut envoyer des notes à tous les hommes de 18 à 60 ans pour se rendre au travail, et cela pendant plusieurs mois, par un hiver très rigoureux. Au début, la plupart se soumirent, mais de semaine en semaine le nombre diminua. Ce furent alors de multiples menaces. Un soir François Chausse de la Provotais, qui avait dit quelques vérités désagréables à l'égard des boches, fut retenu et obligé de passer la nuit sur le chantier.
Un jour de février ou début de mars 1944, des officiers allemands de ne voir à peu prés personne sur les chantiers vinrent à Cuguen pour trouver le Maire à ce sujet. Celui-ci était absent, convoqué à une réquisition de chevaux à Combourg. Ils laissèrent une note ordonnant à M. le Maire de se rendre le lendemain avant 10 heures à la Kommendantur de Dol, pour donner des explications sur ce qu'ils appelaient un acte de sabotage.. Il reçut l'ordre de convoquer personnellement 55 hommes pour la semaine suivante sous peine de sanctions très sévères contre la commune ! Résultat : Néant. Les travaux s'avançaient et les environs de Dol furent inondés, envahis par les eaux de mer.

Police Allemande

Le 11 mars 1944, vers la fin de l'après midi, vaste opération de police. Dans le bourg, au croisement des routes, des soldats allemands arrêtent tous les passants, demandent cartes d'identité, papiers.
A la Maison Neuve, un groupe contrôle sévèrement la route. Vers 7 H 30 René Gautier de la Roche arrive à bicyclette, ne se doutant de rien. Sommé de s'arrêter, il n'en fait rien et s'enfuit à toute vitesse. Il essuie plusieurs coups de fusil, mais la nuit le protège et il réussit à s'échapper sans être atteint.
En avril 1944, un calme relatif règna, mais tout annonçait le grand évènement qui devait mettre fin au cauchemar : Activité de plus en plus grande de l'aviation alliée, bombardement de la voie-ferrée Rennes - Saint-Malo, mouvements de troupes allemandes de plus en plus fréquents, cantonnements installés dans nombre de communes, etc … La commune de Cuguen fut comprise dans la zone des opérations militaires.

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